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Analyse de cycle de vie appliquée à  un système de production d'eau potable : cas de l'unité industrielle SODECI nord-riviera

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par Yannick Diby Armel BAIDAI
Institut de Formation à la Haute Expertise et de Recherche - Master II Genie de l'Environnement 2011
  

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IV. SYSTEMES DE PRODUCTION D'EAU POTABLE ET PRESSION ENVIRONNEMENTALE

L'intérêt de la communauté scientifique vers l'évaluation des impacts environnementaux subséquents aux processus de production et de distribution de l'eau connait, depuis 2003, en Europe, une significative augmentation attestée par l'accroissement du nombre de publications sur les analyses de cycle de vie des systèmes de production d'eau potable, notamment dans le domaine de la désalinisation (Vince et al., 2008). A l'opposé en Afrique, l'analyse des impacts environnementaux de la filière de production d'eau potable demeure encore très peu documentée. En effet, en dehors de l'impressionnant volume de travaux produits sur les systèmes de production d'eau potable exclusivement, en Afrique du sud (Friedrich, 2001 ; Friedrich et Buckley, 2002 ; Friedrich, 2002 ; Leske, 2003 ; Leske and Buckley, 2004a ; Leske and Buckley 2004b ; Leske and Buckley, 2004c ; Friedrich et al., 2006 ; Landu and Brent, 2006 ; Friedrich et al., 2007 ; Friedrich et al., 2009a ; Friedrich et al., 2009b ; etc...), le faciès bibliographique africain relatif à ce secteur demeure dans son ensemble, globalement vide.

La majorité des études sud-africaines résumées au sein des revues réalisées par Friedrich et al. (2007) et Buckley et al. (2011), révèlent que les phases de construction et de démantèlement des infrastructures de production et de distribution, se traduisent par des impacts environnementaux négligeables par rapport aux phases d'exploitation proprement dites (en moyenne moins de 15% de l'impact total pour les étapes de construction, et moins de 1% pour celles de démantèlement). Elles identifient par ailleurs, la consommation énergétique nécessaire à la production d'eau potable comme la contribution la plus importante à la charge environnementale du système. En effet, les travaux publiés par Friedrich (2001), Friedrich et Buckley (2002) et Friedrich (2002), ont montré à partir d'une approche généraliste, comparant divers types de traitements (traitements conventionnels et procédés membranaires d'ultrafiltration) que même en prenant en compte le cout environnemental lié aux phases de construction et de démantèlement des infrastructures, les deux procédés de traitement se caractérisaient par des impacts relativement égaux. Ces études ont montré qu'environ 80% de l'impact total dérivait de la consommation énergétique, quel que soit le type de technologie de traitement utilisée. A un niveau plus spécifique, les conclusions de ces études indexent l'ozonation et la gestion des résidus de traitements comme les étapes les plus polluantes de toute la chaine de production. Les résultats des travaux sud-africains s'avèrent en grande conformité avec ceux émanant des études menées en Europe où l'évaluation des impacts environnementaux des activités de production d'eau potable bénéficie d'un bien plus vif intérêt.

En effet, des patterns similaires ont été mis en évidence par Raluy et al. (2005), dans une étude conduite en Espagne et comparant les impacts de différents types d'usine de désalinisation (distillation rapide multi-étage, distillation à effets multiples et osmose inverse). Ces auteurs ont montré qu'indifféremment de la méthode de calcul d'ACV utilisées (Eco-Indicator 99, Eco-Points 97 ou CML), les phases de construction et de démantèlement des infrastructures de traitement se révélaient toujours négligeables par rapport aux phases d'exploitation, en termes d'impacts environnementaux. Stokes et Horvath (2005) et Raluy et al. (2004) font également état dans leurs études respectives, de la contribution négligeable des phases précitées dans la charge environnementale totale liée au traitement et à la production d'eau potable.

