Le rôle de l'Armée dans la pacification des nations. Cas de la RDC et du Rwanda( Télécharger le fichier original )par Dieu Merci BYANGOY Université de Lubumbashi - Licence en relations internationales 2011 |
SECTION II : ARMÉE COMME INSTRUMENT DE DISSUASIONv La sécurité par dissuasion Les dirigeants idéalistes penchent a priori pour la sécurité par la conciliation, tandis que les réalistes ont plutôt tendance à s'en remettre à la dissuasion. La condition déterminante du succès d'une politique de sécurité par apaisement est le caractère satiable de la puissance révisionniste ou l'aspect limité des objectifs. En effet, le succès d'une politique de conciliation « dépend de la volonté ou de la capacité des antagonistes de trouver un terrain d'attente. Dans le cas ou les antagonistes sont en permanence agressifs et sans espoir de conciliation, une politique de pure dissuasion devient la politique rationnelle. Dans ce cas, la conciliation n'est pas seulement peu indiquée mais positivement dangereuse, elle encourage l'existence des nouvelles concessions, d'une part, et de l'autre part, elle renforce l'adversaire potentiel qui devrait au contraire être affaibli ».31(*) La sécurité est celle qui prend son partie de la conjonction entre l'hostilité et la force, une conjonction d'autant plus courante que l'accommodement est rare et que la suppression de la force, par négociation ou guerre, l'est autant. Place le plus souvent devant un fait accompli de H+F, l'adversaire n'a plus qu'à jouer sa sécurité sur O, en ôtant à l'ennemi de recourir rationnellement à ses forces armées. Alors que la sécurité par la guerre ou le désarmement est la sécurité par la suppression de capacité de contrainte elles- mêmes, la sécurité par la dissuasion vise seulement à empêcher qu'il soit fait d'une capacité dont l'existence elle- même n'est pas mise en cause. Le recours aux forces armées est empêché par la création d'un rapport de force tel qu'il rend ce recours irrationnel, du fait de la perspective ce couts égaux ou supérieurs à la valeur de l'enjeu. Les fondements psychologiques et matériels de la sécurité par dissuasion sont donc respectivement la rationalité de l'adversaire et l'existence d'un rapport de forces propre à dissuader un acteur rationnel. En somme, la dissuasion repose sur la rationalité de l'agresseur potentiel. Cette rationalité met en balance les coûts que l'agresseur en puissance aura probablement à subir s'il met ses intentions à exécution et la valeur qu'il attribue à l'enjeu qu'il convoite.32(*) Dissuasion nucléaire, dans les relations internationales, terme désignant une stratégie qui vise à décourager toute possibilité d'action hostile de la part d'une puissance ennemie. Une stratégie de dissuasion réussie implique qu'on puisse mettre l'agresseur potentiel dans un certain état d'esprit. Un tel effet peut être obtenu soit en convainquant l'agresseur que son attaque échouera -- « dissuasion par déni » -- ou que le prix du succès sera très élevé -- « dissuasion par punition ». La punition peut être infligée, ou le prix exigé, soit en organisant une défense efficace, soit en lançant une riposte. La possibilité de parvenir à une situation de dissuasion est présente dans toute situation d'équilibre militaire relatif et ne constitue en aucune façon un phénomène moderne. C'est cependant l'apparition des armes nucléaires qui a conféré une place centrale à la dissuasion dans le domaine de la réflexion stratégique. Plusieurs caractéristiques des armes nucléaires sont à l'origine de ce phénomène : · une défense efficace contre une attaque nucléaire massive étant pratiquement impossible, la sécurité ne peut être assurée qu'en empêchant une première attaque ; · l'efficacité destructrice des armes nucléaires permet de punir toute agression par une riposte aussi efficace ; · la destruction occasionnée par une riposte nucléaire peut être d'une telle ampleur qu'elle annule tout avantage produit par l'attaque initiale. Ces considérations propres à toute stratégie de dissuasion furent renforcées durant la guerre froide par le fait que les puissances de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) disposaient d'un arsenal nucléaire important tout en se considérant inférieures sur le plan de l'armement conventionnel. Par conséquent, la menace de riposte nucléaire semblait un bon moyen de dissuader toute agression, conventionnelle autant que nucléaire. Sous la présidence de Charles de Gaulle, la France adopta pour sa part une politique nationale de dissuasion, dite « du faible au fort ». Au fil du temps, on s'aperçut que la dissuasion nucléaire présentait des difficultés. Elle ne pouvait fonctionner que si la menace de riposte était crédible. La crédibilité requérait à la fois une capacité matérielle reconnue de riposter et une volonté affichée de le faire. On s'efforça alors de rendre les capacités de riposte invulnérables à une « première frappe », par des dispositifs comme l'installation de missiles dans des silos blindés ou dans des sous-marins cachés, pour garantir une « deuxième frappe ». Des divergences apparurent concernant la crédibilité politique voire de la légitimité morale d'une riposte nucléaire en cas d'attaques conventionnelles, même limitées. Certains stratèges avancèrent qu'il n'était souhaitable d'avoir recours à la menace de riposte nucléaire que si les attaques étaient elles-mêmes nucléaires, en d'autres termes, d'adopter une politique de « non-recours en premier » à l'arme nucléaire. Aujourd'hui, si le rôle des armes nucléaires dans la sécurité internationale fait l'objet de nouveaux débats, le principe même de la dissuasion demeure au centre de la réflexion stratégique.33(*) * 31 E. LUARD: cite par Mulamba N.: Conciliation and deterrence. Comparison of biotical strategies in interwar and postwar periods, Wolds politics, XIX, 2 janvier 1967, P. 177 * 32 MULAMBA NGELEKA : Cours de Géostratégie L1 R.I, /UNILU, 2009-2010, inédit * 33 "Dissuasion nucléaire." Microsoft Encarta, op.cit |
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