LE PLACEMENT DE PRODUITS DANS LES FILMS
Tour d'horizon des caractéristiques de cette
nouvelle technique de communication et analyse des variables influençant
son efficacité
|
MEMOIRE DE RECHERCHE
|
Philippe LASSALE
Maître de mémoire : Angela MATHIEU
Promotion 2001-2006
|
ECOLE SUPERIEURE
DES SCIENCES COMMERCIALES
D'ANGERS
Remerciements
Je tiens à remercier mes collègues chez
Universal Pictures Video pour les agréables mois passés en leur
compagnie ainsi que les conseils judicieux et quelques informations qu'ils ont
pu me procurer afin de m'éclairer dans l'élaboration de la trame
de ce document.
En outre, je remercie bien évidemment les
étudiants de l'Essca et d'autres horizons qui ont eu la gentillesse de
prendre un peu de leur temps libre pour répondre à mon
questionnaire, et sans qui mon mémoire n'aurait pas pu être
complet.
Enfin, un grand merci à une pléiade de chanteurs
et musiciens qui ont offert un long brin de motivation à mon esprit
pendant ces quelques mois de rédaction, et qui m'ont permis d'aller
jusqu'au bout.
« L'Ecole Supérieure
des Sciences Commerciales d'Angers n'entend donner aucune approbation ni
improbation aux opinions émises dans ce mémoire. Ces opinions
doivent être considérées comme propres à leur
auteur ».
Ce mémoire, soutenu le 3 septembre 2006, a obtenu la
note de 16 sur 20.
Noms et signatures des membres du jury :
Résumé
L'objectif de ce mémoire est de présenter la
technique de communication appelée « placement de
produits » de la manière la plus exhaustive possible, ainsi
que d'étudier les variables influençant son efficacité en
termes de mémorisation de la marque placée et de changement
d'attitude. Une étude qualitative sur l'opinion d'un groupe de
consommateurs français sera menée afin d'étoffer les
connaissances sur son comportement face à la pratique, une des variables
déterminant l'efficacité d'un placement de produits.
Mots-clés : placement de
produits, cinéma, mémorisation, rappel, attitude.
Summary
The aim of this paper is to present the communication
technique called «product placement» as fully as possible, as well as
study the variables influencing its efficiency in terms of memorization of the
placed brand and attitude change. A qualitative study on the opinions of a
group of French consumers will be conducted in order to fill out the knowledge
on its behaviour when confronted to this practice, one of the variables
responsible for the efficiency of a product placement.
Key-words: product placement,
movies, memorization, recall, attitude.
INTRODUCTION
7
I. LE PLACEMENT DE PRODUITS
10
I.1. Définition du placement de produits ou de marques
dans les films
10
I.1.1. Un message hybride...
11
I.1.2. ... qui s'apparente à du sponsoring
11
I.2. Les différents types de placement de produits
13
I.2.1. Placement furtif
13
I.2.2. Placement évocateur
13
I.2.3. Placement classique
13
I.2.4. Placement institutionnel
14
I.2.5. Proposition d'une nouvelle grille de classification des
placements de produits
15
I.3. Une pratique qui s'inscrit dans une vision globale du
marketing
17
I.3.1. La théorie du chaos, ou comment la publicité
traditionnelle arrive à son déclin
17
I.3.2. Le cinéma comme nouveau média pour une
communication intégrée
18
I.4. Historique de la pratique
20
I.4.1. Des débuts à une professionnalisation vers
la fin des années 80
20
I.4.2. Un bouleversement des rapports entre annonceur et
producteur
20
I.4.3. Une technique en plein essor
22
I.5. Cadre juridique du placement de produit
23
I.5.1. Une pratique actuellement peu encadrée en France...
23
I.5.2. ... mais en cours de réglementation au niveau
européen
23
I.6. Tour d'horizon des avantages et inconvénients du
placement de produits
26
I.6.1. Pour l'annonceur
26
I.6.1.1 Compléter sa campagne en sortant de sentiers
trop battus
26
I.6.1.2. Cibler le consommateur avec plus de
précision
26
I.6.1.3. Bénéficier d'un consommateur plus
réceptif
27
I.6.1.4. Prolonger la durée de vie de la
communication
28
I.6.1.5. Mais un investissement difficile à
contrôler et à mesurer
29
I.6.2. Pour le producteur
30
I.6.2.1. Un moyen de financement conséquent
30
I.6.2.2. Une attitude de plus en plus opportuniste
31
II. FACTEURS INFLUENÇANT L'EFFICACITÉ DES
PLACEMENTS DE PRODUITS
32
II.1. Effets des différents types de placements
33
II.1.1. Placements évidents et rappel de la marque
33
II.1.1.1. L'effet Von Restorf
33
II.1.1.2. Le rappel est favorisé par un placement
proéminent...
34
II.1.1.3. ... ainsi que par un placement central
34
II.1.2. Placements discrets et attitude face à la marque
35
II.1.2.1. Un placement implicite modifie l'attitude à
l'égard de la marque
35
II.1.2.2. Le cas de la congruence du placement avec
l'intrigue du film
37
II.1.2.3. Un changement d'attitude plus marqué si
l'individu a déjà été exposé à un
message silmilaire
39
II.1.3. Utilisation du produit par le personnage
40
II.2. Effets des différentes expositions
41
II.2.1. La répétition d'un message simple
entraîne une réponse affective
41
II.2.2. La seconde exposition à un message entraîne
le rappel de l'exposition initiale
42
II.2.3. Limites de l'effet de répétition
43
II.3. Effets de l'interaction film entre le film et le spectateur
44
II.3.1. Interaction entre l'image dégagée par le
film et l'image de la marque placée
44
II.3.2. Stimulation affective d'un film et assimilation du
placement
45
II.3.3. Une adaptation nécessaire en fonction de la
stimulation engendrée par le film
46
II.4. Effets du marché
47
II.4.1. Les valeurs de la marque et du film interagissent
47
II.4.2. Il est plus judicieux de placer des marques connues
47
II.4.3. La surexposition des marques dans un même film nuit
à la mémorisation...
48
II.4.4. ... de même que la surexposition d'une même
marque sur plusieurs évènements
48
II.5. L'assimilation du message d'un placement de produit
49
III. OPINIONS GÉNÉRALES FACE AU PLACEMENT DE
PRODUITS
51
III.1. Opinions face à la pratique du placement de
produits
52
III.1.1. La publicité traditionnelle face au placement de
produits
52
III.1.2. Le placement est préféré face aux
encarts publicitaires
52
III.1.3. Une méfiance accrue face aux spots traditionnels
52
III.2. Présentation de l'étude qualitative sur
l'opinion des français vis-à-vis du placement de produits
54
III.2.1. Echantillon de l'étude menée
54
III.2.2. Cadre méthodologique du questionnaire et
hypothèses de recherche
54
III.2.2.1. Publicité classique et placement de
produits
54
III.2.2.2. Notoriété spontanée de la
pratique du placement de produits
55
III.2.2.3. Rappel et influence de l'appréciation de la
marque
55
III.2.2.4. Idées reçues sur la pratique
57
III.2.2.5. Catégories de produits placés et
opinion face au film
57
III.2.2.7. Convictions quand à la contribution du
placement de produits dans la réalisation des objectifs marketing
61
III.2.2.8. Sentiments face à la potentielle
ingérence des annonceurs dans les travaux des réalisateurs
61
III.2.2.9. Informations sur le participant et sa consommation
vidéo
62
III.3. Résultats de l'étude
66
III.3.1. Un échantillon équilibré
66
III.3.2. Une technique globalement connue et bien
mémorisée par le public
66
III.3.3. Une idée reçue réaliste du
développement de la technique
67
III.3.4. Une attitude générale contrastée
face aux publicités classiques
68
III.3.5. Une opinion favorable influencée par les
caractéristiques du consommateur
68
III.3.5.1. Une pratique qui ne rencontre que peu
d'opposition
68
III.3.5.2. Les femmes semblent plus sévères
face au placement de produits...
69
III.3.5.3. ... une sévérité
paradoxalement plus marquée chez les cinéphiles
70
III.3.6. La proéminence des placements mise en cause chez
les individus rejetant la pratique
71
III.3.7. Une position nuancée en fonction du type de
produit placé
71
III.3.7.1. Le placement de produits controversés
à surveiller, voire bannir
72
III.3.7.2. Une moitié de population désirant
une action contre les produits considérés comme mauvais pour la
santé
72
III.3.7.3. Des produits neutres globalement
tolérés
73
III.3.8. Résultats annexes
73
III.3.8.1. Une forte confiance en la technique comme vecteur
de mémorisation de la marque...
73
III.3.8.2. ... mais une confiance plus timide quand à
la modification d'attitude
74
III.3.8.3. Les marques familières sont
préférées
74
III.3.9. Principales tendances dégagées par
l'étude
74
III.3.10. Limites de l'étude
74
III.3.11. Recherches futures
75
CONCLUSION
76
ANNEXES
78
Annexe 1. Questionnaire tel que distribué
78
Annexe 2. Résumés de publications ayant servi de
référence pour l'élaboration du questionnaire
83
Annexe 3. Résumés de publications annexes ayant
servi à l'élaboration du corps du mémoire
98
BIBLIOGRAPHIE
108
INTRODUCTION
La saturation actuelle de l'environnement publicitaire
provoque une prolifération de techniques publicitaires innovantes, qui
tendent à brouiller les frontières existant traditionnellement
entre les messages commerciaux à proprement parler, et le contenu
éditorial des supports dans lesquels ils apparaissent. Il peut s'agir de
publicités conçues de manière à ressembler aux
environnement éditoriaux dans lesquels elles sont placées, comme
les publi-reportages, ou « infomercials » (Fontaine 2002),
ou de programmes intégrant étroitement les marques à leur
contenu, que ce soit dans les jeux vidéo, les programmes
télévisés, films, chansons ou même oeuvres d'arts.
Cette association entre produits griffés et création
audiovisuelle ou musicale a été baptisée placement de
produits, de l'anglais « product placement ».
De part ses caractéristiques originales, une telle
technique, qu'un oeil avisé peut aisément détecter dans la
plupart des oeuvres cinématographiques, constitue un pas vers un nouveau
paysage de la communication publicitaire. En effet, longtemps
considéré comme une technique de communication alternative
plutôt marginale, le placement de produits est en train, petit à
petit, de se banaliser, tirant pleinement profit de la saturation des canaux de
communication traditionnels.
Aujourd'hui, chaque individu sur la planète
ingurgiterait en moyenne plus de 3000 messages commerciaux chaque jour (Lehu
2005), tous médias confondus. Un déferlement qui frise bien
souvent l'overdose aux yeux du consommateur, et le rend de moins en moins
perméable à ce flot de stimuli publicitaires. Pour éviter
de voir leurs campagnes, au demeurant fort coûteuses, se noyer dans le
flot des écrans publicitaires, les annonceurs privilégient donc
désormais les chemins de traverse, ou bien l'association de ces derniers
à des chemins plus classiques, afin de s'assurer une multiplication des
audiences tout en étant présent sur tous les fronts.
Si le placement de produits commence à se
développer un peu partout en Europe, et notamment en France, ce sont les
Etats-Unis qui ont montré la voie depuis de nombreuses années et
en ont fait aujourd'hui un véritable marché parallèle,
voire superposé, à celui du cinéma. Le
phénomène est si prononcé qu'on peut se demander parfois
si ce ne sont pas les marques qui dictent le scénario, comme dans un des
derniers épisodes de James Bond, Die Another Day (2002),
où ce sont pas moins d'une trentaine de produits griffés qui
défilent ostensiblement à l'écran. Rares sont les films
américains aujourd'hui qui n'inscrivent dans leur
générique la liste des partenaires faisant leur apparition dans
une scène du film.
L'engouement des fabricants pour le placement de produits dans
des oeuvres cinématographiques n'est évidemment pas dû au
hasard. La technique a tout pour plaire aux annonceurs. En premier lieu, elle
leur permet de sortir des artères embouteillées de la
publicité classique. Ensuite, cela leur offre l'opportunité de
communiquer dans un environnement nettement plus propice, le grand écran
mettant la marque en valeur sous les yeux d'un consommateur captif. C'est ce
que l'on appellera un message hybride, soit une publicité qui n'a pas
l'air d'en être et qui bénéficie du capital sympathie des
acteurs.
Comment les marques en sont venues à utiliser ce
procédé, et pour quelles raisons ? Sait-on si la technique est
véritablement efficace en termes de mémorisation de la marque
placée et de changement d'attitude ? Quels peuvent être les
facteurs influençant les effets du placement de produits ?
Dans une première partie, que l'on pourrait qualifier
de panorama du placement de produits, nous chercherons à proposer une
définition la plus exhaustive possible, en présentant
l'historique et les raisons de l'apparition de la technique, les
différents types de placements possibles, et comment ces derniers
s'inscrivent dans les campagnes de marketing actuelles. Ce tour d'horizon nous
amènera, dans une seconde partie, à chercher à comprendre,
à travers les travaux existant, comment le placement d'un produit dans
un film peut amener le consommateur à se souvenir de la marque, mais
surtout à changer d'attitude face à cette dernière,
puisque c'est évidemment l'objectif premier de l'annonceur. Pour ce
faire, nous essaierons d'aborder avec le plus de clarté possible les
notions relativement complexes de messages évident et discret, en
s'attachant à montrer comment les différentes expositions
à ces stimuli affectent le rappel et l'attitude du spectateur. La
dernière partie, moins exploratoire, sera axée sur la variable
individu qui peut influencer l'efficacité d'un placement,
c'est-à-dire sur l'opinion du public français sur la pratique.
Après avoir repris les différentes conclusions des principaux
auteurs travaillant sur ce sujet, et en prenant en compte leurs remarques, nous
présenterons la mise en place de notre étude qualitative dont le
but sera de corroborer -ou d'infirmer- les propos de ces derniers. Cette
étude, constituée d'un questionnaire, ciblera principalement les
jeunes de niveau d'études élevé, et abordera les points
centraux vus précédemment, à savoir leur opinion et leurs
croyances sur la pratique, en essayant d'analyser les freins à
l'acceptation de cette dernière, ainsi que l'effet de la
répétition ou des conditions de visualisation des supports de
communication.
Enfin, de ces résultats, on s'attachera à
remettre en lumière les différents facteurs de réussite
d'un placement en France, en les liant aux tendances ressorties de notre
étude, si modeste fut-elle.
I. LE PLACEMENT DE
PRODUITS
I.1. Définition du
placement de produits ou de marques dans les films
1968, sortie du film Bullit sur les écrans
américains. Si le film fut si apprécié du public, il est
aisé d'affirmer qu'à côté du charisme d'un acteur
adulé tel que Steve Mac Queen, les scènes de courses-poursuites
dans les rues abruptes de San Francisco y sont pour quelque chose. Le second
rôle, dans l'histoire, est donc tenu par un acteur racé, facile
à diriger, malgré sa fougue et son arrogance : la Ford
Mustang GT, dont le personnage principal ne se sépare jamais, et qui, du
fait de l'importance des poursuites dans le scénario, est aujourd'hui
instinctivement associée à l'acteur. S'il est difficile,
étant donné l'ancienneté du film, d'obtenir des chiffres
précis en termes d'augmentation des ventes, il va sans dire que l'image
du modèle emblématique du fabriquant de voitures a sans aucun
doute été améliorée par cette association.
La pratique a un nom : le placement de produit, ou
« product placement » en anglais. L'expression
désigne le fait de placer ou d'intégrer un produit ou une marque
dans une oeuvre cinématographique, dans une ou plusieurs scènes,
sous une forme ou une autre, à des fins promotionnelles et contre
rémunération (Gould et al. 2000). C'est donc un message
de communication payé, dont l'objectif principal est d'influencer le
spectateur par l'intégration planifiée et discrète d'un
produit ou d'un service identifiable par sa marque au sein même d'un film
(Balasubramanian 1994).
La présence de tels produits de marque, si elle
relève parfois uniquement du réalisateur, comme c'est
peut-être le cas pour Bullit, est en réalité
souvent associée à un choix délibéré de la
part des entreprises concernées. Ces dernières sont prêtes
à payer un auteur pour qu'il intègre un de leurs produits au sein
de son oeuvre. Et si la pratique était relativement implicite
jusqu'à la fin des années 1970, aujourd'hui, afin
d'intégrer son produit avec un maximum d'efficacité, l'annonceur
passe de plus en plus par les services d'une entreprise
spécialisée, en relation avec les studios et producteurs, et dont
le rôle est de réserver des emplacements dans les scripts en amont
de la production du film.
I.1.1. Un message
hybride...
Balasubramanian définit un message hybride comme toute
tentative d'influer le spectateur à des fins commerciales, en utilisant
des canaux de communication à caractère initialement non
commercial. Ce sont des tentatives payantes, dans les circonstances desquelles
l'audience n'est pas consciente de la présence de telles
stratégies et analyse les messages d'une façon différente
que s'ils étaient diffusés sous la forme de publicités
dites « classiques ». C'est donc parce qu'ils dissimulent
leurs intentions commerciales que les messages hybrides peuvent sembler
crédibles.
Or on vient de le dire, placer un produit implique de la
discrétion. Si le but premier est que le spectateur se souvienne de la
marque placée, l'intention de l'annonceur n'est pas
nécessairement et/ou immédiatement perceptible par le public
auquel elle s'adresse. De ce fait, la méthode peut être
qualifiée de communication hybride, puisqu'elle n'est pas toujours
évidente (Fontaine 2002).
I.1.2. ... qui s'apparente
à du sponsoring
Le message véhiculé par la technique de
placement de produit est dans la plupart des cas discret, mais certains films,
tel par exemple Seul au monde (Cast Away, 2000) ou les
derniers épisodes des James Bond, affichent ostensiblement le
placement d'une marque, ici respectivement Fedex ou Wilson, ainsi qu'Aston
Martin. En outre, les campagnes croisées entre la marque et le film sont
de plus en plus fréquentes, profitant de la réussite commerciale
de l'oeuvre et impliquant une stratégie marketing planifiée avant
même la sortie du film en salle, comme on peut le voir ci-dessous, avec
la campagne d'affichage des marques partenaires lors de la sortie en salles de
Meurs un autre jour (Die Another Day, 2002).
Figure 1. Les campagnes d'affichages Aston Martin et Bollinger
lors de la sortie de Meurs un autre jour. http://jamesbond007.net
(2006). (c) 2006 Club James Bond France.
Dès lors, et puisque l'intégration du service ou
produit est évidente, cette méthode de communication s'apparente
en beaucoup de points à du sponsoring. En effet, Cornwell et
al. (2005) ont défini le sponsoring comme étant une
contrepartie financière et/ou matérielle versée à
une organisation, afin de profiter du potentiel commercial associé
à cette organisation.
Gardant cela en tête, nous partirons du postulat selon
lequel le placement de produit s'apparente à un message hybride tout
conservant certaines caractéristiques du sponsoring.
I.2. Les différents
types de placement de produits
Si la conceptualisation exacte du placement de produits
évolue encore aujourd'hui, il est toutefois possible de distinguer
quatre cas principaux, que Jean Marc Lehu (2005) classifie comme suit :
I.2.1. Placement furtif
Dans un tel cas de figure, le nom de la marque n'est pas
clairement cité ou vu, et bien qu'apparaissant à l'écran,
le produit demeure anonyme et son identification n'est pas aisée,
contrairement au placement évocateur. C'est souvent le cas pour les
marques de vêtements haut de gamme telles que Jean Paul Gaultier dans
Le cinquième élément (1996) ou Armani dans
Old Boy (2003). La marque est donc énoncée uniquement
dans le générique de fin. Si l'on peut douter de
l'efficacité de telles techniques, les acteurs du marché
expliquent qu'elles sont bien souvent associées à des campagnes
de publicités classiques dans lesquelles est associée l'image du
film à celle de la marque (campagnes de tie-in par exemple).
I.2.2. Placement
évocateur
Ici seul le produit est montré, sans aucune indication
de sa marque ou de son logo. Dans le film Matrix (1999),
Laurence Fishburne manipule ainsi une pile dont seul le code de couleur permet
de savoir que c'est une pile de la marque Duracell. Ce type de placement est
naturellement réservé aux produits dont le design ainsi que la
charte graphique est suffisamment unique et évocateur pour que la marque
en elle-même n'ait pas à être montrée et que
l'identification soit sans équivoque.
I.2.3. Placement classique
Dans la plupart des cas, la technique suit un processus qui
s'apparente à celui d'une publicité : un contrat est
signé lors de la pré-production, et le produit ou la marque sont
placés lors de la réalisation après intégration au
scénario. Le produit est alors utilisé d'une manière
naturelle, et ne fait que remplacer l'utilisation d'un produit
« générique » ou d'un produit pour lequel on
dissimulerait la provenance. Les marques automobiles sont coutumières de
ce type de placement depuis longtemps déjà, et d'après des
experts, peuvent représenter jusqu'à 40% des contrats en valeur
chaque année. A titre d'exemples, on peu citer BMW pour les trois
épisodes de James Bond entre 1995 et 1997, suivit par Aston
Martin, Honda pour The Fast and the Furious (2001), Mercedes pour
Men in Black II (2002), Jaguar pour Catwoman en 2004, etc.
Les contrats s'étendent également aux séries (avec GMC
pour 24), voire même aux jeux vidéos, avec les
innombrables jeux de course, dont la saga Grand Tourismo par
exemple.
Selon le classement de Shapiro (1993), qui a également
distingué les placements en quatre techniques distinctes, ce type de
placement est un placement implicite. En effet, l'information n'est que
partiellement assimilée puisqu'une telle présence parait
« naturelle » aux yeux du consommateur. Dans le cas du
placement d'une bouteille de Coca-Cola par exemple, la scène montrerait
un des acteurs buvant une bouteille de Coca-Cola, à la place d'un simple
verre d'eau.
I.2.4. Placement
institutionnel
Ici le placement se fait le plus souvent dans le décor,
à l'aide d'un panneau publicitaire ou d'un balayage de la caméra
sur une représentation visuelle du nom du logo. Il peut cependant
prendre une forme proéminente et être cité par un des
acteurs, sans pour autant que le produit ou service afférent ne soit
utilisé ou mis en avant. Dans le film In the Mood for Love
(2000), on verra ainsi, tout au long du générique de fin, le logo
de la marque LG en arrière plan, en tant que panneau publicitaire
installé en haut d'un building.
Ce type de placement semble être relativement large,
puisqu'il inclut deux techniques que l'on pourrait aisément
préciser de part la différence dans leur impact sur la
mémorisation. C'est pourquoi il est intéressant de remarquer que
les travaux de Shapiro l'ont amené à distinguer dans un tel cas
de figure le placement implicite, où la marque n'est qu'apparente (on
voit une bouteille de Coca-Cola sur la table), de la citation orale de la
marque, qu'il considère comme un placement explicite. De fait, il a
été prouvé qu'un stimulus oral, comme on le verra plus
tard, entraîne un processus de réflexion plus approfondi de la
part du spectateur qu'un simple stimulus visuel. En outre, l'auteur distingue
un troisième type de placement, bien plus évocateur et dont le
message n'en est que plus explicite, le placement associé à la
mention orale de la marque. L'acteur dira ici qu'il adore le Coca-Cola, tout en
se décapsulant une canette du même nom. On pourrait
également ajouter la citation orale associée au placement visuel
du produit, sans utilisation (l'acteur passe devant un distributeur Coca-Cola
et annonce qu'il rêve de boire un Coca-Cola bien frais).
I.2.5. Proposition d'une
nouvelle grille de classification des placements de produits
Au final, et dans le but de clarifier davantage cette
méthode de communication, on pourra donc reprendre cette classification
en détail, et retrouver ainsi sept catégories, dont
l'explicité du message va en croissant :
Type de placement
|
Caractéristiques du placement
|
Qualité du message
|
Placement furtif
|
Placement visuel.
Le code graphique de la marque est difficilement
repérable.
|
Implicite - -
|
Placement évocateur
|
Placement visuel.
Le code graphique, sans la représenter formellement,
identifie clairement la marque.
|
Implicite -
|
Placement institutionnel visuel
|
Placement visuel en arrière plan.
Le produit est identifié par un panneau publicitaire ou un
logo
|
Implicite
|
Placement classique
|
Placement visuel avec utilisation.
Le produit est clairement identifié, et utilisé
d'une manière naturelle à l'écran.
|
Implicite +
|
Placement institutionnel oral
|
Placement oral.
Le produit est cité par un des acteurs mais n'est pas
présent à l'écran.
|
Implicite ++
|
Placement institutionnel oral et visuel
|
Placement oral et visuel.
