4.1.5. Des complications du diabète sucré
L'analyse de nos résultats montre que 42,19% de
nos enquêtés ont présenté des complications. De
toutes les complications observées ; les complications aigues
41,86% sont les plus fréquentes. Les complications chroniques
représentent 27,32%. En effet, plusieurs études rapportent que
les complications aigues sont les plus fréquentes et sont principalement
liées à des facteurs évitables (les complications sont
rencontrées chez les diabétiques mal équilibré)
dont l'intrication explique la forte létalité observée.
(30)
1). Les complications métaboliques
aiguës
De toutes les complications aiguës, les infections
représentent 27,33% % et les complications métaboliques
aiguës 14,83%. En effet plusieurs auteurs ont trouvé les
mêmes résultats et affirment que les complications aiguës
infectieuses constituent les complications du diabète les plus
fréquemment rencontrées au cours de l'évolution de la
maladie. Ouedraogo et coll.ont mené une étude au Burkina-Faso
dans les services de Médecine Interne et d'Urgences Médicales du
Centre Hospitalier National Yalgado Ouedraogo, et ont trouvé que les
complications aiguës étaient les plus rencontrées. Les
complications infectieuses représentaient 41,93 %, les complications
métaboliques 22,86% et les complications
dégénératives 28,57 % (30).
a). Les infections
Au cours de cette enquête nous avons trouvé que
l'Infection urinaire 18,75% était le chef de fil suivit des
infections cutanées 4,68% ; nous n'avons pas trouvé
d'infections pulmonaires autre que la tuberculose 2,34%. La méningite
représentait 0,78%, et la pyélonéphrite 0,78. Bien que les
localisations des infections diffèrent selon les travaux, les auteurs
sont unanimes sur leur forte prévalence. Ouedraogo avait retrouvé
les complications infectieuses chez 41,9% des patients. La localisation la
plus fréquente était pulmonaire 47,6%, cutanée 29,41%,
urinaire 17,65% et ORL 5,8%. (31) Pouye et coll.cité par NAFI ont
mené une étude rétrospective sur 34 patients
diabétiques et ont trouvé les infections cutanées chez
23,5% des patients, urinaires 14,7%, pulmonaires 14,7% et digestives 2,9%.(28)
Sarr toujours cité par NAFI avait retrouvé les complications
infectieuses chez 25,7% des patients : les infections urinaires
étaient observées chez 12% des patients. Les autres types
d'infection étaient cutanés 5%, ORL 5% et pulmonaires 5%.(28)
Au Congo, Monabéka avait observé les
complications infectieuses chez 28,7% des patients. (26) Cependant il n'avait
pas précisé les types d'infection. Les infections sont
généralement rencontrées chez les diabétiques mal
équilibrés. En milieu tropical, l'infection reste la
première cause de décompensation chez le diabétique. Sur
ce terrain, il existe une augmentation de la sensibilité aux infections.
L'hyperglycémie diminue les défenses de l'organisme par
l'intermédiaire de son action sur les facteurs du complément et
les polynucléaires (24)
b). les complications métaboliques
aigues
De toutes les complications métaboliques,
l'hypoglycémie représentait 7,81% ; le coma
acidocétosique 4,68% ; et le coma hyperosmolaire 2,34%. Au
Sénégal, une étude mené par NAFI sur les aspects
épidémiologiques, cliniques thérapeutiques et
évolutifs du diabète sucré avait trouvé
l'hypoglycémie chez seulement 0,48% des patient
diabétiques ;(28) au Congo Brazza, Monabéka avait
trouvé l'hypoglycémie chez 13,1% des diabétiques
hospitalisés (26) et au Burkina-Faso, Ouedraogo avait noté
l'hypoglycémie chez 10,5% des patients diabétiques(30). Nos
résultats corroborent à ceux du Burkina-Faso et du Congo Brazza.
En effet, L'hypoglycémie peut être une complication
iatrogène du traitement antidiabétique mais peut résulter
aussi d'un apport insuffisant de glucose à l'organisme ; d'une
consommation excessive liée à un apport inapproprié
d'insuline ; d'une administration exogène d'insuline trop
élevée ; et d'une consommation de glucose non
compassée dans l'exercice intense.
Au cours de cette étude, nous avons trouvé que
4,68% avaient présenté un coma acidocétosique; et 2,34% un
coma hyperosmolaire. Nos chiffres sont légèrement bas que ceux
trouvés DJROLO et coll. lors d'une étude
rétrospective sur l'évolution de la prévalence
hospitalière du diabète sucré en milieu africain (11).
Dans leur étude la décompensation acidocétosique venait
en tête des situations d'urgence avec 12,4% des cas, suivie des comas non
identifiés (5,5%) et du coma hypoglycémique (4,3% des cas).
Au Sénégal, NAFI avait trouvé un coma
acidocétosique chez 22,1% des patients hospitalisé. (28)
E.H.SIDIBE menant une étude sur les complications majeures du
diabète en Afrique affirme que l'acidocétose peut concerner
jusqu'à 34% des diabétiques hospitalisés avec un
caractère révélateur ; tendis que le coma
hyperosmolaire est très certainement méconnu et paraît
rarement rapporté dans un milieu pourtant très exposé.
