CHAPITRE 5. L'APPROSIONNEMENT DES MENAGES EN
ENERGIE
DOMESTIQUE
Les principaux combustibles de cuisine qu'on trouve dans la
ville de N'djamena sont : le bois de chauffe, le gaz butane et le
pétrole lampant. Ce sont des combustibles utilisés pour le
chauffage et la cuisson des aliments. D'une manière
générale, le bois est le combustible le plus employé par
les ménages dans la ville de N'djamena, ceci à cause de la
facilité d'accès (au marché ou dans les points de vente)
d'une part et d'autre part à cause de l'interdiction de fabrication du
charbon de bois par le gouvernement. L'utilisation du charbon de bois par les
ménages est quasi inexistante. Quant aux gaz butane et le pétrole
lampant, ils sont utilisés le plus par des fonctionnaires aisés
et des gros commerçants.
5.1. Le processus d'approvisionnement en
bois-énergie
Le bois de chauffe est vendu à travers la ville, aux
marchés, dans les points de stockage et aux devantures des maisons. Le
charbon de bois est vendu dans les quartiers riverains du fleuve Chari. Le
processus d'approvisionnement des ménages en combustibles ligneux est
organisé de manière suivante :
Les grossistes se sont installés en des lieux fixes
à travers la ville, et alimentent les détaillants. Il s'agit des
grossistes qui sont affiliés souvent aux commerçants
transporteurs de bois, qui leur livrent en gros. Ces grossistes sont
eux-mêmes quelque fois propriétaires des camions transportant le
bois. C'est ainsi qu'est organisé cette filière.
Il faut ajouter à ces revendeurs, les tacherons qui
reconditionnent le bois en petit détail ou en fagot ou encore en tas.
Ceux-ci alimentent les ménagères dont les revenus ne peuvent leur
permettre d'acheter en gros. Dans les sous quartiers, les revendeurs sillonnent
au bord des charrettes ou en « pousse-pousse » pour revendre les
fagots aux ménagères. Ils vendent leur charge aux
ménagères en se promenant dans les rues de la ville. Il
101
existe également des revendeurs qui vendent le bois sur la
place du marché (photo 8) comme nous l'avons dit.
Cliché : Nguézoumka/juillet 2010
Photo 8. Bois de chauffe en vente au
marché central de N'djamena
La vente de bois de chauffe est pratiquée
dans tous les marchés de la ville de N'djamena. Au marché
central, les femmes sont celles qui pratiquent le plus cette activité.
Les tas vendus varient entre 250 F CFA et 500 F CFA (photo
8).
Tableau 13. Processus d'approvisionnement en
bois de chauffe
Processus d'approvisionnement Quartiers
|
En gros
|
En détail
|
Total
|
Amabassatna
|
16
|
14
|
30
|
Kabalaye
|
11
|
23
|
34
|
Sabangali
|
36
|
11
|
47
|
Ardep-djoumbal
|
15
|
41
|
56
|
Total
|
78
|
89
|
167
|
Source : Enquêtes de terrain/juillet 2010
Parlant des processus d'approvisionnement en bois de chauffe,
nous avons recensé 78 ménages qui s'approvisionnent en gros et 89
en détail. Le processus d'approvisionnement en bois de chauffe
dépend des moyens que dispose chaque ménage. Si nous observons le
tableau 17, c'est dans les quartiers comme kabalaye et Ardep-djoumbal que les
ménages s'approvisionnent plus en détail (Kabalaye : 23 et
Ardep-djoumbal : 41) qu'en
102
gros (Kabalaye : 11 et Ardep-djoumbal : 15). Ces
données révèlent la situation socio-économique des
populations de ces quartiers. D'après nos sondages, certains
ménages qui s'approvisionnent en détail le fond par souci de
gestion du combustible. Parce qu'ils disent s'il achète en gros, ils se
trouvent entrain de gaspiller plus de combustible. Tandis que les grossistes,
trouvent que leur méthode est la meilleure, parce qu'il faut stocker le
bois à la maison pour se libérer une fois, afin de s'occuper
d'autres besoins.
5.1.1. Le bassin d'approvisionnement de N'djamena en bois
de chauffe
Les filières d'approvisionnement en bois et charbon de
bois sont multiples et variées, réalisées par un grand
nombre d'opérateurs indépendants qui participent aux
activités de coupe/collecte, de transport, entreposage, commerce de gros
et commerce de détail. Le réseau de distribution compte environ
1000 points de vente à travers la ville dont 3 dans le 3ème
arrondissement.
La zone délimitée comme bassin
d'approvisionnement de N'djamena en bois-énergie s'étendaient sur
environ 7,5 Millions d'hectare et comprenait 33 cantons repartis sur quatre
départements (Mayo Boney, Dababa, Baguirmi et Hadjer El
Hamis)20. Cependant le nombre de ces localités est
réduit depuis la mesure prise par le gouvernement du Tchad sur
l'interdiction de coupe de bois vert et la fabrication du charbon de bois. Une
grande partie du bois de feu consommé à N'djamena est aujourd'hui
transportée d'une distance supérieure à 100 km.
Quatre cantons fournissent plus de la moitié du bois
consommé à N'djamena : Fitri, Dourbali, Bougoumene, Karal et Mai
Ache. En outre ces cantons, nous avons les localités comme Massakory,
Mani, Massaguet, Afrouk, Massenya, Deredia, Mogroum, El-Fass, Moito pour ne
citer que ceux là.
20 AEDE, 2001. Projet Energie
Domestique. Manuel d'exécution. Version 1
103
Tableau 14. Sondage des ménages
à propos d'utilisation du bois de chauffe
Ménages enquêtés Raisons
|
Nombre de ménages
|
Pourcentages (%)
|
Habitude traditionnelles
|
97
|
58,1
|
Moindre risque
|
16
|
9,5
|
Accès facile
|
33
|
19,8
|
Manque de moyens
|
21
|
12,6
|
Total
|
167
|
100
|
Source : Enquêtes de terrain/juillet 2010
Plusieurs raisons ont été avancées par
les ménages sur l'utilisation de bois de chauffe. Nous constatons que 97
ménages sur 167 utilisent le bois de chauffe par habitude
traditionnelle. Selon ces ménages le bois est un combustible
utilisé depuis les villages, et que c'est difficile d'abandonner son
utilisation. D'autres l'utilisent parce que l'accès est facile (33), les
cas de pénurie des bois de chauffe sont moins fréquents. Tandis
que certains ménages utilisent le bois par manque de moyens (21), ils
abandonneraient le bois de chauffe si le gaz était à leur
portée. Et d'autres encore préfèrent le bois pour
protéger leurs enfants, ils trouvent que le bois présente moins
de risque pour leur progéniture. Donc diverses raisons poussent les
ménages à utiliser le bois malgré la subvention du gaz par
le gouvernement.
