Conclusion partielle
Le présent chapitre a porté sur les
généralités conceptuelles. On a passé en revue
différents concepts clés de l'étude. Ainsi, les grands
concepts traités sont, la pauvreté et la santé. En ce qui
concerne le concept de la pauvreté, il est apparu que c'est un concept
multidimensionnel, qui peut être appréhendé sous plusieurs
angles. C'est ainsi qu'on a passé tour à tour la dimension
monétaire et non monétaire ainsi les indicateurs qu'on utilise
souvent pour saisir le niveau de pauvreté d'une personne ou d'un
ménage.
Le concept de la santé aussi a fait l'objet de ce
chapitre. Plusieurs définitions de la santé sont fournies pour
élargir le champs d'investigation et de compréhension de ce
concept qui revêt plusieurs facettes. Enfin, un lien entre la croissance
économique et la santé est établi pour voir dans quelle
mesure la santé contribue au développement économique d'un
pays.
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Pauvreté des ménages et accès
aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse
Factorielle des Correspondances.
CHAPITRE II
SITUATION DE LA PAUVRETE ET DE LA SANTE EN RDC
Le présent chapitre consiste à la description de
la situation de pauvreté et de la santé dans laquelle vit la
majorité de la population congolaise. Cette dernière situation
sera exposée à travers des tableaux issus des différents
rapports des enquêtes nationales ainsi que ceux qui retracent de
manière exhaustive la situation socioéconomique du pays.
Section 1. Situation de la pauvreté en RDC
1.1. Profil de pauvreté monétaire
Depuis plusieurs décennies, la situation
socioéconomique de la RDC laisse à désiré. La
grande majorité de la population est pauvre et cette pauvreté,
rappelons le, présente plusieurs facettes dont : la faiblesse des
revenus ; la non satisfaction des besoins alimentaires ; les difficultés
d'accéder aux soins de santé, à la scolarisation, à
un logement décent, etc. Selon l'enquête 1-2-3 de 2005,
l'incidence de la pauvreté en RDC est de 71,3 %, la part du
1er quintile représentant les 20% de la population la plus
pauvre dans la consommation nationale est de 7,8 % et la profondeur de la
pauvreté estimée au cours de la même année est de
32,2 % (Min. Plan, DSCRP, 2010).
Selon les estimations du DSCRP de deuxième
génération, l'incidence de la pauvreté a baissé
d'un point entre 2005 et 2007, passant de 71,34 % à 70%. Toutefois,
l'objectif quantitatif du DSCRP de 2006 qui était de passer sous la
barre de 70% n'a pas été atteint. L'explication essentielle de
cette situation est que la période 2006-2007 a été une
période d'instabilité politique avec en toile de fonds
l'organisation des élections présidentielle et
législative.
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62
Pauvreté des ménages et accès aux soins
de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse
Factorielle des Correspondances.
1.1.1. Pauvreté non monétaire
Pour la plupart des indicateurs, il existe une
disparité sur les aspects non monétaires de la pauvreté en
RDC ; Kinshasa ainsi que le milieu urbain en général étant
systématiquement les plus favorisés. Ainsi, pour la
mortalité infanto-juvénile par exemple, elle est très
élevée en 2007 pour les enfants issus de familles très
pauvres (173) par rapport à ceux issus de familles très riches
(84).
Tableau 2. Mortalité chez les enfants congolais
selon les groupes socio-Économiques
|
|
Un an
|
|
|
Cinq ans
|
|
|
MICS
2002
|
EDS
2007
|
MICS
2010
|
MICS
2002
|
EDS
2007
|
MICS
2010
|
Le plus pauvre
|
147
|
113
|
104
|
248
|
184
|
172
|
Second
|
138
|
105
|
101
|
233
|
177
|
166
|
Moyen
|
129
|
95
|
116
|
219
|
155
|
194
|
Quatrième
|
124
|
93
|
93
|
209
|
151
|
151
|
Le plus riche
|
75
|
58
|
58
|
119
|
97
|
88
|
Indice de concentration
|
-0,1
|
-0,09
|
-0,08
|
-0,11
|
-0,1
|
-0,1
|
Source : Institut National de la
Statistique
Toutefois, il n'y a pas de fortes différences entre les
classes moyennes, d'où un indice de concentration de -0,11. Autrement
dit, la mortalité touche de façon presqu'identique tous les
enfants congolais, sauf ceux très nantis (Min. Plan, DSCRP-2, 2011).
Le milieu urbain semble moins touché (111
décès) que le milieu rural (174). Au niveau national, on remarque
le taux de mortalité infanto-juvénile plus élevé
que le taux de mortalité infantile.
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63
Pauvreté des ménages et accès
aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse
Factorielle des Correspondances.
