DEUXIEME PARTIE : L'ORDRE DE BERLIN
La colonisation est un mouvement d'expression militaire,
économique et culturelle de l'Europe.
Les causes de la colonisation africaine
Pour certains pays, la colonisation était une
possibilité de résoudre une question d'ordre national ou
continental. C'est notamment l'accroissement de la population
européenne.
Au 19ème siècle, dans plusieurs pays
d'Europe face à l'insécurité pour résoudre cette
crise, la colonisation devint une solution. La Colonisation = moyen de
renverser le trop plein de la population à l'extérieur du
pays.
Résolution de la crise due à la l'accroissement
de la population, transplantation/ transposition des rivalités entre les
puissances européennes, intérêts économiques et
l'évangélisation.
La colonisation est un moyen de résoudre pacifiquement
les rivalités entre les puissances coloniales. Il est question de la
délocalisation de certaines crises entre puissances
européennes.
Pour plusieurs pays, avoir une colonie est un motif de
fierté nationale.
Intérêts économiques est la
principale cause de la colonisation
L'occident sort de la traite des noirs. La colonisation
représente une véritable source et intarissable des
matières premières. Ainsi, les colonisateurs ont pris l'option de
l'exploiter.
Pour l'Europe, la colonisation est un moyen d'acquérir
une véritable politique de force qui entrainerait éventuellement
une politique de puissance.
Les questions religieuses et culturelles
Prouver la supériorité des blancs sur les noirs
et imposer sa civilisation. Elle a préparé psychologiquement les
noirs à accepter sa situation. C'est notamment dans
l'interprétation de certains textes bibliques.
Conséquence : l'expansion de la religion
coloniale. Il s'agit principalement du catholicisme et du protestantisme.
Objectif : désarticuler et dénaturer complètement le
colonisé.
Avant la conférence de Berlin, la colonisation
était lente. Seules les cotes africaines étaient
colonisées. C'est avec cette conférence tout est allé
vite.
Les stratégies de gestion coloniale
C'est une gestion trilogique :
Etat-Compagnies Privées-Missionnaires. E-Cp-M
L'Etat, acquéreur de terres exceptionnelles, les
cède aux entreprises privées avec une charte. Les missionnaires
devaient préparer l'acceptation et l'obéissance des
colonisés. Ceci se fait par l'enseignement et
l'évangélisation. L'objectif : un seul : faire des
affaires en silence en obtenant la collaboration des peuples africains
assujettis par la religion coloniale et l'acculturation.
Mode d'acquisition des territoires
africains
Principalement par la force brutale, la force armée.
Certaines fois, le colonisateur utilise la ruse en appelant à la
négociation.
Conséquence de la colonisation
Nombreuses et de plusieurs ordres : Politique,
économique, sociale, humanitaire, culturelle.
Ce qu'on peut retenir pour faire simple :
· Déshumanisation de l'Afrique et des africains en
volant sa culture
· Elle lui a ôté la confiance en lui
faisant perdre son essence
· Elle a favorisé l'option selon laquelle l'homme
noir était inférieur et devait faire comme le blanc pour
s'émanciper.
· L'Europe a soumis l'Afrique sur tous les plans.
Conférence internationale de Berlin
L'Afrique est entrée dans les Relations Internationales
par la conférence internationale de Berlin. Avant, il y avait des
traitements isolés, à titre individuel entre les puissances.
C'est Berlin qui a créé un pacte
stratégique entre l'Europe/ occident et l'Afrique. Ceci est fait par
l'Acte Général de Berlin.
Circonstances immédiates de
convocation
Vives tensions entre les grandes puissances coloniales
exprimées par le traité Anglo-portugais du 26 février
1884.
Contenu du traité : la gestion de
l'embouchure du fleuve Congo. L'Angleterre reconnaît la
souveraineté portugaise dans le bassin du Congo au détriment de
la Belgique et de la France.
Réactions : la France et la
Belgique protestent. Vives tensions dans la région.
Pour tout résoudre : en soutien à la
France, Otto Von Bismarck convoque la conférence de paix à
Berlin. Le chancelier Allemand avait un grand enjeu : plus la France
serait distraite en s'occupant des questions de la colonisation en Afrique
noire, moins elle penserait à la question de l'Alsace-Loraine.
Voici la situation en 1884
Les forces en présence :
1. La Belgique :
Le roi convoque la conférence géographique de
Bruxelles, du 12-19sept. 1876. Motif : lutter contre la
traite des noirs (civiliser le continent africain), ceci abouti à la
création de l'AIA (Association Internationale
Africaine). En 1878 la Belgique crée l'AIC (association
Internationale du Congo). Son objectif est philanthropique. Le roi y engage
Stanley.
