L'approvisionnement des ménages en énergie dans la ville de N'Djamena: cas du troisième arrondissement( Télécharger le fichier original )par Vincent NGUEZOUMKA KEBMAKI Université de Ngaoundéré, Cameroun - Master de Recherche en Géographie 2010 |
CHAPITRE 2. DE LA SOCIETE TCHADIENNE D'EAU ET D'ELECTRICITE(STEE) 2.1. Historique et organisation 2.1.1. Historique de la STEE La Société Tchadienne d'Eau et d'Electricité a subit de transformations et de restructuration à plusieurs reprises dont la dernière date du 3 avril 2010. Elle était au départ l'Energie Electrique de l'Afrique Equatoriale Française (EEAEF) créée en Avril 1949 à Brazzaville au Congo. Le capital de cette société était de 100 millions de F CFA7 reparti entre six (6) actionnaires : - Les territoires de l'Afrique Equatoriale Française (AEF) 34% ; - L'Electricité de France 17% ; - La Caisse Centrale de Coopération Economique (CECE) 17% ; - Les collectivités AEF et les privés 10% ; - En fin les distributeurs particuliers d'électricité 18%. L'EEAEF avait pour rôle la production, le transport et l'utilisation d'énergie électrique. Son siège était à Brazzaville. Ensuite elle change de nom suite aux indépendances des pays membres de l'AEF. L'Assemblée générale extraordinaire procède à une nouvelle dénomination, l'EEAEF devient Société Equatoriale d'Energie Electrique (SEEE). Certains pays membres de l'AEF commencèrent à créer des sociétés nationales d'énergie électrique ; ainsi le capital de la SEEE se voit affecté à ces sociétés nationales et subit une diminution de 14 420 000 F CFA8. Cette baisse est due à l'installation d'une entreprise nationale d'eau et d'électricité au Gabon puis au Congo Brazzaville en 1966. Suite à cette dislocation, les deux pays restant, à savoir le Tchad et la RCA décident de créer à leur tour leurs entreprises autonomes d'énergie. Et les Assemblées Générales successives des 12 et 21 Décembres 1968 accordent 7 Madjigoto R., Beassem M., 1993. La STEE, son impact sur la vie à N'djamena : cas des quartiers Moursal et Sabangali. Mémoire licence. Université du Tchad. 49p 8 Idem 41 l'ensemble des biens des droits et obligations relatifs aux exploitations de la RCA et du Tchad à des sociétés nationales récemment créées. C'est ainsi que la Société Hydro-électrique de Boali (SHB) pour la RCA et la Société Tchadienne d'Energie Electrique (STEE) pour le Tchad ont été créées. Elles gèrent désormais l'eau et l'électricité dans leurs pays respectifs. La STEE a pour but la production, le transport, la distribution et l'utilisation de l'énergie électrique ainsi qu'éventuellement l'adduction et la distribution de l'eau dans la République du Tchad. La nouvelle société démarre avec un fond de 1 000 000 F CFA souscrite par la STEE et l'Etat Tchadien. Puis une Assemblée Générale extraordinaire tenue le 28 Décembre 1968 à Fort-Lamy (actuel N'djamena) décide d'augmenter de 237 millions de Franc CFA. Ce qui porte le nouveau capital de la société à 238 millions de Franc CFA. Dès 1974, les autorités nationales et les responsables de la STEE envisagent une fusion de la société et les régies d'eau et d'électricité pour simplifier et rendre plus efficace la gestion et la comptabilité. Mais c'est seulement à partir du 1er Novembre 1983 que le projet de fusion devient réalité. Ainsi, le 8 Septembre 1985, la Société Tchadienne d'Energie Electrique prend officiellement le nom de la Société Tchadienne d'Eau et d'Electricité. La STEE de N'djamena et les régies d'eau et d'électricité des provinces mettent en commun leur système de gestion qui était autonome dans chaque centre. La nouvelle société a vu son capital augmenté de 238 millions à 4 989 490 000 F CFA réparti entre l'Etat Tchadien à 81,3% et la Caisse Centrale de Coopération Economique 18,7%9. Elle est une société industrielle d'économie mixte à deux régimes : - Un régime de concession relatif à la production et à la distribution de l'électricité à N'djamena. - Un régime de gérance relatif : 9 Banque Mondiale, 1994. Tchad : revue du secteur de l'énergie. 72p 42 . À la production et à la distribution de l'eau et l'électricité à Abéché, Bongor, Doba, Fianga, Kélo, Mao, Moundou, Moussoro, Sarh. . À la production et à la distribution de l'eau à N'djamena. La STEE jouit du monopole de production, de transport, de distribution et de l'utilisation de l'énergie électrique et de l'eau dans la République du Tchad depuis 1985 jusqu'à ce jour. Cependant, le 3 Avril 2010, suite à une assise tenue par le conseil d'administration de l'entreprise (STEE), celle-ci vient de connaitre une scission en Société Nationale d'Electricité (SNE) et la Société Tchadienne d'Eau (STE). Pour l'instant cette division n'est que théorique, mais pratiquement elles sont fusionnées. 2.1.2. Organisation de la STEELa STEE est une société industrielle et non commerciale comme beaucoup le pense10, parce qu'elle produit grâce au financement de l'Etat et des recettes obtenues sur la consommation des clients. Elle a des partenaires qui sont des bailleurs de fond tels que BAD (Banque Africaine de Développement), la FAC (Fond d'Aide et de Coopération), le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), autrefois la Vivendi et des bailleurs de fond allemands. La STEE déplore le désengagement de ces bailleurs ces dernières années. En outre de ces bailleurs, l'Etat et la STEE ont signé un contrat-plan avec la Société SAUR/Afrique pour un vaste programme de réhabilitation des outils de production, de gestion et l'instauration de l'équilibre financier. Il faut noter aussi que la STEE a un organigramme bien structuré. 2.1.2.1. Organigramme de la STEE Direction Générale : - Un Directeur Général a à ses cotés un conseiller, un Audit Interne et un contrôle de Gestion. Il a son secrétaire, des planctons et des chauffeurs. 10 Propos du chef de la centrale STEE. 43 - Un Secrétariat Général dont plusieurs directions en dépendent, notamment : . La Direction Financière et de Commercialisation (DFC) qui s'occupe des affaires financières de la Société. Elle a une DFC adjointe ; . La Direction de commercialisation (DC) ; . La Direction Technique d'Electricité (DTE) ; - Un Bureau d'Etude et Recherche (BER) lié à la Direction de Production d'Electricité (DPE) et à la Direction de Distribution d'Electricité (DDE). - La Direction de l'Hydraulique (DTH) : avec des sous directions comme la Supervision Hydraulique (Sup H), la Direction de Production Hydraulique (DPH) et la Direction de Distribution Hydraulique (DDH). - Direction des Services Généraux : qui s'occupe tant de la société que du personnel de la société. - Direction de l'Informatique (DI) : qui s'occupe de la gestion informatisée de l'entreprise. - La Direction des Ressources Humaines (DRH) : qui se charge de la gestion du personnel. De ces directions, dépendent bien d'autres services dont nous pouvons voir sur le schéma de l'organigramme.
SG
D P E D D E D F C A Sup H
B E R Figure 4. Organigramme de la STEE Source: STEE 45 2.2. Production et distribution de l'électricité La STEE jouit du monopole de production, de distribution et de l'utilisation de l'énergie électrique au Tchad. L'un de ses objectifs est de fournir de l'électricité sur toute l'étendue du territoire national en tant qu'entreprise d'Etat. Le parc de production d'électricité se compose de 4 centrales : - La centrale de N'djamena de 22 MW - La centrale de Sarh de 6,2 MW - La centrale de Moundou de 1,7 MW - La centrale d'Abéché de 0,9 MW 2.2.1. Production L'énergie électrique produite par la STEE est d'origine thermique ; c'est-à-dire qu'elle est produite à partir des groupes dont la capacité totale de production est de 22 MW (pour la centrale de N'djamena). Elle dispose 17 groupes à la centrale de N'djamena dont 11 seulement fonctionnent normalement avec une capacité productive de 12,5 MW, ceci pour diverse raisons (problème de refroidissement, de révisions de certains moteurs et de rechange des pièces dont les commandes parviennent de l'extérieur). Et la nouvelle centrale de Farcha, elle ne dispose que 3 groupes. En effet, le département production s'occupe de la production qui est par la suite envoyée au niveau du réseau, c'est-à-dire au département de distribution. Et c'est à ce dernier d'organiser la distribution chez la clientèle. Les groupes produisent environ 180000 KWh pendant 24h, et distribuent environ 160000 KWh. Chaque groupe dispose d'un compteur sur lequel on prélève la production. Les relevés des compteurs se font chaque matin à 7h pour voir la production d'une journée d'un groupe, c'est-à-dire les groupes fonctionnent de 7h à 7h. Après 24 000 heures de travail, un groupe doit être révisé, soit tous les 2 ans en moyenne. Mais comme les groupes ne tournent pas chaque jour et en 24h/24, la révision de ces groupes peuvent s'étaler à 46 3 ans. Exemple : la production des groupes entre 7h du 25/07/10 et 7h du 26/07/10 est de 187 190 KW. Cette production varie en fonction des temps de fonctionnement de ces groupes. La STEE a mis sur place des équipes chargées de relever les compteurs de productions reparties comme suit : - La 1ère équipe travaille de 6h à 14h - La 2ème équipe de 14h à 22h - Et la 3ème de 22h à 6h Il faut noter aussi que chaque groupe a un alternateur qui envoie de l'énergie réactive au niveau des postes de transformation (Abaisseur de tension) avant d'arriver chez les consommateurs. Les groupes PC ont une tension de 5500 volts au primaire et 15000 volts au secondaire, ceux de MBH 10500 volts et les Mitsubishi 400 volts. Production d'électricité de 1968 à 1977
Années Productions Source : Département production STEE Figure 5. Production de l'électricité de 1968 à 1977 La production de l'électricité a connu des périodes d'alternation au début des années 60 et 70. L'année 1968 marque l'année de dislocation de la SEEE (Société Equatoriale d'Energie Electrique) qui rassemblait un certains nombres des pays d'Afrique Equatoriale Française. C'est après cette dislocation que le Tchad se trouve entrain de gérer lui-même la nouvelle 47 nationale créée pour la distribution d'eau et d'électricité. La production était basse à cette année, elle était de 24 132 KWh. Elle a connue une augmentation importante de 1968 à 1973 (figure 5). La production de l'énergie électrique était plus ou moins stable de 1973 à 1975 avant de chuter à partir des années 76 et 77. Cette chute de production peut s'expliquer d'une part par des moments de troubles politiques (coups d'Etat) qu'a connus le pays, et dont le contrôle de sa gestion échappait à l'entreprise et à l'Etat dont il est le premier actionnaire. Et d'autre part le coût de production était très cher à l'entreprise à cause de l'enclavement du pays. Tableau 9. Production d'électricité (en milliers de KWH) De 2001-2009
Source : Département production STEE Nous constatons sur le tableau 9 que la production de la STEE se note en termes de millions de kWh depuis 2001 sauf en 2008 où la production a baissé. En comparaison de la production des années 68 à 77, il y a eu un grand décalage. Les productions annuelles de la STEE ont doublé voire triplé dans certaines années. Ceci est du à la croissance urbaine, plus précisément à la population de la ville de N'djamena. Pendant cette décennie nous constatons quatre années médianes de la production qui traduisent également la demande excessive des ménages en énergie. Ce sont les années 2005, 2006, 2007 et 2009. L'augmentation de productions en ces années peut s'expliquer par celle du niveau de vie des salariés due à l'exploitation du pétrole. Cependant en 2008 l'entreprise a connu une baisse de production à cause des différents
