CHAPITRE III. PRESENTATION DU MOUVEMENT POLITICO
RELIGIEUX BUNDU DIA KONGO
Pour bien connaître et comprendre le BDK, il faut se
refuser de le percevoir avec les grilles de lecture occidentalisées. Il
faut l'intégrer dans la dimension uniquement africaine et
particulièrement dans la tradition kongo.
Cela passe par la saisie de sa capacité
trilogique :
Science- religion-politique : il faut bien comprendre le
bukongo. Cette perception trilogique est complémentaire.
Elle est traduite dans la sagesse kongo comme suit :
makuku matatu ma lamba kongo (annexe n° 1).
Cette sagesse reprend une réalité de trois
ancêtres, chacun représentant un domaine de vie kongo :
· Mpanzu : la science / technologie
· Nsaku : la religion
· Yaya Nzinga : la politique
De ce qui précède, nous devons comprendre que le
BDK est un mouvement tridimensionnel, organisé autour de la
science/technologie ( Mpanzu), la religion(Nsaku) et la politique( Nzinga).
C'est ainsi qu'il parait normal de le nommer mouvement
scientifico-politico religieux.
L'objectif du BDK est de sauver l'Homme. Pour y arriver, il se
refuse de séparer le matériel du spirituel et de la science.
Cela parce que dans la sagesse traditionnelle kongo, le chef
est à la fois mfumu ye nganga (roi et prêtre).
Tout compte fait, le Bdk est une union du spirituel et du matériel.
Définition de BDK
Dans l'étymologie kongo, le bundu, c'est l'union
Kongo. C'est un mouvement politico religieux. Son objectif est de promouvoir le
bien être spirituel et matériel de l'homme (d'abord) et celui de
la société.
Le BDK est la renaissance de l'anciennne école
initiatique kongo. Sa philosophie est fondée sur le makuku matatu
malamba kongo= amour- intelligence-pouvoir.
Nature de BDK
Le BDK est un mouvement de libération culturelle,
spirituelle et matérielle de l'Afrique tout entière. La
réhabilitation de la culture Kongo et celle de l'Afrique.
Genèse de BDK
Le BDK est un mouvement jeune, et ancien en même temps.
Ancien parce qu'il a commencé avec la pensée de yaya kimpa vita
qui avait dit : mavimpi ma katiopa mukutuka mu ntimansi.
Il est jeune, parce qu'il a été officiellement
crée le 03 juillet 1969 avec la révélation de l'archange
Akongo à Ne Muanda Nsemi (ramener le bakongo à leur premier
amour : la pratique de leur culture et tradition. L'exécution de sa
vision commence officiellement le 04 janvier 1986.
Sa mission
Inciter la prise de conscience kongo et celle de son peuple.
Celui-ci est considéré comme élu par Dieu pour une
véritable révolution africaine. Révolution du peuple noir
de toute l'Afrique jusqu'au rétablissement des cultures africaines et le
développement intégral de tout le continent africain.
La mission principale est de vaincre pour remplacer les
idées fausses contenues dans les religions coloniales, dans la science
et la politique par les idées vraies. La vraie mission du BDK et celle
de Ne Muanda Nsemi, c'est celle de préparer l'Afrique Centrale à
l'avènement du troisième millénaire qu'il appelle
l'ère du verseau.
Sa vocation et rayon d'action :
Atteindre toute l'Afrique noire. Sa base naturelle est
cependant la province du Bas-Congo. Il est bien implanté dans l'espace
culturel : l'Angola, la RDC, le Congo-Brazza et le Gabon. Il est
également implanté en Europe, en Amérique.
En Afrique, l'objectif de son implantation est de couvrir
d'abord l'espace de l'ancien Royaume Kongo.
Le combat de BDK
Le combat de BDK est celui d'imposer le nzila kongo( le chemin
kongo ou l'idéal kongo) par le débat et non par la guerre. Ceci
veut dire que ce mouvement est à priori un mouvement pacifiste.
Organisation de BDK
1. Le chef spirituel : nlongi'a kongo
Il en est le coordonnateur et visionnaire. Il en
détermine le fonctionnement. Il est le représentant du bukongo.