Le produit est cité par un des acteurs et est visible
à l'écran.
|
Explicite
|
Placement classique et institutionnel oral
|
Placement oral et visuel.
Le produit est cité et manipulé par un des
acteurs.
|
Explicite +
|
Tableau 1. Proposition de classification des placements de
produits.
Lehu 2005 ; Shapiro 1993.
En outre, dans ses récents travaux, Isabelle Fontaine a
mis en évidence deux dimensions objectives supplémentaires qui
permettent d'affiner la classification : il s'agit de la
proéminence de la marque à l'écran et de son
caractère central ou périphérique pour le
déroulement de l'intrigue. Pour être presque exhaustif, ces deux
critères pourraient donc être intégrés au tableau
présenté ci-dessus, en déclinant chaque type : on
aurait donc un classement furtif central proéminent, furtif central non
proéminent, furtif périphérique proéminent, etc. On
verra plus tard l'effet de ces différents types de placement sur la
mémorisation et l'attitude du consommateur.
I.3. Une pratique qui
s'inscrit dans une vision globale du marketing
I.3.1. La théorie du
chaos, ou comment la publicité traditionnelle arrive à son
déclin
Bob Garfield, dans son livre The Chaos Scenario
(2005), présente ce qu'on pourrait appeler en français la
théorie du chaos, qui met en exergue les difficultés croissantes
de l'industrie de la publicité « classique », celle
qui consiste à intégrer des spots télévisés,
payés à la durée, dans les encarts publicitaires des
chaînes de télévision. Selon lui, tous les
éléments sont présents pour la chute prochaine de cette
méthode de communication. En effet, alors que l'audience
télévisuelle de la télévision câblée
aux Etats-Unis a diminué de plus de 2% dans les dix dernières
années, le coût pour atteindre 1 000 foyers en prime time est
passé de 7,6 dollars en 1994 à 19,9 dollars en 2004, soit une
augmentation de plus de 250%. En outre, sur les 5% de foyers
équipés d'un magnétoscope numérique, 70% d'entre
eux en profitent pour « zapper » les plages de
publicité.
Le marché de tels équipements étant en
plein essor, il semble indispensable pour les départements marketing de
repenser leurs campagnes de communication afin de s'adapter au bouleversement
en cours. Shawn Burns, Directeur Général de l'agence de conseil
en marketing Wunderman à Paris, explique que des recherches ont permit
de montrer que le coût réel pour obtenir 30 secondes d'attention
de la part du consommateur est aujourd'hui aussi élevé qu'avant
même l'invention de la télévision. Dans ces récents
travaux, Giovanni Lunghi (2003) appuie ces faits, énonçant que
« le coût pour atteindre le même impact lors du
lancement d'une marque de chocolat a été multiplié par dix
dans les vingt dernières années ». Il
préconise donc l'utilisation de moyens détournés pour
s'assurer de l'efficacité d'une campagne marketing.
Ainsi, alors que les tarifs d'achat d'espace sont en forte
augmentation, les annonceurs cherchent de nouvelles opportunités pour
que leurs investissements en communication soient rentables, même si
David Poltrack, Vice Président de la recherche chez CBS, campe sur ses
positions en expliquant que « à moins que quelqu'un trouve un moyen
plus efficace pour communiquer sur un produit, le marché de la
publicité télévisée se maintiendra »
(Garfield 2005).
I.3.2. Le cinéma
comme nouveau média pour une communication intégrée
Garfield explique que le consommateur d'aujourd'hui cherche
à fuir la publicité traditionnelle, surtout chez les 18-34 ans.
Or c'est justement cette tranche d'âge qui constitue la principale
audience du cinéma. En effet, si le cinéma est un média de
masse, on sait que c'est aussi un média ciblé : il touche
surtout une population jeune, aisée, instruite et urbaine,
constitué essentiellement de jeunes de moins de 30
ans (Médiamétrie 2002). En réponse à la
réflexion de Poltrack, on peut donc dire que l'intégration de ce
média dans les campagnes de communication intégrées
constitue une des réponses à la crise de la communication
audiovisuelle.
Barbara Baerns (2003) définit la communication
intégrée, ou « Integrated Marketing
Communications », comme étant le concept marketing
prônant l'harmonisation de toutes les activités de communication
au sein d'une entreprise, dans l'objectif principal de créer des effets
de synergies supplémentaires. En ce sens, la pratique du placement de
produits est considérée comme étant un outil innovant.
Manfred Bruhn, l'ancien directeur de l'institut marketing de l'European
Business School, explique :
« Le développement (...) du placement de
produits montre très clairement une perméabilité
croissante entre les processus économique et sociétal,
particulièrement dans le monde du divertissement. La distinction
marquée entre la publicité et le divertissement (ou
« entertainment ») est en train de disparaître
progressivement ».
Le placement de produits est donc passé de pratique
exceptionnelle à une présence de plus en plus fréquente
dans les campagnes de communication, et la notion de frontière entre le
message du contenu est le programme devient de plus en plus contestable, pas
seulement en radio ou en télévision, mais également pour
d'autres supports tels que la presse, les films ou jeux vidéo.
En termes de coûts, Lang (1990) a estimé
qu'à la fin des années 1980, une proposition de placement de
produits à Hollywood pouvait atteindre près de 500 000 dollars.
Ainsi à cette date on estimait que les professionnels du marketing
dépensaient en moyenne 50 millions de dollars par an dans cette
méthode de communication (Elliott 1992). Preuve de l'engouement pour la
pratique, cette dernière représentait un marché annuel
estimé à 1,5 milliards de dollars en 2004
(Galician 2004). Entre temps, l'essor du placement de produits s'est fortement
intensifié en Europe, notamment dans les productions françaises
et allemandes (Stewart-Allen 1999).
I.4. Historique de la
pratique
I.4.1. Des débuts
à une professionnalisation vers la fin des années 80
A l'origine, le placement d'un produit dans un film
n'entraînait pas de compensation commerciale et était
considéré comme une technique opportuniste basée sur une
relation gagnant-gagnant, où l'industriel se contentait de prêter
son matériel au producteur en l'échange d'une visibilité
dans l'oeuvre finale (Balasubramanian, 1994).
Jusqu'à la fin des années 1970, la pratique
n'est que très peu organisée et connaît une croissance
quasi-nulle. Elle est alors considérée comme un simple
dérivé d'initiatives de relations publiques isolées
où l'annonceur, bien souvent un industriel de l'automobile, fait marcher
ses relations afin de profiter du potentiel commercial d'un film (Marketing
Communications, 1981). Lehu (2001) explique que « les experts
présentent tous l'industrie automobile, pourtant encore naissante, comme
celle qui la première perçu l'intérêt de la
démarche dès le début du 20ème
siècle, alors que le cinéma était encore
muet ». L'agent 007 passera ainsi du volant d'une Aston Martin
pour Goldfinger en 1964 à celui d'une Citroën, puis d'une
Bentley, d'une Audi, et d'une BMW pour retrouver enfin la marque de ses
débuts avec l' Aston Martin de Die Another Day en 2002.
I.4.2. Un bouleversement
des rapports entre annonceur et producteur
La méthode s'est peu à peu
développée et constitue de nos jours un véritable
marché organisé, dans lequel la concurrence se fait sentir. Pour
exemple, dans le film Wall Street (1987), avant que l'acteur Charlie
Sheen n'explique au cours d'une discussion que le magazine Fortune est
la bible de Wall Street, les producteurs avaient organisé un appel
d'offre entre les deux magazines concurrents Fortune et
Forbes, le plus généreux remportant le droit
d'être cité (Balasubramanian). En effet, dès le
début des années 1980, le placement de produits évolue
rapidement pour revêtir ses caractéristiques actuelles.
Aujourd'hui les annonceurs paient donc régulièrement les
producteurs de films afin que leurs marques soient intégrées, car
l'investissement est considéré comme un canal d'accès
intéressant en termes d'impact sur l'image, face à la saturation
des méthodes de communications plus conventionnelles.
Par conséquent, cette évolution dans les
rapports annonceur/producteur, et donc le fait que la présence d'une
contribution financière soit presque devenue systématique, a
permis aux industriels d'exercer davantage de contrôle sur le message mis
en place. On est donc de moins en moins surpris de constater que pour des films
de grande ampleur, le script soit modifié par l'annonceur pour s'assurer
de la mise en avant du produit. Ainsi le scénario de Rocky III
s'est-il vu modifié afin d'inclure une scène ou Sylvester
Stalone, personnage principal de la saga, déguste des
céréales de la marque Wheaties en expliquant que c'est le
« petit-déjeuner des champions » (Maslin
1982). Suite à la requête de l'industriel, une scène de
petit-déjeuner du film Cocoon : The Return (1988) a
également du être reprise afin que les céréales
Quaker Instant Oatmeal soient davantage mises en évidence. (Reed
1989).
A l'inverse, si une fois le contrat signé, le
producteur a la mainmise sur le contenu des scènes dans lesquelles ses
produits apparaissent, tant que le dit contrat n'est pas signé, c'est la
maison de production qui dirige les évènements. En 2005, lors de
l'ajout de trois ou quatre opportunités de placements
supplémentaires pour la série à succès
Desperate Housewives, vinrent se présenter quelques 250
annonceurs potentiels, ce malgré des prix très
élevés.
En définitive, ce qui relevait d'un accord très
simple, voire d'une ordinaire poignée de mains hier encore, s'est
progressivement étoffé. Ainsi le placement de produits
s'apparente à présent de plus en plus à un processus de
communication complexe à mettre en place si l'on souhaite s'assurer
d'atteindre un objectif précis (DeLorme 2005).
Conséquence de ces incertitudes, on a vu
l'émergence de nouveaux intermédiaires spécialisés,
les agences de placement de produits, qui jouent à la fois le rôle
de démarcheurs et celui de conseil. Ce sont donc de plus en plus eux qui
vont intervenir lors de litiges, soit en amont en s'assurant que les contrats
sont complets et prévoient de telles éventualités, soit en
aval en jouant le rôle de négociateurs entre l'annonceur et la
société de production (Brée J. 1996).
I.4.3. Une technique en
plein essor
Les industries et entreprises de services ont vite saisi le
potentiel de cette méthode de communication, peu coûteuse et
discrète. De ce fait, la technique s'est peu à peu étendue
à diverses formes de productions audiovisuelles et comprend aujourd'hui
aussi bien les films que les téléfilms, les séries
télévisées, les romans, les chansons, et plus
récemment les jeux vidéos. Pour les entreprises désireuses
de communiquer par ce biais, le spectre d'action est donc large, chaque support
ayant ses propres caractéristiques.
Les jeux vidéos par exemple, sont de plus en plus
prisés du fait de la forte interactivité des contenus : il
est normal de voir des panneaux de sponsors ciblés (le quotidien gratuit
20 minutes, l'éditeur du jeu Konami, la chaîne câblée
GameOne, etc.) dans les simulations de football (Ici Pro Evolution Soccer 5 par
exemple). On verra même certains éditeurs pousser la pratique
jusqu'à intégrer un système de commande de produits au
sein même du jeu : dans un jeu en cours de développement, une
société de production est en train d'étudier, en
collaboration avec l'entreprise de livraison de pizzas à domicile Pizza
Hut, un concept qui pourrait bien faire entrer la pratique dans une nouvelle
dimension. L'idée est de permettre au joueur, qui se promène dans
la ville du jeu, d'entrer dans un magasin Pizza Hut et de réellement
commander sa pizza. Le principe d'un jeu de rôle étant d'essayer
d'être le plus réaliste possible dans la liberté d'action,
le concept ne peut que séduire les deux parties : d'un
côté l'éditeur du jeu développe
l'interactivité et le réalisme de son produit, de l'autre
l'annonceur, en plus de communiquer par la présence de sa marque,
démultiplie « virtuellement » ses points de ventes
(jeuxvideo.com 2006).
I.5. Cadre juridique du
placement de produit
I.5.1. Une pratique
actuellement peu encadrée en France...
La Commission européenne (2005) considère
que le placement de produit est « une pratique courante dans
les productions indépendantes et les films cinématographiques, et
ne fait l'objet ni de règles de protection du consommateur, ni de
règles garantissant une certaine sécurité juridique pour
les annonceurs intéressés ». Malgré un
certain nombre de directives en France, telles l'interdiction pour les partis
politiques, syndicats ou groupements professionnels, ou le fait que le
placement de produit doive respecter la réglementation interdisant la
publicité de certaines catégories de produits (tabac,
médicaments sous ordonnance, alcool...), il existe un quasi vide
juridique concernant cette pratique de communication, qui n'est
considérée ni comme du parrainage, ni comme de la
publicité (Badeau 2005).
I.5.2. ... mais en cours de
réglementation au niveau européen
En 1997, certaines règles concernant la
publicité télévisuelle ont été mises en
place dans ce que l'on a appelé la directive Télévision
Sans Frontière (TSF), afin d'harmoniser les lois au sein de l'Europe.
Suite aux propositions du Ministère français de la Culture et de
la communication, la Commission européenne a proposé, fin 2005,
de nouvelles directives qui prennent en compte et précisent la
réglementation spécifique à la pratique du placement de
produits. Elle annonce que le placement de produits est une
réalité dans les oeuvres cinématographiques et dans les
oeuvres audiovisuelles destinées à la télévision,
et insiste sur le fait que la réglementation de cette pratique
diffère selon les États membres. Selon la Commission,
« il est [donc] nécessaire, pour garantir un traitement
homogène et renforcer ainsi la compétitivité du secteur
des médias européen, d'adopter des règles en
matière de placement de produits ».
Dans sa proposition de modification de la directive TSF, le
Ministère de la culture et de la communication
(2005) précise donc avec clarté les obligations des
annonceurs dans un tel cas :
Garantir l'indépendance du fournisseur du
média :
« Le contenu et, le cas échéant,
la programmation de tels services de média audiovisuel ne doivent en
aucun cas être influencés de manière à porter
atteinte à la responsabilité et à l'indépendance
éditoriale du fournisseur de service de média »
Ne pas inciter directement à l'achat :
« [Les placements de produits] ne doivent pas
inciter directement à l'achat ou à la location de biens ou de
services, notamment en faisant des références promotionnelles
spécifiques à ces produits ou services »
Identifier l'annonceur :
« Les utilisateurs doivent être clairement
informés de l'existence d'un accord de parrainage et/ou de l'existence
d'un placement de produit (...). Les émissions comportant du placement
de produit doivent être identifiées de manière
appropriée au début de leur diffusion, afin d'éviter toute
confusion de la part de l'utilisateur. »
Interdire certains types de produits et canaux de
diffusion spécifiques :
Les placements de tabac et de médicaments sous
ordonnance sont interdits :
« Les services de média audiovisuel ne
peuvent être parrainés par des entreprises qui ont pour
activité principale la fabrication ou la vente de cigarettes et d'autres
produits du tabac. Le parrainage de services de média audiovisuels (...)
ne doit pas promouvoir des médicaments ou des traitements
médicaux spécifiques disponibles uniquement sur ordonnance
».
Il est par ailleurs interdit de placer des produits dans des
émissions d'information, dans les documentaires ou dans les programmes
pour enfants :
« Les journaux télévisés et
les émissions d'information politique ne doivent pas (...) comporter de
placement de produit. Les services de média audiovisuel pour enfants et
les documentaires ne doivent pas comporter de placement de produit.
»
I.6. Tour d'horizon des
avantages et inconvénients du placement de produits
I.6.1. Pour l'annonceur
I.6.1.1 Compléter sa
campagne en sortant de sentiers trop battus
On l'a déjà dit et redit, le paysage
publicitaire contemporain est saturé, et aujourd'hui tous les moyens
sont bons pour se démarquer afin de capter l'attention du consommateur.
En ce sens, la technique de placement de produit permet justement de contourner
cette saturation en utilisant des supports devant lesquels le consommateur est
plus réceptif et ne peut pas s'adonner à la pratique du
« zapping » (Courbet 2001, Meenaghan 1991). En outre,
puisqu'en comparaison avec l'achat d'espace télévisé,
c'est une voie de communication encore peu empruntée, cela permet
d'éviter les interférences des communications des concurrents,
qui détériorent souvent l'efficacité du message lorsqu'il
est placé dans les canaux de communication traditionnels.
C'est également une opportunité
intéressante pour lutter contre la fragmentation de l'audience de
certains médias (Morton & Friedman 2002).
Finalement, parce que cela permet de sortir des écrans
publicitaires traditionnels, placer son produit ou sa marque au sein d'un film
représente une opportunité de communication nouvelle et originale
que Berlung et Spets (2003) ne considèrent « pas (comme)
un substitut, mais davantage comme un complément potentiel
intéressant ». Comme on le verra plus tard, il est
effectivement très intéressant d'un point de vue de la
mémorisation et de l'attitude du consommateur d'intégrer cette
technique dans une campagne de communication.
I.6.1.2. Cibler le
consommateur avec plus de précision
Comme le dit Balasubramanian, le placement de produit est un
message hybride. Il est hybride dans le sens où il n'est ni une
publicité traditionnelle, ni une communication éditoriale, mais
profite des avantages des deux techniques. Ainsi, contrairement aux relations
publiques, où ce sont les médias qui décident du contenu
et du contenant du message, le placement d'un produit permet, comme dans le cas
d'un spot classique, d'avoir le contrôle sur le contenu et le format de
la publicité diffusée (Cohen 1988). En revanche il n'aura pas ce
caractère « envahissant » du spot, car, à
l'instar cette fois ci de la publicité éditoriale, il garde une
forme de discrétion à l'écran. En ce sens le placement de
produit permet à l'annonceur de sélectionner l'audience
visée tout en s'assurant une cible relativement peu hermétique au
message.
I.6.1.3.
Bénéficier d'un consommateur plus réceptif
Puisqu'il regarde un film, donc une histoire, le spectateur ne
s'attend pas à se retrouver en face d'une publicité classique
telle qu'il peut la concevoir, et telle qu'il la rencontre quotidiennement. Et
justement, comme la technique de placement de produit est encore loin
d'être saturée, l'annonceur peut encore bénéficier
d'un contexte de réception favorable, car lorsqu'il regarde un programme
qui lui plaît, les défenses cognitives du spectateur sont
diminuées, il a donc l'esprit plus « ouvert » et est
plus facilement influençable.
Un exemple concret de cette réceptivité plus
accrue pourrait résider dans les travaux de Schwarz, Kumpf et Bussman,
qui ont montré en 1986 qu'un message de communication hybride est plus
efficace qu'un message « traditionnel ». Ils ont
présenté à des étudiants deux versions de la
même publicité dans un manuel de classe, l'une contenant une
publicité sous le format classique, l'autre une publicité de
type éditoriale, apparaissant comme un article de journal. En analysant
leurs résultats, les chercheurs ont observé que le dernier format
entraînait des intentions d'achat beaucoup plus marquées que la
page de publicité « traditionnelle ».
Courbet reprendra cette idée en l'appliquant au film,
et annonce que « dans un état affectif positif, l'impact de la
marque est bien plus fort ». Là aussi, les études
semblent confirmer cette théorie : dans son étude sur le
film Minority Report (2002), Lehu (2005) a remarqué que le taux
de rappel était intrinsèquement lié à l'état
affectif des participants : les amateurs de science-fiction sont 47%
à se souvenir d'au moins une marque le lendemain de la projection du
film, contre 40% pour ceux qui ne sont pas amateurs du genre. Et le taux monte
à 93% pour ceux qui avaient choisi ce film pour son
réalisateur.
En outre, comme on le verra plus tard, de nombreuses
études montrent que le placement peut avoir des effets positifs sur la
reconnaissance et le souvenir de la marque, ainsi que sur l'attitude à
son égard.
I.6.1.4. Prolonger la
durée de vie de la communication
Même si elle connaît un certain ralentissement ces
deux dernières années, l'industrie de la vidéo est un
marché qui a connu une croissance fulgurante depuis l'apparition du DVD
(Digital Versatile Disc) en 1997. Depuis 1998, les dépenses des
ménages dans les achats de programmes sur support vidéo ont
doublé, atteignant 12,5 milliards d'euros en 2003 (International Video
Federation 2004). Dans le même temps, le chiffre d'affaires des
éditeurs de vidéo a presque quadruplé, passant ainsi de
433 millions d'euros en 1994 à 1,3 milliards d'euros en 2004. Sachant
que les films cinématographiques représentent les trois quarts
des ventes en France (Centre National de la Cinématographie 2006), le
consommateur français possède aujourd'hui une
vidéothèque conséquente.
De plus en plus donc, ces chiffres sont à prendre en
considération lorsque l'on se penche sur le placement de marques. En
effet, avec une moyenne de 4,8 DVD regardés chaque mois, et lorsque l'on
prend en compte la revente des droits télévisés aux
nombreuses chaînes du réseau télévisé
français, on est en présence d'un vivier de visionnages et
re-visionnages de films, et une multiplication de l'exposition aux produits
placés. Au niveau du studio ou du producteur, cette formidable
capacité à multiplier la portée et la durée de vie
du message est devenue un facteur déterminant le choix du placement de
produit comme méthode de communication privilégiée. Ainsi,
non seulement la probabilité que le placement touche plusieurs fois un
consommateur est élevée, mais la portée d'une telle
pratique est également démultipliée par les pratiques de
plus en plus courantes de la location ou du prêt. En effet en 2005, 30%
des DVD visionnés sont issus d'un prêt, et 24% de la location (CNC
2006). Déjà en 1994, Balasubramanian confirmait cette remarque en
affirmant que « le message [d'un placement de produits dans un
film] a une durée de vie bien plus conséquente que celui d'un
écran publicitaire [...] et permet la répétition et le
renforcement de l'association d'images dans un environnement
naturel ».
I.6.1.5. Mais un
investissement difficile à contrôler et à mesurer
Lorsqu'il décide de placer un de ses produits ou de ses
marques dans un film, l'annonceur signe un contrat avec le responsable de la
production. Si en règle générale, l'annonceur a le dernier
mot sur les scènes de placement crées, en imposant des
contraintes strictes et en évitant les associations potentiellement
négatives (Lang 1990), le contrôle des modalités
d'apparition du produit ou de la marque comporte parfois des incertitudes (Lehu
2006). En effet, si le risque semble moindre aujourd'hui qu'au début des
années 1990 lorsque la pratique se professionnalisait, les annonceurs
doivent être conscients que les envies du réalisateur peuvent
primer au dernier moment, bien souvent lors du montage final, entraînant
la modification voire la suppression du placement (Solomon et Englis 1994).
Un exemple tiré d'un article de Balasubramanian :
en 1989, alors que le tournage de 58 minutes pour vivre (Die Hard
2, 1990) va débuter, Black & Decker et 20th Century Fox
Corporation se mettent d'accord afin que des produits de la marque de
l'outilleur soient intégrés au sein du film. L'accord est
régit par un contrat stipulant comme principale condition du placement
que l'entreprise d'outillage s'engage à lancer une campagne de
communication reprenant le thème du film l'été suivant,
c'est-à-dire au moment de sa sortie en salles. Mais au montage,
l'équipe de réalisation supprime les scènes comportant les
dits produits pour des raisons d'esthétique. La société
Black & Decker se retrouve donc à lancer une campagne marketing
entièrement axée sur le film, avec pour slogan principal un jeu
de mots reprenant le titre, alors qu'aucun de ses produits ne sont visible par
le spectateur dans le film. Après avoir engagé des poursuites
contre le studio car elle estimait que sa campagne, au lieu d'améliorer
l'image de l'entreprise, l'avait décrédibilisé, la
société se jura dorénavant de ne plus jamais employer
cette technique.
Hormis cette mésaventure, qui peut sembler anodine mais
que les professionnels du marketing se doivent de prendre en compte, un des
principaux problèmes du placement de produit est la difficulté
à en évaluer le bénéfice en termes
d'investissement. Ce dernier reste assez incertain, car il dépend
évidemment du succès du support, et il est de
notoriété commune que les prévisions d'entrées en
salle sont approximatives, voir peu fiables (Rosen 1990).
En outre, le marché dépendant du rythme de
production et de la qualité des oeuvres cinématographiques, il
est impossible d'effectuer des prévisions détaillées, et
par conséquent d'ajuster les budgets marketing des entreprises
désireuses de communiquer par ce biais. Malgré tout, si les
indices explicatifs tel que le CPM (Cost per Thousand, ou Coût Pour Mille
en français1(*)) ne
sont apparus qu'assez tard, Rosenthal (1989) estime qu'en termes de
coûts, le placement de produits représente un investissement
moindre face à l'emploi de spots publicitaires classiques.
I.6.2. Pour le
producteur
La technique a donc séduit les annonceurs, mais si elle
est de plus en plus utilisée, c'est également parce qu'elle est
avantageuse pour le producteur, puisqu'elle est issue d'un accord
nécessairement bilatéral.
