Analyse des conditions de mise en marché de la production de pomme dans la province du Haouz : cas du cercle d'Asni ( Maroc)( Télécharger le fichier original )par Imane RABAH Institut agronomique et vérinaire Hassan II - diplôme d'ingénieur en agronomie. Option : économie et gestion 2012 |
Les enquêtes ont été réalisées d'une manière directe avec les producteurs retenus, moyennant un questionnaire comportant des questions fermées et d'autres ouvertes, portant essentiellement sur les charges de production des pommes, les formes sous lesquelles elles sont mises en vente (sur pied, frais après récolte, après stockage), les recettes qu'elles génèrent,... (Annexe II) Cette enquête par questionnaire des producteurs a été complétée par l'organisation et l'animation, avec l'aide de mon co-encadrant et selon la méthode accélérée de recherche participative (MARP), de 6 focus groupes constitués de collecteurs et de producteurs locaux et dont le nombre de participants variaient de 5 à 10. Ces focus groupes ont eu lieu au centre de la commune d'Asni et à douar Imlil où résident un nombre important de nos personnes ressources. 9 CHAPITRE II. CADRE CONCEPTUEL : NOTION DE FILIERE1. DEFINITIONSPour comprendre ce qu'on entend par filière agricole et afin de pouvoir mettre en évidence les étapes nécessaires pour l'analyser, il s'avère nécessaire de commencer par une définition de la filière au sens large et de se pencher ensuite, sur son application au domaine agricole. La notion de filière peut être définie comme étant un ensemble d'opérations et de leurs successions, menées par un ensemble d'acteurs qui concourent à l'élaboration d'un produit fini. L'analyse d'une filière, c'est l'analyse de l'organisation, à la fois sur le plan linéaire et complémentaire, du système économique d'un produit donné. Cela consiste en l'analyse de la succession d'actions menées par différents acteurs, afin de produire, transformer, vendre et consommer un produit (Tallec F. et Bockel L., 2005). Ces actions, menées successivement, parallèlement ou complémentairement, peuvent se découper en grands ensembles ou segments comme : la production, la transformation, la distribution, la consommation. Chacun de ces ensembles englobe une série d'actions plus ou moins importantes qui permettent de passer d'un ensemble à l'autre, dans une suite logique d'interventions ; on parle alors d'actions situées à l'amont ou à l'aval de la filière. Ces ensembles peuvent, eux-mêmes, se décomposer en sous-ensembles (Bono A., 2004). Permettant de décrire les différentes opérations nécessaires pour passer d'une matière première à un produit fini, le concept « filière » a été introduit par Goldberg et Davis, en 1957 à Harvard. En considérant le fait qu'elle ne pouvait se limiter à des successions d'opérations, la notion de filière a connu des modifications au niveau de sa définition (cité par Fontan C., 2006). Dans le domaine agricole, le concept de filière a émergé à partir de la deuxième moitié des années soixante-dix. Les premiers travaux sur le concept de filière ont été réalisés par l'INRA de France puis par la SEDES. Ces études ont porté sur l'analyse conjointe des 10 agents économiques opérant sur l'ensemble des circuits économiques d'un même produit dans le domaine agricole et agro-alimentaire. Selon Fraval, « une filière agricole est centrée sur un produit agricole de base et sur tout ou partie de ses transformations successives. En analyse économique, une filière peut être considérée comme un mode de découpage du système productif, privilégiant certaines relations d'interdépendance. Elle permet de repérer des relations de linéarité, de complémentarité et de cheminement entre les différents stades de transformation » (Fraval P., 2000). Terpend propose de distinguer cinq catégories pour une filière agricole : les produits de rente, les produits vivriers, les produits bruts, semi-transformés et transformés. Il donne ensuite une définition intéressante et plus ouverte de l'étude d'une filière agricole en écrivant qu'il s'agit « d'une analyse très précise de tout un système généré par un produit. C'est une étude exhaustive de tous ceux qui interviennent dans la filière, de leur environnement, des actions qui sont menées et des mécanismes qui ont abouti à de telles actions » (Terpend N., 1997). 2. FONDEMENTS THEORIQUES DE L'ANALYSE DE FILIEREL'analyse de filière peut être expliquée à partir de deux sources dans la théorie économique : l'économie industrielle et l'économie institutionnelle. Selon Morvan « Parmi les notions les plus répandues de l'analyse industrielle moderne, la notion de filière de production est probablement celle qui, depuis le début des années soixante-dix, a connu un des succès les plus évidents : outil d'analyse prestigieux d'une grande partie de l'Ecole française d'économie industrielle, symbole d'une méthode qui prétend approcher de façon tout à fait originale la réalité économique (...) » (cité par Fontan C., 2006). L'économie industrielle, fondée par de nombreux auteurs tels Marshall, a été basée sur l'approche méso-économique, ce qui lui a permis de répondre aux insuffisances des approches micro et macro-économiques. 11 L'intérêt de l'économie industrielle réside dans le lien qu'elle établit entre l'analyse des comportements des agents et l'analyse globale du fonctionnement du système. La filière peut donc être étudiée en analysant les comportements des différents acteurs (niveau micro-économique) ou en analysant les flux, le fonctionnement et l'organisation de la filière (niveau macro-économique). Le niveau méso permet de dépasser ces deux niveaux et de considérer les activités de la filière, les différentes actions entreprises mais aussi les interactions existant entre elles. L'analyse théorique du concept de filière fait également référence à l'économie institutionnelle. Ce courant considère que les décisions des agents économiques ne sont pas seulement liées aux choix individuels, comme le postule le courant néoclassique, mais qu'elles sont aussi influencées par des mécanismes collectifs (institutions, organisations ou conventions) (Bono A., 2004). La filière a été définie par Hugon comme étant « un ensemble, structuré par des opérations industrielles, d'acteurs (firmes, offices publics, agents individuels...), de modes de coordination (marché, contrat, règles, réglementation...) trouvant place dans des formes institutionnelles correspondant à des régimes d'accumulation » (Hugon, 1994). Il reste donc de définir les logiques de comportements des acteurs ainsi que les modes de coordination. La prise en compte de l'économie institutionnelle dans l'analyse de filière permettra d'apprécier les relations entre les agents, leurs logiques, leurs stratégies, les règles ou contrats pouvant exister entre eux... 3. LES APPROCHES D'ANALYSE D'UNE FILIERELa lecture de différents documents de recherches portant sur l'analyse de filière, nous a permis de déduire que les approches d'analyse d'une filière diffèrent d'un auteur à l'autre mais peuvent être résumées comme suit : 12 3.1 Approche fonctionnelleElle est considérée comme le point de départ pour repérer les contours de la filière, de manière à avoir une vue d'ensemble des flux de biens, des agents économiques impliqués et de leurs relations mutuelles. Une première étape consiste donc à identifier les flux et les opérations (suivre le produit en aval aux travers les divers circuits de commercialisation et identifier en amont les principaux fournisseurs d'intrants). Arrive en suite l'étape d'identification des agents qui, en pratique, reste peu dissociable de l'étape d'identification des flux et des opérations. La répartition des fonctions et des rôles des agents de la filière ainsi que les relations menées entre eux doivent faire l'objet d'une étude attentive (Tallec F. et Bockel L., 2005). L'identification de la nature des flux physiques et des agents impliqués conduit à une analyse fonctionnelle de la filière qu'on peut formaliser sous la forme d'un tableau faisant correspondre : Les principales fonctions, c'est-à-dire les étapes de transformation et d'acheminement, ainsi que les activités de fourniture d'intrants retenus comme faisant partie de la filière ; Les agents conduisant ces fonctions ; Le produit principal de la filière sous ses différentes formes s'il y a lieu de transformation. 3.2 Approche techniqueElle implique de déterminer l'ensemble des opérations qui acheminent le produit de la phase de production à celle de consommation. On distingue la plupart du temps cinq étapes essentielles : la production, la transformation, le stockage, la commercialisation et la consommation. Ensuite, et afin de mesurer la productivité des facteurs de production, différentes opérations et choix techniques sont nécessaires. Il s'agit alors de repérer les stades de transformation, en partant de la première étape de la production, ou en 13 partant de la demande finale pour parvenir à l'amont de la production. Le traitement technique d'une filière peut être opéré au niveau quantitatif et qualitatif. L'analyse, au niveau quantitatif, d'une filière consiste à repérer le rendement de l'ensemble des techniques utilisées. La rentabilité des facteurs de production peut être ainsi définie et calculée. Sur un plan technique et quantitatif, pour une filière en particulier, les rendements techniques peuvent être évalués de la façon suivante :
Au niveau qualitatif, l'idée est d'observer l'impact des différentes techniques de production ou de vente sur la qualité du produit. Au niveau de la qualité du produit au moment de la commercialisation par exemple, les modes de transport et de stockage auront une influence certaine. Cette analyse est importante car la demande des consommateurs est liée notamment à la qualité du produit vendu et donc à l'ensemble des techniques utilisées lors des différentes opérations. L'étude d'une filière au niveau qualitatif doit aussi être complétée par une analyse des contraintes qui consiste à mettre en évidence ses goulots d'étranglement (Fontan C., 2008). 3.3 Approche financièreL'analyse financière de la filière (ou du segment qui en est retenu) se fait à partir des comptes individuels des agents et du compte consolidé de l'ensemble. Elle a pour objet de mettre en évidence d'une part, « l'équilibre général du système » de production qu'est la filière dans sa globalité et, d'autre part, les interdépendances entre le revenu des exploitants, et celui des autres intervenants dans la filière, le bilan pour l'Etat, les contraintes extérieures et les transferts réalisés. 14 Les tableaux obtenus à partir de l'analyse des différents comptes permettent de discuter la rentabilité financière de la filière analysée, l'efficacité globale de la filière et la formation des prix (Tallec F. et Bockel L., 2005). 