UNIVERSITE DE KINSHASA
FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE
GESTION
DEPARTEMENT D'ECONOMIE
OPTION : ECONOMIE MONETAIRE
L'ESSAI SUR LA POLITIQUE BUDGETAIRE EN
R.D.C.
|
Par, Ngalamulume Katubadi Pierre.
Mémoire présenté et
défendu en vue
de l'obtention du titre de
licencié en
sciences économiques,
option économie
monétaire.
Directeur :
prof : MABI MULUMBA
Rapporteur : CT MUYA NTUMBA
Année Académique 2007 -
2008
I.
PROBLEMATIQUE DU SUJET
La République Démocratique du Congo, sort d'une
période d'instabilité économique
caractérisée par :
Ø La
mégestion des finances publiques ;
Ø La destruction
des infrastructures socio-économiques de l'Etat ;
Ø La
pénurie des signes monétaires au sein du système
bancaire ;
Ø La
dollarisation excessive de l'économie ;
Ø La perte de
confiance généralisée dans la monnaie nationale du fait de
l'instabilité persistante de sa valeur interne et externe ;
Ø La rupture de
la parité interne entre la monnaie scripturale et la monnaie
fiduciaire.
Outre ce qui précède, un des défis
auxquels est confrontée l'économie nationale congolaise est
l'augmentation de la mobilisation des recettes publiques en phase d'ajustement
structurel de la fiscalité. La transition fiscale, définie comme
la substitution des recettes internes aux recettes traditionnelles de porte,
requiert toutefois qu'à structure donnée de la fiscalité,
les administrations consentent à une mobilisation plus efficace du
potentiel fiscal, ce qui implique notamment de recouvrements aux passages en
douane.
A l'évidence, les faiblesses des administrations
fiscales correspondent à plusieurs facteurs explicatifs. Il y a bien
sûr la nécessité d'aller vers :
Ø Une
amélioration des techniques de dédouanement et
Ø De
facilité des échanges.
Mais, il y a aussi au-delà de cette dimension purement
technique du problème le sous équipement de l'administration
congolaise :
Ø Des facteurs
d'économie politique,
Ø Les
fonctionnaires en charge du recouvrement ont une rente de monopole
bureaucratique souvent difficile à contrer par des technologies
efficaces de contrôle et de surveillance.
La fraude du fonctionnaire s'ajoute et parfois se conjugue par
des enjeux de négociations avec le contribuable, sous une forme qui
suscite la perdition de la ressource fiscale.
Cependant, les déficits budgétaires se
resserrent, mais lentement et les insuffisances institutionnelles apparaissent
nota mment par rapport aux engagements de lutte pour la réalisation de
cinq chantiers de la République.
En outre, entre la dépense et les recettes de l'Etat,
l'aide extérieure est un facteur de bouclage avec les interrogations aux
réponses incertaines quant à la bonne stratégie devant
caractériser son décaissement. La dimension normative
afférente aux modalités de la coopération internationale
est ici posée que l'on retrouve plus avant en relation avec
l'étude de la conditionnalité de l'aide.
Par son action à travers les variables
budgétaires, l'aide extérieure est donc bien déterminante
à la fois pour l'obtention des grands équilibres
macro-économiques et pour le processus de développement.
Raison pour laquelle, dans le cadre de notre travail, nous
voudrions, vu le problème soulevé, nous demander si la
République Démocratique du Congo face à cette situation,
peut-elle, par l'entremise de la politique budgétaire juguler la
vulnérabilité de son économie et répondre
favorablement à une grande partie des besoins de la
population ?
Il se dégage alors les interrogations
suivantes :
· Quel est
l'impact du politique sur les dépenses du budget de l'Etat ?
· Si le
gouvernement finit par éliminer le déficit, devrait-il ensuite
tenter d'afficher un excédent pour rembourser graduellement sa dette
accumulée ?
· Quelles
seraient les augmentations de dépenses, les réductions fiscales
qui favoriseraient davantage la croissance économique ?
· Quel est
l'impact de la politique budgétaire sur l'indépendance de la
Banque Centrale ?
II. HYPOTHESES DU TRAVAIL
Au regard de tout ce qui précède, nous
remarquons qu'avec une politique budgétaire adaptée, la
République Démocratique du Congo peut appliquer une bonne
politique sociale avec le redressement de l'économie au niveau
monétaire et budgétaire qui auras comme débouché
:
· La
stabilité de prix intérieurs et du taux de change ;
· Le
rétablissement du système de paiement ;
· La
restructuration du système bancaire ;
· La relance de
l'activité économique ;
· La
réduction de la pauvreté et du chômage.
III. INTERET DU SUJET
Il s'avère que la détermination des facteurs
déterminant une bonne application et un bon suivi de la politique
budgétaire est, d'une manière générale très
importante dans l'analyse économique et que les limites que la politique
budgétaire présente constituent une condition nécessaire
pour la réussite de son contrôle.
Ainsi, le sens à donner à une telle
préoccupation n'aura d'importance que par les différentes
propositions qu'elle est capable de formuler pour permettre aux
décideurs politiques et économiques de maintenir la santé
économique de la nation.
IV. DELIMITATION DU SUJET
L'étude que nous avons menée tout au
long de notre recherche a porté sur la République
Démocratique du Congo durant la période allant de 2001 à
2006
En effet, le choix de la RDC est du au fait que nous avions
voulu cerner les problèmes réels de l'économie congolaise
à travers un essai de la politique budgétaire pour faire face aux
problèmes de déficit du budget de l'Etat et de la dette
publique.
V.
METHODOLOGIE
Dans le cadre de cette analyse, nous allons recourir aux
méthodes et techniques ci-après :
4.1 Méthodes
A. la méthode descriptive, nous a permis de
définir de manière correcte, objective et nuancée, un
certain nombre de notions couramment utilisées dont le contenu demeure
souvent ambigu.
B. grâce à la méthode comparative, il nous
a été possible de comparer deux ou plusieurs
phénomènes ou situations afin de dégager leurs avantages
et leurs inconvénients.
C. la méthode statistique, quant à elle, nous a
permis d'analyser les résultats chiffrés, c'est-à-dire
leur mise en ordre, leur présentation et leur interprétation.
4.2 Techniques
Quant aux techniques, nous avons eu recours à la
documentation disponible à la Banque Centrale du Congo, aux
bibliothèques de la place sans omettre les notes de cours de
différents professeurs qui nous ont encadré tout au long de notre
formation en Economie.
4.3 Canevas
A part l'introduction et la conclusion, le présent
travail comprend 3 chapitres suivants :
Chapitre 1 : GENERALITES SUR LA POLITIQUE BUDGETAIRE
Chapitre 2 : QUESTIONS DE POLITIQUES BUDGETAIRES DANS
LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
Chapitre 3 : LA MISE EN EVIDENCE DE LA POLITIQUE
BUDGETAIRE EN R.D.C. DE 2001 A 2007
CHAPITRE I : LES GENERALITES SUR LA POLITIQUE
BUDGETAIRE
I.1.DEFINITION
a) La politique budgétaire constitue avec la politique
monétaire, l'un des principaux leviers de la politique économique
de l'Etat ; elle consiste à utiliser certains instruments
budgétaires (dépenses publiques, endettement public,
prélèvements fiscaux) pour influencer sur la conjoncture
économique.
Jusqu'à la crise des années 1930, la gestion
des finances publiques a eu pour principal objectif le financement des
services publics. Le volume des dépenses de l'Etat n'est alors pas
considéré comme une variable susceptible d'influencer le niveau
d'activité de l'économie.
L'analyse de l'économiste britannique J.M. Keynes a
modifié cette conception en soulignant l'impact de la politique
budgétaire sur le niveau de l'activité économique d'un
pays.
Par conséquent, la plupart des pays
développés ont mené depuis 1930 des politiques de relance
budgétaire lors de périodes de récession ou de moindre
croissance. A compter de la crise consécutive au choc pétrolier
de 1973, les théoriciens néoclassiques ont cependant
souligné les limites de la politique budgétaire et notamment les
effets néfastes des déficits et de la dette publique.
b) La politique budgétaire est l'ensemble des mesures
ayant des conséquences sur les ressources ou les dépenses
inscrites au budget de l'Etat et visant directement à agir sur la
conjoncture. (1(*))
c) La politique budgétaire est le nom donné
à la politique économique menée par un gouvernement,
lorsque celui-ci modifie le budget de l'Etat, d'une façon telle qu'il en
découle des impacts macro-économiques sur l'économie
totale du pays.
Le but est idéalement d'augmenter la croissance, ou
d'atteindre des objectifs sociaux (réduire le chômage etc.) ;
combinée à la politique monétaire, elle forme le
policy-mix. Lorsqu'un gouvernement veut mettre en place une politique
conjoncturelle, la politique budgétaire en est l'élément
principal.
Les différentes composantes de la politique
budgétaire sont :
1) Les dépenses : dépenses sociales
(niveau des minima sociaux), aides aux entreprises, investissements en
infrastructures publiques, aides à la recherche, exonérations
fiscales, hausses des salaires des fonctionnaires et de l'emploi publics
etc.
2) Les recettes : niveau de taux d'imposition et des
bases fiscales des différents impôts, niveau global des
prélèvements obligatoires dans le PIB, emprunts, recettes
exceptionnelles (gisements miniers, portefeuille d'action publique) etc.
Exemple :
Ø La
suppression de la vignette automobile est une mesure de politique
budgétaire ; elle contribue à diminuer les
prélèvement sur tous les propriétaires de véhicules
et ce faisant, elle contribue à diminuer le poids global des
prélèvements obligatoires.
Ø
Créer une prime à l'embauche pour les travailleurs non
qualifiés d'un certain âge, par exemple, c'est augmenter les
dépenses budgétaires pour tenter d'augmenter l'emploi de cette
catégorie de travailleurs et donc diminuer le chômage. C'est une
mesure de politique budgétaire.
Contre exemple :
Ø
Alléger les cotisations sociales ne relève pas de la politique
budgétaire. C'est une action réglementaire (modification de la
réglementation) qui va agir sur les prélèvements
obligatoires, mais les cotisations sociales ne sont ni des taxes ni des
impôts ; elles ne sont pas des recettes de l'Etat mais de la
sécurité sociale.
Ø Augmenter
le montant du SMIG (salaire minimum inter-garantie) relève
également de la réglementation et non de la politique
budgétaire car ce n'est pas l'Etat qui paie le SMIG mais les
entreprises.
Comme toutes les mesures politiques, la politique
budgétaire traduit des choix et une analyse de la situation
économique et sociale de la nation à un moment donné de
son histoire. Derrière les mesures de politique budgétaire, on
doit toujours se demander ce qui se cache :
§ Est-ce une
analyse plutôt libérale ou plutôt
keynésienne ?
§ Le choix
est-il de privilégier la lutte contre le chômage ou la
compétitivité des entreprises ? etc.
Le maintien d'un déficit budgétaire
élevé est à priori keynésien ; une lutte pour
la réduction de ce déficit est plutôt libérale.
La politique budgétaire a toujours des
conséquences espérées (ce sont ses objectifs) mais, dans
la réalité, elle peut avoir des effets inattendues ou même
pervers (les effets vont alors à l'encontre de l'objectif
poursuivi).
I.2. L'INSTRUMENT BUDGETAIRE
I.2.1 L'OUTIL CONJONCTUREL
I.2.1.1 Le budget de l'Etat
a. Définition :
Le budget de l'Etat est une loi (la loi de finance)
votée chaque année et autorisant l'Etat à prélever
certaines ressources (impôts et taxes) et à dépenser ces
ressources d'une manière prévue précisément par la
loi (2(*))
b. Les composantes
L'Etat utilise le budget comme un instrument pour agir sur la
conjoncture. Le budget englobe les dépenses et les recettes annuelles de
l'Etat.
En RDC, il représente environ un dixième du
PIB.
Ø Les
dépenses comprennent les dépenses de fonctionnement, les
transferts et les dépenses en capital.
Ø Les
recettes comprennent les ressources fiscales (sur le revenu, la consommation,
le patrimoine, les bénéfices) et non fiscales.
c. Les rigidités du budget
Les dépenses de fonctionnement ont une forte inertie
pour des raisons sociales, économiques et institutionnelles. Les charges
financières s'imposent comme conséquence des emprunts
antérieurs. La fiscalité est difficilement modulable à la
hausse à cause des relations des contribuables.
d. La sensibilité à la conjoncture
La conjoncture affecte davantage les recettes que les
dépenses publiques. Le produit fiscal est lié positivement
à l'activité économique. C'est particulièrement
vrai pour les impôts sur la consommation (TVA) et sur le revenu (IRPP).
Les dépenses publiques sont moins sensibles. Certaines dépenses
de transferts varient en sens inverse de l'activité. (3(*))
e. Le financement
Un déficit est en général financé
par l'épargne (bons de trésor, obligations, grands emprunts), ce
qui augmente la dette publique. Le recours à la création
monétaire (concours de la Banque Centrale) est en voie de
disparition.
f. Le budget de l'Etat : élément
déterminant de la vie économique
Le budget des administrations publiques représente,
d'un pays à l'autre, une part plus ou moins importante, mais toujours
considérable, du Produit Intérieur Brut. Autant dire que le
rôle de l'Etat dans l'économie, par la gestion de ces budgets
colossaux, est déterminant.
La politique budgétaire est attentive à trois
éléments de la vie économique : l'allocation des
ressources, la redistribution des revenus et la stabilisation de
l'activité économique. A travers ses choix budgétaires,
l'Etat est tout d'abord en mesure d'influencer l'allocation de leurs ressources
par les agents privés, ne serait-ce qu'en favorisant telle ou telle
infrastructure, en finançant la recherche dans des domaines choisis, en
soutenant un type de formation ou une région... En outre, l'Etat assure
une fonction vitale de redistribution des revenus, dans un souci
d'efficacité et d'équité, grâce à ses
prérogatives en matière de prélèvements fiscaux
puis de prestations sociales. Ainsi, l'Etat doit s'appliquer à corriger
une répartition primaire des revenus, résultat spontané
des mécanismes de marché, qui ne correspondent pas
forcément à l'optimum économique (difficultés de
certains ménages à financer la formation de leurs enfants,
pourtant cruciale au sein d'économie en pénurie de main d'oeuvre
qualifiée ; rétribution éventuellement trop
élevée du capital aux dépens du travail et des
consommateurs
; etc.).
Mais, si ces considérations d'allocation des ressources
et de redistribution du revenu sont cruciales pour la bonne marche de la vie
économique, elles ne sont possibles que dans un contexte dynamique.
Avant de se soucier de sa respiration, encore faut-il s'assurer que
l'économie nationale dispose de l'oxygène nécessaire !
C'est pourquoi la politique budgétaire de l'Etat a, d'abord et avant
tout, vocation à stabiliser l'activité économique,
à la recherche d'une croissance régulière.
Pour ce faire, en vertu du mécanisme du
multiplicateur,
le budget de l'Etat est un puissant moyen d'action.
I.2.1.2 les indicateurs de politique budgétaire
A. Le solde budgétaire
Le solde budgétaire qui est la différence entre
les recettes et les dépenses n'est pas un indicateur suffisant de la
politique budgétaire. D'abord, il dépend fortement de la
conjoncture : il tend à s'améliorer en phase d'expansion et
à chuter en phase de récession. Ensuite, il incorpore les charges
financières déjà acquises au départ. On a donc
conçu, pour les administrations publiques, des soldes corrigés
des influences de la conjoncture et des charges financières.
B. Le solde structurel
Le solde observé S comprend une composante
structurelle Ss et une composante conjoncturelle Sc : S = Ss + Sc.
Le solde structurel Ss, indépendant de la conjoncture,
se rapporte à un PIB potentiel, obtenu par diverses méthodes. Un
solde budgétaire de plein emploi (SBPE) fut calculé dans les
années 1960 aux USA d'après un PIB de plein emploi. Aujourd'hui,
l'OCDE retient un PIB non accélérateur d'inflation calculé
à partir du NAWRU.
Les variations de Ss dépendent des mesures
délibérées. En bonne (haute) conjoncture, Ss est
supérieur à S. la composante conjoncturelle dépend de
l'écart de production, différence entre le PIB et le PIB
potentiel.
C. Le solde primaire
Le solde primaire Sp est la différence entre les
recettes et les dépenses hors intérêt. C'est la somme
algébrique du solde S et les intérêts int. Sp - S +
Int. Un déficit budgétaire peut masquer un excédent
primaire. Le solde primaire est un déterminant majeur de
l'endettement.
D. Le solde structurel primaire
Le solde structurel primaire Ssp est la partie du solde
budgétaire qui n'est liée ni aux intérêts, ni
à la conjoncture.
Ssp = Ss + Int.
Les variations de Ssp reflètent la politique
budgétaire délibérée. Une hausse signifie une
politique restrictive.
I.2.2 CONCEPTIONS DE POLITIQUE BUDGETAIRE
I.2.2.1 LA CONCEPTION ACTIVE : LE BUDGET REGULIER
a) Le principe
Du point de vue keynésien, l'équilibre
budgétaire importe moins que le niveau de l'équilibre
macro-économique. Il faut moduler le solde budgétaire suivant la
conjoncture.
Le budget est utilisé pour compenser les
déséquilibres et régulariser la conjoncture. La relance
par la hausse des dépenses ou la baisse des impôts vise à
lutter contre la récession. L'austérité par la baisse des
dépenses ou la hausse des impôts vise à lutter contre
l'inflation. (4(*))
b) Le budget cyclique (Myrdal, Ohlin)
Cette théorie suédoise des années 1930
préconise des déficits en phase de récession
financés par des excédents en phase d'expansion.
L'équilibre sur la période d'un cycle remplace donc
l'équilibre annuel. Les applications ont été assez
limitées (Suède, Allemagne).
c) La finance fonctionnelle (Lerner)
Cette analyse élimine toute référence
à l'équilibre budgétaire. Le solde public doit être
pour que l'équilibre offre-demande s'établisse au plein emploi.
Le mode de financement d'un déficit éventuel (par emprunt ou par
financement monétaire) doit dépendre du niveau
désiré du taux d'intérêt. (5(*))
I.2.2.2 LA CONCEPTION ORTHODOXE : LE BUDGET NEUTRE
A. LA NORME D'EQUILIBRE BUDGETAIRE
Cette approche d'inspiration classique, vise la
neutralité du budget et préconise des règles
contraignantes. La vision la plus rigide correspond à la règle
d'équilibre entre les dépenses et les recettes
budgétaires. L'emploi conjoncturel du budget est jugé inutile,
inefficace et nocif. Il s'agit d'abord d'éviter les effets jugés
négatifs des déficits publics (inflation, effets
d'éviction, taux d'intérêt élevés). Il s'agit
ensuite d'inciter l'Etat à freiner ses dépenses en imposant un
lien étroit avec les impôts.
L'approche orthodoxe a prévalu jusqu'à la crise
des années 1930 sans être toujours rigoureusement
appliquée.
B. LES NORMES DE PLAFONNEMENT
L'orthodoxie budgétaire prend des formes moins rigides
avec le plafonnement des déficits et de l'endettement publics.
En Europe, l'encadrement des politiques budgétaires en
référence aux traités de Maastricht et d'Amsterdam fixe le
plafonnement du déficit des administrations publiques à 3% du PIB
et de la dette publique brute à 60% du PIB. Ce choix relève d'une
approche assez voisine considérant que les déficits publics ont
surtout des effets économiques négatifs pour un pays et pour ses
partenaires.
Le seuil de 3% est compatible avec une action conjoncturelle
du budget pour les Etats qui tendent à l'équilibre
budgétaire, mais non pour ceux qui ont tendance à se situer
près de cette limite.
En outre, le plafonnement de la part de l'Etat dans
l'économie (dépenses, PIB), prélèvements
obligatoires (PIB) relève d'une problématique plus
libérale qu'orthodoxe, de même que la courbe de Laffer.
I.3. LES POLITIQUES BUDGETAIRES VOLONTARISTES
En cas de forte dégradation de la conjoncture
économique, les gouvernements peuvent être tentés de mener
une politique budgétaire volontariste. Une telle politique consiste
à soutenir l'activité économique à court terme, en
faisant jouer le multiplicateur Keynésien.
On appelle multiplicateur Keynésien, le
mécanisme macro-économique mis en évidence par Keynes, qui
permet de compenser la faiblesse des dépenses privées par un
accroissement des dépenses publiques.
