5- Le changement climatique et l'eau
Le changement climatique devrait accentuer les facteurs
actuels de stress hydrique tels que la croissance démographique,
l'évolution économique et le changement d'affectation des terres
(urbanisation comprise).
À l'échelle régionale, la neige
accumulée en montagne, les glaciers et les petites calottes glaciaires
jouent un rôle crucial dans l'approvisionnement en eau douce. On anticipe
que le vaste phénomène de perte de masse des glaciers et de
réduction du manteau neigeux observé ces dernières
décennies s'accélérera tout au long du XXIe siècle,
ce qui réduira les disponibilités en eau et le potentiel
hydroélectrique et modifiera les caractéristiques
saisonnières de l'écoulement dans les régions
approvisionnées en eau de fonte provenant des principaux massifs
montagneux (p. ex. l'Hindou Koush, l'Himalaya et les Andes), où vit
actuellement plus d'un sixième de la population mondiale Les
variations des précipitations (figure 3.3) et de la température
(figure 3.2) entraînent une modification du ruissellement (figure 3.5) et
des disponibilités en eau. On anticipe avec un degré de
confiance élevé que, d'ici au milieu du siècle, le
ruissellement augmentera de 10 à 40 % aux latitudes
élevées et dans certaines régions tropicales humides, y
compris des zones peuplées de l'Asie de l'Est et du Sud Est, et
diminuera de 10 à 30 % dans certaines régions sèches des
latitudes moyennes et des zones tropicales sèches, du fait de la
diminution des précipitations et des taux accrus
d'évapotranspiration.
De nombreuses zones semi-arides (p. ex. le bassin
méditerranéen, l'ouest des
États-Unis, l'Afrique australe et le nord-est du
Brésil) subiront les effets d'un appauvrissement de leurs ressources en
eau du fait du changement climatique (degré de confiance
élevé). Selon les projections, les zones touchées par
la sécheresse vont s'étendre, ce qui devrait avoir une incidence
négative sur de nombreux secteurs, comme l'agriculture,
l'approvisionnement en eau, la production d'énergie et la santé.
À l'échelle régionale, on anticipe une forte augmentation
de la demande d'eau d'irrigation consécutive aux changements
climatiques. Les effets défavorables du changement climatique sur les
systèmes d'approvisionnement en eau douce l'emportent sur les effets
favorables
(degré de confiance élevé).
Les zones dans lesquelles on anticipe une diminution du
ruissellement devront faire face à une réduction de la valeur des
services fournis par les ressources en eau (degré de confiance
très élevé).
Les incidences favorables de l'accroissement du ruissellement
annuel dans certaines zones seront probablement contrebalancées
par les incidences dé favorables qu'auront la variabilité accrue
des précipitations et les variations saisonnières du
ruissellement sur l'approvisionnement en eau, la qualité de l'eau et les
risques d'inondation. Selon les études dont on dispose, les
épisodes de fortes pluies devraient grandement augmenter dans de
nombreuses régions, y compris celles dans lesquelles on anticipe une
diminution de la moyenne des précipitations. Le risque accru
d'inondation qui s'y associe ne sera pas sans conséquence pour la
société, les infrastructures physiques et la qualité de
l'eau. Il est probable que jusqu'à 20 % de la population
mondiale vivra dans des zones où le risque de crue des cours d'eau
pourrait augmenter d'ici aux années 2080. Selon les projections, la
multiplication et l'aggravation des inondations et des sécheresses
nuiront au développement durable. Le réchauffement modifiera
encore les propriétés physiques, chimiques et biologiques des
lacs et des cours d'eau, le plus souvent au détriment de nombreuses
espèces d'eau douce, de la composition des communautés et de la
qualité de l'eau. Dans les zones côtières,
l'élévation du niveau de la mer favorisera les facteurs de stress
hydrique du fait de la salinisation accrue des eaux souterraines.
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