3.4 Approche institutionnelleLa prise en compte du niveau institutionnel (ou socioéconomique) d'une filière consiste à analyser les acteurs intervenant lors des différentes opérations, ainsi que leurs relations et leurs objectifs. Cette dimension peut permettre de mettre en évidence certaines imperfections et d'améliorer l'organisation des opérateurs, au niveau de leurs activités. On revient ici à l'analyse méso-économique car, outre les acteurs, il faudra prendre en compte leurs logiques de fonctionnement et de comportement, leurs modes de coordination ainsi que leurs volontés de valoriser leurs activités. D'abord, il s'agit de repérer les acteurs directs c'est-à-dire ceux qui apparaissent de la production à la commercialisation comme les producteurs, les transformateurs, les transporteurs ou les commerçants. Ensuite, les acteurs indirects, qui interviennent en appui aux opérateurs précédents, en ayant des relations plus ou moins étroites, devront aussi être répertoriés. Il s'agit des prestataires de services (fournisseurs d'intrants, de machines), les institutions de financement, les services publics (recherche, vulgarisation, conseils pour la gestion). L'Etat peut intervenir en tant qu'acteur, surtout indirect, à travers des projets d'appui au système bancaire, en définissant un cadre d'analyse ou en établissant un système de suivi de la filière par exemple (Fontan C., 2006). Pour chaque opérateur, il sera nécessaire de détailler précisément ses activités et ses stratégies. De plus, les relations qu'ils entretiennent entre eux sont aussi importantes : il faudra voir si les échanges sont basés sur des contrats ou des relations plutôt privilégiées (aspect plus informel), si les interventions sont négociées (ou pas) pour la fixation des prix. On cherchera à savoir si les relations de confiance sont nécessaires pour que la filière devienne performante. Dans tous les cas, il semble bien que les comportements des opérateurs puissent influencer fortement la réussite d'une filière. Entre les différents 15 acteurs, la coordination verticale désigne la relation qui peut s'établir entre des opérateurs ayant des fonctions différentes (comme un accord entre un producteur et un commerçant pour la vente d'un produit ou entre commerçants de gros et ceux de détail), alors que l'on parle de coordination horizontale s'ils travaillent dans une même activité (par exemple avec la formation d'une organisation de producteurs qui permet une entente pour une vente groupée ou une association de consommateurs) (Padilla M. et Bencharif H., 2001). 3.5 SynthèsePour la réalisation de notre étude, nous avons puisé dans les différentes approches précédemment citées. Nous avons considéré l'approche fonctionnelle comme point de départ pour identifier les acteurs opérant dans la filière pommier. L'approche technique, quant à elle, nous a aidés à déterminer les facteurs de production des pommes. Pour l'approche financière, nous nous sommes limités au calcul des charges de production et de la marge brute du producteur et du collecteur. Pour comprendre l'organisation des opérateurs de la filière pommier, l'approche institutionnelle propose d'analyser leurs relations et leurs objectifs. Nous nous sommes limités aux producteurs et aux collecteurs. 16 CHAPITRE III. MONOGRAPHIE DE LA PROVINCE D'AL HAOUZ1. SITUATION GENERALE DE LA PROVINCELa province d'Al Haouz a été créée en 1991. Elle s'étend sur le versant septentrional du Haut Atlas Occidental, entre l'Oued Tassaoute à l'Est et l'Oued Assif El Mal à l'Ouest, et sur la quasi-totalité de la plaine du Haouz central au Sud de la ville de Marrakech. Elle s'étend sur une superficie de 6 212 Km2 et fait partie de la Wilaya de Marrakech. Elle est limitée au Nord par les préfectures Marrakech-Ménara, Sidi Youssef Ben Ali et la province d'El Kelâa Sraghna, au sud par les provinces d'Ouarzazate et Taroudant, à l'Est par la province d'Azilal et à l'Ouest par la province de Chichaoua. La province d'Al Haouz se compose de trois compartiments géographiques distincts : la plaine d'Al Haouz ; la zone de piémont ; la zone de hautes montagnes. Elle compte une population de 435 090 habitants (RGPH 2004), dont 33 484 dans le milieu urbain et 401 606 dans le milieu rural. Elle se compose de quatre cercles : Amizmiz, Asni, Tahanaout et Ait Ourir. Quant à notre zone d'étude, elle relève du territoire de la province d'Al Haouz. Il s'agit en fait de la zone d'action du Projet de développement de la filière pommier qui est en cours de réalisation. Cette zone s'étend sur une superficie totale de 84 800 ha qui représente 19% de la superficie totale de la province et 27% de sa zone montagneuse. Elle couvre la partie Ouest du versant septentrional du Haut Atlas Occidental entre Oukaimeden à l'Est et Oued Assif El Mal à l'Ouest. La zone d'étude concerne les communes d'Asni, Ouirgane, Imgdal, Talat N'yacoub et Ighil, les plus défavorisées de la province d'Al Haouz, faisant partie du cercle d'Asni au Sud de Marrakech. 2. MILIEU PHYSIQUE2.1 ReliefLa zone du Piémont (Dir) : Cet espace se situe entre la Plaine du Haouz et la montagne atlasique. Le contact se fait par l'intermédiaire des cônes au débouché de grands oueds atlasiques tels que le Rherhaya et le N'Fis. Cette zone, dont l'altitude est de 600 à 1 000 m, est marquée par : des pentes variables entre 5 et 30% ; des terrains agricoles soumis à l'érosion hydrique sous ses différents aspects (rigoles, ravins, bad-lands) ; une vocation agro-pastorale à base de céréales, olivier, amandier et un élevage extensif. La zone des moyennes vallées : d'une altitude variant entre 1 000 et 1 200 m ; elle est formée de crêtes et de collines de faible altitude à l'intérieur desquelles s'intercalent de petites cuvettes. La zone des hautes vallées : d'une altitude allant à plus de 1 200 m, elle est constituée essentiellement de hauts plateaux permo-triasiques. Elle alterne des vallées encaissées et des vallées relativement évasées qui se transforment par endroits en petits bassins intramontagnards. Elle est constituée en grande partie de sommets massifs granitiques hyolitiques, calcaire ou gréseux dont l'altitude dépasse 3 000 m (4 165 m pour le Toubkal qui est le point le plus élevé du Maroc). Cette zone est caractérisée par la raideur des versants qui donne lieu à d'impressionnant défilés ; un espace grandiose de rochers, de ravins et de réduits qui font écran aux influences climatiques sahariennes du sud. 17 Notre zone d'étude s'étend sur les zones de moyennes et hautes vallées (Carte 2). 18 Source : Etude monographique de la province d'Al Haouz. Carte 2. Milieu physique de la zone d'étude 19 2.2 Pluviométrie et températureLe climat est subhumide à hiver froid, il est marqué par l'irrégularité des précipitations et leur variabilité selon un gradient décroissant du Sud au Nord. La pluviométrie moyenne est de 350 mm dans la province d'Al Haouz, mais elle peut atteindre 900 mm en haute montagne. Elle est caractérisée le plus souvent par des perturbations d'aout à mi- octobre, pouvant causer d'importantes crues, occasionnant selon les années des dégâts importants sur les lits des oueds N'fis et Rherhaya. Il y a deux périodes pluviales, la première en automne, la deuxième en hiver et au début de printemps. La courte durée de ces périodes pluvieuses expose la zone à des sécheresses fréquentes et prolongées. Les variations saisonnières inter et intra-annuelles sont fortement ressenties par les agriculteurs. Le retard de la saison pluvieuse ou le prolongement de la période de sécheresse affecte considérablement les productions agricoles bien animales que végétales. Les précipitations sont souvent neigeuses en montagne. Les températures, sont généralement modérées. La moyenne des minima et maxima enregistrée est de 7 et 34°c. Les mois de décembre et de janvier demeurent les plus froids avec manifestation de gel persistant plusieurs mois. En été, les chaleurs sont assez cémentées et l'hygrométrie est de 40% en moyenne. 3. SITUATION DEMOGRAPHIQUE ET SOCIALE3.1 PopulationLa population de la province est de 435 090 habitants, dont de 44 748 dans notre zone d'étude, soit 10% de la population totale de toute la province d'Al Haouz. Elle est répartie en 7 607 ménages pour 196 douars. Chaque douar compte, en moyenne, 40 ménages. Ces derniers ont une taille moyenne de 6 personnes dont trois à quatre actifs. La province connait une densité de population très variable selon les communes. La diversité de la topographie et l'existence de quelques centres économiques (Ait Ourir, Tahanaout, 20 Asni...) qui agglomèrent la population, semblent être l'explication de cette variabilité de la densité. La carte ci-dessous illustre le poids démographique par commune dans la province d'Al Haouz en général et dans la zone du projet en particulier. Source : Etude monographique de la province d'Al Haouz. Carte 3. Variabilité de la densité dans la province d'Al Haouz. Comme les conditions agro-écologiques de la région ne permettent pas de tirer des revenus satisfaisants de l'agriculture, la plupart des familles se trouvent contraintes à rechercher des revenus additionnels dans et hors de la région. Cela implique qu'en moyenne, un homme par famille est absent pendant une grande partie de l'année, et par conséquent une partie importante des travaux agricoles revient aux femmes. En ce qui concerne la structure par tranche d'âge, le Recensement de 2004 a mis en évidence la jeunesse de la population de la province d'Al Haouz. Ainsi, les jeunes de moins de 15 ans représentent 41,4% de la population de cette province. Quant à sa population en âge d'activité (15 à 59 ans), elle représente 50,8%. 8% 0-14 ans 15-59 ans > 60 ans 51% 41% 21 Source : Etude monographique de la province d'Al Haouz. Figure 1. Structure de la population de la province d'Al Haouz selon les groupes d'âge. Cette jeunesse relative de la population trouve son explication dans le niveau élevé de la fécondité. Néanmoins, l'effet de l'émigration des adultes contribue à faire baisser la proportion de la tranche de la population en âge de travailler. Tableau 2. Répartition de la population par tranche d'âge au niveau des cercles de la province d'Al Haouz (en%).
Source : Etude monographique de la province d'Al Haouz On remarque que le cercle d'Asni a la population la plus jeune de la province avec 38,7% de personnes âgées de moins de 14 ans. On remarquera aussi que la population de la province d'Al Haouz est plus jeune que la moyenne nationale avec une plus grande proportion des moins de 14 ans. 3.2 Caractéristiques socio-économiques3.2.1 ActivitéLa population active recensée dans la province est de 34 272 habitants, soit un taux de 30,6%. Ce taux est de 54,2% chez les hommes et de 7,1% chez les femmes. Le niveau 22 d'activité de la femme varie d'un milieu de résidence à l'autre mais la primauté de l'emploi masculin est partout établie. Tableau 3.Taux d'activité dans la province d'Al Haouz selon le sexe en 2004.
Source : Etude monographique de la province d'Al Haouz. En dépit de l'importance de la participation de la femme rurale aux travaux agricoles, son taux d'activité reste relativement faible (7,1%). En fait, le Haut Commissariat au Plan considère la femme rurale comme femme au foyer est donc inactive1. Tableau 4. Répartition de la population par cercle de la province selon l'activité.
