2.3. Délimitation des
frontières du système
La norme ISO 14040 autorise l'exclusion de certaines
catégories d'opérations des systèmes étudiés
à condition que ceci soit explicitement mentionné. Afin de se
focaliser spécifiquement sur l'évaluation de la performance
environnementale de l'unité et de son procédé de
production, cette étude s'appuie sur une variante particulière de
l'ACV, également qualifiée d'éco-profil. Elle correspond
à une analyse partielle reposant sur l'inventaire des consommations
d'énergie et de matières ainsi que des émissions à
la sortie du produit de l'usine (craddle to the gate analysis). L'analyse ici
effectuée exclura ainsi :
- les impacts environnementaux liés à la mise en
place et au démantèlement des infrastructures (phases
préalables de forages, construction et démantèlement de
l'usine de traitement, et mise en place du réseau de distribution), dont
la contribution à la charge environnementale totale du système
s'avèrent négligeables par rapport aux phases d'exploitation
(Friedrich, 2001 ; Raluy et al., 2005 ; Stokes et Horvath,
2005 et Raluy et al., 2004) ;
- et aux aspects inhérents à la consommation et
à l'élimination (« fin de vie ») de l'eau par
le consommateur.
Par ailleurs, partant du principe qu'une information ou une
donnée incertaine quant à son exactitude pourrait compromettre
la véracité des résultats de l'inventaire du cycle de vie
ainsi que les conclusions qui en découlent, une règle
systématique de délimitation a été adoptée
pour cette étude : « la réalisation de
l'étude dans les limites de disponibilité de
l'information ». Les zones d'ombre ou d'incertitudes étant
soit levées par hypothèses, soit exclues de l'analyse. Les
éventuelles exclusions seront évidemment prises en compte dans
l'interprétation des résultats.
Figure 11 : Arbre de procédés
du système de vie de l'eau potable
2.4. Qualité des
données d'inventaire du cycle de vie
La collecte directe des
données d'inventaire revêt bien souvent un aspect complexe
lié à la disponibilité des informations, à la
pluralité des procédés mis en jeu et à divers
autres ordres de contraintes (techniques, financières, etc.). La
réalisation de l'ACV impose ainsi, la plupart du temps, le recours
à des bases de données préétablies se
référant à des procédés similaires. L'usage
de ces sources de données introduit la notion « de
qualité des données », qui selon la norme ISO 14044
(2006) doit être expressément indiquée dans le corps de
l'analyse. Cette notion fait référence aux conformités
spatiale, temporelle, technologique, technique, etc., entre les sources des
données utilisées et le procédé ou produit
abordé dans l'ACV.
L'objectif fixé pour la qualité des
données de cette étude était de maximiser le plus possible
la transparence des données utilisées pour le cycle de vie en
s'appuyant sur des sources publiques crédibles, et de modéliser
le système de vie considéré dans des conditions se
rapprochant le plus possible de la réalité.
De fait, la production de toutes les données relatives
aux procédés élémentaires (données primaires
ou « foreground »), caractéristiques au processus
principal de production d'eau (extraction, traitement, distribution), a
été exclusivement réalisée auprès de
l'entreprise objet de l'analyse. Quant à la collecte des données
portant sur les procédés en amont, données
« background » ou secondaires, (production
énergétique, fabrication des intrants et réactifs
chimiques, transport, etc.), elle s'est heurtée à une
difficulté majeure. En effet, l'absence de base de données
d'inventaires spécifiques aux pays africains en raison de l'usage
relativement peu vulgarisé des analyses de cycle de vie dans ces pays,
nous a conduit à modéliser l'inventaire de cycle de vie de cette
étude à partir de diverses sources de données, dont
majoritairement la base de données Ecoinvent (Frischknecht,
2005 ; Frischknecht et al., 2005).
Cette base de données généraliste
combine un grand nombre de banques de données en un ensemble
unifié et générique de données d'inventaire de
grande qualité (Jolliet et al., 2005). Comportant plus de 4000
facteurs d'inventaires, elle passe pour être la base de données la
plus reconnue, la plus complète et la plus utilisée. Cependant,
elle se base principalement sur des données européennes. De
fait, la majeure partie des processus sont détaillés pour des
conditions européennes et non africaines. Ainsi, même si un effort
conséquent a été fait pour traduire au maximum ce travail
aux réalités ivoiriennes, la non-conformité
géographique fait peser une incertitude sur ce travail. Cette
incertitude est toutefois minimisée par le nombre peu
élevé de procédés secondaires ainsi que les faibles
dissimilitudes au sein des techniques et matériaux de production aux
deux échelles géographiques considérées. La
modélisation de l'inventaire de cycle de vie repose ainsi, sur :
- les données directement obtenues auprès des
services de la SODECI ;
- les données obtenues par la revue de
littérature ;
- les données génériques provenant de base
de données d'inventaire de cycles de vie (précisées dans
l'analyse) ;
- ainsi que d'hypothèses s'appuyant sur des avis
d'experts.
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