IV.2.2. Les problèmes de la société
civile
La société civile est le deuxième
intermédiaire entre l'Etat et les citoyens. Actuellement, les
sociétés civiles sont considérées comme des
associations regroupant les individus ayant les mêmes
intérêts. Après plusieurs années d'interdiction
d'association durant le régime socialisme, on assiste à
Madagascar à la multiplication de la société civile. Dans
la pratique démocratique, les sociétés civiles contribuent
à la défense des intérêts individuels et collectifs.
L'élargissement du domaine d'intervention de la société
civile permet de connaître qu'elle joue des rôles dans le processus
démocratique et surtout dans le développement du pays.
La société civile est toujours dynamique dans la
résolution de la crise politique dans le pays. Mais l'histoire du pays
montre la faiblesse de la société civile à trouver une
solution durable aux problèmes du pays. En 1972 la société
civile avait remis en cause le régime néocolonial, en 1991 c'est
le socialisme qui a été remise en question par un
libéralisme à la mode. En 2002, la société civile a
rectifié des principes certifiés fondamentaux non
respectés de la démocratie.
On reconnaît aussi la société civile par
son rôle de règlements conflits sociaux et surtout le conflit
politique. Sur ce point, il convient d'énumérer le rôle du
FFKM concernant les règlements de conflit politique dans le pays. Ce
groupement oecuménique a été plus actif dans les moments
difficiles de la vie politique malgache. Pour illustrer ce propos, nous disons
que c'est grâce à ce groupement oecuménique que le pays a
entré dans le processus de démocratisation dans les années
90 par l'organisation du forum national qui vise l'instauration des structures
conformes aux idéaux de la démocratie. Dans le contexte de la
crise actuelle, il a tenté de chercher un espace de dialogue sur les
acteurs de la crise. Mais cette fois ci, la médiation du FFKM ne
résoudra pas le problème politique du pays.
La place occupée par la société civile
nationale est plutôt faible dans le processus de développement du
pays. En effet, ce sont les organismes internationaux qui se montrent le plus
dynamique dans le développement du pays, à travers la
réalisation de projet dans plusieurs des cas qui ne s'adapte pas
à la réalité sociale malgache. Ces dernières
années, nous avons la tendance de demander des conseils à
l'expertise internationale qui ne connaît pas la réalité
malgache. On peut dire que la société civile malgache ne jouit
pas encore d'une confiance suffisante. Ce sont les organismes étrangers
qui se montrent le plus utiles
concernant la lutte contre la pauvreté dans le pays, ainsi
des ONG se forment pour bénéficier l'aide des bailleurs de
fonds.
La méconnaissance de la population est un autre
problème. Les actions menées par les sociétés
civiles sont invisibles et incompréhensibles devant la majeure partie de
la population. La population n'a pas de considération à
l'égard de la société civile. Pourtant,
théoriquement, une société civile est issue de cette
population qui oeuvre pour la défense de l'intérêt de cette
population contre toute intervention de l'Etat dans la vie privée. Aux
yeux de la population, on reconnaît la société civile par
le mouvement de revendication diverse dans le but est de défendre les
intérêts particuliers corporatistes.
Les enquêtés menées auprès de la
population nous ont permis de connaître que beaucoup de citoyens ne
travaillent pas avec la société civile à part les
associations locales. En outre, beaucoup de citoyens semblent ignorer la notion
de société civile et son rôle dans la prise de
décision. D'ailleurs rares sont les répondants qui ont
cité ces organisations comme cadre d'expression vis-à-vis des
décisions publiques.
Graphique n°03 : Etat de connaissance des rôles
de la société civile.
Source : Enquête personnelle 2011.
A partir de ce graphique, on remarque que 65 % des individus
enquêtés n'ont aucune idée de ce qu'est le rôle de la
société civile. 35 % seulement savent les rôles de la
société civile. ce pourcentage montre qu'une grande mobilisation
et éducation citoyenne est à déployer dans le contexte
malgache.
C'est le pouvoir étatique lui-même qui est une
source du déficit de la société civile malgache. Il
n'existe pas encore un Etat qui consulte les sociétés civiles
concernant le problème du pays dans la période d'accalmie. La
recherche de dialogue entre la société civile et l'Etat est
jusqu'ici un exercice difficile à maîtriser. L'insuffisance de
débats entre ces deux institutions explique la carence d'une
référence de vision nationale en matière de
développement socioéconomique et surtout de la
démocratie. On peut dire que la société civile malgache ne
jouit pas encore d'une confiance suffisante.
Pour terminer le chapitre il convient de rappeler que la
pratique démocratique dans le pays souffre de dysfonctionnement qui se
matérialise premièrement dans l'irrégularité de
l'organisation des élections. On attend communément de
l'élection qu'elle mette fin à la crise politique. Pourtant,
celle-ci en raison de l'irrégularité de fonctionnement est
devenue une source de nouvelle tension et d'exclusion sociale. L'exclusion
sociale se reflète par la non inscription sur la liste
électorale, par l'auto exclusion à cause du
désintéressement à la vie politique.
En second lieu, l'abstentionnisme qui signifie par une crise
de représentativité en raison de la baisse du taux de
participation électorale. La crise de représentativité se
renforce par le discrédit de la classe politique et les partis
politiques. Les hommes qui accèdent au pouvoir ne font que consolider sa
domination légale rationnelle qui se manifeste par le changement de
constitution et le renforcement de la bureaucratisation de l'Etat, le parti
politique de l'homme au pouvoir devient le parti dominant du champ
politique.
En dernier lieu, la société civile nationale ne
tient pas encore une place importante dans le processus de
démocratisation et du développement du pays en raison de la
confiance du pouvoir en place à des organismes étrangers. Le
manque de volonté de l'Etat à se dialoguer avec la
société civile témoigne que la recherche d'une vision
à référence nationale n'est pas encore à l'agenda
du pouvoir étatique.
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