En effet, une augmentation des dépenses publiques
engendre des revenus supplémentaires qui sont pour partie
consommés, pour partie épargnés et pour partie
récupérés par les administrations publiques sous formes
d'impôts et cotisations sociales. Or, la partie de ces revenus
supplémentaires consommés vient de nourrir la demande
intérieure adressée aux entreprises. Ces dernières peuvent
dès lors augmenter leurs investissements, leurs emplois et distribuer
des revenus supplémentaires. Le surcroît de dépenses
publiques provoque par conséquent un effet cumulatif (un effet
multiplicateur) qui stimule d'autant plus d'activités économiques
que les revenus sont peu épargnés, peu imposés et que la
demande de consommation s'adresse principalement aux entreprises
nationales.
Les gouvernements peuvent également soutenir
l'activité en réduisant les charges fiscales et donc en
augmentant le revenu des personnes privées.
Cette politique stimule l'activité économique,
mais dans une moindre proportion que la dépense publique car une partie
de ce revenu supplémentaire est immédiatement
épargnée par les ménages et les entreprises. (6(*))
I.4. LA POLITIQUE DE DEMANDE
Si l'Etat verse davantage d'argent aux ménages (aide
sociale) ou leur en prélève moins (baisse des impôts), les
ménages vont augmenter leur consommation et la demande adressée
aux entreprises (politique de demande).
Empiriquement, une hausse de revenus a d'autant plus d'effets
que les ménages concernés sont modestes, car ils auront tendance
à faiblement épargner tout nouveau revenu (on parle de forte
propension à consommer).
Mais, s'il suffisait
de « distribuer » de pouvoir d'achat pour
accélérer la croissance, la politique budgétaire serait
fort simple. Quantité d'effets négatifs peuvent contrecarrer,
voir inverser une telle politique par exemple :
Ø Un
comportement partiellement ou totalement ricardien des ménages : au
lieu de consommer, les ménages épargnent.
Ø Si la
consommation se porte sur des biens importés (parce que les
capacités de production internes ne correspondent pas à la
nouvelle demande), alors la relance est exportée : elle produit ses
effets à l'étranger et non dans le pays.
Ø Une
désincitation à travailler des ménages, si le revenu
octroyé devient intéressant par rapport aux revenus
d'activité normaux. Les ménages augmentent leur salaire de
réserve ou réduisent leur offre de travail, la main d'oeuvre se
raréfie, les coûts de production et par suite les prix.
I.5.LA POLITIQUE D'OFFRE
Si l'Etat diminue ses prélèvements sur les
entreprises (baisse d'impôt, versements d'aide et de subventions), la
compétitivité nationale s'améliorera et les entreprises
pourront produire à moindre coûts : dans le meilleur des cas,
elles baisseront alors leurs prix, augmentant indirectement le pouvoir d'achat
et par suite les quantités vendues. Ce qui demandera un accroissement de
capacité de production, donc des investissements et des offres d'emplois
susceptibles de réduire le chômage.
Ce scénario optimiste peut ne pas se réaliser
par exemple :
v Les entreprises
peuvent se contenter d'engranger des bénéfices
supplémentaires ; et de les distribuer à leurs
propriétaires ; ceux-ci, à priori, aisés,
n'augmenteraient que peu leur demande ; pire encore, dans le contexte
d'une économie ouverte, les propriétaires peuvent être des
étrangers, la politique d'offre produisant alors sa relance à
l'étranger tandis que le pays n'en conserve que les mauvais aspects.
v Pour financer
cette politique, le gouvernement devra par exemple accroître sa pression
fiscale sur les ménages qui devront alors baisser leur consommation,
donc la demande et les entreprises n'auraient alors pas de marché. (7(*))
I.6. LES STABILISATEURS BUDGETAIRES AUTONOMES
Les recettes et les dépenses publiques exercent
spontanément une action contra-cyclique sur l'activité
économique, c'est-à-dire d'atténuation des aléas de
la conjoncture économique.
En effet, si une grande partie des dépenses publiques
sont indépendantes des variations à court terme de
l'activité économique (exemple : les dépenses de
rémunération et de retraite des fonctionnaires). Certaines
d'entre elles sont en revanche mécaniquement liées à la
conjoncture. C'est notamment le cas des dépenses d'indemnisation du
chômage ou des prestations sociales variées sous condition de
ressources, qui augmentent quand l'activité économique se
dégrade.
On considère ainsi que l'élasticité des
dépenses publiques à la conjoncture est comprise entre 0,1 et
0,3, autrement dit, les dépenses publiques ont tendance à
augmenter spontanément de 0,1 à 0,3 point lorsque la croissance
ralentit d'un point. Lorsque l'activité économique ralentit, les
dépenses publiques ont tendance à s'accélérer
tandis que les entrées de recettes ralentissent mécaniquement, ce
qui provoque une détérioration du solde budgétaire.
Dès lors, le montant de recettes publiques diminue et
le volume de dépenses publiques augmente. La détérioration
de l'activité économique provoque alors un transfert de revenu
des administrations publiques vers les entreprises et les ménages, ce
qui atténue mécaniquement l'effet du ralentissement
économique sur les revenus de ces derniers.
A l'inverse, en période de forte expansion
économique, les prélèvements fiscaux et sociaux augmentent
mécaniquement tandis que les dépenses diminuent, ce qui a
tendance à freiner la croissance de la demande intérieure.
Par conséquent, les recettes et les dépenses
publiques fonctionnent comme les stabilisateurs automatiques parce qu'elles
contribuent à amortir les variations conjoncturelles de
l'activité économique. Cependant, ce mécanisme de
stabilisation automatique ne modifie pas leur comportement de consommation et
si les taux d'intérêt ne sont pas affectés par la
croissance publique en période de récession.
I.7. LES LIMITES DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE
La politique budgétaire n'est pas un outil de
précision qui peut servir à une direction stricte de
l'économie. Divers délais séparent le besoin de mesure de
politique budgétaire et l'influence de ces mesures sur
l'économie. (8(*))
Tout d'abord, les renseignements sur les facteurs
économiques actuels comme l'emploi, la production et les prix ne sont
connus qu'après un certain délai. De plus, il faut du temps pour
apporter les changements fiscaux et modifier les dépenses de
façon voulue pour stabiliser l'économie, une fois que l'on a
constaté la nécessité de ces changements.
Enfin, une fois que ces changements sont apportés
à la politique, il peut se passer deux ans ou plus avant que leurs
effets sur l'économie ne se fassent pleinement sentir.
La première limite de la politique budgétaire,
qui s'applique d'ailleurs à toute politique économique, tient
à la capacité d'anticipation des agents observant une
augmentation des dépenses publiques et l'accroissement du déficit
budgétaire, ils peuvent anticiper une augmentation future des
impôts (ou une réduction des dépenses) de sorte qu'ils
épargnent le supplément de ressources qu'ils considèrent
à terme, comme éphémère ; Dans ce cas, l'effet
escompté de relance de la production par la politique budgétaire
est annulé. Ce phénomène, mis en avant par les
économistes néoclassiques est
appelé « équivalence ricardienne ». (9(*))
La politique budgétaire connaît, en second lieu,
des limites qui tiennent compte du degré d'ouverture des
économies entre elles, c'est-à-dire, leur niveau de participation
aux échanges internationaux. La conduite d'une politique
budgétaire qui serait menée sans tenir compte des effets de la
contrainte extérieure peut engendrer les effets pervers, car contraires
aux buts qu'elle entend se fixer. Il en est ainsi de politiques expansionnistes
de relance de la consommation. Si les agents disposaient d'un supplément
des revenus qu'ils entendent dépenser, alors que les entreprises
nationales ne peuvent faire face à cette nouvelle demande, ce sont les
entreprises étrangères qui tirent profit de cette demande
excédentaire.
En effet, une politique budgétaire volontariste peut
néanmoins avoir des effets défavorables qu'elle tend aujourd'hui
à être de plus en plus critiquée :
Ø Ainsi, les
besoins de financement liés à l'accroissement des dépenses
publiques provoquent généralement une hausse des emprunts de
l'Etat et du fait de cette demande supplémentaire adressée aux
marchés de capitaux du taux d'intérêt. Or, cette hausse des
taux décourage une partie des achats des consommations financés
par l'emprunt et réduit les investissements des entreprises, lorsque
leur rentabilité est insuffisante au regard du coût de financement
par emprunt.
Ø De plus,
la demande supplémentaire permise par l'augmentation des dépenses
publiques doit s'adresser en priorité aux producteurs nationaux. Or,
compte tenu de l'ouverture croissante des économies, l'effet de
« multiplicateur keynésien » s'est réduit au
cours des dernières décennies et profite désormais
davantage aux producteurs étrangers.
Ø Par
ailleurs, l'accumulation des déficits budgétaires vient gonfler
l'encours de dette publique et augmente les charges futures de l'Etat ;
or, plus un Etat est endetté, plus la charge de cette dette est
élevée. Celle-ci pèse d'autant plus sur son budget qu'un
niveau de dette important entraîne des taux d'intérêt
élevés lorsque l'Etat veut contracter de nouveaux emprunts. A
terme, le poids de la dette peut ainsi devenir insoutenable par rapport au
niveau des recettes de l'Etat.
Ø En outre,
les délais liés à la prise de décision font que les
effets de la politique budgétaire peuvent être inadaptés
à la conjoncture au moment où ils affectent les décisions
des agents économiques.
Ø De plus,
certaines dépenses publiques sont particulièrement rigides et
donc, difficilement réversibles en cas de retournement de la
conjoncture.
Ø Enfin, en
théorie, les politiques budgétaires nationales demeurent le
principal instrument pour faire face à des chocs économiques
potentiels car les gouvernements nationaux ne peuvent plus recourir à la
politique monétaire pour influer sur les variations de la conjoncture
économique dans le cadre de l'Union Economique et Monétaire
(UEM). Mais en réalité, les contraintes fixées par le
traité de Maastricht et le pacte de stabilité et de croissance
limitent l'utilisation de la politique budgétaire en fixant un seuil
maximal de déficit des administrations publiques à 3% du PIB en
cas de ralentissement de la croissance.
Cette mesure se justifie par la volonté
d'éviter qu'un pays fasse porter les effets négatifs de sa
politique budgétaire (hausse des taux d'intérêts et du taux
de change) sur l'ensemble du pays.
I.8. LES CONTRAINTES DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE
Elles sont considérables et se déclinent en
contraintes internes et externes.
1. Les contraintes internes
Les dilemmes de la politique budgétaire
découlent de son utilisation comme instrument de politique
économique pour atteindre des objectifs. Le dilemme
inflation/chômage est l'un des plus célèbres des dilemmes
en économie qui a été révélé à
la suite des travaux de l'économiste britannique Philips en 1958. En
effet, il est établi que toute poursuite de l'un des deux objectifs
(inflation ou chômage) se fait au détriment de l'autre. C'est
ainsi que le déficit budgétaire en poursuivant le plein-emploi,
conduirait à une hausse des salaires sur le marché du travail, et
donc à une hausse des prix, pour que se rétablissent les profits
de l'entreprise. Même si cette allégation a perdu de sa verve par
la suite avec le phénomène de stagflation observée dans
les années 70, depuis le début des années 90, la liaison
inflation-chômage semble correspondre à la logique de Philips.
A cela nous ajoutons les contraintes des
capacités de production, les contraintes de financement de la protection
sociale.
2. Les contraintes d'ordre externes
Souvent plus nombreuses et plus fortes que les contraintes
internes, du fait de la mondialisation et de l'interdépendance des
économies nationales.
Les politiques de relance de l'activité sont souvent
utilisées pour favoriser la croissance économique. Ces politiques
visent à assurer un soutien à la consommation et/ou à
l'investissement. L'instrument de prédilection est alors la politique
budgétaire. Mais, ces politiques se heurtent malheureusement à la
hausse des importations (équipement), préjudiciable à
l'équilibre extérieur. Les effets de la croissance sur
l'équilibre extérieur dépendent de
l'élasticité des importations par rapport au PIB. De plus, si
l'activité est restreinte chez les principaux partenaires commerciaux du
pays, la croissance de la production nationale aura toutes les
difficultés à trouver des débouchés
extérieurs.
La «contrainte extérieure» se manifeste
uniquement si :
Ø la stabilité du taux de change est un
objectif ;
Ø La compétitivité est faible dans les
secteurs concurrencés ;
Ø La dépendance pour certaines importations est
difficile à réduire. (10(*))
Si les pouvoirs publics veulent respecter leur engagement de
stabilité du taux de change ils doivent adopter une politique
intérieure permettant la correction du déficit.
On peut illustrer ces difficultés avec l'exemple du
plan de relance de l'économie française mis en place en 1981 et
1982 lors de l'arrivée de la gauche au pouvoir.
Ce plan Mauroy - Delors est abandonné par le
troisième gouvernement de Pierre Mauroy (du 22 mars 1983 au 17 juillet
1984). Le même Premier ministre et le même Ministre de
l'économie sont chargés de mettre en oeuvre une nouvelle
politique. Le maintien de Pierre Mauroy et de Jacques Delors dissimule une
rupture radicale :
L'abandon des politiques d'inspiration keynésienne. Le
choix de nouveaux objectifs poursuivis par d'autres méthodes.
Cette rupture est faite à partir d'un double
constat :
Ø En régime de change fixe la politique
monétaire est contrainte par le respect de la stabilité des taux
de change, c'est la relation exprimée par le triangle
d'incompatibilité de Mundell.
Ø Une politique de relance budgétaire peut
entraîner une crise de l'investissement si la part des profits dans le
partage de la valeur ajoutée est insuffisante, c'est l'adoption du
précepte qualifié de théorème de Schmidt suivant
lequel : « les profits d'aujourd'hui sont les investissements de
demain donc les emplois d'après-demain ».
En somme, si la politique budgétaire reste un
instrument utilisable, il faut dire que son efficacité dépend de
la prise en compte de plusieurs contraintes et limites lors de sa mise en
oeuvre et notamment en République Démocratique du Congo.
I.9. LA NON LINEARITE DES EFFETS DE LA POLITIQUE
BUDGETAIRE : Arguments théoriques
Dans la tradition keynésienne, la régulation de
la croissance économique par l'Etat passe par des actions
budgétaires contra-cycliques. Cette perspective amène les
pouvoirs publics à soutenir l'activité dès lors que la
demande des agents est déprimée et à la freiner lorsque
son emballement fait craindre déséquilibres internes et externes.
On observera cependant qu'entre 1973 et 1982, les finances publiques africaines
ont été structurellement déficitaires, en contradiction
avec la logique contra-cyclique d'intervention de l'Etat.
Jusqu'ici, peu d'Etats africains ont d'ailleurs
été capables de lisser la dépense en épargnant dans
les moments de boom des matières premières et en
désépargnant dans une conjoncture défavorable. Sur la
période d'observation, c'est à dire en aval de 1986, compte tenu
des déséquilibres de départ et de l'importance de la dette
contractée, on peut donc s'interroger sur la nature de ces effets
keynésiens, le doute s'étant d'ailleurs
généralement installé quant à l'efficacité
du volontarisme budgétaire.
En partant de l'intuition initiale de Ricardo, Barro (1974) a
contribué à réfuter la thèse de l'efficacité
de l'action budgétaire sur les variations conjoncturelles. Par le
principe de l'équivalence ricardienne, le secteur privé
intègre dans son calcul économique la contrainte
budgétaire inter-temporelle du secteur public. Si les agents s'attendent
à rembourser la dette consécutive aux déficits, l'action
de l'Etat n'affecte pas le produit intérieur. En effet, l'anticipation
du remboursement de la dette suscite une diminution de la dépense
privée instantanée et fait du déficit public un simple
transfert inter-temporel.
En d'autres termes, le revenu net d'impôt du secteur
privé s'accroît aujourd'hui pour se réduire demain. Il en
résulte un revenu permanent inchangé. Ainsi, alors que dans la
logique keynésienne, la réduction du déficit
budgétaire devrait produire une contraction de la demande globale et
agir négativement sur l'output gap, la nouvelle économie
classique est davantage portée à supposer la neutralité de
cette politique. En réduisant aujourd'hui la dépense publique,
l'Etat crée les conditions d'une baisse du taux de
prélèvement fiscal ultérieur qui peut soutenir une demande
privée compensatrice.
Le principe de cette équivalence ricardienne repose
toutefois sur des hypothèses restrictives, en particulier pour les pays
en développement où les marchés de l'assurance et du
crédit sont imparfaits et les impôts fortement distorsifs. Par
ailleurs en Afrique les contraintes de liquidité limitent la
possibilité pour les agents de lisser leur consommation dans le temps.
Celle-ci dépend donc davantage du revenu courant que du revenu
permanent.
Des auteurs ont récemment renouvelé la
réflexion en postulant qu'une contraction budgétaire pouvait
même avoir un effet positif sur l'activité économique. Leur
hypothèse procède de l'observation des expériences
contractionnistes conduites, dans les années quatre vingt, par certains
pays de l'Europe du Nord. Point commun à ces économies, la
réduction de la dépense publique a été à la
fois forte, rapide et durable (au moins trois ans) et conjuguée a un
effet expansif sur l'activité intérieure (e.g. Llau, 1999). Ce
phénomène suggère des non-linéarités
synonymes de coexistence de différents régimes budgétaires
: keynésien, non-keynésien et anti-keynésien.
Plusieurs explications, mutuellement non exclusives, ont
été apportées à ce phénomène. La
première que l'on doit aux travaux de Giavazzi et Pagano (1990), mais
également de Blanchard (1990), porte l'éclairage sur l'existence
d'un « effet de signal » autour de la solvabilité
retrouvée des finances publiques qui modifierait la formation des
anticipations des agents privés. Une baisse permanente des
dépenses publiques annonce une baisse future des impôts. Elle est
donc à l'origine d'un effet de richesse positif. De manière
analogue, un accroissement présent des impôts pourrait être
le signe que les agents supporteront des ajustements budgétaires moins
sévères dans le futur. En regard de
l'efficacité, l'action de rééquilibrage
budgétaire par la contraction de la dépense serait
préférable dans la mesure où une augmentation des
impôts pose un problème de crédibilité inter
-temporelle et suscite des effets d'offre non négligeables à
travers des prélèvements fiscaux distorsifs (Giavazzi et alii.,
2000).(11(*))
Une seconde explication du caractère expansif de la
contraction budgétaire est développée par Bertola et
Drazen (1993) et ultérieurement par Sutherland (1997) dans un
modèle à générations imbriquées. Pour ces
auteurs, la non-linéarité de la politique budgétaire peut
résulter d'un seuil psychologique d'endettement, d'un niveau de dette
publique rendant l'ajustement budgétaire inévitable.
Confrontés à un endettement public soutenable, les agents
supposent que le remboursement de la dette reposera sur les
générations futures. Dans ce cas un déficit a des effets
keynésiens. En revanche, en présence d'une dette jugée non
soutenable, les agents s'attendent à supporter eux-mêmes le poids
des remboursements, de sorte que les effets du déficit deviennent
non-keynésiens ou anti-keynésiens. L'importance du seuil de la
dette se dessine dans ce courant de littérature, mais également
les hypothèses sur lesquelles les agents fondent la formation de leurs
anticipations, en l'occurrence le caractère non monétisable et
non répudiable de la dette.
Ces hypothèses sont sans doute pertinentes pour les
pays membres de la zone franc, encore que des phénomènes de
hasard moral puissent être présents par des anticipations de
moratoires ou de remises de dettes extérieures qui modifieraient les
comportements privés.
La portée de ces phénomènes est toutefois
à relativiser. La plus importante remise de dettes, l'initiative envers
les Pays Pauvres et Très Endettés (PPTE), a été
à la fois récente, exogène et suffisamment
générale pour ne pas avoir été liée à
des situations financières et des comportements stratégiques
particuliers à l'Union. Les agents privés n'ont donc pas
internalisé le principe de cette initiative pour former leurs
anticipations.
Les travaux de Caballero et Pyndick (1996) s'inscrivent
également dans la ligne d'investigation des non-linéarités
de la politique budgétaire en relation avec le niveau de la dette. Les
auteurs suggèrent qu'en situation budgétaire « critique
», les agents sont non keynésiens. L'incertitude
macro-économique inhérente à la non-solvabilité des
finances publiques les incite à constituer une épargne de
précaution ou à retarder des investissements
générant des coûts irrécupérables en
réaction à une nouvelle dégradation des finances
publiques.
I.10. DEFICIT BUDGETAIRE ET DEFICIT PUBLIC
A. Définition
Un déficit budgétaire est une situation dans
laquelle les recettes de l'Etat sont inférieures à ses
dépenses au cours d'une année. On parle alors de solde
négatif.