Fig.1. Taux de mortalité infanto-juvénile
et infantile (pour 1000 nais.vivantes)
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200
150
100
50
0
Urbain Rural National
111
71
174
105
158
97
Taux de mortalité infanto-juvénile (pour 1000
nais.vivantes)
Taux de mortalité infantile (pour 1000 nais.vivantes)
Source : MICS-RDC 2010
Ainsi, que ça soit le taux de mortalité
infanto-juvénile ou le taux de mortalité infantile, on remarque
des disparités importantes entre le milieu urbain et le milieu rural.
Ceci traduit l'intensité de la situation de précarité dans
laquelle se trouve la population congolaise en général et celle
vivant en milieu rural en particulier.
1.1.1.1. Education
L'analyse de l'ensemble des indicateurs du secteur de
l'éducation montre une constante amélioration au cours des dix
dernières années, grâce à un financement
appréciable du secteur par l'Etat et les Bailleurs. En comparaison avec
la situation antérieure, le pays semble mieux bien doter en
infrastructures éducatives (dont près de 200 universités
et instituts). Cependant, la médiocre qualité des infrastructures
offertes a un impact négatif sur leurs performances et place le pays
loin des résultats qu'il aurait dû atteindre.
Outre les infrastructures, c'est l'ensemble du système
éducatif du pays qui a besoin d'être amélioré,
notamment sur le plan institutionnel. Le secteur fait encore face à de
nombreuses contraintes qui touchent à la fois l'offre, la demande et la
performance interne et externe du système. Ce secteur semble avoir
résisté par endroit à la crise internationale de 2008.
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64
Pauvreté des ménages et accès
aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse
Factorielle des Correspondances.
Les statistiques disponibles montrent que, malgré les
richesses en eau douce du pays, l'accès à l'eau potable reste
faible en RDC. Selon une enquête réalisée
Figure 2. Taux net de scolarisation au
primaire
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100
40
90
80
70
60
50
30
20
10
0
44,5
39,2 38,7
73,3 76,3
68,4
65,1
56,9
81
91,6
51,7
74,8
2001
2010
Source : Min. Plan DSCRP-final,
Comité CDMT
L'éducation est en progression constante dans le pays.
La cible du gouvernement à travers le DSCRP-I était d'augmenter
le taux brut de scolarisation au primaire de 64,0 % à 70.8 % de 2005
à 2007. Cet objectif est largement atteint par le Gouvernement puisqu'il
s'établit à 101,0 % en 2007. Selon les deux enquêtes 1-2-3
(2005) et EDS (2007), le taux net de scolarisation au primaire (enfants de 6
à 11 ans) progresse également et passe de 55,1 % à 61,0 %
pendant cette période. Le taux net de scolarisation au secondaire
passent de 25,8 % à 28,9 % au cour de cette même période.
Le taux de survie au primaire (proportion des enfants commençant la
première année d'étude dans le primaire et achevant la
cinquième année était de 45 % en 2007. Le taux de
déperdition reste élevé avec un niveau estimé
à environ 25%.
S'agissant de l'alphabétisation générale
de la population, son évolution montre des disparités entre les
hommes et les femmes (respectivement 86% et 59 %). Cette différence du
niveau d'alphabétisation selon le genre est plus accentuée entre
le milieu rural et le milieu urbain.
1.1.1.2. Eau et Assainissement
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65
Pauvreté des ménages et accès
aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse
Factorielle des Correspondances.
en 2005, le taux d'accès à l'eau potable de la
population congolaise a été estimé à 27,2 %, contre
un niveau avoisinant les 30% en 1990, montrant une régression de la
desserte en eau potable déjà très insuffisante et
inégalement répartie dans le pays.
En ce qui concerne l'assainissement, seule une faible fraction
des ménages congolais a une toilette avec chasse d'eau connectée
à l'égout (soit 2,5 % en 2007 contre 1,3 % en 2001). Sur la
même période, 12% des ménages font leurs besoins dans la
nature. En ce qui concerne les excréments des enfants, 24,0 % des
ménages ne les traitent pas de façon hygiénique
(c'est-à-dire, les jettent ou enterrent dans la cour). En 2001, seuls 9%
des ménages traitaient les eaux usées de façon
adéquate (24% en urbain contre 3% en rural), tandis que 60% ne font pas
usage de moyens hygiéniques pour se débarrasser des ordures
ménagères.
La faible progression des taux d'accès dans ce secteur
s'explique par la faible allocation des ressources de l'Etat, dans un contexte
de stagnation des investissements publics globaux (19% sur la période
2006/2007 avec une baisse en 2008 à 13%) et les mauvaises pratiques en
la matière par la population. L'essentiel des dépenses dans le
secteur de l'eau et de l'assainissement, a été consacré
à la maintenance et la rénovation des réseaux, d'où
une faible augmentation de seulement 1% des taux de desserte. Le lancement par
le gouvernement de plusieurs projets (29 sur 32 prévus) devrait
permettre d'améliorer l'accès dans un avenir proche. Un grand
effort de sensibilisation devra être réalisé auprès
de la population pour l'inciter à mieux assainir son milieu de vie.
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