Source : Etude monographique de la province d'Al Haouz. Nous remarquons que la commune d'Asni enregistre le taux d'activité le plus élevé avec 38,5%. 3.2.2 ChômageEn 2004, la population d'Al Haouz comptait 10 100 chômeurs, dont 1 730 urbains et 8 370 ruraux. La forte présence du chômage en milieu rural concerne beaucoup plus les hommes que les femmes. En effet, sur dix chômeurs, on dénombre neuf hommes et une femme. Selon les groupes d'âge, le taux de chômage le plus élevé concerne les jeunes de 15 à 24 ans. C'est au niveau de la zone du projet où se concentre l'écrasante majorité des chômeurs : sur 10 personnes actives on dénombre 8 chômeurs. 1 Selon le HCP, « Une personne inactive est toute personne qui n'est ni active occupée ni chômeuse. Elle peut être un élève, un étudiant, une femme au foyer, un retraité,... ». 23 Tableau 5. Taux de chômage dans la province d'Al Haouz selon le milieu de résidence, en 2004.
Source : Etude monographique de la province d'Al Haouz 3.2.3 ScolarisationIl est primordial de souligner que l'analphabétisme touche plus de 60% de la population de la province, avec un taux record de 67,6% pour le cercle d'Asni. La moyenne nationale étant de 43%. Cet indicateur peut être considéré comme étant des plus importants à prendre en compte. Seuls 1,20% de la population accèdent à l'enseignement supérieur. Source : RGPH 2004. Figure 2. Niveau de scolarisation au cercle d'Asni. On se rend également compte que sur l'ensemble du cercle, si 4% des gens ont eu accès à un enseignement préscolaire (moyenne nationale : 2,7%), c'est avant tout grâce à la présence massive de Katatib ou écoles coraniques. Avec un taux de 28%, l'enseignement primaire, collégial et secondaire, arrive loin derrière le taux national (49,5%) et régional (42,0%). 4. SECTEUR AGRICOLELa province d'Al Haouz dispose d'atouts et de potentiels qui en ont fait une des provinces les plus importantes de la région de Marrakech-Tensift-Al Haouz. Aujourd'hui, en plus du tourisme, l'agriculture constitue le moteur de son économie en raison de son rôle déterminant dans la formation des revenus des agriculteurs. Les potentialités de cette 24 agriculture à caractère traditionnel, dépendante des conditions climatiques et de facteurs de production faibles, émanent d'une richesse en ressources naturelles. La superficie agricole utile de la province (zone DPA et zone ORMVAH) est de 165 632 ha, dont 81 541 ha en bour, 68 891 ha en irrigué et 15 200 ha en semi irrigué. En ce qui concerne notre zone d'étude, dans les hautes vallées, le système de production repose essentiellement sur l'arboriculture fruitière (noyer, amandier, pommier, cerisier...) et l'élevage ovin. Le taux d'intensification est assez élevé du fait de la taille très réduite des exploitations (0,65 ha sur 10 parcelles). Au niveau de la moyenne vallée, la taille moyenne des exploitations est bien plus élevée (1,5 ha dont 0,85 ha irrigué) et le système de production repose sur les rosacées et l'élevage caprin et bovin. Le maraîchage, les céréales et l'élevage bovin laitier y sont largement représentés. Dans la zone d'étude, la superficie moyenne par exploitation est de 0,9 ha. Le nombre moyen de parcelles par exploitation y est de 7, avec une superficie moyenne de 0,13 ha. Notons que 95% des terres de la zone sont de statut Melk, avec une prédominance du mode de faire-valoir direct (92%) (RGA, 1996). 4.1 AssolementAu niveau de la zone d'étude, les céréales, dominées par l'orge, occupent 61% des superficies emblavées. Elles sont conduites en sous étage des plantations fruitières. L'arboriculture occupe une superficie de 1 935 ha, soit 35,5% de ces superficies, contre près de 3% pour les fourrages et 0,5% pour le maraichage. La quasi-absence des légumineuses est liée à la taille très réduite des exploitations pour lesquelles la production des produits vivriers de base est la première priorité. 25 Tableau 6. Assolement de la zone d'étude2.
Source : Rapport Projet de développement de la filière pommier au HAO. 4.2 Production animaleL'importance de la production animale dans la province peut être appréciée à la fois par la taille du troupeau qui y est présent, sa contribution dans le revenu des agriculteurs et par l'emploi qu'elle crée. Ainsi, presque la totalité des agriculteurs de la province pratiquent en même temps l'agriculture et l'élevage. Cependant, cet élevage reste tributaire des aléas climatiques et faiblement organisé. Au niveau de la zone d'étude, l'élevage constitue l'élément clé du système de production à côté de l'arboriculture. Le cheptel de la province est composé essentiellement d'ovins qui représentent 53% de la totalité du cheptel (en UGB). Les caprins occupent la seconde place représentant 38%. Quant aux bovins, ils ne représentent que 9%. 2 Non compris la part de SAU réservée à la jachère qui représente 3% de la SAU de la zone d'étude. 26 Source : DPA Figure 3. Répartition du cheptel par espèce dans la province d'Al Haouz (en UGB). L'élevage ovin constitué principalement par une population dite de montagne, est le fruit de brassages anciens. Elle est issue de souches de types berbères originaires d'Azilal, Ouarzazate et Essaouira. Le cheptel caprin est constitué d'animaux issus de mélanges de plusieurs souches. Il est caractérisé par une faible productivité. Le troupeau bovin dans la province est constitué dans sa majorité, du type local (68%) qui a été amélioré par l'introduction de nouvelles races, notamment au niveau des périmètres irrigués, dans le but de produire davantage de lait. Ainsi, le troupeau amélioré représente 32%, dont 26% de races croisées et seulement 6% de races pures. 5. MOUVEMENT ASSOCIATIF DANS LA PROVINCE D'AL HAOUZLe nombre d'associations enregistrées dans la province d'Al Haouz et la croissance de la démographie associative font parler de fait associatif. Il existe aujourd'hui près de 876 associations, réparties comme suit sur les quatre cercles de la province. 27 Source : Etude monographique de la province d'Al Haouz Figure 4. Répartition du nombre d'associations selon les quatres cercles de la province d'Al Haouz. Les associations couvrent une large gamme de domaines d'action, qui va du développement intégré, pré scolarisation, promotion féminine jusqu'à la protection de l'environnement et le tourisme. Dans notre zone d'étude, en plus de la présence de plusieurs associations3, on y trouve deux coopératives : la coopérative d'Asni et la coopérative Tifaouine. La première date de 1997, il s'agit d'une coopérative laitière qui n'a pas connu un grand succès puisqu'elle est restée non fonctionnelle durant plus de 6 années. En 2011, les services de la DPA de Marrakech ont été amenés à la ressusciter en la qualifiant de coopérative agricole d'Asni - le porteur du Projet de développement de la filière pommier au Haut-Atlas Occidental. Ils ont du faire ce choix pour les raisons suivantes : i. L'instauration précipitée par l'Agence de développement agricole (ADA), d'une nouvelle procédure pour la mise en oeuvre des projets Pilier II du PMV. Cette procédure exige que l'engagement de tout projet est, désormais, conditionné par la signature, au préalable, d'une convention avec une organisation professionnelle qui soit juridiquement habilitée à en être le porteur. Dans le cas du projet pommier, c'est cette coopérative qui devrait gérer l'unité frigorifique prévue à Asni. 3 Presque une association pour chaque douar, initié lors de la mise en oeuvre des plans de développement douar, dans le cadre du PDRZMH. ii. La complexité et la lourdeur de la procédure réglementaire régissant la création des coopératives dont l'aboutissement demande un temps long. Alors que les services de la DPA de Marrakech devaient faire face à l'urgence d'engager les crédits que l'ADA leur avait déjà programmés et éviter de prendre le risque d'être pénalisés en les perdant. Concernant la Coopérative Tifaouine pour la valorisation du produit agricole, elle a été créée en 2012, avec comme objectif déclaré de continuer sur la même voie tracée par l'association du même nom4, en focalisant son domaine d'action sur le développement de la commercialisation des produits agricoles. Les éléments d'information que nous avons recueillis au sujet de cette coopérative semblent suggérer que sa création serait venue en réaction à l'option prise par les services de la DPA de Marrakech de ressusciter une coopérative inactive depuis fort longtemps, pour lui confier le statut de porteur du projet pommier. Cette réaction est semble-t-il, sous-tendue par l'existence de conflits d'intérêts qui nourrissent les différends existants entre les leaders de ces organisations. 28 4 Le fondateur de la coopérative Tifaouine est l'ex-président de l'association Tifaouine. 29 CHAPITRE IV. RESULTATS ET DISCUSSIONConformément à l'enchainement logique que préconise la démarche d'analyse de filière, nous entamerons ce chapitre par l'analyse des résultats relatifs au segment production, en présentant, d'abord, les éléments constitutifs qui caractérisent les exploitations enquêtées. Ensuite, nous présenterons les résultats afférents à la commercialisation. 1. PRODUCTION1.1 Caractérisation des exploitations enquêtéesDans la partie méthodologique, nous avons prévu d'étudier un échantillon de 30 producteurs de pommes, répartis dans dix douars parmi ceux des cinq communes de la zone d'étude, à raison de 3 par douar : un grand, un moyen et un petit. Or, une fois sur le terrain, la disponibilité des personnes à enquêter et la difficulté de les classer suivant ces trois catégories, ont fait que le nombre de producteurs que nous avons finalement enquêté variait de 2 à 5 par douar, soit 40 au total au lieu des 30 prévus initialement. 1.1.1 Traits démographiquesa. Age du chef d'exploitationLa moyenne d'âge des producteurs enquêtés est de 51 ans, elle reste proche de la moyenne nationale estimée à 55 ans (RGA, 1996). La répartition des producteurs par tranches d'âge est représentée par la figure ci-dessous. Figure 5. Répartition des producteurs enquêtés par tranches d'âge.