Un déficit budgétaire n'est pas un signe de
mauvaise gestion. Il peut être dû à une action volontariste
de l'Etat, afin de soutenir et relancer l'activité économique
(par la hausse des dépenses ou la diminution des impôts). Mais une
récession peut également aggraver le déficit du budget car
elle entraîne une baisse des recettes et une hausse de dépenses
(aides aux chômeurs par exemple).
Les déficits publics désignent le solde
négatif (dépenses supérieures aux recettes) du budget de
l'Etat, des collectivités locales et de la sécurité
sociale. Dans ce cas, les administrations publiques se trouvent en situation de
besoin de financement. Le financement du déficit public peut se faire
par la création monétaire (risque d'inflation) ou le recours
à l'emprunt (ce qui aggrave la dette publique) dans le pays ou à
l'étranger.
Le déficit budgétaire se différencie du
déficit public car il n'englobe pas le solde des recettes et des
dépenses des collectivités locales et de la
sécurité sociale. Il équivaut au besoin de financement de
l'Etat et se traduit par le montant des emprunts nouveaux qu'il doit contracter
au cours de l'année. Les lois financières peuvent prévoir
un déficit et autoriser l'Etat à emprunter à hauteur de ce
besoin de financement.
B. Le déficit budgétaire comme arme des
politiques économiques
1. Le déficit public est nécessaire pour
compenser les mauvaises anticipations des agents.
Dans le cadre du circuit monétaire keynésien,
le problème économique est d'assurer un niveau de dépense
suffisant pour enclencher le multiplicateur. Or, l'incertitude peut pousser les
agents à la réserve monétaire. L'Etat a donc pour
rôle de favoriser des anticipations positives qui incitent les agents
à l'engagement monétaire. Pour cela, Keynes préconise la
« socialisation des investissements ». (12(*))
Dans un de ses derniers écrits (projets pour
l'après guerre), il suggère de distinguer deux budgets pour
l'Etat : un budget courant financé par l'impôt (avec vocation
à l'équilibre) et un budget d'investissement financé par
emprunt. Ce deuxième budget jouerait le rôle de stabilisation de
l'activité économique. (Rôle
« contra-cyclique »).
2. Le déficit public crée l'activité et
favorise l'épargne qui le financera
L'excès des dépenses sur les recettes
antérieures est à la base de la dynamique keynésienne
d'économie d'endettement. Le déficit public est donc tout
à fait normal dans ce cadre.
La dépense publique engage un phénomène
de multiplication qui la légitime quelque soit sa forme (valeur du
multiplicateur budgétaire lors d'une hausse des dépenses non
couverte par les impôts) :
1
(1-c) : pour une baisse des impôts sans baisse
des dépenses ;-le multiplicateur fiscal : c
(1-c)
La multiplication crée toujours un montant
d'épargne égal à la dépense initiale
engagée. Le déficit peut donc être financé
« ex-post ».
Dans une approche circuiliste, on peut aller jusqu'à
dire que le déficit est un « mythe » car il suppose
une approche comptable et statique alors que l'activité de l'Etat est un
pari sur l'avenir comme toute activité économique.
3. Le déficit permet l'euthanasie des rentiers et de
favoriser le comportement d'entreprise.
Paradoxalement pour Keynes, le déficit
budgétaire est un moyen de l'allocation des richesses vers les
entrepreneurs plutôt que vers les rentiers.
En favorisant la croissance et l'inflation, le déficit
fait baisser les taux d'intérêt réels acquittés sur
la dette publique et pour toutes les dettes.
D'autre part, l'Etat peut agir sur ces taux pour diminuer la
valeur de sa dette (ou la monétiser). Un comportement
d'austérité budgétaire au contraire favorise la
déflation et donc les rentiers au détriment des
entrepreneurs.
C. Le rôle du déficit budgétaire dans le
lissage du cycle
1) Le déficit comme stabilisateur automatique
Dans la perspective des politiques contra-cycliques des
années 1950-1970, le déficit budgétaire est une arme
passive, un mécanisme automatique. Les ressources des Etats sont en
effet directement corrélées à l'activité
économique (IRPP, TVA...).
Les dépenses sont souvent anti-corrélées
par rapport au cycle (les dépenses sociales augmentent dans les phases
de ralentissement).
Le déficit est donc nécessaire dans ces phases
et l'excédant devrait aussi être automatique lors des phases
expansives. Ce mécanisme permet le lissage du cycle
économique.
2) Le déficit budgétaire comme instrument de
politiques discrétionnaires
Le gouvernement peut aussi décider d'une politique
discrétionnaire en modifiant les principes de la fiscalité en
l'alourdissant ou en l'allégeant. Le déficit budgétaire
n'est une arme que dans ce cas là car il est choisi.
Les conditions d'efficacité de ce choix sont
définies par le modèle IS-LM. En règle
générale, le déficit budgétaire n'est pleinement
efficace que lorsqu'il est accompagné d'une politique monétaire
expansive.
D. Les perturbations économiques des années
1970-1980 et la critique générale du déficit
Depuis les années 1970, la récession en faisant
disparaître le cycle ne permet plus de compenser le déficit par un
excédant. Le déficit conduit donc à un endettement
croissant.
Cette conjoncture a mené à une critique de la
dette publique et de l'activité de l'Etat qui la
génère.
1. La conjoncture
La première véritable politique de
déficit keynésien recherchée est un échec : la
relance Mauroy rompt pour la première fois avec le dogme de
l'équilibre budgétaire (loi de finance déficitaire). Le
but recherché est clairement la relance de l'activité.
C'est un échec lié à deux
problèmes :
Ø
L'internationalisation des économies diminue la valeur du multiplicateur
budgétaire, surtout si les autres pays ont une politique
opposée.
Ø La crise
n'est pas une crise de la demande. La relance budgétaire n'est donc pas
adaptée et génère un endettement cumulatif du fait du
maintien des taux de croissance en dessous du taux d'intérêt
supporté par la dette. (13(*))
Le tournant de politique monétaire contraint la
politique budgétaire.
Ø Le
développement des thèses monétaristes entraîne
l'adoption de politiques déflationnistes qui alourdissent le fardeau de
la dette (manque de croissance, donc de ressources fiscales alors que le
chômage augmente du fait de la désinflation compétitive et
l'augmentation des taux réels).
Ø La
critique friedmanienne porte essentiellement sur l'accompagnement des
dépenses publiques lorsqu'elle est anticipée (ajustement des
exigences salariales à l'inflation...), c'est donc l'idée
d'autofinancement ex-post du déficit qui est remise en cause.
Ø Mais, de
nouvelles constructions théoriques remettent en cause la
légitimité même de l'endettement public, plus seulement de
son financement inflationniste.
2. Les critiques « standard » du
déficit
Le financement par impôt et le paradoxe de Laffer
(effet sur l'activité), selon cette courbe bien connue, l'alourdissement
du déficit de la pression fiscale (future), entraîne une
diminution des recettes fiscales et de l'activité économique.
Le financement par endettement et les effets
d'éviction : effets sur l'investissement privé et le
commerce extérieur.
Le choix de l'endettement à des effets pervers
analysés par les économistes néoclassiques dans le cadre
du modèle IS-LM :
v L'éviction
financière (IS-LM) : le déficit budgétaire exerce un
effet de relance dans un cas très précis qui suppose LM
horizontale et IS verticale.
En fait, comme l'offre de monnaie est limitée dans
IS-LM, le déficit budgétaire fait augmenter r et donc, baisse I
(cas max : IS horizontale et LM verticale), fonctionne dans les cas de
financement par épargne préalable sur le marché local des
capitaux.
v L'éviction
par le change (IS-LM-BB) : le déficit public entraîne une
entrée de capitaux pour le financer, donc la montée du change, la
contraction du commerce extérieur et l'annulation des effets de la
relance, marche surtout en changes flexibles à forte modalité des
capitaux.
Le « fardeau
intergénérationnel » (Modigliani) : les effets sur
l'accumulation du capital et la croissance.
Dans l'analyse néoclassique de la croissance (Solow),
la variable la plus importante est le niveau de capital par tête qui
permet l'accumulation et donc le taux d'épargne de la
société. Le déficit public fait augmenter la consommation
car les ménages sont plus riches puisqu'ils possèdent les titres
de la dette (effet de richesse).
L'épargne baisse, le niveau de capital par tête
aussi. Pour Modigliani, l'accumulation des déficits publics est un
fardeau intergénérationnel car elle diminue le stock de capital
dont bénéficieront les générations futures. (14(*))
E. Des cycles à la politique économique
Lorsque les économistes classiques s'interrogent sur
le risque de crise, leur réponse négative s'inscrit tout
entière dans la formule de Jean-Baptiste Say : "c'est la production
seule qui ouvre des débouchés aux produits". La formule, pour
être globalement correcte, peut néanmoins être
discutée sous plusieurs angles.
En premier lieu,
et c'est un point fondamental, la formule de Jean-Baptiste Say n'est valable
que si l'argent distribué sous forme de salaires revient à
l'entreprise en commandes de biens et services. C'est Thomas R. Malthus qui, le
premier, montrera les limites possibles de la formule et c'est John M. Keynes
qui la systématisera avec la notion de préférence pour la
liquidité. Chez cet auteur, la préférence pour la
liquidité est immédiatement synonyme de thésaurisation,
c'est-à-dire de sortie de liquidités du circuit
économique. On comprend alors pourquoi l'injection de liquidités
sous forme de dépenses publiques financées par la création
monétaire est à la fois nécessaire et possible -
c'est-à-dire non inflationniste. Cependant, avec la bancarisation, les
liquidités ne sont plus thésaurisées mais constamment
remises en circulation par les institutions financières. Les
autorités politiques en prendront acte et, en France, c'est Raymond
Barre qui, dans les années 1980, mettra fin au financement
monétaire du déficit budgétaire.
Si
elle permettait de comprendre qu'il n'y avait pas de crainte à avoir
quant au bon fonctionnement du circuit économique, la théorie de
Jean-Baptiste Say ne pouvait exclure l'existence de crises liées au
partage du revenu entre consommation et épargne. Crise passagère,
diront les classiques, puisque l'épargne d'aujourd'hui est
utilisée pour l'investissement, c'est-à-dire pour la production
future (cf. encore l'analyse de F. A. von Hayek en 1931), crise structurelle,
dira Keynes, puisque la "loi psychologique fondamentale" veut que la
consommation augmente moins vite que le revenu. Si, effectivement, la
propension marginale à consommer est inférieure à la
propension moyenne, on ne peut que craindre une insuffisance structurelle de la
consommation. Celle-ci justifie en retour que les entrepreneurs
diffèrent leurs investissements. L'épargne est excessive, le taux
d'intérêt diminue et les ménages préfèrent la
thésaurisation. Le débat sera repris après la Seconde
guerre mondiale par James Duesenberry, Milton Friedman, Franco Modigliani.
Chacun à sa manière montrera que l'épargne n'est pas
excessive ou, ce qui revient au même, que la propension marginale
à consommer est, a minima, égale à la propension moyenne.
La politique budgétaire structurelle perdait ainsi son deuxième
fondement structurel.
Avec la clôture de ces
débats, la politique conjoncturelle a perdu une bonne part de ses
lettres de noblesse. Elle n'en a pas perdu néanmoins sa
nécessité. Simplement, celle-ci est beaucoup plus pragmatique et
beaucoup moins politique. Lorsque la croissance est pénalisée par
une épargne considérée comme excessive, il est toujours
possible de réagir en proposant une redistribution des revenus des
riches - supposés épargner - vers les pauvres - qui consomment
normalement la totalité de leur revenu. Lorsque la croissance est
pénalisée par la crainte des ménages face à la
pérennité des régimes de retraite, l'argument
précédent s'étiole. Combien plus lorsque les fluctuations
de la conjoncture ont des causes strictement exogènes. (15(*))
F. Faut-il lutter contre les cycles de la
conjoncture ?
Pour le cycle de la conjoncture. Faut-il se contenter du
réglage monétaire, ou faut-il engager une politique
budgétaire contra-cyclique ?
Il est intéressant de constater que, en 1959, Richard
Musgrave estime que:
v La politique de stabilisation est nécessaire;
v Elle relève de la politique fiscale.
A l'heure actuelle, si les cycles n'interfèrent pas
avec le trend de croissance de long terme, il n'y a pas de raison majeure de
chercher à les contrarier. De fait, aussi bien les classiques que les
keynésiens estiment que la croissance à long terme est un
phénomène exogène et donc - hormis le cas
déjà traité de la thésaurisation - elle est
indépendante des fluctuations de court terme.
Les théoriciens de la croissance
endogène estiment quant à eux qu'il n'en est pas ainsi et que,
par les effets d'hystérèse, l'instabilité à court
terme de la croissance peut compromettre la croissance de long terme.
L'hypothèse principale qui justifie cette relation passe par
l'accumulation de capital humain qui se réalise au sein même du
processus de production (learning by doing). La multiplication des
récessions et donc, pour certains, des passages par le chômage,
peut entraîner une moindre accumulation du capital humain qui, en retour,
freine la croissance économique de long terme. Nul doute que
l'expérience de chômage de longue durée que de nombreux
pays ont connue plaide en ce sens. En même temps, ce chômage
n'était pas réellement de nature conjoncturelle mais structurelle
(inadéquation des qualifications, rapport salaires-qualification, etc.).
Empiriquement, on observe effectivement une corrélation partielle entre
croissance et volatilité sans que l'on puisse dire si cela tient
à la période retenue. Une fois établi
ce principe, les difficultés commencent et l'on n'est pas certain que le
remède ne soit pas, dans certains cas, pire que le mal. Il y a au moins
trois types de difficulté qu'il faut résoudre lorsqu'on veut
mettre en place une politique budgétaire.
Premièrement, les pouvoirs publics sont-ils capables d'améliorer
la situation ? Si, comme le reconnaît volontiers Keynes, le
problème principal est l'incertitude dans laquelle se trouvent les
agents économiques, la meilleure chose que puissent faire les
gouvernements est de ne pas embrouiller davantage les choses !
Or, et c'est la deuxième difficulté, la simple
prise en considération des étapes de la politique
budgétaire montre que le risque ne peut être sous-estimé.
Milton Friedman a fréquemment montré qu'elles étaient au
nombre de quatre :
v Le temps qu'il faut pour se rendre compte qu'une mesure est
souhaitable ;
v Le temps que prend la préparation de la mesure ;
v Le temps nécessaire pour faire approuver la mesure
par le Parlement ;
v Le temps nécessaire pour que les mesures de politique
économique produisent leurs effets.
A ces difficultés bien matérielles s'ajoute, on
va le voir, l'incertitude quant au dosage exact de la politique
budgétaire.
Finalement, et c'est le troisième point, la politique
budgétaire peut devenir davantage un instrument destiné à
lutter contre les fluctuations de l'opinion électorale qu'un instrument
économique, stricto sensu. Sur ce sujet, il y a beaucoup de cas de
figures. L'un des plus classiques consiste à accroître le
déficit budgétaire avant les élections pour engager une
politique de restauration des finances publiques une fois le suffrage populaire
acquis. L'instabilité naturelle de l'économie se double alors
d'une instabilité de nature proprement politique.
Il faut donc naviguer entre deux écueils : d'un
côté, les risques d'une action inappropriée, de l'autre,
les risques de l'inaction, principalement peuvent compromettre le
développement humain. C'est en ce sens qu'il s'agit d'un geste de
prudence politique qui devrait être dégagé de tout
opportunisme. (16(*))
I. 11. LA POLITIQUE BUDGETAIRE ET QUALITE DES PREVISIONS
CONJONCTURELLES
Une fois démontré le principe théorique
de l'efficacité de la politique budgétaire, il reste que son
maniement est un exercice délicat. On peut le vérifier en
s'interrogeant sur ce qu'il faut faire face aux fluctuations cycliques à
période régulière d'une part, face aux chocs
exogènes d'autre part. Finalement, on s'interrogera sur la prise en
compte de l'état des stocks dans la définition de la politique
économique.
a. La politique budgétaire face aux fluctuations
cycliques
S'il s'agit de compenser les fluctuations cycliques à
période régulière, il convient d'anticiper avec exactitude
le moment de ces fluctuations. Or, celui-ci peut subir de multiples
décalages de nature endogène (le cycle de l'investissement se
prolonge plus longtemps que prévu parce qu'il finit par toucher un
spectre plus large d'agents économiques) ou exogène (un
retournement dans le cycle du change vient brutalement resserrer les
débouchés étrangers). Il existe de nombreux exemples
historiques où les prévisionnistes ont été capables
de bien percevoir le sens de la variation du PIB, mais incapables d'en mesurer
l'ampleur et d'en annoncer le calendrier exact.
On perçoit ainsi le difficile exercice de
prévision budgétaire qui se joue tous les ans au Ministère
de l'économie et des finances si les prévisions de PIB peuvent
varier de près de cinq cents points de base (cinq points de pourcentage)
en à peine 18 mois.
En premier lieu, la politique de régulation
conjoncturelle doit varier du tout au tout : si c'est la croissance qui
s'étiole, le déficit budgétaire doit être accru...
Parallèlement, le degré de déficit budgétaire qu'il
faut prévoir est rendu incertain par l'incertitude même des
prévisions puisqu'il s'écoule approximativement 18 mois entre la
préparation du budget et le moment où il finira d'être
réalisé...
En conséquence de cette analyse, on ne peut exclure
que, malgré la volonté des autorités politiques, les
politiques budgétaires soient pro-cycliques.
b. la politique budgétaire face aux chocs
exogènes
S'il s'agit de compenser l'effet récessif d'un choc
exogène, il convient d'intégrer dans les prévisions aussi
bien les réactions des agents économiques privés que les
effets des stabilisateurs automatiques.
Pour ce qui concerne les
réactions des agents économiques privés, il faut se
souvenir que les modèles économiques qui servent à
effectuer des prévisions sont calibrés sur l'expérience
passée. Autrement dit, les coefficients de réaction (propension
à épargne, sensibilité au taux d'intérêt,
réactivité aux fluctuations de change) sont évalués
à partir de l'histoire économique du pays. Si "les mêmes
causes produisent les mêmes effets", sinon il serait impossible de parler
de sciences économiques, les causes ne sont jamais tout à fait
les mêmes (le troisième choc pétrolier est d'ampleur
comparable au premier, mais il s'est déroulé sur une
période beaucoup plus longue), elles ne se produisent pas dans le
même contexte (lors du second choc pétrolier, les entreprises
avaient épuisé les possibilités de modification du partage
de la valeur ajoutée comme instrument de réaction à
l'augmentation de leurs coûts) de sorte que l'ampleur et les
modalités de la réaction des agents économiques à
ce choc varient considérablement.
Quant aux stabilisateurs automatiques, il s'agit d'une
transformation de nature structurelle. Aujourd'hui, elles tangentent souvent
les 50%. Au-delà même des dépenses publiques ou sociales,
les dépenses des ménages qui sont couvertes par un régime
d'assurance, quel qu'il soit, sont moins sensibles à la conjoncture.
On comprend en effet qu'un salarié qui a vu partir en
préretraite un collègue de travail s'interroge pour savoir si,
demain, ce n'est pas lui qui sera licencié. Par anticipation, il peut
réduire sa consommation soit en épargnant, soit en
renonçant à un emprunt pour financer sa consommation.
Dans les deux cas, l'activité économique se
réduit du fait de l'anticipation négative du salarié. Un
tel mécanisme n'existe pas pour les dépenses publiques qui sont
budgétisées pour l'année et dont le calendrier est
indépendant de la conjoncture.
Il faut ici prendre garde à une
fausse fenêtre liée aux systèmes d'assurance car ceux-ci
n'ont pas les vertus stabilisatrices directes qu'on leur prête parfois.
Avant la mise en place des systèmes d'assurance chômage,
typiquement les Etats-Unis durant la crise de 1929, le salarié qui perd
son emploi disparaît en tant que producteur et, une fois
épuisées les ressources de son épargne, s'il en a,
disparaît en tant que consommateur. Au contraire, le système
d'assurance-chômage permet à un salarié qui a disparu en
tant que producteur de continuer à consommer, pendant une période
définie d'avance - la durée pendant laquelle il
bénéficie de prestations de chômage.
Que cela soit un progrès social ne fait aucun doute.
Que cela permette la stabilisation économique des secteurs de
consommation concernés est tout à fait vrai.
Pour autant, du point de vue macroéconomique, la
consommation du salarié au chômage est financée par
l'abstinence des salariés qui ont un emploi et qui cotisent au
même régime d'assurance. Cela veut dire que des secteurs
d'activité sont pénalisés par ces transferts de
ressources. Lesquels ? Personne n'est capable de le dire. Mais on ne peut
écrire qu'un phénomène n'existe pas parce qu'il ne fait
l'objet d'aucune mesure. En contrepartie, cela veut dire qu'une politique de
relance devrait être assez sélective pour tenir compte de ces
déplacements de demande, puisqu'ils ont une influence directe sur les
taux sectoriels d'utilisation des capacités de production.