La plupart des études attribue en réalité, l'impact environnemental le plus important à la consommation énergétique liée aux phases d'extraction et de traitement de l'eau brute, ceci indifféremment des techniques et procédés utilisés. Ainsi, la comparaison entre un système conventionnel de traitement utilisant la filtration sur charbon actif granulaire, et un procédé de traitement par nanofiltration sur membrane, a montré un score identique pour les deux procédés, avec les étapes les plus polluantes identifiées par ordre d'importance, au niveau de la consommation énergétique, de l'adoucissement et de la production du charbon actif (Sombeke et al., 1997). Les analyses comparatives menées par Mohapatra et al. (1997), entre le même système de traitement conventionnel (filtration sur charbon actif) et deux autres alternatives de filtration par osmose inverse, ont également mis, en lumière la similarité relative des scores d'impacts calculés pour les différents procédés. Elles ont identifié de même, les étapes susmentionnées (consommation énergétique, adoucissement et régénération du charbon actif), comme les étapes les plus polluantes de l'ensemble des procédés étudiés.

A des échelles plus spécifiques, focalisées sur le type de traitement utilisé, Beavis et al. (2003), en comparant différentes techniques de désinfection utilisées pour la production d'eau potable et le traitement des eaux usées (irradiation par ultra-violets, injection de chlore, et d'hypochlorite ), à l'aide de la méthode CML, ont montré que l'élimination des micro-organismes par irradiation aux ultra-violets s'avérait être le procédé au plus fort coût environnemental dans la majorité des catégories pris en compte (écotoxicité, eutrophisation, réchauffement climatique global, etc.), notamment en raison de sa grande consommation énergétique. Tarrantini et Ferri (2001) indique à l'aide d'une étude conduite sur les systèmes d'approvisionnement en eau de la ville de Bologne (Italie), que même lorsque le traitement de l'eau s'appuie sur les procédés les plus conventionnels, ses impacts s'avèrent significativement plus importants que ceux découlant des stations d'épuration d'eaux usées. Ces auteurs ont attribué la majeure partie de l'impact estimé à la consommation énergétique nécessaire à l'extraction de la ressource.

L'impact environnemental de la production d'eau potable apparait de fait modulé par un facteur principal : sa consommation énergétique. Ce facteur est estimé comme le paramètre le plus sensible et la principale source d'impact des systèmes de production d'eau. L'importance de sa contribution à la charge totale du système est susceptible d'induire des transferts de pollution, lorsqu'une technologie de traitement est remplacée par une autre considérée comme « plus propre ». Un tel scénario est illustré par le cas du traitement par irradiation aux UV qui réduit les volumes d'intrants chimiques potentiellement polluants, mais entraine une consommation plus importante d'énergie d'où une augmentation de la charge environnementale totale du système. Adjoint à la consommation énergétique, il est également utile de souligner le poids relativement important (bien que secondaire) des impacts liés à la production de réactifs, au traitement des résidus de traitement (Lundie et Morrison, 2002), et aux systèmes de distribution (Lundie et al., 2004).

Bien que les analyses de cycle de vie des systèmes de d'approvisionnement en eau potable possèdent un rôle substantiel pour les distributeurs d'eau, dans la mesure où elles mettent en évidence la prépondérance des technologies et procédés utilisés dans le bilan écologique de l'eau potable, et permettent d'identifier les sources de pollution et les alternatives plausibles d'optimisation ; il apparait utile de relever que la production ou la consommation d'eau potable provenant de « systèmes industriels » joue en réalité, un rôle relativement marginal dans l'écobilan global. Jungbluth (2006) révèle en effet, qu'une consommation annuelle de 2 litres d'eau par personne et par jour, en Suisse, correspondrait en termes d'équivalence énergétique à un trajet de 2 km en voiture, contre 1791 km pour une eau minérale en bouteille. Ainsi, selon l'auteur, seul l'effet multiplicateur des recommandations de consommation appliquées au niveau individuel et celles formulées en vue de l'optimisation du système de production, sont susceptibles d'aboutir à un effet de portée significative sur l'environnement.

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