1.2. La politique spécifique de la mairie de
N'Djamena relative au secteur d'hygiène et d'assainissement
A côté du gouvernement, la municipalité
à aussi sa part de responsabilité. Raison pour laquelle, elle a
engagé plusieurs actions pour résoudre le problème de
gestion des déchets urbains. La municipalité a
réalisé une étude pour la réduction des
déchets plastiques. Pour elle, la valorisation des déchets
plastiques permettra de diminuer son volume et la pollution pourra être
réduite. La municipalité a aussi fait de reforme au niveau du
service d'assainissement et d'hygiène pour les mêmes fins.
La volonté de la mairie à prioriser ce secteur
s'est manifestée à travers les actions suivantes :
1.2.1. Les recherches en vue de réduction des
déchets plastiques
La déclaration d'Abidjan de 1996, a conduit la Mairie
a élaboré une stratégie concertée. Elle a entrepris
des actions qui s'articulent selon les quatre étapes suivantes :
44 SNRP2
45 SNRP2
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Projets / IVème Promotion Master II Page 33
Evaluation d'impacts socioéconomiques de l'interdiction
de l'utilisation des sachets plastiques « Leyda » dans la ville de
N'Djaména-Par SELSOUBE SOUABE
Première étape : élaboration
d'un plan d'action et mise en oeuvre sous la supervision d'un comité de
pilotage depuis 1998 élaboré conjointement par les mairies de
N'Djaména et de Toulouse ;
Deuxième étape : réalisation
d'un « livre blanc » et d'une étude de cadrage et de
proposition, confiée au Bureau d'étude spécialisé
(avril 1999/mars 2001) ;
Troisième étape : engagement d'actions
pilotes pour tester les options retenues (depuis 1999) ;
Quatrième étape : finalisation d'un
Plan Directeur et de l'assainissement, accompagné d'un programme
prioritaire d'intervention, destiné à servir de base à un
dossier de requête de financement (non encore engagé).
Par rapport à la deuxième étape, une
étude réalisée par le Bureau d'ingénierie de
France, BCEOM a donné les résultats suivants :
- la ville produit 600 tonnes de déchets par jour soit
0,8 kg par personne46 ;
- les services techniques municipaux sont dans
l'impossibilité par manque de moyens financiers et roulant de curer
correctement l'ensemble des caniveaux et d'évacuer la totalité
des déchets produits par les ménages et les marchés ;
- la mairie ne dispose pas de décharge
officialisée et aménagée.
La même étude réalisée par BCEOM a
permis de définir la composition pondérale des déchets
produits sur l'ensemble de la ville résumé dans ce tableau :
Tableau N°3 : Composition
pondérale actualisée des déchets produits dans la
ville
N°
|
Composants
|
Pourcentages
|
Poids en tonne/jour
|
1
|
Sables/cendres
|
45%
|
360
|
2
|
Matières putrescibles
|
25,33%
|
203
|
3
|
Bois, paille, feuilles
|
14,83%
|
119
|
4
|
Plastiques
|
5,67%
|
45
|
5
|
Papiers/cartons
|
2,67%
|
21
|
6
|
Métaux ferreux
|
1,83%
|
15
|
|
46 Programme « gestion durable des déchets et de
l'assainissement urbain », Projet de recherche : « Tri
sélectif et valorisation des déchets urbains de la ville de
N'Djaména »
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Evaluation d'impacts socioéconomiques de l'interdiction
de l'utilisation des sachets plastiques « Leyda » dans la ville de
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7 Textiles
|
1,5%
|
12
|
8 Cuirs et os
|
1,5%
|
12
|
9 Verres
|
1%
|
8
|
10 Caoutchouc
|
0,67%
|
5
|
Total
|
100%
|
800
|
|
Source : Programme « gestion durable
des déchets et de l'assainissement urbain »
Projet de recherche : « Tri sélectif et
valorisation des déchets urbains de la ville de N'Djaména
»
L'analyse de ce tableau montre que les cinq premiers postes
constituent environ 93,5% soit 748 tonnes/jours. Des actions visant à
réduire ces volumes permettraient de diminuer, de manière
significative, les charges d'acquisition et de fonctionnement des
matériels roulants de transport et de mise en décharge des
déchets collectés, à évacuer. Ce qui a conduit la
mairie à l'idée de création du CERVALD.
