Problématique de la fondation épistémologique des sciences de la culture chez Ernst Cassirer( Télécharger le fichier original )par Marcellin Tibérius KALOMBO MBUYAMBA Université catholique du Congo - Master 2011 |
II.3.2. Subsumption dans les sciences de la culture. Cas de la RenaissancehistoriqueAu moment où la subsumption dans les sciences de la nature s'effectue dans le cadre où le particulier est subordonné au général, les concepts de forme et de style dans les sciences de la culture, sont caractérisés par une curieuse imprécision qu'on ne peut pas tolérer. Dans ces sciences, la subsumption des particuliers sous le général, ne peuvent jamais épuiser le particulier ; le particulier ne correspond jamais complètement au général, c'est-à-dire qu'il n'est jamais une pure valeur de position.174(*) Ainsi, le particulier est ordonné/coordonné par le général175(*). Mais, il ne peut pas être de la même manière comme dans les sciences de la nature de subordonner à lui. Pour illustrer cette thèse, Ernst Cassirer évoque Jacob Burckhardt, dans son ouvrage Culture de la renaissance où il a tracé le portrait classique d'un homme de renaissance. Pour lui, l'homme de la renaissance présente les caractéristiques qui le distinguerait de l'homme du moyen-âge : il est marqué par sa sensualité, son penchant pour la nature, son enracinement dans l'ici-bas, son ouverture d'esprit à l'égard du monde plastique (l'art), son individualisme, son paganisme, son amoralisme176(*)... Par ailleurs, les recherches faites à propos de cet homme nous laissent entrevoir que cet homme n'existe pas : il est idéal. Au cours de l'histoire, aucun homme n'a été trouvé remplissant les caractéristiques burckhardtiennes de l'homme de renaissance. Ainsi, une question mérite d'être posée : le concept de Burckhardt est faux et non existant ? La réponse à cette question nous renvoi à deux approches : l'une est logique et l'autre est empirique. Du point de vue logique, nous devons le considérer comme une rubrique vide sous laquelle aucun objet ne vient se ranger. Du point de vue empirique, ce concept ne saurait résister à l'épreuve s'il s'agissait par exemple de la vérifiabilité et de la testabilité. Alors, que retenir de la subsumption dans la renaissance historique ? Burckhardt s'est appuyé sur un matériau considérable, différent de celui des sciences de la nature, l'espace de synopsis qu'il fait, la synthèse historique est différente de l'établissement empirique des concepts dans les sciences de la nature. En plus, il s'agit d'abstraction, l'on se référera à l'abstraction idéifiante de Husserl.177(*) Il s'ensuit que, à partir de l'abstraction idéifiante dans la phénoménologie husserlienne, les résultats obtenus ne doivent pas être d'un seul cas concret. Donc, la subsumption ici ne doit pas se faire à la manière des sciences de la nature qui ont utilisé le concept de l'or. Ce qui importe ici, c'est que tous les hommes sont les uns avec les autres dans un certain rapport idéel : chacun d'entre eux participe à sa manière à édifier ce que nous appelons l'esprit ou la culture de la renaissance.178(*) Ainsi, ces individus forment un ensemble, non parce qu'ils sont identiques les uns aux autres, mais parce qu'ils participent à une tâche commune. C'est d'édifier l'esprit de la renaissance. C'est pourquoi, l'unité dont il s'agit ici est d'ordre de direction ou d'esprit (einordnen)179(*) et non d'être comme dans les sciences de la nature. Ce que nous pouvons retenir dans le principe de la subsumption dans les sciences de la nature et les sciences de la culture est que, dans les sciences de la nature, le particulier se subordonne au général et il y a une unité de l'être, tandis que dans les sciences de la culture, le particulier s'ordonne au général et il y a une unité d'esprit ou de direction. Par ailleurs, l'analyse de la logique de subsumption ne permet pas vraiment une distinction entre les sciences de la nature et les sciences de la culture, la grande distinction se situe dans la couche primitive la plus originaire, dans les phénomènes de la perception. * 174 Ib. O.C., p.119 * 175 E.CASSIRER., Logique des sciences de la culture, p.173 * 176 E.CASSIRER., O.C., p.159 * 177 E.CASSIRER., O.C., p.160 * 178 E.CASSIRER., O.C., p.160 * 179 Ib. O.C., p.161 |
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