III.3. Résultats des entretiens avec les
représentants des organes et médias du
Burundi
1. Résultats de l`entretien avec la
secrétaire du président du CNC
Au cours de cet entretien avec la secrétaire du CNC,
nous avons voulu savoir s`il est vrai que l`année 2011 était une
année pendant laquelle la politique, la sécurité et la
justice ont dominé les informations et les programmes à la RPA.
La secrétaire du président du CNC nous l`a confirmé en
disant que cela se justifie par l`environnement politique qui prévalait
dans le pays car des cas d`insécurité ont été
observés dans différents endroits du pays et des interpellations
des journalistes par la justice ont accrue pendant la même
période.
La RPA diffuse beaucoup d`informations, avez-vous
enregistré quelques unes faisant état des personnes victimes de
justice populaire, des propos pouvant inciter à la haine ethnique ? Des
tels cas ont été enregistrés et des plaintes des personnes
qui se sont senties lésées par des informations diffusées
à la RPA. Il s'agit notamment des commentaires sur la constitution de la
commission vérité et réconciliation(CVR), de la plainte du
chef de zone Mivo, Soter NDIKUMANA, de la plainte d`Alexandre GAHOMERA et de
celle d`Anselme NYANDWI.
2. Résultats de l`entretien avec le Directeur de
la RPA
Au siège de la RPA, nous avons pris contact avec 4
journalistes et le Directeur de la RPA. Nous avons demandé à ce
dernier s`il existe des plaintes déposées au CNC par les
individus contre la RPA pour raison de diffamation. Le Directeur nous l`a
confirmé mais, en disant que beaucoup d`elles sont fantaisistes
(certaines personnes sont manipulées pour se plaindre contre la RPA).
Nous lui avons demandé si les rectifications sont
faites en cas de dérapages. Il nous a dit que Ça se fait quand
c`est nécessaire, `c'est-a-dire, lorsque le déséquilibre
est ostentatoire. Dans beaucoup de différends qui opposent la RPA aux
plaignants, le CNC est toujours partial. C'est pourquoi le Directeur de la RPA
suggère que le CNC respecte la loi et fasse la promotion du
métier afin de bien assumer ses responsabilités. Nous, en tant
que
82
professionnels des médias, nous reprochons au CNC sa
passivité et le fait de se laisser manipuler par les décideurs
politiques.
A la question de savoir si les mobiles de suspension de
l`émission « kabizi » pendant quatre jours en 2011
étaient fondés, le Directeur de la RPA a répondu que cette
suspension était illégale car elle satisfaisait au désir
personnel du Ministre de l`intérieur. Celui-ci avait intimé
l'ordre aux médias de ne pas diffuser des informations sur les massacres
de Gatumba. La RPA ne peut pas se soumettre à des lois illégales.
Nous demandons au CNC de rendre effective la liberté de la presse. Pour
ce faire, le CNC doit appliquer la loi dans toute sa rigueur.
3. Résultats de l`entretien avec le
Président de l`OPB
Pour ce qui est de déséquilibre de
l`information constaté à la RPA par le CNC, le secrétaire
de l`OPB confirme cet état des choses. Le constat a montré que
sur 745 sujets 419 ont concerné la ville de Bujumbura et 2 de la
province de Cankuzo. Mais la situation commence à s`améliorer.
Les sujets à caractère économique prédominent sur
la politique à partir de l`événement de l`incendie du
marché central survenu le 24 avril 2013. Toutefois, la RPA est devenue
la première radio au Burundi à diffuser des informations sur des
sujets divers.
4. Résultats de l`entretien avec le
Secrétaire de l`ABR
En ce qui concerne le déséquilibre de
l`information à la RPA, le secrétaire de l`ABR nous a dit que
cette situation est courante non seulement à la RPA, mais aussi dans
toutes les radios au Burundi. A titre d`exemple, en 2005, la RPA n`a pas
respecté les principes du pluralisme et d'équilibre de
l'information pendant la campagne des élections. C'est la raison pour
laquelle lors des élections de 2010, le CNC a rencontré les
représentants des médias et des partis politiques pour l'adoption
des textes réglementant les médias en période
électorale en les exhortant à bien assurer une couverture
médiatique des meetings organisés par les partis politiques et
les indépendants en lice. Si les élections de 2010
s`étaient bien passées, c`est grâce à la plus grande
rigueur du CNC dans la collecte, le traitement et la diffusion de
l'information.