2. La France :
Elle envoie Savorgna de Brazza. Celui-ci fonde Brazzaville en
1881.
3. Le Portugal :
Le Portugal était déjà présent
depuis Diego Cao autour du royaume Kongo. C'est pour cette raison
d'ancienneté qu'il réclame la souveraineté sur le bassin
du Congo.
4. L'Angleterre
Tenait à régler des comptes à la France
qui était une puissance concurrente.
Le 26 février 1884, le Portugal et l'Angleterre signent
un traité dans lequel ce dernier reconnaît la souveraineté
portugaise sur le bassin du Congo. Ceci prive l'accès non seulement
à la France mais aussi à la Belgique : tollé
général. Les termes dudit traité sont refusés par
la France et la Belgique.
Les évidences :
1. Berlin n'a pas été convoqué pour
partager l'Afrique. Mais plutôt pour résoudre pacifiquement et
diplomatiquement un conflit susceptible de provoquer une guerre entre les
grandes puissances.
2. Berlin n'a pas seulement légitimé
l'occupation coloniale (il a posé les bases officielles de la
colonisation) mais aussi il en a engendré l'ordre. Celui-ci existe
encore aujourd'hui. Le système politique africain post colonial est issu
de Berlin.
3. La principale décision prise à Berlin est
celle du contrôle du Bassin du Congo pour y exercer librement le commerce
(la fameuse neutralité du Bassin du Congo).
L'enjeu de la convocation
· Pour l'Allemagne : éloigner la France en
Afrique pour qu'elle oublie le litige Alsace-Loraine.
· Résolution d'un conflit majeur entre les grandes
puissances coloniales
· Contrôler l'accès au bassin du
Congo : un estuaire d'entrée et de sortie par l'océan
atlantique.
Solution : obtenir
l'internationalisation du bassin du Congo et sa non appartenance à une
seule grande puissance coloniale (liberté de circulation, liberté
de navigation et liberté de commerce). Ceci a réglé le
sort de l'actuel Congo : une res nulius, un bien commun de
l'humanité.
Particularité de la conférence
Internationale de Berlin : 14 pays occidentaux bien
représentés au sommet, sans une seule personnalité
africaine.
Berlin a traité une question africaine sans l'Afrique
elle-même. L'objet ne l'engageait pas. Il s'agit des pays suivants :
- All.,- Autriche-Hongrie, Belgique, Danemark, Empire Ottoman,
Espagne ; France, Grande Bretagne, Italie, Pays-Bas ; Portugal,
Russie, Suède et USA.
Berlin, dans son Acte général développe
l'idée de sphère ou de zone d'influence.
Il interdit l'annexion unilatérale mais autorise une
occupation effective, faite sur base d'accords avec les populations africaines
concernées. Ces accords doivent être notifiés aux autres
puissances coloniales.
Dans l'interprétation de l'Acte Général
de Berlin, on parle des droits des étrangers (liberté de
navigation). Tous les étrangers ont les mêmes droits
économiques quels que soient les pays européens qui en
prendraient possession. On ne parle pas de droits de ceux qui y habitent. C'est
ainsi qu'aujourd'hui encore en RDC les étrangers ont plus d'importance
que les nationaux. Ils peuvent tout faire sans être
inquiétés.
La CIB a redistribué les cartes en précipitant
l'expansion européenne en Afrique centrale :
Britannique : Delta du Niger et le contrôle du
Nigéria. Français : le Benin en 1892 et la Cote d'Ivoire.
Section 2. Le système politique issu de
Berlin
1. Un système statocentré = calqué sur
un modèle européen basé sur le traité de
Westphalie de 1648.
2. Un système de zone d'influence
3. Un système de dépendance politique et
économique
4. Un système de tutelle culturelle et
religieuse : c'est un système d'assujettissement complet de
dépendance totale.
5. La territorialisation du monde : ceci marque une
allégeance citoyenne à un centre.
1. Un système calqué sur les
données de Westphalie
Les traits spécifiques :
· Equilibre de puissance
· L'inviolabilité de la souveraineté
nationale
· Non ingérence
Tout ceci a constitué un élément de
stabilité au 19ème siècle en Europe.
En Europe, l'ordre de Westphalie a imposé l'Etat-Nation
souverain. En Afrique cet ordre a été transplanté cad
l'ordre de Berlin = la transplantation de l'Etat européen en Afrique. De
ce qui précède, l'Afrique des communautés et peuples a
cédé la place une Afrique des Etats.
La conséquence logique : le système de
Berlin consacre les frontières comme véritables limites de
territorialité. Ces frontières ne tiennent pas compte des
spécificités des communautés africaines.
Le système de domaine et des zones
d'influences
L'ordre de Berlin a institué une Afrique de zone
d'influence. Chaque partie est une chasse-gardée des puissances.
