Le choix de l'endettement à des effets pervers
analysés par les économistes néoclassiques dans le cadre
du modèle IS-LM :
v L'éviction
financière (IS-LM) : le déficit budgétaire exerce un
effet de relance dans un cas très précis qui suppose LM
horizontale et IS verticale.
En fait, comme l'offre de monnaie est limitée dans
IS-LM, le déficit budgétaire fait augmenter r et donc, baisse I
(cas max : IS horizontale et LM verticale), fonctionne dans les cas de
financement par épargne préalable sur le marché local des
capitaux.
v L'éviction
par le change (IS-LM-BB) : le déficit public entraîne une
entrée de capitaux pour le financer, donc la montée du change, la
contraction du commerce extérieur et l'annulation des effets de la
relance, marche surtout en changes flexibles à forte modalité des
capitaux.
Le « fardeau
intergénérationnel » (Modigliani) : les effets sur
l'accumulation du capital et la croissance.
Dans l'analyse néoclassique de la croissance (Solow),
la variable la plus importante est le niveau de capital par tête qui
permet l'accumulation et donc le taux d'épargne de la
société. Le déficit public fait augmenter la consommation
car les ménages sont plus riches puisqu'ils possèdent les titres
de la dette (effet de richesse).
L'épargne baisse, le niveau de capital par tête
aussi. Pour Modigliani, l'accumulation des déficits publics est un
fardeau intergénérationnel car elle diminue le stock de capital
dont bénéficieront les générations futures. (14(*))
E. Des cycles à la politique économique
Lorsque les économistes classiques s'interrogent sur
le risque de crise, leur réponse négative s'inscrit tout
entière dans la formule de Jean-Baptiste Say : "c'est la production
seule qui ouvre des débouchés aux produits". La formule, pour
être globalement correcte, peut néanmoins être
discutée sous plusieurs angles.
En premier lieu,
et c'est un point fondamental, la formule de Jean-Baptiste Say n'est valable
que si l'argent distribué sous forme de salaires revient à
l'entreprise en commandes de biens et services. C'est Thomas R. Malthus qui, le
premier, montrera les limites possibles de la formule et c'est John M. Keynes
qui la systématisera avec la notion de préférence pour la
liquidité. Chez cet auteur, la préférence pour la
liquidité est immédiatement synonyme de thésaurisation,
c'est-à-dire de sortie de liquidités du circuit
économique. On comprend alors pourquoi l'injection de liquidités
sous forme de dépenses publiques financées par la création
monétaire est à la fois nécessaire et possible -
c'est-à-dire non inflationniste. Cependant, avec la bancarisation, les
liquidités ne sont plus thésaurisées mais constamment
remises en circulation par les institutions financières. Les
autorités politiques en prendront acte et, en France, c'est Raymond
Barre qui, dans les années 1980, mettra fin au financement
monétaire du déficit budgétaire.
Si
elle permettait de comprendre qu'il n'y avait pas de crainte à avoir
quant au bon fonctionnement du circuit économique, la théorie de
Jean-Baptiste Say ne pouvait exclure l'existence de crises liées au
partage du revenu entre consommation et épargne. Crise passagère,
diront les classiques, puisque l'épargne d'aujourd'hui est
utilisée pour l'investissement, c'est-à-dire pour la production
future (cf. encore l'analyse de F. A. von Hayek en 1931), crise structurelle,
dira Keynes, puisque la "loi psychologique fondamentale" veut que la
consommation augmente moins vite que le revenu. Si, effectivement, la
propension marginale à consommer est inférieure à la
propension moyenne, on ne peut que craindre une insuffisance structurelle de la
consommation. Celle-ci justifie en retour que les entrepreneurs
diffèrent leurs investissements. L'épargne est excessive, le taux
d'intérêt diminue et les ménages préfèrent la
thésaurisation. Le débat sera repris après la Seconde
guerre mondiale par James Duesenberry, Milton Friedman, Franco Modigliani.
Chacun à sa manière montrera que l'épargne n'est pas
excessive ou, ce qui revient au même, que la propension marginale
à consommer est, a minima, égale à la propension moyenne.
La politique budgétaire structurelle perdait ainsi son deuxième
fondement structurel.
Avec la clôture de ces
débats, la politique conjoncturelle a perdu une bonne part de ses
lettres de noblesse. Elle n'en a pas perdu néanmoins sa
nécessité. Simplement, celle-ci est beaucoup plus pragmatique et
beaucoup moins politique. Lorsque la croissance est pénalisée par
une épargne considérée comme excessive, il est toujours
possible de réagir en proposant une redistribution des revenus des
riches - supposés épargner - vers les pauvres - qui consomment
normalement la totalité de leur revenu. Lorsque la croissance est
pénalisée par la crainte des ménages face à la
pérennité des régimes de retraite, l'argument
précédent s'étiole. Combien plus lorsque les fluctuations
de la conjoncture ont des causes strictement exogènes. (15(*))
* 14 NGONDJEB YONG, le cycle
politico-budgétaire au Cameroun mémoire du DEA 2006
* 15 MICHEL Didier, Méthodes et instruments
de la politique budgétaire, Revue française des finances
publiques. 48 P. 58
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