I.12. LE FINANCEMENT DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE EST-IL
NEUTRE ?
A l'époque de Keynes, l'une des préoccupations
qu'il endosse concerne le circuit monétaire, ses délais (que se
passe-t'il avec la monnaie pendant la durée de la transaction ?), ses
fuites (la thésaurisation concerne l'extraction de monnaie fiduciaire
hors du circuit économique). Les modalités de financement d'un
déficit public et ses conséquences sur l'activité
économique varient évidemment en fonction des institutions
monétaires et, en particulier, du développement du système
bancaire.
a. Opportunités et limites de financement par
création monétaire
Au moment où Keynes écrivait, la plupart des
ménages n'utilisaient pas les services bancaires et ne rencontraient les
institutions financières que pour des placements longs (hormis les Bons
du Trésor à trois mois). Il n'existait pas de protection des
avoirs déposés en banque et la course aux guichets pouvait se
produire à partir de n'importe quelle rumeur. A chaque fois, l'argent
sort du circuit économique sans que l'on puisse savoir à quel
moment il y entrera.
Ce n'est pas pour rien que l'Emergency Bill du 9 mars 1933
aux Etats-Unis interdit la thésaurisation et l'exportation d'or ! Dans
ce contexte institutionnel, il n'est absolument pas inquiétant que
l'Etat se substitue aux agents privés pour briser leur attentisme en
matière de dépense et qu'il finance ce solde budgétaire
négatif par la création monétaire. D'une certaine
façon, les sommes thésaurisées par les agents sont remises
en circulation par la puissance publique. Tout est question de dosage, ce que
les statistiques ne permettent pas de réaliser : comment savoir à
quelle échéance et quel volume de monnaie
thésaurisée sera remise dans le circuit à un moment
donné ?
Il n'en est évidemment plus de
même avec la bancarisation et la financiarisation de l'économie :
la thésaurisation, sans être inexistante, est réduite et
l'argent déposé en compte courant dans les banques est plusieurs
fois mis en circulation via le multiplicateur de crédit. En
conséquence, toute politique budgétaire financée par la
création monétaire est immédiatement inflationniste.
Par contre, c'est de la responsabilité de la Banque
centrale de compenser les sommes éventuellement
thésaurisées, voire - en cas d'incertitude sur la signification -
de tenir compte de la vitesse de circulation de la monnaie pour
appréhender le comportement des agents économiques. (17(*))
b. Opportunités et limites de financement par
emprunt
Dans la parabole du dîner, Keynes explique que
l'épargne d'aujourd'hui n'est pas, selon lui, source de croissance
demain. "Un acte d'épargne individuelle signifie - pour ainsi dire - une
décision de ne pas dîner aujourd'hui.
Mais il n'implique pas nécessairement une
décision de commander à dîner... une année plus
tard...
Il déprime donc l'activité consistant à
préparer le dîner d'aujourd'hui sans stimuler une activité
pourvoyant à quelque acte futur de consommation"
Ainsi s'effondre, sous réserve des hypothèses sous-jacentes, la
construction intellectuelle des économistes classiques et
néo-classiques. L'épargne issue de cette abstinence ne sera
demandée par les entreprises que s'ils estiment que la demande rebondira
à terme. C'est évidemment faire peu de cas de la contrainte de
compétitivité (bien identifiée, elle, par K. Marx) et des
opportunités du progrès technique (l'obsolescence technique est
un des plus grands risques de fragilisation de l'entreprise). Dans les deux
cas, l'entreprise doit investir à demande constante.
Pour rester dans le contexte keynésien, l'épargne
délaissée par les investisseurs privés peut, pour le plus
grand bien de l'équilibre économique et de la croissance,
être empruntée par la puissance publique pour financer des
dépenses publiques - indifféremment, dans un premier temps, des
dépenses de consommation ou d'investissement. Il ne peut y avoir
d'éviction de l'investissement privé puisque, justement, c'est
son insuffisance qui pousse l'Etat à se substituer au secteur
privé défaillant.
Il est vrai, à
nouveau, que le contexte institutionnel de l'époque joue sur une telle
approche. Rappelons que la monnaie interne et externe est gagée sur l'or
et que la politique monétaire intérieure est contrainte par
l'abondance de métal précieux.
En conséquence, la marge d'action de la Banque
centrale est limitée.
Comme Keynes l'écrit, "il est improbable que
l'influence de la politique bancaire sur le taux d'intérêt suffise
à amener le flux d'investissement à sa valeur optimum".
A partir du moment où l'on peut "produire de la monnaie
comme des céréales", c'est-à-dire où la Banque
centrale n'est plus tenue par une obligation de convertir la monnaie
(scripturale et fiduciaire) en or, elle peut faire baisser son taux
d'intérêt jusqu'à ce que les opportunités
d'investissements rebondissent. (18(*))
CHAPITRE II : QUESTIONS DE POLITIQUES BUDGETAIRES DANS
LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
Le renforcement de la croissance dans nombre de pays en
développement ces dernières années a traduit des
changements fondamentaux des politiques économiques. La
réorientation des politiques budgétaires a joué un
rôle déterminant à cet égard : elles ont
été axées sur la stabilisation du cadre
macroéconomique, le renforcement de l'épargne et de
l'investissement intérieurs et les réformes structurelles dans
l'optique du marché.
À cet effet, il a fallu non seulement redoubler de
rigueur pour maîtriser les déséquilibres
budgétaires, mais aussi réduire le rôle de l'État
dans l'économie de manière à ce que l'intervention des
pouvoirs publics ne fasse pas obstacle au développement du secteur
privé. Le redressement des déséquilibres
budgétaires a par ailleurs facilité la libéralisation
économique et les réformes structurelles dans la mesure où
il est devenu moins nécessaire de recourir à des mesures fiscales
et réglementaires génératrices de distorsions pour
subvenir aux besoins de financement public.
Ces améliorations des politiques gouvernementales ont
toutefois été inégales, comme en témoignent les
disparités sensibles des performances économiques d'un pays
à l'autre. Certains pays en développement n'ont guère fait
de progrès sur la voie de l'assainissement budgétaire, ce qui a
freiné leur croissance économique et les a rendus plus sensibles
aux aléas des conditions extérieures.
Une action menée sur plusieurs fronts, notamment la
réforme du secteur public, la privatisation des entreprises
d'État, la déréglementation du commerce extérieur
et la libéralisation financière, et le renforcement de
l'administration fiscale, aiderait ces pays à relever le niveau de vie
de leur population, à accélérer le rythme du
développement et à réduire le risque de se voir
distancé encore davantage par d'autres pays en développement qui
sont plus avancés dans l'ajustement et les réformes.
Cela dit, tous les pays en développement doivent
maintenant s'employer à préserver les améliorations qu'ils
ont apportées à leurs politiques économiques afin de
préserver la stabilité financière, de promouvoir
l'affectation efficiente des ressources, de favoriser la croissance et de tirer
ainsi le meilleur parti de la mondialisation des marchés des capitaux et
des produits tout en limitant au maximum les risques qu'elle présente.
Tableau 1. Pays en développement : indicateurs
budgétaires et économiques
(Moyenne annuelle; en pourcentage du PIB, sauf indication
contraire)
|
De 1975 à
1982
|
De1983 à
1989
|
De 1990 à
1995
|
Solde budgétaire de l'administration
centrale1
|
-3,4
|
-5,5
|
-3,0
|
Recettes de l'administration centrale1
|
20,7
|
19,2
|
18,1
|
Dépenses de
l'administration centrale
|
23,7
|
24,4
|
20,9
|
Dépenses
courantes
|
16,6
|
18,0
|
16,5
|
Épargne
privée
|
19,6
|
21,6
|
24,6
|
Investissement
privé
|
14,1
|
14,3
|
17,3
|
Solde des
transactions courantes
|
-0,8
|
-1,5
|
-1,5
|
Termes de
l'échange2
|
1,7
|
-0,6
|
-
|
Dette
extérieure
|
24,4
|
38,0
|
36,9
|
PIB réel
|
4,5
|
4,9
|
5,7
|
Prix à la
consommation2
|
21,7
|
38,7
|
40,3
|
Prix à la
consommation (médiane)2
|
11,8
|
8,7
|
10,1
|
1 Y compris les dons
2 Variation annuelle en pourcentage
II.1 TENDANCES BUDGETAIRES
Depuis les années 80, la situation budgétaire
s'est nettement améliorée dans un grand nombre de pays en
développement. Dans le groupe des pays en développement, le
déficit budgétaire de l'administration centrale exprimé en
pourcentage du PIB a diminué de 21 /2 points entre
1983-89 et 1990-95 (tableau1) (19(*)).
Dans la plupart des pays, l'ajustement budgétaire a
surtout pris la forme d'une compression des dépenses, la
réduction des dépenses d'équipement ayant
été un peu plus prononcée, en proportion du PIB, que celle
des dépenses courantes.
En ce qui concerne les ressources, les pays en
développement enregistrent dans leur ensemble, depuis 1980 environ, une
évolution en baisse des recettes de l'administration centrale par
rapport au PIB.
Cette tendance tient principalement à l'affaiblissement
des cours du pétrole dans les pays qui en sont producteurs et à
des difficultés de mobilisation des recettes, bien que certains pays
aient aussi eu tendance à alléger les impôts pour stimuler
l'activité du secteur privé et, partant, la croissance. Bien que
l'épargne et l'investissement aient été sensibles à
un certain nombre de facteurs, notamment à la disponibilité de
financements extérieurs, le rééquilibrage des finances
publiques depuis la fin des années 80 et les améliorations du
contexte économique qui en ont découlé ont sans doute
joué un rôle décisif dans l'augmentation de
l'épargne et de l'investissement privés qui a été
enregistrée pour l'ensemble du groupe.
Les taux d'épargne et d'investissement, exprimés
en pourcentage du PIB, ont gagné environ 3 points entre 1983-89 et
1990-95; entre ces deux mêmes périodes, le taux de croissance
annuel moyen du PIB a augmenté de presque 1 point.
Si le déficit budgétaire s'est
résorbé dans l'ensemble des pays en développement, on
constate toutefois des variations sensibles entre les différentes
régions du monde et à l'intérieur de ces régions.
En Afrique, le déficit budgétaire s'est en
moyenne creusé au début des années 90, bien qu'un certain
nombre de pays, comme le Kenya, l'Ouganda et plus récemment les pays de
la zone franc aient considérablement amélioré leurs
politiques macroéconomique et structurelle(20(*)).
Pendant une bonne partie de cette période, les
conditions extérieures ont été défavorables pour de
nombreux pays africains, la baisse des cours des produits de base et le
ralentissement de la croissance dans les pays industrialisés ayant
provoqué une détérioration très sensible des termes
de l'échange, surtout dans les pays d'Afrique subsaharienne. Certains de
ces pays ont réussi à faire de modestes progrès dans la
réduction de leur déficit budgétaire, notamment à
l'aide des accords de rééchelonnement de la dette
extérieure conclus à la fin des années 80 et au
début des années 90, qui ont modifié le calendrier des
paiements d'intérêts, mais l'essentiel de l'ajustement a pris la
forme d'une réduction des dépenses d'équipement.
En fait, dans l'ensemble de l'Afrique, les dépenses
publiques courantes rapportées au PIB ont augmenté de plus de 2
points de pourcentage durant la période 1990-95, alors que le rapport
des dépenses d'équipement au PIB a été un peu plus
faible qu'au milieu des années 80. Le déficit budgétaire
moyen a diminué en 1995 pour s'établir juste au-dessous de 4 % du
PIB, mais la situation reste précaire dans la plupart des pays
africains, nombre d'entre eux restant lourdement tributaires des dons pour
financer un déséquilibre considérable de leurs finances
publiques.
Au Moyen-Orient et en Europe, le déficit
budgétaire a nettement diminué depuis le milieu des années
80 -- le ratio déficit/PIB ayant baissé de 5 points -- mais il
reste en moyenne, à plus de 7 % du PIB, bien plus important que dans les
autres régions du monde en développement. De nombreux pays de la
région se sont caractérisés, durant les années 80,
par une expansion excessive des dépenses publiques, qui a fait suite aux
fortes augmentations des prix du pétrole et des recettes survenues dans
les années 70 et au début des années 80.
Lorsque les prix du pétrole ont ensuite baissé,
entraînant une contraction des recettes publiques, nombre de ces pays se
sont retrouvés aux prises avec des programmes de dépenses
excessifs et avec des déséquilibres budgétaires
manifestement intenables. La réduction sensible des dépenses
publiques qui est survenue depuis lors a surtout porté sur les
dépenses d'équipement : le rapport des dépenses courantes
au PIB est à peu près stable, à environ 26 %, depuis les
années 70.
On constate toutefois des divergences notables par rapport
à cette évolution moyenne parmi les pays de la région dont
l'économie est plus diversifiée. En Égypte, par exemple,
l'élargissement de l'assiette de l'impôt ces dernières
années a permis d'augmenter les recettes fiscales. La Jordanie, quant
à elle, a pu accroître depuis 1992 ses dépenses
d'équipement exprimées en pourcentage du PIB, en réduisant
ses dépenses courantes (21(*)).
La situation budgétaire s'est le plus nettement
améliorée dans l'hémisphère occidental, où
plusieurs pays, dont l'Argentine, le Brésil et le Mexique, ont
enregistré des excédents au début des années 90.
Dans l'ensemble de la région, le déficit budgétaire a
été ramené de presque 4,5 % du PIB au milieu des
années 80 à moins de 1/2 % du PIB en 1990-95. Contrairement
à ce qui s'est passé après la crise de la dette du
début des années 80, lorsque la baisse des taux
d'intérêt mondiaux et l'accélération de la
croissance dans les pays industrialisés ont favorisé la
réduction des déficits budgétaires de la région,
les progrès réalisés dans les années 90 sur la voie
de l'assainissement des finances publiques sont essentiellement dus à un
renforcement des politiques budgétaires.
Le très net ralentissement de l'inflation
enregistré durant les années 90 a par ailleurs
entraîné une forte réduction de la charge des
intérêts versés par l'administration centrale dans des pays
comme l'Argentine et le Mexique.
La réduction des dépenses de l'administration
centrale et l'accroissement de l'épargne du secteur public n'ont
cependant pas produit une augmentation correspondante de l'épargne
nationale, car ils ont été neutralisés par une contraction
de l'épargne privée.
La mesure dans laquelle les capitaux extérieurs
comblent le déficit de l'épargne intérieure par rapport
à l'investissement reste préoccupante dans un certain nombre de
pays de la région; aussi peut-on faire valoir que de nouvelles
améliorations de la situation budgétaire s'imposent pour
renforcer l'épargne nationale. Les données globales pour les pays
en développement d'Asie reflètent la politique
macroéconomique prudente que beaucoup d'entre eux mènent depuis
longtemps.
Durant la majeure partie de la période qui s'est
écoulée depuis le milieu des années 70, bon nombre des
économies d'Asie à forte croissance ont maintenu leur
déficit budgétaire à des niveaux bien inférieurs
à ceux qui ont été observés dans les autres
régions du monde en développement. La plupart des pays d'Asie
sont aussi parvenus à maintenir des taux d'épargne privée
relativement élevés, ce qui les a aidé à ne pas
recourir au financement monétaire du déficit budgétaire.
De surcroît, le déficit budgétaire a
continué de se résorber, en moyenne, durant la période
1990-95 et, contrairement à ce qui s'est passé dans beaucoup
d'autres pays en développement, cet ajustement a largement pris la forme
d'une réduction des dépenses courantes.
Mais là encore, les données globales masquent
des variations considérables entre les différents pays de la
région. Au Pakistan, par exemple, un déséquilibre
budgétaire persistant a contribué à déprimer
l'épargne nationale et l'investissement et donc à freiner la
croissance.
Dans d'autres pays d'Asie du Sud comme le Bangladesh, la
situation budgétaire s'est certes un peu améliorée ces
dernières années mais le taux d'épargne nationale, s'il
est plus élevé que dans de nombreux autres pays en
développement, est très nettement inférieur à ceux
qu'enregistrent les économies d'Asie à plus forte croissance.
II.2 CAUSES FONDAMENTALES DU DEFICIT BUDGETAIRE
Dans nombre de pays en développement, l'aggravation du
déficit budgétaire durant les années 70 et 80 a
été surtout due à une expansion intenable des
dépenses publiques -- qui ont augmenté bien plus vite que la base
des recettes. Cette expansion excessive des dépenses publiques peut
être attribuée à diverses causes, notamment à des
facteurs extérieurs comme la hausse des taux d'intérêt
mondiaux, qui a alourdi le coût du service de la dette extérieure,
alors que celle-ci augmentait dans les pays en développement.
Néanmoins, dans bien des cas, la tendance à la
hausse des dépenses publiques trouve son origine dans les efforts qu'ont
déployés les pouvoirs publics pour accélérer le
développement et l'industrialisation en prenant part à des
activités économiques que le secteur privé peut prendre en
charge de façon plus efficiente, comme on s'en est de plus en plus rendu
compte.
Pendant les années 80, les gouvernements de nombreux
pays africains, en particulier, ont accordé de larges subventions
budgétaires à des entreprises déficitaires qui relevaient
de domaines d'activités tels que la commercialisation et la distribution
de produits agricoles -- dans lesquels on ne peut guère constater de
défaillance manifeste du marché -- ainsi que des appuis quasi
budgétaires aux banques centrales dont les opérations
comprenaient l'allocation de devises à des taux
préférentiels et de crédits subventionnés aux
entreprises nationales.
L'intervention de l'État dans l'affectation du
crédit était aussi de règle dans de nombreux pays d'Asie
prospères, au début des années 80, bien que dans des pays
comme la Corée, le crédit subventionné fût surtout
affecté à des industries d'exportation qui devaient passer
l'épreuve de la concurrence internationale et en Indonésie, les
mesures de contrôle du crédit ont été sensiblement
assouplies.
Dans certains pays en développement, la guerre civile,
l'instabilité politique ou les tensions régionales ont
limité, durant les années 80, la possibilité de
réduire les dépenses militaires alors que celles-ci ont
diminué de plus de 20 % en valeur réelle durant la même
période. Le rapport des dépenses militaires au PIB dans
l'ensemble des pays en développement a baissé par rapport aux
années 70 et au début des années 80 -- il était
supérieur à 5,5 % durant la période 1972-85 -- pour
s'établir au-dessous de 4,5 % dans la seconde moitié des
années 80, bien qu'il ait augmenté de 1/2 point de pourcentage du
PIB en Afrique subsaharienne. Plus récemment, les dépenses
militaires ont continué de décroître dans la plupart des
régions du monde, y compris en Afrique subsaharienne.
Dans nombre de pays, la mauvaise gestion et le manque de
responsabilité du secteur public ont contribué au fait que les
dépenses publiques sont mal maîtrisées et qu'elles ne sont
pas affectées de façon rationnelle et équitable en
fonction des besoins prioritaires de la société.
Les dépenses de prestige, celles qui
récompensent les groupes politiquement influents ou ne profitent
qu'à une faible minorité -- souvent au détriment des
prestations de services sociaux essentiels -- s'expliquent largement par les
asymétries entre les coûts et les avantages politiques qui sont
associés à la fiscalité et aux dépenses. Dans les
pays qui ont un régime démocratique, on observe
généralement une synchronisation des politiques d'expansion
budgétaire et du cycle électoral, surtout en matière de
dépenses.
Il peut être difficile de revenir sur ces augmentations
des dépenses qui répondent à des motivations politiques,
surtout si elles ont produit un accroissement de l'emploi dans le secteur
public ou dans les institutions quasi publiques.
Dans les pays qui enregistrent une croissance relativement
forte, comme nombre de pays d'Asie et d'Amérique latine, le
déséquilibre budgétaire correspond souvent à des
besoins accrus d'investissement dans l'infrastructure, de valorisation des
ressources humaines par les dépenses de santé et
d'éducation et d'amélioration des services publics, ce qui
implique notamment des dépenses salariales dans le secteur public.
Les dépenses dans ces domaines, lorsqu'elles sont bien
conçues et affectées de façon rationnelle, peuvent
augmenter la productivité du secteur privé et favoriser la
croissance. Dans certains cas, la participation du secteur privé
à la mise en place d'infrastructures et à la prestation d'autres
services publics peut aider à limiter les besoins de dépenses
publiques mais, d'une manière générale, les
déséquilibres budgétaires exigent que les dépenses
soient contenues ou réduites dans d'autres domaines.
