I.2.3. La Doctrine libertarienne
Etymologiquement, ce terme vient de l`anglais «
libertarian » qui est la traduction du français libertaire,
lui-même issu du latin « liber », libre.
Les libertariens désignent des libéraux radicaux
qui prônent la liberté absolue des individus de faire ce qu`ils
veulent de leur personne et de leur propriété avec pour
conséquence qu`ils n`empiètent pas sur cette même
liberté des autres.
Pour les libertariens, toute interaction entre humains doit
être volontaire et consensuelle. Prendre l`initiative de la force
physique contre une autre personne ou la propriété de celle ici,
commettre une tromperie contre toute personne constitue une violation de ce
principe. Bref, l`usage de la force est donc illégitime, sauf pour se
défendre.
La position de cette doctrine vis-à-vis de l`Etat fait
apparaître deux grandes tendances : Le minarchisme et
l'anarco-capitalisme.
- le minarchisme considère que les
pouvoirs de l`Etat devraient être restreints, s`apparentant ainsi au
libéralisme classique.
- l`anarco-capitalisme prône la
suppression des pouvoirs de l`Etat et l`instauration d`un droit
privé.
En principe, la doctrine libertarienne se caractérise
par la reconnaissance générale de la liberté individuelle,
d`expression, des opinions et des informations. C`est pour cette raison que
cette conception prône l`absence de tout contrôle préventif
sur la liberté d`expression et place la conscience individuelle du
Journaliste au centre de ce qui est publié
68 Maison de la presse, Les médias
et le processus électoral, Bujumbura, n°1, Janvier-Avril 2010,
pp. 80-81.
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ou diffusé. C`est ainsi que les libertariens
considèrent illégitime et liberticide toute forme
d`autorité. Celle-ci est toujours interprétée comme une
ingérence dans l`exercice de la liberté d`expression du
Journaliste. 69
Cette doctrine fait de la liberté de la presse une
valeur cruciale de la démocratie. Les Journalistes rendent compte
librement de ce qu`ils observent. Cette liberté permet aux
différents points de vue de coexister et de s`affronter dans la
sphère publique.
« La liberté d'expression sert de paradigme
journalistique, dans la mesure où elle accrédite un statut, pour
le journaliste qui ne serait pas distinct de celui de tout citoyen qui
revendique la même liberté ».70
Certains reprochent au renouveau éthique dans les
médias de porter atteinte à l'exercice de la liberté
d'expression et de réduire la diversité des points de vue
exprimés. Cette critique est effectuée depuis « une
conception libertarienne du journalisme ».71 Cette
théorie se déclare conforme à l'idée
exprimée par MILTON dans son ouvrage intitulé : « Aeropacita
pour la liberté d'imprimer sans autorisation, ni censure (1644) ».
En revanche, si « la théorie libertarienne du journalisme »
formulée par MERRILL n'est pas dépourvue de règles
éthiques (soit l'objectivité ou l'honnêteté), elle
préfère laisser le marché, juge ultime des abus
éventuels.
En ce sens, les libertariens optent pour le rejet de tout
pouvoir, c'est-à-dire la contrainte qui peut provenir de l'Etat, mais
aussi des journalistes institués collectivement dans des organisations
professionnelles et cherchent à imposer à leurs confrères
des codes d'éthique et des organes d'autorégulation.
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