2.2. Revu de la littérature
L'objectif de cette sous partie est de mettre en
évidence les théories explicatives de la fécondité
dans les sociétés, de presenter les travaux montrant le lien
entre pauvreté et fécondité et enfin de mettre en exergue
les différentes études empiriques qui les soutiennent.
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Pauvreté et Fécondité des Adolescentes
en Angola : Une Analyse Comparative entre 2006 et 2010.
2.2.1. Approches explicatives de la fécondité
2.2.1.1. Approches sociologiques
Pourles tenants de cette approche, la fécondité
est un fait social et doit être étudiée comme telle dans la
mesure où en tant qu'oeuvre et production humaine, elle constitue en
elle même une production sociale.Ainsi, les culturalistes stipulent que
la fécondité est régie par des normes qui diffèrent
selon les cultures. Ceux-ci reposent sur le déterminisme culturel et
développent une thèse de la culture de la
fécondité. Ainsi, pour faire baisserla fécondité,
il faut un changement des mentalités. Changement qui découlera
d'une modernisation des cultures et par conséquent d'une
nucléarisation de la famille. Cependant, de nombreuses critiques seront
formulées contre cette approche, notamment Piché et Poirier(1995)
qui la traitent «d'interventionniste» car elle encourage la
création de la famille restreinte à travers des campagnes de
sensibilisation. Ainsi, elle est centrée sur la planification familiale
et ne reflétait pas l'expérience des pays du tiers monde.
Raison pour laquelle, les defenseurs de l'approche
structuro-fonctionnaliste vont batir leurs arguments sur le fait que la baisse
de la fécondité est basée sur des transformations
structurelles. En effet, selon cette approche, l'hypothèse d'une baisse
de la mortalité, d'une diminution des activités agricoles au
profit de l'économie de marché urbaine et industrielle, d'une
urbanisation, d'une amélioration du statut de la femme et d'une
augmentation de la scolarisation. En effet, les changements macro-sociaux
entrainent des changements favorables à une baisse de la
fécondité au niveau des institutions familiales. Ces changements
sont entre autres, la diminution de l'importance de la parenté, la
nucléarisation de la famille, la nouvelle vision de la valeur
économique et sociale des enfants.Cependant, pour Locoh (1984), cette
approche est plutôt prévisionnelle et l'absence
d'industrialisation et de baisse de la mortalité dans certains pays ont
amené certains tenants à revoir leurs positions.
C'est ainsi, qu'à partir des années 1970, les
recherches ont mis en évidence les liens entre la
fécondité et le statut social de la femme.Cette approche,
qualifiée de féministe tente d'expliquer le niveau de la
fécondité par le statut de la femme.Selon cette théorie,
la baisse de la fécondité résulterait d'une transformation
dans les rapports de sexe c'est-à-dire une transformation dans la
division sexuelle du travail aussi bien dans les activités productives
que reproductives. A cet effet, l'insertion des femmes dans le marché du
travail constitue un facteur de déclin de la fécondité.
Pour Susan A. McDaniel (1995) « l'approche féministe de la
fécondité permet de voir, d'entendre et, peut être, de
mieux comprendre les nombreuses
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Pauvreté et Fécondité des Adolescentes
en Angola : Une Analyse Comparative entre 2006 et 2010.
expériences et points de vues des femmes, des
hommes et des enfants. Ce faisant, elle met en exergue le vécu des
femmes en famille, avec les hommes et les enfants, ainsi que les
iniquités et les inégalités de pouvoir au sein des
familles entre hommes et femmes, et entre générations ; elle
montre comment ces facteurs modèlent les rôles que jouent les
femmes comme procréatrices et dans la société globale
».
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