5.1.2. Le transport de bois de chauffe
Le transport de bois est une activité pratiquée
par des producteurs spécialisés, les commerçants, les
chauffeurs, etc. Il est plus pratiqué pendant la saison sèche
qu'en saison de pluie, à cause de mauvais état des routes qui
mènent vers les lieux d'approvisionnement.
Les producteurs spécialisés sont
généralement des paysans qui, voyant l'intérêt de
cette activité, s'organisent pour faciliter la tâche aux
commerçants transporteurs de bois en leur fournissant de bois tout au
long des voies. Ceci réduit également la distance à
parcourir. D'autres par contre, sont recrutés par des commerçants
transporteurs pour la coupe de bois moyennant de rémunération.
104
Les commerçants transporteurs sont ceux disposant les
moyens de transport (Camion), qui parcourent de grandes distances pour chercher
le bois de feu.
En outre de ces commerçants, il existe des petits
commerçants qui effectuent parallèlement le transport à
l'aide des charrettes. Les distances parcourues par ces derniers ne sont pas
grandes comme celles parcourues par les grands commerçants. Ils se
ravitaillent à une distance raisonnable.
Une autre catégorie de transporteurs sont des
chauffeurs des minis bus Hiace qui ramassent les passagers ou des marchandises
vers les zones rurales et de retour, ils s'approvisionnent en cours de chemin
en bois de chauffe pour venir vendre en ville.
Hormis ces catégories des transporteurs qu'on vient
d'énumérer, il existe des particuliers qui, pendant les weekends
se rendent vers les lieux d'approvisionnement et achètent le bois de
chauffe. Ils transportent généralement des quantités moins
importantes.
Un autre réseau d'approvisionnement de N'djamena en
Bois de chauffe est celui de transport par pirogue. Ce réseau de
transport a connu une baisse dans la ville depuis la mesure prise par l'Etat,
mais il en existe en dehors de la ville.
Producteurs agriculteurs ou Producteurs
spécialisés
|
|
Autres producteurs
(particuliers)
|
|
|
|
Semi Grossistes
Artisans
Grossistes
Petits détaillants
Transporteurs
Ménagères
Gros utilisateurs
105
Source : Association Bois de Feu, Paris, 1986
Figure 12. Graphique d'approvisionnement de la
ville en combustible.
Le graphique ci-dessus montre le schéma
d'approvisionnement des villes en bois énergie. Il est organisé
comme de manière suivante : nous avons les itinéraires de
production, qui vont des producteurs-agriculteurs ou des producteurs
spécialisés installés dans les forêts aux
ménagères et gros utilisateurs. Les transporteurs assurent les
liaisons entre les régions sources ou productrices et les lieux de
consommation. Dans le cas de notre étude, ce sont les camions gros
porteurs qui jouent ce rôle. Ils assurent la liaison
106
entre les zones productrices de bois et la ville de N'djamena.
Les grossistes distribuent par la suite le bois à travers la ville. Et
c'est auprès de ceux-ci que s'approvisionnent les semis grossistes, les
artisans, les détaillants et même les ménages. Cette
organisation se présente de manière hiérarchique dans le
système d'approvisionnement en bois de chauffe. Les gros utilisateurs
s'approvisionnent soit chez les transporteurs ou chez les autres
producteurs.
5.1.3. Le processus d'approvisionnement en charbon de
bois
Face à la crise liée aux sources
d'énergie domestique, le charbon de bois est devenu une denrée
rare et quasi inexistant dans la ville de N'djamena. Le coût
d'utilisation de ce combustible est devenu de plus en plus élevé,
ainsi que celui de ses équipements (Ganoun ou foyer
amélioré).
Comme nous l'avons souligné ci-haut, la filière
d'approvisionnement en charbon de bois est devenue problématique suite
à l'interdiction de sa fabrication. Le charbon de bois est introduit de
manière frauduleuse via le fleuve Chari, en provenance de Kousseri (au
Cameroun) et s'achemine de la même façon chez les
commerçants. Les pêcheurs se reconvertissent en même temps
en des commerçants de charbon de bois quand il le faut. Cette
activité leur permet d'augmenter leur revenu. Partant de notre constat,
nous avons recensé deux portes d'entrée du charbon de bois dans
la ville de N'djamena : les quartiers Sabangali et Farcha qui sont chacun
respectivement riverains du fleuve Chari et Logone.
Malgré qu'il est moins utilisé dans la ville, le
charbon de bois est vendu en gros et en détail. Il est vendu en gros
à 15000 FCFA le sac et en détail entre 250 à 500 FCFA le
tas (Photo 10). Il n'est vendu beaucoup plus au marché et parfois
discrètement aux quartiers. Dans le troisième arrondissement, les
points de vente de ce combustible se situent au marché central et au
marché Dombolo (à l'Est de l'hippodrome). Au marché, la
vente se fait seulement en détail sur des assiettes ou des petits
étalages. Les grossistes n'ont pas leur point de vente officiel, ils
entassent à domicile et les font sortir frauduleusement sur le
marché de peur que les agents des eaux
107
et forêts les prennent. Toute ménagère qui
vient s'approvisionner, apporte avec lui des emballages pour y mettre. Le
charbon de bois est utilisé soit pour des petits besoins tels que le
repassage des habits et préparation des aliments légers.
L'entrée de ce combustible se fait la nuit à des heures tardives
ou au petit matin.
Cependant, il faut noter que le charbon de bois ne vient pas
seulement du Cameroun, il existe d'autres voies d'entrer dont même les
autorités ne maitrise pas. Certains agents des eaux et forêts sont
quelquefois aussi complices de ces commerçants du charbon de bois, ils
les font introduire en échange de quelques sommes d'argent.
Cliché : Nguézoumka/2010
Photo 9.Charbon de bois en vente au
Marché Central de N'djamena
Pour le charbon, il est vendu le plus dans les
marchés, car ses activités sont ralenties dans les quartiers de
la ville depuis la mesure d'interdiction de fabrication de charbon de bois par
le gouvernement. Le tas sur la photo est vendu à 250 f
FCA.
5.2. Approvisionnement en Gaz butane
L'utilisation de gaz butane en bouteille est de plus en plus
entrée dans
les habitudes ménagères cette dernière
décennie. Sa consommation s'est accrue grâce à la baisse
des prix des équipements et celui de recharge
108
subventionnés par l'Etat à travers le PNG.
D'après les données d'enquête de l'AEDE, la consommation
globale du gaz populaire a augmenté de 63% en 2002. Elle a triplé
de 1999 à 2001, atteignant une consommation annuelle de 209 tonnes en
2001. Presque 1500 ménages se sont équipés en
réchaud à gaz et 1200 en 200121.