1.2.2. La création d'un Centre municipal d'Etudes
et de Recherche pour la Valorisation des Déchets (CERVALD)
Une étude faite par la mairie avec ses partenaires a
permis de créer un Centre municipal d'Etudes et de Recherche pour la
Valorisation des Déchets (CERVALD) en 2001. C'est plus
précisément par la décision N°09/M/SG/DSTM/01 en date
du 19 novembre 2001, que la mairie de N'Djaména l'a créé
et a recherché des partenaires pour financer son installation et son
fonctionnement.
Donc la création du CERVALD correspond à la
troisième étape des actions entreprises par la mairie
après la première étude. La création d'un CERVALD
et de la concession de son fonctionnement à une structure privée
découle de ce constat et de la volonté de démontrer que le
recyclage des déchets pouvait véritablement être
générateur d'activités créatrices d'emplois et des
ressources. Ce centre a pour mission de :
· collecter toutes les données relatives à
la production annuelle des déchets urbains en poids, volume, pour
l'ensemble de la ville par arrondissement, par quartier ;
· classifier cette production par :
- catégories de déchets produits (ménagers,
industriels et autres).
- Types de composants : déchets verts, plastiques,
papiers cartons, terre/cendres,
métaux, verres et autres,
- Dangerosité : déchets toxiques ou non,
- Possibilité de recyclage.
Le CERVALD a aussi pour mission d'étudier les divers
procédés de transformation, ainsi que les outillages qui en
résultent, former les hommes à ces techniques, étudier
les
Evaluation d'impacts socioéconomiques de l'interdiction
de l'utilisation des sachets plastiques « Leyda » dans la ville de
N'Djaména-Par SELSOUBE SOUABE
marchés potentiels pour la consommation des produits
CERVALD, engager les analyse utiles, notamment en matière de
métaux lourds, produits toxiques et radioactifs, ainsi que tous les
produits présentant une dangerosité pour l'environnement et la
santé humaine.
Partant des missions qui lui sont assignées, le CERVALD
s'est fixé les objectifs suivants :
Objectif principal : mettre en
place une filière de commercialisation des sous produits terres/sables,
papiers/cartons, sacs plastiques et matières compostables, de la
collecte à la revente, en passant par les opérations de
fabrication, de test de qualité, de mise en place des circuits de
commercialisation et de sensibilisation.
Objectifs particuliers : diminuer
le volume des déchets de N'Djaména par le tri des
catégories des déchets suivants : sables/terres, papiers/cartons,
sacs plastiques et matières putrescibles.
Les résultats de l'étude du BCEOM a permis au
CERVALD d'élaborer des plans de transformer chaque type de
déchets recyclables :
- Pour les papiers/cartons, une des orientations, reprise et
améliorée par le CERVALD est de transformer les papiers/cartons,
après macération, moulage et séchage, en buchette, servant
de combustibles pour les ménagères et les fours pour la cuisson
des briques de terre, en veillant à en garantir la non-toxicité
;
-Pour les matières putrescibles, CERVALD a
élaboré un plan de leur transformation en compost. Ce sous
produit qui sera vendu aux jardiniers, à la municipalité pour ses
espaces verts, ou aux fleuristes.
-Pour les sachets plastiques « Leyda », le centre a
réalisé une étude de faisabilité pour leur
transformation en ardoise d'écoliers ou en pavé de sol. La masse
de déchets plastiques est estimée à deux tonnes par jour.
Les études entreprises ont permis de démontrer qu'il était
possible de les transformer, par fusion, avec adjonction de sable ou non, en
divers produits d'excellente qualité, comme des ardoises pour
écoliers, des panneaux de signalisation, des pavés de sol, des
revêtements de citernes et des terrains de sport.
![](Evaluation-dimpacts-socioeconomiques-de-linterdiction-de-lutilisation-des-sachets-plastiqu4.png)
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Photo N°4 : Les divers moules utilisés
Photo N°5 : les pavés de sol
Evaluation d'impacts socioéconomiques de l'interdiction
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![](Evaluation-dimpacts-socioeconomiques-de-linterdiction-de-lutilisation-des-sachets-plastiqu5.png)
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Photo N°6 . Stock de pavés terminés
Photo N°7 . Vue d'une allée pavée
Source . Programme « gestion durable des
déchets et de l'assainissement urbain », Projet de recherche .
