CONCLUSION
Ce thème nous a permis de faire une lecture
sociopolitique de la crise que connait l'enseignement supérieur au
Burkina-Faso et particulièrement celle qui touche l'Université de
Ouagadougou. En effet, la crise que traverse l'Université de Ouagadougou
est déterminée par des logiques sociales et politiques. Elle est
née du mécontentement des acteurs (étudiants, enseignants)
suite à une dégradation vertigineuse de leur condition de vie,
d'étude et de travail. Aussi, l'insatisfaction de ces derniers par
rapport aux valeurs, idées et surtout dans les règles de jeux qui
gouvernent le système universitaire en est une cause.
Ainsi, la crise que traverse l'Université de
Ouagadougou révèle une évidence: il y a une
corrélation entre la dégradation des conditions de vie,
d'étude et de travail des étudiants et enseignants et le
déclenchement des crises. Cette précarité des conditions
de vie, d'étude et de travail inculque aux étudiants et
enseignants des schèmes de perception de valorisation et des ferments
d'actions qui conditionnent leur rapport à la contestation. Donc, la
`'clochardisation'' des étudiants et enseignants a une influence sur le
déclenchement et l'orientation des grèves à
l'université de Ouagadougou. C'est fort de ce constat que nous sommes
tentés de dire que ces derniers pensent politiquement ce qu'ils sont
socialement et ces grèves à répétition sont
fortement inspirées par le désir de l'amélioration des
conditions matérielles d'existence qui n'ont cessé de se
détériorer depuis l'application des plans d'ajustement
structurels.
Par ailleurs, notre étude révèle que la
question du respect des franchises universitaires et la quête des valeurs
démocratiques et la lutte contre l'impunité sont souvent à
l'origine de certaines crises à l'Université de Ouagadougou.
En effet, la jeunesse scolaire et estudiantine, qui
réclame la responsabilité historique d'être l'avant-garde
des luttes sociales au Burkina Faso, a un sens aigu de la liberté, de
la justice d'où sa présence perpétuelle aux
côtés des syndicats et des partis politiques pour dénoncer
les mesures socialement injustes et les dérives des régimes
politiques. C'est ce qui fait dire à certains que le mouvement
étudiant est essentiellement infiltré et manipulé par
l'opposition et les syndicats radicaux.
C'est également au nom de cette liberté
d'expression, et de manifestation que les étudiants revendiquent
perpétuellement contre la restriction des libertés syndicales et
la violation des franchises universitaires qui se manifestent selon eux par
l'interdiction des meetings sur le campus et l'intervention des forces de
l'ordre pour réprimer les grèves. Cette violation des franchises
universitaires est considérée par les étudiants comme une
volonté des autorités politiques de `'museler'' et de
`'caporaliser'' l'Université. C'est ce qui explique la révolte de
ces derniers et la radicalisation des luttes sur le campus.
La crise que traverse l'enseignement supérieur au
Burkina Faso, ne saurait être qualifiée d'agitation ou de
subversion. Elle est née du contexte de la paupérisation
grandissante des étudiants et enseignants, de l'absence de
débouchés, de perspectives et des injustices sociales dont ces
acteurs se disent être victimes. L'Université de Ouagadougou est
devenue au fil des ans un lieu de turbulence d'une jeunesse en manque de
repère et en proie à tous les doutes.
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