Aujourd'hui, le parc de réchaud à gaz est
estimé à quelques milliers. Le réchaud à gaz est
apprécié par les ménages à cause de ses multiples
avantages en cuisson.
Dans l'avenir une quantité de 320 tonnes de gaz butane
équivalant à 16 citernes pourrait être livrée chaque
mois, à partir du Nigeria et du Cameroun. La société AL
Mahari et le gouvernement du Tchad viennent de signer un protocole d'accord
à cet effet.
5.2.1. Substitution des combustibles ligneux par le gaz
butane
Le gouvernement, à travers le Ministère de
l'Environnement et des Ressources Halieutiques mène depuis quelques
années sa politique de lutte contre la désertification. C'est ce
qui a aboutit à la mesure d'interdiction de coupe de bois vert et la
fabrication du charbon de bois.
La vulgarisation de « Ladaye gaz »22 se
présente comme la meilleure solution pour pallier à cette
situation. Le gaz est plus rentable que les combustibles traditionnels. C'est
ainsi que l'Etat agit à travers la Direction de l'Energie par le PNG en
subventionnant le prix des équipements par un système de
péréquation sur les autres produits pétroliers.
Tableau 15. Rendement des types de
combustible
Combustible
|
MJ/kg
|
Rendement de
l'équipement
|
Bois de chauffe
|
15
|
15%
|
Charbon de bois
|
29
|
20%
|
Gaz butane
|
45
|
45%
|
Source : AEDE, 2001
21 PREDAS, 2004. Etablissement de fiches normatives
d'information du secteur des énergies domestiques au Tchad.
22 « Ladaye gaz » : nom de réchaud à gaz
en arabe local au Tchad.
109
Cliché : Nguézoumka V. /juillet 2010
Photo 10. Réchaud à gaz
5.2.1.1. Comparaison de consommations des
combustibles
Pour comprendre les préférences des ménages
en combustibles de cuisine, nous avons mené un sondage qui nous a
amené aux résultats dans le tableau ci-dessous.
Tableau 16. Sources d'énergie domestique
utilisée par les ménages dans le 3ème arrondissement.
Source d'énergie
Quartiers
|
Bois de chauffe
|
Charbon de bois
|
Gaz butane
|
Mixte
|
Autres sources
|
Total
|
Ambassatna
|
7
|
5
|
6
|
10
|
2
|
30
|
Kabalaye
|
9
|
1
|
12
|
6
|
6
|
34
|
Sabangali
|
15
|
3
|
12
|
12
|
5
|
47
|
Ardep-djoumbal
|
19
|
0
|
6
|
16
|
15
|
56
|
Total
|
50
|
9
|
36
|
44
|
28
|
167
|
Source : enquête de terrain/juillet 2010
Le tableau 16 présente les principaux combustibles
utilisés par les ménages dans la ville de N'djamena. Nos
enquêtes de terrain nous révèlent que 50 ménages sur
167 ont pour combustible principal le bois de chauffe, 9 utilisent le charbon
de bois, 36 le gaz butane, 44 utilisent le bois de chauffe alterné du
gaz butane, et 28 utilisent autres combustibles. Partant de ce tableau, nous
constatons que les combustibles les plus utilisés par les
110
ménages sont le bois de chauffe (50) et le gaz butane
(36). Et aussi 44 ménages utilisent les deux combustibles à la
fois, c'est-à-dire qu'ils disposent les deux sources d'énergie et
ils les utilisent selon les besoins.
Le charbon de bois n'est pas important, avec 9 ménages
seulement qui utilisent sur 167 que nous avons enquêtés. Ce nombre
ne peut nous étonner, parce que nous savons que des mesures ont
été prises sur la filière d'approvisionnement en charbon
dans la ville de N'djamena depuis fin d'année 2008. Lors de nos
enquêtes, il existe des quartiers qui n'utilisent même pas ce
combustible (Ardep-djoumbal).
Aux quartiers Kabalaye et Sabangali, le combustible
préféré des ménages est le gaz butane. Mais si nous
revenons sur le bois de chauffe, il est plus utilisé à
Ardep-djoumbal (19), c'est un quartier populaire où on trouve beaucoup
des activités génératrices de revenus telles que le petit
commerce des gâteaux, des patates et la fabrication des boissons
traditionnelles alcoolisées (Bili et argué)23.
Source : Enquêtes de terrain/juillet 2010
Figure 13. Les combustibles utilisés par
les ménages dans le 3ème arrondissement.
Sur cette figure (13), nous constatons que le bois de chauffe
est le plus utilisé, ensuite on observe la proportion des ménages
qui utilisent en même temps le bois et le gaz est élevé
dans la ville, et ceux utilisant le gaz butane
23 Bili et Argué : boisson locale
alcoolisée
111
qui sont légèrement nombreux. La barre indiquant
le nombre des ménages utilisant le charbon est très bas à
cause des raisons que nous avions énumérées ci haut. Toute
la situation d'approvisionnement en énergie domestique se résume
ainsi dans la ville de N'djamena.
5.2.1.2. Subvention de gaz butane par le PNG
Après l'arrêt de la subvention du «
Programme Régional Gaz » en fin décembre 1993, la
commercialisation du gaz a connu une régression. Il a fallu attendre
Août 2000 pour que le gouvernement mette en place une nouvelle structure
dénommé « Programme National Gaz » pour rendre le prix
du gaz accessible.
Initié par le gouvernement tchadien, le PNG
subventionne le prix des équipements et d'achat du gaz. Ce programme est
mis en place pour promouvoir l'utilisation du gaz butane au détriment
des combustibles ligneux dont la fabrication cause des problèmes
environnementaux. La promotion se fait en deux étapes :
- La première consiste à assurer la
disponibilité du combustible en facilitant l'importation par les
opérateurs économiques et la création du réseau de
distribution. Ces opérateurs sont toutes des sociétés
pétrolières qui ont la capacité de stocker le gaz. Au
Tchad, ils en existent quatre (4) : deux sociétés nationales et
deux sociétés étrangères. Il s'agit de :
Total Marketing (Française) : elle est une
société internationale, spécialisée dans
l'importation et la vente des produits pétroliers. Elle est la
société qui importe et commercialise à plus de 70% des
équipements de gaz de 3, 6 et 12kg au Tchad. Elle dispose une citerne de
stockage fixe de 32 tonnes, un centre d'emplissage de bouteille de 6kg à
50kg (situé à Farcha), deux camions citernes (21 tonnes et 9,5
tonnes) et un centre de ré-épreuve des bouteilles.
Société de Produits Pétroliers
(Nationale) : société de distribution des produits
pétroliers avec une capacité de stockage de 2759 m3 de
produits blancs (Jet Ai, super, gasoil et 32 tonnes de gaz butane). Elle
possède un
réseau de distribution, 3 stations services à
N'djamena et un capital de 500 000 000 f CFA24.