Le constat du CNC à la RPA n`est pas fallacieux car les
propos incitant les électeurs à la haine ethnique et
régionale, aux divisions liées à l'appartenance politique
et au
83
trouble de l'ordre public pendant la campagne
électorale et le jour du scrutin ont été constatés
en 2005.
5. Résultats de l`entretien avec le
Président de l`UBJ
A l`UBJ nous nous sommes entretenus avec le Président
et le secrétaire de cet organe. Nous avons demandé au
président les raisons qui peuvent motiver la RPA, selon le constat du
CNC, de diffuser des informations sur les personnes victimes de justice
populaire, sur les propos de certains membres de la Commission
Vérité et Réconciliation pouvant inciter à la haine
ethnique. Il nous a dit que cela incombe aux critères de
sélection de l'information définis à la RPA.
Au sujet de manque du pluralisme, de peu d'importance
accordée à l`information institutionnelle et de bas niveau de
formation de certains journalistes de la RPA, le président de l`UBJ a
reconnu la véracité de ce constat, et attesté
implicitement les accusations du CNC contre ce média.
III.4. Analyse qualitative des résultats
d`enquête132
Dans ce travail, seule l'analyse qualitative a guidé
notre lecture des faits observés sur terrain. Nous pouvons distinguer
trois niveaux d`analyses:
- Les cadres institutionnels de l`observation : ils
déterminent pour une part l`étendue et la nature des
données factuelles. Ici, nous allons analyser les fondements
théoriques et les conditions pratiques de mise en oeuvre de certains
moyens d`investigation.
- La conservation et la diffusion des faits par les
enquêtés.
- La description du paysage institutionnel qui nous a permis
de comprendre certaines difficultés rencontrées pour rassembler
les données nécessaires à ce travail.
En effet, la méthode fonctionnaliste nous a aussi
permis d'analyser les travaux réalisés par le Conseil National de
la Communication en matière de régulation en rapport avec les
émissions qui ont été censurées à la RPA.
Plus haut, nous avons porté une analyse sur les travaux de couverture de
cette radio selon les rubriques organisées dans une grille.
L'enquête menée auprès de notre
échantillon nous a révélé la réalité
des cas de déséquilibre dans le traitement et la diffusion de
l`information reprochés aux médias par le CNC. A ce propos,
Innocent NSABIMANA, secrétaire de l'O.P.B nous a
révélés qu'il y a déjà amélioration
remarquable dans le travail des médias. La prédominance de sujet
à
132 Maison de la presse, l`émission Club de la presse,
reproduite dans, journal Iwacu, le 26 Avril 2013.
84
caractère économique sur la politique, se
justifie par l'événement de l'incendie du marché central
survenu le 24 février 2013. Sur 745 sujets diffusés dans les
informations par les radios privées, 419 ont concerné la seule
ville de Bujumbura contre 2 pour la province de CANKUZO.
Edouard MADIRISHA, journaliste au groupe de la presse du
journal « Iwacu », affirme que la couverture médiatique
réserve la belle part à la mairie de Bujumbura par manque de
moyens. Selon lui, trois raisons expliquent cette couverture médiatique
limitée à la ville de Bujumbura : d'abord le manque des moyens,
ensuite le déroulement des événements importants à
Bujumbura et enfin le respect du fameux critère de proximité.
François BIZIMANA, journaliste à la radio
culture affirme que, le problème de financement pose toujours
problème pour couvrir toutes les régions du Burundi.
En ce qui concerne le déséquilibre du temps
d'antenne, pour Simon KURURU, consultant formateur en journalisme et
communication, les journalistes de la RPA en 2010 ont donné plus
d'espace d'expression aux politiciens du mouvement ADC Ikibiki qu'aux autres
responsables des mouvements politiques. D'où le
déséquilibre dans la distribution du temps de parole.
De plus, l'information sur l'existence des plaintes
déposées auprès du CNC par les plaignants contre la RPA a
été confirmée par le Directeur de ce média.
Toutefois, fait remarquer ce dernier, sur bon nombre des cas de plaintes
déposés, la plupart d'entre eux sont sans preuves. C'est ce qui
explique souvent leur retrait après analyse et constat de manque des cas
avérés de diffamation.
Pour étayer ce constat, nous pouvons insister sur les
trois cas d`informations diffusées par la RPA et contre lesquels
certaines personnes ont porté plainte auprès du Conseil National
de la Communication. (cfr. Chap. deuxième sur les plaintes). Cas de la
Plainte du Chef de Zone MIVO, Monsieur Soter NDIKUMANA contre la RPA,
cette information s`est avérée déséquilibrée
car la RPA devrait diffuser les propos de deux personnes : une version pour le
Chef de Zone MIVO, une autre pour le Chef de poste de la même zone ou en
faire un rectificatif comme l`exige la loi en cas d'une erreur par
mégarde.
