Les déterminants socio-politiques de la corruption dans l'administration publique burkinabè( Télécharger le fichier original )par SIDI BARRY Ecole nationale d'administration et de magistrature (ENAM) - Conseiller en gestion des ressources humaines (GRH) 2010 |
Paragraphe III : Analyse de la volonté politiqueDe nombreux citoyens doutent de la volonté politique réelle en matière de lutte contre la corruption. En effet, l'étude sur les pratiques de corruption dans l'administration publique du Burkina Faso46(*) révèle que : «à une large majorité (63,9%), les burkinabè pensent qu'il n'existe pas de volonté de lutter contre la corruption. Ils ne sont que 2,1% à penser que le gouvernement est très engagé dans la lutte contre la corruption, contre 31,1% qui disent qu'il n'est pas du tout engagé». En effet, aux dires de nombreuses personnes rencontrées dans le cadre de notre étude, la raison de ce manque d'engagement s'explique d'une part par le fait que le gouvernement n'est pas lui-même à l'abri de tout soupçon et d'autre part qu'il ne peut pas lutter efficacement contre la corruption en raison des appuis dont les corrompus bénéficient en son sein. Pour la majorité des enquêtés, les structures de lutte contre la corruption qui sont sans pouvoir réel et dont le rôle se résume à la rédaction de rapports sans suite ont été créés juste pour plaire et s'attirer les faveurs de la communauté internationale qui se montre attentive et sensible au phénomène de la corruption. A ce sujet, un usager47(*) affiche son scepticisme quant à la volonté politique de combattre véritablement la corruption et il déclare : «Le gouvernement a les moyens et s'il veut réduire la corruption à sa plus simple expression, il peut le faire. Mais malheureusement, la plupart des membres du gouvernement sont impliqués dans des affaires de corruption. Comme on le dit, on ne peut pas scier la branche sur laquelle on est assis». En effet, l'étude sur les pratiques de corruption dans l'administration publique du Burkina Faso48(*) confirme cette réalité et révèle que «Si l'on considère les représentants des trois pouvoirs constitutionnels (exécutif, législatif et judiciaire), il ressort que l'exécutif est jugé le plus corrompu. En effet, 30,3% des enquêtés estiment que tous les ministres sont corrompus et 27,4% affirment qu'ils le sont presque tous. Au total, ce sont 57,7% des personnes interrogées qui pensent que la grande majorité des membres du gouvernement est corrompue». Ce scepticisme affiché par les citoyens quant à la volonté politique à lutter contre la corruption rend difficile, voire impossible l'adhésion des populations à cette lutte contre la corruption dans l'administration publique. * 46 Etude sur les pratiques de corruption dans l'administration publique du Burkina Faso : Programme d'appui à la bonne Gouvernance : Mars 2008, P.54 * 47 Entretien avec K.A transitaire à Ouaga et usager des services de douanes * 48 Etude sur les pratiques de corruption dans l'administration publique du Burkina Faso : Programme d'appui à la bonne Gouvernance: Mars 2008, P.30 |
|