Le rôle de l'Armée dans la pacification des nations. Cas de la RDC et du Rwanda( Télécharger le fichier original )par Dieu Merci BYANGOY Université de Lubumbashi - Licence en relations internationales 2011 |
§ 2. Armée, instrument de maintien de la paix (OMP)
L'ONU ne disposant donc pas de troupes permanentes, les OMP sont des forces destinées aux opérations entreprises au coup par coup et de façon plus ou moins empirique, sous le pavillon de l'Organisation. Dans ces conditions le terme OMP correspondra à un terme global comprenant à la fois le soutien militaire aux initiatives diplomatiques, l'engagement des observateurs et de moniteurs, les actions traditionnelles de maintien de la paix, le déploiement préventif, l'assistance humanitaire, la protection et la distribution de secours, la mise en oeuvre des sanctions et l'imposition de la paix. De même, sera également considérée comme opération de maintien de la paix, toute action qui consiste en la prévention, la limitation, la modération et la cessation d'hostilités internes ou entre Etats par l'intervention d'un tiers, dirigées par des éléments internationaux, utilisant des forces militaires, policières et civiles multinationales, pour maintenir, rétablir, consolider et le cas échéant imposer la paix59(*) Au total, le maintien de la paix englobe des situations de prévention, de « rétablissement de la paix 60(*) », « d'imposition de la paix 61(*)» et de « consolidation de la paix 62(*)». Dans ce cadre, la prévention militaire a pour mandat d'éviter que les différends ne surgissent entre les parties, d'empêcher qu'un différend existant ne se transforme en conflit ouvert et, si un conflit éclate, de faire en sorte qu'il ne s'étende pas. La relance de l'ONU observée lors de la crise du golf en 1990 par l'autorité nouvelle du Conseil de Sécurité (CS) s'est accompagnée d'une évolution rapide de la nature des OMP. Ce phénomène s'est traduit par l'utilisation du vocable de `' Générations d'OMP''. C'est ainsi qu'on distingue : - Les OMP dites de `'Première Génération'' encore appelées maintien de la paix traditionnel, instrument aux ambitions modestes qui a été rarement utilisé, à peine 13 fois au cours des 45 premières années d'existence de l'ONU63(*) ; et - les OMP de `'Deuxième génération'' apparues dès la fin des années 80 et caractérisées par une expansion remarquable tant sur le plan quantitatif (avec un accroissement de leur nombre dû aux multiplications des conflits dans le monde ayant caractérisé la période d'après guerre froide) que sur le plan qualitatif (avec une complexité de plus en plus grande des missions des soldats de la paix) qui intègre également des ambitions plus grandes et des risques (dangers) plus marqués64(*)
La décennie 1990, marquée par la chute du mur de Berlin, et la fin de la guerre froide a donné lieu à un reprofilage des engagements internationaux en vue du maintien ou de la restauration de la paix et la sécurité sur les terrains instables du continent. En effet, l'écroulement de la menace soviétique sur les espaces d'influence des puissances occidentales en Afrique est allé de paire avec la réduction drastique des interventions militaires occidentales. Ce changement s'est ainsi opéré en donnant lieu simultanément à une multiplication d'initiatives et résolutions visant une plus grande responsabilisation des Gouvernements et armées africaines dans la gestion des crises sur le Continent. De cette mutation contextuelle, qui a eu la particularité d'inviter ou même de « contraindre » l'Afrique à prendre conscience de ces obligations (face au vide créé par le retrait des interventions sécuritaire occidentales et devant l'accentuation du défi de la paix et de la sécurité), il en a résulté un renforcement des prérogatives et des actions des Organisations régionales et sous-régionales africaines dans la conduite des opérations de maintien de la paix, mettant prioritairement à contribution les armées africaines. C'est tout le sens des innovations profondes observées depuis près d'une décennie dans la restructuration et le renforcement des compétences de l'organisation panafricaine (UA), pour la gestion des questions de paix et de sécurité sur le continent. Le rôle majeur qui incombe désormais au Conseil de Paix et de Sécurité de l'UA, qui adopte des résolutions et instruit des actions avec le soutien de l'ONU, témoigne de la responsabilité accrue qui est celle des Etats africains, qui sont individuellement interpellés à un engagement plus fort en faveur de l'appui aux initiatives politiques et militaires utiles à la préservation de la paix sur le continent. Cette logique de responsabilisation des africains a également présidé aux mutations profondes observées dans le fonctionnement des organisations sous-régionales, de plus en plus dynamiques dans la gestion des conflits 65(*); au même titre qu'il a déterminé l'avènement des multiples programmes de renforcement des capacités des armées africaines dans la conduite des missions de paix.66(*) Ø Notion de paix et de sécurité Les notions de Paix et sécurité, sont indissociables et complémentaires. La paix : La Paix fait référence à des notions de tranquillité, de sérénité, de quiétude pour un individu et pour une population. Pour un Etat, être en Paix, c'est n'être pas en situation de guerre. On se rend compte ainsi que la paix a laquelle peuvent aspirer les populations n'est pas seulement l'absence de guerre, la paix est étroitement liée a une notion de sécurité et de progrès. La sécurité : La notion de sécurité comporte plusieurs aspects ; La sécurité nationale : a été la première préoccupation des Etats au lendemain des Indépendances. Elle implique une conception basée sur des préoccupations de souveraineté, il s'agit d'assurer la protection de l'Etat, de la Nation toute entière. La sécurité collective : c'est « la sécurité de tous assurée par tous », elle fait référence encore une fois a des Etats qui peuvent mettre en commun leurs moyens ou conclure un Pacte pour assurer leur sécurité face a une agression extérieure ou a un danger interne (rebellions). Il s'agit là d'une sorte d'Union sacrée pour la défense commune. Cette notion de « sécurité collective » fait également référence à des notions de développement et de prospérité, on parle ainsi de « sécurité alimentaire ». « Il n'y a pas de loi pour celui qui a faim »- proverbe africain. La sécurité humaine est une notion qui place l'individu au centre des préoccupations. Cette notion et son développement récent, montre que les dirigeants ont compris que la Paix et la stabilité ne sont pas possibles sans que soit assurée une certaine sécurité aux populations. Chacun a le droit de vivre dans un environnement qui lui garantisse un minimum de sécurité, de libertés, et de bien-être. Les Etats Africains à travers l'UA reconnaissent et incluent désormais ces 3 notions dans leur perception de la Paix et de la Sécurité en Afrique. Ainsi, l'Union Africaine traite de la « sécurité humaine » en ces termes : « Les causes des conflits inter-états exigent qu'on accorde une nouvelle importance à la sécurité humaine basée non seulement sur des valeurs politiques mais aussi sur des exigences sociales et économiques... » Les Etats proclament dans l'Acte constitutif de l'Union Africaine : « Conscients du fait que le fléau des conflits en Afrique constitue un obstacle majeur au développement socio -économique du continent, et de la nécessité de promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité, comme condition préalable à la mise en oeuvre de notre agenda dans le domaine du développement et de l'intégration » (Acte constitutif de l'UA -Préambule). Ils se fixent pour objectif prioritaire de « promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité sur le continent » (Art.3 acte constitutif). Le pacte de non agression et de défense commune de l'Union Africaine du 31 janvier 2005 stipule en son article 3 point c : Toute agression ou menace d'agression dirigée contre l'un quelconque des Etats membres constitue une menace ou une agression contre l'ensemble des Etats membres de l'Union » (Art.3 c). Il n'y a pas de paix sans sécurité mais il n'y a pas de sécurité sans la Paix. * 59 Lieutenant colonel Louis Marie Kouna, « les opérations de maintien de la paix genèse, développement et complexité » in honneur et fidélité numéro spécial `' force de défense au service de la paix en Afrique et dans le monde'', 20 mai 2005 * 60 Le rétablissement de la paix vise à rapprocher des parties hostiles, essentiellement par des moyens pacifiques prévues par la diplomatie classique visée dans le chapitre VI de la Charte des nations unies. * 61 L'imposition de la paix est une action collective, coercitive qui peut être déclenchée par le conseil de sécurité en vue de mettre fin à une menace à la paix et à la sécurité internationale ou à une rupture de la paix au moyen d'éventail de mesures allant de la démonstration de la force( mesure de blocus, sanctions économiques) à l'emploi effectif de la force(action armée). * 62 La consolidation de la paix définit l'action menée après les conflits, en vue de reconstituer des bases propres à affermir la paix. En effet le passage de la guerre à la paix, s'il constitue un soulagement évident est toujours chaotique et douloureux. Depuis la chute du mur de Berlin, la communauté internationale tente, à travers l'action humanitaire, la présence militaire et la promotion de la justice pénale internationale d'accompagner les pays qui sortent de la guerre, présageant que c'est le meilleur moyen pour que la paix soit durable. * 63 Louise Fréchette, « grandeur et misère du maintien de la paix » in S/D Jocelyn Coulon, guide du maintien de la paix 2005, Athéna édition, 2008, page52 * 64 Les missions de paix sont appelées à aller au-delà de faire respecter un cessez-le feu. Leurs mandats comprennent généralement toute la gamme des activités nécessaires à la reconstruction des sociétés déchirées par la guerre. En termes de dangerosité il convient de tenir compte qu'on déploie les contingents dans des environnements peu réceptifs à leur présence. * 65 Il convient à cet égard de rappeler les rôles déterminants joués par les forces ouest africaines d'interposition dans les conflits de Sierra Léone, du Libéria,..., l'implication active des forces FOMAC et FOMUC d'Afrique Centrale dans le maintien de la paix en RCA etc. * 66 Programmes proposés par les États-Unis (Africa Crisis Response Initiative -ACRI- créé en 1996 et devenu en 2002 African Crisis Operations Training Assistance - ACOTA-), la France (avec le Renforcement des Capacités Africaine de Maintien de la Paix -RECAMP-), la Grande Bretagne, et autres programmes financés par l'UE, le Japon, le Canada... |
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