1.2.1-) La microfinance : une « banque sur mesure
» pour les PME
Progressivement, la diversification des activités
assignées aux institutions de microfinance est devenue une
évidence au fur et à mesure qu'on admettait la diversité
des besoins des exclus. La microfinance a ainsi apporté des pratiques
novatrices en termes de crédit bancaire, remettant en question toute la
théorie économique sur le crédit. D'un simple outil de
réduction de la pauvreté, elle a évolué vers le
financement du développement économique grâce à leur
proximité avec les entrepreneurs de terrain notamment les
micro-entreprises et les PME (Lelart, 2006). Elle est devenue une source de
financement complémentaire et/ou substituable de l'emprunt bancaire
(Hugon, 1996)58. Cependant, le degré de
substituabilité serait limité par plusieurs facteurs. Les IMF
éprouvent de grandes difficultés à répondre aux
besoins de financement des PME. L'essentiel des ressources collectées
par celles-ci sont des ressources courtes. Contrairement aux banques
commerciales, elles n'ont ni le pouvoir de création monétaire, ni
accès à un refinancement à faible coût auprès
des banques centrales. Leur refinancement, qui est ailleurs limité par
le défaut de cautionnement et les coûts financiers, est
assuré essentiellement par les banques commerciales. Cette carence en
ressources à long terme contraint les institutions de microfinance dans
leur capacité à étendre l'offre de crédit aux
projets d'investissement. De plus, les coûts de gestion d'une multitude
de petits prêts sont très importants, ce qui oblige les
institutions à appliquer un taux d'intérêt
généralement plus élevé que celui du secteur
bancaire. S'ajoute à cela des contraintes beaucoup plus endogènes
comme la forte exposition aux risques liés, notamment à
l'imperfection du système d'information des IMF, aux carences en
matière de gouvernance et à l'insuffisance de leurs dispositifs
de gestion des risques et de contrôle interne.
Ces barrières au financement de l'investissement
semblent de plus en plus levées avec l'entrée progressive dans la
profession de banques commerciales. Pour Isern et Porteous
57 Ces associations peuvent être des
coopératives, des caisses villageoises ou des fonds nationaux.
58 Les analyse de COBAC (2007, p. 72) montrent
même qu'au plan individuel, « il a été
observé que 27 établissements de microfinance localisés au
Cameroun, au Congo, au Tchad et en RCA détiennent des encours de
dépôts supérieurs à un milliard FCFA. Quant au
niveau des crédits bruts, 21 EMF atteignent ou dépassent des
encours qui ne correspondent plus à l'image «micro» des
opérations de ce secteur. Cette catégorie d'établissements
se rapproche de certaines banques en volume d'opérations
réalisées.».
(2005), deux raisons semblent inciterr les banques à
entrer sur ce marché: la rentabilité des activités
microfinancières et l'augmentation de la concurrence à la suite
des politiques de libéralisation du secteur bancaire intervenues pendant
les années 1980. Les banques qui décident de s'implanter sur ce
marché ont le choix entre diverses approches. Certaines banques
pénètrent le marché directement en développant
leurs opérations de détail pour atteindre un « micro-niveau
» Pour ce faire, elles créent une unité interne ou une
entreprise distincte, comme une société de services ou une
institution financière spécialisée. D'autres choisissent
une approche indirecte en travaillant avec des prestataires de microfinance
existants.
Les caractéristiques spécifiques à chacun
de ces différents substituts de l'offre bancaire traditionnel, suscitent
l'interrogation de savoir quels peuvent être, en contexte camerounais,
les différentes structures ou organismes capables de proposer de tels
services aux entreprises en général et aux PME en particulier
?
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