problèmes qu'elle a rencontrés 48 relevées dans la production de la STEE et sur la baisse de nombre des abonnés. 2.2.2. Distribution de l'électricité L'énergie électrique comme de l'eau potable est produite et distribuée par la STEE. Comme nous l'avions souligné ci-dessus, la ville de N'djamena est alimentée par une centrale thermique installée au centre ville. La ville de N'djamena est desservie par deux types de réseau : le réseau moyenne tension d'environ 147 km et le réseau basse tension d'environ 368 km11. L'électricité est produite au niveau des groupes, par la suite portée loin par des transformateurs installés à plusieurs endroits de la ville. Ces postes servent d'alternateurs entre les consommateurs et l'usine productrice d'énergie. Elle est distribuée par réseaux aériens sur poteaux (en fer, bois, ou béton) et par réseau souterrain. Le réseau s'appui sur environ 150 postes, la conduite d'électricité est faite grâce aux câbles tendus entre les poteaux. Pour une ville en pleine croissance, les infrastructures sont insuffisantes pour remédier aux problèmes d'énergie électrique. Ce qui fait que les quartiers desservis en électricité sont localisés au centre ville. 2.3. L'alimentation en gasoil Les moteurs de la STEE consomment le gasoil pour leur fonctionnement. Un moteur thermique ne peut produire de travail que s'il y a la combinaison de l'air avec le gasoil soumis à la transformation afin de produire la combustion. Cette combustion provoque une montée de pression des gaz et crée la force mécanique qui est très utile à l'exploitation. Il est évident que le rendement du moteur dépend de la qualité de combustion. La formule de la combustion parfaite montre que : pour faire brûler 1g de gasoil il faut 3,52g d'air en respectant cela, on aurait évité la pollution. D'après la centrale, le gasoil livré par la société AL MANNA est de bonne qualité. 11 Données prises auprès du chef de département distribution STEE. 49 2.4. Les handicaps de la STEE 2.4.1. Les problèmes de production et de distributions de l'électricité La production d'électricité à N'djamena est assurée uniquement par des centrales thermiques d'un temps révolu fonctionnant à base de gasoil exclusivement importé, alors que le pays est producteur de pétrole. Ces centrales implantées, ont une capacité de production en deçà de la demande exprimée par la population. La STEE dispose d'une centrale thermique d'une puissance de 22 MW, constituée de 17 groupes dont 9 seulement fonctionnent sans fournir leur puissance réelle à cause des difficultés que connait la centrale. Par ailleurs de nombreuses pannes affectent la production et certains groupes ne fonctionnent qu'au quart de leur possibilité annuelle. De nombreuses avaries surviennent sur les groupes et rendent l'outil de productions faillible. Les problèmes que connait actuellement la STEE de N'djamena sont aussi techniques que financiers. Certains groupes manquent de révisions générales, même si elles sont faites c'est seulement partiel (C'est le cas des groupes MBH 1 et 4). Ils doivent être révisés après 6000 h de travail, et déjà à 4000 h, la société doit prévoir la visite des moteurs. Mais compte tenu de problèmes de retard des moyens elle peut dépasser cette tranche. Cette irrégularité de révision est l'une des causes des arrêts des moteurs. Quant à la distribution de l'énergie, elle est assurée par des équipements qui ne relèvent pas quelquefois des normes. Le manque de contrôle et d'entretien de ces équipements constitue un problème pour la distribution fluide de l'électricité. Ces équipements sont d'autres part non maîtrisés par la société sur le terrain afin d'assurer leur maintenance. Tout cela constitue un véritable problème à la distribution de l'énergie électrique. 2.4.2. Le problème des arriérés Comme nous l'avons souligné ci haut, les clients de la STEE sont l'Etat, les sociétés et les particuliers. Ceux-ci ont des impacts importants sur 50 l'entreprise par leurs impayés. Les arriérés de ces clients pèsent par moment sur le budget de l'entreprise. Le problème des arriérés des particuliers (ménages) est lié à la conjoncture économique du pays. Les consommateurs n'ayant pas gagné leur salaire de fin de mois, ne sont pas à mesure de régler à temps leur redevance. Les arriérés s'accumulent et une fois le salaire reçu certains n'arrivent plus à payer en une seule tranche. L'Etat, premier consommateur de la STEE s'engage en faveur de certaines sociétés ou entreprises pour le payement de leur consommation de l'électricité, malheureusement, il n'honore pas toujours son engagement. Certains particuliers se réclament de l'Etat, ils occupent les logements étatiques (cas des quartiers Djambalbarh et Sabangali par exemple), reçoivent des indemnités pour régler leur facture, mais ils refusent de payer. La STEE se retrouve souvent à environ 300 000 à 6 800 000 F CFA de factures impayées par an12. Ce qui fait que l'entreprise fonctionne sur dette. 2.4.3. Les techniques de localisation et de maintenance Les techniques de localisation des équipements restent encore archaïques à cause des moyens techniques qui ne sont pas mis en jeux. L'entreprise dispose un bureau d'étude et de cartographie dont les outils utilisés ne facilitent pas la localisation des équipements. En cas de panne sur le réseau, l'agent ou le technicien doit maîtriser l'endroit où s'est produit le drame. Sinon il ne pourra pas retrouver le lieu. Le plan ou la carte du réseau n'est pas géoréférencé, c'est-à-dire obtenu à base des informations géographiques. Les équipements et les clients sont localisés à travers leur adresse comme : arrondissement, quartier, rue, numéro du carré etc. Dans le cadre de notre étude, nous allons numériser quelques équipements, tels que les postes de transformation et les points de livraison de l'énergie. 12 Information recueillie auprès du chef de facturation de l'électricité 51 Pour la maintenance, la STEE dispose des camions munis des échelles et des matériels tels que les pinces, les câbles électriques, les marteaux et des clés mécaniques pour ne citer que ceux là, qui lui permettent d'assurer la maintenance du réseau. En cas de panne sur le réseau, l'entreprise envoie une équipe de maintenance sur le lieu afin de résoudre le problème. Au moment du besoin, l'entreprise se trouve parfois confronté à la difficulté de moyen de transport, les camions de descente sur le terrain sont insuffisants et ceci devient une cause de retard ou de la lenteur de celle-ci sur le lieu de panne. En somme, ce chapitre nous a permis de connaître la société distributrice de l'électricité du point de vue historique, organisationnel, financier et technique. Il a permis de relater les différentes difficultés de la société et sa capacité de production et distribution. Comme nous l'avons mentionné, la STEE est une société industrielle d'économie mixte. Malgré les tentatives de privatisation, elle est restée toujours sous la tutelle de l'Etat tchadien. 52 CHAPITRE 3. LES MODES D'APPROVISIONNEMENT DES MENAGES EN ENERGIE ELECTRIQUE DANS LE TROISIEME ARRONDISSEMENT DE N'DJAMENA Dans la ville de N'djamena, les ménages utilisent plusieurs modes d'approvisionnement en énergie électrique ; nous avons l'énergie distribuée par la STEE, les groupes électrogènes et les panneaux solaires. A côté de ces modes utilisés, nous avons le pétrole lampant utilisé au moyen des lampes tempêtes et les lampes à batterie ou à piles pour des besoins d'éclairage. L'électricité et les groupes électrogènes sont utilisés par les ménages aisés. Ils sont financièrement couteux. La plupart des ménages se rabaissent à l'utilisation de pétrole lampant. Nous allons étudier dans cette partie de notre travail, les différentes sources d'énergie utilisées, leurs modes d'approvisionnement, les processus d'approvisionnement et les difficultés liées à leur accès. 3.1. Le secteur de l'énergie au Tchad Comme sur l'ensemble du pays, le secteur de l'énergie est faiblement développé. Fortement caractérisée par la consommation des combustibles ligneux (bois de chauffe, charbon de bois) qui représente plus de 90% de la consommation nationale, l'utilisation des énergies conventionnelles (produits pétroliers et électricité) occupe une part marginale dans le bilan énergétique national (à peu près 10%). Quand on parle de l'énergie conventionnelle, il s'agit ici des produits pétroliers utilisés par la population pour produire de l'énergie. La seule société qui a la charge de produire et de distribuer l'électricité reste encore la STEE (Société Tchadienne d'Eau et d'Electricité) au Tchad. Celle-ci produit et distribue l'électricité exclusivement à partir des centrales diésel consommant du gasoil importé des pays voisins. Les centrales dont la construction date du temps colonial sont actuellement vétustes et ne peuvent fournir le rendement escompté ; ce qui entraîne la chute de puissance dans la capitale. La dépendance de l'extérieur en gasoil et en pièces de rechange fait que le prix du KWh produit par la STEE est le plus cher de la sous région (200 f CFA). Le taux d'accès à l'électricité des 53 populations tourne actuellement autour de 1,1%. Le pays n'as pas de réseaux de transport d'électricité interconnecté entre les villes. Outre la capitale N'djamena qui utilise presque 80% de la production d'électricité dans le pays, on ne compte que six (6) autres villes et centres secondaires électrifiés disposant de réseaux de distribution indépendants. D'après la compagnie française ENERDATA (2005) qui est spécialisé dans les statistiques énergétiques, la part de l'énergie commerciale (6,4) dans la consommation totale d'énergie finale du Tchad est parmi la plus faible d'Afrique : Burkina (9,4%), Nigeria (14,1%), Cameroun (20,2%), Benin (26,5%), Soudan (32,9%), Côte d'Ivoire (36,3%) et Togo (41,2%)13. 3.1.1. L'accès à l'électricité L'électricité utilisée par seulement 1,1% des ménages au Tchad, varie dans la population de 4,8% en milieu urbain à 0,1 en milieu rural. A N'djamena, seulement 9% des ménages sont branchés. Sur les 84 agglomérations considérées comme villes, seuls 6 disposent d'un réseau d'électricité. Il y a bel et bien une demande pour l'électrification pour l'électricité au Tchad. Cette demande est satisfaite par des sources d'énergie inefficaces comme de petits groupes électrogènes qui souvent parviennent illégalement du Nigeria et des batteries de voiture. Une enquête menée en 1997 auprès de 100 ménages à Dourbali, localité située à quelques kilomètres de N'djamena, a pu trouver 11 groupes et 30 batteries de voiture. Ces sources coûtent très chères aux consommateurs et à l'Etat, parce que l'ensemble des éléments restent primaires et aléatoire avec aucune maitrise de maintenance, moins encore une étude de données dans ce domaine. 3.1.2- L'importance de l'électricité L'électricité est un facteur important de décollage économique d'un pays. Elle constitue la source d'éclairage, de fonctionnement des appareils électriques, et des productions industrielles. Le développement de l'électricité présente un grand atout pour le développement d'un pays, car sa 13 Direction de l'énergie. FED 2009 : Identification et formulation du projet d'amélioration des infrastructures d'énergie électrique 54 régularité permet d'assurer différentes activités. Le 21e siècle se présente comme un siècle de l'avancée technologique dont l'énergie électrique s'avère nécessaire. Depuis le début du 20ème siècle, la consommation d'énergie a évolué de manière importante. De 1930 à 1972, la consommation totale d'énergie était multipliée par 4,2, alors que celle de l'électricité était multipliée par 19,47. L'utilisation d'électricité dans le domaine de chauffage et de l'électroménager ne cesse d'augmenter. Au Tchad, celle-ci s'inscrit bien dans la politique de l'Etat pour la lutte contre la dégradation de l'environnement. C'est ainsi que, dans les ménages non connectés à la STEE, l'utilisation des groupes électrogènes pour pallier à cette situation déficitaire est régulière. L'énergie électrique joue un rôle de premier plan dans le développement, mais c'est dans l'industrie qu'elle trouve véritablement sa place. L'électricité a d'importance dans la médecine. Les hôpitaux utilisent l'énergie électrique pour besoins qui sont entre autres: la conservation durable des médicaments, la ventilation des salles d'opération afin de mettre les malades sous un climat favorable et pour l'alimentation des appareils. Le manque d'électricité peut causer la perte de vie humaine si les mesures ne sont pas prises. La permanence d'éclairage public peut réduire le taux d'insécurité, les cas de vols et agressions à main armée. Le manque de celui-ci donne libre occasion aux malfaiteurs d'entreprendre leur opération. L'éclairage public permet l'accès à des zones isolées. Dans ce chapitre, nous allons étudier les différents modes utilisés par les ménages pour procurer de l'électricité, ensuite voir les équipements de distribution de l'énergie électrique. 