INTRODUCTION
"Transporter des morceaux de matières d'un point
à un autre de la surface du globe, voilà toute l'activité
de l'Homme", s'exprima Aldous Huxley pour signifier l'importance cruciale du
transport, son rôle et son omniprésence dans les activités
humaines.
Effectivement l'évolution du transport est
calquée sur celle des besoins de l'espèce humaine. Si les hommes
de Cro-Magnon avaient des besoins de déplacement limités c'est
parce que la satisfaction de leurs besoins fondamentaux est possible dans un
cercle restreint où les cueillettes et les chasses étaient
faciles. Mais après la sédentarisation, la satisfaction des
besoins sociaux sur place est devenue difficile voire impossible. Il faut alors
se déplacer loin de l'habitat pour chercher du travail et de la
nourriture.
Aujourd'hui, avec la course à la croissance
économique, la recherche effrénée de biens et le souci de
gestion durable des ressources, le problème du transport se pose en
termes de mobilité c'est-à-dire se déplacer avec les
moyens les plus adaptés avec des coûts sociaux
contrôlés et de façon efficiente et efficace en prenant en
compte le souci de la protection de l'environnement et de la rationalisation
des ressources naturelles, non seulement pour les hommes actuels mais aussi
pour les générations à venir.
Dans ce souci, une cohabitation de tous les modes de
transports s'avère indispensable, voire obligatoire. De la route au fer
en passant par le fluvial, le maritime et l'aérien, chaque mode a ses
avantages et ses inconvénients. En matière de transport
terrestre, le routier et le ferroviaire doivent être des modes
complémentaires. La route a ses avantages indéniables certes,
mais le mouvement actuel qui consiste à reléguer le rail au
second plan en se basant sur ses faiblesses (l'importance des investissements
et l'incertitude de rentabilité économique immédiate) ne
serait-il pas préjudiciable à l'objectif de transport durable que
prône l'humanité ?
Face aux concurrences désastreuses que se livrent les
modes de transports sur certains itinéraires privilégiés,
face aux gâchis économiques et spatiaux qui en résultent,
face à l'accumulation des nuisances, quel rôle peut demain jouer
le rail ? (J-F. Troin, 1995).
En Afrique au sub-saharienne, les inquiétudes pour le
secteur ferroviaire sont plus angoissantes et constituent aujourd'hui les
préoccupations des divers acteurs. Le diagnostic général
des chemins de fer africains ne prête pas à l'optimisme. (R.
Pourtier, 2007).
Ce mouvement d'abandon progressif du transport ferroviaire au
profit de la route amorcé dans les pays africains depuis les
indépendances va croissant avec des conséquences les plus
néfastes à savoir le déclin des entreprises ferroviaires,
les dégradations du réseau ferroviaire et la tendance
baissière continue du trafic ferroviaire comme l'atteste l'exemple du
Togo, pays voisin du Bénin (J. Charlier et P. Segbor, 1997).
A l'exception de la République d'Afrique du Sud, la
situation sombre du transport ferroviaire dans les pays africains et la
montée d'un transport routier artisanal inquiètent et ne peuvent
laisser indifférent aucun chercheur averti (C. Béranger, 2006) et
(R. Pourtier, 2007). Dans cette partie du monde caractérisée par
un "réseau ferré de densité très faible (2,7
km/1000 km²), hétérogène (plusieurs
écartements en présence), non interconnecté" (UAC, 2006)
et d'absence de politiques réelles de coordination des divers modes, la
réflexion devrait être celle qui jettera des pistes pouvant
permettre une meilleure intégration des divers modes, une
complémentarité, un partage du trafic. Sinon, la passivité
actuelle des pays africains fasse à l'état critique du transport
ferroviaire souvent vu comme un reflet du passé colonial (P. Hugon,
2006) et la foi attachée dans le transport routier comme le seul mode
pouvant accompagner les pays africains dans leur soif actuelle de
développement socio-économique serait un leurre. Il faut alors
réveiller le rail en Afrique.
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