Gaz Compagnie (Nationale) : elle est une société
nationale spécialisée uniquement dans les importations et les
ventes du gaz butane. Elle regroupe quelques hommes d'affaires faisant dans
import-export.
Oilybia (Libyenne) : Société libyenne
installée après le départ de la société
Tamoil vers les années 2004-2005. Elle exerce plus dans les importations
des carburants.
- la seconde porte sur l'accessibilité. L'Etat veille
sur le prix des gaz pour qu'il soit accessible à tous les ménages
ou du moins par la majorité des ménages. La subvention est de 66%
du prix d'achat (selon le coordonnateur du PNG). La bouteille de 6 kg est en
réalité vendue à 29500 f (Réchaud à gaz) et
6000 f pour le chargement du gaz, cependant l'équipement est
subventionné à 10000 f et le chargement à 4400 f.
Actuellement le gaz et l'équipement sont vendus respectivement à
2300 f et 19500 f. Si ces prix varient, c'est à cause des
pénuries fréquentes qui sont dues soit à la lenteur de la
commande par les sociétés ou encore par la
supériorité de la demande.
Quant à la bouteille de 3 kg, le prix
subventionné est de 1300 f sur le prix réel qui est de 3350 f. La
subvention du gaz ne concerne que les bouteilles de 6 kg et de 3 kg.
112
24 Informations recueillies sur
l'agenda 2010
113
Source: PNG, 2010
Figure 14. Evolution de la consommation du
gaz population subventionné (3 à 6 kg).
Cet histogramme présente l'évolution de la
consommation de gaz butane de 2007 à 2009 et en prévision de
2010. D'après le coordonnateur du PNG, les bouteilles gaz de 3 kg et 6
kg sont subventionnées par le gouvernement, ce qui explique sa forte
consommation. La consommation de cette catégorie de bouteilles, double
chaque année.
Sur la figure 18, nous avons la courbe décrivant les
importations du gaz butane par la société Total-Marketing 2009.
Elle a importé le gaz sur les périodes de l'année
malgré quelques baisses observées ça et là. Le mois
de décembre se présente comme le mois le plus élevé
des importations du service Total en 2009. Cette augmentation s'explique par la
politique de l'Etat en cette période en subventionnant 13000
équipements de gaz à très bas prix, ce qui a amené
bon nombre de ménages à s'équiper. Une autre raison, c'est
que le mois de décembre est une période de fête dont la
consommation des ménages en tout produit augmente, y compris le gaz.
5.2.2. Processus d'approvisionnement en gaz
butane
Quatre sociétés pétrolières
assurent l'importation de gaz butane dans la ville de N'djamena. Elles
importent le gaz du Nigeria et du Cameroun. La société Total
Marketing détient le monopole d'approvisionnement avec 72,4% de
l'ensemble d'importation.
114
Le gaz est acheté en vrac à
Ngaoundéré (Cameroun) et/ou au Nigeria et transporté
à N'djamena dans les camions citernes. Il est ensuite conditionné
dans le centre remplisseur de Total Marketing. Les bouteilles de 3 kg, 6 kg, 12
kg sont acheminées par les camionnettes de Total auprès des
détaillants dans la ville. Nous avons trois grandes stations service de
distribution de gaz dans le troisième arrondissement : deux stations de
société Oilibya (à côté de ONRTV et au
carrefour de English Center formation) et une station Total (au rond point de
la justice). Les bouteilles de 12 kg sont surtout utilisées par les
ménages aisés et les expatriés.
5.2.2.1. Circuit de distribution de gaz
butane
Les gaz sont vendus en même temps chez les grossistes et
les détaillants. Chaque société dispose d'un
dépôt central où les petits commerçants viennent par
leur moyen de transport charger les bouteilles pour aller revendre dans leurs
différents kiosques. Cependant les ménages peuvent
également s'approvisionner directement chez les grossistes ou semis
grossistes (les stations services Total). Le client vient avec une bouteille
vide et prend en échange avec une bouteille chargée de gaz. Nous
avions expliqué ce réseau de distribution par le schéma
ci-dessous.
Dépôt central de gaz
Principales stations de service
Commerçants transporteurs
Vendeurs détaillants
Ménages
Gros consommateurs
115
Source : Enquêtes de terrain
Figure 15. Schéma du circuit de
distribution du gaz dans la ville de
N'djamena.
La présente figure est le schéma
démontrant le circuit de distribution de gaz butane dans la ville de
N'djamena. Le schéma explique comment le gaz quitte du lieu de
dépôt vers les consommateurs. Le gaz est acheté par les
commerçants transporteurs ou les vendeurs détaillants pour, par
la suite être vendu aux ménages ou aux gros consommateurs
(Hôtels, restaurants, etc.). Il faut noter que les dépôts
appartiennent aux sociétés telles que Total Marketing, Oilibya,
SPP ou Gaz Com pour ne que citer que celles là. Les ménages ou
les consommateurs peuvent s'approvisionner également directement chez
les principales stations de ces services ou chez les détaillants dans
les quartiers. On peut trouver les vendeurs détaillants un peu partout
dans les quartiers, tandis que les stations, on ne les trouve qu'au niveau des
grands axes et carrefour de la ville.
116
Source : Données du PNG
Figure 16. Diagramme des importations du gaz
butane par les sociétés pétrolières.
Ce diagramme décrit les proportions des importations du
gaz au cours de l'année 2009 chez les quatre principales
sociétés d'importations des produits pétroliers. Total
Marketing détient la grande partie de ces importations, vient ensuite la
société Gaz Compagnie, après c'est la
société Oilibya et enfin la SPP. Le gouvernement
prélève des sommes d'argent sur les autres produits
pétroliers tels que le pétrole, l'essence, le gasoil, super etc.,
pour subventionner le gaz butane. Ces produits sont importés par les
mêmes sociétés.
Cliché : Nguézoumka/juillet 2010
Photo 11: Local des bonbonnes de gaz à la
station Total
117
La société Total Marketing dispose
des stations à travers la ville de N'djamena, elle présente
plusieurs produits pétroliers et services. Sur la photo 11, nous avons
un local de gaz d'une station de Total situé à l'entrée du
pont à double voies. Les bouteilles sont stocker dans le local, et ne
sortent que quand le client se présente.