La Plainte de Monsieur Emmanuel GAHOMERA contre la RPA.
La RPA a diffusé dans l`information que Monsieur Alexandre
GAHOMERA, ne pouvait pas être propriétaire de la maison dont ils
se disputaient, car il était même incapable de se procurer une
paire de
85
chaussures. C`est une affirmation gratuite. La RPA devrait
fournir des preuves suffisantes montrant qu`il y a eu des investigations qui
ont été faites sur ce dossier et dont le résultat est
fiable.
La Plainte de Monsieur Anselme NYANDWI, Directeur
Général de l'usine de café « Imbo Coffee Company
» contre la RPA. Au cours de l'édition d`information la RPA
parle de l`attaque des bandes armées à l'usine de café
(Imbo Caffee Campany ) et des sacs de café emportés et vendus en
RDC. Apres des investigations, le CNC conclut que cet évènement
n`a pas eu lieu. Au nom du principe de la vérification de l'information,
la RPA devrait interroger son correspondant dans la zone et tendre le micro au
propriétaire de l`usine afin de s`exprimer sur ce sujet.
La Plainte du Comité Technique chargé de la
préparation de la mise en place de la Commission Vérité et
Réconciliation contre la RPA. Dans un éditorial, la RPA a
montré que cette commission chargée de la préparation de
la mise en place de la Commission Vérité et Réconciliation
était déséquilibrée en ce qui concerne le clivage
ethnique au Burundi. La RPA a assumé ses responsabilités en
informant le public sur le fonctionnement de la société
burundaise. Rappelons qu` un medium est un chien de garde qui surveille notre
environnement. Il nous met au courant de tout ce qui se passe tant dans notre
société qu`ailleurs.
Le rapport de monitoring du CNC du mois de 2009- 2011, montre
que la fréquence des informations politiques en termes de pourcentage
à la RPA équivaut à 25,9% et 14% des informations non
politiques. Le même constat est fait à l`ABR quand son
secrétaire affirme que la RPA enregistre quelques fois des manquements
graves au règlement du métier comme : le sensationnalisme,
l`exagération dans les commentaires, la diffamation, la provocation et
la violation de la vie privée. Si la RPA arrive à se tirailler
avec le CNC, c`est parce que cet organe dépend toujours du pouvoir en
place et ses décisions dépendent du même pouvoir. Ce qui
fait que la RPA n`ait plus confiance en CNC. La loi du 27 nov. 2003 stipule en
son Art. 58 que : « Le Conseil National de la Communication,
après trois mises en garde, peut suspendre ou interdire la circulation,
la distribution ou la vente de journaux, de périodiques ou de tout autre
support d'information, la diffusion d'une émission, l'exploitation d'une
station de radio ou de télévision ou d'une agence de presse quand
ils violent les dispositions prévues aux articles 17, 18 et 19 de la
présente loi ».
86
Nous avons constaté que beaucoup de sujets de
polémique entre le CNC et la RPA étaient liés au non
respect par le CNC des procédures dans la prise de décision. De
fois, les mesures de suspension étaient prises à la suite des
mises en garde. En 2011, le CNC a suspendu l'émission KABIZI de la RPA
pour une durée de quatre jours. Le président de l'O.P.B, dit
à ce propos que, cette suspension est survenue suite à une
interdiction illégale de ne pas diffuser des informations sur le
massacre de GATUMBA après l`interdiction du Gouvernement. Le Directeur
de la RPA a souligné que la RPA ne peut pas se soumettre à une
loi illégale. Les journalistes ont le droit de rechercher les faits et
de les publier. Me Gérard NTAHE, reconnaît que la loi interdit de
révéler le secret de l'instruction pré-juridictionnelle.
Mais, il nuance en expliquant que les vrais détenteurs de ce secret ne
sont pas les journalistes, même s'il leur est interdit de faire
état du contenu du dossier en instruction devant l'OPJ ou l'officier du
ministère public : « Il est interdit de publier ces documents
ou d'en faire état en disant tel officier du ministère public a
convoqué telle personne et tel jour pour lui demander ceci ou cela et a
répondu ceci ou cela».133
G. NTAHE constate plutôt que ce sont les gens de la
justice qui participent à l'instruction qui ne doivent pas violer le
secret et non les journalistes. Selon cet avocat, les journalistes peuvent
être poursuivis pour complicité s'ils poussent les gens tenus au
secret de dévoiler le contenu de l`instruction.