I.6.2.1. Un moyen de
financement conséquent
D'un avis général, le principal
intérêt à laisser des entreprises placer leurs produits
dans ses films est l'apport financier que cela leur procure. La technique
permet ainsi d'alléger les coûts de production, et voit son envol
coïncider avec l'envolée des budgets de production, de plus en plus
faramineux. Record en date : le 14 juin 2006 sortait en France le film
américain au plus gros budget de l'histoire du cinéma :
Poseidon, de Wolfgang Peterson, qui cumule à 180 millions de
dollars (Allocine.com 2006). Il devient donc indispensable de trouver des
moyens d'alléger ces coûts de productions. Dans une publication en
1994, Des Roberts annonce déjà que l'annonceur peut couvrir
jusqu'à 25% des frais de cette manière. Plus récemment,
Groover (2001) estime de sa part que les contrats peuvent se chiffrer en
millions de dollars, notamment pour les grosses productions
prédestinées à une exploitation internationale.
Tom Hanks explique ainsi que sans l'apport de la
société FedEx, la réalisation du film Seul au monde
aurait été plus que compromise. En outre, l'équipe du
film explique que l'utilisation d'un tel sponsor s'accordait parfaitement dans
le script du film, puisque le héro devait être un homme d'action,
organisateur et légèrement maniaque, afin que l'on puisse se
pencher sur l'évolution de sa personnalité lors de son
séjour sur l'île (Allocine.com 2006). En ce sens ils sont d'accord
avec l'argument d'Olson (2004), qui pense que le placement de produits peut
contribuer à rendre l'univers du film plus proche de la
réalité.
I.6.2.2. Une attitude de
plus en plus opportuniste
Au début des années 1990, la
société Walt Disney a envoyé une lettre aux responsables
marketing d'un certain nombre de sociétés, annonçant ses
tarifs pour le placement éventuel d'un de leurs produits ou
services : 20 000 dollars pour un placement visuel, 40 000 dollars pour un
lacement visuel et oral, et 60 000 dollars pour l'utilisation du produit par un
acteur (Magiera 1990). De son côté, Apple reçoit plusieurs
centaines de demandes par an et en refuse de nombreuses (Lugrin 2002). Le
producteur prend ainsi de plus en plus l'initiative pour la mise en place d'une
telle méthode, puisqu'elle s'inscrit maintenant dans ses
prévisions budgétaires. Et son attitude tend à devenir
opportuniste devant le vivier de marques potentiellement
intéressées. Alors que le marché se développe et
s'organise, le producteur prend donc le pas sur l'annonceur et cherche
même à optimiser son profit. Ainsi, lors de la sortie du film
Demolition Man, un placement pour la société de
restauration Taco Bell fut remplacé par un même placement pour
Pizza Hut dans la version internationale, car la société de
livraison de pizzas à domicile cherchait davantage à communiquer
à l'étranger d'une manière globale (King 1993).
Le producteur peut également négocier avec son
annonceur pour que soit mise en place une campagne de promotion croisée,
pratique qui prend également de l'importance dans la communication des
studios lors de la sortie de leurs films (Kouli et Saad 2000). Cela ne
réduira pas ses coûts de communication, mais lui offrira la forte
capacité de communication des entreprises associées, et
facilitera donc la promotion de l'oeuvre. On l'a vu dans les exemples
précédents, que ce soit Aston Martin, Oméga, Bollinger
pour James Bond, ou la tentative de Black et Decker avec 58 minutes pour
vivre, on peut également remarquer le
« tie-in » avec Burger King aux Etats-Unis lors de la
sortie du premier volet de la trilogie du Seigneur des Anneaux, La
communauté de l'anneau (2001).
II. FACTEURS
INFLUENÇANT L'EFFICACITÉ DES PLACEMENTS DE PRODUITS
Même les acteurs du marché de la publicité
admettent que les connaissances du comportement du consommateur sont toujours
assez limitées (Baerns 2003). Il n'existe en effet à ce jour que
peu de travaux traitant des effets du placement de produits et des
critères affectant ces derniers. La plupart des textes publiés
sur ce sujet se basent sur les théories de psychologie du consommateur
et de neuropsychologie axée sur la mémoire et les facteurs de
mémorisation. Au niveau professionnel, les acteurs du placement de
produits utilisent principalement les statistiques de rappel pour
déterminer la valeur du placement pour l'annonceur (Sharkey 1988), mais
la communauté scientifique s'est progressivement penchée sur les
nombreux facteurs influant la reconnaissance et le rappel, ainsi que le
changement d'attitude, qui semble ne pas être nécessairement
directement lié au rappel.
Deux courants opposés peuvent ainsi être
identifiés. En premier lieu, le plus évident est celui de la
mémorisation explicite, qui correspond aux cas dans lesquels le
spectateur identifie clairement la marque placée et qui entraîne
une modification des taux de rappel et de reconnaissance. Ici l'individu se
souvient de la marque ou du produit intégré au film. En second
lieu, les chercheurs se sont penchés sur la mémorisation
implicite, qui semble favoriser non pas le rappel, car bien souvent l'individu
ne se souvient pas du placement, mais davantage le changement d'attitude. On
pourrait d'ailleurs associer cet effet à l'aspect
« subliminal » d'une telle technique, où le
spectateur ne se rend pas compte de l'apparition de la marque mais la
mémorise inconsciemment et change donc d'attitude sans vraiment s'en
rendre compte.
Fontaine, dans ses récentes publications, reprend la
définition de ces deux types de mémoires, que Graf et Schacter
ont présenté en 1985. Ils ont ainsi expliqué que la
mémoire implicite est révélée
« lorsque la performance à une tâche est
facilitée en l'absence de récupération
consciente », c'est-à-dire, dans le cadre d'un placement,
sans que l'individu réalise consciemment qu'il a été
confronté à l'apparition de la marque. A l'inverse, ils
définissent la mémoire explicite comme étant
observée « lorsque la performance à une tâche
requiert la récupération consciente d'expériences
passées », c'est-à-dire lorsque l'individu
à été consciemment confronté à l'apparition
de la marque. L'auteur indique en outre que si la recherche en psychologie sur
les concepts de mémoire implicite et explicite a réellement
commencé à se développer à partir des années
1980, elle n'a fait l'objet d'applications en marketing que depuis le
début des années 1990.
Puisque nous avons d'un côté, les professionnels
de la publicité et des placements de produits qui se basent sur des
tests de mémorisation explicite, et d'un autre des chercheurs qui
estiment que la mémorisation implicite est davantage
révélatrice de l'impact du placement sur le consommateur, nous
allons chercher à faire une synthèse de ces différents
courants, en étudiant les effets que l'on peut observer sur l'individu
dans chacune des situations.
On retiendra donc principalement la distinction entre les
placements discrets et évidents, l'effet de la répétition
des expositions aux placements, les effets de l'interaction entre le film et
l'audience, puis enfin les effets du marché spécifique du
parrainage et du placement de produits.
II.1. Effets des
différents types de placements
II.1.1. Placements
évidents et rappel de la marque
II.1.1.1. L'effet Von
Restorf
Un des principaux effets mesuré par la
communauté scientifique en termes de mémorisation s'appelle
l'effet Von Restorf, du nom du chercheur ayant proposé la
théorie, en 1933. Selon ce dernier, toute information nouvelle ou
inattendue attire l'attention, est analysée plus profondément, et
a par conséquent davantage de chances d'entraîner un taux de
rappel plus important que pour une information redondante ou
prévisible.
Puisqu'un spectateur ne s'attend pas à un message
lié à un produit ou une marque lorsqu'il regarde un film, ce
facteur « surprise » semble valider l'effet Von Restorff
dans une situation de placement de produits. Ainsi, dans le film The
Formula, Marlon Brando dit à son compagnon :
« Prend-toi des Milk Duds, ça te fera du
bien... ». Si le placement est bien intégré au
scénario et rentre naturellement dans le contexte de la scène,
cela reste une information nouvelle, à laquelle le spectateur ne
s'attend pas. Tout réside justement dans le juste équilibre entre
l'adéquation et la surprise. Il ne faut pas s'attacher à cacher
le placement, mais à cacher ses intentions commerciales en
l'introduisant de la manière la plus naturelle possible.
Par ailleurs, Steortz (1987) a montré que le taux de
rappel du placement évident de produits dépend également
d'autres facteurs : si le produit est placé en arrière-plan
ou en avant de la scène, le type de mention (orale ou visuelle), si le
produit est utilisé et par qui, etc. Un certain nombre d'auteurs se
pencheront sur ces critères, telle par exemple Isabelle Fontaine.
II.1.1.2. Le rappel est
favorisé par un placement proéminent...
La proéminence peut être définie comme la
capacité de la marque à attirer l'attention du spectateur
(Fontaine 2002). C'est une dimension objective du placement,
caractérisée par l'ensemble des facteurs objectifs, liés
à l'apparition de la marque à l'écran et susceptibles
d'attirer l'attention du spectateur : caractéristiques de la marque
(taille, couleur...), mise en scène (type de plan...). Lehu (2001)
traduit la proéminence comme l'espace et le temps occupé par le
produit ou la marque placée ainsi que le nombre d'occurrences de cette
dernière.
Fontaine nous explique que le placement proéminent d'un
produit dans un film devrait favoriser le développement d'une
mémoire explicite pour la marque, contrairement à un placement
faiblement proéminent qui devrait bénéficier d'une
mémoire implicite. En d'autres termes, une marque mise en avant
entraînera une élaboration consciente du stimulus, alors que le
stimulus d'un placement discret sera élaboré sans que l'individu
ne s'en rende compte. Les mesures devraient donc présenter des taux de
rappels significatifs lorsque le produit est placé d'une manière
proéminente.
II.1.1.3. ... ainsi que par
un placement central
Le caractère central du produit représente une
seconde dimension objective d'un placement de produits dans un film et se
réfère à l'importance du rôle joué par le
produit pour le déroulement de l'intrigue ou de l'histoire. Par exemple,
le fait d'associer le produit à un personnage, et de
préférence au personnage principal, permet de l'intégrer
plus fortement au film.
Dans le cadre du placement de marques, la nature du traitement
devrait dépendre de la force de l'association entre le produit et
l'intrigue. En effet, si le produit joue un rôle dans le
déroulement du film, c'est-à-dire s'il est fortement
intégré à l'action, il devrait bénéficier
d'un traitement sémantique dans la mesure où il est porteur de
sens pour le spectateur. En revanche, si sa présence n'est pas
liée à l'intrigue, s'il représente simplement un
élément du décor, par exemple, il provoquera plus
vraisemblablement un traitement de type structural ou perceptif. En
conséquence, Fontaine annonce qu'un produit placé de
manière centrale dans un film devrait favoriser le développement
d'une mémoire explicite pour la marque, alors qu'un placement
périphérique ne devrait bénéficier que d'une
mémoire implicite. On peut donc dire qu'une marque ayant un rôle
central dans un film entraînera un taux de rappel important.
II.1.2. Placements discrets
et attitude face à la marque
On vient de voir que des produits pouvaient être
délibérément placés de façon à ce que
la marque soit consciemment vue par le spectateur, permettant ainsi des taux de
rappels intéressants. Toutefois, Solomon et Englis (1994) indiquent
qu'au contraire, bien souvent l'objectif principal de ce type de communication
est de parvenir à rendre le message promotionnel indistinct du support
auquel il est associé. Ainsi, un placement de produits
considéré comme réussi mettra en scène le produit
comme un accessoire naturel et indispensable pour l'histoire du film ou le
personnage. C'est ce que l'on nommera ici un placement
« discret ». Balasubramanian note que dans de telles
circonstances, « les publics sont susceptibles de ne pas
être conscients de la tentative d'influence commerciale, et/ou de traiter
le contenu de telles communications différemment de la manière
dont ils traitent les messages commerciaux ».
II.1.2.1. Un placement
implicite modifie l'attitude à l'égard de la marque
Une des principales théories dans le domaine de la
mémoire implicite est la théorie de simple exposition, ou
« mere exposure theory ». Dans leurs études sur les
effets du placement de produits sur les enfants, Auty et Lewis (2004) se basent
sur cette même théorie afin de montrer comment les enfants peuvent
être plus facilement influencés par des messages publicitaires
discrets. Selon ces derniers, un placement de produits peut être
assimilé à un message subliminal, car il peut ne pas être
traité consciemment, et ce même pour un spectateur en ayant les
capacités. Les effets du placement de produits peuvent donc être
développés à travers l'effet de répétition
(« mere exposure »), sans dépendre de l'âge ou
des capacités d'intégration du message.
Le traitement limité qu'induit l'exposition à un
placement de produit discret est suffisant pour créer un sentiment de
familiarité, sentiment qui plus tard sera assimilé à une
préférence lors de l'acte d'achat (Janiszewski 1993).
La théorie est renforcée par les travaux de
Nordhielm en 2002 qui confirment l'importance de la mémoire implicite
sur l'affect et le choix. Selon ses conclusions, un message qui n'est que
fortuitement traité (c'est-à-dire vu mais non
mémorisé, donc non rappelé) et que l'on
répète plus de 25 fois obtient de meilleurs résultats en
terme de choix dans l'achat qu'un message traité sémantiquement
(vu, mémorisé et rappelé).
Fontaine explique qu'un certain nombre de recherches sur la
publicité corroborent ces résultats, et affirme que le placement
d'un produit peut avoir un impact positif sur l'évaluation de la marque
placée, même lorsque le message n'est pas consciemment
élaboré. Elle explique également, s'appuyant sur les
travaux traitant de l'effet de fausse familiarité (false familiarity
effect) de Shapiro et al. (1999) et de Courbet (2000) que la
technique peut conduire à un sentiment de familiarité accru
à l'égard de la marque, même si l'exposition à cette
dernière n'est pas mémorisée. En outre, certains auteurs
ont observé qu'une exposition non mémorisée à des
noms de marque entraîne un accroissement de l'intention d'achat du
spectateur à l'égard de la marque placée (Chung &
Szymanski 1997 ; Law & Braun 2000).
Un placement implicite pourrait donc entraîner une
amélioration de la familiarité et de l'appréciation de la
marque, voire même une intention d'achat plus marquée.
II.1.2.2. Le cas de la
congruence du placement avec l'intrigue du film
En 2002, Russell s'est attachée à étudier
l'influence que détient le degré de congruence des placements de
produits avec l'intrigue des films sur la mémorisation et sur l'attitude
du consommateur. Elle remarque que l'absence de corrélation entre les
mesures de la mémoire et de l'attitude met en doute le postulat selon
lequel un taux de rappel élevé entraîne une attitude
favorable, et suggère que cette relation n'est pas nécessairement
linéaire.
Aussi, l'auteur met en avant deux facteurs importants pour la
mémorisation et le changement d'attitude : la modalité des
placements (auditif ou visuel) et le degré d'intégration de ces
derniers avec l'intrigue du film. Elle note que les modalités de
diffusion des messages sont importantes à prendre en compte car ce sont
elles qui vont déterminer l'impact du stimulus et donc
l'intégration cognitive de l'information chez le spectateur. En outre,
elle précise que le degré de rapport avec l'intrigue, donc de
congruence, a un rôle essentiel dans l'efficacité du placement.
Ses travaux montrent que la relation entre la mémoire et l'attitude
n'est pas linéaire : ce n'est pas parce qu'une personne se souvient
d'avoir vu ou entendu une marque que son attitude face à cette marque va
pour autant changer.
Changement d'attitude faible
Placement visuel
Placement auditif
Changement d'attitude fort
Placement peu congruent
Placement congruent
A partir des résultats de son étude, elle
propose un schéma afin de mettre en évidence le changement
d'attitude en fonction de l'interaction entre modalité de diffusion et
degré de congruence.
Figure 2. L'influence de la modalité et de la congruence
d'un placement de produits sur le changement d'attitude du consommateur.
Russell Cristel Antonia (2002)
Placements peu congruents :
Lorsqu'ils sont cités par un des personnages, les
placements qui ne sont pas en concordance avec l'intrigue obtiennent des scores
de changement d'attitude faibles, mais le changement est important lorsque l'on
place le produit ou la marque d'une manière visuelle.
Placements congruents :
Le phénomène observé est inverse.
Lorsqu'ils sont cités par un des personnages, les placements qui sont en
accord avec l'intrigue du film provoquent un changement d'attitude chez le
consommateur, mais ils ne semblent pas efficaces lorsqu'ils ne sont que
montrés visuellement.
Les résultats supportent les théories
précédemment existantes. En effet, Friedstad et Wright avaient
démontré en 1995 que lorsque la modalité de
présentation d'une marque n'est pas en accord avec le degré de
congruence, le spectateur tend à réfléchir aux raisons de
cette présence et se protège. De leur côté, Campbell
et Kirmani ont montré en 2000 qu'en revanche, lorsque la modalité
et le degré de congruence concordent, le placement apparaît comme
naturel. De ce fait, le spectateur fait moins d'effort pour analyser la raison
de la présence de la marque, et change donc plus facilement
d'attitude.
Le fait que les placements visuels peu congruents sont moins
mémorisés mais amènent à des changements d'attitude
plus conséquents sont en accord avec le modèle de
probabilité d'élaboration (« Elaboration Likelihood
Model ») de Petty, Cacioppo et Schumann (1983) ainsi qu'avec l'effet
de simple exposition (« Mere Exposure Effect ») de Zajonc
(1968).
Des résultats de cette étude on pourrait
recommander deux stratégies de placement de produits tout autant
efficaces en termes de persuasion mais radicalement différentes :
un placement audio en relation directe avec l'intrigue, ou un placement visuel
qui n'a pas de lien avec l'intrigue, dans le décors ou en tant
qu'accessoire. La première stratégie est évidemment la
plus onéreuse et demande le plus de travail dans les relations entre
l'annonceur et l'équipe du film. En outre il est possible qu'elle soit
moins bien acceptée, et le risque de rejet est important si le placement
est « déplacé », ou mal intégré
dans l'intrigue. Un placement visuel discret semble donc être l'option la
plus réaliste, représentant un investissement et un risque
moindres.
II.1.2.3. Un changement
d'attitude plus marqué si l'individu a déjà
été exposé à un message silmilaire
En 2003, Olson et Thjømde se sont penchés sur
les phénomènes de mémorisation implicite pour des messages
de communication discrets. Il ont ainsi introduit le concept de traitement
central et périphérique d'un message (« central and
peripheral processing »).
Le « central route processing », ou
traitement par voie centrale, correspond aux situations d'engagement fort qui
demandent une analyse de l'information en profondeur. On retrouve ce type de
traitement dans les placements évidents. A l'inverse, le
« peripheral route processing », traitement par voie
périphérique, se réfère aux situations dans
lesquelles l'individu change ou forge sa propre attitude sans aucune
délibération ou considération active, donc sans qu'il s'en
rende compte (Petty et al. 1983).
S'il est donc admit qu'un individu peut adopter une attitude
positive même lorsqu'il ne se rend pas compte d'avoir été
exposé, Olson et Thjømde ont repris ces deux hypothèses et
ont montré qu'un individu exposé à un message publicitaire
simple ne demandant pas de traitement central (ici un placement discret)
changera davantage d'attitude face à la marque si il a
déjà traité des informations sur cette dernière
auparavant. Dans le cas de la technique du placement de produits, c'est donc
sûrement l'association d'un message discret à une
réactivation des associations à la marque préexistantes
qui permettrait une communication la plus efficace au sein d'une campagne de
communication globale.
Ce que l'on vient de voir est intéressant, car on sait
que la plupart des entreprises n'utilisent le placement de produits, non pour
créer de la notoriété dans le cas de l'introduction d'une
nouvelle marque, mais davantage afin d'asseoir la notoriété
préexistante de leur marque, en se servant de cette méthode en
tant que rappel de la marque ou du produit déjà bien
établie sur le marché.
II.1.3. Utilisation du
produit par le personnage
Le paradigme du modèle (« modelling
paradigm ») est une notion qui a été introduite par
Bandura en 1977 lors de ses travaux sur les réactions du consommateur
face à l'utilisation de célébrités dans les
publicités. Appliqué au placement de produit, la théorie
avance que le placement de produits par l'utilisation de personnages permet le
renforcement de l'utilisation des produits et aide ainsi les individus à
acquérir une préférence de marque et/ou un comportement de
consommation favorable.
Ainsi, le consommateur peut être amené à
utiliser les produits qu'ils voient être utilisés par des
personnages de fiction car il s'identifie ou veut ressembler à eux
(Kelman 1958). Il adopte alors ce comportement car il traduit la relation
voulue. Si les placements ne sont évidemment pas tous impactants, de
nombreux exemples montrent des résultats probants : les ventes de
Reese's Pieces après E.T. ou celles des Ray Ban Wayfarer
après Top Gun se sont envolées après leur sortie
en salle (Leinster 1987). Le placement d'un peigne de la marque Ace qui se
retrouva dans les mains de James Dean pour le film Rebel Without a
Cause (1955) conduisit également à une rupture de stock pour
l'entreprise dans les semaines qui suivirent la sortie du film en salle (Lehu
2005). Si ces réussites dépendent évidemment du charisme
des oeuvres ou des acteurs ayant utilisé les produits, elles n'en
restent pas moins en accord avec l'hypothèse du paradigme du
modèle.
II.2. Effets des
différentes expositions
On l'a vu dans la première partie, depuis
l'arrivée du DVD, le marché de la vidéo s'est
envolé. Etant donné le climat actuel de forte consommation de
contenus vidéos, que ce soit par le biais d'Internet, à la
télévision hertzienne ou câblée, au cinéma ou
sur support vidéo, et avec près de 5 DVD visionnés par
personne et par mois (CNC 2006), on partira du postulat selon lequel un film
est amené à être visionné plus d'une seule fois au
cours de son exploitation. Dans ces conditions, il semble important de se
pencher sur les effets de la répétition des placements au sein
d'un film.
II.2.1. La
répétition d'un message simple entraîne une réponse
affective
Une des principales théories traitant de l'effet de
l'exposition répétée à un message est la
théorie de simple exposition, ou « mere exposure
theory ». La théorie a été introduite par Zajonc
(1968). Elle suggère que l'exposition répétée
à un stimulus simple entraîne une réponse affective, dans
laquelle l'appréciation et la préférence s'accomplissent
sans que l'individu se rende compte du processus. Cette théorie
s'applique à un large champ de stimuli allant des mots aux dessins, en
passant par des images ou codes graphiques (Bornstein 1989), et par
conséquent au placement d'un produit ou d'une marque dans un film. La
théorie permet d'approfondir les propositions d'Olson et Thjømde
et de Janiszewski (1993) : si un message discret entraîne un changement
d'attitude à l'insu du spectateur, ce changement est d'autant plus
important que l'exposition est répétée.
Lehu a effectué une étude sur le taux de rappel
des nombreuses marques placées dans le film Minority Report
(2002). L'étude empirique, ayant eu lieu en 2003, a été
réalisée lors de la seconde exposition potentielle. Les
résultats confirment l'intérêt d'une exposition
répétée, en révélant un meilleur souvenir
des placements de la part des répondants ayant déjà vu le
film. Ainsi, 100% des répondants ayant vu le film au cinéma
l'année précédente furent en mesure de citer au moins une
marque, contre uniquement 35% des individus qui voyaient le film pour la
première fois. En outre, les individus étant exposés pour
la seconde fois citèrent en moyenne 3,19 marques, contre 0,78 marques
pour le reste des participants. Même si cela ne conforte pas
l'hypothèse de changement d'attitude, la forte différence dans
les résultats de rappel pose les bases pour une éventuelle
modification dans l'appréciation des marques et donc un changement dans
l'attitude des spectateurs.
II.2.2. La seconde
exposition à un message entraîne le rappel de l'exposition
initiale
En 2003, Janiszewski, Noel et Sawyer ont proposé deux
théories intéressantes à propos des effets d'une
exposition répétée, en travaillant sur la relation entre
le stimulus initial et le stimulus de rappel : les hypothèses de
récupération (« retrieval hypothesis ») et de
reconstruction (« reconstruction hypothesis »). Ces deux
propositions se basent sur le postulat selon lequel il est plus aisé de
récupérer une première représentation d'un stimulus
que d'en contracter une nouvelle.
Selon l'hypothèse de
récupération, lorsqu'il est confronté
à un événement précis, un individu se souvient
systématiquement d'événements précédents qui
lui semblent similaires. Le second événement va donc servir
d'indice pour favoriser le rappel involontaire de l'événement
initial et du contexte auquel il était associé.
L'hypothèse de reconstruction traite de l'effet
d'espacement, ou « spacing effect ». Elle énonce que
le délai entre la première exposition et la seconde renforce le
rappel du stimulus initial, à condition que ce dernier soit reconstruit
à la seconde exposition (Jacoby 1978).