En moyenne, 2 actifs familiaux de sexe masculin (dont l'exploitant) vivent sur l'exploitation et participent aux différentes opérations agricoles. Ainsi, nous comprenons que, dans notre zone d'étude, la main d'oeuvre masculine se fait rare et la plupart de ses actifs partent travailler ailleurs. Les chefs de famille préfèrent envoyer leurs fils travailler en milieu urbain, dans différents domaines (commerce, artisanat...), et rapporter plus que ce qu'ils percevraient en restant dans la zone. 1.1.2 Structure foncièreConcernant les 40 exploitants que nous avons enquêtés, 40% d'entre eux ont moins de 1 ha de SAU et 30% ont entre 1 et 3 ha. La moyenne générale étant de 2,8 ha par exploitation, avec un maximum de 23 ha et un minimum de 0,1 ha. Le nombre moyen de parcelles est de 6 de 0,6 ha chacune en moyenne. Toutes les terres des ces exploitations sont de statut Melk, avec une prédominance du mode de faire-valoir direct (près de 95%). A ce niveau, nous tenons à rappeler que le choix de notre échantillon a été raisonné de manière à couvrir, le plus possible, la diversité des exploitations présentes dans la zone, sans aucune prétention d'avoir un échantillon statistiquement représentatif. 1.1.3 Cultures pratiquéesA l'instar des zones agricoles en altitude, et afin de tirer profit des conditions climatiques favorables, les producteurs locaux optent plus pour l'arboriculture fruitière en irrigué. Ainsi, chez les producteurs enquêtés, on trouve le pommier, le poirier, l'abricotier, le prunier, le pêcher et le cognassier, en plus du noyer et du cerisier pratiqués en hautes vallées. Pour faire face aux aléas climatiques (grêle, gelée, sécheresse) ainsi qu'à ceux du marché (chute de la demande et des prix), beaucoup de producteurs s'intéressent à plusieurs 31 espèces fruitières. Mais la plus grande part de leur chiffre d'affaires en arboriculture fruitière, plus que les deux tiers, revient au pommier. Le tableau ci-après montre qu'à lui seul, le pommier occupe 30,4% de la SAU moyenne de l'échantillon enquêté, ce qui en fait la culture phare. Il montre aussi que ce taux enregistre une augmentation régulière des plus petites aux plus grandes exploitations, en passant de 10,2% pour celles ayant moins de 100 pommiers en production (de moins d'un ha de SAU), à 46,7% pour celles ayant plus de 1200 (de plus de 10 ha de SAU). Tableau 7. Place de la culture de pommier selon les classes d'exploitations enquêtées.
Les deux variétés Golden Delicious et Starking Delicious, plantées sur les mêmes parcelles, prédominent avec 90% de la SAU consacrée au pommier, le reste est occupé par la variété Royal Gala. Encadré 1. Les variétés de pommier au Maroc.
La production totale en pommes de la zone d'étude est estimée à 10 660 t/an, avec un rendement moyen de 12 t/ha. Concernant les 40 exploitations enquêtées, le tableau ci-après montre qu'elles produisent, en moyenne, 12 t chacune et réalisent un rendement moyen de 16,5 t/ha ou encore 19 Kg/pied de pommier en production (max : 33 t/ha, min : 5 t/ha). Il 32 montre aussi que le rendement moyen enregistre une nette augmentation des plus petites aux plus grandes exploitations : de 13 à 20 t/ha ou encore de 15 à 24 Kg/pied pour les pommiers en production. Tableau 8. Rendements réalisés selon les classes d'exploitations enquêtées.
Quant aux terres en bour qui représentent 25% de la SAU des producteurs enquêtés, elles servent principalement aux céréales, dominées par l'orge, à l'amandier et à l'olivier. 1.1.4 CheptelEn raison des conditions climatiques de la zone, on s'attendait à trouver un système de production animale reposant sur l'élevage caprin. Or, seulement 13% des exploitants enquêtés le pratiquent. Pour la majorité d'entre eux, les caprins nuisent aux fruitiers, c'est pour cette raison qu'ils leurs préfèrent les ovins (4 têtes/exploitation en moyenne) ou les bovins (2 têtes/exploitation en moyenne). 1.2 Les charges de productionAvant d'exposer et d'interpréter les résultats obtenus à ce sujet, nous devons préciser que dans notre propos, les charges de production que nous avons prises en compte sont les charges monétaires que les exploitants enquêtés ont déclarés comme étant celles qu'ils engagent habituellement dans la conduite technique de leurs vergers de pommier. Elles correspondent aux charges opérationnelles occasionnées par l'achat des intrants (produits phytosanitaires, engrais) et l'utilisation de la main d'oeuvre salariée. Aussi, nous n'avons pas considéré les charges de structure, ni la valeur de la main d'oeuvre familiale. 33 Lors de nos enquêtes auprès d'eux, les producteurs nous déclaraient autant les charges que le rendement en les rapportant au nombre de pommiers qu'ils ont en production. Ce qui nous a conduits à opter pour l'évaluation des charges par Kg de pommes produit, en divisant les charges/pied par le rendement/pied. Etant entendu qu'à ce niveau de l'analyse, nous n'avons pas intégré les charges des opérations de récolte et de stockage que certains des producteurs enquêtés réalisent pour la production qu'ils ne vendent pas sur pieds. Les résultats obtenus par classe de producteurs sont rapportés par le tableau ci-après. Tableau 9. Charges moyennes de production des pommes selon les classes d'exploitations enquêtées.
Ce tableau montre que pour l'ensemble de l'échantillon enquêté, les charges de production s'établissent, en moyenne, à 30 DH/arbre et à 1,5 DH/Kg de pomme (max : 4,5 DH/kg, min : 0,7 DH/kg). Il montre surtout qu'à l'instar du rendement, ces charges augmentent significativement des plus petites aux plus grandes exploitations (de 19 à 48 DH/arbre et de 1,3 à 2 DH/Kg). Ces résultats laissent penser que : i) l'investissement dans la conduite technique des vergers est d'autant plus important que les exploitations sont plus grandes ; ii) cet investissement s'accompagne d'une augmentation du rendement ; iii) sauf que cette augmentation ne compense pas celle des charges de production. Il en résulte que le Kg de pommes produites par les grandes exploitations leur coûte plus cher que les autres. Mais comme leur production est beaucoup plus importante, le revenu qu'ils en tirent de sa vente l'est autant (effet de masse). En fait, dans ce type de zone, le nombre de pieds de fruitiers productifs, composante majeure du patrimoine des exploitations agricoles, est l'un des facteurs déterminants des 34 stratégies adoptées par les producteurs. Ainsi, ceux qui en ont suffisamment en tirent des revenus substantiels qui leur permettent de dégager de quoi couvrir les charges nécessaires à l'amélioration de la conduite technique de leurs vergers et par-là, d'en accroître la productivité. Ce qui n'est pas le cas de la grande majorité des petits producteurs dont les ressources de base sont si limitées qu'elles ne suffisent même pas à couvrir les besoins essentiels de leurs familles souvent nombreuses. Cette catégorie de producteurs se trouve ainsi confrontée à de réelles difficultés à satisfaire les besoins en engrais et surtout en produits phytosanitaires de leurs fruitiers. Il en résulte des vergers mal conduits, mal traités, exposés aux risques des maladies et des ravageurs. Ce qui conduit à une productivité très modeste avec une qualité qui laisse à désirer. La MARP nous a permis d'estimer que 20% seulement des producteurs appliquent un itinéraire technique adéquat et arrivent à produire des pommes de qualité. Encadré 2. Structure des charges de production.
35 1.3 Différenciation entre la commune d'Asni et les quatre autres communes de la zone d'étudeSelon nos premiers entretiens avec les agents de la DPA, il nous a semblé que l'adoption d'une conduite technique plus adaptée par les producteurs dans la commune d'Asni leur permet de réaliser des rendements meilleurs que ceux obtenus par les producteurs dans les quatre autres communes de la zone. Pour le vérifier, nous allons comparer entre les charges de production et les rendements respectifs à ces deux sous-ensembles de la zone d'étude. Tableau 10. Charges moyennes de production de pommes par commune.
Ce tableau montre qu'en moyenne, le rendement en pomme réalisé par les exploitants enquêtés dans la commune d'Asni est quasiment le double (21 t/ha contre 13 t/ha) de celui de l'ensemble des ceux enquêtés dans les quatre autres communes. Mais en termes de charges rapportées à la quantité produite, cette différenciation s'estompe complètement : 1,5 DH/Kg en moyenne pour les deux groupes de producteurs. Pour apprécier encore mieux la différence des charges de production entre la commune d'Asni et le reste des communes de la zone, nous avons rapporté ces charges non pas aux productions réalisées correspondantes, mais au nombre de pommiers en production. Nous remarquons qu'en moyenne, les charges par pied de pommier en production chez les producteurs enquêtés dans la commune d'Asni sont 1,5 fois supérieures à celles des producteurs des autres communes. Cette différence peut être expliquée par les différentes raisons rapportées dans l'encadré ci-après. 36 Encadré 3. Historique du pommier à Asni.
Nous pouvons en déduire que la commune d'Asni a été la première à avoir profité de l'introduction du pommier, ce qui a permis à ses agriculteurs d'accumuler une plus grande expérience dans la conduite de cette spéculation. Les autres communes continuent d'accuser un retard important dans ce domaine et ce, malgré les projets réalisés dans la zone pour développer ce secteur. 2. COMMERCIALISATION2.1 Les pratiques de vente des producteurs 2.1.1 Vente sur piedL'enquête exploratoire et les entretiens que nous avons menés avec des acteurs locaux, nous ont très vite révélé que la vente sur pied est le mode le plus répandu de commercialisation des pommes par les producteurs de la zone. Les agents de la DPA, les collecteurs et les producteurs avec qui nous avons conduit la MARP, estiment que presque 75% des producteurs recourent à ce mode de vente. Ce qui s'inscrit en convergence avec ce 37 qui se pratique à l'échelle nationale où ce taux avoisine 85% (A. Chohin-Kuper et M.R. Doukkali, 2006). Au niveau de l'échantillon enquêté, 55% des producteurs optent pour ce mode de vente. La différence avec les estimations susmentionnées peut être due au fait que les exploitants qui ont accepté de collaborer avec nous pour réaliser notre enquête sont, pour une grande part, parmi ceux intéressés par le projet de développement du pommier et par la problématique de la commercialisation de ce produit. De ce fait, notre échantillon s'est trouvé avec une relative surreprésentation des producteurs pratiquant le stockage et du même coup, des catégories d'exploitations de plus grande taille. Il faut, toutefois, mentionner que les groupes avec lesquels nous avons conduit la MARP ont signalé l'existence, là aussi, d'une différence entre Asni et les autres communes de la zone d'étude. Après croisement des estimations avancées par les différents participants aux animations de focus groupes, nous avons déduit que 60 à 70% des producteurs de pommes de la commune d'Asni vendent leur production sur pied ; taux qui peut atteindre 90% dans les communes d'Ighil et de Talat N'Yacoub. Ceci peut être dû à l'éloignement et à l'enclavement dont pâtissent les douars des hautes vallées. Plus de 90% des producteurs enquêtés vendent leur production sur pied au mois de septembre, les pommes mûrissent vers la mi-septembre. Cela leur permet de profiter d'un prix de vente plutôt satisfaisant puisque la production est quasiment prête. Tandis que d'autres producteurs, alourdis par les charges de production, choisissent de vendre au mois de juin. De nos premiers entretiens avec des agents de la DPA, nous avons retenu l'hypothèse qui stipule que la principale cause pour laquelle beaucoup de producteurs de la zone d'étude vendent leurs pommes sur pied, est leur endettement vis-à-vis des fournisseurs d'intrants agricoles. Selon cette hypothèse, ces producteurs se trouvent contraints de vendre sur pied leur production, avant que les pommes ne soient mûres, pour pouvoir s'affranchir rapidement de leurs dettes. Un des résultats dégagés ne nous permet pas de souscrire entièrement à cette hypothèse. En effet, 77% des producteurs pratiquant la vente sur pied nous ont déclaré régler leurs achats d'intrants au comptant. 38 Concernant leur appréciation sur ce mode de vente, près de 60% des producteurs enquêtés le trouvent avantageux, contre 40% qui pensent le contraire. Les raisons avancées par ceux qui le pratiquent sont diverses. Plus de la moitié d'entre eux (55%) trouvent les frais de transport et de location des caisses très onéreux, près du tiers (32%) avancent leur manque de capacité physique. Pour ceux qui ont essayé de vendre eux-mêmes leurs pommes (13%), leurs tentatives ont été vouées à l'échec. L'encadré ci-après illustre ces cas de figure. Encadré 4. Les raisons de la vente sur pied.