Les journalistes, poursuit G. NTAHE, ont parfaitement le droit
et même l'obligation de rechercher les faits et de les publier :
« C'est leur travail. On ne pouvait pas les poursuivre pour avoir
publié les fruits de leur investigation». Toutefois, avertit,
NTAHE, l'enquête médiatique n'a pas d'objectif de venir attribuer
à des gens innocents des crimes ou à innocenter les criminels. Si
ce cas s'avère, les médias doivent être poursuivis pour
imputation dommageable ou propagation de fausses nouvelles mais non pour avoir
violé le secret d'instruction. Nous sommes intéressés par
la recherche de la vérité. Il n'y a pas de faute qui impliquerait
qu'on demande des sanctions envers les médias : « Si on pense
qu'il y a faute parce que certains avaient demandé qu'on ne parle pas de
GATUMBA, c'est une grosse erreur d'interprétation ». Le
président de l`OPB estime que la volonté de certaines
institutions ne peut pas être au dessus de la loi : « Si c'est
cela qui se fait, on est rentré dans
133 Propos trouvés sur le site du journal IWACU :
www.iwacu.bi/ consulté, le 26/05/2013
87
autre chose ».134 En outre, Il
rappelle que les journalistes sont seulement intéressés par la
recherche de la vérité sur le massacre de GATUMBA. Il
espère que le Conseil National de Sécurité(CNS) est, lui
aussi, intéressé par la vérité : « Il n'y
a pas de raison qu'il y ait confusion ou animosité quelconque entre nous
».135 Il demande qu'on n'invente pas des fautes qui n'ont
pas eu lieu parce que quelqu'un veut orienter les choses à sa
façon ou à son rythme.
Le professeur Pascal RWANKARA affirme qu'il est souvent revenu
sur les droits et les limites de l'exercice de la liberté d'expression
et le rôle que doivent jouer les uns et les autres dans le processus
d'informer : il a donné comme exemple de limite, le fait de ne pas
publier les informations d'une enquête en cours : « mais il faut
savoir qu'il existe l'enquête journalistique qui est différente de
celle judiciaire ».136
Le Président de l'Association Burundaise des
Radiodiffuseurs, voit chez les journalistes la responsabilité morale de
proposer au public des informations justes et constructives, mais ils n'ont pas
le droit de lui ôter son droit le plus précieux, la liberté
d'expression.
Selon lui donc, « On n'a pas l'impression que les
journalistes mettent de l'huile sur le feu, qu'ils disent tout ce qu'ils
veulent ou qu'ils constituent le problème pour le pays. Le
problème est plutôt nos relations avec les pouvoirs publics qui
devraient être facilitées par le CNC ». Mais nous avons
constaté que tous sont conscients de l'existence de la divergence des
points de vue sur les actions entre les médias et les autorités
administratives. A notre avis, les préalables sont de deux ordres :
d'abord la viabilité économique des organes de presse et puis le
respect du statut du journaliste. Cette logique de réhabilitation de la
fonction de journaliste qui doit également intégrer de
façon sérieuse les conditions de travail de celui-ci, est un
élément de garantie pour la communauté nationale. Car, la
pratique de la vertu suppose un minimum de bien-être. Ce qui,
aujourd'hui, est loin d'être l'apanage du journaliste burundais et encore
moins de celui des organes de presse privés. Actuellement la RPA compte
35 journalistes au total embauchés uniquement sur base du courage, de la
détermination, de l'engagement et de la formation.
134 Idem.
135 Idem.
136 Maison de la Presse, Elément enregistré au
studio Ecole CERE/ABR, 2011.
88
Les médias cherchent à découvrir le
nouveau territoire d'information : soit la vie privée des
personnalités publiques ou les scandales liés à la
corruption et à l'affairisme.137
Par conséquent, suite à l'insuffisance de moyen
et la volonté accrue de la recherche du scoop, les médias tombent
souvent dans « le Mimétisme médiatique ». Ce genre de
mimétisme est considéré comme une fièvre qui
s'empare soudain des médias et qui les pousse dans l'urgence la plus
absolue. Cette situation délirante provoque un effet boule de neige et
fonctionne comme une auto-intoxication : plus les médias parlent d'un
sujet, plus ils se persuadent collectivement que ce sujet est indispensable,
central, capital, mieux ils lui consacrent assez de temps, de moyens et de
journalistes. C'est le cas constaté à la RPA : La page politique
et celle sécuritaire conduisent ce média à
l'hyper-émotion. Cette figure se caractérise souvent par la
surinformation. Elle existe aussi dans beaucoup de médias et reste la
spécialité des journaux d'une certaine presse démagogique
qui joue facilement avec le sensationnel, le spectacle et le choc
émotionnel.