Partant de ces deux propositions, on pourrait suggérer
que dans le cas de l'intégration d'un produit ou d'une marque dans un
film, la commercialisation de l'oeuvre en format mobile (VHS, DVD) ou
numérique (téléchargement légal sur internet, etc)
permettra, à travers le visionnage des dits placements, de servir de
rappel de la campagne de communication initiale ayant pris place lors de la
sortie du film en salles. En outre, il est à noter qu'une des plus
anciennes théories sur la mémoire révèle qu'il est
plus aisé de réapprendre lorsque l'objet est
présenté dans un contexte identique à l'original (Fontaine
2001). Pour garantir l'efficacité de sa campagne de communication, le
professionnel du marketing devrait donc s'assurer de garder un thème
commun entre sa campagne de publicité classique et ses placements. Il
s'agirait par exemple de s'associer avec un film dont l'univers correspond
à celui créé lors de la campagne.
II.2.3. Limites de l'effet
de répétition
Il est à noter cependant que les expériences
montrent une relation convexe entre la mémorisation et la longueur de
l'espacement (Bjork 1988) : jusqu'à une certaine durée, la
récupération du message initial devient de plus en plus
difficile, et cette difficulté entraîne un renforcement de la
mémoire du stimulus. Mais lorsque la durée devient trop
élevée, il devient impossible de récupérer le
message initial, et la mémoire du stimulus décline.
En outre, certaines recherches mettent en évidence un effet
contraire. Aussi Appel (1971) et Blair (2000) ont prouvé par des
enquêtes terrain que la mémoire de la seconde exposition à
une publicité diminue avec l'augmentation de l'espace entre les
diffusions.
II.3. Effets de
l'interaction film entre le film et le spectateur
Indépendamment des différents types de
placements, un des principaux effets de la technique de placement de marques ou
de produits dans un film est le transfert de sensations et de sentiments du
support à la marque, puis au spectateur. Ce phénomène
d'interaction entre évènement et consommateur a été
étudié dans le cadre de différentes situations, notamment
pour la pratique du sponsoring, à laquelle on attribuera des
caractéristiques similaires au placement de produits dans un film, et
dont on va tenter de présenter les principaux points à travers
les principales théories recensées dans les publications
académiques.
II.3.1. Interaction entre
l'image dégagée par le film et l'image de la marque
placée
La théorie de l'équilibre (ou
« balance theory » en anglais) est utilisée pour
expliquer les changements d'attitude face à l'image d'une marque lorsque
celle-ci est intégrée à une ouvre ou un
évènement télévisuel (Cornwell et al.
2005). Elle se base sur le fait qu'en toutes circonstances, les individus
cherchent la cohérence, et évitent à tout prix
l'incohérence dans leur comportement et leur attitude. Par exemple, il y
a déséquilibre lorsqu'une attitude positive face à un
événement (ou un film, réalisateur, ou acteur principal)
est associée à une entreprise ou marque peu
appréciée. Dans un tel cas de figure, le spectateur va chercher
à harmoniser ses sentiments soit en adoptant une attitude plus positive
face à l'entreprise, soit au contraire en réajustant
négativement son attitude face à l'évènement ou au
film. Dean (2002) a repris cette théorie dans ses travaux afin
d'expliquer les changements d'attitude dus à la pratique du placement de
sponsor, corroborant ces résultats. En termes pratiques, il faudrait
donc faire attention à ne pas intégrer des marques qui ne soient
pas en concordance avec le potentiel d'appréciation du film (on ne
placera pas le sigle d'une entreprise d'exploitation pétrolière
dans La marche de l'empereur (2005) par exemple).
Cornwell et al. présentent la théorie
du transfert de sens. Cette seconde approche, qui cherche à expliquer
les effets de l'image dans le sponsoring, reprend le modèle du processus
d'assimilation de l'utilisation de célébrités
proposé par McCracken (1989). La théorie énonce que le
« sens » est transféré de
l'évènement au produit placé, puis du produit au
spectateur. Cette hypothèse est soutenue par les travaux de Gwinner et
Eaton (1999), et par le processus de mémoire associative proposé
par Kellet (1993), dans lequel des associations d'images se forment lors
d'activités de sponsoring.
II.3.2. Stimulation
affective d'un film et assimilation du placement
Deux théories opposées présentées
dans les travaux de Cronwell et al. tentent d'expliquer les effets de
la stimulation affective engendrée par le visionnage d'un film sur
l'efficacité d'un placement sur le consommateur. Un spectateur
exposé à un placement de produit est avant tout exposé
à une oeuvre cinématographique : lorsque le spectateur voit
la marque ou le produit, il est en pleine expérience de consommation du
film, et est donc émotionnellement impliqué : triste durant
une scène de deuil, stressé en face d'une scène de course
poursuite, heureux lorsqu'il assiste à un mariage, etc. Comment ces
états affectifs interviennent-ils lorsqu'il est confronté
à un placement de marque ?
Le principe d'efficacité de l'assimilation, ou
« processing efficiency principle » énonce que
la stimulation ou l'excitation affective favorise l'assimilation du message.
Selon cette proposition, la façon dont le spectateur analyse
l'information d'un évènement ou d'une marque associée est
conditionnée par l'appréciation ou la stimulation affective
qu'ils provoquent. De ce fait, plus cette stimulation est grande, plus le
stimulus va être enregistré, et donc plus l'information va
être assimilée et stockée. Une scène d'action
intense, par exemple, dans lequel serait placé un produit de marque,
entraînerait une forte stimulation et permettrait donc au spectateur de
mieux se souvenir de la marque, car son esprit sera totalement accaparé
par le film.
A l'inverse, le principe d'intensité
(« intensity principle ») énonce que plus la
stimulation affective est élevée, plus le spectateur est
concentré sur le stimulus responsable de cette excitation,
entraînant une faible assimilation des messages
périphériques. Pour exemple, Newell, Henderson et Wu ont
montré en 2001 que le taux de rappel des marques placées
était bien plus important lors de la première mi-temps de la
finale du Superbowl XXXIV que lors de la seconde. Or cette dernière
était beaucoup plus intense, car le match était très
serré et l'attention était focalisée sur le stimulus
principal, le jeu en lui-même et l'issue du match.
II.3.3. Une adaptation
nécessaire en fonction de la stimulation engendrée par le
film
Faisant suite à ces deux théories,
Park et McClung ont proposé, à l'issue de leurs travaux
en 1986, un modèle de relation non plus linéaire mais convexe,
où une faible intensité d'excitation s'avère suffisante
pour entraîner une réponse positive du spectateur, alors qu'en
accord avec le principe d'intensité, une forte excitation
entraînait une attention focalisée uniquement sur la raison de
l'excitation, et non sur les messages périphériques.
Cette dernière proposition serait donc en faveur de
l'utilisation d'évènements où le niveau d'excitation est
modéré, afin d'optimiser la réponse du consommateur face
aux placements. L'hypothèse a été confirmée par les
travaux de Tavassoli, Schultz et Fitzsimmons en 1995. Aussi, Heuer et Reisberg
(1992) ainsi que Christianson et Loftus (1991) nous expliquent dans leurs
publications que « l'émotion [d'un individu] favorise la
mémorisation des éléments centraux de l'image, et
réduit celle des caractéristiques
périphériques ».
Ainsi, dans le cas d'un film entraînant des
émotions fortes, l'annonceur devrait éviter les placements
périphériques, qui risqueraient de ne pas être
élaborés, les capacités cognitives du spectateur
étant limitées. Pour s'assurer d'une bonne assimilation, il
devrait davantage cibler les films potentiellement « peu
émotionnels », afin d'être sûr que l'attention du
spectateur soit disponible lors de son exposition au placement.
II.4. Effets du
marché
L'apparition de la technique du placement de produits au sein
des campagnes de communication, comme beaucoup de pratiques transversales (buzz
marketing, street marketing, etc.), constitue une réponse à la
saturation du marché en termes de messages publicitaires. La
télévision, la presse et l'affichage, qui représentent
à ce jour les supports et les canaux de communication traditionnels,
sont envahis de messages, et les entreprises, si elles continuent
évidemment à communiquer par ces biais, cherchent à tout
prix des échappatoires. Nous allons chercher ici à comprendre
comment le marché peut intervenir dans l'efficacité d'un
placement vis-à-vis du consommateur.
II.4.1. Les valeurs de la
marque et du film interagissent
Dans le cadre du sponsoring, Cornwell, Weeks et Roy (2005)
décrivent l'impact que détient l'expérience
antérieure du consommateur sur son attitude face au sponsor.
Ils reprennent les travaux d'Alba et Hutchinson (1987) et de
Söderlund (2002) selon lesquels la familiarité à une marque
facilite la mémorisation et entraîne une réaction positive
de la part des consommateurs. Les auteurs énoncent également
qu'il y a transfert d'attitude entre l'évènement et le sponsor
lors de l'exposition. Ainsi, une attitude affective préalablement
positive face à un évènement peut être
transférée au produit ou à la marque placée.
Appliquées au placement de produits, ces hypothèses indiquent que
l'attitude initiale face au film peut influer sur l'appréciation de la
marque, et vice-versa.
II.4.2. Il est plus
judicieux de placer des marques connues
Johar et Pham (1999) ont montré que le sponsoring
développe la valeur de la marque dans l'esprit du consommateur. En
outre, lorsqu'elle est placée, une marque bien installée sur le
marché entraînera de meilleures réponses qu'une marque peu
connue, ou dont le positionnement est moins marqué. Ceci corrobore les
hypothèses selon lesquelles le placement de produits n'est pas une
pratique adaptée aux marques peu connues, et qu'il est donc plus
judicieux de ne placer que des marques jouissant déjà d'une
certaine notoriété, en les associant à une campagne de
publicité traditionnelle par exemple.
II.4.3. La surexposition
des marques dans un même film nuit à la mémorisation...
Cornwell (2000) a montré que la présence d'un
grand nombre de marques dans un évènement influençait
négativement les scores de rappel et de reconnaissance du consommateur.
En outre, Ruth et Simonin ont montré en 2003 que la présence de
marques controversés (tabac, alcool) entraînait une impression
négative de l'évènement, et donc des autres marques
présentes. Il s'agit donc pour l'annonceur de faire en sorte de ne pas
être entouré de trop de marques, ni de marques
« sensibles ».
II.4.4. ... de même
que la surexposition d'une même marque sur plusieurs
évènements
Ruth et Simonin ont également montré que le
placement d'une marque sur plusieurs évènements différents
peut créer un sentiment de confusion chez le consommateur, une faible
mémorisation, voire même une réaction négative face
à la pratique.
Pour l'annonceur, il s'agit donc être attentif à
la situation du marché, et de bien cibler les oeuvres dans lesquelles on
désire intégrer ses marques, en fonction du capital
d'appréciation de ces dernières et surtout de la concurrence. Un
film qui ne serait pas apprécié risquerait de nuire à la
marque, mais placer un produit dans un film réalisé par un
réalisateur de renom, ou apprécié du public, pourrait
s'avérer une bonne option du fait de l'a priori positif dont l'oeuvre
bénéficierait avant même sa sortie. En outre, la pratique
étant en plein essor, il faut être vigilant à ne pas se
retrouver « noyé » au milieu de nombreux placements,
comme ce fut le cas par exemple pour le film Minority Report, dans
lequel un grand nombre de marques ont obtenu des scores de mémorisation
très faibles (Lehu 2005).
II.5. L'assimilation du
message d'un placement de produit
Les théories, résultats de travaux et remarques
que l'on vient de voir nous semblant assez complexes à assimiler, nous
allons essayer de proposer un schéma synthétisant l'ensemble des
informations qui sont à notre disposition, afin de mieux cerner comment
le stimulus provoqué par le placement d'un produit peut être
assimilé.
Exposition actuelle au placement de produit
Placement évident
Placement discret
Choix de la marque
Mémorisation explicite
Reconnaissance de la marque
Mémorisation implicite
Précédente exposition au placement de produit
Mémorisation implicite
Intérêt pour le film
Intérêt pour le produit
Typologie du spectateur
Placements concurrents
Figure 3. Proposition de schématisation de
l'assimilation du message d'un placement de produit.
L'individu est donc confronté au placement d'un
produit, qui peut être de nature évidente ou bien discrète.
On l'a vu plus haut, il semblerait que ces deux principaux types de placements
entraînent des mécanismes de mémorisation
différents. L'exposition à un placement évident devrait
entraîner une mémorisation explicite, donc consciente, qui
amènerait l'individu à se souvenir de la marque. En revanche, un
placement discret entraînerait une mémorisation implicite du
message, qui modifierait davantage l'attitude de l'individu dans son choix de
marque. Les deux liaisons représentées par des pointillés
correspondent à l'inconnue actuelle quant aux possibles autres
mémorisations (implicite pour le placement discret et explicite pour le
placement évident) qui pourraient également avoir lieu, mais pour
lesquelles on manque encore à ce jour de données fiables.
A ces deux principaux types d'exposition doit être
associée la potentielle exposition antérieure au même
placement, qui entraînerait également, à travers une
mémorisation implicite, une amélioration de l'attitude du
consommateur.
Comme on l'a vu plus haut, l'effet de ces deux expositions
(actuelle et antérieure) est influencé par la variable du
marché, qui correspond ici aux placements concurrents au sein de la
même oeuvre.
Ces phénomènes de mémorisation doivent
évidemment être nuancés par les caractéristiques
inhérentes à l'appréciation du support du message (le
film), à celle de l'objet du message en lui-même (le produit),
ainsi qu'à la typologie du consommateur (l'âge, le degré de
fréquentation du cinéma et la catégorie
socioprofessionnelle principalement).
On aurait également pu ajouter l'influence des
différentes catégories de placements telles qu'on a pu les voir
en première partie, mais on considèrera ici qu'elles participent
à la qualification de « placement discret » ou de
« placement évident ».
III. OPINIONS
GÉNÉRALES FACE AU PLACEMENT DE PRODUITS
Nous venons de voir ce qu'était la technique de
communication originale du placement de produits dans les films, ainsi que les
différents critères qui caractérisent l'efficacité
de cette méthode. On sait donc pourquoi et comment le placement de
produit est mis en place, et comment il peut influer sur le comportement du
consommateur, en termes de mémorisation et de changement d'attitude face
à la marque intégrée. Afin d'avoir une vue d'ensemble la
plus exhaustive possible, il reste maintenant à se pencher sur la
dernière inconnue, à savoir comment le spectateur se comporte
face à cette pratique, tant par opposition avec les techniques de
communications plus traditionnelles que sont les spots publicitaires
télévisuels par exemple, qu'en fonction du type de produits
insérés.
Ces informations, si elles peuvent n'apporter qu'une
idée générale de l'opinion de la population et de ce fait
sembler superflues, sont au contraire très importantes. En effet il a
été remarqué que la perception que détient un
consommateur face à une marque conditionne son attitude. C'est justement
sur ces modèles d'attitude face à la marque qu'un certain nombre
d'auteurs se sont basé afin d'offrir une explication la plus
complète possible de l'efficacité (ou de l'inefficacité)
du placement de produits dans un film. Ils partent donc du postulat selon
lequel les attitudes et perceptions vis-à-vis de la pratique de
placement de marques auront un impact sur l'attitude générale
face aux marques placées, et par conséquent sur les
éventuelles intentions d'achat des spectateurs.
Etant donné mes capacités limitées en
temps et moyens techniques pour effectuer une étude spécifique
des facteurs influant sur la performance d'un placement de produits, je me
contenterai d'une simple étude cherchant à évaluer
l'opinion de jeunes cinéphiles face à la pratique, en France.
Par ailleurs, à travers les travaux de recherches que
nous avons pu effectuer, il semblerait que très peu d'études ont
été faites sur le consommateur français, aussi il n'a
été possible de recenser que deux études portant sur les
opinions générales du spectateur face à la pratique du
placement de produits, qui s'attachent à comparer les différences
d'attitudes entre les consommateurs français et américains ou
allemands.
On sait donc que la connaissance de la pratique et de
l'attitude face à cette dernière constitue une variable
conditionnant l'efficacité d'une telle méthode de communication,
on va donc se limiter à l'analyse des comportements face à la
pratique, du mode de consommation des films et d'une évaluation des taux
de rappels.
III.1. Opinions face
à la pratique du placement de produits
III.1.1. La
publicité traditionnelle face au placement de produits
DeLorme, Mennicken et Hans-Joerg (2000) ont montré dans
leur étude cross-culturelle que l'opinion globale des participants
allemands et américains face à la pratique du placement de
produits est assez positive, mais les américains acceptent davantage la
pratique, qu'ils considèrent comme peu différente de la
publicité traditionnelle.
De leur côté, Nebenzahl et Secunda (1993) ont
trouvé que 70% des cinéphiles ont une attitude positive face au
placement de produits, préférant la pratique aux
publicités diffusées avant la projection du film.
III.1.2. Le placement est
préféré face aux encarts publicitaires
Dans leur étude sur l'attitude des consommateurs face
au placement de produits dans les films, Nebenzahl et Secunda ont montré
que le placement était préféré face aux
publicités traditionnelles. A l'inverse des spots publicitaires qui sont
considérés comme incommodants, l'audience voit cette nouvelle
méthode de communication comme relativement peu intrusive.
III.1.3. Une
méfiance accrue face aux spots traditionnels
Cette apparente acceptation de la pratique peut s'expliquer
par le changement d'attitude du consommateur à l'égard de la
publicité traditionnelle. Dans un article publié en 2003,
Giovanni Lunghi reprend les statistiques de la CIA, indiquant que
« s'ils sont, dans l'ensemble, assez inattentifs, les nouveaux
consommateurs ont adopté une attitude différente face à la
communication convoyée par les mass-médias, notamment
vis-à-vis de la publicité intrusive et
non-ciblée ». Comme on peut le voir dans le graphique
ci-dessous, les attitudes diffèrent en fonction des nationalités,
et la population cherche activement à éviter d'être
confronté aux spots publicitaires. Ainsi, la part de consommateurs qui
annoncent éviter activement la publicité est en augmentation dans
tous les pays, atteignant 58% en France pour une moyenne de 48,4% en Europe
(Royaume-Uni, Allemagne, Pays-Bas, Belgique, France, Italie, Espagne,
Suède, Irlande).
Figure 4. Panorama des consommateurs américains et
européens évitant activement la publicité
télévisuelle.
CIA (2002).
III.2. Présentation
de l'étude qualitative sur l'opinion des français
vis-à-vis du placement de produits
III.2.1. Echantillon de
l'étude menée
En 1994, Sternthal et ses collègues, lors de leurs
travaux sur le placement de produits, expliquent qu'un échantillon
homogène d'étudiants est considéré comme acceptable
car une homogénéité des participants est
préférable lorsqu'il s'agit de tester des
hypothèses théoriques. Par ailleurs, notre questionnaire
s'articulera principalement sur la base de ceux établis
précédemment par Delorme et ses collègues ainsi que ceux
de Gould et ses collègues en 2000.
On va donc interroger, dans la mesure du possible, des
étudiants en gestion ayant entre 20 et 26 ans afin de garder une
homogénéité dans notre échantillon et de pouvoir
comparer nos points forts à ceux des auteurs de
référence.
En outre, et comme on le verra plus tard, le choix de la cible
s'avère optimal car il a été prouvé que le public
actuel du cinéma est majoritairement jeune et ayant effectué des
études supérieures (CNC 2005).
III.2.2. Cadre
méthodologique du questionnaire et hypothèses de recherche
III.2.2.1. Publicité
classique et placement de produits
De ces quelques réflexions initiales sur la
méfiance face à la publicité et sur les différences
d'attitude entre publicité classique et placement de produits, on
introduira nos premières questions, qui cherchent à mettre en
lumière l'opinion du participant face à la pratique, et surtout
vis-à-vis de la publicité dite
« classique » :
1.1. Que pensez-vous des écrans
publicitaires à la télévision ?
Agréables
M'indiffèrent
Dérangeants
1.2. Que pensez-vous des écrans publicitaires
précédant la projection d'un film au cinéma ?
Agréables
M'indiffèrent
Dérangeants
Ces deux premières questions, fermées, ont
été placées en introduction pour que le participant ne
soit pas influencé par l'objet de l'étude. Lors de l'envoi des
questionnaires, nous n'avions en effet pas indiqué avec précision
ce dont il retournait, annonçant simplement qu'il traitait du
« cinéma », afin de ne pas effrayer les potentiels
participants et pour qu'ils répondent de la manière la plus
objective possible à ces deux questions. On s'attend ici à une
opinion plutôt défavorable face à ces deux pratiques, avec
peut-être des appréciations négatives plus marquées
pour les spots publicitaires télévisés.
III.2.2.2.
Notoriété spontanée de la pratique du placement de
produits
2.1. Sauriez-vous définir la technique
du placement de marques dans les films ?
Oui
Non
Cette question, classique, cherche à évaluer le
taux de notoriété de la pratique telle qu'on la présente
dans le langage courant. Nous avons préféré
« placement de marques » à « placement de
produits » car l'expression nous semblait plus imagée et un
peu moins barbare, donc susceptible d'être plus aisément comprise
et donc davantage représentative de la vraie notoriété
spontanée.
Il fallait tout de même enchaîner par sa
définition, pour que ceux qui ne connaissaient pas le terme puisse
continuer de compléter le questionnaire, d'où la
définition qui suit, que nous avons cherché à faire la
plus simple possible :
Définition du placement de marques :
Le placement de marques est la technique de communication qui
consiste à intégrer un produit ou une marque au sein d'un film,
dans une ou plusieurs scènes, à des fins promotionnelles. On
verra donc dans le film non pas des produits génériques ou dont
le logo est caché, mais des produits de marque.
A titre d'exemple, cela correspond à l'utilisation de
voitures de marques BMW puis Aston Martin dans les derniers films de James
Bond. Dans une scène de repas, cela pourra également
être le fait que les personnages boivent de l'Evian, et non de la simple
eau du robinet.
III.2.2.3. Rappel et
influence de l'appréciation de la marque
Concernant les questions 2.2 et afférentes, nous avons
cherché à évaluer le taux de rappel spontané de la
pratique dans un film quel qu'il soit, et à voir si l'on pouvait
dégager une interaction entre l'appréciation du film ou des
produits placés sur l'appréciation de la pratique.
L'hypothèse ici est que l'appréciation du film et / ou des
marques permet une plus forte appréciation de la pratique du placement
dans ce même film.
2.2. Pouvez-vous vous rappeler du dernier film que vous ayez
vu (au cinéma ou à la télévision),
dans lequel vous avez remarqué un ou plusieurs placements de
marques?
Oui
Non
2.2.1. Si oui, pouvez-vous citer le titre et la date
approximative de visionnage (en nb de jours ou semaines)?
Titre :
Date :
2.2.2. Aviez-vous apprécié le film ?
Beaucoup
Un peu
Pas du tout
2.2.3. La présence du ou des marques à
l'écran vous a-t-elle dérangé ?
Oui
Non
2.2.4. Etait-ce des produits ou marques que vous
appréciez ?
Oui
Non
Sans opinion
Pour la question 2.2 uniquement, on peut légitimement
s'attendre à de faibles résultats. En effet, Lehu rapporte en
2005 que dans une étude récente (août 2005) publiée
par le cabinet américain Simmons Market Research Bureau, 46% des
répondants déclaraient ne pas porter attention au placement de
produits dans les films. Il serait donc compréhensible que peu de
participants réussissent à se souvenir du dernier film dans
lequel ils auraient remarqué des placements.
En revanche, de faibles résultats ne seraient à
priori pas inquiétants, puisque, comme le fait remarquer l'auteur, et
comme on l'a vu dans la seconde partie de cet écrit, ils pourraient
simplement valider l'hypothèse de la mémoire implicite, qui ne
s'adresse pas aux mêmes zones du cerveau que la mémoire consciente
ou explicite, et qui est donc difficilement mesurable, mais qui
n'empêcherait pas un changement d'attitude vis-à-vis de la marque
placée, bien au contraire.
III.2.2.4. Idées
reçues sur la pratique
La question 2.3 a pour but d'obtenir une idée de la
vision qu'ont les consommateurs interrogés sur cette méthode de
communication. Est-ce qu'ils l'apparentent à des techniques très
spécifiques et utilisées plus sporadiquement telles que le buzz
marketing, ou bien ont-ils conscience de l'étendue de sa pratique et de
sa quasi-banalisation ? Lors de l'agencement du questionnaire, je pensais
pouvoir obtenir des chiffres précis de la réalité
économique, mais n'ai pas réussi, du fait sûrement de la
discrétion et de l'éclatement de la pratique, à obtenir de
statistiques comparables. Mais il va sans dire que suite à mes travaux
de recherche, je ne pense pas exagérer en annonçant que
près de la totalité des films produits contiennent des
placements, à l'exception peut-être de certaines oeuvres
spécifiques, historiques, futuristes ou très intimistes (la saga
Star Wars, les films d'époque ou ceux respectant le
Dogme du réalisateur Lars Von Trier par exemple). Certains sont les
fruits d'un accord bilatéral entre annonceur et producteur, d'autres de
la seule initiative du réalisateur, mais ils n'en restent pas moins des
placements.
