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II- Les maisons étrangères dans la
médina de Fès : Des usages polymorphes
Les nouveaux habitants étrangers dans la médina
de Fès sont des moteurs de la mise en tourisme par le poids de leur
présence et de leurs investissements dans le tissu ancien. Les maisons
achetées par les étrangers obéissent à des modes
d'investissement polymorphes qui correspondent à des logiques diverses.
On peut en distinguer deux qui sont fondamentaux : les maisons d'habitation
privée et les maisons à usage commercial ou culturel.
1- Les maisons traditionnelles : des habitations à
usage privé
La plupart des maisons anciennes à propriétaire
étranger dans la médina de Fès sont utilisées pour
l'habitation personnelle. Cependant, il est intéressant de
différencier entre celles qui jouent le rôle de résidence
principale et celles qui sont des habitations secondaires ou de vacances. Les
étrangers que nous avons pu rencontrer lors de notre enquête sont
principalement ceux qui font de leur maison une habitation principale. Les
autres, bien évidemment, n'étaient pas sur place, ce qui explique
le nombre de maisons vides dans la médina.
L'investissement en résidence principale est
réalisé par des personnes étrangères qui
résident et travaillent au Maroc. Leur choix de s'installer au Maroc
été conditionné par une bonne offre de travail pour les
uns, ils sont des professeurs, des architectes, des guides, des gérants
de société...etc. ou encore des personnes ayant plusieurs
demeures dans la médina dont une est à usage personnel. Pour
d'autres, c'est une envie de refaire leur vie tout simplement. C'est des
personnes généralement assez jeunes (30 ans et plus) ou encore
des retraités qui ont un capital d'argent et qui ont
décidé de tout laisser tomber pour venir s'installer en
médina. Ils sont aussi des locataires mais à une proportion moins
importante, ils utilisent en général ce qui s'appelle une
location emphytéotique. Il s'agit d'un bail immobilier de très
longue durée, le plus souvent 99 ans45. La location est
généralement réalisée par des personnes n'ayant pas
les moyens nécessaires pour acquérir la maison.
45 Mais pouvant atteindre 999 ans dans certains
pays, qui confère au preneur un droit réel sur la chose
donnée à bail, à charge pour lui d'améliorer le
fonds en échange d'un loyer modique, L'emphytéote (le locataire)
est un quasi-propriétaire du bien qui lui est donné à
bail.
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D'autre part, ces maisons sont souvent des maisons
d'habitation secondaire ou de vacances, (expliqué par l'absence des
étrangers au moment de l'enquête). Les étrangers
achètent de ce fait des maisons qu'ils laissent vides et qu'ils ne
viennent visiter qu'une ou deux fois par an. Ce type d'usage en
résidence secondaire est le plus souvent le fait de retraités ou
de personnes assez âgées (50 ans et plus), mais il peut aussi
concerner des jeunes acheteurs dont la profession permet une certaine
mobilité. Ou encore des personnes qui réalisent des
investissements anticipés et des placements d'argent pour le future.
Cette catégorie d'étrangers utilise le plus souvent leur maison
à des fins commerciales pendant la période de leur absence, en la
louant à d'autres touristes étrangers voulant s'imprégner
de l'ambiance `médinale'. (Cf. Planche 4)
Planche 4
Les maisons d'habitations à
propriétaires étrangers dans la médina de
Fès
Figure 1 : Travaux de restauration dans un
grand riad à propriétaire français dans le
quartier Douh. Les modes de construction et de décoration reprennent les
éléments traditionnels
de l'artisanat marocain. Figure 2 : Une grande
dar achetée par un étranger
dans le quartier Ziat comme résidence secondaire.
W-J. B, juillet 2008
W-J. B, juillet 2008
W-J. B, juillet 2008
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Figure 3 : Travaux d'installation d'un
jacuzzi et d'une douche sur le toit d'un riad acheté par un
français pour usage privé dans le quartier Douh.
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