(34)
L'acidocétose est une complication aiguë du
diabète qui survient le plus souvent chez les diabétiques de type
I. Cependant, elle peut survenir chez les diabétiques de type II. Chez
les patients noirs africains, il existe une forme particulière de
diabète appelée diabète de type africain. Ce
diabète donne un tableau d'acidocétose inaugurale chez des sujets
ayant entre 40 et 45 ans et chez qui la recherche d'auto-anticorps est
négative (28). La prévalence des complications aigues chez nos
patients pourrait être liée à un défaut
d'éducation, un traitement inadapté et un suivi
irrégulier. L'analphabétisme, le manque d'éducation
sanitaire, le bas niveau socioéconomique des patients sont des facteurs
favorisant la survenue des complications aiguës. Pour prévenir ces
complications il faudra améliorer les conditions de vie des patients et
surtout insister sur l'éducation.
Les complications métaboliques
chroniques
Dans cette étude, les complications chroniques
représentent 27,32% de toutes les complications observées:
l'hypertension artérielle vient en première position avec
10,15% ; les rétinopathies 7,03% ; le mal pied du
diabétiques 5,46% et les troubles sexuels 4,68%. En effet, le risque des
maladies cardio-vasculaires est beaucoup plus élevé chez les
diabétiques que chez les non-diabétiques. L'HTA est très
fréquente dans les diabétiques, elle concerne 20 à 60%
d'entre eux et survient essentiellement dans lez diabète type II (1). La
prévalence de l'hypertension est beaucoup plus élevée chez
les adultes diabétiques que chez les non-diabétiques : 43 %
contre seulement 10 %. On a établi que l'hypertension non traitée
est aussi un facteur de risque de maladies cardio-vasculaires, telles que les
crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux, de
néphropathie et de rétinopathie. (27) Au Sénégal,
NAFI avait notée l'hypertension artérielle chez 42% des patients
(28). Une HTA a été observée par Monabéka chez 34%
des patients (26). Au Mali, une étude effectuée chez 671 patients
diabétiques dans le service de médecine interne de
l'hôpital Point G, sur une durée de 6 ans, avait montré une
fréquence de 16,7%(14). Fidiarvony R. et coll. cités par GNING
avaient mené une étude sur le profil
épidémiologique des diabétiques hypertendus et avaient
trouvé que les diabétiques hypertendus, tous du type 2,
représentaient 4,34 % des patients hospitalisés. (14)
Chez les diabétiques l'association avec l'HTA est
fréquente dans le cadre d'un syndrome métabolique, même si
dans cette étude il était difficile de dire si l'HTA était
antérieure au diabète ou le contraire. Cette association par sa
chronicité est un facteur de risque aggravant la morbi-mortalité
diabétique. C'est pourquoi, le dépistage du diabète
devrait donc être systématique chez tout patient hypertendu ou
présentant d'autres facteurs de risque cardio-vasculaires et vice
versa.
Au cours de cette étude, les rétinopathies
diabétiques représentaient 7,03% de toutes les complications
observés. Nos résultats ne sont pas en accord avec ce qui a
été trouvé dans la littérature. En effet, le
diabète est l'une des principales causes de cécité. En
Afrique subsaharienne, jusqu'à 55% des patients diagnostiqués
sont atteints de rétinopathie et 21 à 25% d'entre eux en
souffrent déjà au moment du diagnostique. (1) Une étude
transversale a été menée entre le 1er décembre
2004 et le 16 juillet 2005 dans un centre anti-diabète à Kinshasa
(RDC). Le taux de prévalence de la rétinopathie
diabétique était de 31,6%(28). Toujours à Kinshasa (2009)
une étude a été menée sur fréquence et
causes de la cécité et de la malvoyance chez les patients
diabétiques congolais la fréquence de survenue était de
12% et 24% respectivement pour la cécité et la malvoyance. (27)
Au Sénégal, NAFI (28) et E.H.SIBIDE (34) avaient respectivement
trouvé 19% et 32% des diabétiques hospitalisés
présentaient une rétinopathie diabétique. Nous pensons que
cette différence est liée au fait que la plus part de ces
études ont été menées dans des centres
ophtalmologiques avec un examen systématique de fond d'oeil. Toutefois
la rétinopathie diabétique est une complication spécifique
du diabète avec une prévalence fortement corrélée
à la durée d'évolution du diabète. La complication
majeure est la cécité. C'est pourquoi l'ADA recommande de faire
un fond d'oeil systématique chez tout diabétique de type 2 au
moment du diagnostic et chez tout diabétique type I, 5 ans après
le diagnostic. Son rythme doit être annuel.
Le pied du diabétique représente 5,46% des
complications observées. Une fois encore ces observations sont faibles
par rapport à ceux de la littérature. Au Sénégal,
NAFI avait trouvé une fréquence de 10,2%. (28) Au Mali une
étude transversale descriptive conduite par E.H.SIDIBE colligeant les
cas de pieds diabétique à la fois en médecine interne et
en traumatologie, sur une durée de 4 ans, la fréquence
était de 55,06% (87 pieds diabétique /158 diabétiques)
(34). Au Congo Brazza, Monabeka et coll. avaient trouvé une
fréquence de 14,9% (25). Tandis qu'au Cotonou, Amoussou cité par
NAFI avait trouvé une fréquence hospitalière du pied
diabétique de 16,6%.(28) Dans notre étude la fréquence du
pied diabétique paraît faible. Ceci pourrait être lié
à l'orientation fréquente et directe des patients
présentant un pied diabétique en chirurgie.
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