Section2 : La présentation du visage de la ville de
N'Djaména et description des comportements des habitants avant l'action
de la municipalité.
Dans cette section, il sera présenté la
situation de la ville de N'Djaména avant la prise de la décision.
Il sera plus précisément question du visage de la ville, du
comportement de ceux qui y habitent. Ces observations permettront d'identifier
ce qui ternie l'image de la ville, ce qui la rend malsaine et
désagréable.
La comparaison de cette situation à la situation
actuelle c'est-à-dire après l'interdiction de l'utilisation des
sachets plastiques « Leyda » permet de mettre en évidence les
impacts socioéconomiques de cette mesure.
Mémoire de fin de formation en Analyse et Evaluation de
Projets / IVème Promotion Master II Page 19
Evaluation d'impacts socioéconomiques de l'interdiction
de l'utilisation des sachets plastiques « Leyda » dans la ville de
N'Djaména-Par SELSOUBE SOUABE
2.1. L'image des quartiers et des voies
publiques
2.1.1. Visage des quartiers
![](Evaluation-dimpacts-socioeconomiques-de-linterdiction-de-lutilisation-des-sachets-plastiqu1.png)
Photo N°1 : les déchets plastiques
jonchant un caniveau de la ville de N'Djaména.
Source : Programme « gestion
durable des déchets et de l'assainissement urbain »
Projet de recherche : « Tri sélectif et
valorisation des déchets urbains de la ville de N'Djaména »,
février 2003.
Il n'était pas évident de séjourner
à N'Djaména sans remarquer la présence excessive de
déchets plastiques. Dans les quartiers, les sachets plastiques flottent
partout sur les branches d'arbres. Or un seul sac
abandonné suffit à dégrader la beauté du paysage de
la ville.
Lors de fréquents travaux de terrassement et de
nivellement des rues de N'Djaména par la mairie ce sont des «
forêts » de sachets plastiques qui apparaissent après le
rasage des engins à tel point que l'on se demande si ces rues sont bien
en terre ou en plastique.
Les rues, les places publiques, les terrains vides, et surtout
les décharges publiques de la capitale tchadienne, N'Djaména,
sont tapissés de ces déchets plastiques qui parfois vous sautent
au visage sans aucun égard.
Ces déchets plastiques trainent partout à terre.
Mêmes ceux qui sont déposés dans les bacs à ordures,
lorsqu'ils n'y sont pas bien arrangés avec soin un tout petit vent
suffit pour les faire disperser dans les quartiers.
Les canaux d'évacuation des eaux usées se trouvent
très souvent bouchés par les déchets plastiques. Ce qui
favorise la forte multiplication des moustiques et la prolifération des
insectes dans la ville.
N'Djaména est situé dans une zone à deux
saisons, une saison de pluie et une saison sèche. Si les eaux
usées sont bien évacuées au temps opportun, il n'y aura
pas de forte
Mémoire de fin de formation en Analyse et Evaluation de
Projets / IVème Promotion Master II Page 20
Evaluation d'impacts socioéconomiques de l'interdiction de
l'utilisation des sachets plastiques « Leyda »
dans la ville de N'Djaména-Par SELSOUBE SOUABE
multiplication des moustiques en saison pluvieuse et alors il ne
devrait pas avoir de moustique pendant l'autre saison.
Ce qui est le plus souvent observé dans certains
quartiers, est qu'il y a la présence des moustiques quelle que soit la
saison.
2.1.2. Le visage des voies publiques
![](Evaluation-dimpacts-socioeconomiques-de-linterdiction-de-lutilisation-des-sachets-plastiqu2.png)
Photo N°2 : les déchets
plastiques flottant sur les branches d'arbre au bord d'une voie
publique.
Source : Agence Tchadienne de
Presse
La présence des déchets plastiques est
très remarquable sur les voies publiques. Très souvent, le vent
les soulève et les emporte. Cela perturbe quelque fois la vue des
conducteurs causant des accidents dans les circulations routières.
Lorsque ces sachets plastiques sont emportés, ils s'accrochent partout
sur les branches d'arbres, les poteaux électriques,
téléphoniques se trouvant aux bords des rues. En voyant cette
pollution, le sentiment exprimé par la population est le
dégoût car ils défigurent le beau paysage de la ville.
Les caniveaux qui doivent normalement permettre de faire
passer les eaux de ruissellement des voies bitumées vers les canaux
d'évacuation se trouvaient très fréquemment bouchés
par les sachets en plastique. Cette situation crée quelque fois
l'inondation de certains quartiers de la capitale.
Mémoire de fin de formation en Analyse et Evaluation de
Projets / IVème Promotion Master II Page 21
Evaluation d'impacts socioéconomiques de l'interdiction
de l'utilisation des sachets plastiques « Leyda » dans la ville de
N'Djaména-Par SELSOUBE SOUABE
Lors de nos entretiens avec les agents de nettoyage des rues,
ceux-ci nous ont fait comprendre que les sachets plastiques « Leyda »
occupaient, avant la prise de la mesure, le premier rang en volume des
déchets qu'ils ont l'habitude d'enlever.