Dans de nombreux pays en développement, les pertes des
entreprises publiques se sont souvent ajoutées au déficit du
budget de l'État : c'est l'une des raisons pour lesquelles les comptes
de l'administration centrale peuvent donner une image optimiste des finances
publiques, tout particulièrement à court terme. Au Kenya, par
exemple, les pertes accusées dans les années 80 par le National
Cereals and Produce Board -- équivalant à environ 5 % du PIB par
an -- ont été prises en charge par l'administration centrale,
mais avec un certain décalage. En Inde, le financement des pertes des
entreprises publiques représentait un coût équivalant
à presque 1,5 % du PIB par an pour l'administration centrale, au
début des années 90.
L'appui budgétaire aux entreprises publiques a
été limité par la suite, à un peu moins de 1 % du
PIB en 1995, et l'accès de ces entreprises aux prêts bancaires
subventionnés a été sensiblement réduit. Les
entreprises publiques sont souvent des monopoles non rentables qui sont
subventionnés aux dépens du contribuable et dont les
activités n'ont nullement besoin d'être exercées dans le
cadre du secteur public; leur situation de monopole tient souvent à des
restrictions qui empêchent les concurrents privés en puissance de
s'introduire sur le marché.
Un grand nombre d'activités du secteur public, comme
les opérations de la banque centrale ou les subventions implicites que
constitue la garantie par l'État des emprunts contractés par les
entreprises publiques, n'entraînent souvent pas de dépenses
budgétaires immédiates; ces opérations quasi
budgétaires donnent souvent lieu à la création
d'engagements conditionnels ou d'obligations non consolidées.
C'est là une autre raison pour laquelle en
considérant le rapport des dépenses de l'administration centrale
au PIB, qui est en général deux fois plus faible environ dans les
pays en développement que dans les pays industrialisés, on risque
de sous estimer sensiblement le degré d'intervention du secteur public
dans l'économie. La difficulté de mobiliser des recettes fiscales
par la voie budgétaire explique souvent que les pouvoirs publics
recourent en partie à des moyens quasi budgétaires pour atteindre
des objectifs de finances publiques (22(*)).
Certaines activités de la banque centrale et des autres
institutions financières publiques, comme les opérations sur le
marché des changes et les prêts bonifiés aux entreprises
publiques, bien qu'elles soient opaques et difficiles à quantifier
intégralement, peuvent entraîner des coûts
considérables pour l'ensemble du secteur public. À la
Jamaïque, les pertes de la banque centrale dues aux garanties de taux de
change ont dépassé 5 % du PIB au début des années
90.
Au Mexique, la contraction du déficit du secteur des
entreprises publiques non financières au début des années
90 a conduit à surestimer l'amélioration de la situation
budgétaire, en partie parce qu'elle excluait les coûts quasi
budgétaires entraînés par la forte expansion des
prêts consentis par les banques publiques de développement.
Outre les pertes des entreprises publiques et les coûts
des activités quasi budgétaires, il se peut que des
dépenses soient transférées de l'administration centrale
aux collectivités locales sans financements correspondants. Pour toutes
ces raisons, une amélioration du solde budgétaire de
l'administration centrale peut donner une image fausse de l'évolution de
la situation financière globale du secteur public. Il se peut qu'une
réduction des dépenses de l'administration centrale traduise
simplement la substitution d'activités quasi budgétaires ou
d'engagements implicites de l'État, et non un véritable
désengagement du secteur public dans l'économie.
Au Sénégal, par exemple, les subventions
d'exploitation directement accordées par l'administration centrale ont
diminué entre 1985 et 1989 mais, en même temps, les
découverts de l'administration centrale auprès des institutions
financières quasi publiques ont fortement augmenté.
En pareil cas, la rigueur budgétaire apparente dans les
comptes de l'administration centrale peut être illusoire, et le semblant
d'amélioration de la situation budgétaire ne favorisera pas
nécessairement la stabilité macroéconomique si le besoin
de financement à long terme du secteur public ne doit pas se
résorber ou risque même d'augmenter.
II.3 PROBLEME DE MOBILISATION DES RECETTES
Les problèmes budgétaires sont souvent
aggravés dans les pays en développement par la présence
d'un large secteur d'activité économique informelle (ou
«souterraine»). L'activité informelle, qui est
généralement le résultat de contrôles de prix
omniprésents, de taux d'imposition élevés et de structures
institutionnelles et administratives déficientes, accroît souvent
le dynamisme de l'économie mais elle réduit aussi la base
d'imposition.
Les possibilités d'imposer le secteur formel aussi bien
que le secteur informel sont également réduites si
l'administration de l'impôt et les capacités de recouvrement ne
sont pas suffisamment développées.
À cause de ces difficultés, la plupart des pays
en développement ont dû recourir très largement aux
impôts sur le commerce international et sur les produits
intérieurs. Globalement, les impôts sur le commerce
extérieur ont représenté dans les pays en
développement presque 30 % des recettes fiscales totales pendant la
période 1975-90, contre seulement 3 % dans les pays
industrialisés (23(*)).
Dans bien des pays en développement à plus forte
croissance, tout particulièrement en Asie et en Amérique latine,
l'importance relative des droits d'entrée et des taxes à
l'exportation a pu être réduite ces dernières
années, par suite des progrès accomplis dans le domaine de la
libéralisation des échanges et aussi grâce à une
réforme de la fiscalité intérieure.
Beaucoup d'autres pays continuent de subir les effets
défavorables d'une politique économique introvertie mais ne
lèvent que progressivement les obstacles aux échanges
internationaux, et ce en partie parce que l'État doit toujours compter
sur l'imposition du commerce extérieur pour financer les programmes de
dépenses.
Dans les pays qui sont lourdement tributaires des exportations
de produits de base, les recettes fiscales dépendent beaucoup de
l'évolution des cours de ces produits. La hausse des cours -- comme cela
a été le cas au début et à la fin des années
80 -- entraîne une augmentation des recettes publiques, à la fois
directement dans les pays où l'État a le contrôle des
secteurs des produits de base et indirectement, par le biais des impôts
sur le commerce extérieur et les revenus.
Dans un certain nombre de pays exportateurs de produits de
base, les pouvoirs publics ont eu tendance à utiliser ces
bénéfices exceptionnels pour financer des dépenses
à caractère procycliquepro-cyclique, ce qui leur a valu des
déficits budgétaires intenables lorsque les cours de ces produits
sont retombés.
Dans certains pays producteurs de café, comme le Kenya
et la Tanzanie, l'expansion induite par les fortes hausses des cours survenues
à la fin des années 70 et au début des années 80
s'est soldée par un alourdissement durable de la charge de la dette tant
intérieure qu'extérieure, surtout parce que les
bénéfices exceptionnels ont servi à financer des
dépenses du secteur public à rendement faible ou nul.
De nombreux pays exportateurs de pétrole ont connu le
même genre de situation. En fait, au Mexique, au Nigeria et au Venezuela,
après les hausses des prix du pétrole de la fin des années
70, les emprunts extérieurs ont augmenté bien avant que les prix
du pétrole commencent à retomber.
II.4 CONSEQUENCES POUR LA CROISSANCE ET LE DEVELOPPEMENT
ECONOMIQUE
La relation entre la politique budgétaire et les
performances de l'économie à long terme dépend de
plusieurs facteurs. La politique budgétaire favorisera la croissance
économique si les dépenses publiques sont axées sur
l'accroissement du stock de capital productif et sur la valorisation des
ressources humaines, si les services fournis par l'État
complètent l'activité du secteur privé, si le
déficit budgétaire n'exerce pas un effet d'éviction sur
l'investissement du secteur privé, si le déficit n'a pas des
conséquences défavorables pour la stabilité
macroéconomique et, enfin, si les mesures de réforme structurelle
propres à susciter l'adaptation de l'offre du secteur privé sont
prises parallèlement.
Dans de nombreux pays, les faibles taux d'épargne
nationale et d'investissement sont principalement dus aux
déséquilibres budgétaires et, par ailleurs, les
contrôles des taux d'intérêt et du crédit, dont
l'application vise en partie à faciliter le financement du
déficit budgétaire, contrarient souvent le développement
et l'efficience du système financier intérieur.
Dans certains cas, les pouvoirs publics peuvent être en
mesure de recourir à l'épargne étrangère, souvent
pendant des périodes relativement longues, mais l'intensification des
déséquilibres extérieurs sans que des investissements
intérieurs productifs soient effectués en contrepartie rend le
pays plus vulnérable à un tarissement soudain des apports de
capitaux, et aux effets perturbateurs qu'il exercerait sur la politique et
l'activité économiques.
a) obstacles à la croissance
Si on classe les pays en développement suivant la
taille de leur déficit budgétaire au milieu des années 80,
on constate que la croissance économique a été nettement
plus forte dans les pays qui affichaient de légers déficits (ou
excédents) que dans ceux où le déficit était plus
important.
Certes, un large déficit budgétaire peut
être en partie dû à une faible croissance économique,
surtout à court terme. Dans certains cas, un déficit important et
une faible croissance peuvent être dus en partie à des conditions
extérieures difficiles, comme des termes de l'échange
défavorables ou des taux d'intérêt mondiaux
élevés. Néanmoins, l'expérience de nombreux pays en
développement donne à penser qu'un manque de rigueur
budgétaire, dont témoigne un déficit persistant, ralentit
effectivement la croissance à long terme.
Dans les pays qui ont accusé d'importants
déficits dans les années 80, le taux de croissance du PIB
réel n'a atteint qu'environ 3 % durant la période 1990-95, contre
presque 7 % dans les pays à faible déficit. Néanmoins,
parmi les pays qui accusaient de larges déficits durant les
années 80, plusieurs, comme le Chili et l'Ouganda, ont pu s'engager sur
un sentier de croissance nettement supérieur, après avoir
adopté et maintenu de vigoureux programmes d'ajustement
budgétaire.
Dans de nombreux autres pays où les programmes
d'ajustement budgétaire n'ont pas été maintenus, la
croissance a ralenti dans les années 90. Le déficit
budgétaire nuit à la croissance pour une large part parce qu'il
absorbe l'épargne nationale et exerce un effet d'éviction sur
l'investissement intérieur, en agissant non seulement sur le coût
et l'offre de financement, mais aussi sur le taux de change réel et sur
la compétitivité internationale.
Il ressort des tableaux 14 et 16 que la rigueur
budgétaire a peut-être aidé à relancer
l'épargne, non seulement nationale mais aussi privée : par
exemple, dans les années 80, le taux d'épargne privée,
exprimé par rapport au PIB, des pays à faible déficit
était supérieur de près de 4,5 points à celui des
pays à large déficit.
Cet écart s'est amplifié pendant les
années 90. Un certain nombre de forces ont sans doute joué ici,
notamment les effets à long terme des réformes structurelles sur
les incitations économiques et le renforcement de la confiance
procurée par une plus grande stabilité macroéconomique.
L'assainissement budgétaire a aussi aidé les
pouvoirs publics à moins recourir à la répression
financière, ce qui a stimulé l'épargne privée. Les
travaux économétriques réalisés dans ce domaine
aboutissent généralement à une conclusion assez
différente : l'accroissement de l'épargne nationale
provoqué par la réduction du déficit budgétaire est
inférieur à la diminution de la désépargne du
secteur public, parce que l'effet est en partie neutralisé par une
contraction de l'épargne privée (24(*)).
Il n'en reste pas moins qu'une contraction du déficit
budgétaire favorise probablement l'investissement privé. Pour que
cela se traduise par une augmentation de la productivité et du taux de
croissance, il faut que la productivité de l'investissement privé
soit plus forte que celle des dépenses publiques qui ont
été abandonnées.
À condition que les dépenses publiques ne soient
pas réduites dans les domaines déterminants où le
marché est passablement défaillant -- cette défaillance
étant due, par exemple, aux phénomènes externes qui vont
de pair avec la prestation des soins de santé
élémentaires, des services d'éducation et des services
publics essentiels--, la réduction du déficit sera probablement
favorable à la productivité et à la croissance globales
(25(*)).
La contribution des dépenses publiques à la
croissance et au bien-être dépend bien évidemment de leur
structure. L'affectation des dépenses à l'amélioration des
services d'éducation primaire et de santé
élémentaire, à l'investissement productif dans des
domaines comme les transports et les communications, ainsi qu'aux services
publics essentiels, peut être très efficace pour améliorer
la croissance dans les pays en développement, alors que le gonflement
des effectifs de la fonction publique aux fins d'élargir les
activités administratives de l'État, ou l'acquisition de
matériel militaire, peut réduire la capacité de production
totale en limitant les ressources dont dispose le secteur privé.
La classification générale des dépenses
publiques en dépenses courantes et en dépenses
d'équipement, bien qu'elle soit pratique, ne renseigne pas toujours sur
la productivité probable des différents types de dépenses.
Les dépenses affectées aux services de santé, par exemple,
du fait qu'elles comprennent les salaires des médecins et du personnel
soignant, font partie des dépenses courantes, alors que celles qui sont
engagées dans les projets de construction -- y compris les projets de
prestige à faible capacité productive -- sont classées
parmi les dépenses d'équipement même si elles ne
contribuent pas à la formation de capacités productives, comme
c'est le cas des achats d'immeubles commerciaux.
Ces exemples aident à comprendre pourquoi les
études récentes consacrées à la comparaison des
effets exercés sur la croissance par les dépenses courantes et
par les dépenses d'équipement n'ont pas abouti à des
résultats concluants, bien que l'on constate que la croissance tend
à être plus forte dans les pays qui ont augmenté la part de
certaines catégories de dépenses d'équipement -- comme les
investissements en infrastructure -- dans le total des dépenses
publiques (26(*)).
En outre, si elles sont financées par la dette, les
dépenses publiques d'équipement peuvent exercer un effet
d'éviction sur l'investissement privé. En Inde et au
Sénégal, par exemple, l'accroissement de l'investissement public
est allé de pair avec une contraction sensible de l'investissement
privé pendant les années 80.
b) Instabilité macro-économique
Dans nombre de pays en développement, les
déséquilibres budgétaires sont la cause fondamentale de
l'instabilité macroéconomique qui, elle-même, assombrit les
perspectives de croissance. Dans les pays où les
déséquilibres budgétaires sont importants et semblent
intenables, l'éventualité d'une réorientation de la
politique économique, notamment d'une augmentation des impôts, de
réductions des dépenses et d'ajustements des taux
d'intérêt et de change est une source d'incertitude propre
à affaiblir la confiance et à réduire les dépenses
d'investissement du secteur privé.
En Inde, par exemple, la crise de change survenue au
début des années 90, surtout à cause d'une intensification
rapide des déséquilibres internes et externes, s'est
soldée en 1991-92 par une contraction de 4 % de l'investissement fixe
brut, lequel ne s'est rétabli que progressivement au cours des deux
années suivantes.
Dans les pays en développement, de lourds
déficits budgétaires vont aussi de pair avec une forte inflation,
surtout parce qu'en général, ils sont largement financés
par l'expansion monétaire. Durant les années 80, divers pays
d'Amérique latine, comme l'Argentine, le Brésil et le Mexique,
ont enregistré des taux d'inflation très élevés, en
grande partie à cause de déficits budgétaires
considérables qui ne pouvaient pas être financés par
l'emprunt sur les marchés des capitaux, intérieurs ou
internationaux. Bien que l'inflation reste relativement forte dans certains
pays, elle a sensiblement diminué en moyenne, ces dernières
années, dans les pays en développement, surtout grâce
à de vigoureux programmes d'assainissement budgétaire.
Deux cas exemplaires à cet égard sont celui de
l'Argentine, où l'inflation sur douze mois avait été
ramenée à 1,5 % à la fin de 1995, contre plus de 2000 % au
début de la décennie, et celui du Brésil, où le
taux d'inflation moyen mensuel a été ramené de plus de 40
% au premier semestre de 1994 à environ 1,5 % en 1995.
La politique budgétaire et l'inflation sont aussi
liées par le fait qu'une inflation rapide peut constituer une source
importante, sinon viable, de recettes budgétaires par le biais du
seigneuriage qui devient ainsi essentiellement un moyen de percevoir une
«taxe d'inflation» (27(*)).
Dans un certain nombre de pays en développement,
notamment le Ghana et la Zambie, la taxe inflationniste a constitué
durant les années 80 une source importante de recettes
budgétaires. À terme, l'accélération de l'inflation
réduit toutefois l'attrait des avoirs monétaires
intérieurs, ce qui finit par limiter le volume des recettes pouvant
être mobilisées de cette manière.
Depuis les années 70, le ralentissement de l'inflation
a réduit le volume des recettes obtenues de cette source. Les pouvoirs
publics de nombreux pays en développement sont intervenus sur les
marchés des capitaux pour tenter de financer le déficit à
des taux inférieurs à ceux du marché; ces interventions,
qui constituent un obstacle majeur au développement du secteur
financier, empêchent les marchés des capitaux de remplir
pleinement leur fonction d'intermédiation et limitent le volume du
crédit dont peut disposer le secteur privé.
Bien que certaines dispositions réglementaires visant
les marchés des capitaux répondent à des
considérations prudentielles, beaucoup d'autres, comme les plafonds de
taux d'intérêt ou l'application aux établissements
financiers de coefficients de liquidité ou de réserves
obligatoires sous-rémunérées, ont pour principal objet de
procurer à l'État des financements à des taux
inférieurs à ceux du marché. Il est difficile d'estimer le
montant des recettes effectivement générées par ces
dispositions étant donné que l'ampleur de la subvention
dépend de l'écart entre le taux d'intérêt
réglementé et celui qui résulterait d'une libre
détermination. Il est toutefois manifeste que dans de nombreux pays, les
recettes procurées par la répression financière peuvent
être considérables.
De nombreux pays en développement sont parvenus
à maintenir pendant plusieurs années des déficits
budgétaires relativement importants, atteignant presque 10 % du PIB en
moyenne dans certains cas. Des déficits de cette ampleur ont toutefois
peu de chances d'être viables parce que l'expansion de la dette publique
ne peut pas être plus forte, à long terme, que la croissance
économique (28(*)).
De surcroît, si les pouvoirs publics tardent à
prendre des mesures d'ajustement, celles-ci leur seront finalement
imposées par les marchés des capitaux, ce qui risque de provoquer
un ralentissement considérable de la croissance. Durant les
années 80, le déficit budgétaire du Pakistan, qui
dépassait 7 % du PIB en moyenne, a été en grande partie
financé par une stricte réglementation des marchés
financiers, par une expansion monétaire relativement forte et par
l'emprunt extérieur; pendant cette période, le taux de croissance
s'est lui aussi établi à environ 6 % par an en moyenne.
Or, au début des années 90, des conditions
défavorables à l'offre ont porté le déficit
budgétaire à plus de 9 % du PIB et l'alourdissement de la charge
de la dette extérieure a fini par provoquer en 1993 une crise sur les
marchés des capitaux et des changes, suivis d'un ralentissement
prononcé de la croissance dont le taux s'est établi à
environ 2,5 %. L'ampleur du déséquilibre budgétaire a
aussi contribué à la crise financière survenue en 1994 en
Turquie, qui s'est soldée par une forte contraction des financements
extérieurs disponibles et par une profonde récession; la
production s'est contractée de 4,5 % en 1994 alors que l'année
précédente, le pays affichait un taux de croissance de plus de 8
%.
II.5 LES ACTIVITES QUASI BUDGETAIRES DANS LES PAYS EN
DEVELOPPEMENT.
Dans un grand nombre de pays en développement, les
opérations de la banque centrale et des autres institutions
financières du secteur public, qui peuvent avoir d'importantes
conséquences sur le plan budgétaire, sont fréquemment
mises au service de la politique économique.
Les prêts de la banque centrale au secteur public,
notamment les prêts en devises consentis à des taux
inférieurs à ceux du marché, ainsi que les prêts
subventionnés et les garanties de prêts accordées par des
institutions financières du secteur public à divers secteurs ou
groupes d'emprunteurs, influent sur la situation financière nette du
secteur public même s'ils n'apparaissent pas dans le budget de
l'administration centrale comme des postes de dépenses ou de recettes
spécifiques.
Les prêts de la banque centrale à l'État
peuvent prendre la forme de découverts ou d'achats directs de titres
d'État. Si le taux d'intérêt perçu sur les
prêts consentis à l'administration centrale ou à d'autres
organismes du secteur public est inférieur à celui du
marché, les dépenses publiques ne seront pas
évaluées à leur coût d'opportunité
véritable, ce qui risque d'aboutir à la fois à un
excès des dépenses et au choix de projets dont les coûts
économiques véritables sont supérieurs aux avantages.