39 2.1.2 Vente après stockageLa vente après stockage est un autre mode de commercialisation que pratiquent une partie des producteurs enquêtés. a. Lieux de stockage La pomme est un fruit très périssable ; si elle n'est pas vendue sur pied ou dès sa récolte, elle nécessite, pour être sauvegardée, d'être conservée. Dans notre zone d'étude, deux types de stockage sont pratiqués : Le premier moderne, se fait dans des chambres froides. La zone d'étude en compte sept (six installées à la commune d'Asni, une à Ouirgane) de 100 et 300 tonnes de capacité chacune, pour une capacité totale d'environ 1 000 t. Le second traditionnel, appelé fruitière ou « Nouala » qui sont généralement des chambres installées près des vergers, construites avec des matériaux peu coûteux et souvent recyclés (troncs d'arbres, tôles, couvertures en plastique...). Certains producteurs optent pour des locaux annexés à leur domicile, d'autres préfèrent entreposer leur production dans leur maison, surtout quand la production est peu importante. Il est à noter qu'environ 70% de la production, destinée à la vente après stockage, est conservée traditionnellement (y compris la production entreposée dans les maisons des producteurs). Les 30% restant, stockent leur production à l'unité frigorifique de Marrakech ou à celle d'Agadir. 40 Figure 6. Répartition de la production stockée par type de stockage (en%). b. Durée de stockage L'altitude et le type de stockage adopté sont deux facteurs déterminants de la durée de stockage. Quand ce dernier est de type moderne, l'écoulement de la production est fonction de la demande sur le marché, la durée de stockage peut atteindre 7 mois. Dans les cas où le stockage est de type traditionnel, sa durée dépend des conditions climatiques de l'aire de production : La haute vallée (Imlil, Aït Souka, Mzik...) offre un hiver froid avec des températures très basses dont les producteurs profitent pour stocker leurs pommes dans des fruitières pour une durée allant jusqu'à 4 mois. Dans la moyenne vallée (le centre de la commune d'Asni, Ouirgane...), la situation est moins favorable. La durée du stockage traditionnel ne dépasse pas les deux mois et les pertes en poids et en qualité sont considérables (presque 30% de la quantité stockée). 41 Figure 7. Périodes de récolte et durées de stockage des pommes. La récolte des variétés cultivées dans la zone d'étude, s'étale sur 3 mois. La Royal Gala est une variété précoce, cueillie à partir de la deuxième décade du mois d'août, sa cueillette dure un mois. La Starking Delicious est récoltée durant le mois de septembre. Quant à la Golden Delicious, sa récolte commence vers la fin du mois de septembre et dure jusqu'à fin octobre. La Royal Gala est directement absorbée par le marché puisqu'elle est la première variété à entrer en maturité, elle coïncide avec une demande en pomme très importante. Le stockage dans les unités de conservation commence avec la cueillette de la Starking Delicious, très prisée par les consommateurs en raison de sa chair ferme et son rouge attirant. Les producteurs la préfèrent à la Golden Delicious au fait qu'elle résiste plus au stockage et enregistre moins de pertes de qualité et de poids. La pomme est un fruit climactérique, qui se caractérise par une intensité respiratoire qui passe par un minimum (minimum climactérique) à la fin de la croissance, pour augmenter ensuite quand la maturation s'engage (pic climactérique). Après sa cueillette, la pomme a la possibilité de poursuivre sa maturité lentement ou rapidement, selon qu'elle est récoltée avant ou après son minimum climactérique (Ezzahouani A., 2010). Le stade de développement est donc décisif pour la destination du produit. Pour les pommes destinées à la conservation, elles doivent être cueillies juste avant le pic climactérique. Or, la plupart des 42 producteurs qui stockent traditionnellement, ne respectent pas cette règle et mélangent les pommes destinées à la vente directe avec celles destinées à la conservation. Les premières caisses récoltées sont directement acheminées au marché. Dès que celui-ci est saturé, les producteurs optent pour la conservation. Ils stockent leurs récoltes dans leurs fruitières traditionnelles, hangars où maisons et écoulent leurs pommes suivant la demande du marché. Mais dès que les pertes en poids dépassent les 6 kg (par caisse de 20 kg) et que les pommes perdent en qualité (flétrissement, ramollissement, apparition de maladies fongiques ou parasitaires), les producteurs se retrouvent obligés de liquider leurs pommes au prix qu'offre le marché. c. La qualité des pommes La qualité est un facteur déterminant dans le choix des pommes aptes à être stockées pour une longue durée (stockage moderne). Les producteurs choisissent des pommes saines, exemptes de maladies ou d'altérations, de calibre moyen ou grand et suffisamment développées pour supporter le transport et répondre aux exigences commerciales. Il faut, toutefois, mentionner que la qualité des pommes de la haute vallée diffère de celle de la moyenne. En effet, quand le verger est bien conduit, les conditions climatiques plus adéquates (températures basses et importantes précipitations) font que la pomme produite en haute vallée est de meilleure qualité et résiste mieux au stockage que celle de la moyenne vallée. Comme déjà mentionné, une bonne conduite technique est une condition essentielle pour produire des pommes de qualité, s'ajoute à cela des conditions climatiques propices à l'évolution du pommier (froid et précipitations). Or, nous avons déduit à l'aide de la MARP, que seulement 20% de la production est considérée comme de qualité, et donc apte à être stockée. 43 Encadré 5. Les normes de qualité de la pomme.
Les producteurs possèdent leur propre échelle de classification des pommes, basée, en partie, sur les caractéristiques citées dans cet encadré et surtout sur le calibre. Cette échelle de classification comporte 4 catégories : 1ère catégorie : on l'appelle « Zéro », elle est d'une qualité supérieure et d'un grand calibre (> à 60 mm) ; 2ème catégorie : appelée « Ghlida », elle répond aux exigences de qualité mais peut présenter des défauts de forme ou de couleur, son calibre est entre 55 et 60 mm ; 3ème catégorie : « Moyenne », sa qualité peut être inférieure à celle des catégories précédentes, son calibre est compris entre 45 et 55 mm ; 4ème catégorie : « Rkika », correspond aux pommes de petit calibre (< à 45 mm), elle présente souvent des défauts de forme, de couleur et des meurtrissures. Le tableau suivant présente le prix de chaque catégorie, vendue au mois d'octobre, sur le marché de gros d'Agadir. 44 Tableau 11. Prix de vente d'un kg de pomme par catégorie, au marché de gros d'Agadir.
2.1.3 Marge bruteAfin de calculer la marge brute que laisse la vente d'un Kg de pomme aux producteurs, nous avons distingué entre ceux qui pratiquent la vente sur pied et ceux qui l'effectue après stockage. Pour chaque individu de notre échantillon pratiquant la vente sur pied, nous avons calculé le produit brut par Kg, duquel nous avons soustrait les charges à la production et nous avons obtenu la marge brute par Kg. Quant à ceux qui vendent après stockage, en plus de la soustraction de ces mêmes charges, nous avons également pris en compte les frais de récolte, de stockage, de transport ainsi que les taxes et commissions. Tableau 12. Marge brute moyenne du producteur (DH/kg).
Ces résultats révèlent une nette différence (0,5 DH/Kg) entre la marge dégagée de la vente après stockage (2,2 DH/Kg) et celle que laisse la vente sur pied (1,7 DH/Kg). Comme nous avons relevé l'existence d'une différence au niveau des charges de production entre la commune d'Asni et les communes de Ouirgane, Imgdal, Talat N'yacoub et Ighil, nous allons vérifier s'il en est de même pour ce qui est de la marge brute. 45 Tableau 13. Marge brute moyenne du producteur par commune (DH/Kg).
Ce tableau montre clairement que la valeur ajoutée au kilogramme de pomme dans la commune d'Asni est largement supérieure à celle des autres communes de la zone d'étude. L'importance des charges de production et le respect d'une bonne conduite technique permettent aux producteurs de la commune d'Asni de réaliser de meilleurs résultats. 2.2 Les collecteurs2.2.1 ClassificationLe collecteur est un opérateur stratégique de la filière pomme, il constitue un lien entre le segment de la production et les autres opérateurs du segment de la commercialisation. Toutefois, il est très critiqué autant par des développeurs que par des producteurs qui estiment que son intervention occasionne une érosion de la valeur ajoutée au détriment de ces derniers. Il n'en reste pas moins que plusieurs producteurs considèrent son rôle essentiel et sont convaincus que la commercialisation sur le marché s'avère très difficile et qu'il faut être extrêmement rusé et expérimenté pour pouvoir s'en sortir. Pour les collecteurs, ce métier demande du talent, de la patience et le goût du risque. Un collecteur nous a confié que sur 20 ans d'exercice, il a enregistré 6 années de perte. Après plusieurs rencontres avec un groupe de collecteurs et d'agriculteurs et croisement des données recueillies, nous avons pu dégager différentes catégories parmi les collecteurs opérant dans la commune d'Asni ; le critère de classification étant le chiffre d'affaires. 46 Tableau 14. Classes des collecteurs de la filière pomme dans la commune d'Asni.