Tableau 17. Avis des ménages sur
l'utilisation de gaz butane
Ménages enquêtés
Raisons
|
Nombre des ménages
|
Pourcentages
|
Rapidité
|
41
|
24,5
|
Interdiction de charbon de bois
|
57
|
34,1
|
Cherté de bois de chauffe
|
63
|
37,7
|
Moindre coût
|
6
|
3,6
|
Total
|
167
|
100
|
Source : Enquêtes de terrain/juillet 2010
Les avis sont partagés sur l'utilisation du gaz butane
par les ménages dans la ville de N'djamena. 63 ménages sur 167
soit 37,7% que nous avons enquêtés préfèrent
utiliser le gaz, parce le bois de chauffe est devenu cher sur le marché,
34% disent : c'est parce que la fabrication de charbon de bois n'est plus
autorisée au Tchad, 24,5% l'utilisent à cause de sa
rapidité dans la cuisson des aliments et 3,6% le trouvent gaz moins cher
par rapport à d'autres combustibles.
5.3- Le pétrole lampant
La consommation du pétrole lampant est estimée
à 5000 tonnes par an (AEDE, 2004) pour la ville de N'djamena ; il est
utilisé pour la cuisson et pour l'éclairage. La plus grande
partie de l'approvisionnement de N'djamena en pétrole lampant est
assurée par une filière informelle, constituée d'une
multitude de petits commerçants qui ramènent le plus souvent
frauduleusement du Cameroun. Cette filière approvisionne les boutiques
et les points de vente où le pétrole est revendu par litre et
fraction de litre, à un prix voisin de 500 F CFA/litre selon les
saisons. Il est utilisé d'abord pour l'éclairage et les deux
dernières années pour la cuisson suite à la mesure prise
par le gouvernement contre la coupe du bois vert et la fabrication du charbon
de bois.
118
5.3.1. Le système d'approvisionnement et de
distribution des produits pétroliers
La consommation des produits pétroliers au Tchad est
actuellement d'environ 100000 tonne par an. Elle n'est pas connue avec
précision, car une partie de l'approvisionnement (de l'ordre de 35%) est
fait par des circuits parallèles, en dehors de tout contrôle. La
totalité de l'approvisionnement provient de l'importation, du Nigeria ou
du Cameroun, par des voies diverses et changeantes en fonction des conditions
économiques et politiques. Trois catégories d'opérateurs
participent à l'importation et distribution des produits
pétroliers : trois sociétés pétrolières
filiales de grandes compagnies internationales : Oilibya, SPP, Total Marketing
réunies dans le GPP (Groupement Professionnel du Pétrole), une
trentaine de sociétés privées appartenant à des
nationaux et un nombre de commerçants informels, agissant à titre
occasionnel ou régulier, en fraude fiscale.
5.4. La répartition spatiale des lieux
d'approvisionnement en énergie domestique
Les sources d'énergie domestique utilisés par la
population dans le 3ème arrondissement de la ville de N'djamena sont
localisées soit aux marchés ou aux quartiers. Pour ce qui
concerne les combustibles traditionnels, c'est-à-dire le bois de chauffe
et le charbon de bois, ils sont vendus dans quatre localités dans le
troisième arrondissement. Le bois de chauffe est vendu au marché
central (en détail), aux quartiers Ambassatna et Ardep-djoumbal. Au
quartier Ardep-djoumbal, le lieu de vente est situé au Nord-est de
l'hyppodrome, précisément au marché Dombolo. Comme le bois
de chauffe, le charbon de bois et le pétrole lampant sont vendus au
marché central.
Dans tout le troisième arrondissement, nous avons
recensé 3 services pétroliers de distribution de gaz, d'essence
et du gasoil. Deux stations Oilibya dont une se trouve à l'avenue Mobutu
au quartier Sabangali et le second est au quartier Djambalbar. Le
troisième service est la SOSADEP, situé en face du marché
de Mil, distribue plus de carburants que le Gaz.
119
Le nombre des détaillants distributeurs de gaz est plus
élevé que celui des grossistes (Stations services
pétroliers). Nous dénombrons six détaillants de
distribution de gaz qui sont répartis de manière disparate dans
le troisième arrondissement. Sur les 6 quartiers de notre zone
d'étude, nous n'en recensons que dans 3 quartiers, à savoir :
Djambalbar, Gardolé et Ambassatna. D'après nos enquêtes, la
quasi-totalité des détaillants du gaz butane sont les clients de
la société TOTAL Marketing-TCHAD. Cette dernière
détient le monopole d'importation du Gaz au Tchad.
Le fait que certains quartiers regroupent plus de points
d'approvisionnement en énergie que d'autres, explique l'une des
difficultés liées à l'approvisionnement en énergie
domestique qui est la distance. Tous les ménages dans ces quartiers et
même ceux qui ne s'y trouvent pas s'approvisionnent dans ces quelques
stations que compte le 3ème arrondissement. C'est ce qui explique les
longs rangs des clients devant les stations de gaz. Le nombre des stations est
insuffisant pour desservir les ménages dans ces secteurs.
Source : Enquêtes de terrain Réalisation :
Nguézoumka V./juillet 2010
Figure 17. Répartition spatial des points
d'approvisionnement en énergie domestique.
121
5.5. Les équipements d'approvisionnement des
énergies domestiques 5.5.1. Le réchaud à
pétrole
Le réchaud à pétrole est un
équipement de plus en plus utilisé par les ménages
après la mesure d'interdiction de fabrication du charbon de bois. Il
renferme des mèches en coton qui sert de la fibre pour la
remontée du pétrole. Le prix de cet équipement varie entre
5000 f FCA et 12000 f CFA selon la grandeur. Certains ménages
l'utilisent comme équipement principal pour préparer les repas
habituels. D'autres en disposent, mais l'utilisent comme équipement de
secours ou de substitution en cas de pénurie de gaz.
Cliché : Nguézoumka V. /juillet 2010
Photo 12. Réchaud à
pétrole.
Le réchaud à pétrole est de plus
en plus utilisé par les ménages pour remplacer l'utilisation de
charbon de bois. Il est plus utilisé par les ménages
isolés (à une seule personne) ou de petite
taille.
122
5.5.2. Les fourneaux ou « Ganoun silik
»
Les fourneaux ou « Ganoun silik»25 en
arabe local, sont fabriqués par des forgerons et les jeunes du quartier
pendant les vacances. Fabriqué à base des fers de 6 mm de
diamètre (utilisés comme support) et des fils métalliques
enlevés dans les pneus des voitures. Les fourneaux étaient
beaucoup utilisés avant l'interdiction de fabrication de charbon de
bois, car c'est un équipement pour ce combustible. Le prix variait
autour de 3000 à 5000 f CFA avant la mesure, mais il est redescendu
actuellement entre 1500 à 3000 f CFA selon la taille du fourneau.
Cliché : Nguézoumka V /juillet 2010
Photo 13. Les fourneaux vendus au marché
central
Les « Ganouns » sont encore vendu sur
les marchés. Sur la photo 13, nous avons les « Ganouns »
vendus au marché central de la ville de N'djamena. Ils sont
étalés au bord du goudron pour trouver facilement les clients.
Malgré que l'utilisation du charbon soit interdite dans la ville, les
fourneaux continuent toujours à être vendus au
marché.
