2. Historique et cadre
institutionnel de l'analyse de cycle de vie
Les analyses de cycle de vie trouvent leur origine dans les
inventaires de flux énergétiques, de ressources naturelles
consommées et les investigations réalisées en vue de
mesurer l'impact des facteurs énergétiques dans la production et
la distribution des produits, réalisés par les entreprises
industrielles à la suite du premier choc pétrolier des
années 1970. Au cours de cette période, la problématique
croissante des emballages et l'intensification des considérations et
préoccupations environnementales conduisent à la naissance de
méthodes d'analyses de profil environnemental dénommées
REPAs (Resource and Environmental Profiles Analysis), centrées sur les
consommations d'énergies, de matières premières, de
ressources naturelles et la production de déchets. Toutefois, en raison
de l'hétérogénéité des données et des
approches utilisées, la mise en oeuvre de ces méthodes
aboutissait bien souvent à des résultats difficilement
exploitables d'un pays à l'autre, et d'un produit à un autre.
Au début des années 1990, apparait la
nécessité de l'élaboration d'une démarche
systématique, reproductible, comparable au minimum aux échelles
régionales et intégrant l'ensemble des étapes du cycle de
vie des produits, de leur fabrication à leur élimination finale
en passant par leur phase d'utilisation : les écobilans.
La SETAC (Society of Environmental Toxicology and Chemistry),
grâce à l'étude menée sur l'incidence
environnementale des produits, lancée par le BUWAL (Ministère
suisse de l'environnement) et réalisée conjointement avec les
universités de Leiden, Copenhague et Munich, sera la première
à proposer dès 1993, un code de bonnes pratiques qui constituera
la base méthodologique et la référence des analyses de vie
crédibles. À Paris, dans la même période,
l'organisation internationale de normalisation (ISO) inscrivait l'analyse de
cycle de vie dans le programme de développement des normes relevant du
management environnemental. Enfin, dans le prolongement du travail qu'elle a
exécuté aux fins de proposer un code de bonne pratique, la SETAC
a développé une méthode dénommée EDIP
(Environmental Design of Industrial Products ou conception environnementale des
produits industriels) dans la droite ligne des travaux de normalisation de la
prise en compte de l'environnement dans la conception des produits.
A partir de mars 1994, est publié la toute
première norme française sur la démarche ACV (AFNOR
X30-300 - Analyse de cycle de vie : définition, déontologie et
méthodologie), suivie en 1997, de la publication de la norme
internationale (ISO 14041 - Management environnemental - Analyse du cycle de
vie - Principes et cadre). Les années suivantes verront la publication
d'une série de normes ISO (14041 en 1998, 14042 et 14043 en 2000)
établissant les lignes directrices et précisant les
différents aspects méthodologiques relatifs à la pratique
de cet outil d'évaluation environnemental.
Ainsi, actuellement, l'on recense globalement quatre
organisations majeures impliquées dans le développement
méthodologique des analyses de cycle de vie :
- l'Organisation Internationale de Normalisation (ISO -
International Organization for Standardization),
- la Société de Toxicologie et Chimie
Environnementales (SETAC)
- et le Programme des Nations Unies pour l'Environnement
(PNUE), notamment à travers son « Initiative pour le cycle de
vie » (Life Cycle Initiative) lancée en 2002.
- le CIRAIG (Centre Inter-Universitaire de
Référence sur l'Analyse, l'Interprétation et la Gestion du
Cycle de vie des produits, procédés et services) fondé en
2001 à l'initiative de l'Ecole polytechnique de Montréal et de
HEC Montréal, qui participe activement à la recherche et au
développement d'outils pour le secteur industriel et les
gouvernements.
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