3.3- Eléments diagnostiques
3.3.1-
Mode de début : L'accès se constitue de
façon progressive, marquant une nette différence avec
l'état antérieur du sujet. Les premiers symptômes sont
souvent un sentiment d'incapacité et de dépréciation, une
indécision croissante, une péjoration de l'avenir, une douleur
morale et un sentiment de culpabilité.
3.3.2-
Phase d'état : le visage est souvent figé, grave
arborant parfois un oméga mélancolique
désigné par les plis du front dans les formes
sévères, le malade est immobile, ralenti avec une activité
spontanée minimale. Le discours est lent, les discours se faisant
entendre, et le ton est classiquement monotone et monocorde.
3.3.3-
Humeur dépressive : la tristesse envahit
entièrement le champ de la conscience et l'ensemble du comportement.
Elle est permanente, insensible au réconfort de l'entourage et
résistante a toute tentative de raisonnement extérieur. La
douleur morale favorise les sentiments d'incapacité et de
dépréciation personnelle, la conviction d'incurabilité et
la péjoration de l'avenir. Inhibition et ralentissement
intellectuel : caractérisée par une lenteur ideatoire et un
appauvrissement, l'inhibition intellectuelle entraine des troubles de la
mémorisation et de la concentration. La diminution du flux verbal
associée peut aller jusqu'à un quasi-mutisme. L'inhibition de la
volonté ou aboulie, associée à une perte de la
capacité à ressentir du plaisir ou anhedonie qui peut
s'étendre du simple émoussement émotionnel à une
anesthésie des sentiments
Idéations
suicidaires, la péjoration de l'avenir, la perte d'espoir
(incurabilité) peuvent favoriser un geste suicidaire impulsif.. Le refus
alimentaire apparait comme une marque d'opposition à sa propre survie
par le patient. Des conduites à risque, des conduites toxicomaniaques
massives et d'autres comportements peuvent être perçus comme des
équivalents suicidaires
3.4- Symptômes somatiques
3.4.1-
Les troubles du sommeil : la dépression est
constatée avec une prédominance en deuxième partie de nuit
(parfois être totale) avec réveil matinal précoce. Dans les
cas les plus sévères, il existe des modifications de
l'enregistrement nocturne EEG (Raccourcissement de la durée de la phase
4, augmentation de la fréquence des interruptions de sommeil), le
sommeil n'est pas réparateur. Parfois il peut s'agir à l'inverse
d'une hypersomnie non réparatrice. Ces troubles sont souvent
couplés à une clinophilie37(*)
3.4.2-
Les troubles alimentaires : on retrouve des conduites
anorectiques avec amaigrissement ou à l'opposé des conduites
boulimiques avec prise de poids, hyperphagie.
3.4.3-
Les troubles sexuels ; il est noté de façon
constante une baisse importante de la libido, baisse du désir qui
s'intègre dans la perte globale d'intérêt. La
frigidité chez la femme et l'impuissance chez l'homme renforcent le
sentiment de dévalorisation et de culpabilité. Il peut aussi
avoir une aménorrhée38(*), des troubles neuro-végétatives.
3.5-
Dépression (DSM IV)
Épisode
dépressif majeur : selon le DSM IV il faut au moins 5 des
symptômes présents pendant une même période minimale
de deux semaines (tous les jours ou presque) avec changement par rapport
à l'état intérieur. Au moins un des symptômes est
soit une humeur triste, soit une perte d'intérêt ou de
plaisir.
Il
n'existe pas de facteurs organiques dans l'initiation ou le maintien de
l'épisode
Episode
dépressif majeur avec caractéristiques
Mélancoliques
La
mélancolie représente une dépression
particulièrement grave de part son intensité, son risque
suicidaire, son absence de lien avec des événements de vie
(autrefois dépression endogène). Elle se caractérise par
une douleur morale profonde, un désir de mort important et permanent, un
risque suicidaire majeur (surtout lors de la levée d'inhibition). Le
ralentissement psycho moteur est majeur associé à un mutisme ou
monoïdéisme.
Enfin,
les idées de dévalorisation, d'autoaccusation, de
culpabilité et d'indignité complètent le tableau clinique.
Le
DSM IV le présente de la façon suivante :
Perte
d'intérêt ou de plaisir et/ou non réactivité aux
stimuli habituellement agréables avec au moins trois des symptômes
suivants :
-
Qualité particulière de l'humeur
-
Dépression plus marquée le matin
-
Réveils précoces vers 4 heures du matin
-
Ralentissement ou agitation psychomotrice
-
Comportement alimentaire anorectique ou perte significative de poids
-
Culpabilité excessive
3.6-
Troubles dysthymiques
Il
s'agit de la forme actuelle de l'ancienne dépression névrotique.
A la différence des deux précédentes troubles, il s'agit
de dépression mineures dans leur intensité mais durables. Selon
les critères du DSM-IV, l'humeur dépressive doit être
présente pratiquement toute la journée, au moins un jour sur deux
ou au moins deux ans. On doit retrouver au moins deux des symptômes
suivants ;
-
Diminution de l'appétit ou hyperphagie
-
Insomnie ou hypersomnie
-
Diminution de l'énergie ou fatigue
-
Baisse de l'estime de soi
-
Troubles de la concentration et indécision
-
Sentiment de désespoir
3.6.1-
Formes cliniques
- Les dépressions mélancoliques
-
Mélancolie anxieuse : les signes d'anxiété
sont au premier rang avec des débordements émotionnels prenant
des fois un aspect théâtral ; agitation constante avec risque
majeur de passage a l'acte
-
Mélancolie stuporeuse : elle représente
l'apogée de l'inhibition psychomotrice. La mimique est souvent
évocatrice de l'immense douleur morale sous jacente
-
Mélancolie délirante : les thèmes classiques
de la dépression sont les idées d'indignité, de
culpabilité, de deuil et de ruine, et enfin les idées
hypochondriaques
-
Dépression masquée : le sujet exprime ses affects
dépressifs en termes de plaintes physiques (insomnie et fatigue,
anorexie, gastralgie, constipations, oppression thoraciques, dyspnées,
céphalée, lombalgie)
-
Dépression saisonnière : les troubles se
répètent a une période précise de
l'année
3.6.2-
Particularités
Du
point de vue clinique, il est noté un changement par rapport au
comportement et au monde relationnel antérieur, une irritabilité
(colère, opposition) une interruption des activités de sport,
loisirs) une instabilité psychomotrice.
Chez
l'adolescent, la dépression se caractérise par un début
particulièrement brutal sans cause déclenchant avec comme
particularité la rareté des affects dépressifs
exprimés ; elle est le plus souvent remplacée par une
irritabilité avec émotions et conduites impulsives
associées à un ralentissement psychique et moteur. Les plaintes
somatiques sont également fréquentes. Cette dépression
s'accompagne fréquemment d'une baisse des résultats
scolaires.
* 37 La clinophilie est le
fait de rester au lit, la journée, allongé, pendant des heures,
tout en étant éveillé. C'est un trouble d'origine
psychologique parfois trouvé dans la dépression ou certaines
formes de schizophrénie.
* 38 Absence de règles
ou de menstruation
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