2.2.1.2. Approches matérialistes ou
socioéconomique
L'approche économique considère les jeunes comme
des acteurs rationnels. Cetteapproche se fonde sur la thèse de
"l'adaptation rationnelle" selon laquelle les jeunes s'engageraient dans la
sexualité pour atteindre des objectifs bien précis, d'ordre
économique ou social.Certaines études (Bado, 2007) montrent
clairement comment l'effet des conditions économiques contribue à
l'engagement des jeunes dans l'activité sexuelle monnayées.
L'argent depuis son existence a toujours été une variable
importante dans les relations entreles individus et les groupes et bien entendu
entre les filles et les garçons.
Dans un contexte où la baisse du pouvoir d'achat ne
permet plus aux parents de faire face aux besoins de leurs enfants
(habillement, scolarisation, alimentation, loisirs.), les adolescents rejettent
le plus souvent la pauvreté de leurs parents. Dans la quête de
l'argent et le désir de satisfaire tous les besoins, les adolescentes se
lancent dans des comportements et des activités de subsistance
déloyaux et à risque. Ainsi, la satisfaction des pulsions
sexuelles de certains hommes peut se faire enéchange de quelques biens
en faveur des jeunes filles. Les gratifications recherchées par ces
dernières peuvent être en nature ou en espèce, variant de
la simple satisfaction des besoins essentiels (nourriture, habillement,
scolarité, logement, obtention d'un emploi) aux avantages administratifs
(Caldwell J.C. et Caldwell P., 1987 ; Calves , 1996).
D'autres études expliquent qu'en plus de la recherche
de la sécurité financière, la fécondité des
adolescentes vise à tester la fertilité de la jeune fille
particulièrement dans les régions où sévit
l'infertilité. Avoir un enfant avant le mariage est souvent une
stratégie des filles pour créer des liens émotionnels et
économiques avec un homme (Calves, 1996) et peut représenter une
incitation au mariage. Il importe de noter que les déterminants du
déclin de la fécondité ne sont plus posés seulement
en termes de conditions socio-économiques, mais également en
termes de choix et de capacités des institutions étatiques
relativement autonomes, tout particulièrement dans les pays à bas
revenus.
21
Pauvreté et Fécondité des Adolescentes
en Angola : Une Analyse Comparative entre 2006 et 2010.
2.2.1.3. Approches institutionnelles
L'approche institutionnelle privilégie les
spécificités des transitions. Elle essaie de comprendre le
changement de la fécondité en le restituant dans le contexte
institutionnel, culturel et politique des communautés concernées.
Elle essaie de relier les niveaux micro etmacro, fait appel à l'histoire
des processus et cherche à intégrer économie et
culture(Tabutin, 2000).L'on doit le développement récent de cette
approche à deux chercheurs : le sociologueéconomiste Mcnicoll
(1980, 1994) et l'anthropologue S.Greenhalgh (1990, 1995).Mcnicoll parle de
l'analyse institutionnelle de la fécondité et part de
l'individupour remonter progressivement aux institutions nationales.
S.Greenhalgh quant à luiparle d'économie politique de la
fécondité, partant au contraire du sommet (le
systèmeéconomique et politique international) pour redescendre
vers les régimes démographiques etles environnements nationaux,
régionaux et locaux.
Pour G. Mcnicoll et les institutionnalistes, c'estsurtout le
changement institutionnel (concept très vaste incluant le social,
l'économique, le culturel et le politique) qui conduit ou conduira la
plus grande partie des transitions de la fécondité dans les pays
en développement (Tabutin, 2000). L'adoption d'un comportement sexuel
responsable dépendra ainsi dans une largemesure de ce que stipulent les
différentes lois envigueurs notamment les lois relatives
àl'accès aux informations, aux services de santé dela
reproduction et aux méthodes contraceptives modernes. S'agissant des
facteurs institutionnels, ont peut mentionner entre autres la loi
établie au niveau national relative à : l'accès à
la majorité, le divorce, les mariages forcés et/ou
précoces, le détournement des mineurs, l'avortement,
l'accessibilité aux infrastructures, la redistribution des revenus,
lagratuité des méthodes contraceptives, fréquentation
scolaire des filles enceintes et les droits sociaux des adolescents.
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