2.3. Sur 10 films, combien, d'après vous, contiennent
un ou plusieurs placements ?
1
4
6
8
10
III.2.2.5.
Catégories de produits placés et opinion face au film
Les questions 3.1 et afférentes portent sur les types
de produits placés et leur acceptation au sein de l'histoire du film.
Ayant remarqué que la nature des produits placés semblait jouer
un rôle dans l'appréciation du film, j'ai cherché dans la
première interrogation à déterminer si la pratique
était vue uniquement comme un outil de communication ou si elle pouvait
être partie intégrante du film et influer sur son
appréciation.
Des résultats des études menées
précédemment on peut remarquer, notamment dans les interviews et
tables rondes de DeLorme et Reid (1999), que l'intégration de marques
semble être favorablement acceptée et vue comme un indice sur le
déroulement de l'intrigue (comment les personnages principaux vivent,
dans quel milieu social on évolue, etc), attitude qui parait
relativement marquée chez les jeunes. Puisque l'on s'adresse ici
également à des jeunes, il apparaissait intéressant de
poser la question à nouveau. Les résultats devraient donc montrer
dans notre cas une certaine appréciation du public.
3.1. Que pensez-vous de l'intégration
de marques dans un film vis-à-vis du déroulement de
l'histoire ?
Agréable
M'indiffère
Dérangeant
De même, reprenant les principales réflexions
remarquées lorsque les individus étaient à l'encontre de
la présence de marques dans les films, nous avons cherché par la
question 3.1.1 à ce qu'ils précisent leur pensée afin de
voir s'il était possible de cerner un contre argument type :
3.1.1 Si vous avez répondu
« dérangeant », pouvez-vous indiquer la/les
raison/s :
Il y a trop de placements
Les produits sont en dissonance avec l'histoire du film, n'ont pas
l'air « naturels »
Les produits sont placés d'une manière trop
évidente
La question 3.2, quand à elle, reprend une série
de questions posée lors des travaux de Gould et ses collègues en
2000, adressée à l'origine à des étudiants de
nationalités américaine, autrichienne et française. Ils
réussirent à déterminer par ce biais une liste de
catégories de produits que les interviewés jugeaient comme
sensibles du point de vue éthique, notant par ailleurs une
différence sensible entre les participants du sexe féminin de
ceux du sexe masculin. Nous avons donc repris les principales catégories
et demandé de les qualifier s'ils étaient placés dans un
film :
3.2. Pouvez-vous qualifier les types de produits que vous
jugeriez « plaçables » / « pas
plaçables » :
|
Ne voit pas d'inconvénients à être
placé
|
Pourrait être placé, mais avec encadrement
légal
|
Ne devrait pas être placé
|
Tabac
|
|
|
|
Sodas
|
|
|
|
Alcool
|
|
|
|
Nourriture grasse
|
|
|
|
Automobiles
|
|
|
|
Nourriture saine
|
|
|
|
Armes
|
|
|
|
Confiseries / snacks
|
|
|
|
Equipements électroniques
|
|
|
|
Vêtements
|
|
|
|
Les catégories de produits ont volontairement
été mélangées afin que le candidat ne saisisse pas
la logique du tableau et reste spontané dans ses réponses. Gupta
et Gould (1997) ont montré que dans un placement au sein d'un film, les
opinions différent en fonction du type de produit placé, avec une
attitude très critique face aux produits controversés.
On sait donc d'hors et déjà qu'on verra
apparaître deux catégories distinctes, les produits
« classiques » tels que la nourriture saine, les
équipements électroniques ou les vêtements, et les produits
sensibles du point de vue éthique, tels que les armes, le tabac ou
l'alcool. Les résultats des études précédentes
mettent clairement ce critère en avant, montrant que le spectateur est
très sensible aux questions éthiques, et ce quel que soit le pays
(Nebenzahl et Secunda 1993).
On devrait également voir apparaître une relation
causale entre l'acceptation de la pratique et l'acceptation du placement de
produits sensibles : les cinéphiles devraient accepter davantage de
produits, et ceux qui seront moins favorables à la pratique devraient
être logiquement plus prononcés sur la question éthique. En
outre, il a été remarqué que les hommes étaient
moins sévères sur ce sujet que les femmes, il serait donc normal
que l'on retrouve ce même schéma.
III.2.2.6. Convictions quant à l'effet du
placement de produits sur l'attitude du consommateur
Les questions 4.1 et suivantes s'attachent à nous
informer sur ce que le participant sait et pense du placement de produits. Le
fait d'introduire les questions par « pensez-vous » lui
permet de se mettre en retrait et de répondre par ses réelles
convictions. Nous reprenons ainsi la formulation de Gould et ses
collègues (2000), qui ont cherché a faire ressortir les croyances
des consommateurs et non juste ce qu'ils pensaient qu'un placement aurait comme
effet sur eux-mêmes.
4.1. Pensez-vous que le placement de produits
de marques participe au réalisme du film ?
Oui
Non
4.2. Préfériez-vous le placement de marques
nouvelles, ou de marques qui vous sont familières ? (une seule
réponse possible)
Marques nouvelles
Marques familières
4.3. Si un des acteurs utilise un produit de marque,
pensez-vous que cela vous permette de mieux cerner le personnage ?
Oui
Non
4.4. Pensez-vous que le placement de produits (aucunes ou
plusieurs réponses possibles) :
Permet de voir le produit tel qu'il peut être
utilisé
Vous incite à vous renseigner davantage sur le produit si
vous ne le connaissiez pas
Vous incite à l'acheter
Dans les études précédentes, il a
été remarqué que les spectateurs pensent que le placement
de réels produits dans les films renforce le réalisme, l'intrigue
et la compréhension des personnages. La pratique participerait donc au
réalisme de l'histoire, mais les interviewés ne pensent pas pour
autant que cela les pousse à imiter les personnages principaux en
achetant les produits visibles à l'écran. Dans l'étude de
Delorme et al., ces informations sont d'autant plus vraies pour les
participants allemands qui d'une manière générale sont
plus sceptiques. Si l'on recoupe ces informations avec le graphique
proposé par la CIA sur l'attitude des consommateurs allemands face
à la publicité, qui évitent les spots
télévisuels d'une manière presque aussi marquée que
les français, on peut raisonnablement s'attendre à des
résultats plutôt faibles concernant la question 4.4.
III.2.2.7. Convictions
quand à la contribution du placement de produits dans la
réalisation des objectifs marketing
Les trois études à notre disposition (Delorme et
Reid 1999, Delorme et al. 2000, Gould et al. 2000), on
remarque la même tendance, à savoir que les consommateurs
considèrent que la pratique contribue d'une manière favorable
à la réussite d'une campagne globale de marketing. Cette position
est d'autant plus marquée que le participant est cinéphile. On
est donc en mesure de relever des opinions favorables pour les questions qui
suivent :
5. Dans le cadre d'une campagne marketing,
pensez-vous que le placement de produit :
5.1. Facilite la mémorisation de la marque :
Oui
Non
5.2. Modifie la perception de l'image de marque :
Oui
Non
5.3. Etes-vous d'accord avec l'utilisation de cette
méthode pour modifier la perception de la marque?
Oui
Non
III.2.2.8. Sentiments face
à la potentielle ingérence des annonceurs dans les travaux des
réalisateurs
Par simple curiosité, nous avons pris la liberté
d'insérer une question qui n'a pas de lien avec les travaux sur lesquels
nous nous basons, mais dont les résultats peuvent être
intéressants pour comprendre comment et pourquoi le consommateur
pourrait être gêné par le développement de la
pratique du placement de produits. De ce fait, la question 6 permettra
peut-être d'expliquer les comportements de méfiance ou de rejet
que l'on pourrait rencontrer. Ainsi on peut supposer que les participants ayant
une opinion globale relativement négative face à la
méthode de communication sont susceptibles de répondre
positivement à l'interrogation qui suit :
6. Considérez-vous la
pratique du placement comme la fin de l'indépendance des
réalisateurs (moins de liberté, obligation d'intégrer tel
ou tel produit dans certaines scènes) ?
Oui
Non
III.2.2.9. Informations
sur le participant et sa consommation vidéo
La dernière partie du questionnaire aura pour but de
récolter les informations personnelles des participants, ainsi que leurs
habitudes de consommation de cinéma et de vidéo.
Afin de pouvoir confirmer (ou infirmer) la proposition selon
laquelle les femmes ont une attitude plus sévère face à
l'intégration de produits, on récoltera le sexe du participant.
De même, on demandera son âge, même si étant
donné l'échantillon choisi, la majorité des
répondants devraient être dans la tranche 22-26 ans.
7.1. Etes-vous :
Un homme
Une femme
7.2. Quel âge avez-vous ?
15-18 ans
18-22 ans
22-26 ans
Plus de 26 ans
D'après les statistiques du CNC, en 2005 les moins de
25 ans représentent 36,9 % des spectateurs de films au cinéma, et
réalisent 38,5 % des entrées en salles. L'organisme distingue
trois catégories de spectateurs : les spectateurs occasionnels vont
au cinéma au moins une fois par an, les spectateurs
réguliers y vont au moins une fois par mois, et les
spectateurs assidus vont plus de 3 fois par mois au
cinéma. Sachant que l'on s'adresse à des individus ayant fait des
études poussées, et que cette catégorie de spectateurs est
la plus présente dans les salles (comme on le verra plus bas), on
classera nos interviewés en trois catégories en fonction de leur
consommation mensuelle : ceux qui fréquent le cinéma qu'une
fois ou moins d'une fois par mois, ceux qui y vont de 2 à 3 fois par
mois, et ceux qui y vont encore plus régulièrement.
L'enjeu de cette question est de déterminer si
effectivement, comme l'ont unanimement fait remarquer les académiciens,
les cinéphiles acceptent davantage la pratique, donc si la
fréquentation du cinéma est une variable explicative de l'opinion
face au placement de produits.
Il est intéressant de noter que notre cible,
potentiellement cinéphile, est très représentative de la
fréquentation des salles, puisque d'après le CNC, les spectateurs
fidèles (allant au cinéma plus d'une fois par mois)
représentent 37,5 % du public et 76,5 % des entrées en 2005.
7.3. Combien de fois allez-vous au cinéma en moyenne par
mois ?
1 fois
De 2 à 3 fois
Plus de 3 fois
Toujours d'après le CNC, la France est l'un des
premiers pays européens équipés en lecteurs de DVD. 75 %
des foyers français possèdent au moins un lecteur de DVD à
la fin de l'année 2005, et 52 % d'entre eux sont équipés
depuis plus de deux ans. En moyenne, ces derniers regardent 4,8 DVD chaque
mois. Dans la question 7.4. qui suit, on distinguera, comme pour la
consommation de films en salles, trois types de consommateurs, allant d'un seul
DVD à plus de 5 DVD visionné par mois.
L'enjeu est similaire à celui de la question
précédente, à savoir si la consommation de vidéo
constitue aussi une variable explicative de l'acceptation de la pratique. Comme
pour la fréquentation en salles, on peut s'attendre à ce que les
individus regardant souvent des DVD soient plus enclins à accepter le
placement de marques.
7.4. Combien de fois regardez-vous un film sur DVD (ou
VHS !) en moyenne par mois ?
1 fois
De 2 à 5 fois
Plus de 5 fois
Le dernier point que nous étudierons sera le type
d'équipement du spectateur, toujours dans l'optique de déterminer
les variables qui peuvent influer l'appréciation de la technique de
communication. On cherchera ici à répondre à
l'interrogation « est-ce que le support de visionnage influe sur le
degré d'acceptation de la pratique du placement de
produits ? ».
Sachant que la cible de notre questionnaire est à
priori constituée d'individus cinéphiles, il sera peut-être
difficile de savoir si la variable équipement joue un rôle, mais
n'ayant pas été évoquée dans les études sur
lesquelles nous nous appuyons, il peut être intéressant de voir si
cela est déterminant ou non.
Le CNC (2005) nous indiquant que le téléviseur
grand écran est présent dans 39 % des foyers DVD et le Home
Cinéma dans 29 % d'entre eux, on peut s'attendre à des
réponses indiquant un équipement de qualité, même si
les répondants étant jeunes, leur installation sera
peut-être plus modeste.
7.5. Sur quel type d'installation vidéo regardez-vous vos
films sur support DVD ou VHS :
Télévision cathodique de petite taille
(jusqu'à 60cm de diagonale)
o Seule
o Avec installation home cinéma (plus de deux enceintes et
ampli vidéo)
Télévision cathodique de grande taille
o Seule
o Avec installation home cinéma (plus de deux enceintes et
ampli vidéo)
Rétroprojecteur, écran plasma ou LCD
o Seul
o Avec installation home cinéma (plus de deux enceintes et
ampli vidéo)
Projecteur avec écran
o Seul
o Avec installation home cinéma (plus de deux enceintes et
ampli vidéo)
Pour clore le questionnaire, on se penchera sur la question du
niveau d'étude, élément déterminant pour la
représentativité de notre échantillon. En effet, on a
abordé ce point précédemment, on sait que les individus
d'un niveau professionnel élevé sont les plus grands
consommateurs de cinéma en salles : 70,5 % des « CSP+ » sont
allés au cinéma au moins une fois en 2005. Le niveau
d'instruction, étroitement lié à la catégorie
socioprofessionnelle, exerce ainsi une forte influence sur la consommation de
cinéma : les diplômés de l'enseignement supérieur
constituent 31,5 % du public et assurent 50,6 % des entrées (CNC 2005).
Cherchant idéalement des participants jeunes
étudiants en gestion ou sortant tout juste de leurs études, afin
de rester dans des conditions similaires à celles des études de
référence, on peut affirmer dès lors que notre
échantillon, même s'il risque d'être maigre
quantitativement, devrait être assez représentatif du public du
cinéma d'un point de vue qualitatif.
7.6. Quel est votre niveau d'études ?
Collégien (formation générale)
Lycéen (formation générale)
Formation professionnelle
Niveau BAC
BAC + 2
BAC + 3
BAC + 5 et plus
Autodidacte
III.3. Résultats de
l'étude
III.3.1. Un
échantillon équilibré
L'échantillon analysé est relativement
représentatif de la population ciblée, puisqu'il comporte
près de 52% d'hommes pour 48% de femmes. La quasi-totalité des
participants a effectué des études supérieures à
Bac +5 ; dans la majorité, la tranche d'âge est comprise
entre 18 et 26 ans. La taille de l'échantillon, en revanche, est
faible : parce que nos moyens sont assez limités, et qu'il n'a pas
été possible d'utiliser la base des adresses email de l'ensemble
des étudiants de l'Essca, on ne traitera dans cette étude que 43
questionnaires. Nous sommes conscients que ce chiffre n'est évidemment
pas suffisant d'un point de vue statistique, mais peut-être cela nous
permettra-t-il de dégager quelques tendances principales.
III.3.2. Une technique
globalement connue et bien mémorisée par le public
Le dépouillement et l'analyse des questions 2. et
afférentes met en exergue la bonne connaissance du public ciblé
vis-à-vis de la pratique du placement de produits dans les films.
Figure 5. Connaissance de la notion et souvenir du dernier film
contenant un placement.
Spontanément, 80% des interrogés affirment
connaître la définition de la technique et, élément
relativement équivoque, ils sont 60% à se souvenir d'un film dans
lequel ils savent avoir vu des marques, ce qui démontre d'un souvenir
spontané significatif, puisque certains citent des films datant d'il y a
quelques mois, voire même plusieurs années pour un petit nombre
d'entre eux, allant jusqu'à se remémorer Taxi premier du
nom, qui est sorti en salles en 1998. D'autres ont également
remarqué que la méthode s'étendait aux séries
télévisées, et citent des séries américaines
à succès telles que 24 heures chrono, Prison
Break ou Allie Mc Beal en lieu d'un long-métrage
cinématographique.
III.3.3. Une idée
reçue réaliste du développement de la technique
On avait choisi de récolter les idées
reçues du public sur la connaissance ou méconnaissance de
l'étendue des placements de nos jours, et avions donc demandé
d'estimer la part de films comportant un ou plusieurs placements. On l'aura
compris, cette nouvelle méthode de communication est aujourd'hui
omniprésente dans la majorité des films, tant à
l'initiative de l'annonceur que du producteur, et volontairement ou non, car il
peut tenir de la gageure de ne pas faire apparaître un seul logo de
marque même en étant très attentif lors d'un tournage. Sans
avoir de chiffres précis, on peut estimer que seuls 10 à 20% des
films commercialisés aujourd'hui n'en comportent pas, bien souvent du
fait de la nature même du film (film de science-fiction, d'époque,
d'animation, etc.).
Le graphique ci-dessous montre que notre cible est tout
à fait consciente de l'ampleur de la pratique, avec près de 20%
des individus annonçant que la totalité des films contiennent des
placements, et une population générale qui pense en moyenne que
70% des productions cinématographiques mettent en avant des marques.
Figure 6. Croyance quand à la part des films comportant
des placements de produits.
III.3.4. Une attitude
générale contrastée face aux publicités
classiques
Figure 7. Opinions face aux écrans publicitaires
télévisuels et cinématographiques.
Dans leurs travaux, certains chercheurs sont partis du
postulat selon lequel l'attitude du consommateur face au placement de produits
suit la même logique que celle qui est en jeu lorsqu'il est
confronté à des messages de publicité classique. A
première vue, cette hypothèse semble peu fiable, puisque l'on
peut facilement remarquer que les opinions de nos participants face aux deux
types de communication distincts que sont les spots publicitaires
télévisés et en salle sont sensiblement
différentes. On remarque ici que si un faible dixième d'entre eux
apprécie les écrans TV, et près de 40% les qualifient de
dérangeants, ils ne sont plus que 14% lorsqu'il s'agit des
publicités diffusées avant la projection d'un film. Et à
l'inverse, dans leur fauteuil en velours, plus de la moitié des
spectateurs apprécie ces dernières.
III.3.5. Une opinion
favorable influencée par les caractéristiques du consommateur
III.3.5.1. Une pratique qui
ne rencontre que peu d'opposition
Si l'on tient compte des résultats globaux, le
placement de produit est une technique qui ne semble pas poser de
problème au public de notre étude, contrastant avec les
résultats que l'on vient de voir au sujet des publicités
télévisées par exemple, que 40% considèrent comme
une nuisance. En effet, s'agissant du placement de produits, plus de 77% de la
population interrogée accepte cette méthode pour améliorer
la perception de la marque, pourcentage assez significatif pour supplanter la
faiblesse quantitative de l'échantillon de l'étude.
En outre, confirmant cette remarque, on observe dans le
diagramme ci-dessous que près de 80% des participants ne pensent pas que
le placement de marques dans les films nuit à l'histoire même de
ce dernier, et ils sont même 8% à apprécier ces
placements.
Figure 8. Opinion face à l'intégration de marques
vis-à-vis de l'intrigue du film.
Enfin, les répondants ne sont que 35% à penser
que le développement de la pratique annonce la fin de
l'indépendance des réalisateurs.
Mais puisqu'il est généralement admit que le
sexe, de même que le degré de consommation de films des individus
constitue une variable déterminante dans l'acceptation ou le rejet du
placement de marques, penchons-nous sur ces points afin de déterminer si
l'on peut confirmer ou infirmer ces affirmations.
III.3.5.2. Les femmes
semblent plus sévères face au placement de produits...
Figure 9. Types d'attitudes face aux écrans
publicitaires et placements de produits par sexe.
Ici les hommes semblent présenter une attitude
très légèrement plus favorable aux publicités et
placements de produits. On pourra cependant remarquer que la différence
est moindre s'agissant du placement de produit (85% des hommes ayant une
attitude positive ou neutre, contre 83,3% pour les femmes).
Lorsqu'on analyse ce que les répondants pensent de
l'utilisation de cette méthode dans l'objectif d'améliorer
l'image de marque de l'annonceur, on retrouve également cette tendance,
puisqu'un tiers des femmes refusent une telle pratique, contre seulement 20%
des hommes.
La variable sexe semble donc jouer un certain rôle dans
l'opinion du public face à l'intégration de marques dans les
films, avec des femmes plus réticentes face à la pratique, ce qui
conforte les résultats observés dans les études de DeLorme
et Reid (1999), DeLorme et al. (2000), ainsi que de Gould et
al. (2000).
III.3.5.3. ... une
sévérité paradoxalement plus marquée chez les
cinéphiles
Pour des raisons de praticité, nous avons
décidé de regrouper les deux premiers groupes de consommateurs de
films en salle et de vidéos, et avons ainsi créé deux
catégories principales : d'un côté les individus qui
visionnent plus de deux films au cinéma et deux vidéos chaque
mois, que l'on nommera ici les cinéphiles, et d'un autre
côté ceux qui sont moins assidus, que l'on appellera donc les
occasionnels.
Figure 10. Types d'attitudes face aux écrans
publicitaires et placements de produits par fréquence de consommation de
films.
Lorsque qu'on se penche sur l'effet de la variable
cinéphile ou consommateur occasionnel, une tendance originale ressort.
Paradoxalement, alors que les chercheurs semblaient presque tous unanimes sur
le fait que les personnes fréquentant souvent les salles obscures
étaient plus enclins à accepter la pratique, on trouve ici un
résultat tout à fait inverse. Lorsqu'on leur demande ce qu'ils
pensent de l'intégration de marques dans les scénarios
vis-à-vis du déroulement de l'histoire du film, près de
74% des occasionnels répondent d'une manière positive ou neutre,
alors que seuls 51% des cinéphiles font de même.
III.3.6. La
proéminence des placements mise en cause chez les individus rejetant la
pratique
Des quelques 13,2% d'individus déclarant que le
placement de produits dans les films est une nuisance on retiendra que la
principale raison de cette attitude réside dans le manque de
discrétion des placements, puisque dans les trois rasions
proposées, c'est cette justification qui ressort, cumulant plus de la
moitié du total des réponses.
Figure 11. Raisons du rejet de la
pratique du placements de produits.
III.3.7. Une position nuancée en fonction du
type de produit placé
Après dépouillement des résultats, on
distinguera trois catégories de produits en fonction de leurs
caractéristiques éthiques. Comme on s'y attendait, et en accord
avec les observations des recherches sur lesquelles on se réfère,
les produits « controversés » tels que les armes, le
tabac ou l'alcool ressortent nettement, suivis par les produits que l'on peut
qualifier de peu sains pour la santé tels que les produits gras ou
sucrés. Enfin, et sans surprise, on voit apparaître une
dernière catégorie regroupant des produits neutres allant des
vêtements à la nourriture saine. Il est intéressant de
noter que les convictions face à ces trois catégories sont
très marquées et distinctes.
Du fait de la lourdeur du traitement des données, nous
n'avons pas essayé de déterminer si les variables sexe et
fréquence de consommation de films influaient sur les opinions, par
conséquent on considèrera que la tendance est similaire à
ce que l'on a vu concernant l'attitude générale face à la
pratique, à savoir que les femmes ainsi que les cinéphiles
semblaient plus sévères.
III.3.7.1. Le placement de
produits controversés à surveiller, voire bannir
Figure 12. Opinions face au placement de produits
controversés.
Les marques d'armes et de tabac ne sont guère
appréciées lorsque intégrées dans des films et plus
de la moitié des individus sont pour leur interdiction, tandis que
près d'un tiers aimerait qu'une loi encadre le placement de ce type de
produits. Les opinions face aux marques d'alcool sont en revanche un peu plus
modérées, mais n'en restent pas moins équivoques :
près de 60% des répondants aimeraient une législation, et
un quart une interdiction. On précisera que les données des armes
et du tabac sont regroupées dans un seul et même graphique, car la
répartition des réponses était parfaitement identique.
III.3.7.2. Une
moitié de population désirant une action contre les produits
considérés comme mauvais pour la santé
Figure 13. Opinions face au placement de produits
considérés comme mauvais pour la santé.
Concernant cette seconde catégorie de produits, les
avis sont partagés, avec, pour les marques de nourriture grasse, de
confiseries et de sodas, entre la moitié et le tiers du public ne voyant
pas d'objection à l'intégration de tels types de marques, tandis
que 15% aimeraient les voir interdire, le reste optant pour un encadrement
légal. Les résultats concernant les marques de sodas sont
sensiblement similaires à ceux des confiseries, d'où l'absence de
leur graphique.