Outre les prêts directs qu'elle accorde à
l'État, la banque centrale oblige fréquemment les banques
commerciales à détenir des titres d'État à court
terme rémunérés à des taux inférieurs
à ceux du marché, en leur imposant des ratios de
liquidité.
La banque centrale peut aussi rémunérer les
avoirs de réserve des banques commerciales à un taux
inférieur à celui du marché. Ces procédés
sont essentiellement assimilables à des impôts sur le
système bancaire, qui tendent à restreindre le
développement de l'intermédiation financière, à
creuser l'écart entre les taux prêteur et emprunteur et à
réduire l'épargne et l'investissement dans l'économie.
Ces formes de répression financière peuvent
aussi procurer des recettes considérables à l'État. Entre
1984 et 1987, par exemple, la réglementation des marchés des
capitaux a procuré au gouvernement mexicain des ressources
équivalant à près de 6 % du PIB ou environ 40 % du total
des recettes fiscales.
Les prêts bonifiés que les banques de
développement et les autres institutions financières du secteur
public consentent, souvent sans garanties suffisantes, à des groupes
spécifiques constituent la forme la plus courante d'opérations
quasi budgétaires dans nombre de pays en développement.
En Inde, par exemple, la banque centrale impose aux banques
commerciales d'État de prêter environ 40 % de leurs actifs
à des exploitations agricoles de petite taille et à d'autres
petites entreprises. Pour que ces prêts soient financés, les
entreprises publiques non financières sont tenues de conserver des
dépôts rémunérés à des taux
inférieurs à ceux du marché auprès des banques
commerciales et des autres établissements financiers du secteur
public.
Ces activités de subvention implicite favorisent une
sélection adverse, ce qui crée des problèmes
considérables de recouvrement des prêts pour les banques du
secteur public qui les ont consentis. Dans certains cas, la banque centrale
doit intervenir pour reconstituer le capital des banques en faillite ou pour
prendre en charge les actifs improductifs.
Aux prises avec de graves difficultés
financières, les banques d'État du Brésil ont
fréquemment contracté des emprunts par découvert garantis
par leurs réserves légales et ont largement recouru au
réescompte de la banque centrale. Au début de 1991, en vue
d'assainir le portefeuille de la banque centrale, les autorités ont
échangé ces prêts contre des titres d'État
jusqu'à concurrence d'environ 2 % du PIB.
Malgré une nette tendance à unifier les taux de
change dans les pays en développement, plusieurs banques centrales se
livrent encore à des pratiques de taux multiples, suivant lesquels des
taux de change différents s'appliquent à différentes
catégories d'activités. Une variante courante de cette pratique
consiste à fixer le taux de change officiel (c'est-à-dire le
coût des devises étrangères exprimées en monnaie
nationale) à un taux inférieur à celui du
marché.
Toutes les transactions officielles, comme les paiements au
titre du service de la dette extérieure des administrations et des
entreprises publiques, ainsi que le règlement des importations
effectuées par des entreprises d'État, comme les
sociétés publiques de distribution de produits pétroliers
ou d'électricité, s'effectuent au taux officiel.
Les pouvoirs publics peuvent aussi imposer la
rétrocession ou le rapatriement des recettes procurées par
l'exportation de certains produits -- ou même de la totalité des
recettes d'exportation, ce qui est le cas dans de nombreux pays -- et autoriser
le secteur privé à régler au taux officiel ses
importations de produits de première nécessité (par
exemple les médicaments) et de biens d'équipement. Ces
dispositions, outre qu'elles faussent la répartition des ressources et
amènent à sous-estimer la valeur en monnaie nationale des
dépenses consacrées aux importations du secteur public et au
service de la dette, cachent le degré réel d'imposition des
exportations et des importations.
Pendant la période 1979-82, la banque centrale du Costa
Rica a accordé, pour certaines importations, des devises à un
taux inférieur à celui auquel elle se les était
procuréesprocurée. Dans la seule année 1981, ces
subventions ont représenté environ 4.5 % du PIB. En 1987-88, le
taux de change du shilling ougandais s'est établi sur le marché
parallèle entre 200 et 400 shillings pour 1 dollar E.U., alors que le
Conseil de commercialisation du café rétrocédait ses
recettes d'exportation à la banque centrale au taux officiel de 60
shillings ougandais pour 1 dollar E.U.
Il est aussi fréquent que les pouvoirs publics, par
l'intermédiaire des banques de développement ou d'autres
institutions financières du secteur public, accordent des garanties de
taux de change ou subventionnent les assurances contre le risque de change. Ces
subventions incitent fortement les bénéficiaires à
accroître leurs engagements en devises étrangères, surtout
dans les pays où l'inflation est plus forte que chez leurs principaux
partenaires commerciaux. Il est vrai que ces subventions n'ont pas
nécessairement un impact immédiat sur le déficit
budgétaire, mais l'accroissement des engagements conditionnels des
institutions financières du secteur public et, finalement, de ceux de
l'État, peut entraîner des dépenses budgétaires
considérables en période d'instabilité
macroéconomique.
Au Chili, après la dévaluation de 1982
consécutive à la crise de la dette, la banque centrale a
procuré des devises à un taux subventionné au secteur
privé pour qu'il puisse assurer le service de sa dette
extérieure, soit presque 2 % du PIB par an en 1983-85. Durant la
même période, les garanties de taux de change ont
représenté environ 1,5 % du PIB par an.
Ces dernières années, dans nombre de pays qui
ont enregistré des afflux de capitaux considérables, la banque
centrale a décidé d'accroître ses réserves et de les
stériliser plutôt que de laisser la monnaie nationale
s'apprécier librement. En conséquence, le taux
d'intérêt intérieur a souvent augmenté pour
dépasser le taux de rendement des réserves internationales, ce
qui a entraîné des pertes pour la banque centrale. Au début
des années 90, les coûts quasi budgétaires de ces
opérations de stérilisation représentaient non moins de
1,5 %du PIB par an dans certains pays d'Amérique latine (29(*)).
Les opérations quasi budgétaires permettent
généralement aux autorités de contourner les contraintes
juridiques et politiques auxquelles la politique budgétaire est
assujettie, mais elles sont souvent lourdes de conséquences pour les
finances publiques et, en général, elles réduisent
l'efficience en faussant la structure des prix relatifs, ce qui constitue un
obstacle au développement. Certes, il peut être difficile de
supprimer rapidement une large part des subventions qui sont ainsi
procurées implicitement par le biais des opérations quasi
budgétaires mais en les réintégrant dans les états
budgétaires de l'administration centrale, on améliorerait la
transparence des finances publiques.
À long terme, il conviendrait toutefois de recourir de
moins en moins à ces subventions, qu'elles soient accordées
implicitement ou explicitement, tout en prenant d'autres mesures de
réforme structurelle propres à améliorer l'affectation des
ressources et la croissance à long terme.
II.6 AVANTAGES ET DEFIS DE L'AJUSTEMENT BUDGETAIRE
On s'accorde à présent largement à
penser, ce qui n'était pas le cas pendant les années 70 et la
majeure partie des années 80, que la discipline budgétaire est
nécessaire, qu'elle a des effets bénéfiques pour la
stabilité monétaire et financière ainsi que pour la
croissance et le développement économiques et qu'il faut limiter
la taille et le rôle du secteur public. Comme en témoignent de
nombreux exemples de réussite parmi les pays en développement, le
désengagement de l'État est souvent une condition indispensable
pour promouvoir la croissance.
Dans beaucoup de pays, il faudra pour cela réduire le
suremploi et accroître l'efficience dans le secteur public et
entreprendre de vastes programmes de privatisation. Mais bien des pays en
développement ont la possibilité -- beaucoup plus que les pays
industrialisés -- d'accroître les recettes sans aggraver les
distorsions ni porter préjudice à l'efficience, notamment en
élargissant la base des recettes et en améliorant le recouvrement
et l'administration de l'impôt. Cependant, certaines réformes
importantes, y compris la libéralisation du commerce extérieur et
du système financier, peuvent avoir des retombées
négatives à court terme qu'il peut être nécessaire
de compenser.
Dans les pays qui ont bénéficié
d'importants investissements étrangers, il sera essentiel à la
fois de préserver la stabilité financière et d'entretenir
la dynamique de la réforme pour que la croissance soit durable.
La croissance économique a été beaucoup
plus forte dans les pays en développement qui se sont résolument
attaqués aux déséquilibres budgétaires et qui ont
pris de vigoureuses mesures d'assainissement. Si on classe les pays en
développement en fonction de l'ampleur de l'ajustement budgétaire
-- c'est-à-dire de la variation du solde budgétaire en
pourcentage du PIB -- entre les périodes 1980-85 et 1990-95, on constate
que dans le groupe des pays qui ont enregistré la plus forte
amélioration, la production a progressé en moyenne de plus de 40
% entre ces deux périodes.
Dans ces pays, le meilleur contrôle de la situation
budgétaire est en partie dû à la bonne tenue de la
croissance mais il a aussi été décisif de mener une
politique budgétaire prudente pour entretenir une croissance
relativement forte. En revanche, dans les pays où le solde
budgétaire s'est détérioré, la croissance a
été sensiblement plus faible et, dans certains cas la production,
a à peine augmenté ces quinze dernières années.
Devant la nécessité de réduire les
dépenses publiques, les dirigeants ont souvent
préféré, pour des raisons politiques, réduire les
dépenses d'équipement ou laisser diminuer au gré de
l'inflation les salaires réels du secteur public, en bloquant les
salaires nominaux. On a rarement eu recours à des compressions de
l'emploi dans le secteur public.
Dans un certain nombre de pays africains, l'augmentation de la
valeur ajoutée correspondant aux activités de l'État,
qu'on évalue essentiellement d'après l'accroissement de l'emploi
dans le secteur public, a été longtemps supérieure, et
parfois très sensiblement, à celle de l'activité du
secteur privé.
Au Kenya et au Zimbabwe, durant la majeure partie des
années 80 et au début des années 90, le taux de croissance
du secteur privé a été inférieur de presque 2
points à celui du secteur de l'État. Les réductions des
salaires réels dans le secteur public risquent toutefois, comme les
compressions des dépenses d'équipement, d'aller à
l'encontre de l'effet recherché.
Elles peuvent réduire l'efficience du secteur public,
surtout dans les domaines essentiels comme l'administration de l'impôt,
l'application de la réglementation fiscale, plus
généralement les activités de maintien de l'ordre et,
enfin, l'exploitation des services d'utilité publique pris en charge par
l'État. Dans la mesure où la contraction des salaires
réels des fonctionnaires creuse l'écart par rapport aux
rémunérations offertes dans le secteur privé, cet
expédient risque aussi de favoriser la corruption et la recherche de
l'avantage personnel.
En Tanzanie, par exemple, les salaires réels des
fonctionnaires étaient tombés en 1980 à un
cinquième de leur niveau de 1970, ce qui était
généralement considéré comme une cause de
l'absentéisme et de la corruption dans le secteur public. En revanche,
dans beaucoup de pays en développement ayant obtenu d'assez bons
résultats, comme le Chili, la Corée et Singapour, les salaires du
secteur public sont restés à peu près comparables à
ceux du secteur privé.
Bien qu'il soit sans doute politiquement difficile de
procéder à des réductions de l'emploi dans le secteur
public, surtout dans les pays où les possibilités de
réinsertion semblent limitées à court terme, un certain
nombre de pays sont parvenus à exécuter de vastes programmes de
compression de la fonction publique en accordant aux travailleurs mis à
pied une prime de départ et une aide à la recherche d'un nouvel
emploi.
Entre 1987 et 1991, le Ghana a réduit d'environ 10 %
les effectifs de sa fonction publique -- notamment par la suppression des
«travailleurs fantômes» --, moyennant une prime de
départ égale à deux mois de traitement pour chaque
année de service et une aide supplémentaire, comprenant des
activités de conseil et des programmes de distribution de vivres en
rémunération de travaux, à l'intention des travailleurs
n'étant pas parvenus à trouver un autre emploi.
Il est possible que dans certains cas, ces programmes de
compression des effectifs de la fonction publique ne procurent guère
d'économies budgétaires à court terme en valeur nette
mais, à moyen terme, les gains d'efficience et les économies
peuvent être considérables.
Dans la plupart des pays en développement, la
restructuration et la privatisation des entreprises d'État passent par
une réduction de leurs effectifs. Nombre de ces entreprises exercent des
activités qu'il serait plus rentable de confier au secteur privé.
Dans beaucoup de pays d'Afrique et du Moyen-Orient, comme par
exemple le Sénégal ou l'Égypte, des entreprises
d'État sont présentes dans le secteur de la production
alimentaire, et en Inde, les entreprises publiques jouent un rôle
considérable non seulement dans l'industrie lourde et les mines, mais
aussi dans la production de biens de consommation.
Dans l'ensemble des pays en développement, la part des
entreprises publiques non financières dans le PIB dépasse 10 %.
La plupart des pays en développement n'ont guère progressé
vers l'adoption d'un cadre plus concurrentiel et l'assouplissement des
restrictions qui empêchent les concurrents éventuels des
entreprises publiques de s'implanter sur le marché. Malgré
quelques privatisations de grande envergure, le nombre des entreprises
gérées par l'État n'a pas diminué de façon
marquante.
Dans certains pays, les autorités ont cherché
à accroître l'efficience des entreprises d'État en
instituant des contrats de performances à l'intention de leurs
dirigeants. Dans la plupart des cas, toutefois, ces mesures n'ont guère
ou pas du tout produit d'amélioration en termes d'efficience et de
rentabilité, notamment parce que les entreprises, qui restent sous le
contrôle de l'État, continuent de faire face à des
objectifs contradictoires.
Au Sénégal par exemple, les contrats de
performances pour les dirigeants de la société nationale
d'électricité comprennent plus de 20 critères
d'évaluation des résultats, mais les autorités n'ont pas
le pouvoir de prendre des sanctions si ces critères ne sont pas
respectés.
En fait, la rentabilité de cette société
a baissé parce que le gouvernement n'obligeait pas les autres
entreprises publiques à régler régulièrement leurs
factures d'électricité. En revanche, lorsque les services
d'utilité publique ont été cédés au secteur
privé, comme dans le cas de la privatisation des
télécommunications en Argentine, au Chili, en Malaisie et au
Mexique, la productivité a augmenté, en partie grâce
à un accroissement de l'investissement.
Dans de nombreux pays exportateurs de produits de base,
l'intervention de l'État dans le secteur de la production est souvent
motivée par la stabilisation macroéconomique. Devant
l'instabilité des recettes d'exportation, les pouvoirs publics sont
préoccupés par l'incidence des flux de devises sur le taux de
change réel et par la compétitivité internationale du
secteur des biens échangeables. L'intervention a pris diverses formes,
notamment l'application de taxes à l'exportation lorsque les cours des
produits de base sont élevés, la rétrocession obligatoire
à la banque centrale des recettes en devises par les exportateurs et
l'investissement des bénéfices réalisés en
période de hausse des cours aux fins de promouvoir la diversification
des exportations.
L'expérience montre toutefois que ce type
d'intervention tend à créer davantage de distorsions et
d'instabilité dans l'économie. De surcroît, le secteur
public, lorsqu'il gère des bénéfices exceptionnels
procurés par une envolée des cours des produits de base, est
souvent l'objet de pressions concurrentes, émanant par exemple des
différents ministères, des groupes d'intérêts et des
entreprises publiques, qu'il ne peut pas toujours concilier pour que
l'accroissement des recettes soit investi dans des programmes favorables
à la croissance à long terme.
Depuis les années 80, les programmes d'assainissement
budgétaire ont aussi produit des améliorations de la structure de
la fiscalité et de l'administration de l'impôt dans de nombreux
pays en développement. Un certain nombre de pays ont rationalisé
et réorganisé la structure de la fiscalité pour
réduire les impôts générateurs de distorsions, tout
particulièrement les taxes sur le commerce international, et ils se sont
orientés vers des taxes sur la consommation, reposant sur une large
assiette.
En Inde, par exemple, le droit maximum applicable aux
importations a été ramené de 400 % en 1990 à 50 %
en 1995 et, durant la même période, le taux moyen est tombé
de bien plus de 80 % à moins de 30 %. En Indonésie, avant que la
taxe sur la valeur ajoutée (TVA) ne soit adoptée en 1985, les
recettes procurées par les impôts indirects représentaient
environ 1 % du PIB, alors qu'à la fin des années 80, elles
étaient équivalentes à plus de 3 % du PIB. La
réforme des structures fiscales a aussi donné lieu à des
réductions marquées des taux d'imposition sur le revenu des
particuliers et sur les bénéfices des sociétés.
En Thaïlande, le taux maximum d'imposition sur le revenu
des particuliers a été ramené de 65 % en 1980 à
moins de 40 % en 1993. S'il est généralement admis que des
mesures de ce type favorisent une meilleure affectation des ressources et
qu'elles peuvent donc aboutir à une augmentation des recettes à
long terme, il faut toutefois, pour qu'elles réussissent, limiter les
exonérations spéciales qui tendent à
rétrécir l'assiette de l'impôt et à réduire
l'efficience.
Une réduction des taux d'imposition sur le revenu des
particuliers peut aussi aider à promouvoir un système fiscal plus
équitable dans les pays où, l'administration de l'impôt
étant déficiente, des taux marginaux d'imposition
élevés sont appliqués au gré des besoins et de
façon discriminatoire. En veillant à une meilleure application et
à un plus grand respect des dispositions fiscales, les pouvoirs publics
peuvent être en mesure de réduire les taux d'imposition tout en
accroissant les recettes fiscales. Au Chili, grâce à une
administration de l'impôt plus efficace, l'écart entre la valeur
potentielle estimée et la valeur effective des recettes procurées
par les impôts indirects a été ramené de presque 25
% en 1981 à 17 % en 1993.
La crainte d'une insuffisance des recettes fiscales a aussi
ralenti le rythme de la libéralisation du régime commercial et du
système financier dans certains pays en développement. Dans les
pays où une large part des recettes fiscales est subordonnée
traditionnellement aux impôts sur le commerce extérieur, les
barrières douanières n'ont été levées que
progressivement, malgré les avantages que peut procurer à long
terme le libre échange. Il est vrai que la libéralisation du
commerce extérieur risque de provoquer une contraction des recettes
à court terme -- et, dans ce cas, une réduction des
dépenses peut être difficile à éviter -- mais
certaines mesures peuvent être prises sans entraîner de
réduction sensible.
En fait, une levée des restrictions quantitatives peut
fort bien accroître les recettes étant donné que les
importations visées par cette mesure deviendraient très
probablement assujetties à des droits de douane. Même dans le cas
d'une réduction des droits de douane, il se peut que la contraction des
recettes soit faible.
Dans les pays où le marché des changes a
été libéralisé, en particulier lorsque les taux de
change officiel et parallèle ont été unifiés, la
hausse du prix des importations, exprimé en monnaie nationale au taux du
marché, peut tout à fait permettre une baisse des taux tarifaires
sans contraction des recettes.
Les pays où la libéralisation du régime
commercial et les réformes structurelles axées sur le
marché sont relativement avancées ont
bénéficié ces dernières années d'apports de
capitaux considérables. Il est toutefois possible que dans certains cas,
ces capitaux ont surtout été attirés par des taux
d'intérêt intérieurs élevés dus à un
dosage inadéquat des mesures monétaires et budgétaires.
Dans ces pays, un durcissement de la politique
budgétaire aidera à préserver la stabilité
financière en améliorant l'équilibre entre
l'épargne et l'investissement intérieurs. Néanmoins, dans
tous les pays qui en ont bénéficié, ces apports de
capitaux considérables se sont accompagnés d'une expansion de la
dépense intérieure et des importations, ce qui a eu pour effet
d'accroître les recettes budgétaires.
Cet accroissement des recettes risque fort de ne pas durer et,
comme l'indique l'expérience du Mexique, les dirigeants devraient
peut-être s'efforcer de dégager des excédents
budgétaires structurels pour être en mesure d'amortir les effets
d'une éventuelle sortie massive de capitaux. L'expérience du
Mexique montre bien par ailleurs que la politique budgétaire est
déterminante pour la crédibilité et, en dernier ressort,
la viabilité des taux de change rattachés à une monnaie de
référence. Une dévaluation qui ne s'accompagne pas de
mesures budgétaires vigoureuses a peu de chance d'être
crédible ou de produire un ajustement efficace.
