WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les reporters photographes professionnels du Sénégal. Une corporation sous-valorisée.

( Télécharger le fichier original )
par Amadou BA
CESTI-Université Cheikh Anta Diop - Maîtrise Sciences et Techniques Information et Communication 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Conclusion générale

Références bibliographiques

Annexes

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE

Le Sénégal peut se targuer d'une longue tradition photographique. L'outil photographique y fit son apparition peu de temps après son invention en 1839.1(*) Après une rapide appropriation par les élites locales, la pratique a connu des mutations profondes au fil des époques. De l'âge d'or au déclin des studios tenus par des Sénégalais en passant par l'avènement des photographes ambulants, on assiste aujourd'hui à un engouement pour la photographie de presse ou photojournalisme.

Notre étude a pour objet de permettre une bonne connaissance de cette corporation aux contours difficiles à cerner, à travers une analyse approfondie du statut professionnel et social des reporters photographes sénégalais. Relatant les faits avec des images, ceux-ci traitent l'information comme le font les journalistes de la presse écrite. Mais dans la réalité, ils sont loin d'être considérés comme tels.

Le choix de ce sujet obéit à plusieurs raisons. L'état actuel de la recherche montre que « la ` découverte ` de la photographie africaine, c'est-à-dire sa construction en tant qu'objet d'étude (...) est un phénomène récent. » L'étude de la photographie africaine est surtout à mettre à l'actif de chercheurs en majorité d'origine européenne ou nord-américaine qui, au début des années 1990, ont entrepris, en ordre dispersé et dans un climat d'intense compétition, de déchiffrer cette terra incognita de la culture africaine.2(*)

Ce travail trouve son intérêt dans sa contribution à la connaissance de la photographie au Sénégal, notamment celle des reporters photographes, une sous-corporation de la famille des journalistes. D'autant que les travaux de recherche sur la photographie au Sénégal sont rares. Ce mémoire sur les reporters photographes et la photographie de presse, espérons-le, contribuera ainsi à combler la connaissance parcellaire sur les photojournalistes.

Cette absence d'étude scientifique consacrée à cette corporation n'est-elle pas révélatrice d'une certaine indifférence vis-à-vis de ces praticiens ? A l'image de leurs confrères rédacteurs, les reporters photographes sont des membres à part entière des rédactions. Aujourd'hui, on imagine mal un journal (quotidien, magazine ou presse en ligne) sans image. Néanmoins, leur situation socioprofessionnelle, comparée à celle des journalistes, est peu enviable. Ce qui nous a amené à voir les raisons de leur sous-valorisation.

Au plan théorique, notre recherche s'inscrit dans le cadre des travaux axés sur les professionnels des médias. Ces travaux ont débuté en France au début des années 1980. Conciliant des approches à la fois sociologique et ethnographique, ils ont débouché sur ce que d'aucuns ont qualifié de « sociologie du journalisme ». Les études les plus représentatives ont été menées par Rémy Rieffel, Jean-Marie Charon et Erik Neveu3(*). Ces auteurs ont montré que le champ journalistique a ses pratiques, ses rites, ses normes organisationnelles, ses imaginaires, mais surtout que c'est un lieu de compétitions où se nouent des rapports et des enjeux de pouvoir entre les différents acteurs. Certains ont du pouvoir et d'autres n'en ont pas. En outre, ils ont insisté sur le rôle des professionnels au sein des différentes entreprises de presse. Ce sont les aspects liés à la question du pouvoir -avec l'attribution des places- et au rôle des professionnels dans les entreprises de presse qui ont inspiré notre démarche dans le cadre de cette recherche sur les conditions des reporters photographes au Sénégal.

Au plan méthodologique, nous avons adopté une démarche sociologique, qui nous a semblé pertinente avec des enquêtes de terrain. S'inspirant de la démarche proposée par Remy le Saout4(*), notre méthodologie nous a permis de mettre en relation des discours, des pratiques, des manières de faire avec les positions sociales des individus en cherchant à dégager des rapports de causalité entre les deux. 5(*)

Pour ce faire,  nous nous sommes adossé à quatre outils de recueil de données : l'enquête quantitative par questionnaire, l'enquête qualitative par entretien, l'observation et la recherche documentaire.

L'intérêt du questionnaire consiste à démontrer de manière statistique la validité d'une hypothèse, mais il permet aussi de présenter une lecture des résultats obtenus sous forme de données chiffrées. Ce qui offre une plus grande lisibilité du phénomène étudié. Mais auparavant, il nous a fallu déterminer la population à interroger en utilisant la méthode de l'échantillon par quotas à l'image du sociologue qui, très souvent, a recours au principe de l'échantillonnage qui permet de ne questionner qu'une partie significative de la population globale.

