4.5 Points de vue de la
population locale sur l'impact de la conservation sur le développement
socio-économique de Batéké.
Les différentes déclarations faites par nos
enquêtés font état d'une désolation de la population
locale.
Voulant chercher à connaître les apports du
Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene sur la vie socio-économique
de la population riveraine, les avis ont été partagés
à ce sujet.
Figure n°10 : Point de vue de la population
sur l'apport de la conservation dans la vie socio-économique de la
population locale.
96,4 % de cette population affirme que la conservation ne
s'est jamais souciée de leur survie. Aucune initiative de
développement socio-économique n'a encore été
entreprise par la conservation pour tenter de remédier à la
souffrance de la population.
Par contre, la population déclare que ce sont les
fermiers privés et certaines ONG telles que CADIM et Vision du
Monde « World Vision » qui participent activement
à leur désenclavement socio-économique en leur donnant des
semences, du bétail, et en facilitant l'écoulement de leurs
marchandises dans les grandes villes à l'occurrence, dans la ville
province de Kinshasa où ils envoient les concepts de manioc, le charbon
et bien d'autres produits champêtres pour vendre.
Par contre, 3,6% seulement ont témoigné que,
seuls les Chefs traditionnels ont déjà reçu à deux
reprises de dons en médicament. Malheureusement, tous ces produits n'ont
servi que l'entourage direct du Chef. Ils soulignent par ailleurs que, jadis
chaque fin de l'année le Conservateur remettait aux
différents Chefs des villages des vivres. Ces derniers
considèrent ces aides comme une corruption versée auprès
des Chefs traditionnels afin d'étouffer toute tendance de revendication
en rapport avec leurs droits d'usage des ressources naturelles. Ce comportement
aurait comme soubassement, le problème de gouvernance.
Enfin, la gestion de cette aire protégée serait
alors centralisée et toutes les décisions en rapport avec sa
gestion seraient prises sans consultation de la population. Leur exclusion est
manifeste, situation qui du reste crée une animosité entre le
Conservation et la Population locale.
Figure n°11 : Appréciation de CADIM
par la population riveraine au DCRBL.
Ainsi sur l'effectif total de la population interrogée
dans le groupement de Mbakana en général ; 86 % de la
population questionnée qualifient de salutaires les activités
entreprises par CADIM et Vision mondiale (World Vision) car c'est grâce
aux engins de CADIM que les villageois arrivent aujourd'hui à
écouler leurs produits champêtres ainsi le charbon au niveau des
grandes villes, en l'occurrence la ville de Kinshasa. Par ailleurs ils disent
que c'est grâce à CADIM qu'ils ont réussi à se
constituer en différentes associations ; et en plus de cela, la
population villageoise reçoit les intrants (les semences) pour mieux
faire l'agriculture. Enfin ce serait grâce à CADIM qu'ils ont pris
l'initiative de concevoir des micros projets générateurs des
revenus.
Par contre 10% de la population enquêtée estiment
que la présence de CADIM serait une forme d'exploitation de l'homme par
l'homme car ; la majorité des fermes qui sont dans les villages de
Dumi, Buantaba et Mbakana appartiennent aux personnes haut placées dans
le gouvernement.
Et dans ce sens, la population villageoise est
utilisée rien que pour la main-d'oeuvre moyennant un salaire
dérisoire alors que cette terre est un patrimoine traditionnel de cette
population.
Aussi, cette portion de la population enquêtée
dénonce la complicité du Chef traditionnel Mbakana qui ne cesse
d'octroyer moyennant une enveloppe ; des lopins des terres aux
particuliers oubliant que la population locale en a besoin pour ses
activités socio-économiques.
Et enfin, 4 % ne sont ni pour ou ni contre CADIM. Ce qui
compte pour eux est qu'il y ait changement ; que leurs enfants puissent
étudier, que leurs femmes aient la possibilité de vaquer
paisiblement à leurs activités champêtres sans tracasserie
ni dérangement.
Les analyses faites montrent que 86 % de la population du
plateau de Batéké sont pour l'organisation non gouvernementale
CADIM et ils disent ne pas partager le même avis avec la conservation car
celle-ci ne leur sert à rien et ne contribue par conséquent
en rien à leur survie; par contre elle contribue à l'accentuation
de leur misère.
Cependant, la population ignore que CADIM opère en
exploitant les ressources naturelles et qu'à la longue, la disparition
de ces dernières peut avoir des conséquences néfastes sur
leur survie, car les problèmes environnementaux n'épargnent
personne.
Cette situation doit être prise au sérieux par
l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) car il lui sera
impossible de gérer cette aire protégée seule sans
implication de la population. Les preuves en sont que, la population s'arrange
pour saboter et violer ses limites géographiques de cette aire
protégée.
Eu égard à ce qui précède, il
convient ici de rappeler que la superficie du Domaine de Chasse et Reserve de
Bombo-Lumene avait été modifiée de 5000 ha octroyés
à CADIM pour ses activités agro-pastorales. Etant donné
que la conservation est mal vue par cette population locale qui ne voit aucune
activité en leur faveur et face à cette spoliation des
terres pratiquée actuellement par le Chef Traditionnel Mbakana,
une tendance à pouvoir dévaster davantage les
écosystèmes du DCRBL se fait sentir, d'où des conflits
récurrents.
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