Introduction générale
Le marché du transfert d'argent a connu une
évolution rapide au cours de ces dix dernières années au
Sénégal. Une nouvelle dynamique se précise tant aux
niveaux de la nature et du nombre d'acteurs impliqués, de l'importance
des sommes concernées, de l'impact socio-économique sur les
bénéficiaires de transferts, qu'à celui des
mécanismes mis en oeuvre.
Malgré une présence toujours marquée des
acteurs informels sur le marché du transfert d'argent, on assiste depuis
quelques années à une plus grande formalisation du service,
à travers la quasi-totalité des banques commerciales, qui
utilisent les services d'opérateurs spécialisés dont ils
sont des agents agréés tels que WU, MoneyGram, MoneyExpress,
etc. Ces différents opérateurs utilisent des mécanismes
ayant de grandessimilitudes, même si chacun cherche à se
distinguer par des stratégies commerciales plus oumoins
différentes pour chercher à accroître ses parts de
marché. Une de leurs caractéristiquesprincipales, en plus de la
rapidité et de la fiabilité du service, est le fait qu'ils ne
proposentaucun autre produit en dehors du transfertd'argent.
À côté des banques, on note une
présence de plus en plus marquée de la Poste, notammentdans des
zones faiblement bancarisées (dans certains quartiers populaires de la
capitale etdans toutes les villes et de nombreux villages de l'intérieur
du pays). C'est en effet dans ceszones que la Poste possède un avantage
concurrentiel car elle y possède des bureauxopérationnels proches
des populations bénéficiaires des transferts en provenance
del'étranger. Afin d'offrir une qualité de service identique
à celle des banques commerciales, laPoste utilise ses services
traditionnels pour les transferts locaux (nationaux) et des services
del'opérateur WU dont elle est également un agent pour les
transferts internationaux. Cettestratégie lui donne un avantage
concurrentiel de taille, notamment sur le segment du marchédes
transferts nationaux.Ce marché très porteur attire
également une autre catégorie d'acteurs : les institutions
demicro finance, qui y voient de plus en plus une source de diversification de
leurs produits et deleurs revenus. Le dynamisme du secteur de la micro finance
a eu pour effet une fortecroissance du nombre de structures, des volumes
d'épargne et de crédits, du nombre demembres et de la
vulgarisation des services de proximité. Cesstructures se sont
généralement limitées à leurs services de
base(épargne et crédit), mais il ya eu, par le passé,
quelques tentatives d'incursion dans le marché du transfert d'argent.
Cependant, depuis quelques années, à la faveur
de la concurrence que se livrent cesinstitutions de micro finance et leur
volonté de diversifier l'offre de services financiers, onassiste
à la naissance de collaborations entre certaines d'entre elles et des
banques (cas de lamutuelle DJOMEC et de la Banque de l'Habitat du
Sénégal) pour offrir des services detransfert.
Pour les besoins de cette analyse, les acteurs seront
reclassés en trois (3) catégories :
Ø Les principaux opérateurs
spécialisés dans ce secteur,
Ø la Poste
Ø les banques qui utilisent les produits des
opérateurs spécialisés et les institutions de micro
finances.
Les avantages comparatifs seront déclinés en
termes de :
v rapidité, sécurité et fiabilité
des services offerts ;
v accessibilité : proximité, facilité
d'utilisation, commodité, montants, discrétion;
v diversité des services ;
v coûts.
Notre travail va s'articuler autour trois points : en
premier lieu nous allons faire une approche théorique et
méthodologique du sujet, en second lieu nous passerons à
l'étude comparative des services offerts et en dernier lieu nous nous
rapprocherons du circuit informel, de la concurrence et des menaces qui peuvent
peser sur le système formel.
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