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Modification des propriétés physico-chimiques du sol par les vers de terre endogés géophages: rôle des attributs fonctionnels

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par Yannick Diby Armel BAIDAI
Université Nangui Abrogoua - Master II - Biodiversité 2012
  

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1.1. Influence des vers de terre géophages sur la porosité et le fonctionnement hydrodynamique du sol

Les vers de terre endogés géophages constituent la forme dominante des communautés de vers de terre des milieux tropicaux humides (Lavelle, 1978). Ils représentent la part la plus importante de la macrofaune du sol, en termes de biomasse. L'activité des formes endogées a été décrite comme ayant un impact majeur sur les caractéristiques physiques du sol. Ces ingénieurs de l'écosystème (Jones et al., 1994), améliorent la porosité, la macroagrégation, le drainage et la stabilité du sol par le biais de leurs activités mécaniques et métaboliques en l'occurrence le forage de galeries, l'ingestion et le rejet de terre, et la production de structures biogéniques (Blanchart, 1992 ; Gilot-Villenave et al., 1996 ; Ketterings et al., 1997 ; Blanchart et al., 1997, Blanchart et al., 2004).

Par leurs activités de consommation, les vers de terre peuvent ingérer jusqu'à 1 150 tonnes par hectare et par an dans les savanes humides (Lavelle, 1978). Les importantes quantités de terre transitant dans le tube digestif de ces organismes couplées à leurs déplacements verticaux et horizontaux dans les strates de sol engendrent des modifications majeures au sein de la morphologie du sol. Ils influencent ainsi, considérablement la formation et la distribution des pores du sol (Gaucher, 1968, Lee, 1985 ; Lavelle, 1988 ; Barros, 1999 ; Blanchart et al., 1999). En effet, l'ingestion et le rejet de particules organo-minérales à la surface provoque l'accroissement du volume de vides dans le sol, affectant la porosité à toutes les échelles d'observations. L'ingestion des composés organiques et minéraux, modifient les assemblages des particules élémentaires et la porosité résultante de ces assemblages, c'est-à-dire la microporosité (Shipitalo et Protz, 1989 ; Blanchart et al., 1993; Chauvel et al., 1999), tandis que les pores résultant de l'agrégation des déjections déposées dans le sol (pores de diamètre équivalent compris entre 30 ìm et 1000 ìm) représentent une grande partie de la mésoporosité (VandenBygaart et al., 2000). Cette porosité d'assemblage se différencie des réseaux de galeries par sa morphologie et son fonctionnement hydrique : une grande quantité d'eau et de solutés y circule, mais peut aussi y être retenue, d'où un impact évident sur la capacité de rétention hydrique. En outre, les galeries résultant de l'activité lombricienne améliorent la macroporosité du sol. Ces réseaux de macropores dont l'interconnexion est déterminée par la présence de mésopores (Lamandé et al., 2004), constituent des voies préférentielles d'écoulement (Ehlers, 1975 ; Bouché et Fathel Al-Addan, 1997 ; Trojan et Linden, 1998 ; Pérès, 2003) à travers lesquelles l'eau circule rapidement sous l'action de la gravité (Germann et al., 1984). L'influence des vers endogés sur la porosité se traduit ainsi par une amélioration subséquente de la perméabilité et du fonctionnement hydrodynamique du sol, bien que cette catégorie de vers n'élabore pas de réseaux de galeries aussi denses que ceux des anéciques (Casenave et Valentin, 1988) et rebouche souvent leurs galeries de leurs déjections (Blanchart, 1990 ; Gilot-Vilenave et al., 1996 ; Langmaack et al., 1999 ; Bastardie et al., 2003).

Cependant, Aina (1984) a observé que certains vers de terre par la production de biogènes compacts, peuvent entrainer des effets contraires sur les propriétés du sol, se traduisant par une baisse de l'infiltration et une augmentation de la densité du sol. Ces observations ont été corroborées par des études plus récentes qui ont montré que les effets des formes endogées de vers de terre sur les propriétés physiques du sol peuvent varier considérablement. Ainsi, en fonction de l'impact de leur activité sur la structure générale du sol, on distingue : les espèces « compactantes », et les espèces « décompactantes » (Blanchart et al., 1997 ; Lavelle et al., 1997 ; Hallaire et al., 2000). Blanchart (1990) rapporte que l'activité des vers endogés à effet compactant conduit à une augmentation du volume poral, de la capacité de rétention hydrique, de la stabilité structurale et à une réduction de la vitesse d'infiltration de l'eau dans le sol. A l'inverse, l'introduction de vers à effet décompactant entraine l'augmentation de la perméabilité du sol et la réduction de la capacité de rétention en eau.

En outre, ce groupe fonctionnel est responsable de la destruction de la macrostructure du sol en agrégats plus petits et plus fragiles. Derouard et al. (1997) confirment ces observations grâce à une expérimentation en pots (mésocosmes) dans laquelle ils ont mis en évidence le caractère compactant et l'impact négatif de l'espèce Millsonia omodeoi (Acanthodrilidae) sur l'infiltration, s'opposant aux effets des eudrilidae Chuniodrilus zielae, et Hyperiodrilus africanus. De même, les travaux de Gilot-Villenave et al. (1996) ont relevé en mésocosmes, une baisse significative de l'infiltration, induite par l'inoculation du géophage M. omodeoi. Ces auteurs ont relié cette baisse à une réduction de la microporosité du sol engendrée par l'activité du ver étudié et aux caractéristiques spatiales des galeries qu'il élabore (subhorizontales et souvent rebouchées par les déjections du ver-lui-même).

Des observations analogues ont été faites dans les ultisols péruviens inoculés avec l'espèce compactante Pontoscolex corethrurus (Oligochaeta : Glossoscolecidae) (Alegre et al., 1996 ; Chauvel et al., 1999 ; Barros et al., 2004). Les

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fortes densités de ce ver, couplées à l'absence d'espèces à effet décompactant dans le sol ont entrainé une augmentation considérable de la densité apparente, de la macroagrégation et une baisse de l'infiltration et de l'humidité. L'étude de l'influence de ce ver sur la structure des horizons supérieurs de sol, réalisée à partir de l'analyse d'images de sections fines de sols, par Hallaire et al. (2000), a révélé que les changements structuraux observés étaient liés à la réduction de la connectivité entre les pores et à l'augmentation de la compaction des horizons superficiels, causée par la coalescence des turricules produits par cette espèce. Les mêmes auteurs ont également montré que l'apport de matière organique au sol se traduisait par une stabilisation de la structure du sol caractérisée par l'absence de compaction en dépit de la production élevée d'agrégats denses, et l'augmentation de la connectivité au sein du réseau poral.

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