Autre raison pouvant pousser le média à
commettre des bavures et à se laisser séduire par le sentiment,
réside dans la contradiction permanente qu'entretiennent le temps
médiatique et le temps politique. Les fondateurs de la démocratie
ont voulu que le temps médiatique soit lent pour permettre aux pressions
de s'apaiser et à la raison de s'imposer. C`est ainsi que le CNC ne veut
pas que la RPA s`investisse dans les dossiers en instance judiciaire. A
défaut de la diffusion des résultats hypothétiques de
l`enquête policière, la RPA veut mener ses enquêtes et
publier les résultats à la fraîcheur des
événements. C`est le principe des médias de rechercher
l'instantanéité (le scoop, le Brookings news), dans tous les
domaines. Le choc de ces deux temporalités des dérapages peuvent
se révéler fort dangereux lorsqu'ils impliquent des
considérations politiques, xénophobes et racistes. S'informer
n'est pas seulement s'intéresser à certains domaines importants
comme la politique, l'économie, la culture, l'écologie, c'est
aussi s'intéresser à l'information elle-même, à la
communication. Et pour cela, il est nécessaire que les médias
analysent leur fonctionnement. Aujourd'hui tout le monde les voit, les observe,
les analyse. De nombreux dossiers montrent assez clairement qu'ils ne sont pas
parfaits.
Au Burundi, après publication d'une information, la loi
accorde un droit de réponse (Art.38) à une partie
lésée par un article d'un journal ; elle exige le droit de
rectification
137 Ignatio RAMONET, La Tyrannie de la communication,
Paris, Galilée, 1999, p. 22.
89
(Art.43) et réparation des dommages et
intérêts (Art.44). Au sujet du droit de réponse
stipulé à l'art. précédent, la loi dit ceci :
« sans préjudice des autres voies de droit, toute personne
physique ou morale citée nominativement ou implicitement
désignée dans un écrit périodique, illustré
ou pas dans une émission radiodiffusée ou
télévisée, a le droit de requérir l'insertion ou la
diffusion d'une réponse dans le même périodique ou la
même émission.138 Le code de déontologie
s'inscrit dans cette logique lorsqu'il admet à l'art.4 que, «
le journaliste a le devoir de rectifier dans les meilleurs délais et
dans la forme appropriée toute nouvelle et information qui se
révèlent fausses. »139
En effet, nous pouvons affirmer que la question du code de
déontologie de la presse burundaise se situe à deux niveaux : le
fondamental et le quotidien
- Le fondamental : c'est l'esprit et la lettre du code.
Celui-ci en effet, ne pouvant pas tout prévoir, on fait
généralement appel au bon sens.
- Le quotidien : relève de son interprétation et
de son application par le journaliste.
138 La loi n°1/025 du 27 Novembre 2003 régissant
la presse au Burundi. La LOI N°1/11 DU 4 JUIN 2013 stipule que : Article
48 : Le droit de réponse consiste pour une personne morale ou physique
lésée à s'exprimer sur une opinion ou une information qui
a porté atteinte à sa personne et à ses
intérêts. Article 49 : Sans préjudice des autres voies de
droit, toute personne physique ou morale citée nominativement ou
implicitement désignée dans un écrit périodique,
illustré ou pas, ou sur internet, ou dans une émission
radiodiffusée ou télévisée, a le droit de
requérir l'insertion ou la diffusion d'une réponse dans le
même périodique ou dans la même émission. Article 52
: L'insertion ou la diffusion de la réponse peut être
refusée quand elle : a) est injurieuse ou contraire aux lois et aux
bonnes moeurs ; b) met un tiers en cause sans nécessité ; c) n'a
pas de rapport immédiat avec le texte ou le programme qui l'a
suscitée ; d) est rédigée ou livrée dans une langue
autre que celle du journal ou l'organe de diffusion ;
e) dépasse l'espace occupé par l'article ou la
durée du programme mis en cause.
139 Article 55 : Tout organe de presse ou de communication qui
sert de support à la commission de l'un des délits visés
à l'article 18 et 19, doit réparer les dommages causés,
les montants et les modalités sont fixés par la juridiction qui a
qualifié et statué sur le délit en question.
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