25 Ganoun silik : nom d'équipement de charbon
de bois en arabe local au Tchad.
123
5.5.4. Les différents types des foyers 5.5.4.1.
Les foyers améliorés
Au Tchad, les actions menées dans la vulgarisation des
foyers améliorés sont l'émanation des autorités
tchadiennes et les ONG qui exercent dans ce secteur, notamment l'AEDE. Cette
dernière était focalisée sur la problématique de la
consommation de bois de chauffe qui est une cause principale de la
dégradation de l'environnement. Le foyer amélioré est
fabriqué soit en métal ou à moitié en terre
battue.
Cliché : Nguézoumka/2010
Photo 14. Foyer NAFACAMAN
Le NAFACAMAN est un foyer mixte purement
métallique. D'après les tests des cuisines
contrôlées, effectuées en collaboration avec la direction
de l'énergie qui ont emmené à opter pour cette gamme de
foyers. Le NAFACAMAN économise plus de 40% d'énergie. Il est
vendu à 3000 f CFA.
124
Cliché : Nguézoumka V /juillet 2010
Photo 15. Foyer amélioré à
usage bois de chauffe
Ce type de foyer est aussi purement
métallique et utilisé uniquement pour le bois de chauffe. Il est
aussi économique en consommation de d'énergie et permet la
cuisson rapide des aliments. Comme le foyer NAFACAMAN, ce foyer est
fabriqué localement par les soudeurs de la place et vendu dans les
marchés de la ville de N'djamena.
Cliché : Nguézoumka/juillet
2010
Photo 16. Foyer SEWA
Le SEWA est composé extérieurement
par le métal et intérieurement par l'argile, qui après la
cuisson conserve une forte chaleur permettant de chauffer de l'eau. Il est
uniquement utilisé pour le charbon de bois et permet d'économiser
plus de 50% de charbon.
125
5.5.4.2. Les foyers traditionnels Fermé ou
à trois pierres
Ce sont ceux les plus répandus dans les ménages
traditionnels de l'Afrique subsaharienne, en particulier au Tchad, et
même dans la capitale. Les foyers traditionnels à trois pierres
et/ou fermé sont les plus anciens utilisés dans les familles,
même si aujourd'hui ils tendent à disparaître au
détriment des foyers « modernes ». Ils ont toujours leurs
place dans les ménages, ils se présentent comme équipement
le plus accessible à tous les ménages, sauf si pour des raisons
à préférence à un autre équipement. Lors de
nos enquêtes, nous avions trouvé que presque tous les
ménages en disposent. Ceux qui utilisent les équipements modernes
tels que le réchaud à pétrole ou à gaz, l'utilisent
toujours en cas de rupture, ou comme équipement d'appui.
Cliché : Nguézoumka V. /juillet 2010
Photo 17. Foyer traditionnel fermé
Le foyer traditionnel fermé ou le foyer
traditionnel à trois pierres est un foyer obtenu à partir
d'argile. Le foyer traditionnel fermé semble plus économique que
celui à trois pierres à cause de sa forme, limitant le gaspillage
du bois. Avec le foyer traditionnel fermé, on ne peut introduire le bois
qu'en un seul sens, tandis que celui à trois pierres peut prendre le
bois en trois endroits.
5.6. Autres sources d'énergie
domestique
En plus des principales sources d'énergie citées
précédemment, il existe certaines sources dont l'utilisation
devient de plus en plus importante. Ce sont les dômes et la bouse de
vache qui sont vendus dans les marchés des quartiers
périphériques de la ville de N'djamena. Les dômes sont
collectés dans le zone rurales autour de la ville de N'djamena par les
commerçants exerçant aussi dans la vente des autres combustibles
tels que le bois de chauffe. Ils les acheminent à partir des charrettes,
quelquefois avec le bois et certains produits vivriers. Les dômes de
derrière rouge sont ceux dont on n'a pas encore consommé ou
décortiqué (photo 19a). Ils sont cueillis directement des
palmiers. Tandis que ceux de dernière noire (photo 19b) sont ceux
consommés, car ils sont charnus et comestibles.
126
a b
Cliché : Nguézoumka V./juillet 2010
Photo 18. Dômes en vente au marché
central (N'djamena)
Sur la photo 18, la première photo
représente les tas des dômes vendus sur des petits sacs au
marché central. Les dômes sont l'un des combustibles de cuisine
les plus économiques. Ils ne consument pas rapidement d'un seul
coût et quelques morceaux suffisent pour faire la
cuisson.
5.7. La situation énergétique dans les
ménages après la mesure d'interdiction de coupe de bois vert et
de fabrication du charbon de bois
La mesure prise par le gouvernement interdisant la coupe de
bois vert et la carbonisation, a changé la fréquence
d'approvisionnement des ménages
127
et les types d'équipement en énergie domestique.
Les combustibles utilisés avant la mesure comme sources principales sont
devenu sources secondaires.
Lors de nos enquêtes, nous avions rencontré des
ménages qui avant cette mesure utilisaient le charbon de bois comme
combustible principal et le bois de chauffe comme secondaire ont
renversé la tendance ces deux dernières années
(2008-2010). D'autres ont une fois enlevé le charbon de bois dans leur
utilisation énergétique, ils l'achètent en détail
juste pour des besoins de repassage des habits.
Suite à la crise des combustibles traditionnels
(charbon et bois de feu), les ménages se rabattent de plus en plus aux
nouvelles sources d'énergie ou les énergies conventionnelles
(pétrole lampant et le gaz butane). Le pétrole lampant n'est plus
utilisé seulement pour l'éclairage, mais aussi dans la cuisson
des aliments. Quant au gaz butane, la demande devient de plus en plus
importante.
5.7.1. L'évolution des prix des
combustibles
Le prix des combustibles énergétiques a
grimpé autant que leurs équipements. L'évolution des prix
du bois-énergie a globalement suivi celle de la vie en
général et des produits alimentaires en particulier. Le recul des
formations forestières et l'éloignement des zones de production
exercent une pression sur les prix du bois-énergie. La taille et le
poids d'un tas de bois ne sont pas bien définis et varient en fonction
du prix de bois de feu sur le marché. En 1990, le prix de bois
était en moyenne de 17,5 f CFA par Kg. Et le prix moyen de vente au
détail du charbon de bois à N'djamena était de 45 f CFA
par kg en 1990. Selon l'enquête faite par l'AEDE en 2001, les prix du
bois de feu et du charbon de bois s'augmentent de 4% par an en moyenne.
Cependant les combustibles ligneux a connu ces deux dernières
années (2008-2010) une hausse importante au niveau des prix à
cause des mesures prises par le gouvernement tchadien contre la coupe du bois
vert et la fabrication du charbon de bois.