3.2. L'approvisionnement par réseau électrique 3.2.1. Le réseau électrique de la STEE dans le troisième arrondissement Le 3ème arrondissement est l'une des premières zones d'habitation de la ville de N'djamena, où les occupations d'espace remontent à la période coloniale. Il est caractérisé par une population dense et d'un habitat 55 structuré suivant le réseau viaire. L'énergie électrique la plus utilisée est le réseau de la STEE. Il faut noter que le nombre des abonnés s'élève à 3183 dans cet arrondissement (propos d'Abagana, chef de département facturation, 2010). Beaucoup de raisons expliquent la densité du réseau dans cette zone. En plus de la raison de l'ancienneté de l'occupation d'espace, il y a la situation économique qui confère à certains quartiers de la zone une plaque tournante des affaires. C'est le cas des quartiers Kabalaye, Ambassatna et Ardepdjoumbal où on trouve des multiples centres commerciaux regroupant les hôtels, les restaurants, les kiosques de photocopie et les centres multimédias. Sa particularité est aussi qu'il est constitué de quartiers résidentiels, un statut qui lui donne l'avantage d'être permanemment alimenté en électricité. Car la quasi-totalité des postes transformateurs dans cet arrondissement sont situés sur les départs prioritaires de la STEE (Départ 3 et 4), les départs de la ligne présidentielle et des grandes institutions. 3.2.2. Les abonnés de la STEE La ville de N'djamena a un taux d'accès très faible à l'électricité (12%) et a une centrale dont la capacité n'est pas à la hauteur de tous les ménages. Malgré ce taux, le nombre d'abonnés dans la ville de N'djamena a augmenté cette dernière décennie (2000-2010). Il est aujourd'hui environ à 14000 abonnés. La STEE a trois (3) catégories de clients qui sont par ordre de grandeur, l'Etat, les sociétés ou entreprises et les consommateurs à usage domestique. Elle les gère selon leur catégorie pour ce qui concerne les grilles tarifaires. Outre que l'Etat, les sociétés et les industries constituent des gros consommateurs de l'énergie électrique. Les sociétés industrielles utilisent généralement les forces motrices, donc ils absorbent directement l'énergie en moyenne tension (MT). Certaines de ces sociétés ont signé des contrats avec l'Etat pour le paiement de leur facture d'électricité, c'est ce qui pose problème entre ces sociétés et la STEE, parce que l'Etat n'honore pas toujours ses engagements. 56 Les consommateurs à usage domestique sont la catégorie la plus souffrante à cause des délestages qu'ils subissent tout le temps, sauf quelques ménages qui habitent les quartiers résidentiels, bénéficiant ainsi de leur statut. Voici le nombre des abonnés de la ville de N'djamena des huit dernières années dans le tableau suivant : Tableau 10. Nombre des abonnés de 2003 à juin 2010
Source : Direction commerciale de la STEE Nous avons récapitulé les nombres des abonnés de la STEE dans la ville de N'djamena des huit dernières années (2003 à juin 2010) afin d'analyser les facteurs contribuant à l'évolution de ces abonnés. Evolution des abonnés de 2003 à juin 2010 0 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 juin-10 4000 2000 20000
Source: Département facturation de la STEE Figure 6. Evolution des abonnés de l'électricité dans la ville de N'djamena de 2003 à juin 2010 La figure 6 présente la courbe d'évolution des abonnés de la STEE de 2003 à juin 2010. D'une manière générale nous constatons que la STEE a 57 connu des moments de baisse des abonnés sur cette courbe. Le nombre des abonnés a été réduit entre 2003 et 2004 et à partir de 2009 et juin 2010, alors que l'année 2008 est l'année la plus élevée en nombre d'abonnés. Qu'est ce qui peut expliquer ces variations des abonnés de la STEE au cours de ces années ? Les années 2003 et 2004 sont des années auxquelles la société a connu des petites troubles liées à son fonctionnement. Elle a subit une tentative de privatisation qui n'a pas abouti, et ceci a joué sur la prestation de la STEE à pouvoir servir sa clientèle. Cette situation s'est rétablie vers les années 2005 à 2008 avec l'exploitation du pétrole qui a fait augmenter le niveau de vie des populations d'une part et la construction de la centrale de Farcha a contribué également à l'amélioration de services de la STEE. Pour l'année 2009 et mi année 2010, la baisse des abonnés s'explique par les différentes opérations de déguerpissement qu'ont subit la population pour des causes d'utilité publique, ceci a fait perdre à la STEE une partie de ses clients. Les ménages déguerpis vont s'installer à la périphérie de la ville, là où les postes de la STEE n'y sont pas encore implantés. Ou ces ménages se trouvent dans l'insuffisance financière pour se réabonner, parce que leurs nouvelles résidences nécessitent de nouveaux investissements. 3.2.2.1. Le processus d'accès aux abonnements L'abonnement au réseau fait appel à l'ensemble des conditions fixées par la STEE pour la prestation de ses services et le contrat qui la lie à son client dans le compte de ses droits et devoirs, à savoir la livraison de l'énergie électrique et le payement des factures d'électricité par le client. La connexion d'un nouvel client se fait directement à la société. Aucun branchement via un autre abonné n'est autorisé. Le client est appelé à faire un raccordement direct au réseau en disposant un compteur chez lui. Pour souscrire un abonnement, le client s'adresse aux services de l'entreprise à travers une demande qu'il précisera ses coordonnées, c'est-à-dire son nom, son lieu de résidence (Carré, quartier, arrondissement, etc.), numéro de téléphone etc. Il doit préciser s'il demande un nouveau 58 branchement ou un renforcement d'un ancien branchement. En cas d'un nouveau branchement, sa demande est transférée du service d'abonnement au service d'exploitation et maintenance du réseau. Ce dernier demandera son avis du branchement, s'il veut un branchement à deux ou à quatre fils. Le client choisi le branchement en fonction de l'équipement de son ménage (s'il a des appareils électriques consommant beaucoup d'énergie). Le branchement à deux fils est conseillé aux ménages qui ne disposent pas des grands appareils électriques. - Par la suite l'entreprise envoie ses agents pour faire le constat du lieu, s'il correspond aux informations fournies par le client. - L'entreprise établit alors un devis, qui tient compte des équipements nécessaires au branchement (nombre de poteaux, la longueur des câbles, le compteur, etc.). C'est tout cela qui s'évalue en coût d'abonnement au Réseau. - Le client rempli des fiches de contrat d'abonnement, le liant à la STEE. Et l'entreprise fait lire les conditions de fourniture d'électricité et des branchements au client. Selon l'article 1 du règlement, la société fournit l'énergie aux conditions du cahier des charges à toute personne qui se conforme aux stipulations de la police d'abonnement. Cette dernière est une fiche sur laquelle sont inscrites l'adresse du branchement, adresse client ou mandataire, la nature, la longueur et le calibre du branchement, le numéro, la marque et le type du compteur, et bien d'autres informations complémentaires. C'est à l'issu de tout ces préalables que le client peut recevoir de l'électricité chez lui. Le coût d'abonnement au réseau dépend de nombre d'équipements, du type d'armement (Basse ou Moyenne Tension) et également de la distance du lieu d'interconnexion avec le voisin le plus proche. Généralement l'abonnement à des usages domestiques se fait par des branchements à deux ou à quatre fils selon la demande d'ampérage. 59 3.2.2.2. La facturation de l'énergie électrique La consommation à usage domestique est la moins importante de toute la clientèle de la STEE. Sa facturation est repartie en quatre tranches : - 1ère tranche = 30 kWh 83 F CFA le kWh - 2ème tranche = 60 h x PS 197 F CFA le kWh - 3ème tranche = 60 h x PS 177 F CFA le kWh - 4ème tranche = au delà 201 F CFA le kWh La STEE calcule les factures d'électricité en fonction de la catégorie du client (usage domestique ou usage industriel), de la puissance souscrite (prime fixe mensuelle par kWh), d'une taxe proportionnelle P par kWh, appliquée à la totalité de l'énergie consommée, et des taxes additionnelles pour usage non industriel de l'énergie, portant sur la prime fixe et sur la consommation correspondante à ces usages. Pour usage domestique et éclairage, nous avions trois types de puissance souscrite (P.S) selon les installations des ampérages : - 5A = PS - 10A = 2PS - 15A = 3PS Exemple : pour deux clients disposant 5A et 10 A et qui ont consommé chacun 200 kWh le mois, le calcul sera fait respectivement comme suit : - Pour 5A : 1ère tranche : 30kWh x 83 F CFA = 2490 F CFA 2ème tranche : 60h x PS x 197 F CFA = 11820 F CFA 3ème tranche : 60h x PS x 177 F CFA = 10620 F CFA 4ème tranche (le reste) : 50h x PS x 201 = 10050 F CFA Total : 34980 F CFA (Sans frais de location du compteur et du branchement) 60 - Pour 10A : 1ère tranche : 30kWh x 83 F CFA = 2490 F CFA 2ème tranche : 60h x 2PS x 197 F CFA = 23640 3ème tranche (le reste) : 50h x 177 F CFA = 8850 Total : 34980 F CFA (idem) Outre ces consommations brutes d'électricité, l'entreprise ajoute le coût de location du compteur et celui de l'entretien du branchement qui sont respectivement à 402 F CFA et 200 F CFA (Département recouvrement). 3.2.3. Les problèmes de délestages et de pirateries de l'énergie électrique Les délestages que subit la ville de N'djamena sont dus à plusieurs paramètres. Déjà en aval, les groupes que dispose la STEE n'ont pas une capacité à pouvoir fonctionner 24h/24, ceux-ci sont arrêtés de temps en temps pour permettre leur relancement. Les délestages sur le réseau de la STEE sont dus aux surcharges des branchements des clients. Les postes de transformation ont des capacités requises qui leur permettent de supporter un nombre limité de branchements, dépassés, ceux-ci (les transformateurs) se lâchent sous la contrainte. C'est le cas de poste T146 au quartier Ardep-djoumbal à l'Est de l'hippodrome qui est vétuste actuellement à cause de surcharge qu'il a subi. Dans certains cas, la STEE est obligée d'enlever certains départs pour permettre de diminuer la charge. Certains délestages sont les conséquences de la piraterie. L'Etat a fait grâce à certains de ses hauts cadres en leur livrant gratuitement sur son compte de l`électricité, mais ceux-ci deviennent à leur tour des distributeurs de l'électricité, ils distribuent au voisinage ou utilisent l'électricité à des fins commerciales (fabrication de glace, moulin etc.), tout ceci crée des délestages sur le réseau. Le réseau de piraterie ne sont pas facilement décelables, car 61 les câbles sont mis sous terre ou passés sous les toits. Ces clients privilégiés qui sont la plupart des éléments des forces armées nationales ne payent pas leur consommation et n'admettent pas subir le moindre délestage. Selon le Rapport de l'exercice 2003 de la STEE : « ces pressions se traduisent par des agressions, des menaces de mort (...) ». En cas de délestage liés à une panne sur le réseau, le service laboratoire détecte la ligne sur laquelle il y a la panne, ensuite le département de distribution envoie une section sur le lieu (celle dirigée par le Contrôle-maitre BT) pour la réparation. Cependant si la Société n'est pas saisie du problème de délestage ou de la panne, le client lui-même se rend à la Direction Commerciale afin qu'on puisse l'identifier à travers son adresse au niveau du Compte client. Et ce dernier saisi le service du réseau pour le problème. 3.2.4. Les équipements de production, de transport et de distribution de l'énergie électrique dans la ville de N'djamena Pour produire, transporter, et distribuer l'énergie électrique, la STEE dispose un certains nombre des infrastructures qui sont réparties dans la ville selon les besoins et la nécessité tout en respectant les normes d'urbanisme. Il faut noter que la STEE dispose en aval des machines à base desquelles elle produit de l'énergie électrique. Pour la distribution, la STEE dispose des lignes moyennes tension (MT) et les lignes basses tension (BT) ; en outre de ces équipements nous avons les postes de transformateur, les IACM (Interrupteurs Aériens à Commandes Mécaniques), les parafoudres et les disjoncteurs hauts de poteaux. 