4. De l'accès aux soins de santé
L'accès aux soins passe par la délivrance des
traitements dans le cadre d'unités de soins de base nombreuses,
flexibles et mobiles. La tuberculose est une maladie liée à la
pauvreté qui touche surtout les jeunes adultes, à l'âge
où ils sont le plus productifs et le risque est bien plus grand pour les
personnes vivant avec le VIH. Cela implique des besoins de financement
énormes.
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Pauvreté des ménages et accès
aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse
Factorielle des Correspondances.
intermédiaires en termes de fonctionnements
susceptibles d'être atteints par les
personnes infectées par le bacille de Koch apparaissent
cruciaux. Ceux-ci doivent être déterminés en fonction du
contexte socio-économique des pays.
Ainsi, l'approche de la santé par les
capabilités ne définit pas une grille figée de
prescriptions mais demeure ouverte en fonction de la maladie dont souffrent les
individus et des conséquences en termes d'autonomie. Elle est
également
dépendante du contexte socio-économique et
environnemental du pays dans lequel les individus vivent et des efforts que
sont prêts à réaliser les pays développés ;
ce qui en traduit également les limites. Toutefois, la force
éthique du concept de capabilités
devrait nous engager collectivement à faire en sorte
que l'autonomie de la personne ne soit pas réductible à
l'ensemble des contraintes qu'elle rencontre. La promotion des
capabilités des individus, du point de vue de la santé, implique
une solidarité entre les
nations pour que le développement soit accessible
à tous (LE CLAINCHE C., AMARTYA S., 2006).
La réussite d'une politique de santé doit donc
promouvoir des capabilités
des pauvres, en libérant leur atout principal qui est
leur force de travail et en accroissant leur capital humain.
5. De la relation entre Pauvreté et
santé
5.1. Revenu des ménages et accès aux
soins de santé
De multiples facteurs freinent l'amélioration rapide de
la santé de la population. Cependant, ce sont des facteurs liés
au revenu qui conduisent au faible niveau général de la
santé (INSD, 1997). L'accès des pauvres (selon leurs propres
perception) aux services sociaux de base est limité par les
difficultés suivantes, classées par ordre décroissant
(Bere et al. 1998) : coût élevé, éloignement,
mauvaise qualité et inadéquation des prestation, entraves
sociales et absence d'aide. Ils évoquent souvent
l'élévation des coûts comme raison principale de la non
consultation en cas de maladie. Le prix des remèdes étant
onéreux, les pauvres malades estiment inutile
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Pauvreté des ménages et accès
aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse
Factorielle des Correspondances.
d'aller voir à temps l'infirmier ou le docteur car
leurs moyens financiers ne leur permettent pas souvent d'honorer les frais
d'ordonnance.
Par ailleurs, suite à l'Initiative de Bamako, de
nombreux pays africains ont introduit la participation de la population au
financement des soins de santé, en complément des ressources
publiques. Cette contribution de la population est destinée au
financement des médicaments, de primes de motivation au personnel ou de
frais de fonctionnement. Combiné à une démarche active
d'amélioration de la qualité des soins, ce système a
rencontré un certain succès en terme d'augmentation de la
fréquentation des structures et de leur cofinancement (Audibert and
Mathonnat 2000). Dans d'autres cas, le résultat final a
été beaucoup moins positif. D'un côté, le
surcoût pour le patient peut entraîner une baisse de l'utilisation
des services (Gilson 1997). D'un autre, les ressources dégagées
se sont parfois révélées insuffisantes pour relever le
salaire des prestataires à un niveau décent.
Les pratiques de survie persistent alors, telles que les
paiements de dessous-de-table ou l'absentéisme (Ensor 2004). Il en
résulte une incertitude au niveau du coût d'une hospitalisation
pour le patient, aggravée par les frais de participation tels le
transport ou la nourriture. Le cumul de ces frais constitue une barrière
financière à l'accès aux soins (Thompson et Witter 2000),
qui influe négativement sur l'itinéraire thérapeutique du
patient. Les pauvres sont les premiers touchés, en particulier quand
leurs problèmes de santé requièrent des soins
hospitaliers.
Dans un souci d'équité, la plupart des
gouvernements ont décrété la gratuité des soins
pour les plus pauvres. En l'absence de mécanisme de compensation pour le
prestataire, les résultats de cette politique d'exemption ont
été décevants. Souffrant déjà d'un
sous-financement, les structures de santé ne peuvent se permettre
d'octroyer trop d'exemptions. Les pauvres, anticipant leur exclusion, retardent
leur recours à la structure de santé publique (Russell 1996) ou
optent pour des alternatives plus accessibles mais de moindre qualité.
Il en résulte une dégradation de leur statut
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Pauvreté des ménages et accès
aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse
Factorielle des Correspondances.
sanitaire et socio-économique (Ranson 2002) : sanitaire
en raison d'un traitement tardif ou de mauvaise qualité, et
socio-économique en raison d'une spirale d'endettement et de
dépenses irrationnelles dans laquelle le ménage est rapidement
absorbé. Le cercle vicieux se referme : la pauvreté devient une
cause de mauvaise santé, qui elle-même intensifie
l'appauvrissement (Meessen et al. 2003).
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