2.3.2. Politiques agricoles nationales
Les politiques et stratégies nationales agricoles en
vigueur de nos jours dans les pays de l'UEMOA sont similaires.
Au Bénin c'est le Plan Stratégique pour la
Relance du Secteur Agricole (PSRSA) qui constitue depuis 2006 le document de
référence en matière de développement du secteur
agricole. Dans ce plan, les objectifs visés sont d'abord
d'accroître les productions végétales, animales,
halieutiques, et promouvoir filières porteuses, ensuite
d'améliorer la productivité et la compétitivité
agricoles et enfin, d'améliore l'environnement institutionnel,
financier, juridique et politique du secteur agricole.
Au Burkina-Faso et au Niger, c'est Stratégie de
Développement Rural (SDR) à l'horizon 2015 qui donne une
orientation à l'agriculture. Elle a pour objectif global d'assurer une
croissance soutenue du secteur rural en vue de contribuer à la lutte
contre la pauvreté, au renforcement de la sécurité
alimentaire et à la promotion d'un développement durable.
Spécifiquement elle vise à i) accroître les productions
agricoles, pastorales, forestières, fauniques et halieutiques
grâce à l'amélioration de la productivité ; ii)
augmenter les revenus grâce à une diversification des
activités économiques en milieu rural ; iii) renforcer la liaison
production/marché ; iv) assurer une gestion durable des ressources
naturelles ; v) améliorer la situation économique et le statut
social des femmes et des jeunes en milieu rural; et vi) responsabiliser les
populations rurales en tant qu'acteurs de développement.
En Côte d'Ivoire, les grandes orientations du
développement en général et celles du secteur agricole en
particulier, étaient jusqu'en 1985 fixées dans le cadre de plans
quinquennaux, lesquels étaient entérinés par une loi, dite
« loi plan ».
Avec l'abandon des plans quinquennaux, la
nécessité de définir les orientations et les choix
politiques au sein même des Départements Ministériels s'est
imposée. Ainsi, démarrait en 1990 les travaux de
réflexions ayant abouti à l'approbation en Conseil des Ministres
le 2 juillet 1993 du "Plan Directeur du Développement Agricole (PDDA)
1992-2015" dans lequel ont été définies les grandes lignes
de la politique agricole ivoirienne. Les objectifs majeurs qui y figurent,
visent : (i) l'amélioration de la compétitivité, notamment
par l'accroissement de la productivité, (ii) la recherche de
l'autosuffisance et de la sécurité alimentaires, (iii) la
diversification poussée des productions agricoles ; (iv) le
développement des pêches
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maritimes, lagunaires et continentales ; (v) la
réhabilitation du patrimoine forestier. Le Plan Directeur du
Développement Agricole constitue depuis lors le document de
référence voire l'instrument de politique en matière
d'agriculture, d'élevage, de pêche et de forêts.
Mais le Plan Directeur du Développement Agricole,
source de ces lois spécifiques, n'a pas fait l'objet d'adoption par le
Parlement et il se pose dès lors un problème de cohérence.
La logique commande, en effet, qu'il existât au préalable une loi
à caractère général. La Loi d'Orientation Agricole
(LOA) en Côte d'Ivoire se présente donc comme un cadre de
référence et d'application de toutes les politiques et
stratégies de développement agricole. C'est un outil politique et
juridique qui impulse oriente et réglemente les actions, les textes et
les décisions.
La LOA a pour objectif de devenir un outil important qui
permettra d'intégrer les mutations actuelles, telles que la
décentralisation, ainsi que les perspectives d'intégration
régionales et internationales. Pour l'élaboration de cette loi,
il est donc important de tenir compte des engagements régionaux et
internationaux (UEMOA, CEDEAO, NEPAD), de s'assurer de la compatibilité
de la stratégie de développement agricole avec la politique
agricole régionale mais également avec les accords de
partenariats économiques (OMC, Cotonou).