2.2.2 StratégiesDans la première classe, nous avons noté une préférence des collecteurs pour les grands vergers (plus de 8 hectares) qui permettent une plus grande efficacité et une meilleure efficience de la main d'oeuvre salariée et des moyens de transport mobilisés. Ils peuvent, toutefois, s'intéresser à des vergers de taille moyenne, si jamais les plus grands sont déjà vendus. On y trouve des collecteurs locaux et d'autres provenant de Marrakech ou de Casablanca. Il arrive que les collecteurs de cette classe établissent des contrats oraux avec les propriétaires des vergers qu'ils ont l'habitude d'acheter, mais sans que cela ne soit un engagement ferme de ces producteurs. La deuxième classe regroupe des collecteurs moyens, avec un chiffre d'affaires de l'ordre de 400 à 500 mille DH. Ce sont généralement des collecteurs locaux, opérant depuis une dizaine d'années et qui ont accumulé un capital leur permettant d'élargir leur zone d'action. Les collecteurs de la 3ème classe sont les plus nombreux. Il arrive qu'on y trouve des associés qui mettent en commun leurs moyens matériels et financiers ainsi que leurs savoir-faire. Ce qui leur permet d'aspirer à gagner davantage en achetant plus de vergers et de partager les risques afin de minimiser les pertes éventuelles. Dans cette classe, la majorité des collecteurs procède par un système d'avance : ils achètent la production, déboursent une avance au producteur et lui règlent le montant restant une fois leurs ventes aux marchés conclues, tout en respectant un délai de rigueur ne dépassant pas un mois. 2.2.3 Marge bruteNous avons pu déduire des entretiens avec les collecteurs, que leur marge brute, quand ils ne sont pas perdants, varie entre 0,5 et 0,75 DH/kg. Ce que nous avons pu confirmer à travers une autre approche. Celle-ci consiste à supposer que la marge du collecteur est équivalente à celle que réalise le producteur qui vend après stockage par rapport à celui qui 47 vend sur pied. Elle suppose aussi que les frais de récolte, de transport, de stockage et commercialisation qu'engage un collecteur sont équivalents à ceux qu'engage, pour les mêmes opérations, un producteur qui vend après stockage. De la sorte, la différence entre la marge du producteur qui vend après stockage et la marge de celui qui vend sur pied équivaudrait à la marge du collecteur. Calculée ainsi, cette marge s'établit à 0,5 DH/Kg, ce qui la situe dans l'ordre de grandeur dégagé des entretiens réalisés avec les collecteurs. Un exemple donné par un collecteur, simple mais illustratif, et rapporté à travers le tableau ci-après, explique pourquoi les collecteurs sont prêts à payer plus pour des quantités moins importantes mais de qualité. Tableau 15. Comparaison entre deux catégories de pomme.
* : Taxe du marché de gros de Marrakech, basée sur un prix de vente de 8 DH ; ** : Vu son petit calibre, la cueillette de la pomme catégorie « Rkika » demande beaucoup plus de temps que la « Zéro ». 2.3 Les grossistes et les vendeurs au détailLe grossiste est un autre opérateur de la filière, installé sur le marché et s'occupant de la commercialisation des pommes une fois vendues par le producteur ou le collecteur. Son métier nécessite un capital important, une longue expérience dans le domaine ainsi qu'un réseau de contacts développé. Quand nous avons demandé à un collecteur s'il pouvait remplacer le grossiste, il nous a répondu que cela était impossible, qu'à chacun sa spécialité et qu'il n'arrivera pas à écouler la production aussi facilement que le fait le grossiste. 48 Nous avons compris que les rapports de confiance qui s'établissent entre les différents opérateurs (producteurs-collecteurs, collecteurs-grossistes, grossistes-vendeurs en détail) sont très importants et que ces liens demandent beaucoup de temps pour être tissés. Tout comme les producteurs et les collecteurs, les grossistes diversifient les produits qu'ils commercialisent. Néanmoins, on trouve ceux spécialisés en pommes, qui sont généralement des fournisseurs d'hôtels, de restaurants et des grandes surfaces. Le vendeur en détail est un opérateur qui intervient à l'aval du segment de la commercialisation, il achète du marché de gros pour approvisionner les autres marchés de la ville (vendeurs de proximité). On entend dire que sa marge brute est élevée, mais il ne faut pas se leurrer ; même si son gain peut être relativement élevé (2 à 3 DH/Kg), la quantité de pommes qu'il commercialise quotidiennement est très minime et seule une partie de la caisse est vendue à un prix rentable. La figure suivante présente la chaine de valeur de la filière pomme au cercle d'Asni. Nous avons considéré les prix de vente de la pomme de catégorie « Ghlida », vendue au marché de gros de Marrakech. 49 Figure 8. Chaine de valeur de la filière pomme produite dans le cercle d'Asni et vendue au marché de gros de Marrakech. 2.4 Les marchés de gros2.4.1 Le marché de gros de MarrakechLe marché de gros de Marrakech est le plus proche de notre zone d'étude. Installé dans le quartier industriel de la ville, il est le plus grand marché de la Région de Marrakech-Tensift-Al Haouz. Une visite de ce marché nous a permis de constater qu'il est organisé en hangars ou aires de vente. Chaque hangar est consacré à un type de produits, le premier aux légumes, le second aux fruits, le 3ème surtout aux agrumes et le 4ème aux céréales et aux dattes. A l'extérieur de ces aires, on trouve les détaillants. Pour faire entrer une marchandise, il faut payer une taxe de 7% de sa valeur. La procédure de sa fixation ne fait pas l'unanimité. En effet, une commission, composée de représentants de la Direction du marché de gros et de la Direction des impôts, fixe les valeurs supposées de 50 chaque fruit et légume par semaine, sans prendre en considération les variations des prix effectifs de vente. Au niveau de l'aire de vente réservée aux fruits, on trouve plusieurs étales où chaque vendeur expose ce qu'il a comme produits. Ces étales reviennent de droit à ceux qui payent la taxe à l'entrée (producteurs et collecteurs), mais l'habitude veut que d'autres opérateurs s'occupent de ce segment de la filière : les grossistes. Au marché de gros de Marrakech, seules les caisses propres au marché y circulent. Il faut donc louer les caisses, d'une capacité de 10 kg, à 1 DH/caisse/jour. Les habitués ne payent que le prix de location, tandis que les nouveaux payent aussi une caution de 10 DH/caisse. A partir du nombre de camions et de fourgonnettes qui fréquentent quotidiennement ce marché durant les mois de septembre et d'octobre, nous avons pu déduire un flux quotidien moyen d'environ 40 tonnes de pommes. 2.4.2 Le marché de gros d'AgadirLe rayon d'action du marché de gros d'Agadir s'étend sur l'ensemble des provinces du sud, c'est pour cela que la demande y est plus importante. Ce marché est une destination importante pour la production de notre zone d'étude. La majorité des producteurs enquêtés le préfère à celui de Marrakech, puisqu'il absorbe une plus grande quantité et les exigences de qualité y sont moins sévères : le marché de Marrakech exige une pomme de qualité et surtout de grand calibre, tandis qu'au marché d'Agadir, toutes les pommes peuvent être vendues et le calibre influence rarement les prix de vente. De plus, le système de taxes appliqué au marché de gros d'Agadir diffère de celui de Marrakech et les producteurs le trouvent beaucoup plus juste. A l'entrée du marché, il faut payer une taxe de 0,60 DH par caisse. Les étales où sont exposés les produits appartiennent à des tiers, il faut donc leur payer 0,35 DH/Kg. Mais si le vendeur est un habitué, il ne paye que 0,25 DH/Kg. 51 Les frais de transport Les véhicules les plus couramment utilisés pour le transport des produits de la zone aux marchés de gros de Marrakech et d'Agadir, sont des camions type Canter et des fourgonnettes. Le tableau ci-après fournit les frais de transport y afférents. Tableau 16. Frais de transport d'Asni aux marchés de gros de Marrakech et d'Agadir.
2.4.3 Autres marchésLes pommes d'Asni sont également destinées aux marchés de gros de Safi, d'Essaouira et d'El Jadida sans oublier les pommes, surtout celles des écarts de triage, de chutes et de très petit calibre, acheminées vers quelques souks ruraux (Jemâa Shaïm, Tlat Sidi Bennour, Larbâa Lfqih Bensaleh, ...). 3. UNITE FRIGORIFIQUE PREVUEPlus de 87% des producteurs enquêtés ont connaissance du Projet de développement de la filière pommier au Haut-Atlas Occidental, en cours d'exécution au Cercle d'Asni. La quasi-totalité ont exprimé leur intérêt pour ce projet et considèrent bénéfique l'installation d'une unité frigorifique qui leur épargnera les pertes en poids et en qualité qu'ils subissent à cause du stockage traditionnel. Certains producteurs, notamment ceux des communes de Talat et Ighil, croient que les prestations de l'unité frigorifique seront gratuites et fondent leurs futures stratégies de commercialisation sur cette base (stocker une partie de leur production habituellement vendue sur pied). Or, les producteurs voulant stocker leurs pommes dans l'unité frigorifique, seront, tout de même, amenés à payer une contribution qui devrait, en principe, être 52 inférieure au prix payé pour le stockage dans les frigos privés, mais qui devra tout de même permettre de couvrir les frais de fonctionnement et de gestion de l'unité. Il est clair que les premiers bénéficiaires de cette unité seront les producteurs et collecteurs qui stockent déjà leurs pommes (dans les quelques frigos d'Asni, à Marrakech ou à Agadir), viennent ensuite ceux qui adoptent le stockage traditionnel, mais qui auront à supporter des charges plus coûteuses que le stockage qu'ils pratiquent actuellement dans les hangars ou dans les « Nouala ». Et même si la majorité des petits producteurs ont exprimé un grand intérêt pour stocker leurs pommes dans la future unité frigorifique, il parait évident que le bénefice de cette action se limitera principalement aux grands et aux moyens producteurs. En effet, les raisons pour lesquelles la majorité vend sur pied persisteront même après l'installation de cette unité (surtout celle concernant les besoins astreignant en trésoerie). Nous avons essayé de simuler avec un groupe de producteurs et de collecteurs, la stratégie qu'ils pourraient adopter une fois l'unité frigorifique fonctionnelle. Ils ont tous attesté qu'ils vont stocker une partie de leur production dans cette unité, mais dès que le besoin en trésorerie pressera, ils vendront leur stock à un collecteur ou à un grossite. La plupart d'entre eux parlent d'une plate-forme de vente adjacente à l'unité, ce qui ne fait pas partie des actions prévues par le projet, et supposent que cet espace de vente leur épargnera le déplacement jusqu'aux marchés. La mise en place de cette unité dans le cadre du projet et sa gestion par la coopérative d'Asni, pourraient atténuer ces contraintes : i) si les promoteurs du projet arrivent à mobiliser les plus larges franges de producteurs et à les fédérer au sein de la coopérative qu'ils ont réactivée pour en faire le porteur de celui-ci ; ii) si cette coppérative est dotée de capacités finacière, organisationnelle et managériale suffisantes pour lui permettre de préfinancer les producteurs qui en seraient adhérents, particulièrement les petits, en attendant qu'ils puissent écouler, au moment opportun, leur production après stockage. 