3.2.4.1. Les groupes de production Ce sont les moteurs que dispose la STEE pour la production de l'électricité. Les groupes que dispose la STEE sont les suivants : G3, MBH2, GHIT1, GMIT2, GMIT3, GMIT7, GMIT8, GMIT9, GMIT10, GMIT11. Actuellement le G3 se présente comme le plus vieux groupe de la centrale (installé vers les années 60). Leur production dépend du temps de 62 fonctionnement des groupes. Ils fonctionnent à base du gasoil importé du Cameroun et quelque fois du Nigeria. Cliché : Nguézoumka V. /juillet 2010 Photo 1. Groupe MBH Ce groupe MBH ne fonctionne plus par faute de rechange des pièces. Les pièces sont chères et en voie de disparition. Elles sont commandées de l'Allemagne, pays fabricateur de ce moteur. Les groupes MBH sont les plus utilisés au niveau des centrales de la STEE. 3.2.4.2. Les lignes Moyenne Tension (MT) Les lignes MT sont des lignes d'interconnexion des différents postes transformateurs dans la ville. L'énergie électrique produite au niveau de la centrale est livrée en moyenne tension sur les lignes MT vers les transformateurs qui sont placés selon le nombre d'abonnés. Elles quittent au niveau de la centrale en 7 départs qui vont vers la ville, et chaque départ aboutit à un transformateur. Chaque départ est un système triphasé conduit sur des supports à de très grandes hauteurs. C'est à partir des transformateurs que l'énergie moyenne tension est redistribuée en BT dans les ménages. Dans certains cas les lignes MT peuvent desservir directement les abonnés, si ceux ci utilisent une puissance de 100 kVa. Il faut noter que le réseau MT constitue le squelette même du réseau dans une ville de grande taille comme N'djamena. Comme nous l'avons dit, les lignes MT ont une tension moyenne de 15000 Volt et la longueur brute est environ de 147 63 km14. Nous avons deux voies conduisant le réseau MT : les lignes moyennes tension aériennes transportées sur des poteaux en fer, hauts d'environ 15 m (photo 2) et celles souterraines. Les lignes aériennes présentent des inconvénients, car exposées aux intempéries de la nature et dangereux pour des habitations dont les toits sont très bas. Cliché : Nguézoumka V. /juillet 2010 Photo 2. Ligne Moyenne Tension Ligne Moyenne Tension avec une petite dérivation en basse tension. C'est une ligne à double encrage. Les poteaux transportant les MT sont traversés de trois câbles, ils sont implantés le long des grands axes ou des boulevards de la ville. 3.2.4.3. Les lignes basses tension (BT) Les lignes basses tension sont des lignes qui desservent directement les ménages. Elles sont de l'ordre de 400 volts. Les lignes BT sont les plus nombreuses dans la ville de N'djamena, car l'utilisation des MT n'émane que des gros utilisateurs qui sont des grandes sociétés telles que les abattoirs de Farcha, l'aéroport, les éperviers pour ne citer que ceux là. Le réseau BT côtoie également les voies principales et quelques artères des quartiers de la ville. Les lignes basses tension prennent des formes géométriques plus ou 14 Données recueillies auprès du chef de département distribution 64 moins régulières dans certains quartiers tels que Djambalbar, Kabalaye et Sabangali dont les rues présentent une forme régulière. Tandis que les quartiers comme Ardep-djoumbal et Ambassatna qui disposent certaines ruelles en zigzag présentent une forme plus ou moins irrégulière des lignes basse tension. Cliché : Nguézoumka V. /juillet 2010 Photo 3. Ligne basse tension Le poteau électrique sur la photo 3 est un point de livraison de l'énergie dans trois ménages. C'est une ligne basse tension conduite sur un support en fer.les ménages voisins peuvent utiliser être desservis par un même support. 3.2.4.4. Les postes de transformateur On en trouve trois sortes : postes cabines maçonnées, postes haut de poteaux et postes en enveloppe métallique (ou préfabriquée). Ces équipements jouent le rôle d'abaisseur de tension. Ils transforment la tension venant de la centrale de 15000 volts en 400 volts (BT), c'est-à-dire en énergie utilisable par les ménages ou des gros consommateurs (les industries et les grandes sociétés). Les transformateurs mesurent le niveau d'électricité et permet de lire la valeur du courant avant de livrer aux consommateurs. Les transformateurs sont des équipements de cellule de protection et d'interrupteur (qui permet la liaison entre les MT). Il y a interconnexion entre les postes par le biais des lignes MT. Les postes que 65 dispose la STEE sont des postes qui sont à mesure de desservir en moyenne une superficie de 500m2 (pour les zones denses) à 600m2 (pour des zones moins denses). Ils sont installés le plus souvent au centre des zones desservies. On distingue les postes privés, les postes publics et les postes mixtes. Ces postes jouent le même rôle, leurs différentes appellations dépendent de l'utilisation ou de l'appropriation. Les postes privés sont installés sur demande du client, ils ne desservent parfois uniquement les grandes institutions étatiques ou internationales. C'est le cas des éperviers, l'aéroport, la présidence et certaines ambassades. Les postes publics, comme son nom l'indique, ils desservent beaucoup de ménages situé dans la zone couverte et ayant bénéficié d'un abonnement. Et les postes mixtes desservent à la fois les gros clients et en même temps les ménages. a b Cliché : Nguézoumka V. / juillet 2010 Photo 4. Les postes transformateurs Les postes de transformation sont installés dans la ville de N'djamena selon la demande qui se fait sentir dans une zone. Les deux types de postes jouent le même rôle, la nuance est que l'un est suspendu au poteau (photo 4a) et l'autre construits dans une cabine (photo 4b).Ils sont installés en fonction de la densité des ménages à desservir et des types d'usage de l'énergie électrique. 66 3.2.4.5. Les poteaux électriques Ce sont des supports permettant de transporter les lignes aériennes. Il en existe trois types : en fer, en bois et en béton. Selon la direction technique de la STEE, le support réglementaire est le poteau en fer, ceux en béton sont les anciens poteaux en voie de disparition. Les distances entre deux poteaux électriques varient de 40 à 50 m pour les lignes BT et de 100 m pour les MT. Et leurs hauteurs varient entre 10 et 16 m selon la nature du poteau. Ces mesures relèvent des exigences fixées par le Ministère d'aménagement de territoire d'une part et de la Société elle-même d'autre part. Les distances entre les conducteurs doivent être respectés en milieu urbain, si on est près d'un établissement ou d'un lieu public (Marché, les fontaines publiques etc.). Cliché : Nguézoumka V. /juillet 2010 Photo 5. Poteau en béton Les câbles d'électricité sont drainés dans les ménages grâce aux différents supports. Comme nous l'avons souligné le poteau électrique recommandé est le support en fer. Les poteaux en béton sont des supports longtemps utilisés. Ils portent les lignes basses tension pour des branchements à quatre fils. 3.2.4.6. Les compteurs d'énergie Les compteurs d'énergie sont des équipements dont tout consommateur a droit. Les compteurs sont placés dans les ménages ou chez le client quand celui-ci a souscrit l'abonnement. Ils permettent de mesurer 67 l'énergie électrique, c'est-à-dire les kWh consommés par le client. Ces compteurs sont munis d'un dispositif les empêchant de tourner à l'envers. Chaque fin de mois le service de relève compteur vient prendre la valeur inscrite sur le compteur, pour, par la suite effectuer des petits calculs en fonction des barèmes de facturation vu précédemment. Cliché : Nguézoumka V. / juillet 2010 Photo 6. Compteur d'énergie Sur la photo 6 nous avons un compteur d'énergie installé dans un ménage. C'est un compteur de haute qualité qui n'est pas sollicité par beaucoup de ménages. Le coût d'installation de ce compteur est plus élevé que l'ancien compteur. 3.2.4.7. Les IACM (Interrupteurs Aériens à Commandes Mécanique) C'est un équipement « placé sur les lignes MT, sur le dernier poteau avant le poste de transformation » (Gondié, 2006). On le place toujours avant un poste pour permettre de sectionner deux départs MT sous forme de dérivation. 3.2.4.8. Les éclateurs Ils sont nécessaires pour des zones sahéliennes comme la ville de N'djamena, à cause des perturbations atmosphériques qu'on y rencontre. Les éclateurs sont placés sur les postes hauts de poteaux pour protéger les 68 transformateurs contre les intempéries dont nous venons de faire mention. Leur appellation éclateur est due au fait qu'ils produisent des étincelles lors du passage d'un éclaire ou d'un grondement de tonnerre possédant une grande puissance pouvant affecter le transformateur et les installations des clients15. C'est un phénomène qui crée une coupure brusque d'électricité de courte durée, ainsi pour permettre aux éclateurs de protéger l'ensemble des équipements se trouvant sur le réseau. Compte tenu des pluies violentes dans la ville de N'djamena, il est important d'installer cet équipement. 3.2.4.9. La Malt (la Mise à la terre) La mise à la terre est un ensemble de dispositifs constitués de câbles en cuivre, mis dans une fosse d'une profondeur de 0,4 m et d'une largeur d'environ 0,9 m. les Malt sont reliés aux éclateurs ou aux parafoudres. Le câble en cuivre est rattaché à un piquet d'une longueur de 2 m. Elle est importante également pour le bon fonctionnement du réseau. 3.2.4.10. Les parafoudres Ce n'est rien autre que la forme avancée d'éclateur. Cependant ils se grillent en cas d'une foudre puissante. Comme les éclateurs, il protège le transformateur contre les perturbations atmosphériques. Ils sont importants pour les pays comme le Tchad où les saisons de pluies sont violentes et parsemées des orages ou des tornades. Ils sont reliés à la Terre par un câble Malt. 3.2.4.11. Les disjoncteurs hauts de poteaux Ce sont des dispositifs permettant de protéger les transformateurs contre les surintensités et les courts-circuits qui peuvent survenir sur le réseau. On les place près des transformateurs hauts de poteau. Les disjoncteurs hauts de poteaux permettent également de régler la charge appelée par les clients sur un poste. Le disjoncteur intervient au moment où le transformateur se trouve exposé à une défaillance, et ceci par une coupure du courant qui est une action nécessaire pour la protection du 15 Gondié H., 2006. Analyse spatiale des équipements de distribution de l'énergie électrique à Ngaoundéré. 69 transformateur. C'est pourquoi la puissance du transformateur doit correspondre à celle du disjoncteur. 3.3. Les auto-producteurs de l'énergie électrique L'appellation "auto-producteur? relève du fait que les moyens d'approvisionnement en ces sources d'énergie ne sont pas liés à une centrale quelconque comme le cas de l'énergie produite par la STEE. Les utilisateurs s'en chargent eux même de la gestion de leur source d'énergie. Dans notre étude, nous avons cité ceux utilisant les groupes électrogènes, les panneaux solaires et autres moyens d'éclairage tels que les lampes à pétrole et à pile. 3.3.1. L'utilisation des groupes électrogènes Les groupes électrogènes sont l'un des modes d'approvisionnement en énergie électrique moyennement répandus dans la ville de N'djamena. L'utilisation des groupes électrogènes se présente comme une solution intéressante d'électrification indépendante. On peut les appeler les auto-producteurs, parce qu'ils ne dépendent pas d'une centrale quelconque. La plupart des groupes électrogènes utilisés à N'djamena fonctionnent à base de l'essence ou du gasoil. La hausse des prix de ces carburants constitue un handicap important pour les ménages s'alimentant par ce mode. Lors de nos enquêtes de terrains nous avions constaté qu'environ 40% des ménages utilisent ce mode d'approvisionnement en énergie. D'autres ménages utilisent les groupes électrogènes comme mode de substitution à l'énergie électrique de la STEE. Selon certains ménages, ce moyen est plus fiables, parce qu'ils gèrent eux même leur source d'énergie, ils peuvent la couper quand ils veulent en fonction de leur besoin. Or avec la STEE, il arrive des moments où les compteurs tournent à seul sans qu'il y ait de branchements et leur créant ainsi des factures colossales. Par contre d'autres trouvent que, malgré la fiabilité de l'utilisation des groupes, on en trouve également des inconvénients : - Difficultés d'entretien, parce que le groupe nécessite de temps en temps de révisions. 70 - Les pannes régulières qui causent des interruptions de production de l'électricité. - Il y a la limitation du temps de fonctionnement journalier, causant ainsi une discontinuité de service pendant la journée. - Et enfin les carburants qui sont importés hors du pays, rendent son utilisation très chère par moment. Tableau 11. Ménages utilisant les groupes électrogènes comme moyen de secours à l'énergie électrique de la STEE