Nous avons utilisé également la méthode de l'entretien qualitatif pour obtenir des informations précises qui tiennent compte des systèmes argumentaires, des explications, des interprétations.6(*) Et comme nous avons exploré un terrain peu ou prou défriché, cette technique nous a permis de recueillir des témoignages et des informations de personnes évoluant dans le milieu de la photographie de presse afin de mieux nous imprégner de cette corporation.

Pour ce qui est de l'observation, le paradigme interprétatif a constitué une grille d'analyse des relations symboliques entre les reporters photographes et les différents membres de leur environnement professionnel et social. De plus, le paradigme interprétatif qui investit la communication dans l'étude de son contenu et de sa substance, nous servira d'outil permettant de démontrer comment le partage des normes et des rituels procure aux membres d'une organisation donnée un terrain symbolique commun, l'organe de presse, en l'occurrence. A cet effet, il a contribué à expliquer, par exemple, les « conflits » entre les acteurs de cette corporation et ainsi d'offrir la possibilité de les anticiper.7(*)

 Ces différentes techniques de recueil de données nous ont fourni des matériaux d'analyse et permis de vérifier, compléter, illustrer et valider notre hypothèse de recherche qui a trait à la sous-valorisation de la photographie de presse au Sénégal. 

Nous avons subdivisé notre travail en deux grandes parties. Nous procédons, dans la première partie de ce mémoire, à l'étude sur la longue durée de la trajectoire de la photographie au Sénégal, depuis son apparition jusqu'à l'époque récente. Dans la seconde partie, nous présentons le cadre méthodologique, les résultats obtenus et insistons sur les principales raisons du manque de considération dont les reporters photographes sont victimes.

PREMIERE PARTIE :

PETITE HISTOIRE DE LA PHOTOGRAPHIE AU SENEGAL

Peu de temps après son invention en Europe, la photographie fait son apparition en Afrique de l'Ouest au XIXe siècle.8(*)  Les zones côtières plus riches et plus densément peuplées étaient ouvertes plus tôt à l'influence occidentale par rapport aux régions de l'intérieur. Au Sénégal, Saint-Louis et Dakar ont naturellement été les portes d'entrée de cette invention apportée par la colonisation. C'est ainsi que, « dès les années 1840, on trouve des daguerréotypistes qui expérimentent ce nouveau médium, tout le long des côtes africaines : de la côte des Somalis (...) à Saint-Louis du Sénégal, en passant par le Cap »9(*).

A ses débuts au Sénégal, la photographie est principalement l'apanage des colons. Suivant leurs activités professionnelles, militaires, évangélistes et civils (explorateurs scientifiques, commerçants, industriels, fonctionnaires de l'administration coloniale, aventuriers) s'emploient à enregistrer leurs « premiers contacts » avec l'Afrique par le biais de la photographie.10(*) A leurs yeux, la photographie apparaît comme un support incontournable de leur conquête. Les images prises des populations locales dénotent d'une certaine volonté des colonisateurs de témoigner de leurs récits de voyage et de la domination qu'ils exercent sur cette terre africaine et ses habitants.

En dépit des appréhensions liées à la nouveauté de l'invention et du fait que « la photographie (est) restée un outil très surveillée qui doit d'abord servir les intérêts coloniaux », elle est néanmoins adoptée, peu de temps après, par des praticiens sénégalais, en contact permanent avec la communauté française. Tous, à quelques exceptions près, ont fait leurs armes « chez les Blancs ».11(*)  Interprètes, tirailleurs et porteurs sont les premiers intermédiaires entre la mission coloniale française et les populations.12(*) De fil en aiguille, ces autochtones prennent goût à la pratique de la photographie. Leur collaboration avec l'administration coloniale aidant, ces Sénégalais, qui deviendront les premiers photographes issus du terroir, en ont profité pour faire ou parfaire leur apprentissage.

* 1 J-F. Werner, « Le studio photographique comme laboratoire d'expérimentation sociale », Africultures n° 39, juin 2001, p. 37

* 2 ID. Ibidem, p. 37

* 3 Je revoie le lecteur aux travaux suivants :

-R. RIEFFEL. L'élite des journalistes. Paris : PUF, 1984.

-J. M. CHARON. Cartes de presse. Enquête sur les journalistes. Paris : Stock, 1993.

-E. NEVEU. Sociologie du journalisme. Paris : La Découverte, 2001.

* 4 R. LE SAOUT, Guide pour connaître la sociologie. Paris : Editions Vuibert, 2002, 95 p.

* 5 ID., op. cit, p. 39

* 6 ID., op. cit, p.45.

* 7 S. Dia, Eléments de méthodologie de recherche en communication, CESTI/UCAD, 2007, 93p.

* 8 ID., ibidem, p. 37

* 9 E. Nimis, Photographes de Bamako. De 1935 à nos jours, Paris : Editions Revue Noire, 1998, p. 5

* 10 ID., op. cit, p. 7

* 11 ID., op. cit, p. 29

* 12 ID., op. cit, p. 8

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera