Eléments d'une philosophie de l'espace chez Ernest Cassirer( Télécharger le fichier original )par Marcellin Tibérius KALOMBO MBUYAMBA Université catholique du Congo - Diplôme d'études approfondies 2012 |
I.1.2. PlatonIl est connu que, Platon est considéré dans la tradition de l'histoire de la philosophie comme un idéaliste, à partir de sa théorie des idées ou de deux mondes. Concernant la question de l'espace, il pense qu'il est illimité en référence aux atomistes. Dans Timée5(*), il expose sa théorie de l'espace et identifie le monde des corps physiques avec celui des formes géométriques. Il reprend les quatre éléments fondamentaux de la construction de l'univers selon l'approche présocratique : il y a l'eau, le feu, l'air et la terre. Platon reprend cette conception atomiste et montre que ces éléments constitutifs n'ont des formes qu'à partir des atomes. « On peut donc parler d'atomes identiques avec quatre des cinq célèbres corps connus sous le nom de corps platoniciens : le pyramide, le cube, l'octogone, le dodécagone et l'icosaèdre ».6(*) En analysant ces corps, Platon attribue la figure de l'icosaèdre à l'eau parce que l'eau se présente souvent comme une difficile mobilité. La terre est attribuée la forme cubique à cause de son caractère immuable. Le feu a la forme de l'octaèdre et de pyramide, à cause de sa mobilité facile. Et, l'univers (éther) entier est identifié au dodécaèdre avec ses limites dont chacune correspond à une étoile. En plus, Platon insiste le principe de la transmutation de la matière, c'est-à-dire que, un élément peut se transmuer à un autre élément. Le cas des atomes de l'eau peuvent se composé des atomes d'air et du feu. Ainsi de suite. Ne perdons pas de vue que la conception platonicienne de la géométrie était son projet de longue à haleine au point d'afficher au fronton de son académique : « que nul n'entre ici s'il n'est géomètre ». Par ailleurs, Aristote associe la question des l'espace à sa théorie du mouvement et du lieu. Fig.17(*) I.1.3. AristoteChez Aristote, la question de l'espace est liée à sa théorie du mouvement. Car, « Les choses ne sont donc pas seulement sensibles ou tangibles, elles sont également mobiles : c'est pourquoi l'étude de la nature se rapporte au mouvement »8(*). Dans la perspective aristotélicienne, l'espace est appréhendé à partir de la notion du lieu. Dans ce sens, « le lieu est considéré comme une enveloppe immobile d'un corps »9(*). Chez Aristote, il n'y a pas de vide, l'espace est la somme de tous les lieux occupés par nos corps. C'est ainsi que le mouvement est identifié au changement des lieux : « les charrettes, qui étaient tirées par les ânes, demeuraient statiques quand les ânes étaient fatigués ; les bateaux qui étaient poussés par les hommes contre le courant d'eau et qui se renversaient si les bateliers lâchaient les câbles»10(*). Il s'ensuit que, le mouvement chez Aristote désigne le changement, c'est-à-dire la modalité par laquelle quelque chose va à son accomplissement, dans le cadre du cheminement qui mène de la puissance à l'acte. Comme le mouvement se produit dans l'espace, ce dernier est substantiel et que le temps n'existe qu'en vertu de l'espace dont il est la mesure. Dans son traité sur Du Ciel, Aristote soutient l'idée que la notion de l'espace est due suite au volume des corps. Les corps terrestres se meuvent en ligne droite et les corps célestes en cercles. Les corps lourds descendent, tandis que les corps légers montent. Il conclut que, ces mouvements sont pour eux naturels. Par contre, il n'est pas naturel pour un corps lourd de monter, pour un corps léger de descendre. Selon Aristote, l'espace se confond avec le cosmos lui-même. Le cosmos est très hiérarchisé et se compose de deux zones séparées : la terre et les cieux. La frontière entre les deux correspond à l'orbite de la lune, si bien qu'Aristote parle du monde sublunaire et du monde supra lunaire. Pour Aristote, le monde sublunaire est changeant, il est soumis à la contingence et au hasard. Dans le monde supra lunaire, il ya l'existence des corps célestes qui le peuplent et sont formés d'un cinquième élément, l'éther. Leurs trajectoires sont des cercles en toute éternité. Concernant l'espace géométrique, Aristote pense qu'il est « non homogène et son anisotrope »11(*). Il s'ensuit que, l'idée de l'espace absolu amorçait par les atomistes était restauré au XVIIe siècle par Gassendi et continuée par Newton. * 5 PLATON, OEuvres complètest2, Bibliothèque de la pléiade, Paris, Gallimard, 1977, p.473-480, cité par AKENDA, dans Epistémologie structuraliste et comparée. Tome1 les sciences de la culture, Kinshasa, Facultés Catholiques de Kinshasa, 2004, p.141. * 6 J .C.AKENDA, O.c., p.141. * 7 De gauche à droite et de haut en bas : le pyramide, le cube, l'octogone, le dodécagone et l'icosaèdre. * 8 A. KREMER-MRIETTI, Philosophie des sciences de la nature, Paris, L'Harmattan, 2007, p.58. * 9 ARISTOTE, Physique IV, 11,220 a 5, cité par A. KREMER, O.c., p.60. * 10 ARISTOTE, O.c., cité par AKENDA, dans O.c., p.142. * 11 B. BACHELET, L'espace, Paris, P.U.F, 1998, p.44. |
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