Le père des bakongo. Il est le chef spirituel des Bakongo. Il est en
même temps roi et prêtre, le chef des clans (ne makandala)
2. Les conseillés
Trois conseillés représentant chacun un pays un
pays de l'ancien royaume kongo.
3. Le chef de centre
Chaque pays représente un centre. Il est dirigé
par un chef de centre.
4. Les sections ou les zikwa
Un zikua est dirigé par un mfumu zikwa, un chef de
section.
Au sein d'une section, il y a un directoire ( kilongo kia
zikwa). C'est un corps sacerdotal composé de quatre membres.
Chaque section a :
· Un directeur et son adjoint ( mayala ma zikwa)
· Deux prêtres ( nganga ma zikwa). Les
prêtres sont des intermédiaires entre les hommes, les
ancêtres et les dieux.
Les enseignements de bdk
Le bdk n'est pas seulement attaché aux traditions mais
aussi aux mythes. Ses enseignements religieux, pour créer
l'adhésion, la foi recourent très souvent aux mythes, à
des allégories.
Il explique les réalités de la vie sociale, la
vie courante par des mythes, contes et symboles. Son postulat de départ
est : « makanda ma bantu ye kinzambi kiawu (chaque race et
peuple a ses dieux). Ce peuple a ses archanges, ses envoyés. L'objectif
est de prouver que sur le plan spirituel, les noirs sont différents des
autres peuples. Ils ont leurs dieux manifestés en un archange noir.
Ainsi soutient-il aucun mimétisme religieux ou
spirituel ne peut permettre à l'Afrique de se développer.
Enseigner à l'Afrique des dieux étrangers serait l'acculturer et
l'empêcher de se développer.
Voici ce qu'il propose à l'Afrique :
· Le dieu de l'Afrique nzambi'a mpungu
· Son archange : muanda kongo
· Son peuple élu : bakongo
· Sa terre promise : le kongo
· Son prophète : mbuta kimbangu
· Son livre sacré : makaba
L'enseignement spirituel de Ne Muanda Nsemi tente d'expliquer
que c'est la connexion d'un peuple, d'une race à son génie
superviseur qui peut susciter son développement.
De ce qui précède, le bdk se présente
comme ce mouvement capable de ramener l'Afrique en général et le
kongo en particulier à la quête de sa propre culture et
d'éviter les emprunts.
Il se sert des allégories, des images, des discours
mythiques, des références aux êtres supérieurs, aux
symboles pour construire ses prémisses et prouver la
véracité de ses arguments.
Le dieu dans l'enseignement de bdk
Dans l'enseignement de bdk, dieu a une place de choix comme
chez tous les bakongo. Il ne croit pas seulement à dieu mais aussi aux
ancetres morts. Ainsi, le bdk exige l'amélioration constante de la
relation entre les vivants et les morts. Les morts ne sont jamais morts. La
religion bdk enseigne l'immortalité de l'âme. Dans cette
perspective un membre de BDK pense que l'homme vivant ne peut épuiser
son âme par la mort. Ainsi, l'homme ne meurt jamais (muntu kawu
fua koku). Tous ceux qui meurt vont au « shimu kongo)= le
mort n'a pas disparu, il a traversé la rive kongo. Le shimu, c'est le
kongo spirituel, où vivent tous ceux qui meurent. De là, ils sont
jugés selon leurs actes :
· Le mukulu ( bakulu) l'esprit des ancêtres morts
dans le bien. Il protège les vivants.
· Le mukuyu ( bakuyu) esprit des ancetres morts dans le
mal. Ils sont invoqués pour jetter le sort
· Les ancetres morts par amour du kongo, les héros
kongo.
Le BDK et les autres religiosités
traditionnelles
1. Ressemblance
· Un esprit protestataire, refusant d'intégrer
dans l'ordre établi et désaculturé
· Affirmation du lien traditionnel et ses valeurs face
à la modernité
· Lutte pour l'émancipation des peuples
colonisés
· Mouvement de résistance collective
· Référence au mythe du salut et
l'utilisation du discours du sacré pour poser des revendications d'ordre
politique et social
· Refus de l'aliénation culturelle
· La volonté de se libérer de l'oppression
culturelle, sociale et politique
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