128
Entre 2002 et 2004 les prix du bois de chauffe ou du charbon
de bois variaient entre 50 et 100 f CFA. Ces mêmes quantités de
combustibles ont doublé entre 2005 et 2008, l'année
d'interdiction de coupe de bois vert par l'Etat. Et depuis fin d'année
2008, plusieurs ménages se sont confrontés au problème
d'approvisionnement en énergie domestique. Les commerçants, pris
par la peur d'être amandés ont cessé leur activité
de vente de bois pendant trois à quatre mois avant de reprendre. Pendant
cette période, un morceau de bois d'une longueur de 1,5m peut s'acheter
à 1000f. Actuellement, les prix des tas du bois de chauffe et du charbon
de bois sont compris entre 250FCFA et 500F CFA (les tas de 100 à 200 F
avant la mesure), et 1 sac de charbon est à 15000F CFA. Il faut
préciser que l'utilisation de charbon de bois n'est pas interdite, mais
par contre sa fabrication. Les charbons vendus dans la ville de N'djamena sont
en provenance du Cameroun voisin.
L'évolution des prix de pétrole présente
des variations interannuelles importantes. Sur la période de 1988-2001,
son prix a augmenté de 6% par an en moyenne26 (AEDE, 2001).
De 1994 à 2002 le prix de pétrole variait entre 300 et 400 F CFA,
en 2005 il était à 500 F CFA et depuis 2008, le prix du
pétrole lampant sur le marché informel varie entre 500 et 600 F
CFA. Cette augmentation est due à la forte consommation, car la mesure
d'interdiction de coupe de bois vert a obligé les ménages
à utiliser le pétrole lampant comme combustible de cuisson et
pour l'éclairage. Le réchaud à pétrole a connu en
même temps une augmentation de prix sur le marché (entre 5000 et
10000F CFA).
Dans l'hypothèse où il existerait des
réchauds à pétrole, le coût de consommation serait
deux fois plus élevé que la cuisson au bois. Dans ce cas, le
pétrole lampant n'est pas concurrentiel avec le bois, mais peut
être avec le charbon de bois qui est devenu très cher sur le
marché.
Quant au gaz butane, il est le combustible qui est aujourd'hui
grâce à la subvention, le produit qui le moins augmenté. Au
prix d'une lourde subvention, alimentée par le Fonds Gaz, le gaz butane
est un combustible
26 AEDE, 2001. Projet Energie
Domestique.
129
compétitif. Les équipements gaz
représentent toutefois un investissement relativement lourd (entre 17000
et 20000 F CFA pour la bouteille de 6 kg et 35000 F pour la bouteille de 12
kg), ce qui constitue un obstacle pour de nombreux ménages. Cela
explique la forte croissance de la consommation et de la demande, malgré
les pénuries fréquentes de gaz sur le marché qui tendent
à freiner son développement.
Tableau 18. Evolution des prix des
combustibles
Combustibles
|
Prix (FCFA) avant la
mesure d'interdiction de coupe de bois vert et de
carbonisation
|
Prix (FCFA) après la
mesure d'interdiction de coupe de bois vert et de
carbonisation
|
Bois de chauffe
|
200f/tas
|
500f le tas
|
Charbon de bois
|
150/tas et 50010f le sac
|
250f le tas et 15000f le sac
|
Pétrole lampant
|
500f/litre
|
650f le litre
|
Gaz butane
|
2300f/bouteille de 6kg
|
2500f/bouteille de 6kg
|
Bouse de vache
|
Pas trop vendu
|
1000f le sac
|
Dômes
|
Pas trop vendu
|
500f le tas
|
Electricité
|
83f/kWh
|
83f/kWh
|
Source : Enquête de terrain/juillet 2010
Les prix des combustibles ligneux se sont grimpés ces
deux dernières années sur le marché. Les prix ont
quasiment doublé. Le tas de charbon de bois de 200 f avant
l'interdiction est vendue actuellement à 500 f.
Quant au pétrole lampant et le gaz butane, les prix ont
juste légèrement augmenté. Le pétrole a
augmenté de 500 f à 650 f le litre et le gaz de 2300 f à
2500 f. Cependant, il faut noter que le prix de gaz est illégal par
rapport au prix fixé par le PNG. Ce sont des énergies
conventionnelles dont l'Etat promouvait l'utilisation afin de lutter contre la
désertification.
La bouse de vache et les dômes étaient
utilisés avant la mesure pour la fabrication des briques cuites, mais
ils sont déjà utilisés par les ménages pour la
cuisine. La bouse de vache est collectée et vendue à 1500f le sac
et les dômes sont vendus à 250 f le tas.
L'électricité n'a pas connu une augmentation,
parce que bien avant l'interdiction du charbon de bois, moins de ménages
l'utilisent pour la
130
cuisine. Ceux qui sont connectés au réseau
électrique préfèrent d'autres sources. Pour la cuisson.
L'électricité est vendue par la STEE entre 83 et 201 F CFA le
KWh. La consommation d'un ménage moyen est environ 20000 FCFA par mois.
Ce combustible coûte cher, l'accès à ce bien n'est pas
donné à n'importe qui. Or, dans le milieu urbain,
l'électricité est une nécessité. Elle apporte un
confort certain aux citadins tel que l'utilisation des appareils
électriques (réfrigérateur, ventilateur, la
télévision, les postes récepteurs, etc.) et pour
l'éclairage.
Par comparaison des coûts des combustibles, le gaz
butane est à l'heure actuelle le combustible le moins cher à
l'utilisation même si le coût d'équipement n'est pas
à la portée de tous les ménages. Le bois de chauffe, bien
qu'étant le combustible habituel des populations est extrêmement
cher. Les ménages s'en approvisionnent par tradition ou par habitude,
sans chercher le mieux. Donc, les coûts du gaz et du pétrole
lampant sont compétitifs au coût d'utilisation du bois.
5.7.2. La gestion des combustibles domestiques face
à la montée du coût d'approvisionnement
Face aux différents coûts d'approvisionnement en
énergie domestique, les ménages s'organisent à avoir au
moins deux ou trois équipements.
D'une manière générale, plus
particulièrement dans le 3ème arrondissement, les principaux
combustibles ou équipements utilisés sont : le réchaud
à gaz, le réchaud à pétrole et le bois de chauffe
utilisé par le foyer amélioré ou le foyer traditionnel
à trois pierres. En plus de ces trois principaux combustibles
utilisés, la consommation du charbon de bois n'est pas à
négliger, il est utilisé dans certains quartiers tels
qu'Ambassatna et Ardep-djoumbal.
