CHAPITRE 4 : DISCUSSION
4.1 Impact de la mise en oeuvre du plan
d'aménagement de la FC-TTK
Les forêts sont une source de vie, autant pour la
planète que pour ses habitants. Tous les peuples dépendent de la
forêt et doivent assumer leur responsabilité en matière de
conservation de la biodiversité, de régulation climatique, d'air
pur, de conservation du sol et des eaux, de sécurité alimentaire,
de produits ligneux et non ligneux, de services énergétiques, de
produits médicinaux et de valeurs culturelles (Maldague, 2006).
L'objectif premier de tout plan d'aménagement est
d'améliorer la gestion des ressources que contiennent les forêts
afin de garantir aux bénéficiaires le mieux être
économique, social et environnemental.
Mais force est de constater que le plan d'aménagement
participatif forestier de la forêt classée de TTK, est loin
d'avoir atteint ces objectifs. Et comme de nombreuses forêts de nos
jours, elle se trouve dans l'incapacité de satisfaire à tous les
espoirs placés en elle.
4.1.1 Impact environnemental
Sur ce plan le résultat est catastrophique. Ce constat
s'observe à travers le recul important du couvert végétal
qui s'explique par une exploitation anarchique, des ressources
forestières, l'installation des agglomérations au coeur
même de la forêt, la chasse incontrôlées et le
surpâturage à l'intérieur de la forêt. Cette
situation est très préjudiciable pour l'équilibre
écologique de la région en particulier et de tout le Bénin
en général.
Si cette tendance est maintenue certaines fonctions
dévolues à la forêt ne pourront plus être
assurées. Il s'agit du rôle de :
? sauvegarde de milieux propices à la poursuite du
déroulement de l'évolution biologique, puisqu'il est très
difficile de trouver des essences de valeurs actuellement dans cette
forêt ;
? préservation de la diversité biologique. Elle
est dépourvue de sa capacité à être un important
réservoir de plantes utiles sur les plans alimentaire, médicinal,
artisanal et magique, alors que la préservation de la diversité
génétique est le second objectif de la stratégie mondiale
de la conservation de l'UICN-PNUE-WWF.
? régulation normale de la biosphère (fonction
homéostatique), dont la régulation des facteurs du microclimat,
la création de méso-climat, la stabilisation du microclimat, la
régulation des régimes hydrographiques.
? qualité de l'air pour les populations riveraines, car
l'air ne circule plus, ou même si elle circule n'est plus pure, mais
rempli de poussière ou de micro particules.
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? recherches sur l'environnement naturel - recherches
fondamentales et appliquées- en vue de fournir des prescriptions pour le
développement durable et de mettre au point des méthodes et
techniques agro-forestières. On ne retrouve plus les grandes fonctions
des réserves de la biosphère de l'UNESCO (1992).
? protection des bassins versants, en particulier contre
l'érosion et la sédimentation. On note une érosion
très poussée dans la forêt et dans les villages riverains.
L'alimentation régulière en eau de bonne qualité est
compromise parce que tous les cours d'eau naturel se trouvant dans cette
forêt sont pollués ou taris tout simplement.
? conservation de la faune et de l'ichtyofaune. La belle
preuve est qu'on ne trouve plus pratiquement de gibier dans la région,
et il est même très difficile de trouver aussi des
ongulés.
? récréatif et psychique pour l'homme. Cette
forêt ne constitue plus un lieu de repos, de réflexion et de
distraction pour la population.
4.1.2 Impacts socioéconomiques
L'amélioration des conditions de vie de la population
est le souci permanent de tout dirigeant. La présence de la forêt
dans certains endroits est un atout considérable pour la satisfaction
des besoins et du bien être de ces populations.
Les études ont montré que les forêts
naturelles contribuent de manière significative à l'augmentation
des revenus des populations riveraines. Il faut noter que la majeure partie de
ces revenus est tirée de la vente du charbon de bois, des produits
forestiers non ligneux (PFNL), de l'agriculture, de l'exploitation
forestière, de la chasse et des activités d'enrichissement et
d'entretien de la forêt. Avec ces revenus assez maigres, la population a
des difficultés à satisfaire ses besoins fondamentaux. Cependant
avec une augmentation sans cesse de la démographie, la forêt est
débordée par la pression anthropique de plus en plus forte. Ne
pouvant plus répondre à toutes les sollicitations elle se
dégrade à une vitesse inquiétante favorisant plus la
pauvreté. Une pauvreté qui accentue encore plus cette pression.
On se retrouve alors dans un cercle vicieux. Ce cercle augmente le souci de la
population surtout sur le plan sanitaire, car plus assez de moyen pour aller se
faire soigner à l'hôpital, et même plus de plante
médicinale pour se faire soigner traditionnellement. Ce cercle entraine
un rendement agricole de plus en plus faible dû à la
pauvreté du sol et à l'utilisation des techniques
inappropriées, entrainant une instabilité alimentaire et une
disparition progressive de tous les produits forestiers non ligneux.
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L'autre paradoxe vient de la mise en oeuvre du plan. Il
était prévu de collecter des fonds d'aménagement par le
plan pour la réalisation des oeuvres socio communautaires. Mais
malheureusement rien n'a été réalisé, alors que les
fonds ont été effectivement collectés. Ce qui
exaspère les populations et fait naître des suspicions de
malversation dans la gestion de ces fonds, alors que les fonds mis dans un
compte bancaire attendent toujours d'être répartis selon la
clé définie à cet effet. Une fois la répartition
faite certaines réalisations communautaires pourront se faire pour
l'amélioration des conditions sociales de la population.
Pour remédier à cet état de chose, il va
falloir repenser la chaine et revoir les pratiques agricoles pour un meilleur
rendement. Pour de vrais changements bénéfiques pour la
population il faut créer des catalyseurs aussi bien internes
qu'externes. Cela pourrait être réalisable avec une
réorganisation du système en mettant à la disposition de
la population des moyens aussi bien technique, matériel que financier.
La population concernée elle-même donne déjà les
pistes de sortie telles que la délimitation de nouvelles zones de
cultures, la réutilisation des anciennes jachères, le reboisement
des zones dégradées pour exploitation anarchique et le respect
strict des zones délimitées. Ainsi on comprend facilement la
prise de conscience collective. Ces solutions épousent bien l'approche
participative, car permet aux acteurs eux même de trouver des solutions
à leur propre problème.
Par ailleurs pour le développement de la
localité, la mise en place des infrastructures de diverses natures est
indispensable au bon fonctionnement du système rural (Maldague, 2003).
Les infrastructures de transport et de communication favoriseront la
circulation des biens et services, celles d'approvisionnement en eau
règleront le problème d'eau de boisson, celles sanitaires
garantiront les meilleurs soins de santé primaires, celles scolaires
permettront l'élévation du niveau d'instruction et celles du
marché faciliteront l'écoulement des produits agricoles et
l'approvisionnement en produits manufacturés.
La création d'emploi liée à la mise en
oeuvre du plan permettra aux populations d'améliorer également
leurs conditions de vie. L'augmentation des revenus engendrera
l'élévation du niveau de vie et du pouvoir d'achat
(Missikpodé, 2003). Ceci permet de rompre avec le cercle vicieux, de
réduire la pauvreté et de stimuler le développement
durable de la localité.
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