« Tri sélectif et valorisation des déchets urbains de la
ville de N'Djaména »
Voici les dépenses pour obtenir une unité de
pavé de sol : Tableau N°4 . les dépenses pour
obtenir une unité de pavé de sol
Coût de d'un pavé de sol (main d'oeuvre,
matériels)
|
83,04 FCFA
|
Coût tri matière première pour un
pavé
|
3,20 FCFA
|
Coût d'énergie buchette papier pour un
pavé
|
88,67 FCFA
|
Estimation du coût de sable y compris transport pour un
pavé
|
15,60 FCFA
|
Coût total pour un pavé
|
190,51 FCFA
|
|
Source : CERVALD
Le coût total de fabrication d'un pavé de sol
est de 191 FCFA. Le prix au m2 hors taxe de pavé
fabriqué à base de plastique est sans recherche de
réduction de prix, plus cher de près de 2/3 par rapport à
celui de pavé à base de ciment. Il est à signaler que le
ciment est importé au Tchad et que la différence peut se
justifier comme une prime à la protection de l'environnement. Ce
résultat confirme la pensée de certains industriels selon
laquelle le recyclage est plus couteux, il n'est donc pas économiquement
rentable.
1.2.3. La réforme du service d'assainissement et
d'hygiène
Avant de devenir deux entités différentes, le
service de la propreté et celui d'hygiène-santé
constituaient un seul service dénommé service d'assainissement et
d'hygiène. Ces services sont rattachés à la Direction des
Services Techniques Municipaux. Cette réorganisation a été
opérée pour améliorer la situation d'insalubrité de
la ville.
1.2.3.1. Le service d'hygiène et
santé
C'est un service de prévention des maladies. Ses
activités sont :
- la lutte contre les vecteurs de transmission des maladies ;
- la promotion de l'hygiène alimentaire,
l'hygiène de l'habitat, hygiène scolaire (corporelle des
élèves, des bâtiments et latrines scolaires) ;
- la lutte contre les polluants.
Mémoire de fin de formation en Analyse et Evaluation de
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Evaluation d'impacts socioéconomiques de l'interdiction
de l'utilisation des sachets plastiques « Leyda » dans la ville de
N'Djaména-Par SELSOUBE SOUABE
Ce service comprend trois types de sections : la section de
dispensaire, la section de pompe et funèbre et la section
d'hygiène et santé des arrondissements. Les tâches sont
reparties entre ces différentes sections.
La section de dispensaire est chargée des soins en
santé de l'ensemble du personnel de la mairie.
La section de pompe et funèbre s'occupe de la
surveillance et de la protection des tous les cimetières de la capitale.
Il lui est associé une équipe mobile qui a pour activités
de s'occuper des dépouilles mortelles des cadavres
égarés.
Il y a une section d'hygiène et santé par
arrondissement. Elles ont chacune, dans leur circonscription respective, la
charge de l'éducation de la population en matière
d'hygiène, de veiller sur les conditions d'hygiène des aliments
consommées dans les milieux publics tels que les établissements
scolaires, les hôtels les restaurants, les marchés, les
grillades.
Ce service a été véritablement
impliqué dans la sensibilisation de la population des
inconvénients de la mauvaise utilisation des sachets plastiques «
Leyda ».
1.2.3.2. Le service de la
propreté
Le chemin directeur de ce service a été
initié conjointement par les mairies de N'Djaména et celle de
Toulouse en 199847. Cela fait partie de la première
étape des quatre actions entreprises par la mairie après
l'étude réalisée avec ses partenaires. Mais il a fallu une
autre étude faite par le ministère de l'environnement pour que le
service soit rendu opérationnel en juillet 2007 par un
arrêté N°235/M/SG/2007.
La mairie, conformément à ses obligations, est
chargée d'assurer la collecte des ordures ménagères
déposées par la population. Elle a confié cette charge au
service de la propreté.
Ce service a pour mission de :
- collecter tous les déchets urbains ;
- évacuer les déchets à la
décharge contrôlée qui deviendra par la suite Centre
d'Enfouissement Technique ;
- nettoyer les avenues, les boulevards et les places publiques ;
-traiter et valoriser les déchets.
Un projet a été élaboré par le
CERVALD pour la création d'une Installation des Protections pour
l'Environnement. Ce centre sera très modernisé de manière
à bien traiter les
47 Programme « gestion durable des déchets et de
l'assainissement urbain », Projet de recherche : « Tri
sélectif et valorisation des déchets urbains de la ville de
N'Djaména », Février 2003.
Mémoire de fin de formation en Analyse et Evaluation de
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Evaluation d'impacts socioéconomiques de l'interdiction
de l'utilisation des sachets plastiques « Leyda » dans la ville de
N'Djaména-Par SELSOUBE SOUABE
déchets urbains. La phase de mise en oeuvre de ce
projet devrait aller de 2006 à 2009. Mais le constat sur le chantier est
différent. Ces travaux de construction n'ont pas encore pris fin.