Source : Enquêtes de terrain/juillet 2010 Sur 167 ménages que nous avons enquêté dans le 3ème arrondissement, 52,69% utilisent les groupes comme moyen de secours à la STEE. Le nombre de ces ménages est élevé au quartier Ardep-djoumbal (19,76%), parce que c'est un quartier moins desservi par le réseau de la STEE. Il ressort de nos enquêtes auprès des ménages que c'est après une à deux semaines que la STEE laisse l'électricité venir dans ce quartier et pour reprendre le même jour. En attendant les ménages utilisent les groupes électrogènes et autres sources telles que les lampes à pétrole et/ou à pile. Au quartier Sabangali, les ménages utilisent moins des groupes électrogènes, seulement 11,98% sur 167 ménages enquêtés. En cas de coupure, ils cherchent autres moyens que nous avions soulignés précédemment. Tandis qu'aux quartiers Ambassatna et Kabalaye, les modes d'utilisation de l'électricité après coupure de la STEE sont majoritairement les groupes électrogènes (respectivement 12,57% et 14,37%). 71 3.3.2. L'utilisation de l'énergie solaire L'énergie solaire appelée l'énergie « nouvelle et renouvelable » est l'une des sources d'énergie utilisé par les ménages à N'djamena dont le mode d'approvisionnement est le panneau solaire. Elle est appelée énergie « nouvelle et renouvelable », à cause de sa source intarissable. Les énergéticiens ont commencé par s'intéresser à ces formes d'énergie depuis la crise pétrolière de 1973 pour pallier au manque d'énergie. De nombreuses techniques dites « nouvelle » font appel à la transformation énergétique du rayonnement solaire. Le rayonnement solaire est un rayonnement électromagnétique compris dans une bande de longueur d'onde variant de 0,22 à 10 u. Il se décompose comme suit : - 52% dans la bande électromagnétique - 40% dans le visible : 0,4 u< L< 0,7 u - 8% dans la bande des ultraviolets : L<0,4u L : longueur de l'onde électromagnétique. 3.3.2.1. Le processus d'approvisionnement en énergie solaire Il existe deux manières d'utilisation de l'énergie provenant du soleil : recueillir sa chaleur (héliothermique) et/ou transformer sa lumière en électricité (photovoltaïque). Les appareils solaires thermiques utilisent des capteurs, allant des panneaux plats posés sur les toits aux antennes paraboliques, aux pyramides des rayons solaires utilisés dans les centrales solaires pour absorber la lumière du soleil et produire de la chaleur16. Les appareils solaires peuvent être utilisés simplement pour chauffer ou refroidir, mais ils sont également appropriés pour la pasteurisation de l'eau ou la cuisine. La lumière du soleil concentrée chauffe l'eau pour produire de la vapeur utilisée pour alimenter une turbine qui est connecté à un générateur. Le système comprend généralement au moins une lampe et 16 Boussoumbaye L., Lartoloum F., 1997. Les énergies nouvelles et renouvelables au service du développement. Diplôme d'ingénieur des travaux, Université de N'djamena. 72 une prise pour alimenter d'autres appareils électriques tels que la radio, le téléviseur, ou la chaleur du téléphone cellulaire. 3.3.2.2. La conversion photovoltaïque La conversion photovoltaïque sert à transformer le rayonnement solaire en énergie électrique continue. Elle a été découverte et a connu ses applications dans l'espace vers les années 50. Les premières utilisations terrestres datent des années 1970. Les systèmes photovoltaïques (PV) solaire utilisent des cellules solaires, reliées entre elles en " modules" (panneaux solaires), pour transformer la lumière en électricité. Cela peut être des petites cellules qui peuvent faire fonctionner la calculatrice à d'immense centrale solaire utilisant des milliers de panneaux solaires. Plus de 90 % des systèmes photovoltaïques sont à base de matériaux en silicium17. Les systèmes PV qui sont connectés au réseau électrique comprennent un dispositif appelé onduleur qui sert à transformer le courant électrique continu (CC) produit par des panneaux solaires en courant électrique alternative utilisé sur le réseau. Pendant nos enquêtes, nous avons constaté que 28,7% de ménages utilisent cette ressource énergétique, pourtant moins cher. Ce n'est pas l'utilisation qui en fait problème, mais plutôt l'accessibilité à son équipement. Les panneaux solaires sont utilisés le plus dans le domaine de l'éclairage public, souvent suspendu au dessus des poteaux électriques et panneaux de signalisation. Certains ménages n'en disposent pas, pas parce qu'ils leur manque de moyens financier, mais plutôt par manque de sensibilisation de son utilisation, car la politique de cette source d'énergie n'est pas tellement développée au Tchad. 17 Boussoumbaye L., Lartoloum F., 1997. Les énergies nouvelles et renouvelables au service du développement. Diplôme d'ingénieur des travaux, Université de N'djamena. 73 3.3.2.3. Les autres sources d'énergie utilisées en besoin d'éclairage 3.3.2.3.1. Les lampes tempêtes et les lampes à pile La lampe tempête ou lampe à pétrole et les lampes à pile sont l'un des moyens d'éclairage utilisés par des ménages moyens au Tchad. L'énergie utilisée pour cet équipement est le pétrole lampant (Photo 7a), les piles servent de source d'énergie pour les lampes à pile (photo 7b). Ces lampes sont utilisées pendant longtemps dans la ville de N'djamena. Les ménages utilisent de plus en plus les lampes à batterie ou à pile pour leur éclairage depuis environ deux ans (2008-2009), ceci à cause de la montée des prix du pétrole face à la crise énergétique au Tchad, et précisément dans la ville de N'djamena. Cette crise se récent aussi bien dans les ménages du 3ème arrondissement. Celles-ci proviennent en grande partie du Nigeria, par des grands commerçants ou par ceux qui exercent dans l'informel. On les trouve au marché en plusieurs formes : rectangles, circulaires, triangles et à la forme de lampe tempête (photo 7b). Certains quartiers tels qu'Ardep-djoumbal et Ambassatna sont des quartiers habités par des ménages dont le niveau de vie est très bas, ne permettant pas de se connecter au réseau de la STEE. Leur source d'éclairage demeure les lampes tempêtes et celles fonctionnant à base des piles. L'utilisation des lampes à pétrole est plus couteuse que celle à pile, à cause du prix du pétrole qui ne cesse de "grimper" sur le marché. D'après nos enquêtes, un ménage moyen, disposant environ 5 chambres dépense environ 5000 FCFA par mois pour le pétrole. Tandis qu'un ménage de même taille et disposant le même nombre de chambre ne dépense qu'environ 2500 FCFA, voire moins pendant le mois. Parce que 1 litre de pétrole coûte 600 FCFA, or les petites piles utilisées dans les lampes coûtent 50 FCFA l'unité. Ces lampes à pile prennent généralement 2 à 3 piles pour une durée d'une semaine. 74 a b : Cliché : Nguézoumka V. / juillet 2010 Photo 7. Les lampes utilisées pour l'éclairage. Sur la photo a, nous avons la lampe tempête dont la source d'énergie est le pétrole lampant et la photo b est une lampe à pile qui a la même forme que la lampe tempête. Les deux catégories de lampes sont utilisés pour l'éclairage à N'djamena. La paroi de la première est fabriquée en fer et le second est en matière plastique. Pour clore cette partie, l'accès à l'énergie électrique dans la ville de N'djamena et particulièrement dans le troisième arrondissement présente d'énorme difficulté à cause du coût d'accès élevé, et du délestage que connait la société de distribution. Le niveau de vie étant bas, tous les ménages n'ont pas accès facile à l'électricité produite par la STEE, ce qui explique l'utilisation d'autres moyens d'approvisionnement, quand bien même ceux-ci paraissent archaïques. 75 CHAPITRE 4. CONFIGURATION SPATIALE DES MODES D'APPROVISIONNEMENT EN ENERGIE ELECTRIQUE ET DES TRANSFORMATEURS L'étude que nous menons sur l'approvisionnement des ménages en énergie dans la ville de N'djamena nous amène à faire une étude spatiale du phénomène, donc de l'analyse spatiale. Et le Système d'Information Géographique a été également utile pour la localisation des informations. Il est donc important d'avoir une vue générale sur ce que c'est l'analyse spatiale. 4.1. Qu'est ce que l'analyse spatiale ? L'analyse spatiale est une étude formalisée de la configuration et des propriétés de l'espace géographique tel qu'il est produit et vécu par les sociétés humaines. L'espace est au centre de l'étude de rapport entre l'homme et son milieu. L'espace est considéré comme le support de l'organisation des activités humaines. L'analyse spatiale met en évidence des structures et des formes d'organisation spatiale récurrentes. Elle met en évidence également les trames urbaines hiérarchisées, les modèles centre-périphérie, les champs d'interaction de type gravitaire, les divers types de réseaux. Ce concept intéresse plusieurs disciplines, notamment les sciences sociales, les sciences de l'environnement et les sciences appliquées. Elles l'utilisent selon leurs objectifs et dans leurs méthodes propres. L'analyse spatiale a plusieurs problématiques à savoir : distance et localisation (concentration spatiale, accessibilité, réseau, hiérarchies), distance et flux (interaction spatiale, diffusion spatiale, barrière ...), distance et similarité (auto corrélation spatiale, régionalisation, discontinuité...). Dans le cas de notre étude, la distribution de l'énergie électrique se présente en réseau hiérarchisé, quittant de la centrale (en moyenne tension) vers les ménages en passant par les postes de transformation. De même pour l'énergie domestique, le réseau de distribution est plus ou moins organisé. Les détaillants s'approvisionne auprès des grossistes et les ménages 76 s'approvisionnent à leur tour auprès des détaillants. On se trouve en présence des interactions et des corrélations entre les acteurs dans l'espace. C'est pourquoi Jean Palinck (1985) affirme qu'il y a 5 principes qui orientent l'analyse spatiale : « interdépendance spatiale asymétrie des relations, causalités situées dans d'autres espaces, différenciations des interactions ex-post et ex-ante et bi dimensionnalité des espaces contenants ». Qu'il s'agisse de phénomènes de production, de consommation ou d'investissement, les influences spatiales sont nombreuses. Tout phénomène peut être formulé en un modèle spatial. En théorie spatiale, l'on a découvert depuis longtemps qu'une matrice des ?distances? n'est pas forcement symétrique. Il existe par exemple une hiérarchie dans les comportements d'achat ou au niveau des points de livraison des sources d'énergie. Ce qui veut dire que les probabilités spatiales d'achat d'un bien localisé par des personnes ne sont pas les même. Des phénomènes économiques localisés dans un espace donné doivent être souvent expliqués par des facteurs causals localisés dans d'autres espaces. Notre étude porte sur deux types de configurations : linéaire et ponctuelle. Le réseau électrique est un élément linéaire que nous avions pris en compte dans notre analyse, sa distribution et sa répartition dans l'espace. « La méthode de statistique spatiale exploratoire fondée sur la distance entre les points » citée par Zaninetti J.M est important dans cette étude. Cette statistique permet de dire si les localisations pures observées sont plutôt agrégées, plutôt répartis ou si elles se conforment à un processus ponctuel stationnaire. 