I.1.9 La surinformation
Le mot surinformation lui-même découle de «
surinformer », qui signifie donner trop d'informations à quelqu'un,
ou au public dans un domaine quelconque par rapport à son importance
réelle.52 Aujourd'hui, « non seulement trop
d'informations se déversent sur nos têtes, mais cette douche se
produit souvent ».53 De fait, le niveau atteint en
quantité d'informations par les médias est tel que l'audience ne
peut pratiquement consacrer aucun temps à analyser l'information et
à fabriquer leurs idées. A ce sujet, J-L SERVANSCHREIBER
écrit «... plus la capacité de l'information devient
énorme, plus il n'y a pas grand-chose à dire ou que la
qualité de ce qui est dit se dilue ».54
Généralement, la surinformation peut porter soit sur quelques
aspects d'un sujet, soit sur des thèmes connus.
1) la surinformation de quelques aspects d'un
sujet
Informer de façon abondante sur certains aspects d'un
sujet plutôt que d'autres, est un moyen de masquer d'autres aspects plus
importants, plus polémiques, ou clarificateurs. Ce n'est pas que l'on
n'informe pas sur ces aspects, mais l'espace qui leur est octroyé est
trop petit comparativement à celui consacré aux autres aspects
qui passent pratiquement inaperçus aux yeux du grand public. Elle se
matérialise par une grande quantité répétitive de
certaines informations données, sans entrer réellement dans le
fond du problème, sans esprit critique de la version des faits.
2) La surinformation sur des thèmes
connus
Certains sujets jugés importants par les médias,
sont l'objet d'une grande importance. L'objet est de détourner
l'attention du public sur d'autres faits et réalités bien plus
importants pour la vie des personnes et de la société. On
détourne l'attention du public de ses arguments et on l'oriente vers
d'autres.
I.1.10. Le concept de « Média »
Un média est une entreprise industrielle qui par des
moyens techniques spécifiques diffuse simultanément ou presque,
un même message à un ensemble d'individus
éparpillés. Dans l'usage courant, seuls les journaux, les
magazines, la radio et la télévision remplissent
52 Grand Dictionnaire Encyclopédique
Larousse, Tome9, Paris, Librairie Larousse, 1985, p. 320.
53 J-L SERVAN-SCHREIBER, op.cit. p. 305.
54 Ibid. p. 422.
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cette condition et peuvent être appelés des
médias. Voyons ce que disent à ce sujet les quelques auteurs
désignés ci-dessous.
Selon Jérôme BOUDON, pour définir
convenablement le mot média, il faut tenir compte de quatre dimensions,
à savoir : les techniques, l'organisation, le contenu, et le public
».55 Dans l'entendement de cet auteur, on ne peut pas
définir les médias sans parler des techniques de fabrication et
de diffusion de messages identiques, diffusés avec rapidité,
simultanéité, et régularité au près d'un
public vaste. Chaque média, selon son organisation, a sa manière
de le faire. La presse, la photographie, la cinématographie, la radio,
la télévision ont trouvé de nouvelles possibilités
à cet égard. L'histoire des médias à ce point de
vue, correspond à un enrichissement continu.
Pour Gérard MERMET, le média est « Tout
support de diffusion de l'information (geste, voix, lettre, livre, journal
écrit, téléphone, internet, radio, disque,
télévision, cinéma, etc.,...) servant
d'intermédiaire pour transmettre le message à l'intention
d'individus ou d'un groupe large ».56 Cette
définition prend la notion de médias dans son ensemble. C'est
pourquoi, elle se limite quasiment à une description et omet les
différentes formes que peuvent prendre les médias.
Dans une toute autre acception, le canadien Marshall MAC
LUHAN, conçoit le medium comme le message dont les effets sur l'individu
ou sur la société dépendent du changement d'échelle
que produit chaque nouvelle technologie, chaque prolongement de
nous-mêmes dans notre vie.57 Ainsi, pour lui, les moyens de
communication et de diffusion déterminent le mode de penser et d'agir de
la société. Ils influencent la culture d'une
société et la transforment.
De plus, MAC LUHAN donne la double distinction suivante des
médias : les médias chauds et les médias froids.
Selon lui en effet, « Les médias chauds
découragent la participation du public, alors que les médias
froids au contraire la favorisent. Il en va de soi qu'un média chaud
comme la radio, le cinéma [...], sert des effets très
différents de ceux d'un média froid comme le
téléphone, la télévision,...
».58
55 J. BOUDON, Introduction aux médias,
Paris, Montchrestien, 2000, p. 11.
56 G. MERMET, Democrature : comment les
médias transforment la démocratie ?, Paris, Aubier, 1987, p.
238.
57 M. MAC LUHAN, Pour comprendre les
médias, Paris, 2è éd., Manuel Seuil, 1968, p. 25.
58 Idem.
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Francis BALLE, quant à lui, définit le
média comme « une technique ou ensemble de techniques
permettant aux hommes de communiquer l'expression de leurs pensées
quelles que soient la forme et la finalité de cette expression
».59
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