PREMIERE PARTIE :
ASPECTS THEORIQUES
CHAPITRE 1: CADRE CONCEPTUEL ET METHODOLOGIQUE
SECTION 1 : PROBLÉMATIQUE
L'université de Ouagadougou, bien qu'étant un
centre de production et de diffusion des connaissances, a aussi
été de tout temps un lieu de luttes, de conflits, à savoir
un théâtre où naissent, se côtoient et s'affrontent
des forces, des courants idéologiques et politiques contraires. Cette
situation a entrainé une forte interdépendance entre la dimension
corporatiste et la dimension politique dans les revendications à
l'université.
Depuis 1990, l'université de Ouagadougou s'est
enfoncée dans la crise au fur et à mesure que l'Etat, son
principal soutien essuyait la contestation démocratique et les
mesures d'ajustement structurel. A l'époque, partout en Afrique les
Universités sont accusées à tort ou à raison par
les institutions de Bretton Woods de coûter trop chères pour ce
qu'elles apportent, d'être absentes des recherches, de proposer des
formations inadaptées aux besoins et de constituer une fabrique de
chômeurs.
La mise en oeuvre des Programmes d'Ajustement Structurel (PAS)
proposés par le FMI et la Banque Mondiale a eu des conséquences
désastreuses dans l'enseignement supérieur entrainant,
l'émergence des mouvements sociaux qui ont remis en cause et souvent de
manière violente les mesures d'ajustement imposées par ces
institutions internationales.
Ces conflits et revendications sont nés du fait de la
dégradation continue des conditions de vie et d'étude des
étudiants et surtout la dévalorisation de la fonction enseignante
au supérieur depuis l'application des mesures de l'ajustement
éducatif. L'adoption des PAS a ainsi réduit les budgets de
l'éducation, éliminée les aides et avantages aux
étudiants et enseignants.
Par conséquent, à travers les
mobilisations et les luttes, le mouvement étudiant et enseignant s'est
positionné désormais comme une force sociale capable
d'ébranler les idéologies et les institutions étatiques.
Les pouvoirs voyaient donc d'un mauvais oeil ces «menées
subversives » d'autant plus que leurs « mobiles
inavoués » seraient éloignés des
préoccupations des étudiants et enseignants.
Par ailleurs, si tout le monde s'accorde à dire que la
crise de l'enseignement supérieur au Burkina est inspirée par des
causes multiples, il n'en est pas de même quand il s'agit des motivations
et des mobiles profonds qui animent les actions protestataires des syndicats.
Il est indéniable que les structures sociales,
économiques, politiques, idéologiques et morales orientent les
comportements, déterminent les attitudes et les choix politiques des
acteurs ; en un mot leur participation à l'espace syndical et
politique.
Ainsi, nous conviendrons avec Marcel Mauss qu'un fait social
est le produit d'une conscience collective et l'expliquer, c'est le rapporter
au tout qui l'a produit.
Pierre Bourdieu reconnait qu'il faut expliquer les pratiques
sociales des acteurs par leurs déterminants sociaux dont
l'habitus en tant que «subjectivité
socialisée » est le produit.
Autrement dit, il existe des logiques sociales et politiques
qui servent de terreau à la crise à l'Université de
Ouagadougou. C'est pourquoi, l'étude de la crise de l'enseignement
supérieur au Burkina Faso est indissociable des mécanismes
sociaux et politiques qui sous-tendent, influencent les actions des acteurs
à l'Université de Ouagadougou.
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