Avant la mesure d'interdiction de coupe de bois vert et de
carbonisation, la quasi-totalité des ménages à N'djamena
avaient pour principale source d'énergie le charbon de bois. Lors de nos
enquêtes de terrain, 70% de ménages déclarent que leur
fréquence d'utilisation du charbon était tous les jours (pour
ceux qui achètent en détail) avant cette
131
mesure. Cependant depuis la fin de l'année 2008, ils
l'utilisent seulement deux à trois fois par semaine.
Pour le bois de chauffe, il est utilisé comme principal
combustible dans certains ménages et aux préparations habituelles
de repas pour le ménage ; dans d'autres ménages, il n'est
utilisé que pour le chauffage de l'eau pour le bain et les
préparations des plats spéciaux. Les ménages l'utilisent
plus sur les foyers traditionnels à trois pierres qui semblent
être à la bourse de tous. Par contre le foyer
amélioré n'est pas à la portée de tous les
ménages (5000F CFA), d'autres ne disposent par préférence
à un autre équipement. Dans certains cas, les ménages
préfèrent le bois de chauffe, pas par manque de moyen mais juste
par habitude à l'utilisation de cette source.
Le réchaud à pétrole sert plus à
la préparation du thé, omelette. Le foyer à trois pierres
est utilisé notamment pour la préparation de la boule ou en cas
de rupture en gaz. Le réchaud à gaz semble être
l'équipement idéal pour bien de ménages. Ils le trouvent
pratique et très économique en termes d'argent et de temps.
Cependant, le réchaud à gaz présente une contrainte pour
les ménages de grande taille, car ils ne peuvent préparer une
grande quantité de nourriture, surtout que le plat principal des
familles africaines se résume à la pâte de mil
communément appelé la « boule ».
Le réchaud à pétrole, bien que moins cher
comparé au réchaud à gaz, n'est pas tellement confortable,
car salissant pour les marmites, provoque parfois la fumée et
l'entretien est difficile. Quant au foyer amélioré, il est mal
connu par manque de sensibilisation, et le prix n'est pas à la
portée de tous les ménages.
Tableau 19. Répartition d'usages des
combustibles par les ménages a) 1er cas
Sources d'énergie
|
Utilisations
|
Gaz
|
Préparation habituelle de repas pour le ménage
|
Pétrole lampant
|
Préparation des petites consommations alimentaires
(thé, café, lait, omelette...)
|
Bois de chauffe
|
Chauffage de l'eau pour le bain
|
132
b) 2ème cas
Sources d'énergie/Equipements
|
Utilisations
|
Bois de chauffe
|
Préparation habituelle de repas pour le ménage et
chauffage de l'eau pour le bain
|
Gaz
|
Préparation des plats spéciaux
|
Charbon de bois
|
Repassages
|
Source : enquête de terrain/ juillet 2010
5.7.3. Les avantages et inconvénients des divers
combustibles
D'une manière générale, les
ménages préfèrent le bois de chauffe, parce qu'ils
trouvent l'accès est facile. Mais il faut ramasser ou acheter une grande
quantité de bois pour faire le repas d'une journée. Et le bois
est lourd, laisse beaucoup de cendre et crée la fumée.
Quant au pétrole, il présente une odeur
indisposant que beaucoup de femmes ne supportent pas l'utilisation. C'est
pourquoi certaines femmes ont trouvé comme moyen le plus pratique, le
gaz. Elles le trouvent moins fatigant, et même moins cher pour la
cuisson. En outre le gaz ne fait pas de fumées pour noircir les
casseroles, ni les murs, non plus mal à la gorge comme en bois de
chauffe. Cependant, le gaz nécessite une attention pour l'utilisation de
son équipement. Le caoutchouc reliant la bouteille et le réchaud
ne doit pas être en mauvais état, sinon en cas d'un trou, le gaz
peut s'échapper.
Comme nous avons ébauché ci haut chaque
combustible a ses avantages et ses inconvénients. Les
appréciations des combustibles sont fonction des équipements
utilisés.
5.7.4. Les suggestions
Nous suggérons ici quelques points incombant d'une part
les services étatiques et la société en charge de
distribution de l'énergie et d'autre part tous les consommateurs. Ceci
dans le but d'améliorer les conditions d'approvisionnement des
ménages en énergie. Il s'agit :
133
- D'assurer la sécurité d'alimentation de la
ville de N'djamena en produits pétroliers, principale source
d'énergie ;
- D'assurer un développement harmonieux des
infrastructures énergétiques pour le desserrement des quartiers
isolés de la ville, et plus précisément les quartiers du
troisième arrondissement qui constituent le noyau central de la ville de
N'djamena.
Un travail de sensibilisation doit être également
fait sur les sources d'énergie nouvelle et renouvelable qui se
présentent actuellement comme une solution indispensable pour
résoudre le problème d'approvisionnement en énergie dans
les pays sahéliens comme le Tchad. Comme pour le gaz butane, l'Etat doit
subventionner les équipements de ces nouvelles sources d'énergie
afin de faciliter l'accès à la majorité de population.
La mise en valeur d'une politique de développement du
secteur de l'énergie doit prendre en compte les problèmes
environnementaux et leurs conséquences.
Un effort doit être fait par le gouvernement pour
assurer la disponibilité et l'accessibilité des sources
d'énergie dans la ville de N'djamena. Parce qu'il existe des quartiers
qui ne disposent même pas des lieux d'approvisionnement en gaz. Si nous
prenons le cas de la société Total qui distribue environ 200
bouteilles de gaz de 6 kg par station et par jour, alors que la moyenne des
clients s'élève à 700 par jour et par station. Donc il y a
un véritable problème de l'insuffisance des sources
d'énergie.
Dans le secteur de l'énergie électrique, la
société chargée de distribuer l'énergie doit
chercher à renforcer sa capacité de production et
améliorer la technique de gestion de ses équipements. Pour cela,
les SIG se présentent comme un outil nécessaire pour le suivi de
l'extension du réseau et de son fonctionnement. Les SIG peut permettre
à la STEE d'analyser le degré de connexité et de
connectivité de son réseau, ainsi que la répartition
spatiale des équipements. Ceci pour permettre de connaitre les quartiers
les plus desservis. Le problème de la piraterie tant
déploré par les responsables de la STEE dans le troisième
arrondissement est dû d'une part au non maîtrise
134
des équipements du réseau et de la situation
géographique de certains clients. Pour cela une base de données
SIG peut aider l'entreprise à répertorie, identifier et
gérer ses clients par zone, quartier et arrondissement. Dans le
troisième arrondissement où nous avions mené notre
étude, il y a un problème d'effectif numérique des clients
par poste qui se pose, parce que l'entreprise ne maîtrise pas le nombre
exact de ses clients par poste. Ce procédé facilite les
échanges et les interactions entre les acteurs et les lieux d'action. En
outre de ces suggestions il faut ajouter la bonne gouvernance et la bonne
conscience de tous les acteurs qui interviennent dans ce secteur.
135
|