53 4. PROBLEMES REVELES4.1 Au niveau de la productionNombreux sont les problèmes que rencontrent les producteurs de pommes au Cercle d'Asni. L'un des premiers évoqués lors des entretiens avec les producteurs est celui du changement climatique ; les producteurs assurent que durant les cinq dernières années, une nette augmentation de la température ainsi qu'une diminution des ressources en eau ont été remarquées. Aussi, les rendements diminuent et les vergers sont plus exposés aux attaques des parasites, telle que l'araignée rouge, qui prolifèrent en températures élevées. Outre les effets sur les rendements, la modification des régimes de précipitations et de températures n'épargnent pas la qualité. Outre la conduite technique, les conditions climatiques extrêmes, telles la grêle et la gelée, influencent directement la productivité ainsi que la qualité des pommes produites. Toutefois, il est important de signaler une différence de situation entre la moyenne et la haute vallée. Pour illustrer, les producteurs de la moyenne vallée (communes d'Asni, Ouirgane, Talat n'Yacoub, Ighil et Imgdal) envient ceux de la haute vallée (vallée d'Imlil) qui, selon eux, profitent de conditions climatiques plus favorables et voient que les changements climatiques y sont moins ressentis. Cette différence est expliquée par l'altitude, la vallée d'Imlil est à 1 740 m tandis que le reste des communes est à moins de 1 200 m. La cherté des intrants est un autre problème qui pèse lourdement sur les producteurs. Ces derniers trouvent les prix des engrais et des produits phytosanitaires extrêmement chers. En décortiquant encore plus, il s'avère qu'il existe un lien direct entre les changements climatiques et le besoin élevé en intrants. En effet, les producteurs nous expliquent que plus les températures sont élevées et plus les vergers sont attaqués par les ravageurs, ce qui augmente le besoin en produits phytosanitaires. Une autre contrainte à la production, exprimée par la majorité des producteurs, porte sur l'insuffisance des actions d'orientation et d'encadrement par rapport aux besoins. Malgré les quelques centres de proximité existants dans la zone (Sous-centres de CT à Asni et à Talat 54 n'Yacoub), les exploitants attestent une faiblesse au niveau de l'accompagnement agricole et du transfert de technologie. Ils admettent leur manque de connaissance en matière agricole, la plupart d'entre eux ont avoué qu'ils ne savent pas diagnostiquer les maladies qui attaquent leur verger, ni d'apporter, au moment opportun, les produits et les doses nécessaires pour y remédier. 4.2 Au niveau de la commercialisationLes producteurs de pommes du Cercle d'Asni évoquent plusieurs problèmes au niveau de la commercialisation. Le premier est dû à la nature périssable et fragile du fruit, qui nécessite un circuit de vente approprié : les pommes récoltées doivent être directement acheminées vers le marché, sinon conservées. Le stockage des pommes engendre des charges supplémentaires, particulièrement pour le stockage de type moderne, reposant sur la conservation en chambres froides. La cherté de la location des caisses et des moyens de transport est telle qu'elle contraint plusieurs producteurs à recourir à la vente sur pied de leur production. Les producteurs jugent la taxe à payer dans le marché de gros de Marrakech extrêmement élevée et injuste, du fait qu'elle ne tient pas compte des fluctuations des prix durant la semaine. Conséquemment à cela, beaucoup de producteurs et de collecteurs, trouvent des moyens, y compris illégaux, pour contourner cette taxe. Ils transportent dans le même camion, différents produits, dont la pomme, et payent la taxe sur la base du produit dont l'estimation de la valeur fixée par la commission est la moins élevée. La multiplication des collecteurs est peu souvent rencontrée, elle existe surtout dans les zones accidentées telles que certaines vallées d'Ighil où un collecteur peut vendre à un autre et ainsi de suite (avec un seuil de 3 collecteurs). Elle donne lieu à un partage de la marge brute, répartie entre les différents collecteurs contribuant à la commercialisation d'une même production, et cela au détriment du producteur dont la marge se trouve réduite en conséquence. 55 Figure 9. Schéma de la filière pomme produite dans le Cercle d'Asni. 56 SYNTHESEPar la présente étude, nous avons estimé les charges de production de pomme, d'abord par classe d'exploitations et puis par commune. La classe des grandes exploitations se démarque comme étant celle qui engage les charges de production les plus élevées et réalise, en conséquence, les meilleurs rendements. Nous avons pu apprécier l'avance qu'a la commune d'Asni sur les autres communes de la zone d'étude dans la conduite technique du pommier. Les charges de production renseignent donc sur l'itinéraire technique adopté, ce qui confirme l'hypothèse H1. Nous avons également déduit, moyennant un cas d'étude, que les charges de production les plus importantes sont celles des traitements phytosanitaires et de la main d'oeuvre salariée. Le diagnostic des pratiques de commercialisation des pommes par les producteurs de la zone, nous a permis de retenir deux grandes modalités de vente bien distinctes : la vente sur pied et la vente après stockage. Comme il nous a permis de relever l'existence de deux modes de conservation dans la zone : l'un traditionnel, l'autre moderne. Comme avancé dans notre hypothèse de travail à ce sujet, la prépondérance de la vente sur pied s'est vérifiée ; elle s'opère par les 3/4 des producteurs. Les raisons qui les poussent à y recourir varient d'un producteur à l'autre, tout en retenant que plus de 50% d'entre eux déplorent leurs besoins pressants en trésorerie. Nous avons pu révéler à l'aide de la MARP, que 70% des pommes destinées à la vente après stockage, sont conservées traditionnellement. Vu la nature périssable de la pomme, ce mode de stockage engendre des pertes considérables en quantité et en qualité. Ainsi, l'hypothèse H3 est confirmée. En comparant la marge brute des producteurs vendant sur pied avec celle de ceux qui vendent après stockage, une nette différence est ressortie : 1,7 DH/Kg pour les premiers et 2,2 DH/Kg pour les seconds. 57 L'intervention des collecteurs dans la commercialisation des pommes produites dans la zone d'étude prend différentes formes (Figure 9). Ils peuvent acheter des agriculteurs leur production qu'ils écoulent directement sur le marché, comme ils peuvent la stocker ou, dans quelques cas, la vendre à un autre collecteur. L'intervention des collecteurs est souvent taxée d'être la cause du renchérissement des prix payés par le consommateur. Pourtant, selon les estimations dégagées par notre travail, la marge brute qui revient à cette catégorie d'opérateurs n'est que de 0,5 DH/Kg. La mise en oeuvre de tout projet de développement requiert une synergie entre les différents opérateurs concernés et leurs organisations. Le diagnostic des circuits de commercialisation des pommes produites dans la zone d'étude a relevé l'existence d'une multiplicité d'intervenants qui devraient être prise en considération dans la conception de tout projet visant le développement de cette filière. En fait, les collecteurs constituent une catégorie d'opérateurs importante dans la mesure où ils arrivent tout de même à prendre en charge la plus importante part de la production. Leur implication dans le projet en cours de réalisation pourrait contribuer à faire sortir leur pratique de l'informel, voire de l'opacité. Les collecteurs seront les premiers à se servir de l'unité frigorifique prévue et pourtant, ils ne sont pas pris en compte et aucune mesure pour organiser autrement leur intervention n'est envisagée. Quant aux producteurs, la majorité d'entre eux, et surtout les petits, continueront à vendre sur pied, non guère par choix mais contrariés par le manque de financement. L'hypothèse H4 est ainsi, remise en cause. Outre cela, les conflits menaçants entre la coopérative Asni et celle de Tifaouine pourraient compromettre la réussite de cette action. La coopérative Asni, désignée comme le porteur du projet, est censée gérer l'unité prévue, mais sa « rivale » la coopérative Tifaouine commence d'ores et déjà à protester et à exiger que toutes les coopératives soient parties prenantes dans le projet. La création d'une union de coopératives ou d'un groupement d'intérêt économique entre elles pourraient constituer une alternative porteuse, encore faut-il que la bonne volonté de tous soit acquise. Ce qui ne semble pas être le cas aujourd'hui. 58 Concernant la production, les enquêtés ont évoqué avec insistance, le manque, si ce n'est l'absence, d'un encadrement technique efficace à leur profit. Ils jugent les quelques formations dont ils ont bénéficié très insuffisantes et les considèrent, dans la plupart des cas, inadaptées à leur besoin. L'étude que nous avons menée n'avait aucune prétention de procéder à une analyse intégrale de la filière pomme dans la zone choisie. Elle s'est limitée aux segments ciblés par notre problématique. D'un point de vue méthodologique, il faut mentionner qu'une sur-représentativité des grandes exploitations a été révélée. En effet, la taille moyenne des exploitations de la zone est de 0,9 ha contre 2,8 ha pour notre échantillon. Notre but était de choisir un échantillon raisonné, de manière à couvrir toutes les classes d'exploitations. Cela pourrait limiter la représentativité, au sens de la statistique quantitative, des résultats obtenus sur la base de l'échantillon. Au demeurant, la valorisation de la pomme devrait commencer par l'amélioration de la productivité et de la qualité qui se préparent au verger. Autrement, quelle valorisation serait-elle possible à une pomme de qualité médiocre ? Comme il serait judicieux de se pencher sur les sources et les difficultés de financement des producteurs. La réponse à cette problématique permettrait certainement de mieux cerner les goulots d'étranglement à la production et de dégager les voies susceptibles d'en améliorer les performances en quantité et en qualité. Dans cette perspective, il serait d'une extrême importance de se rapprocher de deux acteurs parmi ceux que l'analyse de filière qualifie d'acteurs indirects et que notre travail n'a pas touchés : les fournisseurs d'intrants agricoles et les institutions de financement. 