4.2. Le rôle du SIG dans la gestion des équipements de distribution de l'énergie électrique Dans le chapitre 2 consacré aux généralités sur la STEE, nous avions relevé quelques difficultés et insuffisance que rencontre l'entreprise dans la gestion de ces infrastructures et de sa clientèle. En commençant par la 77 gestion des équipements, la société ne dispose pas une base de données numérique géo référencée qui lui permet de localiser les équipements électriques. Les plans du réseau sont faits sur des supports papier calque, sur lesquelles les équipements sont localisés sans précision. Ces techniques de localisation ne facilitent pas la gestion des équipements de distribution et la maîtrise des positions des abonnés. Les SIG ont été un moyen pour beaucoup des entreprises pour la création des bases de données géo référencées, ils le seront également pour la STEE. 4.2.1. Comment monter un SIG des équipements de distribution de l'énergie électrique ? Dans cette partie du travail, nous nous sommes servis des travaux de Baska (2006) et Gondié (2006) effectués dans le cadre de leur mémoire de maîtrise sur l'AES-SONEL. Le premier a montré comment le géo référencement des équipements peut-il être rentable pour la Société AES-SONEL dans une ville comme Maroua, et le second a fait une étude analytique de distribution des équipements électriques de l'AES-SONEL dans la ville de Ngaoundéré. Il faut d'abord noter que le montage d'un SIG est un procédé qui nécessite d'avance la maîtrise de l'outil informatique et de l'utilisation du GPS. Il faut également au préalable disposer un fond de carte ou une image satellitaire qui doit servir comme base de données numérique. La première étape consiste à établir un inventaire des équipements et de leur situation pour servir des orientations. Une fois cet inventaire établit, il faut se rendre sur le terrain pour la collecte de données, avec une fiche sur laquelle on doit noter les coordonnées des poteaux électriques. Les caractéristiques de chaque poteau qui dessert les ménages sont notées, c'est-à-dire les types des lignes, les types de support, le nom du quartier et les noms des abonnés si possible. Les autres équipements sont également renseignés selon leurs caractéristiques pour permettre de constituer la base de données géo référencées. 78 Cependant dans notre cas d'étude, nous avons pris les coordonnées de quelques branchements qui desservent les ménages au quartier Kabalaye et de quelques postes répartis dans le troisième arrondissement. Nous avons levé 71 branchements électriques dans ce quartier avec leurs coordonnées (XY), le numéro d'identification, les types de lignes, et les types de support. Après cette phase, les données sont extraites à base des logiciels d'application tels que Mapsource ou WDGPS. Le téléchargement des données du GPS à l'ordinateur s'est fait par la connexion d'un câble approprié. Nous avons par la suite copié et collé ces données dans une feuille Excel pour vérification des informations à compléter avant de les transférer vers un logiciel SIG et de cartographie. Le logiciel qui nous a servi dans notre travail ici est le Map info 8.0. Voici résumé en quelques lignes les étapes de projection des données GPS sur la carte dans le Map info 8.0. Il faut : - Ouvrir le logiciel Map info 8.0 - Choisir la feuille sur laquelle les données sont classées, cocher la case représentant les titres au dessus de la barre des données, dérouler et choisir autre, une boite de dialogue s'affiche et vous changez A1 en A2, valider pour que les données apparaissent. - Projeter les points en déroulant le menu table, choisir crée point, choisir le symbole devant servir à représenter les points, et la couleur. - Spécifier le type de projection qui est WGS84, validé et les points apparaissent sur la carte, sachant que celle-ci est d'avance calée. C'est ainsi qu'on peut observer les points représentant les équipements de la STEE sur la carte. 4.2.2. L'avantage du géo référencement des équipements de distribution de l'énergie électrique Les SIG présentent des avantages non négligeables dans la gestion des équipements d'une société comme la STEE. Une base de données géo référencées donne des informations nécessaires sur l'ensemble des équipements du réseau. Dans une base de données entièrement renseignée, 79 nous avons affecté les informations sur les équipements de distribution, leur caractéristique, leur position géographique, les types de lignes, leur longueur, les quartiers etc. C'est grâce à ces données que nous avions réalisée les cartes de répartition spatiale des modes d'approvisionnement en énergie et des postes de transformation de l'énergie électrique. L'un des avantages des SIG est que les requêtes peuvent être faites facilement sur les informations recueillies sur le terrain sans gaspillages matériels. En cas d'extension du réseau, la société peut modifier simplement ces données numériques, alors qu'actuellement elle dispose des plans du réseau sur les formats A0 qui sont encombrants et dont la modification nécessitera de gaspillages matériels et prendra du temps. Nous avons expliqué dans le paragraphe précédent que chaque poteau électrique qui dessert un ou deux ménages est renseigné par le nom du client, sa position géographique, son quartier et bien d'autres caractéristiques qui permet à l'entreprise de le localiser en cas de pannes ou de problème qui survient sur la ligne de celui-ci. Si tous les clients sont localisés, n'importe quel agent de maintenance de la STEE, connaissant ou non le terrain peut intervenir sans difficulté pour régler une panne. Les postes transformateurs sont aussi géo référencés et renseignés selon leurs puissances et les quartiers d'implantations. Ceci facilite les travaux de maintenance et de suivi du réseau. 4.3. Configuration spatiale des modes d'approvisionnement en énergie électrique Il s'agit ici d'analyser spatialement les différents modes d'approvisionnement en énergie électrique, la configuration spatiale des lignes basses tension et la répartition des postes transformateurs dans le 3ème arrondissement. Comme nous l'avons défini dans notre concept, les modes d'approvisionnement désignent ici les moyens d'accès à l'énergie électrique. Nous en avons recensé trois : utilisation du réseau électrique de la STEE, utilisation des groupes électrogènes et l'utilisation des panneaux solaires. 80 4.3.1. Levés GPS des points de livraison de l'énergie électrique du quartier Kabalaye Ce travail a porté sur les points de livraison de l'énergie électrique dans les ménages du quartier Kabalaye et ceci grâce à l'outil de spatialisation qu'on appelle GPS (Global Positionning System). C'est un système de repérage global et de très bonne précision dont les études préliminaires ont été faites de près de 10 ans par les américains. Il résulte du projet Navigation Satellite Timing And Raching (NAVSTAR) engagé par les américains dans les années 60 pour consolider leur système de défense18. C'est un système de localisation par satellite permettant de repérer les points n'importe où sur le globe terrestre. Dans le cadre de notre travail, nous appliquons ce système aux équipements de distribution de l'électricité de la STEE. Dans le temps, le GPS était utilisé comme moyen de guerre par les américains, pour localiser l'emplacement des ennemis et de leur itinéraire. Aujourd'hui, l'humanité a compris l'utilisation pour le développement. Nous avons obtenu ces levés à l'aide du GPS (Garmin GPSmap 76Cx), configuré au préalable en degrés décimaux. Pour obtenir les coordonnées de ces installations, nous attendons que le GPS localise au moins quatre satellites, pour permettre de réduire la marge d'erreur. Une fois les signaux repérés sur le moniteur du GPS, on s'approche de l'équipement tout en tenant horizontalement le GPS à une hauteur de 1 m ou 1,5 m et dès cet instant on peut enregistrer les coordonnées. Nous avons pris ces données en deux dimensions, c'est-à-dire en longitude et latitude, ceci pour connaitre la position exacte des poteaux sur lesquels les câbles quittent pour alimenter les ménages. Par défaut du logiciel WDGPS pour le téléchargement des données, nous les avons saisies directement dans le tableur Excel. Ces coordonnées sont dans le tableau 15 en titre d'illustration. 18 Tchotsoua M., 2007. Introduction aux systèmes d'information Géographique pour la gestion de l'environnement : notions fondamentales, outils, méthodes et application logicielles Map Info 8.5 81 4.3.2. Répartition des modes d'approvisionnement en énergie électrique du quartier Kabalaye Pour analyser la répartition spatiale des modes d'approvisionnement en énergie, nous avions procédé à l'enquête de terrain par questionnaire et en même temps aux enquêtes par collecte des données GPS de ces modes. Comme nous l'avons souligné ci haut nos enquêtes nous ont permis de relever trois principaux modes d'approvisionnement en énergie électrique dans la ville de N'djamena : le réseau électrique de la STEE, les groupes électrogènes et les panneaux solaires. Nos moyens ne nous ont pas permis d'effectuer cette enquête pour toute la zone d'étude. Cependant nous avons choisi le quartier Kabalaye parce que c'est un quartier situé au centre de la ville dont la composition de la population nous permettra de comprendre l'aspect du problème. Le quartier kabalaye est alimenté par le T103, poste non loin de la centrale téléphonique de Ridina. Il est un quartier moyennement peuplé du troisième arrondissement. Sur les 100 levés GPS que nous avons fait dans cette zone, nous avons enregistré 71 ménages utilisant le réseau électrique de la STEE, 21 ménages qui utilisent les groupes électrogènes et 8 ménages pour les panneaux solaires. 82 Source : Enquêtes de terrain Figure 7. Répartition spatiale des modes d'approvisionnement en énergie électrique au quartier Kabalaye De façon générale, sur les 100 ménages enregistré dans notre base de données GPS, 71% de ménages sont effectivement connectés directement au réseau de distribution électrique de la STEE, 21% préfèrent utilisés les groupes électrogènes et 8% disposent des panneaux solaires. Si nous faisons la lecture de la carte de répartition spatiale des modes d'approvisionnement en énergie électrique, nous constatons que les ménages utilisant l'énergie électrique de la STEE sont répartis de façon globale dans 83 tout le quartier malgré quelques disparités spatiales. Le réseau est moins dense au Nord de kabalaye à cause des infrastructures qui occupent cet espace. On y trouve les infrastructures telles que l'école catholique (( Centre Emmanuel », librairie (( la Source », l'Eglise (( Centre Emmanuel et bien d'autres logements sociaux. Ces infrastructures occupent des grands espaces, donnant ainsi une figure d'une zone moins dense par le réseau. Les logements utilisant les groupes électrogènes comme moyen d'approvisionnement en énergie sont localisés majoritairement au centre sud du quartier, c'est un secteur constitué de plusieurs couches sociales et nationalités (les camerounais, centrafricains et les tchadiens). Les ménages aux abords des voies principales sont les plus connectés au réseau électrique, ceci est dû à l'avantage de leur position. Cela nous amène à nous interroger, est ce la situation d'un ménage peut-elle constituer un obstacle pour son accès à l'énergie électrique? Selon l'avis de certains ménages, comme lors de l'abonnement au réseau le devis des équipements revient à la charge du client, plus une personne est éloignée du dernier branchement, plus il lui est difficile de se connecter. C'est l`une des raisons qui poussent la plupart des ménages à utiliser les groupes électrogènes. Nous signalons que les branchements que nous avions relevés les coordonnées sur le terrain sont des branchements formels, il est nullement autorisé à faire des branchements informels. S'il en existe, ce sont des cas des fraudes que nous ne pouvons déceler, parce que ce sont des branchements faits souvent en accord ou non avec ceux des branchements formels. Les opérateurs de ces branchements enterrent les câbles soit dans le sol, ou les font passer sous les toits, ou encore les font passer entre les murs des maisons. Et c'est ce qui est difficile à déceler. En bleu sur la carte, ce sont les ménages qui utilisent les panneaux solaires. Ils sont moins nombreux. Les panneaux solaires sont également l'un des modes d'approvisionnement en énergie dans la ville de N'djamena. Sur les 100 levés que nous avons obtenus pour analyser la répartition des modes d'approvisionnement en énergie électrique, 8% de ces levés sont ceux 84 qui utilisent les panneaux solaires. Ces derniers sont l'un des moyens les plus efficaces d'alimentation en énergie, sans dégrader l'environnement. Nous pouvons conclure que, malgré le coût élevé d'électricité ou d'abonnement au réseau, beaucoup de ménages sont connecté au réseau de la STEE au quartier kabalaye. Cependant il n'est pas question d'avoir un fil électrique drainé dans la maison, mais un courant qui doit le traverser permanemment. Les groupes électrogènes semblent être également l'un des moyens les plus utilisés par la population dans ce quartier. Dans la partie suivante, nous allons analyser la répartition des transformateurs dans le troisième arrondissement et du réseau Moyenne tension. Tableau 12. Répartition des modes d'approvisionnement en énergie électrique