S'il est vrai qu'à long terme, la politique
budgétaire peut avoir des effets très bénéfiques
pour la croissance, des mesures d'assainissement comme la réduction des
effectifs du secteur public, les augmentations d'impôts et la
privatisation des entreprises d'État peuvent avoir des
conséquences défavorables à court terme pour les groupes
sociaux économiquement défavorisés. La suppression des
subventions généralisées applicables aux produits de
première nécessité, l'assouplissement des contrôles
de prix et les dévaluations peuvent provoquer une contraction à
court terme du revenu réel des consommateurs.
Il convient de remédier, par des dispositifs de
protection sociale bien ciblés et efficaces en termes de coût, aux
conséquences défavorables de l'ajustement et de la réforme
pour les pauvres et les groupes vulnérables. Dans un certain nombre de
pays, notamment au Mozambique et en Zambie, des dispositifs de compensation
monétaire ont protégé les groupes vulnérables
pendant les périodes de hausse des prix tout en permettant un
renforcement de la position budgétaire.
En Jordanie, la subvention généralisée de
certains produits alimentaires a été remplacée en 1990 par
un système de tickets d'alimentation permettant aux
bénéficiaires d'acheter des quantités données de
produits de première nécessité à des prix
inférieurs à ceux du marché; les coûts
budgétaires des subventions alimentaires sont tombés de plus de 3
% du PIB en 1990 à environ 1 % en 1994. Ces exemples montrent que
malgré les problèmes pratiques que pose, surtout dans les pays
pauvres, le ciblage des groupes les plus vulnérables -- problèmes
qui sont souvent dus à des capacités administratives
déficientes et parfois à un appui politique insuffisant --, les
dispositifs de protection sociale peuvent aider à atténuer nombre
des conséquences défavorables à court terme de
l'assainissement des finances publiques.
Contrairement à la situation de nombreux pays
industrialisés, où les engagements non capitalisés des
systèmes publics de retraite financés selon le principe de la
répartition laissent prévoir une augmentation considérable
de la charge fiscale future, la mise en place de programmes
généralisés d'assurance vieillesse est relativement
récente dans les pays en développement.
Toutefois, dans certains pays en développement à
forte croissance -- en particulier de nombreux pays d'Asie où il se
produit un vieillissement démographique -- la nécessité
d'offrir une protection suffisante aux retraités risque de grever de
plus en plus lourdement les ressources du secteur public. L'expérience
d'un certain nombre de pays en matière de régimes publics de
retraite donne à penser que les pays en développement qui mettent
en place des programmes de pension auraient intérêt à
encourager une plus forte participation du secteur privé pour
éviter une charge budgétaire excessive, comme cela arrive
fréquemment lorsque les capacités administratives du secteur
public sont inadéquates.
Durant les années 80, le taux de rendement des caisses
publiques en Égypte, au Pérou, au Venezuela et en Zambie s'est
établi entre -12 % et -37 % par an; en Zambie, plus de la moitié
des cotisations étaient absorbées par les dépenses
administratives.
Mais la mise en place de systèmes gérés
par le secteur privé sur des bases saines exigera souvent de renforcer
le système financier, ainsi que le dispositif public de
réglementation et de contrôle.
Divers pays d'Amérique latine, comme le Chili au
début des années 80 et plus récemment l'Argentine, ont
réformé leur système de pension afin de remédier au
problème de l'augmentation des cotisations nécessaire pour faire
face aux engagements excessifs au titre des prestations.
Outre la charge budgétaire qu'imposent les
systèmes de retraite, des cotisations excessives -- c'est-à-dire
supérieures aux avantages que pourront en tirer ultérieurement
les intéressés -- tendront à exercer un effet dissuasif
sur l'emploi dans le secteur formel, ainsi qu'à réduire
l'épargne et l'investissement.
CHAPITRE III : LA MISE EN EVIDENCE DE LA
POLITIQUE BUDGETAIRE EN R.D.C. DE 2001 A 2006
III.1 EVOLUTION DU BUDGET DE L'ETAT : cas de la
prévision.
Le budget de l'Etat est
comme nous l'avons vu, une loi votée chaque année et autorisant
l'Etat à prélever certaines ressources (impôts et
taxes) et à dépenser ces ressources d'une manière
prévue précisément par la loi. Au cours de cette
période, les prévisions de l'Etat se sont
présentées comme nous le montre ce tableau :
Tableau 2 : évolution du budget de l'Etat.
(En milliers de CDF)
Année
|
Montant du budget
|
2001
|
66 644 100 000
|
2002
|
201 705 500 000
|
2003
|
221 300 800 000
|
2004
|
528 333 000 000
|
2005
|
806 169 426 000
|
2006
|
1 039 561 000 000
|
2007
|
1 370 309 107 010
|
Source : Banque Centrale du Congo
Nous remarquons avec beaucoup d'éclats que depuis 2001,
le budget de l'Etat connaît une évolution positive et
irréversible passant de 66 644 100 000 CDF en 2001 à 1
370 309 107 101 CDF en 2007. Cette positive évolution est due à
la nette progression en ce qui concerne la part des ressources internes par
rapport aux ressources externes.
Cette situation traduit la capacité de notre pays
à mobiliser les recettes internes et garantit l'autonomie
budgétaire qui rendra notre pays libre de fixer le type et le montant
des impôts qu'il entend percevoir, de même que l'affectation des
recettes.
III.1.1 Evolution des dépenses publiques
Les dépenses constituent l'ensemble des engagements que
se donne le gouvernement au cours d'une année. Aussi, il s'agit ici
d'observer cette évolution des dépenses publiques en RDC sous
deux aspects : Une évolution une évolution en niveau et en
taux de croissance.
III.1.1.1 Evolution en niveau des dépenses
Il s'agit ici d'observer l'évolution en termes de
quantité des dépenses totales, des dépenses de
fonctionnement et des dépenses d'équipement. Le tableau
ci-dessous illustre l'évolution de ces dépenses :
Tableau 3 : évolution des dépenses. (En
milliers CDF)
Année
|
Dépenses totales
|
Dép. de fonctionnement
|
Dép. d'équipement
|
2001
|
66 644 100 000
|
8 552 902 000
|
491 405 000
|
2002
|
201 705 500 000
|
28 661 720 000
|
1 740 774 000
|
2003
|
221 300 800 000
|
50 499 437 000
|
4 821 577 000
|
2004
|
528 333 000 000
|
48 729 811 000
|
1 561 323 000
|
2005
|
806 169 426 000
|
48 686 670 959
|
93 117 119 865
|
2006
|
1 039 561 000 000
|
89 124 000 000
|
116 892 236 180
|
2007
|
1 370 309 107 010
|
139 428 415 352
|
174 314 358 178
|
Source : Banque Centrale du Congo
a) les dépenses totales
L'observation du tableau des dépenses totales laisse
remarquer ce qui suit : de 2001 à 2007, l'Etat congolais à
sensiblement augmenté ses dépenses suite à une nette
augmentation du budget durant cette période avec la mise en place du
gouvernement issu de l'accord global et inclusif, l'organisation des
élections tant présidentielles que législatives et le
programme du gouvernement prévoyant la réalisation des cinq
chantiers de la République.
b) les dépenses de fonctionnement
L'observation du tableau des dépenses de fonctionnement
laisse entrevoir 3 phases :
Ø La première phase traduit un accroissement des
dépenses de fonctionnement de l'exercice 2001 jusqu'à l'exercice
2003 atteignant de ce fait 50 499 437 000 de CDF.
Ø La deuxième phase traduit une diminution
modérée de ces dépenses jusqu'en 2005.
Ø A partir de fin 2005, survient une reprise de
l'accroissement jusqu'en 2007.
c) les dépenses d'équipement
L'observation des dépenses d'équipement traduit
une évolution dans la première phase jusqu'en 2003, puis une
légère baisse en 2004 avant d'atteindre son niveau le plus
élevé en 2007.
III.1.1.2 Evolution en taux de croissance des
dépenses publiques
Les taux de croissance nous permettent de mesurer l'ampleur de
l'évolution des dépenses publiques.
a) dépenses totales
Tableau 4 : Evolution en taux de croissance des
dépenses publiques (en %)
Année
|
Dépenses publiques
|
2001
|
100
|
2002
|
202,66
|
2003
|
232,06
|
2004
|
292,77
|
2005
|
1109,66
|
2006
|
1459,87
|
2007
|
1956,16
|
Source : Banque Centrale du Congo
Une vue d'ensemble du tableau 4 laisse apparaître
clairement l'évolution du taux de croissance des dépenses
publiques qui, depuis 2001, est en nette progression et atteint même
1956,16% en 2007.
b) dépenses de fonctionnement
Tableau 5 : évolution en taux de croissance de
dépenses de fonctionnement.
Année
|
Taux de croissance
|
2001
|
100
|
2002
|
235,11
|
2003
|
490,44
|
2004
|
469,75
|
2005
|
469,24
|
2006
|
942,03
|
2007
|
1530,19
|
En observant le graphique ci-haut, nous remarquons que les
dépenses de fonctionnement évoluent en trois phases :
Ø Dans la première phase qui va 2001 à
2003, les dépenses de fonctionnement sont en croissance moyenne et
modérée.
Ø Depuis 2003, elles commencent à chuter jusqu'en
2005.
Ø Et à partir de 2005, elles croissent
très vite jusqu'à atteindre 1530,19% en 2007.
c) Dépenses d'équipement
Tableau 6 : évolution en taux de croissance de
dépenses d'équipement.
Année
|
Taux de croissance
|
2001
|
100
|
2002
|
254,24
|
2003
|
881,18
|
2004
|
217,73
|
2005
|
18849,16
|
2006
|
23687,35
|
2007
|
35372,65
|
Nous remarquons qu'à partir de 2004, les
dépenses d'équipement augmentent très vite par rapport aux
années précédentes jusqu'à atteindre 35372,65%. Le
graphique nous montre avec exactitude cette augmentation en faisant
apparaître pour chaque année le niveau atteint par rapport
à l'année précédente.
III.2 EVOLUTION DU BUDGET DE L'ETAT : cas
exécution
Les dépenses analysées à ce niveau
concernent les dépenses de fonctionnement allouées à
chaque département ministériel à la fois pour son
fonctionnement et pour ses interventions. Nous avons alors
sélectionné les départements ministériels dont les
interventions sont susceptibles d'influencer en grande proportion le programme
de l'Etat.
a) Dépenses de fonctionnement
Tableau 7 : comparaison entre la prévision et
l'exécution des dépenses de fonctionnement.
Année
|
Prévision
|
exécution
|
2001
|
8552902000
|
31884680000
|
2002
|
28661720000
|
25838509000
|
2003
|
50499437000
|
90766529000
|
2004
|
48729811000
|
102056923000
|
2005
|
48686670959
|
125762795000
|
2006
|
89124000000
|
145734261000
|
Source : Banque Centrale du Congo
En dehors de l'année 2002 où nous remarquons que
l'exécution de dépenses prévues est en dessous de la
prévision, toutes les autres dépenses vont au-delà
même de la prévision ; témoignant ainsi la
mégestion des dépenses publiques et le non respect de
l'exécution du plan budgétaire de l'Etat. Cette situation est
à la base de la désorientation de dépenses allouées
à d'autres charges et du déficit du budget de l'Etat.
Le graphique présente comme il se doit l'écart
entre la prévision et l'exécution qui est consistant entre 2003
et 2006 et permet de bien voir comment l'Etat dépense au-delà de
la prévision et le besoin de financement.
b) Dépenses militaires
Sont réunis dans ce type de dépenses la
totalité des dépenses budgétaires relatives aux forces
armées et polices.
Tableau 8 : Comparaison entre la prévision et
l'exécution des dépenses militaires
Année
|
Prévision
|
Exécution
|
2001
|
2679611000
|
5341361000
|
2002
|
4661739000
|
4313146000
|
2003
|
12475552000
|
23851162000
|
2004
|
15668228000
|
28028449000
|
2005
|
24384000000
|
34538922000
|
2006
|
25110000000
|
30597584000
|
Source Banque Centrale du Congo
Les dépenses militaires présentent aussi cet
écart entre la prévision et l'exécution. Ceci s'explique
par la guerre à l'est de la République obligeant ainsi l'Etat
à accroître ses dépenses militaires et à
dépenser au-delà de ce qui est prévu.
Chaque fois qu'il y avait une nouvelle incursion de la
rébellion, l'Etat était obligé de réagir
brusquement et dépenser hors prévision.
A partir de 2003, avec la mise en place des institutions
issues de l'accord global et inclusif, l'Etat s'est engagé à
reformer l'armée et à intégrer les militaires provenant
des différents groupes de rébellion et l'arrivé des agents
de la monuc pour la sécurité des civiles et de l'eufor en 2006
pour la sécurité du processus électoral dernier. Ceci peut
encore s'expliquer par la création du programme
D.D.R.R.R. « Démobilisation, Désarmement,
Réinsertion, Réintégration et Rapatriement des soldats
issus des groupes armés qui constitués des rebellions dans le
pays.
c) Dépenses d'éducation
Il s'agit ici de toutes les dépenses relatives aux
divers types d'enseignement généraux (primaire, secondaire, et
supérieur).
Tableau 9 : comparaison entre la prévision et
l'exécution des dépenses d'éducation.
Année
|
Prévision
|
Exécution
|
2001
|
390318000
|
191654000
|
2002
|
698607000
|
342053000
|
2003
|
560847000
|
831381000
|
2004
|
869949000
|
1303397000
|
2005
|
41115953786
|
1606151000
|
2006
|
66339810696
|
1816742000
|
Source : Banque Centrale du Congo.
Ici, nous voyons que l'Etat dépense moins qu'il a
prévu et ce n'est qu'en 2003 qu'on remarque une dépense
excédant la prévision et un écart considérable se
constate au cours des années suivantes et les deux dernières
années, comme nous le prouve le graphique, sont marquées par une
dépense en dessous de la moyenne et qui représente presque le
quart de la prévision.
Dans beaucoup de pays, l'Etat consent un budget consistant
pour l'éducation et la formation des futurs cadres du pays mais la
République Démocratique du Congo, non seulement prévoit un
budget très bas mais s'engage aussi à dépenser moins que
ce qui est prévu. Cette situation ne permet pas au pays d'avoir des bons
cadres pour l'avenir du pays et contribue à une médiocrité
de l'enseignement national car les conditions de vie des encadreurs ne sont pas
améliorées et facilitent la corruption et la dépravation
des moeurs.
d) Dépenses d'agriculture
Il s'agit ici des diverses dépenses de l'Etat relatives
au monde rural, qu'il s'agisse de la régularisation des marchés
agricole, de l'aménagement foncier, de l'amélioration de
l'habitat en milieu rural, des diverses aides financières
accordées aux exploitants.
Tableau 10 : comparaison entre la prévision et
l'exécution des dépenses d'agriculture
Année
|
Prévision
|
Exécution
|
2001
|
80772000
|
138087000
|
2002
|
192866000
|
119864000
|
2003
|
134837000
|
225399000
|
2004
|
140587000
|
383603000
|
2005
|
2208626154
|
472706000
|
2006
|
6192978678
|
1651697000
|
Source : Banque Centrale du Congo.
L'agriculture est le coup de pousse du développement
d'un pays et doit être la priorité des priorités pour le
programme du développement d'un pays qui a besoin d'une bonne croissance
économique. Dans le budget de l'Etat, elle doit couvrir une part
importante compte tenu de ce qu'elle rapporte ; en République
Démocratique du Congo notre pays, nous remarquons que, non seulement
l'agriculture fait l'objet des miettes dans la prévision du budget de
l'Etat mais aussi d'une dépense inférieure à la
prévision. Avec cette situation, nous soulevons cette question
pertinente et consistante : comment amorcer le développement et
accélérer la croissance économique aussi longtemps que les
dépenses d'agriculture sont insignifiantes et ne permettent pas de
développer ce secteur clé de la vie économique du
pays ?
Si la RDC attend se développer et se rendre
indépendant vis-à-vis de l'occident en ce qui concerne le
financement de ses projets et surtout de la totalité de son budget, doit
s'investir dans l'agriculture qui est un secteur générateur des
richesses car on ne peut pas développer un pays sans un accent
particulier à l'agriculture.
e) Dépenses de Travail et Prévoyance sociale.
Ce type de dépense enregistre l'ensemble des actions en
faveur de l'emploi, de formation professionnelle, et des concours financiers
apportés aux divers régimes de prévoyance sociale.
Tableau 11 : comparaison entre la prévision et
l'exécution des dépenses de travail et prévoyance
sociale.
Année
|
Prévision
|
Exécution
|
2001
|
197882000
|
26984000
|
2002
|
341867000
|
106374000
|
2003
|
86487000
|
307430000
|
2004
|
182672000
|
137861000
|
2005
|
337604089
|
169883000
|
2006
|
528346424
|
161458000
|
Source : Banque Centrale du Congo.
Les dépenses de travail et de prévoyance sociale
ne témoignent pas ce que représente l'ensemble de la population
congolais en activité. Depuis 2003, il y a une régression
soutenue de la dépense en faveur des travailleurs ce qui rend faible le
rendement des travailleurs ne pouvant donc pas soutenir le pays vers le
développement.
Les fonctionnaires de l'Etat sont souvent mal payés ou
impayé selon les cas et ne donnent pas le meilleur d'eux-mêmes au
travail. Il est bien dit qu'un agent bien rémunéré fournit
aussi plus au travail et un agent moins rémunéré s'y donne
moins. L'Etat congolais doit alors accroître ses dépenses de
travail et de prévoyance sociale pour encourager les agents de l'Etat
à se donner à fond dans les tâches qui leur sont
attribuées.
En outre, le recyclage des agents nécessite aussi les
dépenses consistantes pour l'encadrement et la formation des agents
selon les nécessités et l'évolution de la technologie.
En somme, une analyse graphique donne un résultat
contraste des variations des dépenses allouées aux
départements ministériels (stratégiques)
c'est-à-dire dont la manipulation peut influencer le programme du
gouvernement. Ainsi, les dépenses militaires ont augmenté
sensiblement à cause la guerre à l'Est et du processus de
rétablissement de la paix, les autres dépenses ne
représentent qu'un petit rien dans le budget de l'Etat.
Cependant, une analyse du budget du point de vue uniquement
des dépenses ministérielles n'occulte pas la
nécessité d'un exercice similaire pour l'autre composante du
budget que sont les recettes.
III.3. LES RECETTES PUBLIQUES
Il faut noter ici que nous nous intéressons uniquement
aux recettes liées aux impôts et autres taxes, car non seulement
ce type de recettes constitue la plus grande part, mais en plus elles sont
prélevées sur les contribuables. C'est la raison pour laquelle
nous allons nous appesantir uniquement sur les recettes fiscales.
Tableau 12 : Evolution des recettes fiscales de l'Etat.
Année
|
Recettes fiscales
|
2001
|
53368007000
|
2002
|
134231912000
|
2003
|
152765524000
|
2004
|
209261252000
|
2005
|
255160069420
|
2006
|
365344960000
|
Source : Banque Centrale du Congo.
L'on peut remarquer en observant le graphique ci-dessus que
les recettes fiscales de l'Etat sont en perpétuelle montée depuis
2001 traduisant la capacité des entreprises fiscales à mobiliser
le plus de fonds pour compte de l'Etat. Ce qui a contribué à
l'augmentation du budget de l'Etat au cours de cette période.
Cette évolution des recettes fiscales est similaire
à celle des dépenses budgétaires et montre combien les
recettes fiscales contribuent dans le budget de l'Etat.
En effet si les principales recettes (impôts et droit
douanier) ne peuvent financer toutes les dépenses prévues dans le
budget, le gouvernement peut équilibrer le budget en procédant
aux emprunts qu'il devra ensuite rembourser.
III.4.LES AUTRES FACTEURS QUI FINANCENT LE BUDGET DE
L'ETAT.
Parmi les autres facteurs qui influencent la mise en oeuvre de
la politique budgétaire l'on peut relever aussi bien l'importance de
l'opinion publique, la présence des bailleurs de fonds accrus par le
poids devenu insoutenable de la dette.
III.4.1 L'EFFET D'EVICTION AU SERVICE DE LA DETTE
EXTERIEURE
L'un des facteurs qui influencent fortement la mise en oeuvre
de la politique budgétaire en République Démocratique du
Congo est l'encours de la dette extérieure et, partant, son service.
Tableau 13 : Encours de la dette publique
Année
|
Encours de la dette
|
2001
|
12488137000
|
2002
|
-10800327000
|
2003
|
-1566412000
|
2004
|
-22667027000
|
2005
|
20232323000
|
2006
|
45535778000
|
La charge de la dette absorbe une part disproportionnée
des recettes publiques, freinant l'investissement public, empêchant la
relance de la demande intérieure, et risquant au moindre problème
social, ou politique, de contraindre le pays à quitter de nouveau le
cadre d'équilibre macro-économique négocié avec les
bailleurs de fonds. Le gouvernement ne possède alors qu'une très
étroite marge de manoeuvre pour mener à bien les réformes
nécessaires.
