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Contribution à  l'étude sociologique de la pratique démocratique dans le contexte malgache

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par Alain Ranindrianoro
Université d'Antananarivo - Maitrise sociologie 2012
  

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IV.2.2. Les problèmes de la société civile

La société civile est le deuxième intermédiaire entre l'Etat et les citoyens. Actuellement, les sociétés civiles sont considérées comme des associations regroupant les individus ayant les mêmes intérêts. Après plusieurs années d'interdiction d'association durant le régime socialisme, on assiste à Madagascar à la multiplication de la société civile. Dans la pratique démocratique, les sociétés civiles contribuent à la défense des intérêts individuels et collectifs. L'élargissement du domaine d'intervention de la société civile permet de connaître qu'elle joue des rôles dans le processus démocratique et surtout dans le développement du pays.

La société civile est toujours dynamique dans la résolution de la crise politique dans le pays. Mais l'histoire du pays montre la faiblesse de la société civile à trouver une solution durable aux problèmes du pays. En 1972 la société civile avait remis en cause le régime néocolonial, en 1991 c'est le socialisme qui a été remise en question par un libéralisme à la mode. En 2002, la société civile a rectifié des principes certifiés fondamentaux non respectés de la démocratie.

On reconnaît aussi la société civile par son rôle de règlements conflits sociaux et surtout le conflit politique. Sur ce point, il convient d'énumérer le rôle du FFKM concernant les règlements de conflit politique dans le pays. Ce groupement oecuménique a été plus actif dans les moments difficiles de la vie politique malgache. Pour illustrer ce propos, nous disons que c'est grâce à ce groupement oecuménique que le pays a entré dans le processus de démocratisation dans les années 90 par l'organisation du forum national qui vise l'instauration des structures conformes aux idéaux de la démocratie. Dans le contexte de la crise actuelle, il a tenté de chercher un espace de dialogue sur les acteurs de la crise. Mais cette fois ci, la médiation du FFKM ne résoudra pas le problème politique du pays.

La place occupée par la société civile nationale est plutôt faible dans le processus de développement du pays. En effet, ce sont les organismes internationaux qui se montrent le plus dynamique dans le développement du pays, à travers la réalisation de projet dans plusieurs des cas qui ne s'adapte pas à la réalité sociale malgache. Ces dernières années, nous avons la tendance de demander des conseils à l'expertise internationale qui ne connaît pas la réalité malgache. On peut dire que la société civile malgache ne jouit pas encore d'une confiance suffisante. Ce sont les organismes étrangers qui se montrent le plus utiles

concernant la lutte contre la pauvreté dans le pays, ainsi des ONG se forment pour bénéficier l'aide des bailleurs de fonds.

La méconnaissance de la population est un autre problème. Les actions menées par les sociétés civiles sont invisibles et incompréhensibles devant la majeure partie de la population. La population n'a pas de considération à l'égard de la société civile. Pourtant, théoriquement, une société civile est issue de cette population qui oeuvre pour la défense de l'intérêt de cette population contre toute intervention de l'Etat dans la vie privée. Aux yeux de la population, on reconnaît la société civile par le mouvement de revendication diverse dans le but est de défendre les intérêts particuliers corporatistes.

Les enquêtés menées auprès de la population nous ont permis de connaître que beaucoup de citoyens ne travaillent pas avec la société civile à part les associations locales. En outre, beaucoup de citoyens semblent ignorer la notion de société civile et son rôle dans la prise de décision. D'ailleurs rares sont les répondants qui ont cité ces organisations comme cadre d'expression vis-à-vis des décisions publiques.

Graphique n°03 : Etat de connaissance des rôles de la société civile.

Source : Enquête personnelle 2011.

A partir de ce graphique, on remarque que 65 % des individus enquêtés n'ont aucune idée de ce qu'est le rôle de la société civile. 35 % seulement savent les rôles de la société civile. ce pourcentage montre qu'une grande mobilisation et éducation citoyenne est à déployer dans le contexte malgache.

C'est le pouvoir étatique lui-même qui est une source du déficit de la société civile malgache. Il n'existe pas encore un Etat qui consulte les sociétés civiles concernant le problème du pays dans la période d'accalmie. La recherche de dialogue entre la société civile et l'Etat est jusqu'ici un exercice difficile à maîtriser. L'insuffisance de débats entre ces deux institutions explique la carence d'une référence de vision nationale en matière de

développement socioéconomique et surtout de la démocratie. On peut dire que la société civile malgache ne jouit pas encore d'une confiance suffisante.

Pour terminer le chapitre il convient de rappeler que la pratique démocratique dans le pays souffre de dysfonctionnement qui se matérialise premièrement dans l'irrégularité de l'organisation des élections. On attend communément de l'élection qu'elle mette fin à la crise politique. Pourtant, celle-ci en raison de l'irrégularité de fonctionnement est devenue une source de nouvelle tension et d'exclusion sociale. L'exclusion sociale se reflète par la non inscription sur la liste électorale, par l'auto exclusion à cause du désintéressement à la vie politique.

En second lieu, l'abstentionnisme qui signifie par une crise de représentativité en raison de la baisse du taux de participation électorale. La crise de représentativité se renforce par le discrédit de la classe politique et les partis politiques. Les hommes qui accèdent au pouvoir ne font que consolider sa domination légale rationnelle qui se manifeste par le changement de constitution et le renforcement de la bureaucratisation de l'Etat, le parti politique de l'homme au pouvoir devient le parti dominant du champ politique.

En dernier lieu, la société civile nationale ne tient pas encore une place importante dans le processus de démocratisation et du développement du pays en raison de la confiance du pouvoir en place à des organismes étrangers. Le manque de volonté de l'Etat à se dialoguer avec la société civile témoigne que la recherche d'une vision à référence nationale n'est pas encore à l'agenda du pouvoir étatique.

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