Source : Enquêtes de terrain/juillet 2010 Source : Enquête de terrain/ juillet 2010 Figure 8. Les modes d'approvisionnement en énergie électrique dans le troisième arrondissement 85 Le tableau 12 et la figure 8 présentent les différents modes d'approvisionnement en énergie électrique dans les quartiers enquêtés de notre zone d'étude. Il ressort de ce tableau qu'il y a 52 ménages sur 167 que nous avons enquêtés sont connectés au réseau électrique de la STEE, 58 utilisent les groupes électrogènes, 2 ont les panneaux solaires et 7 utilisent d'autres moyens. Dans les quatre quartiers tirés comme échantillon, nous avions rencontré plus de ménages connectés à STEE à Sabangali (17) et kabalaye (15) qu'à Ardep-doumbal (9) et Ambassatna (11). Mais de manière générale, la population s'intéresse aux groupes électrogènes (58) qu'à la STEE (52) et aux panneaux solaires (12). Les deux derniers moyens sont moins utilisés à cause de la cherté du coût d'acquisition des équipements. Sur ce tableau la colonne autres sources est élevée (45), parce que les ménages dont le niveau de vie est bas utilisent les sources d'énergie telles que le pétrole lampant et les batteries pour l'éclairage et le fonctionnement des postes récepteurs. 4.4. Répartition spatiale des postes transformateurs et le réseau MT dans le 3ème arrondissement 4.4.1. Levés GPS des postes transformateurs La deuxième phase des levés a concerné les postes de transformation de l'énergie dans le troisième arrondissement. Pour réaliser ces levés, la STEE a mis à notre disposition un de ses agents, avec qui nous avons effectué les déplacements sur chaque poste desservant les quartiers du 3ème arrondissement, et ceci grâce à un moyen roulant. Nous avons recensé 34 postes. Ces données ont été obtenues par la même procédure, en utilisant le GPS Garmin 76Cx ayant la configuration comme précédemment (degrés décimaux) ; le GPS est une constellation de 21 satellites, plus trois autres de secours. Après avoir pris les coordonnées X Y, nous mentionnons les numéros des postes (numéro correspondant à ceux de la société), leurs puissances et les quartiers où ils sont installés. Tout ceci nous a permis de renseigner notre base de données numérique. 86 Cette étude de distribution spatiale des postes nous a été possible grâce aux Systèmes d'Information Géographique (SIG), aux techniques de cartographie assistée par ordinateur et à la base de données de la STEE sur la situation des postes (Annexe 8). L'observation globale de cette carte (figure 9) nous fait ressortir en premier lieu les différentes catégories des postes (postes publics, postes privés et les postes mixte). De manière générale ils sont répartis de façon disparate. On observe des zones de dense concentration des postes transformateurs, des zones moyennes et des quartiers où on ne relève aucun poste (quartier kabalaye). Les quartiers qui concentrent le plus des postes sont les quartiers Djambalbar, Gardolé, et Sabangali. Selon nos enquêtes de terrain qui nous a permis de réaliser cette carte. Le quartier Djambalbar est desservi par 9 postes transformateurs, dont 4 privés, 3 publics et 2 mixtes. Si le nombre des postes privés est élevé c'est à cause du statut de ce quartier. Ces postes privés sont situés vers la Présidence de la République, le palais du gouvernement et les résidences des chefs d'Etat Major. Les postes publics desservent les services publics qui gravitent dans la zone présidentielle. Le quartier Gardolé dispose de 11 postes transformateurs, dont 7 privés, et 4 publics. Cette concentration des postes est due au fait qu'on y trouve beaucoup des services administratifs (Hôtel de ville, Hôpital Général de Référence, l'ambassade USA, Ministère des Relations Extérieures et de l'Intégration Africaine etc.). Quant au quartier Sabangali, il est alimenté par 7 postes, dont 1 poste privé (à l'intérieur du Lycée technique commercial), 5 postes publics et 1 mixte. Les quartiers Ambassatna et Kabalaye sont desservis par des mêmes postes qui sont situés hors du troisième arrondissement, à savoir les T103 et T131. Sinon sur la carte on ne relève aucun poste au quartier Kabalaye, cette situation serait due à la faiblesse de la superficie de ce quartier d'une part et de manque d'espace aménageables pour l'installation des postes 87 d'autre part. Ambassatna est desservi également par le poste T25 (au marché central) et le T51 (en face de l'ambassade des USA). Au quartier Ardep-djoumbal, les postes sont localisés plus au sud, ceci à cause du nombre des infrastructures concentrées dans cette partie du quartier. Ces infrastructures sont entre autres l'Université de N'djamena, le Centre de Formation et de Développement (CEFOD), les lycées Félix Eboué et Technique industrielles, l'ENAM, l'Institut Supérieure des Sciences de l'Education etc. il n'ya qu'un seul poste au Nord, c'est le T81. L'absence des postes transformateurs dans la partie Nord du quartier s'explique d'une part par le faible taux des ménages connectés au réseau électrique, parce que le niveau de vie de population est faible. Cela s'observe à travers le type d'habitat et des types d'activité qu'on y rencontre (vente des boissons traditionnelles alcoolisées, des petits commerces aux bords des ruelles etc.). Il ya également le problème d'aménagement qui se pose dans ce quartier, les ruelles traversent les îlots de manière anarchique (sans respect des règles d'urbanisme) et les canalisations mal faites. Tout ceci peut influencer la répartition des postes dans cette zone. Puisque les postes sont installés en fonction des nombres des abonnés. Source : Enquêtes de terrains GPS et base de données STEE Réalisation : Nguézoumka V./juillet 2010 Figure 9. Répartition spatiale des postes transformateurs dans le 3ème arrondissement de la ville de N'djamena 89 Les transformateurs sont répartis dans la ville selon le nombre des abonnés. Chaque transformateur de l'énergie électrique a un nombre requis d'abonnés en fonction de sa puissance. Si nous observons la carte de spatialisation des postes dans le troisième arrondissement, on constate qu'il y a des quartiers qui possèdent plus de transformateurs que d'autres, il y a d'autres encore qui n'en disposent même pas mais qu'on y trouve des abonnés (cas de Kabalaye). D'une part il faut noter que l'implantation des équipements de distribution de l'énergie électrique n'obéit pas à une règle d'équitable du point de vue spatiale. C'est-à-dire implanter ces installations selon le centre de gravité de la zone desservie ou du quartier desservi. L'implantation des postes n'est pas en fonction des découpages administratifs. Un poste installé dans un quartier peut desservir deux ou trois quartiers à la fois. C'est le cas de T31 qui se trouve au quartier Sabangali et qui dessert en même temps les ménages du quartier Kabalaye. Les T103 et T131 sont situés dans le 5ème arrondissement, mais qui desservent les ménages dans le 3ème arrondissement. DEPART 3 LEGENDE CENTRALE Source : Direction Technique d'électricité/2010 Réseau MT 15 KV Figure 10. Schéma unifilaire du réseau MT dans le troisième arrondissement. 91 Les quartiers du troisième arrondissement sont desservis majoritairement par des postes situés sur le départ 3. Sur les 147 postes que compte la ville de N'djamena, 4 sont vétustes et 39 desservent le troisième arrondissement. Certains de ces transformateurs sont situés sur le départ 4, c'est le cas de T114, T67, T73, T136, T33, T119, T98, T113 pour ne citer que ceux là. Ces postes de transformation constituent les noeuds d'interconnexion entre les lignes MT. Sur ce schéma nous avons le départ 3, situé au niveau de la centrale qui envoie l'énergie vers les transformateurs en une tension élevée variant entre 5500 KV et 15000 KV, qui sont par la suite abaissée par les alternateurs pour être distribué aux consommateurs. 4.4.2. Répartition des modes d'approvisionnement en énergie électrique : Etude de distribution des semis des points. Nous avons utilisé la méthode de distribution des semis des points dans un espace géographique. Cette méthode relève de la statistique spatiale exploratoire inductive qui permet de connaitre la densité du semis des phénomènes localisés ou sa répartition de façon globale. D'après Zaninetti (2005), cette méthode offre au chercheur un outil d'aide à la décision pour répondre à la question fondamentale qui est celle de savoir si un semis est concentré, aléatoire ou répartie régulièrement. Un semi de points est le point le plus représentatif possible de l'ensemble des localisations autour duquel les autres points peuvent graviter. Sachant que notre espace d'étude est le troisième arrondissement de la ville de N'djamena et que les modes d'approvisionnement sont localisés en longitude et en latitude, ces données nous ont permis d'effectuer des calculs pour connaitre la répartition de ces points. Nous avons appliqué cette méthode également pour les postes transformateurs. Il faut retenir que, pour déterminer le centre de gravité d'un semi de n points, nous avons procédé au calcul de la somme arithmétique des coordonnées (xi et yi) de l'ensemble des N points considérés, divisé par le 92 nombre de points disponibles dans le semi. Les coordonnées du point moyen est Xg et Yg. La formule se présente comme suit : 1 1 Xg= et Yg= N?xi N?yi Comme les levés des points de livraison de l'énergie électrique n'ont été faits que dans un seul quartier, nous avons au total 71 points. Et la somme des coordonnées en x est 1048,85093 et la somme de y est 859,327442. 1 1 Xg= = 15,77254 et Yg= =12,10320 71 (1048,85093) 71 (1211313,2) Donc G (15,77254 ; 12,10320) est le centre de gravité des poteaux électriques sur lesquels sont connectés directement les ménages. Pour les transformateurs, la somme des coordonnées en x est 496,64351 et la somme y est 399,44349. 1 1 Xg= = 15,049803 et Yg= = 12,104348 33 (496,64351) 33 (399,44349) Donc le centre de gravité G des postes a pour coordonnées G (15,049803 ; 12,104348). 4.4.3. Facteurs influant la répartition spatiale des équipements de l'énergie électrique 4.4.3.1. Facteur lié à la densité humaine Plusieurs phénomènes influencent la répartition spatiale des équipements de distribution de l'énergie électrique dans la ville de N'djamena, et plus précisément dans le 3ème arrondissement parmi lesquels la densité humaine. Ce dernier étant le noyau ancien de la ville regorge une population fortement dense. C'est le cas des quartiers Sabangali et Ardepdjoumbal où on rencontre des vieilles habitations. La forte densité humaine, dit forte densité de construction. Elle constitue un obstacle pour 93 l'implantation des poteaux électriques. Dans le quartier Ardep-djoumbal, on observe une forte concentration des Hommes vers le Nord mais avec les lignes électriques moins dense, ce qui veut dire qu'il y a donc problème d'espace qui se pose. En outre, les maisons en matériaux dérisoires ne donnent pas de garantie sur la durabilité des installations. Le faible revenu des populations est d'autre part l'un des facteurs qui limite le taux d'accès à l'énergie électrique, par conséquent on a à faire à des zones de faible densité du réseau. On observe cette situation dans la plupart des quartiers populaires de la ville de N'djamena. Les modes d'accès aux sources d'éclairage dans ces quartiers sont pour la plupart les lampes tempêtes et ceux moyennement aisés utilisent les groupes électrogènes. Cette situation traduit le niveau de vie des populations dans ces quartiers. Par contre, aux quartiers Sabangali et Ambassatna, la densité de la population a contribué positivement à la STEE. Les lignes basses tension sont denses dans ces quartiers, parce que le nombre des abonnés est élevé. 