Conclusion
Nous avons constaté que même en l'absence de
probabilité, il est toujours possible d'estimer le risque. Sans rentrer
dans un antagonisme, nous pouvons poser des probabilités qu'elles soient
objectives ou subjectives.
La théorie de l'assurance s'inscrit dans le cadre de la
théorie des choix en avenir incertain probabilisable et objectif car
elle repose sur des données statistiques non seulement fiables mais
aussi particulièrement abondantes en assurance vie.
Nous sommes arrivés à la conclusion que les
personnes s'assurent pour deux raisons, qui sont la prévoyance et
l'épargne ; même si au sens large, ces deux raisons sont
analogues, tels des contrats temporaires décès, vie
entière, ou les contrats prévoyances tels l'assurance emprunteur
qui verse le capital restant dû, du prêt en cas de
décès.
Aussi, l'épargne retraite produit des types de rentes
viagères pour des contrats individuels ou collectifs, toujours
calculés par les tables de mortalité, et garantis a un taux
d'intérêt technique. Dans ce cas, l'assureur garantit à
l'assuré une performance annuelle minimale de son épargne (Taux
Minimum Garanti). Celle-ci augmentée de la participation aux
bénéfices. Ce type de contrat est structurellement peu
risqué en raison de la garantie de taux et de la faculté de
rachat. Ils sont essentiellement investis en obligations, dans le but de se
protéger d'une baisse des marchés financiers tout en se
constituant une épargne progressive, le but étant toujours de
créer un produit innovant qui puisse offrir un rendement
supérieur, tout en étant moins risqué.
D'où la nécessité d'avoir des tables de
mortalité algérienne qui présentent un taux de
mortalité supérieur à celui de la table Tv88-90 de ce fait
une sous-évaluation des primes, sans oublier le côté
pratique de l'utilisation d'une modélisation paramétrique, tel
que le modèle Makeham, et d'estimer les paramètres de cette
dernière et d'aboutir à une loi qui modélise la
mortalité de la population algérienne ; nous utiliserons
éventuellement cette dernière pour le calcul des provisions
mathématiques.
Il reste important d'estimer non seulement la population
générale mais encore plus important d'estimer la population de
l'assuré, car cette dernière diffère sensiblement de la
population générale. Il est d'une importance cruciale, d'avoir le
plus d'informations sur la population assurée qui nous permet
d'évaluer le portefeuille de contrat d'une compagnie d'assurances mais
l'appréciation d'un portefeuille de contrats ne s'arrête pas au
montant des primes.
Il faut aller au-delà d'une vision unidimensionnelle
qui considère le montant des primes pour qualifier un portefeuille de
contrats, car si les primes représentent le montant
généré par la production, ce sont les contrats qui sont
à l'origine de ces dernières. Ce qui ressort de notre
étude, c'est que l'assurance voyage reste au premier plan, que ça
soit d'un point
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de vu de montant ou bien d'un point de vue de nombre de
contrats cela s'explique par le fait que cette dernière est
obligatoire.
Les outils actuariels aident la compagnie d'assurances
à fixer le montant des primes d'assurances sur la base
d'éléments et de paramètres qui sont incertains. De ce
fait une activité qui au départ semble simple, apparentée
à celle d'une entreprise vendant des produits (d'assurances), et visant
à faire un profit, dans le cadre d'une compagnie d'assurances cela est
plus complexe, car le risque est à la base de ce produit ; de ce fait
tous les autres éléments, doivent s'y adapter.
Les modèles que nous utilisons, n'ont pas de limite ;
seule l'erreur qu'ils génèrent désigne un bon d'un mauvais
modèle. Dans ce cadre, nous pouvons dire que le risque est partout et
concerne aussi bien les individus que les entreprises. C'est la raison pour
laquelle aujourd'hui, il est impensable de gérer une compagnie
d'assurances sans recourir, de façon systématique, à des
études de modélisation du risque en amont et en aval.
L'anticipation des coûts de gestion liés à
la production, ainsi que la maitrise des risques du portefeuille
d'assurés reste une condition certaine dans l'activité de
l'assureur. Elle ne peut être envisageable sans ces prérequis.
Aussi une projection dans la conception de produit d'assurance doit se faire au
préalable du lancement d'un nouveau produit d'assurance, et cela tout en
considérant les spécificités liées à
l'activité de l'assurance. Cette projection des flux futurs (primes), et
des risques encourus reste primordiale pour la compagnie d'assurance.
Dans le cadre du lancement d'un nouveau produit, nous
recommandons une étude en amont et en aval, c'est-à-dire une
projection de tous les éléments étudies dans notre
présent mémoire et cela avant tout lancement du produit, avec en
premier lieu une étude qui porterait sur le besoin client, la population
ciblée, l'étude des garanties, la définition du risque et
les réserves, pour pouvoir tarifier le produit d'assurances.
C'est le rôle de l'actuaire produit, qui a pour mission
la conception et la tarification du produit. Nous pourrons ainsi dire que pour
la compagnie d'assurances l'actuaire est tel un alchimiste concevant des
produits d'assurances, qui s'adaptent à une demande d'une
clientèle toujours plus exigeante, estimant les risques, ainsi que les
réserves de ces produits d'assurance, s'accommodant de contraintes
réglementaires toute en étant rentables.
L'assurance de personnes est sujette à un certain
nombre de risques sans compter celui, prédominant à son
activité. Nous avons vu que ces risques ne sont pas cloisonnés,
par chaque direction de la compagnie d'assurances, mais liés entre eux ;
ce qui nous oblige à avoir une vision plus globale de la compagnie
d'assurances.
Ce qui nous amène à établir les risques
non pas comme des éléments indépendants mais comme un
ensemble régi par un mécanisme transversal aux différentes
directions qui consiste en la gestion du risque, ainsi qu'une stratégie
formulée par la direction générale, et
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adoptée par toutes les structures de la compagnie
d'assurance. L'assurance vie réside dans l'optimisation de ce
mécanisme, l'économie du risque apparaît essentiellement
comme duale. D'un côté, une théorie, abstraite,
réductrice, fortement mathématisée. De l'autre, des
études éparses sans véritable unité
conceptuelle.
Pour autant, ce n'est pas une économie de
théoriciens confrontée, à une économie de
praticiens, il existe des praticiens du calcul stochastique dans l'assurance,
la finance, la recherche opérationnelle. L'assurance de personnes
particulièrement les compagnies du secteur privé devront
être considérées, comme des laboratoires car elles usent de
techniques de méthodes pointues, dont le secteur public peut ou pourrait
s'inspirer.
En offrant une perspective historique l'extension, de la
désignation du mot "risque", très spécifique à
l'âge classique, est désormais universellement prévalente.
Nous avons également essayé de montrer les outils du calcul
avaient connu une évolution remarquablement voisine, et voient, leur
utilisation se répandre dans de nouveaux domaines.
Toutefois, l'approche statistique de la question permet enfin
de traiter le risque de manière purement probabiliste. Cependant l'usage
du calcul doit être distancié et certainement accompagné
par une réflexion sur le statut épistémologique de la
probabilité et des théories de la décision.
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