III.3.7.3. Des produits
neutres globalement tolérés
Figure 14. Opinions face au placement de produits neutres.
Sans surprise, le placement de marques de vêtements,
équipements électroniques, nourriture saine et automobiles ne
pose dans l'ensemble pas de problème, et plus de 80% des
interviewés ne voient pas d'objection à la pratique.
L'ensemble de ces observations, qui semblent assez fiables,
est intéressant compte tenu du flou relatif de la législation
française vis-à-vis de la technique du placement de produits dans
les films ou autres créations. En outre, les résultats mettent en
exergue le débat sur la publicité des industries de la cigarette
et de l'alcool, qui sont déjà fermement restreintes dans le choix
de leurs canaux de communication (aujourd'hui seules la presse et l'affichage
leur sont autorisé).
III.3.8. Résultats
annexes
III.3.8.1. Une forte
confiance en la technique comme vecteur de mémorisation de la
marque...
Dans le cadre d'une campagne de communication, la
quasi-totalité de la population est convaincue de l'efficacité de
la méthode en termes de mémorisation et d'image de marque. 95%
pensent que le placement facilite la mémorisation de la marque, 85%
pensent que cela modifie la perception de l'image de marque.
III.3.8.2. ... mais une
confiance plus timide quand à la modification d'attitude
Seuls respectivement 30% et 20% des répondants pensent
que le placement de produits permet de voir le produit tel qu'il peut
être utilisé ou qu'il incite à se renseigner si le produit
leur est inconnu.
En revanche, près de 40% d'entre eux sont convaincus
que la technique pousse à l'achat.
III.3.8.3. Les marques
familières sont préférées
68% préfèrent le placement de marques qui leur
sont familières, ce qui conforte les théories des
académiciens et les convictions des professionnels selon lesquelles,
comme on l'a vu précédemment, l'intégration de produits
nouveaux dans les films serait inefficace.
III.3.9. Principales
tendances dégagées par l'étude
L'ensemble des observations que l'on a pu faire conforte les
affirmations émises par la communauté académique. La
pratique du placement de produit dans les films est bien accueillie, et le sexe
du spectateur semble donc bien constituer une variable déterminant le
degré d'acceptation de l'intégration de marques comme technique
de communication des annonceurs.
En revanche, si les observations concernant l'influence de la
consommation de films laissent supposer que cette dernière constitue en
effet une variable pour l'acceptation de la pratique, nous n'avons pas pu - ou
su - trouver les raisons pour lesquelles le lien que l'on note entre ces deux
données est inversé par rapport à ce qu'a observé
l'ensemble de la communauté scientifique jusqu'à présent.
Sûrement est-ce dû à la petitesse de l'échantillon,
qui favorise les biais lors de l'analyse des résultats.
III.3.10. Limites de
l'étude
Du fait de la faible taille de l'échantillon
d'individus interrogés, les résultats de cette étude sont
évidemment à prendre avec précaution. Même si la
population interrogée correspond à celle des études de
DeLorme, Gould, Reid et leurs collègues, et si l'on a montré
qu'elle était assez représentative du public du cinéma en
France, nous ne pouvons que prétendre avoir fait ressortir certaines
tendances.
La modestie des moyens employés n'a en outre pas permis
d'effectuer des analyses plus approfondies de type croisement des
données ou calcul des corrélations.
Il est à noter que nous n'avons pas cherché
à vérifier s'il pouvait y avoir une corrélation entre
l'appréciation du film et l'acceptation du placement de marques dans ce
dernier, car l'échantillon était trop faible et les
résultats n'auraient eu aucune valeur. La même remarque s'applique
à la potentielle influence du type d'équipement vidéo sur
l'appréciation du placement de produits dans les films
visionnés.
III.3.11. Recherches
futures
Nos propositions de recherches sont les mêmes que celles
que l'on peut voir dans les publication sur ce sujet, à savoir de
s'attacher à étoffer la littérature et les informations
portant sur cette nouvelle méthode de communication en devenir. Ces
recherches devraient se focaliser sur les nombreuses variables
déterminant le succès d'un placement, mais également
chercher à obtenir de réels chiffres quant aux retombées
d'une telle technique, informations qui restent très peu aisé
à trouver et qui laissent donc planer le doute sur la réelle
efficacité de la méthode.
Parmi les quelques réflexions qui nous sont venues
à l'esprit, nous avons remarqué dans nos recherches que le
visionnage de DVD influe également sur la consommation de films en
version originale, laquelle augmente pour 30 % des français
équipés (CNC 2005). Il pourrait donc par exemple être
intéressant de se pencher sur cette observation, en essayant de
déterminer si le visionnage de films version originale peut être
un facteur dans l'efficacité d'un placement de produit, notamment par le
fait que l'attention est davantage focalisée vers le bas de
l'écran afin de lire les sous-titres.
CONCLUSION
Les avancées du placement de produits sont autant de
raisons de croire qu'il s'agit d'un phénomène croissant, n'ayant
pas encore atteint son apogée, et qui est susceptible de perdurer. Les
raisons de ce succès sont simplissimes, tout le monde y gagne : les
annonceurs profitent d'un nouveau vecteur de communication pour le
développement de leurs marques et produits, et les producteurs peuvent
réduire le coût global de leurs films.
Si la pratique peut sembler, du fait de sa relative
discrétion, en être encore à ses balbutiements, on a vu que
cela était bien loin d'être le cas, puisque, initiée par
« copinage » dans les années 1920 aux Etats-Unis,
elle est aujourd'hui omniprésente dans les productions de l'ensemble de
la planète. En outre, des législations spécifiques sont en
cours de mise en place par les institutions et des agences
spécialisées dans le démarchage et la négociation
se sont installées un peu partout dans le monde. C'est pourquoi, dans
une société en saturation mais toujours plus avide de
communication, il n'est pas exagéré d'affirmer que le placement
de produits est devenu difficilement contournable.
Au fil de ce dossier, nous avons pu entamer une exploration
des différentes facettes de cet outil de communication, de son
organisation aux multiples possibilités qu'il offre à
l'annonceur. Après être rentré dans le détail des
nombreuses variables déterminant son efficacité, nous avons
essayé, dans la mesure de nos moyens, de se pencher sur la variable la
plus aisément mesurable, à savoir le public français, et
de confirmer quelques traits principaux à prendre en compte lors de la
définition des critères d'insertion d'une marque.
Une remarque essentielle nous semble émerger de ce
travail. Si l'image de marque est un élément capital pour
l'entreprise, les vecteurs de communication de cette dernière ne sont
pas infinis, et restent difficiles à maîtriser entièrement.
Prendre la décision de profiter du support artistique qu'est une oeuvre
cinématographique n'est pas sans risque, et il faut savoir prendre en
compte l'ensemble des variables jouant un rôle dans le succès
d'une campagne de communication. Les spectateurs et consommateurs de
vidéos en sont une qu'il faut faire attention à ne pas
négliger, car un consommateur s'installant dans une salle obscure ne
cherche peut-être pas à être confronté une
énième fois aux tentacules de notre économie de
marché, et ses réactions face à l'intrusion de cette
dernière dans ses moments de détente sont loin d'être
assimilées.
ANNEXES
Annexe 1. Questionnaire tel
que distribué
Le questionnaire ne prend pas plus de 5-10 minutes
à remplir...
Pour répondre, ajoutez simplement un
« x » devant votre/vos réponse/s.
Faîtes juste bien attention à
répondre aux questions dans l'ordre.
1.1. Que pensez-vous des écrans
publicitaires à la télévision ?
Agréables
M'indiffèrent
Dérangeants
1.2. Que pensez-vous des écrans publicitaires
précédant la projection d'un film au cinéma ?
Agréables
M'indiffèrent
Dérangeants
2.1. Sauriez-vous définir la technique
du placement de marques dans les films ?
Oui
Non
Définition du placement de marques :
Le placement de marques est la technique de communication qui
consiste à intégrer un produit ou une marque au sein d'un film,
dans une ou plusieurs scènes, à des fins promotionnelles. On
verra donc dans le film non pas des produits génériques ou dont
le logo est caché, mais des produits de marque.
A titre d'exemple, cela correspond à l'utilisation de
voitures de marques BMW puis Aston Martin dans les derniers films de James
Bond. Dans une scène de repas, cela pourra également
être le fait que les personnages boivent de l'Evian, et non de la simple
eau du robinet.
2.2 Pouvez-vous vous rappeler du dernier film que vous ayez
vu (au cinéma ou à la télévision),
dans lequel vous avez remarqué un ou plusieurs placements de
marques?
Oui
Non
2.2.1. Si oui, pouvez-vous citer le titre et la date
approximative de visionnage (en nb de jours ou semaines)?
Titre :
Date :
2.2.2. Aviez-vous apprécié le film ?
Beaucoup
Un peu
Pas du tout
2.2.3. La présence du ou des marques à
l'écran vous a-t-elle dérangé ?
Oui
Non
2.2.4. Etait-ce des produits ou marques que vous
appréciez ?
Oui
Non
Sans opinion
2.3 Sur 10 films, combien, d'après vous, contiennent un
ou plusieurs placements ?
1
4
6
8
10
3.1. Que pensez-vous de l'intégration
de marques dans un film vis-à-vis du déroulement de
l'histoire ?
Agréable
M'indiffère
Dérangeant
3.1.1 Si vous avez répondu
« dérangeant », pouvez-vous indiquer la/les
raison/s :
Il y a trop de placements
Les produits sont en dissonance avec l'histoire du film, n'ont pas
l'air « naturels »
Les produits sont placés d'une manière trop
évidente
3.2. Pouvez-vous qualifier les types de produits que vous
jugeriez « plaçables » / « pas
plaçables » :
|
Ne voit pas d'inconvénients à être
placé
|
Pourrait être placé, mais avec encadrement
légal
|
Ne devrait pas être placé
|
Tabac
|
|
|
|
Sodas
|
|
|
|
Alcool
|
|
|
|
Nourriture grasse
|
|
|
|
Automobiles
|
|
|
|
Nourriture saine
|
|
|
|
Armes
|
|
|
|
Confiseries / snacks
|
|
|
|
Equipements électroniques
|
|
|
|
Vêtements
|
|
|
|
4.1. Pensez-vous que le placement de produits
de marques participe au réalisme du film ?
Oui
Non
4.2. Préfériez-vous le placement de marques
nouvelles, ou de marques qui vous sont familières ? (une seule
réponse possible)
Marques nouvelles
Marques familières
4.3. Si un des acteurs utilise un produit de marque,
pensez-vous que cela vous permette de mieux cerner le personnage ?
Oui
Non
4.4. Pensez-vous que le placement de produits (aucunes ou
plusieurs réponses possibles) :
Permet de voir le produit tel qu'il peut être
utilisé
Vous incite à vous renseigner davantage sur le produit si
vous ne le connaissiez pas
Vous incite à l'acheter
Dans le cadre d'une campagne de communication, pensez-vous que
le placement de produit :
5.1. Facilite la mémorisation de la
marque :
Oui
Non
5.2. Modifie la perception de l'image de marque :
Oui
Non
5.3. Etes-vous d'accord avec l'utilisation de cette
méthode pour modifier la perception de la marque?
Oui
Non
6. Considérez-vous que la pratique du
placement annonce la fin de l'indépendance des réalisateurs
(moins de liberté, obligation d'intégrer tel ou tel produit dans
certaines scènes) ?
Oui
Non
7.1. Etes-vous :
Un homme
Une femme
7.2. Quel âge avez-vous ?
15-18 ans
18-22 ans
22-26 ans
Plus de 26 ans
7.3. Combien de fois allez-vous au cinéma en moyenne
par mois ?
1 fois ou moins d'une fois
De 2 à 3 fois
Plus de 3 fois
7.4. Combien de fois regardez-vous un film sur DVD (ou
VHS !) en moyenne par mois ?
1 fois ou moins d'une fois
De 2 à 5 fois
Plus de 5 fois
7.5. Sur quel type d'installation vidéo regardez-vous
principalement vos films sur support DVD ou VHS? (Une seule
réponse possible)
Télévision cathodique de petite taille
(jusqu'à 60cm de diagonale)
o Seule
o Avec installation home cinéma (plus de deux enceintes
et ampli vidéo)
Télévision cathodique de grande taille
o Seule
o Avec installation home cinéma (plus de deux enceintes
et ampli vidéo)
Rétroprojecteur, écran plasma ou LCD
o Seul
o Avec installation home cinéma (plus de deux enceintes
et ampli vidéo)
Projecteur avec écran
o Seul
o Avec installation home cinéma (plus de deux enceintes
et ampli vidéo)
7.6. Quel est votre niveau d'études (diplôme
en cours ou achevé)?
Collégien (formation générale)
Lycéen (formation générale)
Formation professionnelle
Niveau BAC
BAC + 1/2
BAC + 3/4
BAC + 5 et plus
Autodidacte
Un grand merci pour votre participation !
Annexe 2.
Résumés de publications ayant servi de référence
pour l'élaboration du questionnaire
Moviegoer's Experience and Interpretations of Brand
in Films Revisited
DeLorme Denise E. & Leonard N. Reid (1999),
«Moviegoer's Experience and Interpretations of Brand in Films
Revisited», Journal of Advertising, 28 (summer); p. 71-95.
Cet article cherche à comprendre comment les marques
sont interprétées chez les personnes fréquentant les
salles de cinéma. Basée sur les études antérieures
effectuées sur ce thème, et sur la « grounded
theory » des sciences sociales (méthode inductive), les
auteurs, à travers des entretiens individuels et de groupe, ont
récupéré et analysé des informations portant sur
les expériences et le vécu des placements de produits dans les
films.
L'enjeu est de qualifier le degré de participation du
spectateur face à un placement de produit, et de mettre en exergue les
possibles différences d'attitudes en fonction de variables telles que
l'âge, la fréquence de visualisation de films ou les attitudes
d'achats.
Après avoir fait un point sur les études
disponibles sur le sujet, les auteurs rappellent que les marchés - et
par conséquent les pratiques marketing - se globalisent, et aujourd'hui
les campagnes marketing intègrent de nombreux outils et canaux
différents, dont le film. La production cinématographique
d'Hollywood ne s'est jamais aussi bien portée et se vend maintenant
à travers le monde entier ; en outre, la distribution s'uniformise,
avec la multiplication des multiplexes en Europe et Asie. Il est donc
évidemment intéressant de chercher à savoir comment l'un
des outils de communication les plus en vogue, le placement de produits, est
interprété et accepté au sein de différentes
cultures.
Les auteurs se basent, comme pour les études de Gupta
et Gould (1997), sur des modèles d'attitude face à la marque
déjà existants, développés et utilisés
principalement par Andrews (1989), MacKenzie et Lutz (1989), Lee et Green
(1997). Ils utilisent la méthode de « theoretical
sampling », échantillonnage théorique, qui consiste
à déterminer de nouveaux cas à analyser qui
présentent le potentiel d'élaborer ou de modifier les concepts et
théories préalablement identifiés (Glaser et Strauss
1967).
Etude
Selon la Motion Picture Association of America (1990), un
amateur de cinéma régulier (« frequent
moviegoer ») va au cinéma au moins une fois par mois, et un
amateur de cinéma non-régulier y va moins d'une fois par mois.
Les auteurs définissent un jeune cinéphile comme
ayant de 18 à 21 ans, et un cinéphile agé comme ayant de
35 à 48 ans.
8 entretiens de groupe et 30 entretiens individuels
approfondis d'une durée de 60 à 90 minutes, comprenant 4 types
d'interviewés : jeunes réguliers, âgés
réguliers, jeunes non-réguliers, âgés
non-réguliers.
Après retranscription, les données sont
codées sur 3 niveaux : codage ouvert (« open
coding » : création des catégories principales),
codage axial (« axial coding » : création des
sous-catégories) et codage sélectif (« selective
coding » : selection des phrases-clés pour
interprétation) (Strauss et Corbin 1990).
Résultats
Centralité du film
Les trois thèmes qui avaient été mis en
avant par DeLorme, Reid et Zimmer en 1994 reviennent en
avant (appréciation du réalisme, appréciation du
familier/connu, rapprochement vis-à-vis du personnage)
- Appréciation du réalisme : le
placement de marques participe au réalisme du film ;
- Voyage dans le temps : le placement de marques
renforce l'authenticité des films lorsqu'il est utilisé dans
certaines scènes représentatives d'une époque ;
- Sentiment d'interruption : lorsque la pratique
est trop ou mal utilisée, les spectateurs se sentent abusés et
considèrent que cela détériore le réalisme du film.
Il est à noter cependant que comme pour l'étude de 1994, les
participants pensent être immunisés face au pouvoir persuasif des
placements, qu'ils ne considèrent ni trompeurs, ni
manipulateurs ;
- Appréciation du familier : les
participants sont très sensibles aux placements de marques ou produits
familiers, qu'ils se sont déjà procuré et ont
utilisé. Ils en apprécient d'autant plus le film, se sentant
davantage proche de l'intrigue ou des personnages ;
- Rapprochement vis-à-vis du personnage :
les interviewés sont très réceptifs au placement de
produit, car cela leur donne des repères sur le mode de vie des
personnages. Ils sont ainsi plus impliqués dans l'intrigue.
- Influence des personnages : l'utilisation de
certaines marques par des personnages centraux influence l'image de la marque,
et peut même aller jusqu'à provoquer des changements dans la
consommation du spectateur.
Influence sur les modes de consommation
Quatre nouveaux thèmes relatifs aux comportements
d'achat ont étés mis en avant à la suite de l'analyse des
données :
- Outils de décision pour l'achat : le
placement de marques participe à la communication d'informations utiles
pour créer ou renforcer les choix dans l'achat. Il renforce la confiance
du consommateur car, même si ce ne sont pas des produits habituellement
achetés, il a conscience de leur existence et sait où se les
procurer.
- Outils d'identité et d'aspirations : le
placement de produit permet au consommateur de comparer son mode de
consommation à ceux mis en scène dans les films, notamment pour
les produits technologiques, où la pratique permet d'imaginer voire de
fantasmer sur des objets qui ne verront le jour que dans les années
à venir. En outre, un spectateur confronté au placement de
produits qu'il possède déjà ou a déjà
utilisé verra son sentiment d'identité ainsi que son
schéma d'achat renforcés.
- Sentiment d'insécurité face au
changement : pour les participants âgés, l'apparition de
marques est vu comme le signe d'un changement culturel et entraîne un
sentiment d'insécurité et de frustration, ainsi qu'une
inquiétude face au changement.
- Sentiment d'appartenance et de
sécurité : à l'inverse, l'observation de cette
pratique chez les jeunes entraîne un sentiment d'appartenance culturelle
et de sécurité émotionnelle, sentiment qui est en grande
partie dû au fait qu'ils ont toujours vécu ces placements depuis
qu'ils vont au cinéma.
Conclusion
On retrouve les thèmes principaux évoqués
par l'étude de 1994 de DeLorme, Reid et Zimmer, et leur présence
ici confirme l'influence certaine qu'a la pratique sur l'audience.
En revanche, les quatre nouveaux thèmes relatifs
à la consommation et au sentiment de sécurité agrandissent
le spectre de l'effet des placements de marques, car ils suggèrent que
l'interprétation de la pratique par l'audience va au-delà des
simples expériences liées au film en lui-même, et
s'étend aux situations de consommation.
Comme pour l'étude de 1994, les personnes
interrogées participent activement dans l'expérience de
visionnage d'un film. La question ici n'est plus de savoir ce que font les
placements sur le spectateur mais ce qu'ils font avec le
spectateur, ce dernier devenant seul juge de l'influence de ces pratiques (et
non plus l'annonceur ou le réalisateur). Aux yeux des chercheurs, le
consommateur est donc passé du statut de simple récepteur passif
à celui d'interprète actif des marques ou produits
rencontrés. Même si elles ne sont pas étudiées ici,
on peut supposer que cette remarque ne s'applique pas aux cibles jeunes ou en
bas âge.
Implications
Premièrement, les acteurs devraient prendre en compte
le potentiel à long terme des effets du placement de produits sur la
mémoire et l'attitude du spectateur. En outre, lorsqu'on se penche sur
la dimension stratégique d'une campagne de communication, sachant que
l'attitude face à une marque se développe et évolue dans
le temps, il faut admettre le rôle déterminant d'une telle
pratique dans la construction d'une image de marque. Le placement de marques
semble donc être un élément décisif dans un plan de
marketing intégré.
Il est également intéressant de constater que la
cible adolescente présente une attitude favorable à la
pratique ; sélectionner les types de film où placer ses
produits serait donc une méthode appropriée pour les
annonceurs.
Limites et recommandations pour les futures
recherches
Les résultats obtenus dans cette étude ne
tiennent pas compte des potentielles différences culturelles, et donc
différences d'acceptation de la pratique, pour une audience d'un pays
autre qu'américain. Il pourrait donc être intéressant
d'étendre l'étude à d'autres nationalités.
Les modes de consommation de l'audiovisuel étant en
profonde mutation, il serait également judicieux de développer la
recherche en s'attachant à comparer les effets du placement de marques
en fonction du mode de visionnage utilisé (cinéma,
télévision simple, home cinéma).
Enfin, récolter des données en provenance
d'acteurs de la pratique (responsables marketing, réalisateurs ou
agences de placement de produits) permettrait d'élargir les
connaissances sur la pratique, et de trouver de nouvelles problématiques
à étudier.
A cross-cultural Comparison of Consumers'
Perceptions and Evaluations of Brand Placement in Motion Pictures
DeLorme, Denise E. ; Mennicken, Claudia & Aleff,
Hans-Joerg (2000), «A cross-cultural Comparison of Consumers' Perceptions
and Evaluations of Brand Placement in Motion Pictures», American
Marketing Association. Conference Proceedings, 2000 (winter), 11; p.
27-34.
Cette étude cherche à analyser les opinions de
jeunes étudiants face à la pratique de placement de produits,
dans un contexte international. Les interviewés sont de deux
nationalités différentes, allemands et américains. Par le
biais de questionnaires, les auteurs récupèrent les informations
concernant les attitudes vis-à-vis de la pratique et comparent les
écarts d'opinions entre les pays, afin de pouvoir émettre des
recommandations pour les stratégies de communication des annonceurs,
dans le cadre de placements dans des films de portée internationale.
Hypothèses de l'étude
On vient de le dire, les auteurs se basent sur les
modèles d'attitude face à la marque. Ils partent donc du postulat
selon lequel les attitudes et perceptions vis-à-vis de la pratique de
placement de marques auront un impact sur l'attitude générale
face aux marques placées, et par conséquent sur les
éventuelles intentions d'achat des spectateurs.
La seconde hypothèse affirme qu'il y aura des
différences culturelles entre les consommateurs américains et les
consommateurs allemands dans leurs perceptions et évaluations du
placement de marques.
Prenant en compte le fait que les croyances et opinions du
consommateur face au placement de produits sont formées à partir
de son expérience directe lorsqu'il regarde le film, la troisième
hypothèse est de considérer que la pratique de placement aura un
impact sur son support, le film en lui-même.
Méthode
L'échantillon choisi est composé de 480
étudiants en gestion et communication en Allemagne et aux Etats-Unis,
avec respectivement 193 participants pour les Etats-Unis et 287 pour
l'Allemagne. L'âge des participants a été choisi
judicieusement. En effet, la tranche d'âge des 18 à 35 ans
représente 39% des personnes fréquentant les salles de
cinéma aux Etats-Unis, et 62% en Allemagne. L'échantillon est
donc potentiellement très représentatif pour le sujet de
l'étude. Pour faciliter la comparaison entre les deux pays, les deux
groupes présentent des caractéristiques similaires en termes de
sexe, d'âge, de niveau d'éducation et de salaire mensuel.
Construction et développement de
l'instrument
L'étude est constituée d'un questionnaire. Pour
que les participants aient une idée claire du phénomène
étudié, le document présente une définition du
placement de marques en introduction.
Le questionnaire est constitué de questions
fermées, réparties en 3 parties principales :
1. Conscience de la pratique à travers les
expériences personnelles directes (dans un film) et indirectes (par les
médias ou par un tiers)
2. Perception et évaluation de la pratique à
travers 5 thèmes de questions :
- opinions générales à propos du
placement de produits
- sentiments face à la pratique
- convictions quand au rôle contributif du placement de
produits dans les objectifs marketing
- opinions quand aux problèmes éthiques
potentiellement engendrés par la pratique
- convictions quand au rôle du placement de produit,
facteur d'implication de l'audience dans le film.