4.4.3.2. Facteur lié à l'aménagement urbain L'aménagement des espaces urbains décrit la configuration spatiale du réseau, parce les lignes électriques suivent la forme d'aménagement des quartiers. C'est le cas de la voirie urbaine qui donne une forme géométrique au réseau électrique, car les équipements sont implantés aux bords des rues. La largeur de certaines rues du quartier Ardep-djoumbal et Ambassatna ne facilite pas l'implantation des équipements de distribution de l'énergie électrique. Les poteaux électriques sont installés presque sur les rues (surtout les rues non bitumées), et ceci crée certains accidents de circulation. Cette responsabilité est partagé, car d'une part cela relève de manque de précaution des agents de la STEE lors de l'installation des équipements, d'autre part cela relève de la mauvaise conduite de certains usagers de la route. Dans certains cas, la forme des îlots influence la distribution de l'énergie électrique, du fait que certains logements sont enclavés dans les 94 îlots et ne communiquent à la grande voie que par des ruelles. Ils sont ainsi éloignés des lignes électriques. On peut conclure ici que l'urbanisation est un facteur important pour l'installation des équipements. Une urbanisation planifiée, c'est-à-dire une ville construite à partir d'un plan donne une configuration spatiale à la répartition des lignes électriques. Il faut noter que le bon découpage des rues est un facteur important pour l'implantation des équipements de l'énergie électrique. De même une urbanisation non planifiée, c'est-à-dire les constructions anarchiques des habitats constituent un obstacle à l'implantation des équipements de l'énergie électrique. Source : Adaptée de Nguézoumka V. / juillet 2010 Figure 11. Quelques formes décrivant les lignes basses tension dans le 3ème arrondissement. Nous présentons ici les différentes formes que décrivent les lignes basses tension dans les quartiers du troisième arrondissement. La forme N°1 représente le réseau BT du quartier Ambassatna. Ce réseau a une forme entrelacée semblant à une toile d'araignée. Le réseau suit la configuration spatiale des voies de communication de ce quartier. Nous rencontrons des lignes droites et parallèles qui traduisent les formes de ces voies et celles qui 95 sont perpendiculaires formant des carrés et des rectangles. Au nord du quartier le réseau ne respecte presque pas les formes géométriques à cause de l'état des rues qui existent dans ce secteur. Le second graphe est celui du quartier Ardep-doumbal, il représente les grandes lignes qui desservent ce quartier en électricité. De manière générale, ce réseau a une forme d'aménagement en damier, même si nous n'avons pas ressortis les lignes secondaires qui suivent les artères du sous quartier. Le grand carré est le bloc du quartier qui abrite les institutions administratives (Université, CEFOD, CDU, Lycées...). Et enfin le graphe 3 est celui du quartier Sabangali avec une forme de réseau suivant la configuration spatiale du réseau viaire. Au sud ouest de ce quartier, les lignes électriques sont concentrées et structurées aussi en un plan damier à cause des formes des rues et de nombres d'abonnés qu'on trouve dans ce secteur. C'est la partie populaire du quartier Sabangali. Tandis que vers l'est, le réseau est épars et renferme des lignes discontinues par endroit, ceci à cause de la faible densité humaine et des occupations des espaces par des édifices publics (Lycée Technique commerciales, Radio ONRTV, Bibliothèque CCU etc.) 4.5. Analyse des problèmes liés à l'approvisionnement en énergie électrique. Le contexte de pauvreté global, de mauvaise gouvernance, d'instabilité politique et de faible niveau d'éducation auxquels le pays est confronté ne favorisent pas un développement suffisant de capacité nationale. Par ailleurs le très faible taux d'accès de la population à l'électricité (moins de 3% de la population) est un frein considérable au développement économique de tous les secteurs du pays. Les raisons à ce sous équipement et à ce sous développement en énergie électrique sont multiples. Cependant nous retenons quelques principales raisons qui justifient le problème: - Il y a le coût prohibitif de production de l'électricité de la STEE au moyen de gasoil. 96 - Enormes pertes (techniques et non techniques) du réseau de distribution d'électricité (environ 32%). Les pertes techniques étant des pertes naturelles en raison de la conception même du système de distribution et les pertes non techniques étant les pertes dues aux branchements illégaux et aux manipulations illégales des compteurs par les clients. - Manque de capacité fondamentale de la STEE à planifier, gérer et maintenir efficacement le patrimoine de production et de distribution d'électricité de la ville. - Nombre de factures impayées, y compris par des gros clients privilégiés et par des corps de l'Etat (culture d'impunité). Par ailleurs le contexte général de la pauvreté et de la mauvaise gouvernance fait que la plupart des ministères techniques sont caractérisés par de fortes rotations du personnel et une forte démotivation les conduisant à assumer très mal leur rôle19. Face à tous ces aspects, comment les ménages pourront avoir accès à l'énergie électrique à des prix raisonnables ? 4.5.1. Situation socio-économique de la population face au coût élevé d'abonnement au réseau et à l'utilisation d'électricité Le coût d'électricité est fixé sans tenir compte de la situation économique et financière de la population, car il est fixé par la hiérarchie étatique. Les tarifs sont fixés selon une péréquation nationale, en suivant le niveau de développement du pays dont le seul objectif est l'équilibre des comptes. Le Tchad, comme bon nombre des pays africains, traverse des situations de déséquilibre économique à cause des troubles socio-économiques de cette dernière décennie. En outre on note le manque véritable de politique en matière de subvention de tarif d'électricité. Certains ménages se trouvent à la fin du mois avec une facture d'électricité au delà de leur budget, sachant qu'il y a encore d'autres besoins nécessitant des dépenses. 19 Direction de l'énergie. FED 2009 : Identification et formulation du projet d'amélioration des infrastructures d'énergie électrique 97 4.6. Impact du réseau électrique de la STEE sur la vie de la population 4.6.1. Dans les ménages L'impact de la STEE sur la vie des populations n'est pas négligeable. Lors de nos enquêtes, nous avions recensé quelques doléances. Dans le 3e arrondissement où nous avons mené nos enquêtes, bon nombre de ménages est connecté à la STEE, mais moins d'entre eux ont régulièrement de l'électricité. Théoriquement, la STEE n'a pas établis un calendrier de distribution, mais dans la réalité la distribution d'électricité se fait de manière partielle et temporaire. Ce qui fait qu'il y a des ménages qui n'ont que l'électricité une ou deux fois par semaine ; il y en a aussi ceux qui n'en ont qu'une seule fois dans le mois (Enquêtes de terrain). Les coupures d'électricité les obligent à faire recours à d'autres sources d'éclairage. Cette alternance des sources d'éclairage peut avoir d'impact sur la vision, car les lampes n'ont pas la même luminescence. Ceci sous entend que les ménages doivent prévoir les sources de substitution ou de secours pour pallier au problème de coupure d'électricité. Le prix de l'électricité est un autre problème dans les ménages. La fluctuation des prix d'électricité ou les paiements de redevances augmente le coût de vie dans certains ménages. Selon nos enquêtes, les consommations mensuelles d'un ménage moyen (5 personnes) varient en moyenne entre 20000 à 40000 f CFA en électricité. Ce sont des consommations qui ne sont pas à la portée de tous les ménages. Ces derniers sont appelés à prévoir tout cela dans leur budget de peur que la société vienne couper le branchement. Du point de vue de l'utilisation ménagère, en cas de coupure, les consommateurs sont obligés d'arrêtés leurs activités ménagères au moment de coupures et ne les reprendre qu'au moment où l'électricité revient. Ceci implique qu'il faut souvent se conformer aux caprices de la STEE. Les conséquences sont entre autre : la pourriture des aliments par l'arrêt des réfrigérateurs, la chaleur intense, et l'impossibilité de faire fonctionner les 98 appareils électriques d'où l'impossibilité de suivre les informations radiodiffusées ou télévisées. Toutes ces conséquences que nous venons d'énumérer limitent la liberté des ménages et les faisant entrer en conflit perpétuel avec la STEE. 4.6.2. Au sein des entreprises L'électricité est un élément de base pour le développement des activités des petites entreprises artisanales ou commerciales comme les studios de photographie, les ateliers de soudure ou de couture, les bars dancings, les boulangeries, les moulins à mil, les menuiseries, etc. Les coupures intempestives de la STEE ralentissent les activités économiques dans la ville de N'djamena, plus précisément dans le troisième arrondissement où nous avions mené l'enquête. Les conséquences sont nombreuses : Pour un restaurant ou une alimentation par exemple, la coupure d'électricité entraine la pourriture du stock d'aliments dans les réfrigérateurs et la décongélation des bières. Si les bières ne sont pas fraîches, les clients s'en vont ailleurs et cela est un manque pour cette entreprise. C'est la même chose pour les abattoirs, ils ont du mal à conserver au frais les viandes et si jamais celles-ci n'ont pas été toutes vendues, cela constitue une perte. Les boulangeries sont obligées de faire recours à d'autres sources d'énergie pour la fabrication de leur produit. Certaines utilisent les groupes électrogènes en cas de coupures d'électricité et d'autres utilisent le bois de chauffe pour une fabrication semi-traditionnelle des pains. Les cybers café limitent leurs heures de travail à cause de l'irrégularité de l'offre énergétique. Ils disposent souvent d'autres sources d'alimentation qui sont les groupes électrogènes. Avec la cherté des carburants que consomment ces sources d'alimentation, le prix de navigation à l'internet varie de 1000 à 1500 f CFA l'heure, l'impression noir sur blanc est de 250 f 99 CFA la page, en couleur 500 f CFA et la photocopie varie entre 25 et 50 f CFA la page. Lors de nos enquêtes, un atelier de soudure métallique estime que le délestage d'une journée peut entraîner un manque d'environ 100 000 à 200 000 f CFA et environ 15000 à 20 000 francs pendant l'heure. L'électricité constitue même le facteur premier de localisation de ces activités à N'djamena. Ainsi on retrouve la plupart de ces entreprises et lieux de distraction (salles de cinéma, bars, etc.) dans les quartiers centraux où s'installent la majorité des commerces et les différentes catégories d'artisans. Donc l'électricité influence énormément la répartition des activités économiques dans une ville comme N'djamena. Au vue de tout ce que nous venons de présenter, il est à saisir que les équipements de distribution de l'énergie électrique sont mal répartis et insuffisants pour satisfaire tous les besoins des ménages. Cette répartition a été obtenue grâce aux levés GPS et à leur représentation cartographique. Il nous ait donné aussi de constater que l'aménagement de certains secteurs du troisième arrondissement influence sur la répartition des équipements. les entreprises utilisant l'électricité ne sont pas épargnées du coût, car leurs chiffres d'affaire en dépendent. 100 |
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