3.3. Interprétation des résultats et
implications de politique économique
3.3.1. Interprétation des résultats
Globalement, le modèle à correction d'erreur
utilisé pour évaluer la contribution du secteur agricole sur la
croissance économique dans les pays de l'UEMOA sur la période
1970-2007 laisses voir que l'agriculture a un impact positif significatif sur
la croissance économique à
49
court terme. A long terme, cet impact est plus
élevé dans la majorité des cas. Cependant, bien
qu'étant plus élevé à long terme au Mali, cet
impact est non significatif et au Niger il est négatif à long
terme.
Ces premiers résultats confirment le consensus le plus
large selon lequel la croissance agricole est la clé de l'expansion de
l'ensemble de l'économie des pays en développement. Le secteur
agricole joue ainsi un rôle de secteur en amont dans l'économie de
ces pays. L'effet d'entraînement du secteur agricole tel que le
prédisait LEWIS a donc été observé. Ces
résultats s'expliquent par le fait que la plus part des économies
de l'UEMOA sont tributaires de leurs exportations agricoles comme l'a
souligné la FAO. La structure des exportations des pays de l'UEMOA a
montré que les exportations agricoles occupent une part importante dans
leurs exportations totales. Cependant, beaucoup d'efforts restent encore
à faire car dans beaucoup de pays, le PIB agricole évolue
à la baisse alors que de façon caractéristique, on atteint
des taux de croissance élevés quand l'agriculture se
développe rapidement. Selon Mellor (2000), la raison en est que les
ressources utilisées pour la croissance agricole n'entrent que
marginalement en concurrence avec celles des autres secteurs. Cette acception
de l'auteur est confirmée par le tableau 7 du présent document
relatif à l'utilisation des crédits déclarée
à la centrale des risques). Ainsi, Ajoute-t-il, une croissance agricole
rapide tend à s'ajouter à la croissance des autres secteurs,
ainsi qu'à stimuler la croissance du secteur non-échangeable
à excédent de main d'oeuvre. L'impact positif non significatif de
l'agriculture sur la croissance économique au Mali peut trouver son
explication dans la structure de ces exportations (confère tableau 4
à l'annexe) qui laisse voir que ses exportations agricoles ne valent
seulement que 8% contre 76% pour les métaux précieux. Pour le cas
du Niger, il est influencé par le climat comme tous les pays
sahéliens. Il faut souligner que la sécheresse est plus
sévère dans ce pays que dans les autres ; ce qui annihile les
efforts de financements réalisés en faveur de ce
secteur14. Son agriculture souffre donc du manque d'eau et est
essentiellement tournée vers la production des cultures vivrières
(environ 93% des cultures) destinées plus à la consommation
familiale.
L'influence négative des autres secteurs sur le secteur
agricole obtenue dans l'estimation du deuxième modèle prouve que
ces secteurs profitent beaucoup du secteur agricole mais qu'en retour,
l'agriculture ne bénéficie pratiquement pas du
développement de ces secteurs. Le vide laissé par le
départ de la main d'oeuvre vers le secteur industriel et surtout vers le
secteur
14 Le Niger est l'un des rares pays de l'UEMOA qui
respecte la déclaration de Maputo (2003) qui exige que chaque pays
consente au mois 10% de son budget d'investissement à l'agriculture.
50
informel à travers le phénomène de
l'exode rural qui s'accentue ces dernières années, n'est souvent
pas compensé et ce secteur agricole ne profite pas de l'utilisation des
matières premières qu'elle fourni aux autres secteurs. Il se pose
alors un problème de complémentarité entre les secteurs
économiques ou de l'échange intersectoriel. L'agriculture est
faiblement mécanisée et les produits primaires sont
généralement exportés à l'état brut sans
être transformés.
|