3. Informations démographiques (âge, sexe,
occupation, préférences et habitudes de fréquentation de
cinémas, etc)
Résultats
Comportement de consommation
Vis-à-vis du public allemand, les consommateurs
américains vont plus souvent voir des films, et plus tôt
après leur sortie en salle : 74% des américains s'y rendent dans
les 2 semaines suivant sa sortie, contre 43% des allemands.
Si le pays d'origine ne semble pas déterminant dans le
choix du film, les allemands voient sensiblement moins de films
américains (90% des films vus aux Etats-Unis dans l'année sont
d'origine américaine, contre seulement 68% en Allemagne).
Opinions face à la pratique du placement de
produits
L'opinion globale est assez positive, mais les
américains acceptent d'avantage la pratique, qu'ils considèrent
comme peu différente de la publicité traditionnelle.
En outre, les deux nationalités mettent en avant
l'avantage de cette pratique si elle permet de limiter voire de stopper
l'augmentation des prix des tickets de cinéma.
Convictions quand à la contribution du
placement de produits dans la réalisation des objectifs
marketing
Les consommateurs des deux pays considèrent que la
pratique contribue d'une manière favorable à la réussite
d'une campagne globale de marketing. Cependant, les interviewés
américains voient un impact sur la notoriété de la marque
et sur l'attitude et les comportements d'achats plus important que les
interviewés allemands.
Opinions face aux problèmes
éthiques
Les consommateurs des deux pays ont une position
marquée face aux placements de produits
« sensibles », de type alcool ou tabac. Ils
considèrent également que les cibles jeunes (enfants et
adolescents) sont plus facilement influençables par la pratique.
Il a été vu précédemment que les
allemands étaient sensiblement moins favorables à la pratique du
placement de marques que les américains. Ils sont donc logiquement plus
prononcés sur la question éthique.
Les deux nationalités pensent que le placement de
produits doit être légalement supervisé par l'industrie
cinématographique, plus que par les autorités
gouvernementales.
Influence des placements sur l'attitude d'achat
des spectateurs
Les spectateurs pensent que le placement de réels
produits dans les films renforce le réalisme, l'intrigue et la
compréhension des personnages. La pratique participerait donc au
réalisme de l'histoire, mais les interviewés ne pensent pas pour
autant que cela les pousse à imiter les personnages principaux en
achetant les produits visibles à l'écran. Ces informations sont
d'autant plus vraies pour les participants allemands qui d'une manière
générale sont plus sceptiques.
Conclusions
Les participants américains acceptent davantage la
pratique, les allemands étant plus critiques à cet égard.
Les différences d'opinions et de convictions amènent à
croire que la culture est un élément déterminant dans
l'acceptation de la pratique, et donc dans son efficacité. Il faudrait
donc être attentifs à ne pas utiliser cette méthode
à outrance, notamment pour des films destinés à
l'export.
Limites
Il aurait pu être intéressant d'approfondir
l'étude de certains aspects, notamment analyser les
différences entre les types de spectateurs (par âge, sexe, CSP,
fréquence, etc.).
Si les participants sont assez représentatifs de la
population du fait de leur forte fréquentation, l'échantillon
n'est évidemment pas exhaustif et pourrait être élargi. En
outre, les participants étant tous étudiants en gestion et en
communication, leurs opinions sur la publicité et sur la pratique du
placement de produit peuvent être plus tranchées.
Il faudrait donc élargir l'étude à des
échantillons plus hétérogènes, sur davantage de
pays.
Il peut également être significatif de comparer
les attitudes observées face à la publicité en
général de celles observées face au placement de
produit.
Product Placement in Movies: A Cross-Cultural
Analysis of Austrian, French and American Consumer's Attitudes Toward This
Emerging, International Promotional Medium
Stephen J. Gould, Pola B. Gupta & Sonja Grabner-Krauter
(2000), «Product Placement in Movies: A Cross-Cultural Analysis of
Austrian, French and American Consumer's Attitudes Toward This Emerging,
International Promotional Medium», Journal of Advertising, Winter
2000, 29, 4 ; p. 41-58.
L'objectif principal de cet article est de tester la
validité de l'approche développée par Gupta et Gould
(1997) à travers une étude inter-culturelle des attitudes des
consommateurs américains, autrichiens et français.
Considérant l'intérêt croissant des industriels face aux
pratiques de marketing et de communication intégrées, et
étant donné qu'un film a souvent pour vocation d'être
diffusé à l'international, il est intéressant de se
pencher sur les potentielles différences d'acceptation et de
comportement face au placement de produits dans les films, non seulement en
fonction de critères intra-nationaux (sexe, csp), mais surtout
internationaux (le spectateur français réagit-il de la même
manière que le spectateur américain devant un placement ?).
En effet, DeLorme et ses collègues (DeLorme , Reid et Zimmer 1994,
DeLorme et Reid 1999) ont montré que le consommateur associait l'univers
du film, donc du placement, avec leur propre univers social.
Ne possédant pas d'études
précédentes sur le sujet, les auteurs partent du postulat selon
lequel l'attitude face au placement de produit sera similaire à
l'attitude face à la publicité en général, les deux
pratiques ayant de nombreuses caractéristiques communes. On remarquera
ainsi que les français sont davantage sensibles aux messages de nature
émotionnelle qu'aux publicités informationnelles, beaucoup plus
courantes aux Etats-Unis, et que les méthodes publicitaires varient
sensiblement d'un pays à l'autre.
Hypothèses
Les français préférant les
publicités de nature émotionnelle, on peut supposer qu'ils
accepteront moins bien le placement de marques que les américains,
pratique relativement intrusive et de nature davantage informationnelle
qu'émotionnelle. De même, les autrichiens, peu enclins aux
pratiques de communication américaines (Rawwas 1996) et méfiants
face aux messages publicitaires (Beatson 1984), sont susceptibles d'être
plus sceptiques face au placement de produits que les américains.
Hypothèse 1a : l'acceptation des placements de
produits éthiquement sensibles différera en fonction du pays
Hypothèse 1b : Les consommateurs américains
accepteront davantage le placement de produits que les autrichiens et les
français.
Il a été démontré à
plusieurs reprises qu'il existe également des différences
individuelles dans l'acceptation de la pratique au sein d'un même pays.
Ainsi, plusieurs auteurs tels que Gupta et Gould (1997), Milner, Fodness et
Morisson (1991) ou encore Van Roosmalen et MacDaniel (1992) ont montré
que les hommes acceptent davantage les placements de produits chargés
éthiquement (tabac, alcool, armes) que les femmes, de même que les
cinéphiles acceptent davantage la pratique que les personnes allant
moins souvent au cinéma. Russell (1998) confirme cette dernière
remarque en expliquant qu'il existe un schéma liant l'affect et
l'attitude, et donc l'acceptation du placement de marques : un
cinéphile appréciera davantage un film en général,
et donc les placements qui y sont intégrés.
Hypothèse 2a : quel que soit le pays, il y aura
une interaction entre le produit placé et le sexe du spectateur
vis-à-vis de l'acceptation des produits placés.
Hypothèse 2b : les hommes accepteront davantage le
placement de produits éthiquement sensibles que les femmes, mais il n'y
aura pas de différence pour les produits
« classiques ».
Hypothèse 3 : Quel que soit le pays, les
cinéphiles accepteront davantage le placement de produits que les
consommateurs modérés.
Hypothèse 4 : Quel que soit le pays, une attitude
positive face au placement en général entraînera une
meilleure acceptation des produits placés.
Les hypothèses suivantes s'intéresseront aux
effets de la pratique sur le comportement d'achat.
Hypothèse 5a : Il y aura une différence en
fonction du pays sur les intentions d'achats d'une marque placée dans un
film.
Hypothèse 5b : Les Américains
présenteront davantage d'intentions d'achat que les français ou
les autrichiens.
Hypothèse 6 : Quel que soit le pays, les hommes
présenteront des intentions d'achat plus fortes que les femmes.
Hypothèse 7 : Quel que soit le pays, les
participants regardant souvent des films auront des intentions d'achat plus
marquées que ceux qui ne regardent que peu de films.
Hypothèse 8 : Quel que soit le pays, une attitude
positive face au placement en général entraînera des
intentions d'achat plus marquées.
Méthode
Echantillons
L'échantillon de Gupta et Gould de 1997 a
été réutilisé en ce qui concerne les participants
américains, soit 1012 étudiants d'une université du
Midwest, dont 512 femmes et 491 hommes. L'échantillon français
est composé de 204 étudiants dont 99 femmes et 99 hommes, et
l'échantillon autrichien comporte 240 participants dont 115 femmes et
125 hommes.
Tous les participants sont des étudiants principalement
âgés de moins de 25 ans, et les trois échantillons sont
comparables en terme d'occupation.
Questionnaires
Les questionnaires distribués aux participants
comportent les points suivants :
- Définition du placement de produits ;
- Questions d'attitude générale face au
placement de produit, en utilisant une échelle à 5
points ;
- Fréquence de films visionnés, au cinéma
et chez soi ;
- Acceptabilité du placement de 13 produits
différents, en utilisant une échelle à 3 points. Les
produits seront ensuite classés en deux parties, les produits
éthiquement sensibles (alcool etc) et les produits
considérés comme « classiques » ;
- Démographie : âge, sexe, statut marital,
niveau d'études. Seul la variable sexe sera prise en compte.
Résultats
ANOVA - Analyse de la variance pour l'acceptation
des produits sensibles / « classiques »
Pour évaluer l'acceptation, une analyse croisée
d'un certain nombre de variables est faite (pays, sexe, nombre de films vus,
qualification des produits placés).
On remarque en premier lieu que l'hypothèse 1a est
validée : le pays de résidence a un impact sur l'acceptation
des produits placés.
De la même manière, l'hypothèse 1b est
validée : les américains sont plus favorables que les
autrichiens et les français au placement de produits.
Confirmant les hypothèses 2a et 2b, l'analyse montre
que le sexe du spectateur a un effet sur l'acceptation de la pratique, et les
hommes acceptent plus facilement que des produits
« sensibles » soient placés.
Enfin, l'hypothèse 3 est en partie validée,
présentant un schéma similaire à l'impact du sexe :
les personnes visionnant souvent des films acceptent davantage le placement de
produits « sensibles » que celles qui regardent peu de
films, mais il n'y a pas de différence pour les produits dits
« classiques ».
Méthode de régression pour
l'acceptation du placement de produits
Dans la lignée de l'étude de Gupta et Gould de
1997, 3 variables sont construites :
- Total de tous les produits jugés acceptables pour le
placement ;
- Total des produits éthiquement sensibles jugés
acceptables par les participants ;
- Total des produits « classiques »
jugés acceptables par les participants.
On reprend également les 4 mesures exploratoires
d'attitude utilisées dans la même étude :
- Attitude face au placement de produit en
général ;
- Réalisme perçu (considèrent que le
placement participe au réalisme du film) ;
- Restriction (prônent la restriction de certains
placements de produits « sensibles ») ;
- Attitudes face à la publicité
télévisuelle en général, comme un indicateur de
l'attitude face au placement de produits.
Si ces quatre facteurs diffèrent sensiblement pour les
participants français et autrichiens, les auteurs
préfèrent les garder pour permettre une régression avec
des variables comparables.
On constate qu'une attitude positive face au placement en
général entraîne une bonne acceptation des placements, et
qu'une volonté de restriction de certaines catégories de produits
placés mène à une moins bonne acceptation de la pratique.
En outre, les participants qui pensaient que le placement de produits participe
au réalisme du film acceptent également davantage la pratique.
Ces résultats indiquent donc que l'hypothèse 4 est
validée : une attitude positive face au placement en
général entraîne une meilleure acceptation des produits
placés.
Analyse de la variance et méthode de
régression pour l'intention d'achat
Pour évaluer l'intention d'achat, une analyse
croisée d'un certain nombre de variables est faite (pays, sexe et nombre
de films vus).
On constate que le pays et le sexe ont un impact significatif
sur les intentions d'achat. A travers des comparaisons, on peut noter que les
américains présentent des intentions plus marquées que les
autrichiens ou les français. Les hypothèses 5a et 5b sont donc
validées.
La poursuite de l'analyse des données montre que
l'hypothèse 6 est validée, les hommes présentent des
intentions d'achat plus marquées que les femmes, en revanche
l'hypothèse 7 n'est pas validée, la fréquence de
visualisation de films n'influe pas sur l'intention d'achat.
Pour tester l'hypothèse 8, une analyse par la
méthode de régression est menée, intégrant
l'ensemble des variables. Les résultats confirment
l'hypothèse : une attitude positive face à la pratique du
placement de produits influe sur les intentions d'achat des consommateurs.
Discussion
Limites
L'utilisation d'une échelle différente de
l'échelle d'acceptabilité à trois points de Gupta et Gould
aurait pu donner des résultats différents. En outre, les
résultats ne sont pas exhaustifs, puisqu'ils ne sont basés que
sur trois pays, or les films à la distribution internationale sont bien
souvent visionnés dans le monde entier. L'Asie, par exemple, serait un
continent très intéressant à évaluer, si l'on
considère l'explosion de la consommation dans certains de ses pays.
Implications
En termes managériaux, les résultats mettent en
lumière les différences qui persistent à travers les pays.
Les annonceurs devraient mettre en place leurs stratégies en fonction du
type de campagne qu'ils recherchent. Pour un produit ou une campagne de
communication standardisée, le placement de produit parait idéal,
notamment s'il est associé à des actions supplémentaires
de communication locale utilisant d'autres médias (Grein et Gould 1996).
En revanche, si les caractéristiques du produit ou de la marque sont
particulières (les produits « sensibles » qui ne
sont pas très appréciés lorsque placés, par
exemple), des campagnes de publicités différentes et
adaptées à chaque marché local peuvent être plus
efficaces en termes d'intentions d'achat, et permettraient d'éviter de
mauvaises interprétations liées aux différences
culturelles.
Les différences d'attitudes remarquées en
fonction du sexe de l'audience sont également un élément
capital à prendre en compte, d'autant plus que bien souvent les films
ciblent un sexe plus que l'autre (pour caricaturer : comédies
romantiques pour les femmes et films de guerre pour les hommes).
Annexe 3.
Résumés de publications annexes ayant servi à
l'élaboration du corps du mémoire
Investigating the Effectiveness of Product
Placements in Television Shows: The Role of Modality and Plot Connexion
Congruence on Brand Memory and Attitude
Cristel Antonia Russell (2002), «Investigating the
Effectiveness of Product Placements in Television Shows: The Role of Modality
and Plot Connexion Congruence on Brand Memory and Attitude», Journal
of Consumer Research, Dec 2002, 29, 3 ; p. 306-319.
Cet article développe et teste un cadre conceptuel
destiné à la pratique du placement de produits, par une approche
expérimentale contrôlée appelée la
méthodologie de mise en scène (« theatre
methodology »). L'étude cherche à évaluer le
rôle de la modalité et de la concordance vis-à-vis de
l'intrigue que détient un placement sur la mémoire et sur
l'attitude du spectateur face à la marque. Après avoir
présenté les études précédentes
menées sur le sujet, l'auteur explique que si ces dernières ont
montré que les consommateurs peuvent se souvenir des marques
placées, on ne connaît pas les facteurs qui déclenchent
cette mémorisation. L'étude va donc chercher à
déterminer si certains placements sont plus efficaces que d'autres, et
si les consommateurs ont nécessairement besoin de se souvenir des
marques pour que leur attitude soit modifiée d'une manière
positive. Pour répondre à ces problématiques, on va
chercher à identifier les effets psychologiques du placement de marques
sur le spectateur.
L'absence de corrélation entre les mesures de la
mémoire et de l'attitude met en doute le postulat selon lequel un taux
de rappel élevé entraîne une attitude favorable, et
suggère que cette relation n'est pas nécessairement
linéaire.
L'auteur catégorise la pratique selon 3 critères
distincts : le placement visuel, le placement auditif et le placement
lié à l'intrigue (Russell 1998).
Modalité
Le canal visuel est utilisé pour créer le
contexte dans lequel l'histoire est racontée (de réels produits
sont utilisés sur les plateaux pour les rendre crédibles). Le
canal auditif, en revanche, présente un impact plus important car c'est
lui qui transmet l'information. Ce dernier est considéré comme
possédant des propriétés plus intrusives pour l'audience.
Ces modalités de diffusions sont importantes à
prendre en compte car ce sont elles qui vont déterminer l'impact du
stimulus et donc l'intégration cognitive de l'information chez le
spectateur. Elles vont donc déterminer l'importance du taux de
rappel.
Concordance avec l'intrigue - congruence
Robben, Cowen et MacDonald ont montré en 1996 que des
informations implicites liées à l'intrigue ou la narration
principale présentent un meilleur taux de rappel que des informations
explicites liées à l'intrigue secondaire, car elles sont
liées à la compréhension même de l'histoire. Le
degré de rapport avec l'intrigue, ou de congruence, a donc un rôle
essentiel dans l'efficacité du placement.
Modalité et congruence
Mandler en 1982 explique qu'une information congruente ne
demande que peu de réflexion et d'élaboration pour le spectateur,
mais qu'au contraire une information incongrue déclenche une
réflexion et par conséquent améliore la mémoire du
placement.
En revanche, comme Lee et Mason en 1999, Meyers-Levy et Tybout
en 1989 ainsi que Friedstad et Wright en 1995 l'ont montré, lorsque
l'information est trop incongrue, l'attention devient très
élevée et des mécanismes de correction, de
contre-argumentation ou de rejet apparaissent et le placement de produit est
perçu comme inapproprié. Ainsi, si les modalités (visuel
et/ou auditif) et la corrélation avec l'intrigue concordent, on
réussit à obtenir des attitudes favorables, mais la tendance
risque de s'inverser si les deux critères ne s'accordent pas.
Hypothèses
1. Un placement visuel très congruent (central dans
l'intrigue) sera mieux mémorisé qu'un placement visuel peu
congruent (accessoire à l'intrigue), mais le niveau de congruence
n'affectera pas l'efficacité d'un placement audio.
2. Un placement visuel peu congruent sera plus persuasif (donc
entraînera un changement positif d'attitude) qu'un placement visuel
très congruent, et un placement audio très congruent sera plus
persuasif qu'un placement audio peu congruent.
Méthodologie de la mise en scène
(« Theater Methodology »)
La méthodologie de la mise en scène consiste
à recréer un plateau de télévision. Cela permet
d'augmenter le degré de contrôle expérimental tout en
offrant des conditions similaires aux plateaux existants. En outre, le fait
d'utiliser une mise en scène « naturelle » permet
d'éviter que les sujets soient plus réactifs et présentent
des réponses plus tranchées aux stimuli qu'ils ne le devraient.
Les participants qui semblaient soupçonner le but de
l'expérience ont été rejetés, afin d'être
sûr de n'avoir que des sujets aux réactions
« naturelles ». Les produits placés étaient
de la catégorie nourriture et boissons, et ont été
testées préalablement pour être certains qu'ils
présentaient des degrés de familiarité
équivalents.
L'auteur s'est attaché à ce que la mise en
scène soit la plus réaliste possible.
Expérience
5 groupes de 30 étudiants en marketing ont
participé à l'expérience en assistant à une des 3
versions présentées dont les placements étaient visuels
et/ou audio, et très congruents et/ou peu congruents. 3 questionnaires
sont distribués après la présentation, le 1er
n'étant pas en rapport avec l'étude, demandant d'évaluer
le show et de noter l'appréciation. Le but ici est d'identifier les
personnes soupçonneuses et de récolter des informations
démographiques. Le second est supposé être une
expérience totalement différente, un nouvel animateur distribue
un questionnaire demandant de noter (j'aime, je n'aime pas) 29 marques de
produits. L'animateur du début revient pour distribuer un
3ème questionnaire, prétextant qu'il l'avait
oublié, dans lequel il faut remplir une échelle d'attitude face
au placement de produits à 15 points, adaptée de Gupta et Gould
(1997).
Résultats
Par une analyse de la variance (ANOVA)
« rappel », et des tests de contrastes, l'hypothèse
1 est validée. Les placements peu congruents ont été mieux
mémorisés lorsqu'ils étaient visuels, mais pas lorsqu'ils
étaient auditifs.
Pour vérifier l'hypothèse 2, plusieurs analyses
sont menées. Premièrement, une analyse de la variance
« attitude » (différence entre le score de la marque
avant et après l'expérience) montre qu'il y a effectivement une
interaction entre la modalité et le degré de congruence. Des
analyses des contrastes confirment alors que l'hypothèse 2 est
vérifiée. Les placements congruents ont été plus
persuasifs que les placements peu congruents.
Discussion
La modalité et le degré de congruence ont donc
étés identifiés comme étant deux facteurs
importants dans le placement d'un produit à travers le fait qu'ils
interagissent pour influencer la mémoire et l'attitude.
L'expérience montre en outre que les conditions maximisant le taux de
rappel ne jouent pas nécessairement en faveur du changement
d'attitude.
Contributions théoriques
Les conclusions de l'étude montrent que la relation
entre la mémoire et l'attitude n'est pas linéaire : ce n'est
pas parce qu'une personne se souvient d'avoir vu ou entendu une marque que son
attitude face à cette marque va pour autant changer.
Les résultats supportent les théories
précédemment existantes. En effet, Friedstad et Wright avaient
démontré en 1995 que lorsque la modalité de
présentation d'une marque n'est pas en accord avec le degré de
congruence, le spectateur tend à réfléchir aux raisons de
cette présence et se protège. De leur côté, Campbell
et Kirmani ont montré en 2000 qu'en revanche, lorsque la modalité
et le degré de congruence concordent, le placement apparaît comme
naturel le spectateur fait moins d'effort pour analyser la raison de la
présence de la marque, et change donc plus facilement d'attitude.
Le fait que les placements visuels peu congruents sont moins
mémorisés mais amènent à des changements d'attitude
plus conséquents sont en accord avec le modèle de
probabilité d'élaboration (« Elaboratoion Likelihood
Model ») de Petty et Cacioppo (1986) ainsi qu'avec l'effet de la
faible exposition (« mere exposure effect ») de Zajonc
(1968).
Implications
Des résultats de cette étude on pourrait
recommander deux stratégies de placement de produits tout autant
efficaces en termes de persuasion mais radicalement différentes :
un placement audio en relation directe avec l'intrigue, ou un placement visuel
qui n'a pas de lien avec l'intrigue, dans le décors ou en tant
qu'accessoire. La première stratégie est évidemment la
plus onéreuse et demande le plus de travail dans les relations entre
l'annonceur et l'équipe du film. En outre il est possible qu'elle soit
moins bien acceptée, et le risque de rejet est important si le placement
est « déplacé », ou mal intégré
dans l'intrigue. Un placement visuel discret semble donc être l'option la
plus réaliste, représentant un investissement et un rique
moindres.
Limites de l'étude
La création d'un plateau n'est évidemment pas
parfaitement ressemblant à la réalité, et peut donc
affaiblir la validité externe des données
récoltées. L'interactivité entre les spectateurs et le
show ou les personnages, par exemple, et donc la possibilité que
l'audience se focalise ou s'éloigne d'un aspect de l'histoire ou d'un
personnage, n'a pas pu être prise en compte.
Il serait intéressant de se pencher sur un réel
show télévisé, ou d'étudier les effets d'une
exposition répétée, voire même d'étudier les
différentes connexions possibles à l'intrigue, comme Russel et
Puto l'ont fait remarquer (2001).
Exploring Children's Choice: The Reminder Effect of
Product Placement
Susan Auty & Charlie Lewis (2004), «Exploring
Children's Choice: The Reminder Effect of Product Placement»,
Psychology & Marketing, Septembre 2004, 21, 9; p. 697-713.
Faisant suite aux travaux menés
précédemment sur l'effet du placement de marques sur les enfants,
notamment ceux de Vollmers en 1995 qui cherchaient à recueillir et
analyser le taux de rappel sur des marques spécifiques, le but de
l'étude menée ici par Auty et Lewis est de déterminer si
les enfants sont conscients de la pratique et donc de l'apparition à
l'écran de produits placés. Les auteurs chercheront
également à examiner expérimentalement l'effet du
placement de marques sur le choix.
Les auteurs reprennent la distinction de Roedder de 1981, qui
classifie l'audience jeune par tranches d'âge, en fonction des
capacités de compréhension et de traitement de l'information. On
a donc trois catégories principales : les processeurs
limités (« limited processors ») jusqu'à 8
ans, les processeurs positionnés (« cued
processors ») qui ont entre 8 et 12 ans, et les processeurs
stratégiques (« strategic processors »),
âgés de 13 ans et plus.