Les ordures qui trainent par terre se trouvaient couvertes
par les déchets plastiques. Ce qui accentue leur décomposition
surtout en saison pluvieuse. Ces tas d'ordures font dégager des odeurs
très nauséabondes et favorise aussi la multiplication des
bactéries plus d'autres microbes nuisibles.
2.2. La description de comportements des
ménages et les habitudes dans les marchés
2.2.1. Les habitudes au marché
L'apparition des sachets plastiques a inculqué de
nouvelle habitude à la population n'djaménoise de telle sorte
qu'elle n'arrive à ne rien réaliser sans « Leyda ».
Les comportements ont profondément changé dans
les actions au marché. Toute transaction commerciale fait
obligatoirement intervenir les sachets plastiques. Les paniers faits à
base des végétaux et autres récipients ont disparu dans la
vie des ménages laissant place aux « Leyda »
Les tchadiennes ont épousé des nouvelles
habitudes à travers la modernisation du mode de vie liée au
développement industriel. Avec l'évolution de la
société, elles se font l'illusion qu'elles ont une nouvelle
civilisation et que leur propre ancienne civilisation n'a plus de sens. Elles
se rendent donc au marché les mains vides comme si porter son panier en
raphia de la maison au marché est devenu une honte. Les
ménagères tchadiennes ont délaissé les
traditionnels paniers en raphia pour le sac en plastique « Leyda ».
C'est sur le marché que les clients s'approprient des paniers à
usage unique pour leur achat. Et cela se répète à chaque
fois que la personne se rend au marché. Il arrive parfois qu'à
chaque achat d'article correspond un sachet en plastique.
Lorsque le client fait un achat important, le marchand lui
sert les produits achetés avec des sachets gratuitement. Pour des petits
achats, le client est contraint de payer les sachets en
polyéthylène qu'il trouve d'ailleurs moins cher.
Les marchands et clients apprécient beaucoup plus ces
sachets car ils les trouvent très pratiques et à la portée
de tout le monde.
Par leur forme et leurs dimensions multiples, ils conviennent
à n'importe quel article. Ces sachets ont même dans la pratique,
remplacé les bouteilles et les calebasses. Certains détaillants
s'en servent pour vendre du sel, du riz, du sucre, du lait, de l'huile des
petits légumes, des condiments, etc. Presque tous les articles
achetés sont emballés dans les sachets plastiques. Dans un sac
noir porté par une ménagère, peuvent souvent se trouver 4
à 5 petits sacs transparents. Il arrive fréquemment que ces
plastiques soient utilisés pour l'emballage des repas chauds comme les
beignets et les patates frites. Or, la chaleur de ces mets pourrait conduire
à la libération des composés chimiques qui constituent le
plastique et qui seront, en même temps, ingérés avec les
repas. Nos parents les emballaient avec des feuilles des plantes.
Mémoire de fin de formation en Analyse et Evaluation de
Projets / IVème Promotion Master II Page 22
Evaluation d'impacts socioéconomiques de l'interdiction
de l'utilisation des sachets plastiques « Leyda » dans la ville de
N'Djaména-Par SELSOUBE SOUABE
Cette pratique a dévalorisé les
activités de tissage des paniers en palmier-doum. Elle a aussi
supprimé les habitudes qu'avaient les femmes d'utiliser les paniers
durables.
2.2.2. La description du comportement de la
population
Les sachets plastiques « Leyda » ne sont pas
mauvais car s'ils sont utilisés avec précaution, ils ne
présentent aucun risque à la santé de l'homme. Mais c'est
la mauvaise utilisation qu'en font les ménages qui les rendent
mauvais.
Une fois arrivés à la maison avec les produits
contenus dans les sachets en plastiques, la plupart des ménages
enlèvent leurs articles et abandonnent ces sacs en plastique à la
merci de la nature. Ces sacs en polyéthylène abandonnés
trainent par terre. Un petit vent suffit pour les emporter. Ensuite, ils
atterrissent là où le vent les amène soit sur les branches
d'arbre, sur les poteaux électriques, poteaux
téléphoniques, dans les caniveaux, dans les rues. C'est ainsi que
les déchets plastiques se trouvent anarchiquement dispersés dans
les quartiers. Il est très fréquent de les voir flotter dans tous
les endroits de la ville. Très peu de déchets plastiques
aboutissent dans les bacs à ordures, ce qui veut dire en d'autres termes
que quantitativement, le gros lot du volume de déchets d'emballage se
trouve gérer par la nature.
Certaines personnes ont l'habitude de manger en marchant, ils
jettent les emballages de leur nourriture qui sont le plus souvent des «
leyda » dans les rues.
Une autre très mauvaise pratique est que certains
citoyens qui ne disposent pas de latrine chez eux, emballent leurs
excréments dans les « leyda » puis les jettent au bord de la
rue.
Les pratiques qui viennent d'être décrites sont
quotidiennes et à longueur de la journée. Cela pollue
énormément les quartiers.
Or si et seulement si ces sachets en
polyéthylène sont rassemblés par leurs utilisateurs et
déposés dans les bacs à ordures avec précaution,
ils ne causeraient pas assez de dégâts. Aucun ménage ne
prend soin de séparer les déchets plastiques des autres ordures.
Or les déchets plastiques nécessitent un traitement particulier
car ils ne se décomposent pas vite. Ils sont plus polluants que les
autres déchets.
|