Jusqu'à présent, le traitement des
déchets se fait simplement par incinération et enfouissement dans
un endroit situé à 20 km de la ville.
Après la réception des matériels de la
part du gouvernement, le service de la propreté a lancé une
opération appelée « N'Djaména Nadif » ce qui
signifie N'Djaména propre. Ses activités se présentent de
la façon décrite ci-après.
L'Organisation du service de la
propreté
C'est un service qui est rattaché directement à
la Direction des Services Technique Municipaux. Il comprend un
secrétariat quatre sections qui sont : la section de suivi de
propreté des arrondissements, la section de suivi de la décharge,
la section de recouvrement et de sensibilisation et la section de suivi et
contrôle des matériels.
La section de suivi de propreté des arrondissements,
chargée de collecter les ordures ménagères comprend une
équipe de collecte, une équipe de nettoyage des rues
bitumées et une équipe de collecte des redevances. Leurs
activités se déroulent dans le périmètre urbain.
Au niveau de l'équipe de collecte des ordures, pour
faciliter leur organisation, les dix arrondissements de la capitale sont
repartis en secteur. A l'heure actuelle, les circuits sont bien définis
dans les six premiers arrondissements. La répartition se présente
comme suit :
- au premier arrondissement il y a trois secteurs ;
- au deuxième arrondissement il y a onze secteurs ;
- au troisième arrondissement il existe cinq secteurs
;
- au quatrième arrondissement il y a onze secteurs ;
- au cinquième arrondissement il y a huit secteurs ;
- au sixième arrondissement il y a six secteurs.
Dans les deux arrondissements suivants c'est-à-dire le
septième et le huitième, les circuits de collecte des
déchets sont en voie d'être définis. Toute fois le service
y intervient avec quelques bennes. Pour les deux derniers arrondissements, il
se trouve que les déchets n'y sont pas importants car ce sont des
quartiers situés à la périphérie de la ville. Les
chantiers de construction sont très fréquents. Les ménages
se servent des ordures dans ce milieu comme de remblai pour les trous qu'ils
créent lors des constructions des habitations.
Le mode de collecte est celui de porte à porte
où chaque chauffeur accompagné de deux agents ripeurs passe
devant les concessions pour enlever les ordures ménagères. Puis
ils vont déposer à la décharge contrôlée. Les
chefs de secteur qui à moto, passent dans les arrondissements repartis
en secteur pour assurer le contrôle de la rotation des chauffeurs et
agents ripeurs. Il y a un chef de chauffeurs qui établit le programme de
sortie des camions. Le
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de l'utilisation des sachets plastiques « Leyda » dans la ville de
N'Djaména-Par SELSOUBE SOUABE
chef des éboueurs s'en charge de leur
répartition dans les différents secteurs. La collecte des ordures
au niveau des grands marchés s'opère de manière
particulière. Ainsi une benne est affectée au marché de
Dembé, deux au marché à mil et une au marché
central.
Parallèlement à cela, deux autres petites
sociétés interviennent dans la collecte des déchets
urbains. Mais elles ne disposent pas de centre d'enfouissement technique. Elles
utilisent donc la même décharge contrôlée de la
mairie. Ces sociétés sont « BIBO Ville propre » qui
enlève les déchets dans les sociétés privées
et Etablissement « Mallah» qui s'occupe d'une partie du marché
de Dembé.
L'équipe de nettoyage des avenues et boulevards est
composée de cinq superviseurs. Cette équipe comprend trente et
deux divisions dirigées chacune par un chef de division. Ceux-ci font
chaque jour le tour de la ville pour vérifier les activités des
petites divisions des agents nettoyeurs des rues. Chaque petite division
comporte en moyenne vingt et cinq agent formés pour la plupart des
femmes.
L'équipe de collecte des redevances est composée
de dix agents du service de la propreté auxquels sont associés
deux agents des services des arrondissements. Ils sont chargés de
collecter les redevances que doivent les ménages en contre partie du
service d'enlèvement des déchets. Ce taux est fixé
mensuellement à 1500FCFA par concession.
A partir du 08 août 2009 la mairie de N'Djaména
avait sollicité les prestations d'une société
camerounaise, dénommée société d'Hygiène et
de Salubrité du Cameroun (HYSACAM), spécialisée dans les
nettoyages, ramassage et dépôt des ordures
ménagères. Le contrat de cette prestation a pris fin en
février 2010.
Le service d'hygiène et santé et celui de la
propreté ont été très impliqués dans
l'application de la mesure interdisant l'utilisation des sachets plastiques.
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