Après les indépendances, ce système continu. Cette zone
stratégique est entre autre exprimée en terme de langue :
Anglophonie, francophonie, hispanophone, lusophonie. Chaque
groupe appartient à une zone contrôlée par les grandes
puissances.
Ceci conduit à une politique de tutelle politique. Une
tutelle absolue ou relative selon les cas.
Ce système permet aux occidentaux de continuer à
jouer un rôle important dans le fonctionnent des Etats africains. C'est
une indépendance indélébile. Il faut noter que le
système de Berlin a permis d'assujettir l'Afrique de plusieurs
manières et sur tous les plans :
Politique, économique et financier, idéologique,
religieux et intellectuel.
L'Afrique est aujourd'hui ce que l'Europe décide.
Berlin a crée un système politique de vassalité
politique.
Le système de dépendance
économique
La conférence de Berlin a déterminé la
place de l'Afrique dans l'économie mondiale. Elle fait de l'Afrique une
périphérie économique.
Rôle de l'Afrique : apporter les matières
premières de base à la métropole. C'est une
vassalité économique. L'Afrique est pourvoyeuse des
matières premières de base et un marché
d'écoulement des produits. Certaines fois l'Afrique est une
décharge.
Ce modèle se sert du FMI et de la BM pour assujettir de
plus belle l'Afrique. Prétendant relancer le développement du
continent, l'occident a créé une véritable
dépendance à la dette extérieure et aux bailleurs des
fonds étrangers.
Plusieurs plans et programmes économiques venus de
l'extérieur n'ont rien apporté à l'économie
africaine.
Conséquence :
· Marginalisation économique de l'Afrique
· Perdition annoncée
· Dépendance économique
· Endettement de la pauvreté
· Pauvreté absolue
· Echec de développement
Incapacité d'avoir une véritable
souveraineté économique pour survivre, il lui faut les dons et la
dette.
Système de tutelle culturelle et
religieuse
En civilisant l'homme africain, l'occident a entrepris de
détruire les valeurs culturelles africaines. Berlin a permis aux
colonisateurs d'importer les valeurs culturelles étrangères. Pour
cela, l'occident a créé une religion unique, une langue
étrangère, des habitudes sociales étrangères. Tout
cela lui a permis de maitriser et de contrôler le colonisé.
Section 3. Caractéristiques de l'Etat-Nation
africain dans l'ordre de Berlin
· Etat occidentalisé
· Etat Belligène
· Fruit de l'expansion coloniale
· Etat protectorat
1. Etat occidentalisé
C'est un Etat d'importation de l'occident. Calqué sur
le modèle de l'Etat-Nation issu de la conférence de Westphalie.
C'est un Etat transplanté en Afrique, Etat issu de l'hybridation.
Conséquence : une inadaptation
aux réalités sociales africaines, crise de
légitimité, création des légitimités de
substitution.
Tout le système de l'ordre de Berlin est bâti sur
la prétention universaliste de l'Etat.
L'occidentalisation de l'Etat dans les sociétés
extra occidentales n'admet pas la présence des identités
particulières. En Afrique, les Etats-Nations actuels sont
constitués des identités, ils sont multinationaux.
Conséquence : crise et
faillite de l'Etat. En calquant l'Etat-Nation africain sur un modèle de
l'occident, l'ordre de Berlin a fait de l'Etat africain non seulement un
modèle en crise mais un échec préparé.
Ceci est perçu dans les faits suivants :
· Incapable de fédérer les tribus et les
ethnies pour former une véritable Nation
· Incapable de créer un vouloir vivre
collectif.
Ce modèle a exacerbé le sentiment
d'appartenance ethnique.
2. Etat belligène
Avant la colonisation, l'Afrique n'était pas
constitué des mosaïques ethniques ou des sociétés
segmentaires. Il y avait des véritables Nations délimitées
avec une véritable conscience historique, culturelle et
économique. Ces Nations avaient pour objectif de réaliser une
synthèse de l'Etat et de la Nation.
L'occident en éliminant ces structures a
exacerbé le sentiment de recourt à l'ethnie ou à la tribu.
Ainsi donc, cet Etat devient belligène. Il est porteur des germes de
conflits. En voici les éléments qui attestent cette
option :
· Le caractère transplantatoire
· Le caractère multinational
· La non acceptation des identités
particulières
Conséquence : revendication, les crises et
conflictualité.
3. Etat fruit d'expansion colonial
L'Etat en Afrique est omniprésent. Pour s'imposer,
l'Etat colonial a lutté contre le peuple. Il s'est imposé par la
force.
Conséquence : manque de conscience en l'Etat,
incapacité de fédérer le peuple, il tente de s'imposer par
la force.
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