59 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUESActes séminaires Association sans but lucratif de solidarité international (AQUADEV). Les méthodes participatives de diagnostic et de planification des actions de développement. Actes du séminaire de Niamey, 12-18 juin 2001 à Niamey, AQUADEV, 2001, p. 138. Chohin-Kuper A. et Doukkali M.R. L'agriculture irriguée du Maghreb face aux évolutions des marchés agroalimentaires : enseignements de la filière pomme au Maroc. Actes du séminaire Wademed, 6-7 novembre 2006 à Toulouse, CIRAD, 2007, p.10. Articles Bencharif H. et Padilla M. Approvisionnement alimentaire des villes : Concepts et méthodes d'analyse des filières et marchés. Options méditerranéennes, 2001, série B/n°32. p. 259-277. Disponible sur < http://ressources.ciheam.org/om/pdf/b32/CI011675.pdf> (12/03/2012). Bockel L. et Tallec F. L'approche filière. FAO, Easypol, 2005, module 043, p.24. Ezzahouani A. Conservation des pommes dans les entrepôts frigorifiques. Agriculture du Maghreb, Mars 2010, n°42, p. 42-48. Fontan C. L'outil filière agricole pour le développement rural. Documents de travail, groupement de recherches économiques et sociales de l'université Montesquieu Bordeaux IV, Mars 2006, n°124, p. 23. Oukabli A. Le pommier, une culture de terroir dans une zone d'altitude. Transfert de technologie en agriculture, MADER, avril 2004, n°115, p. 4. Terpend N. 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Paris : Ecole polytechnique, mai 2004, p.481. Bouih N. Le mouvement associatif dans le domaine du développement local : cas des associations de la zone d'action du projet de développement des zones montagneuses de la province d'Al Haouz. Mémoire de 3ème cycle en agronomie. Rabat : Institut agronomique et vétérinaire Hassan II, septembre 2004, p. 154. YODA B. Montage et gestion participative des projets de développement rural : outils et méthodes d'intervention. Mémoire de 3ème cycle en agronomie. Meknès : Ecole National d'Agriculture, septembre 2004, p. 215. Sites consultés http://www.ada.gov.ma/ http://www.agriculture.gov.ma/ http://www.fao.org/ http://www.hcp.ma/ 61 ANNEXESAnnexe I. Données générales sur le pommierLe pommier a comme origine l'Asie de l'Ouest et serait issu d'hybridations entre plusieurs espèces du genre Malus. Bien qu'un nombre élevé d'espèces existe, les variétés du pommier cultivées sont issues d'hybridations entre différentes espèces de Malus et sont dénommées Malus domestica Borkh. Cette espèce développe un arbre buissonnant qui est encore rencontré à l'état spontané en Europe. Elle est largement cultivée en zones tempérées avec une concentration particulière dans l'hémisphère nord, entre les latitudes 30° et 60°. Dans l'hémisphère sud, cette espèce est localisée en Nouvelle Zélande, en Afrique Australe, en Australie, en Argentine et au Chili. 1. LE POMMIER AU NIVEAU MONDIAL La pomme compte parmi les fruits les plus cultivés dans le monde et connaît un important flux commercial. La production mondiale a été estimée à 66 millions de tonnes en 2007 (FAO). La Chine est devenue le premier pays producteur de pomme dans le monde avec un potentiel supérieur à 30 millions de tonnes. La production européenne est parmi les plus importantes du monde avec environ 9 à 10 millions de tonnes (FAO). Le profil variétal renferme 15 cultivars (Golden Delicious, Red Chief, Red Delicious, Cox's Orange, Granny Smith, Juji, Braeburn, Pink Lady et autres) dont le tiers environ revient à Golden Delicious (Oukabli A. et al. 2011). Source : FAO Figure 10. Evolution de la production des cinq premiers pays producteurs de pommes (1990-2010). 62 2. LE POMMIER AU MAROC La culture du pommier est probablement d'origine étrangère et a longtemps existé dans les jardins royaux et les jardins de notables. Son développement économique a certainement commencé avec le protectorat français. Les premières plantations du pommier ont probablement été installées en 1928 sur la base de la variété Llorca. Les plants de cette variété, d'origine espagnole, ont été introduits d'Algérie (Oran et Barigou) en transitant par Berkane. La précocité de maturité de cette variété, ses faibles besoins en froid et le développement de l'arboriculture fruitière à l'époque dans la région de Marrakech, ont constitué les facteurs déterminants pour l'installation et l'extension de la culture du pommier dans le Haouz. Au cours de cette période, le Maroc importait des pommes, essentiellement d'Italie. L'importation débutait à partir du mois de novembre et couvrait toute la période hivernale. Elle concernait les variétés Belford et Rome Beauty. La qualité médiocre des fruits de ces variétés et de celles introduites à partir du mois de mai a conduit les négociants à importer les pommes d'Argentine. Il s'agissait essentiellement des variétés Golden Delicious et Richared. A l'époque, ce pays entretenait avec le Maroc, des échanges commerciaux, basés sur les céréales. A la fin des années 1940, le pommier fut introduit dans la région d'Azrou et s'est propagé dans le plateau de Saïss vers Immouzer (Oukabli A. et al. 2011). 2.1 Zones de production et évolution des superficies L'extension de la culture a connu un essor considérable avec le code des investissements agricoles promulgué en 1969. En effet, si le Maroc importait environ 2 500 T de pommes en 1960, il en produit aujourd'hui plus de 500 000 T et importe, selon les années, 14 000 T environ (DDFP, 2011). Le pommier occupe actuellement une superficie d'environ 30 662 ha et se place au 2ème rang des rosacées après l'amandier (DDFP, 2011). Les premiers vergers commerciaux ont été créés en zones de montagne où les conditions climatiques sont favorables au développement et à la fructification de l'espèce. Sa culture a ensuite été étendue à d'autres zones, quoique moins propices, par simple transposition des modèles de culture. Les plus importantes zones de production sont localisées en zones de haute ou moyenne altitude du Moyen et du Haut-Atlas (Meknès, El Hajeb, Khénifra, Sefrou, Ifrane, Midelt, Asni...). La culture du pommier a connu une évolution très rapide durant la décennie 19821992, durant laquelle les superficies ont triplé en passant de 8 800 ha à 30 662 ha actuellement. Le développement rapide des superficies au milieu des années 80 a été donc lié à la rentabilité élevée de la culture. La durée de conservation élevée de ce fruit (5 à 6 mois) permettait l'approvisionnement du marché pendant une période creuse. La demande de ce fruit sur les marchés potentiels du pays a été élevée et a facilité l'écoulement des pommes tant au niveau des producteurs qu'au niveau des collecteurs et des détaillants. Aujourd'hui, les superficies connaissent, en général, une certaine stagnation, sauf dans de nouveaux périmètres de petite et moyenne hydraulique comme la vallée d'Aït Bougamaz, Oued Lakhdar dans la province d'Azilal, Aghbala, le Gharb où l'on assiste à une extension des superficies. La limitation constatée au niveau des zones traditionnelles de culture est liée à 63 plusieurs contraintes climatiques (rareté de l'eau, grêle, gelée) et commerciales (capacités de stockage limitées, multiplicité des intermédiaires, concurrences avec d'autres fruits comme le melon, la pastèque, la fraise et la pêche). Le coût de production particulièrement élevé (environ 2 à 3 DH/kg) lié à la cherté des intrants (produits phytosanitaires, énergie,...) est un facteur supplémentaire qui a concouru à la limitation des superficies plantées (Oukabli A. et al. 2011). 2.2 Importance économique Le secteur a produit, en 2010, environ 540 551 tonnes de fruits (DDFP, 2011), soit un rendement moyen national de 17t/ha correspondant à 16 kg de pommes par habitant/an. Les rendements réalisés accusent une variation interannuelle assez importante, due à l'alternance des aléas climatiques (gelée, grêle). Les variations sont plus importantes sur le plan quantité et qualité en zones d'altitude. L'écart de rendement par rapport aux zones de moyenne altitude pourrait atteindre 5 à 10 t/ha. Les performances réalisées varient d'une région à l'autre et en fonction de la taille de l'exploitation et du niveau technique des agriculteurs. Certains terroirs de culture (comme celui d'Aït Ayach, Asni, Dayt Aoua,...) réunissent des conditions favorables telles que des sols profonds (d'alluvions), des basses températures, les disponibilités en eau et les fortes amplitudes thermiques pour optimiser la production en quantité et en qualité. La production de ces terroirs est réputée pour la qualité du fruit notamment sa couleur, sa fermeté, son goût et sa conservation de longue durée (6 à 8 mois). La production nationale en pommes est actuellement soumise à la concurrence étrangère avec l'ouverture des frontières. Le Maroc importait annuellement 5 000 à 6 000 t de pommes à base de Golden Delicious et de Red Chief. En 2005, un quota de 2 000 t en franchise de douane était ouvert à l'importation et les quantités importées sont appelées à augmenter surtout pendant les années de faibles production. Ainsi, en 2009, une quantité de 14 300 t a été importée (Oukabli A. et al. 2011). 64 Annexe II. Questionnaire producteurs.
Effectifs exploités 2. Etat parcellaire de l'exploitation (Campagne agricole en cours : 2011/2012)
Code Source : 1. Puits en propriété, 2. Puits en commun, 4. Réseau PMH, 8. Pompage d'un cours d'eau, 16. Autres (à préciser). Si combinaison de plusieurs sources, sommer les codes correspondants. Code Mode d'irrigation : 1. Gravitaire, 2. Goutte à goutte, 4. Aspersion, 8. Autres (à préciser). Si combinaison de plusieurs modes, sommer les codes correspondants. 65 3. Conduite technique des plantations de pommier 3.1. Charges d'installation des plantations
Comment avez-vous fait pour couvrir les dépenses effectuées lors de l'installation de vos plantations de pommier ? 3.2. Charges d'entretien des plantations non encore en production
66 Comment faites-vous pour couvrir les dépenses nécessaires pour assurer l'entretien de vos jeunes plantations de pommier ? 3.3 Charges de production des plantations en production et production réalisée en 2011
67 Comment faites-vous pour couvrir les dépenses nécessaires pour votre activité de production de pommes ? 68 4. Commercialisation des pommes produites sur l'exploitation en 2011 Avez-vous vendu votre production de pommes de l'année dernière : Sur pieds / / Après stockage dans des fruitières / / 4.1. Production vendue sur pied
La vente sur pied de votre production de pommes est-elle avantageuse pour vous ? Oui / / Non / / De quelle manière ? Vous arrive-t-il de ne pas vendre sur pied votre production de pommes ? Oui / / Non / / Si oui, dans quelles conditions ? Que pensez-vous de la vente après stockage ? A quelles conditions seriez-vous disposé à adopter ce mode de vente ? 69 4.2. Production vendue après stockage
Motifs du choix des lieux de vente ? 70 6. Problèmes et suggestions Quels sont les principaux problèmes que vous rencontrez dans la production de pommes ? A votre avis, comment ces problèmes pourraient être résolus (actions à mener, acteurs à impliquer, moyens à mobiliser...) ? Quels sont les principaux problèmes que vous rencontrez dans la commercialisation de votre production de pomme ? A votre avis, comment ces problèmes pourraient être résolus (actions à mener, acteurs à impliquer, moyens à mobiliser...) ? 71 Savez-vous que les services de l'agriculture ont lancé la réalisation d'un projet de développement du pommier dans votre zone ? Oui / / Non / / Si oui : Que savez-vous de ce projet ? Qu'attendez-vous de ce projet ? Ce projet prévoit la construction d'une unité frigorifique à Asni qui sera mise à disposition des producteurs du Cercle d'Asni. Quel est votre avis sur cette action ? . . . . . . : 2012 (00 212) (00 212) nat Al Irfane, B.P. 6202. Rabat - Maroc -
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