En Guinée Bissau, c'est la Nouvelle Lettre de Politique
de Développement Agricole (NLPDA) 2006-2015. Elle vise à (i)
améliorer l'efficacité et l'efficience des exploitations
familiales et des marchés, (ii) promouvoir l'entreprenariat agricole
grâce à la stimulation de l'initiative privée et (iii)
améliorer l'efficacité des exportations. Elle va s'appuyer sur
les dynamiques d'investissement privé, de production et de recherche de
productivité dans l'agriculture. Son impact devra se mesurer par : a)
l'amélioration de la sécurité alimentaire à travers
la diversification des productions vivrières et la réduction des
importations de riz ; b) l'amélioration progressive de la balance des
paiements.
Au Mali, c'est le schéma directeur du secteur
développement rural (SDDR). Ce schéma a pour objectifs : le
développement des infrastructures rurales et des équipements
agricoles, la valorisation des filières agricoles et amélioration
de leur compétitivité, la relance des exportations des produits
agricoles, forestiers, d'élevage et de pêche, l'intensification et
la diversification des productions agricoles, le renforcement de la
sécurité alimentaire, la promotion du crédit et de
financement du secteur rural, la gestion rationnelle des ressources naturelles
en vue d'un développement rural durable. Il est suivi de la lettre de
politique de développement institutionnel (LPDI) et d'une loi
d'orientation agricole, ainsi que d'un programme spécial sur
l'intensification de la culture du riz dénommé initiative riz.
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Au Sénégal, c'est la Loi d'Orientation
Agro-Sylvo-Pastorale (LOASP) de 2004 qui donne une orientation
stratégique globale pour l'agriculture sénégalaise sur un
horizon de 20 ans, orientation fondée sur le renforcement des
exploitations familiales. La LOASP remplace l'ensemble des politiques agricoles
sectorielles au Sénégal. Elle est suivie du Document de
Stratégie de Réduction de la Pauvreté (D.S.R.P. II), du
plan REVA (Retour vers l'Agriculture) en 2006, dont l'objectif étant de
créer les conditions d'un retour massif et durable à la terre :
plus de producteurs mieux implantés, c'est une production plus
importante, et une sécurité alimentaire mieux
maîtrisée, ce qui est un préalable à tout
développement économique futur, et de la GOANA (Grande Offensive
Agricole pour la Nourriture et l'Abondance) en 2008 qui se donne des objectifs
de production ambitieux pour atteindre la sécurité alimentaire et
qui est orientée autour de cultures stratégiques,
céréalières et vivrières : maïs, riz paddy,
manioc.
Au Togo, les politiques agricoles sont inscrites dans
plusieurs documents à l'instar du document de Stratégie nationale
de développement à long terme (SND) 2006-2015, de celui de la
Stratégie de Développement du Secteur agricole (SDR)
validé en 2004, de la Note de politique agricole (NPA) pour la
période 2007-2011 qui vise à actualiser la déclaration de
politique de développement agricole (DPDA) et de la Stratégie de
relance de la production agricole (SRPA) - Plan d'urgence période
2008-2010. La SND et la SDR se complètent et ont pour objectifs, d'une
part :
- d'améliorer la productivité agricole et les
disponibilités alimentaires ;
- d'améliorer le niveau d'accès des groupes
vulnérables aux aliments de qualité et promouvoir des
activités génératrices de revenus en milieu rural ;
- d'améliorer le niveau nutritionnel de la population
vulnérable ;
- et de sensibiliser la population sur l'impact d'une bonne
alimentation sur son état de santé.
Et d'autre part :
- d'améliorer la productivité des productions
vivrières ;
- de développer et consolider les cultures
traditionnelles d'exportation et promouvoir de nouvelles filières
d'exportation ;
- de structurer le monde rural, afin de permettre la
responsabilisation et la prise en charge progressive du développement
par les communautés de base ;
- d'améliorer l'efficacité des services d'appui
à la production ;
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- de prévenir, voire inverser les phénomènes
de dégradation des ressources naturelles ; - de promouvoir le secteur
privé agricole et rural ;
- et d'améliorer l'équipement rural.
2.4. Financements agricoles
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