2.3. Influence des vers de terre
sur les stocks en carbone et en azote du sol.
Les différences de teneurs en carbone et azote total
entre les turricules et le sol environnant procèderaient principalement
des exigences alimentaires et du type de substrat organique
ingéré par le ver (Syers et al., 1979 ; Scheu,
1987). Ce qui les rendrait soit similaires, soit supérieures à
celles du sol environnant, expliquant ainsi, la grande variété
des résultats obtenus au sein de ces paramètres, dans la
littérature scientifique. Dans cette étude, l'influence des vers
de terre sur les stocks d'azote et de carbone du sol n'a pas pu être
clairement établie par l'expérimentation. En effet, nos
résultats indiquent que les stocks en carbone et en azote des
biogènes produits par les vers de terre ne diffèrent pas
significativement du sol environnant. De telles observations sont
contradictoires avec les études antérieures de Dëcaens
et al., (2001), Fonte et al., (2007) et Bhadauria et
Saxena (2010), qui ont mis en évidence un enrichissement
caractéristique en carbone organique et en éléments
minéraux au sein des structures biogéniques rejetés par
les vers de terre. Mais, elles restent conformes à celles de Norgrove et
Hauser (2000), Tapia-Coral et al. (2006), Perreault et al.
(2007), qui ont observé une similarité analogue entre les teneurs
en carbone et en azote total des turricules et celles du sol environnant.
Toutefois, ces mêmes études signalent pour la plupart, une
augmentation caractéristique des teneurs en azote minéral
(NO3, NH4, NO3-N, NH4-N, etc.)
à l'intérieur des turricules, suggérant de fait, une forte
activité de minéralisation à l'intérieur de ces
structures. Dans notre expérimentation, l'absence d'influence
significative des vers de terre sur les stocks en C et N du sol est imputable
à la rigueur des conditions climatiques et à la durée de
la période d'expérimentation (3 mois), probablement insuffisante
pour observer un impact visible sur des processus intervenant manifestement
à long terme. En effet, il semblerait que la protection physique du
carbone organique et des nutriments dans les turricules de vers de terre ne
soit perceptible que sur des échelles de temps relativement importantes.
Ceci en raison de la forte minéralisation intervenant dans ces
structures au stade précoce (Coq et al., 2007). Ainsi, la
protection de la matière organique et des nutriments à
l'intérieur des biogènes de vers de terre n'interviendrait qu'au
bout d'une période de temps au cours de laquelle le vieillissement du
turricule lui confère une stabilité plus importante (Marinissen
et Dexter, 1990 ; Hindell et al., 1997a ; Hindell et
al., 1997b), et un accroissement de sa capacité de protection
physique de la matière organique et des nutriments, probablement
liée au déclin de l'activité de minéralisation
à l'intérieur de ces structures (Martin, 1989).
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