Mere Exposure Theory :
Le placement de produit peut être assimilé
à un message subliminal, car il peut ne pas être traité
consciencieusement, et ce même pour un spectateur en ayant les
capacités. Les effets du placement de produits peuvent donc être
développés à travers l'effet de répétition
(« mere exposure »), sans dépendre de l'âge ou
des capacités d'intégration du message.
Le traitement limité qu'induit l'exposition à un
placement de produit discret est suffisant pour créer un sentiment de
familiarité, sentiment qui plus tard sera assimilé à une
préférence lors du stimulus d'achat (Janiszewski 1993, Zajonc
1980).
La théorie est renforcée par les travaux de
Nordhielm en 2002 qui confirment l'importance de la mémoire implicite
sur l'affect et le choix. Selon ses conclusions, un message qui n'est que
fortuitement traité (c'est-à-dire vu mais pas
mémorisé, donc pas rappelé) et que l'on
répète plus de 25 fois obtient de meilleurs résultats en
terme de choix dans l'achat qu'un message traité sémantiquement
(vu, mémorisé et rappelé).
Cette théorie, appliquée à des enfants
n'ayant pas les capacités cognitives pour être conscients ou
comprendre le placement de produits (les processeurs limités de moins de
8 ans par exemple), peut s'avérer très intéressante.
Hypothèses
L'exposition au placement peut donc être
influencée par les capacités cognitives (l'âge) et une
mémorisation explicite, pour amener le spectateur au choix. Un chemin
indépendant existe également, influencé par une
mémorisation implicite et par une exposition antérieure au
placement.
Exposition actuelle au placement de produit
Capacités cognitives (âge)
Mémorisation explicite
Choix de la marque
Précédente exposition au placement de produit
Mémorisation implicite
Modèle effectif de l'effet du placement de marques
sur le choix chez les enfants
Comme montré ci-dessus, on considère le choix de
la marque comme la variable dépendante, et on a deux variables
indépendantes : l'effet de l'exposition au placement,
influencé par l'âge et qui entraîne le rappel puis le choix,
et l'effet de l'exposition antérieure qui entraîne la
mémorisation implicite puis le choix.
Hypothèse 1 : Les enfants exposés au
placement de produit choisiront une marque différente le jour de
l'exposition que les enfants qui n'auront pas vu la projection.
Hypothèse 2 :
a) Il y aura une différence dans le taux de rappel de
la marque entre les processeurs positionnés (11 à 12 ans) et les
processeurs limités (6-7 ans).
b) Il y aura une différence dans le choix de marque
entre les enfants qui ont correctement mémorisé la marque et ceux
qui ne l'ont pas mémorisée.
Hypothèse 3 : Les enfants ayant déjà
vu le film auparavant vont choisir une marque différente que ceux qui ne
l'ont pas déjà vu.
Hypothèse 4 : Parmi les enfants ayant
déjà vu le film, ceux qui ont vu le placement choisiront une
marque différente de ceux qui n'ont pas vu le placement.
Hypothèse 5 : Parmi ceux qui n'ont pas
déjà vu le film, ceux qui verront le placement choisiront une
marque différente de ceux qui ne le verront pas.
On va donc chercher à regarder si le choix d'une marque
de boisson est lié à la marque placée dans l'extrait de
film, et dans l'affirmative, si les enfants se souviennent explicitement de la
marque, indiquant une réflexion cognitive, ou si c'était
uniquement la conséquence d'une simple exposition. L'effet de
l'exposition antérieure sera également mesurée afin
d'analyser la force de l'effet de la simple exposition, et donc de l'importance
de la mémoire implicite sur le choix.
Méthode
105 enfants ont participé à l'étude, 48
ayant entre 11 et 12 ans et provenant d'un collège public du
Royaume-Uni, et le reste ayant entre 6 à 7 ans, élèves
d'une école primaire.
L'expérience consiste en la projection de deux passages
du film « Maman j'ai raté l'avion », de courte
durée (1min 50), et dans lesquelles on peut voir la famille assise
autour de la table pour le dîner. Dans le premier extrait, on peut voie
une bouteille de Pepsi au milieu de la table. La marque est en outre
citée oralement et la bouteille se renverse, en faisant un
élément central de la scène. Le second extrait fait office
d'expérience témoin, montrant une scène similaire, mais
sans marques visuellement ou oralement apparentes. L'attention est
également attirée sur la nourriture, mais sans citer de marque
cette fois.
« Maman j'ai raté l'avion » a
été choisi car il peut être vu par les deux groupes
d'âge et est très apprécié des deux sexes. Il est
sorti en salles il y a plus de 10 ans, les enfants l'ont donc sûrement
déjà vu.
Pepsi est considéré comme étant une
marque adéquate pour tester les préférences car c'est une
marque connue, sans pour autant être leader en Angleterre.
Procédure
La variable indépendante est le type d'exposition (avec
ou sans placement), qui influe sur la variable dépendante, le choix de
la boisson après exposition. L'exposition antérieure est une
variable mesurable. Les participants, divisés en deux groupes, sont
emmenés à part pour voir leur extrait respectif, puis les enfants
sont appelés au hasard afin d'être questionnés. Avant
l'interview, ils doivent choisir un verre parmi plusieurs, les uns contenant du
Coca-cola, les autres du Pepsi. Les questions posées par les animateurs
doivent permettre à l'enfant de citer la marque placée, en allant
du plus général (« Que penses-tu de cet
extrait ? ») au plus spécifique (« Quel
était le nom de la boisson ? »). On mesure le nombre de
questions nécessaires à la citation de la marque. L'entretien se
termine par une question demandant si le participant a déjà vu le
film, et si oui, combien de fois.
Résultats
L'analyse des résultats confirme l'hypothèse
1 : le groupe de contrôle choisit le Pepsi à 42%, alors que
le groupe expérimental (celui ayant vu l'extrait avec placement) choisit
le Pepsi à 62%. Sachant que la moyenne nationale est de 25% pour Pepsi,
on peut dire que les enfants exposés au placement ne choisissent pas la
même marque que ceux qui ne sont pas exposés.
67% des 11-12 ans réussissent à se rappeler de
la marque, contre 50% pour les 6-7 ans, écart qui n'est pas assez
significatif statistiquement. L'hypothèse 2 a) n'est donc pas
validée, l'âge n'influe pas sur la mémorisation. La
différence dans le choix n'est pas non plus significative,
l'hypothèse 2 b) n'est également pas validée.
Si la mémorisation de la marque est effectivement
influencée par une exposition répétée, comme on l'a
dit plus haut, l'analyse du choix ici infirme l'hypothèse 3 : ceux
qui ont vu le film auparavant ne choisissent pas différemment de ceux
qui ne l'ont pas vu, la répétition n'influence pas le choix de
marque.
L'hypothèse 4 est validée : parmi les
participants ayant déjà vu le film, ceux à qui l'on a
projeté l'extrait avec placement choissent davantage le Pepsi que ceux
qui ont vu l'extrait témoin.
L'invalidation de l'hypothèse 5 est importante. En
effet, parmi ceux qui n'avaient jamais vu le film auparavant, être
exposé aux extraits avec ou sans placement ne semble pas changer leur
choix. En conséquence, il semblerait que la combinaison d'expositions
antérieures et de rappel serait le moyen le plus efficace pour
influencer le choix, en ravivant la mémoire de l'enfant.
Discussion
Trois facteurs supplémentaires devraient être
étudiés dans de futures recherches : l'influence de la
marque favorite du participant, les effets d'une exposition antérieure
(notamment l'effet de la possession du film en vidéo), et le sexe, car
Bijmolt et al. ont remarqué que chez les enfants de bas âge (5-6
ans), les garçons semblaient plus conscients de l'aspect commercial des
publicités télévisées que les filles.
Il aurait également fallu essayer de déterminer
si certains participants avaient deviné l'objet de l'interview afin
d'éliminer les risques d'impartialité dans les
réponses.
Les bons résultats de rappel et le peu de
différence dans le choix entre les deux groupes d'âge peuvent
être expliqués par les travaux de Macklin en 1984, qui montra que
la citation orale du nom de la marque était très efficace chez
les enfants de 6-8 ans, augmentant la reconnaissance du produit en magasin et
le choix.
Dans le nouveau modèle que l'on peu faire de l'effet du
placement de produits sur le choix chez les enfants, l'âge n'est plus
tenu en compte, car les capacités cognitives du spectateur, et donc sa
mémoire explicite, ne semblent pas influencer le choix. Ces
résultats confirment ceux de Nordhielm (2002), selon lesquels la
répétition entraîne une augmentation de l'affect
vis-à-vis d'une marque, mais uniquement lorsque cette
répétition n'est pas traitée en profondeur.
Précédente exposition au film
Mémorisation implicite de la marque
Exposition à la marque du film (rappel)
Choix de la marque
Suggestion de modèle de l'effet du placement de
produit sur le choix chez les enfants
BIBLIOGRAPHIE
Alba Joseph W. & Hutchinson Wesley J. (1987),
« Dimensions of Consumer Expertise », Journal of Consumer
Research, 13, March, pp. 411-454.
Allocine.com (2006), « Poséidon :
secrets de tournage », 25 juillet 2006,
http://www.allocine.fr/film/.
Appel Valentine (1971), « On Advertising Wear
Out », Journal of Advertising Research, February, 11,
pp.11-13.
Auty Susan & Lewis Charlie (2004), « Exploring
Children's Choice: The Reminder Effect of Product Placement »,
Psychology and Marketing, Spetember, 21, 9, pp. 697-713.
Balasubramanian S. K. (1994), « Beyond Advertising
and Publicity : Hybrid Messages and Public Policy Issues »,
Journal of Advertising, December, 23, 4, pp. 29-46.
Bandura Albert (1977), Social Learning Theory, ed.
Englewood Cliffs, Prentice Hall, New Jersey.
Barbara Baerns (2003), « Separating Advertising from
Programme Content: The Principle and its Revelance in Communications Practice
», Journal of Communication Management, 8, 1, pp.101-112.
Bjork Robert A. (1988), « Retrieval Practice and the
Maintenance of Knowledge », in Practical Aspects of Memory
II, ed. Michael M. Gruneberg, London, Wiley, pp. 396-401.
Blair Margaret H. (2000), « An Empirical
Investigation of Advertising, Wearing and Wearout », Journal of
Advertising Research, November, 40, pp. 95-100.
Bob Garfield, The Chaos Scenario; Chronicles of the Media
Revolution (2005), Advertising Age, May 13, http://adage.com/.
Bornstein Robert F. (1989), « Exposure and Affect:
Overview and Meta-analysis of Research, 1968-1987 », Psychological
Bulletin, 106, pp. 265-289.
Brée J. (1996), « Le placement de produits
dans les films, une communication originale », Décisions
Marketing, 8, mai-août, pp. 65-74.
Campbell Margaret C. & Kirmani Amna (2000),
« Consumers' Use of Persuasion Knowledge: The Effects of
Accessibility and Cognitive Capacity in Perceptions of an Influence Agent
», Journal of Consumer Research, June, 27, pp. 69-83.
Christianson Sven-Ake & Loftus Elizabeth F. (1991),
« Remembering Emotional Events: The Fate of Detailed Information
», Cognition and Emotion, 5, 2, pp. 81-108.
Chung Seh-Woong & Szymanski Katrin (1997),
« Effects of Brand Name Exposure on Brand Choices: An Implicit Memory
Perspective », Advances in Consumer Research, 24, pp. 288-294.
Club James Bond France (2006), « Champagne
Bollinger », 31 juillet,
http://jamesbond007.net/hmtl/champagne.html.
Club James Bond France (2006), « Publicité
Aston Martin », 31 juillet,
http://jamesbond007.net/Publicite/pub36.html.
CNC, Centre National de la Cinématographie (2006),
« La vidéo » in. Bilan 2005, Dossier # 298,
Mai, p.1.
CNC, Centre National de la Cinématographie (2006),
« Le public du cinéma » in. Bilan 2005,
Dossier # 298, Mai, p.1.
Cohen Dorothy (1988), Advertising, ed. Glenview,
Illinois.
Commission Européenne, Représentation au
Luxembourg (2005), « Télévision Sans
Frontières : La Commission européenne propose des
règles modernisées pour les services de télévision
et de type télévisuel dans l'ère
numérique », Communiqué de presse, 13
décembre, http://europa.eu.int.
Commission Européenne, Société de
l'information et médias (2006), « Des règles
publicitaires modernes », Europa, Le portail de l'Union
Européenne, 05 août, http://europa.eu/index_fr.htm.
Cornwell T. Bettina, Relyea George E., Irwin Richard L.,
Maignan Isabelle (2000), « Understanding Long-term Effects of Sports
Sponsorship: Role of Experience, Involvement, Enthusiasm and Clutter »,
International Journal of Sports Marketing and Sponsorship, 2, pp.
127-143.
Cornwell T. Bettina, Weeks Clinton S., Roy Donald P. (2005),
« Sponsorship-linked Marketing: Opening the Black Box »,
Journal of Advertising, Summer, 34, 2, pp. 21-42.
Courbet Didier (2001), « Les
spécificités communicationnelles du parrainage
télévisuel, étude sémio-esthétique d'un
moyen de communication éminemment stratégique »,
Revue Française du Marketing, Janvier, n°181, pp.
29-39.
Courbet Didier (2000), « Les effets automatiques du
parrainage télévisuel sur la marque : étude de la
mésattribution de la familiarité, du transfert sémantique
et de l'influence des émotions déclenchées par le
programme », Recherche et Applications en Marketing, 15, 1,
pp. 39-61.
Dean Dwane Hal (2002), « Associating the Corporation
with a Charitable Event Through Sponsorship: Measuring the Effects on Corporate
Community Relations », Journal of Advertising, 31, pp. 77-87.
DeLorme Denise E., Mennicken Claudia & Aleff Hans-Joerg
(2000), « A Cross-cultural Comparison of Consumers' Perceptions and
Evaluations of Brand Placement in Motion Pictures », American
Marketing Association, Conference Proceedings, 11, pp. 27-34.
DeLorme Denise E. & Reid Leonard N. (1999),
« Moviegoer's Experience and Interpretations of Brand in Films
Revisited », Journal of Advertising, Summer, 28, pp. 71-95.
Des Roberts G. (1994), « Le placement de produits a
envahi le petit écran », L'actualité, 9 avril,
p. 9.
Elliott Stuart (1992), « Product Placement is Under
New Attack », The New York Times, September 2, 141, p. D4.
European Video Yearbook 2004 (2005), International
Video Federation, p. 11.
Fontaine Isabelle (2002), « Impact persuasif du
rôle accordé aux marques au sein de supports non publicitaires -
Le cas du placement de marques dans les films », 18ème
Congrès de l'Association Française du Marketing, Lille.
Fontaine Isabelle (2002), « Etude des
réponses mémorielles et attitudinales des spectateurs
exposés au placement de marques dans les films », Thèse
de doctorat, Université Paris IX - Dauphine.
Fontaine Isabelle (2001), « Le placement de marques
dans les films : apports du cadre théorique de la mémoire
implicite et proposition d'une méthodologie », Centre de
Recherche DMSP - Dauphine Marketing Stratégie Prospective,
n°287, Avril, pp. 1-17.
Fontaine Isabelle (2000), « Proposition d'un cadre
théorique pour l'étude de l'efficacité de la technique de
placement de produits dans les films », 16ème
Congrès de l'Association Française du Marketing,
Montréal.
Friedstad Marian & Wright Peter (1995), « The
Persuasion Knowledge Model: How People Cope with Persuasion Attempts »,
Journal of Consumer Research, June, 22, pp. 62-74.
Galician M. L. (2004), Handbook of product placement in
the Mass Media, editions The Haworth Press, Birghamon, New York.
Gould Stephen J., Gupta Pola B. & Grabner-Krauter Sonja
(2000), « Product Placement in Movies: A Cross-Cultural Analysis of
Austrian, French and American Consumer's Attitudes Toward This Emerging,
International Promotional Medium », Journal of Advertising, 29,
Winter, 4, pp. 41-58.
Goupta P. B. & Gould S. J. (1997), « Consumer's
Perceptions of the Ethics and Acceptability of Product Placements in Movies:
Product Category and Individual Differences », Journal of Current
Issues and Research in Advertising, 19, Spring, pp. 37-50.
Gwinner Kevin & Eaton John (1999), « Building
Brand Image Through Event Sponsorship: The Role of Image Transfer »,
Journal of Advertising, 28, pp. 47-57.
Heuer Friderike & Daniel Reisberg (1992), «Emotion,
Arousal, and Memory for Detail», in The Handbook of Emotion and Memory
- Research and Theory, ed. Sven-Ake Christianson, Hillsdale,
New-Jersey.
Jacoby Larry L. (1978), « On Interpreting the
Effects of Repetition: Solving a Problem versus Remembering a
Solution », Journal of Verbal Learning and Verbal Behavior,
December, 17, pp. 649-667.
Janiszewski Chris, Noel Hayden & Sawyer Alan G. (2003),
« A Meta-analysis of the Spacing Effect in Verbal Learning:
Implications for Research on Advertising Repetition and Consumer Memory
», Journal of Consumer Research, June, 30, 1, pp. 138-149.
Janiszewski Chris & Meyvis Tom (2001), « Effects
of Brand Logo Complexity, Repetition, and Spacing on Processing Fluency and
Judgment », Journal of Consumer Research, June, 28, pp. 18-32.
Janiszewski Chris (1993), « Preattentive Mere
Exposure Effects », Journal of Consumer Research, 20,
December, pp. 376-392.
Jeuxvideo.com (2006), « Les news
Jeuxvideo.com », 25 mars 2006,
http://www.jeuxvideo.com/news.htm.
Johar Gita Venkataramani & Pham Michel Tuan (1999),
« Relatedness, Prominence and Constructive Sponsor
Identification », Journal of Marketing Research, 36, pp.
299-312.
Kelman Herbert (1958), « Compliance, Identification,
and Internationalization: Three Processes of Attitude Change »,
Journal of Conflict Resolution, 21, pp. 51-60.
King Thomas R. (1993), « «Demolition Man»
Trades Tacos for Pizza Abroad », The Wall Street Journal,
December, 75, p. B1 & B9.
Kouli Joseph & Saad Gad (2000), « Le placement
de produits dans les films : une comparaison interculturelle France /
Etats-Unis », 16ème Congrès de l'Association
Française du Marketing, Montréal.
Lang Nancy (1990), « You Oughta Be in Pictures
», Beverage World, 109, April, p. 34-87.
Law Sharmistha & Braun Kathryn A. (2000), « I'll
Have What She's Having: Gauging the Impact of Product Placements on Viewers
», Psychology and Marketing, 17, December 12, pp. 1059-1075.
Lehu Jean-Marc (2005), « Le placement de marques au
cinéma : proposition de la localisation du placement à
l'écran comme nouveau facteur d'efficacité
potentielle », Décisions Marketing, 37, janvier-mars,
pp. 17-31.
Lehu Jean-Marc (2005), La Publicité est dans le
film - Placements de produits et stratégie de marque au cinéma,
dans les chansons, dans les jeux vidéo..., Editions d'Organisation,
pp. 11-25.
Lehu Jean-Marc (2001), « Le placement de produits,
hiérarchie des critères d'utilisation ou hiérarchie des
étapes ? Une étude exploratoire qualitative auprès
d'agents professionnels anglo-saxons », 4ème
congrès Paris-Venise des tendances marketing, 21-22 janvier 2005, p.
1-20.
Leinster Colin (1987), « A Tale of Mice and Lens
», Fortune, 116, September, pp. 126-127.
Lugrin Gilles (2002), « Quand la publicité
fait son cinéma : le product placement post-moderne »,
com.in magazine, le magazine des professionnels de la communication,
Septembre, n°60
(http://www.comanalysis.ch/ComAnalysis/Publication60.htm).
Lunghi Giovanni (2003), « Advertising's New Clothes
», Marketing Magazin, September 8,
http://www.mmportal.delo.si.
Magiera Marcy (1990), « Disney Plugs Up New
Film », Advertising Age, 61, October, p.8.
Marketing Communications (1981),
« Marketing Through Movies », 6, July, p.7.
Maslin Janet (1982), « The Art of Plugging Products
in the Movies », The New York Times, 132, November 15, p. C11.
McCracken Grant (1989), « Who is The Celebrity
Endorser? Cultural Foundations of the Endorsement Process », Journal
of Consumer Research, 16, pp. 310-321.
Médiamétrie (2002), « 75 000
Cinéma », enquête annuelle réalisée par
Médiamétrie.
Meenaghan T. (1991) « Sponsorship: Legitimising the
Medium », European Journal of Marketing, 25, pp. 5-10.
Ministère de la culture et de la communication,
Direction du développement des medias (2005), « Proposition de
directive du Parlement européen et du Conseil modifiant
la directive 89/55/CE (Directive TSF, "Télévision sans
frontières") du Conseil », Commission des
Communautés Européennes, 13 décembre, pp.7-28.
Morton & Friedman 2002
Nebenzahl I. D. & Secunda E. (1993),
« Consumers' Attitudes Toward Product Placement in Movies »,
International Journal of Marketing, 12, pp. 1-11.
Newell Stephen J., Henderson Kenneth V. & Wu Bob T.
(2001), « The Effects of Pleasure and Arousal on Recall of
Advertisements During the Super Bowl », International Journal of
Sports Marketing and Sponsorship, 1, pp. 32-47.
Olson Erik L. & Thjømde Hans Mathias (2003),
« The Effects of Peripheral Exposure to Information on Brand
Performance », European Journal of Marketing, 33, pp.
243-255.
Park C. Wham & McClung Gordon W. (1986), « The
Effect of T.V. Program Involvement on Involvement with Commercials », in
Advances in Consumer Research, vol. 13, ed. Ann Arbor, p. 544-548.
Petty Richard E., Cacioppo John T. & Schumann David
(1983), « Central and Peripheral Routes to Advertising Effectiveness:
The Moderating Role of Involvement », Journal of Consumer
Research, 10, September, pp. 135-146.
Reed J. D. (1989), « Plugging Away in
Hollywood », Time, 133, January 2, p. 103.
Russell Cristel Antonia (2002), « Investigating the
Effectiveness of Product Placements in Television Shows: The Role of Modality
and Plot Connexion Congruence on Brand Memory and Attitude », Journal
of Consumer Research, 29, December, pp. 306-319.
Ruth Julie A. & Simonin Bernard L. (2003),
« Brought to You by Brand A and Brand B: Investigating Multiple
Sponsors' Influence on Consumers' Attitude Toward Sponsored Events »,
Journal of Advertising, 32, pp. 19-30.
Schwarz Norbert, Kumpf Martin & Bussman Wolf (1986),
« Resistance to Persuasion as a Consequence of Inflence Attempts in
Advertising and Non-advertising Communications », Psychology: A
Quaterly Journal of Human Behavior, 23, pp. 72-76.
Shapiro M. (1993), « Product Placement in Motion
Pictures », these de communication, Northwood University.
Shapiro Stewart, MacInnis Deborah J., Heckler Susan E. et
Perez Ann M. (1999), « An Experimental Method for Studying Unconscious
perception in a Marketing Context », Psychology and Marketing,
16, 6, September, pp. 459-477.
Sharkey Betsy (1988), « How Many Noticed Sanka in
«Dundee II»? CinemaScore Polls Moviegoers », Adweek's
Marketing Weeks, 29, June 20, pp. 33-34.
Söderlund Magnus (2002), « Customer Familiarity
and Its Effects on Satisfaction and Behavorial Intentions »,
Psychology and Marketing, 19, pp. 861-880.
Solomon Michael R. & Englis Basil G. (1994), «Reality
Engineering: Blurring the Boundaries Between Commercial Signification and
Popular Culture», Journal of Current Issues and Research in
Advertising, 16, 2, Fall, pp. 1-17.
Steortz Eva Marie (1987), « The Cost Efficiency and
Communication Effects Associated with Brand Name Exposure Within Motion
Pictures », these de master en communication, West Virginia University.
Tavassoli Nader T., Schultz Clifford J. & Fitzsimmons
Gavan J. (1995), « Program Involvement: Are Moderate Levels Best for
Ad Memory and Attitude Toward the Ad? », Journal of Advertising
Research, 35, pp. 61-72.
Zajonc Robert B. (1968), « Attitudinal Effects of
Mere Exposure », Journal of Personality and Social Psychology,
Monograph Supplement, 9, pp. 1-27.
ECOLE SUPÉRIEURE
DES SCIENCES COMMERCIALES D'ANGERS
1 rue Lakanal, BP 348 - F - 49003 ANGERS CEDEX 01
Tel +33 2.41.73.47.47 - Fax +33 2.41.73.47.48
ÉTABLISSEMENT D'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
PRIVÉ
* 1 Indice permettant
d'évaluer le coût d'un investissement publicitaire pour atteindre
mille individus.
|