1.5 Limite des outils de 1re génération
a) Cas où l'approche statique est
inadaptée
D'une façon générale, l'approche
statique privilégiée par les outils de 1re
génération introduit des distorsions dans la perception des
risques :
> D'une part, elle ne prend pas en compte les
bénéfices générés par les versements futurs
ou par l'activité de production des futurs contrats. Ceci peut sembler
conforme au principe de prudence comptable, mais nous ne sommes pas ici dans
l'optique de l'enregistrement du passé, mais bien dans celle de
l'analyse prospective de l'équilibre du bilan.
> D'autre part, l'approche statique
sous-évalue ou ignore entièrement certains risques financiers
associés, non pas aux stocks d'épargne
déjà constitués, mais aux versements futurs
effectués sur les contrats existants.
Dans ce cas (très fréquent), les
caractéristiques de l'actif constitué face au contrat vont
être modifiées en fonction du niveau et du contexte financier des
versements futurs. En particulier, les versements effectués par les
clients dans un contexte de baisse des taux auront pour effet de diminuer le
rendement global des portefeuilles obligataires.
b) Limitation au seul risque de
taux
Lorsque les contrats d'assurance étudiés
relèvent bien de l'analyse statique, les outils de 1re
génération proposent une approche simple et
compréhensible, mais entièrement focalisée sur le risque
de taux. A la limite, la recherche tend à réduire la question de
l'adéquation actif-passif, à la sensibilité de la Valeur
Actuelle Nette (VAN) au risque de taux.
Cette analyse est pertinente s'il est possible d'assimiler
actifs et passifs à des échéanciers de taux fixe ; ce qui
peut être envisagé pour une activité d'assurance
limitée aux produits les plus simples (bons d'épargne vie ou bons
de capitalisation), et dont les placements seraient effectués presque
exclusivement en obligations.
Les risques liés au comportement de la
clientèle, notamment en matière d'exercice des options
cachées, ne peuvent pas être décelés ou
traités par les outils de 1re génération. Les
risques de marché non directement liés aux taux obligataires
(risque boursier ou immobilier, risque d'inflation) ne peuvent pas être
non plus analysés par ces outils.
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Chapitre II : Réassurance & Gestion
actif-passif
c) Inadaptation aux passifs des assureurs vie
La recherche d'immunisation du risque de taux est
fondée sur un concept mathématique : la sensibilité ou la
duration du passif. Mais en toute rigueur. La duration n'est définie que
pour des séries de flux financiers fixes et indépendants des
taux.
Or les engagements des assureurs vie ne présentent que
rarement cette caractéristique de fixité. On peut, certes,
définir une sensibilité locale du passif aux petites variations
de taux, en faisant l'hypothèse que de faibles variations ne peuvent pas
modifier le comportement de rachat ou de prorogation de la clientèle. Il
faut alors conserver à l'esprit que cette immunisation ne
protégera pas réellement l'assureur contre de fortes variations
des taux.
Mais pour que cette sensibilité locale ait un sens, il
faut encore faire une hypothèse plus forte. Il faut supposer que le taux
servi par l'assureur reste indépendant des taux de marché
jusqu'au terme du contrat.
d) Risques comptables
ignorés
Les problèmes comptables ne sont pas envisagés
par les outils de 1re génération. Or les
différentes provisions prudentielles relatives à la gestion des
actifs qui sont les :
> provisions pour risque d'exigibilité > provisions
pour aléas financiers > provisions globales de gestion,
Constituent un souci majeur pour les assureurs puisqu'elles
impactent le niveau des fonds propres, et donc la marge de solvabilité.
Il est pratiquement indispensable d'utiliser des outils complémentaires
pour mesurer ces risques.
e) Conclusion sur l'utilisation des outils de
1re génération
En conclusion, les outils de 1re
génération sont utiles pour mesurer approximativement les enjeux
de l'adéquation actif-passif. Mais ils ont été
créés par les banques, dans les années 30 à 70,
dans un contexte où les ressources et les emplois bancaires
étaient pratiquement assimilables à des titres à taux
fixes. Pour les sociétés d'assurance vie (ainsi d'ailleurs que
pour les banques), la situation actuelle est bien différente.
Les outils d'analyse des flux financiers ne peuvent traiter
exhaustivement car :
> seuls les risques de taux sont étudiés
> les flux du passif sont rarement fixes et se prêtent
mal aux calculs de duration
> certains risques de bilan ne peuvent pas du tout
être étudiés avec une vision statique.
A des degrés divers, tous ces points seront
abordés et traités plus efficacement par les outils de
2ème génération, à savoir les
modèles déterministes.
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Chapitre II : Réassurance & Gestion
actif-passif
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