Le service de la dette a ainsi influencé sur la
croissance (croissance négative sur plusieurs années), en
évinçant les investissements privés et en modifiant la
composition des dépenses publiques. Dès lors le lourd service de
la dette extérieure a occasionné l'accroissement de la facture
des intérêts et du déficit budgétaire de l'Etat, de
même que l'on a assisté à une réduction de
l'épargne publique. Une telle situation a conduit les gouvernements
successifs à négocier des allègements de la dette contre
l'application des réformes économiques contenus dans les
programmes d'ajustement structurels, renforçant ainsi le pouvoir et
l'influence des bailleurs de fonds sur l'élaboration des politiques
économiques en République Démocratique du Congo.
III.4.2 LES BAILLEURS DE FONDS PLUS PRESENTS
Parler de l'influence des bailleurs de fonds dans la mise en
oeuvre des politiques économiques et de la politique budgétaire
en République Démocratique du Congo, c'est reconnaître que
celle-ci intervient à la suite de la crise d'endettement dans laquelle
vit le pays. Aussi bien les bailleurs de fonds multilatéraux que
bilatéraux, leur intervention croissante effective ou apparente dans la
gestion publique découle de l'insoutenabilité de la dette
publique extérieure. Il faut cependant noter que la RDC applique comme
d'autres pays africains, les programmes d'ajustement structurels
énoncés par le FMI et la Banque Mondiale.
Le pays a alors signé un protocole d'accords de
réformes macroéconomiques, marqués notamment par le
respect des différents équilibres monétaires et
financiers. Il est demandé au pays de procéder notamment à
une meilleure discipline budgétaire marquée par une
restructuration de ses dépenses et de ses recettes. Les principales
recettes de l'Etat étaient assises sur des variables instables comme le
prix des matières premières et le taux de change du franc
congolais. Aussi, les dépenses à l'instar de la masse salariale
étant, par nature , une variable peu flexible à la baisse, son
développement aurait dû être conçu à long
terme, et donc en fonction des potentialités de croissance en volume .
C'est à dire en adoptant un comportement plus prudent pour un pays
soumis à des fluctuations des termes de l'échange qu'il ne peut
maîtriser.
a) La prépondérance des institutions de Bretton
woods.
Le laxisme dans la gestion publique va coûter
très cher au pays lorsque celui-ci entre dans le cycle de reformes,
surtout en termes de souveraineté des décisions
budgétaires. Même l'Aide Publique au Développement est
conditionnée par l'application de ces réformes. Les institutions
de Bretton woods sont, en effet considérés comme les plus
compétentes en matière d'analyse macro-économique,
notamment monétaire et financière, de mise à jour des
rigidités structurelles des différents secteurs de
l'économie, et d'évaluation des capacités de financement
nationales.
Alors que le FMI met surtout l'accent sur l'équilibre
des agrégats monétaires et financiers, et sur le contrôle
de la demande globale, la Banque Mondiale insiste davantage sur la
restructuration des appareils productifs et administratifs, sur la formation
d'un capital national, physique, social et humain et sur le renforcement de
l'offre globale. Ces deux institutions jouent de facto un rôle de leader
incontestable dans ces domaines, ce qui leur permet de débattre dans un
dialogue permanent avec les gouvernements congolais, des orientations de la
politique économique qui sont reprises dans des documents officiels.
b) les bailleurs de fonds bilatéraux solidaires des
prescriptions du FMI et de la Banque Mondiale
Les autres bailleurs de fonds ont souvent la
responsabilité d'animation des secteurs particuliers. Ainsi par exemple,
l'Union Européenne assure le leadership dans le domaine des
infrastructures. Ces interventions sectorielles s'intègrent dans le
cadre macro-économique défini par les négociations entre
les institutions de Bretton-Woods et le gouvernement congolais.
S'il est indéniable que les réformes
structurelles sont indispensables En République Démocratique du
Congo, plusieurs voix s'élèvent toutefois pour fustiger les
mesures de ces institutions. En effet ces dernières ont tendance
à considérer le développement comme le résultat
d'une combinaison de techniques particulières issues des concepts et de
démonstrations de la science économique et validées par
des résultats des applications empiriques qui s'en déduisent.
Plus généralement, les considérations sociales ou
politiques qui reflètent les objectifs de cohésion sociale et
d'internalisation des procédures économiques, sont souvent
considérés comme secondaires par rapport à la recherche
d'un sentier de croissance optimal, basé sur le respect des
équilibres monétaire et financier et à la
nécessité d'un taux de croissance élevé du PNB.
Toutefois, la récente prise en compte des aspects de bonne gouvernance,
de formation du capital humain, de préservation du capital social et de
lutte contre la pauvreté permet d'infléchir cette vision dans un
sens plus holistique.
III.5. RECOMMANDATIONS ET SUGGESTIONS
Pour la réussite d'une bonne politique
budgétaire en RDC et la bonne gestion des recettes de l'Etat nous
recommandons aux autorités tant politiques que monétaires
l'application d'un système budgétaire ouvert et participatif qui
créera systématiquement une meilleure politique
budgétaire.
Le principe d'un système ouvert et participatif
prévoit deux côtés :
a) du côté du gouvernement
§ L'information
§ L'accès
§ Le cadre de régulation
b) du côté de la société civile et du
parlement
§ La participation
§ Le débat public
§ La demande de comptes au gouvernement
Le côté du gouvernement, tous les budgets ont trois
dimensions :
ï Le niveau agrégé de
dépense: L'allocation des ressources est-elle suffisante?
ï La composition des dépenses: Sur quoi
l'argent est dépensé. Les ressources devraient être
allouées aux priorités stratégiques
ï L'efficacité des dépenses: Les
gouvernements devraient essayer d'utiliser au mieux leurs ressources et de
minimaliser les gaspillages
Les résultats de la budgétisation
gouvernementale sont influencés par deux dimensions:
ï Le système budgétaire:
c-à-d le système par lequel les ressources sont allouées,
enregistrées, surveillées et par lequel le gouvernement rend des
comptes sur ses dépenses
La politique budgétaire: c-à-d le
résultat des décisions d'allocation et d'imposition prises au
cours du processus budgétaire
Cadre analytique : Les liens entre les politiques
budgétaires et la croissance économique.
Le système budgétaire
ï Les systèmes et les processus (les règles
du jeuxdes jeux - formelles et informelles) sont les déterminants
clés des résultats budgétaires.
ï De ces règles, la transparence et la
responsabilité ont pour fonction de faciliter le contrôle de la
conformité aux règles du jeu formelles.
Les principes de budgétisation
ï Périodicité
ï Autorité (autorisation par une institution qui
n'engage pas de dépenses)
ï Prévisibilité
ï Unité
ï La contestabilité (les allocations
budgétaires ne sont pas automatiques, elles doivent résulter de
la confrontation de différentes options de politiques publiques)
ï Transparence et responsabilité
ï L'exactitude
Qu'est-ce que la transparence ?
ï Fournir une information :
- Compréhensive,
- Précise,
- Opportune,
- Fréquente,
- Utile
ï Sur les conditions économiques d'un pays et ses
politiques budgétaires
Pourquoi la transparence ?
Dans une démocratie, les citoyens ont un droit à
l'information sur les affaires du gouvernement qu'ils ont élu.
La transparence contribue à améliorer le
système de décision au sein du gouvernement.
La transparence est une pré-condition pour une
participation effective du parlement et de la société civile
L'amélioration de la transparence
1. Pendant la phase de formulation du budget
2. Pendant la phase législative
3. Pendant l'exécution du budget
4. Pendant la phase d'évaluation de l'exécution du
budget
Phase de formulation du budget
ï Déclaration pré-budgétaire
ï Publications des hypothèses économiques et
du risque fiscal
ï Cadre multi-annuel
Phase législative
ï Amélioration de la documentation
budgétaire
ï Publication des hypothèses et des
paramètres
ï Unité
ï Classifications utiles
ï Informations sur les priorités et les objectifs
Phase d'exécution du budget
ï Information sur les dépenses réelles
ï Informations sur les performances sectorielles
Phase d'évaluation de l'exécution du budget
ï Rapports d'audits opportuns et accessibles
ï Rapports sur la réalisation des dépenses
Qui est responsable de la mise en oeuvre d'une bonne
gestion budgétaire?
ï Le gouvernement ?
ï La cour des comptes ?
ï Le parlement ?
ï La société civile et l'électorat ?
Mesurer la politique budgétaire
ï La politique budgétaire est mesurée
à travers les intrants, les sorties et leurs résultats
globaux
ï Il est important de mesurer la performance des budgets
non seulement à partir des intrants et des sorties, mais aussi des
résultats globaux
ï Les intrants: sont les ressources qui sont
introduites pour produire des résultats (argent, travail et temps)
ï Les sorties (services livrés): sont les
résultats produits par les intrants introduits dans un programme. Les
services livrés résultent de l'activité interne (ex. le
nombre d'élèves parvenant à un niveau donné
d'enseignement)
ï Les résultats globaux: sont les
changements de la qualité de la vie au sein de la société
qui résultent des sorties (ex. réduction du nombre de
chômeurs)
Le côté de la société civile et du
Parlement
Le dispositif nécessaire pour une participation
effective
1. Le dispositif nécessaire au sein du Parlement
2. Le dispositif nécessaire au sein de la
société civile
Le dispositif nécessaire au sein du Parlement
ï Un rôle institutionnalisé (pouvoirs
d'amendement)
ï Lieu des pouvoirs d'amendement (comité de la
chambre basse)
ï Temps (temps suffisant pour l'examen des budgets)
ï Une capacité de recherche (un soutien technique
permanent)
ï Une information opportune, accessible, crédible
et utile.
Le dispositif nécessaire au sein de la
société civile
ï Une information opportune, accessible, crédible
et utile
ï Une capacité, une volonté et un
engagement à entreprendre une analyse et à participer au
débat public
ï Un accès institutionnalisé (à
travers le Parlement, directement auprès de l'exécutif)
ï L'implication des communautés pour demander des
comptes à l'exécutif
Comment la société civile peut-elle agir ?
ï Vulgariser les budgets à travers leur
présentation sous forme de versions simplifiées de formats
accessibles
ï Surveiller les dépenses
ï Fournir des informations supplémentaires
ï Fournir une analyse critique indépendante
ï Utiliser les voies d'accès existantes
ï Plaider pour un meilleur accès au processus de
décision budgétaire
ï Stimuler le débat public
ï Fournir une formation sur le travail budgétaire
appliqué et sur le plaidoyer budgétaire
ï Mobiliser les groupes sociaux.
CONCLUSION GENERALE
Parvenu au terme de notre recherche, il convient, d'en
rappeler les principales articulations. De prime abord, nous nous sommes
employés à présenter la politique budgétaire. A
l'avenant, nous avons soulevé la problématique de politique
budgétaire dans les pays en développement dont fait partie la
République Démocratique du Congo notre pays. Et nous avons
analysé les comportements de la politique budgétaire au cours de
la période 2001-2006 à travers les dépenses qui peuvent
influencer en grande proportion la politique économique et les recettes
de l'Etat qui nous ont fourni des perspectives de lecture des décisions
budgétaires. Puis il nous a paru utile pour les soins de la recherche de
procéder à une analyse graphique de certaines variables
budgétaires comme cadre méthodologique devant offrir à
notre travail sa justification scientifique et faire émerger un certain
nombre de conclusions. En réponse à ces conclusions, nous avons
évoqué la pertinence d'un système budgétaire ouvert
et participatif.
L'objectif de notre recherche a tout simplement
consisté à savoir si la République Démocratique du
Congo, peut, par l'entremise de la politique budgétaire juguler la
vulnérabilité de son économie et répondre
favorablement à une grande partie des besoins de la population.
Pour atteindre cet objectif, nous avons émis une
hypothèse : avec une politique budgétaire adaptée, la
République Démocratique du Congo peut appliquer une bonne
politique sociale avec le redressement de l'économie au niveau
monétaire et budgétaire qui aura comme débouché
:
· La
stabilité de prix intérieurs et du taux de change ;
· Le
rétablissement du système de paiement ;
· La
restructuration du système bancaire ;
· La relance
de l'activité économique ;
· La
réduction de la pauvreté et du chômage.
A l'issue de l'analyse d'un certain nombre de variables,
exprimant les données collectées par le biais de la consultation
des documents portant des données statistiques (rapports annuels BCC et
condensés statistiques) sur les dépenses et recettes
budgétaires sur la période 2001-2006, on a remarqué ce qui
suit :
§ La charge de la dette absorbe une part
disproportionnée des recettes publiques, freinant l'investissement
public, empêchant la relance de la demande intérieure, et risquant
au moindre problème social, ou politique, de contraindre le pays
à quitter de nouveau le cadre d'équilibre macro-économique
négocié avec les bailleurs de fonds
§ les recettes fiscales de l'Etat sont en
perpétuelle montée depuis 2001 traduisant la capacité des
entreprises fiscales à mobiliser le plus de fonds pour compte de l'Etat.
Ce qui a contribué à l'augmentation du budget de l'Etat au cours
de cette période.
§ Les dépenses de travail et de prévoyance
sociale ne témoignent pas ce que représente l'ensemble de la
population congolais en activité. Depuis 2003, il y a une
régression soutenue de la dépense en faveur des travailleurs ce
qui rend faible le rendement des travailleurs ne pouvant donc pas soutenir le
pays vers le développement.
§ En République Démocratique du Congo notre
pays, non seulement l'agriculture fait l'objet des miettes dans la
prévision du budget de l'Etat mais aussi d'une dépense
inférieure à la prévision..
§ Les dépenses militaires présentent aussi
cet écart entre la prévision et l'exécution. Ceci
s'explique par la guerre à l'est de la République obligeant ainsi
l'Etat à accroître ses dépenses militaires et à
dépenser au-delà de ce qui est prévu. Chaque fois qu'il y
a une nouvelle incursion de la rébellion, l'Etat est obligé de
réagir brusquement et dépenser hors prévision.
§ l'Etat dépense moins qu'il a prévu pour
l'éducation et ce n'est qu'en 2003 qu'on remarque une dépense
excédant la prévision et un écart considérable se
constate au cours des années suivantes et les deux dernières
années sont marquées par une dépense en dessous de la
moyenne et qui représente presque le quart de la prévision.
§ En ce qui concerne les dépenses de
fonctionnement, en dehors de l'année 2002 où nous remarquons que
l'exécution de dépenses prévues est en dessous de la
prévision, toutes les autres dépenses vont au-delà
même de la prévision ; témoignant ainsi la
mégestion des dépenses publiques et le non respect de
l'exécution du plan budgétaire de l'Etat
§ Le laxisme dans la gestion publique va coûter
très cher au pays lorsque celui-ci entre dans le cycle de reformes,
surtout en termes de souveraineté des décisions
budgétaires. Même l'Aide Publique au Développement est
conditionnée par l'application des réformes imposées par
les institutions de Bretton woods.
§ Le service de la dette a ainsi influencé sur la
croissance (croissance négative sur plusieurs années), en
évinçant les investissements privés et en modifiant la
composition des dépenses publiques. Dès lors le lourd service de
la dette extérieure a occasionné l'accroissement de la facture
des intérêts et du déficit budgétaire de l'Etat, de
même que l'on a assisté à une réduction de
l'épargne publique.
Le présent travail de recherche ne saurait
prétendre avoir épuisé son sujet. Comme toute entreprise
d'Humain, il recèle un certain nombre d'insuffisances qui contribuent
à le rendre perfectible et à donner carrière à
d'autres travaux
En définitive, nous souhaiterions que ce travail de
recherche qui constitue un essai d'analyse de la gestion publique en
République Démocratique du Congo suscite beaucoup d'engouement,
d'envie et d'intérêt de notre part pour approfondir les recherches
dans ce domaine.
BIBLIOGRAPHIE
1. THORIS Gérard, la politique budgétaire,
caisse des dépôts et consignations, service de la recherche,
Paris 200, 75 pages.
2. LLORCA Matthieu, la politique budgétaire de la
gestion de la demande, PUF 1998, 45 pages.
3. MUBAKE MUMEME Michel, fluctuations et croissance
économiques, galileo système, Kinshasa Mai 2007, 228
pages.
4. SOLOW M.Robert, peut-on recourir à la politique
budgétaire ? est-ce souhaitable ?, revue de l'OFCE 88,
2002, 34 pages
5. BALDACCI E. BENEDICT C. SANJUV G., utiliser la politique
budgétaire pour stimuler la croissance, département des
finances publiques du FMI 155, 2002, 212 pages.
6. OCDE (1999) l'ampleur et le rôle des stabilisateurs
budgétaires autonomes, perspectives économiques de l'OCDE,
décembre 1999, 87 pages.
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8. LLORCA Matthieu, la politique budgétaire à
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perspective, 7 av. Robert Schuman, 006050 Nice cedex1, France, 230 pages
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10. MICHEL Didier, méthodes et instruments de la
politique budgétaire, revue française des finances publiques
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11. J.M.KEYNES, la théorie générale,
Paris Payot, 435 pages.
12. VITO TANGI, governement role and the efficiency of policy
instrument, document du travail du FMI 95/100 (octobre 1995) 57 pages.
13. HOWELL H. ZEE, les reformes budgétaires dans les
pays en développement, Université nationale de Séoul,
Séoul, corée octobre 1994, 227 pages.
14. MASSEN R. Paul, TAMIN Bayouni et HOSSEIN Samiel, saving
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world economic out look (FMI septembre 1995
15. BARRO Robert, economic growth in the cross-section of
countries, quarterly journal of economics, volume 106 (mai 1991) 572
pages.
16. DIMICOLI Yves, resister et rassembler pour une tout autre
politique budgétaire, revue économique et politique, 624-625
juillet Août 2006, 26 pages.
17. Rapports annuels de la Banque Centrale du Congo 2001-2006.
18. condensés statistiques Banque Centrale du Congo
2001-2006.
http://fr
wikipedia.org.
http://www.univ-orleans.fr.
TABLE DES MATIERES
* 1 THORIS GERARD, la
politique budgétaire, caisse des dépôts et
consignation, service de la recherche, paris 2000. p.17.
* 2 MATTHIEU LLORCA, la
politique budgétaire de la gestion de la demande, -PUF- 1998
* 3 MUBAKE MUMEME M.
Fluctuations et croissance économiques, galileo système,
Kinshasa Mai 2007 P.141.
* 4 MUBAKE MUMEME opcit.
P.142
* 5 Idem
* 6 SOLOW M. Robert, peut-on
recourir à la politique budgétaire ? Est-ce
souhaitable ? Revue de l'OFCE 88, 2002 P. 14
* 7 BALDACCI E., BENEDICT C.,
SANJUV G., utiliser la politique budgétaire pour stimuler la
croissance; département des finances publiques du FMI 155, 2002
P.112.
* 8 THORIS GERARD, opcit P.55
* 9 L'équivalence
ricardienne est une théorie soutenue par Robert BARRO, qui stimule que
du point de vue macro-économique, il n'y a pas de différence
significative entre un financement par impôt et par emprunt d'un montant
donné de dépenses publiques.
* 10 OCDE (1999), l'ampleur
et le rôle des stabilisateurs budgétaires autonomes,
perspectives économiques de l'OCDE décembre 1999. P. 75
* 11 PLANE P ; COMBES
J.L., TANIMOUNE N., les effets non linéaires de la politique
budgétaire : le cas de l'Union Economique et Monétaire Ouest
Africain, CERDI, UMR, CNRS, 6587 pp. 7-9.
* 12 LLORCA Matthieu, la
politique budgétaire à court terme dans le troisième
millénaire ; une nouvelle perspective, 7av.Robert Schuman,
006050 Nice cedex1, P.142.
* 13 LLORCA Matthieu, opcit P.
178
* 14 NGONDJEB YONG, le cycle
politico-budgétaire au Cameroun mémoire du DEA 2006
* 15 MICHEL Didier, Méthodes et instruments
de la politique budgétaire, Revue française des finances
publiques. 48 P. 58
* 16 THORIS Gérard,
opcit P.4.
* 17 THORIS Gérard,
opcit P.13.
* 18 J.M.KEYNES, la
théorie générale, Paris, payot, P.218, 317
* 19 Les données
budgétaires examinées dans la présente section se
rapportent aux activités de l'administration centrale, étant
donné qu'une définition plus large du secteur public ne peut
être considérée faute de données se prêtant
à des comparaisons internationales.
* 20 La réussite de
l'ajustement en Ouganda est décrite dans l'édition d'octobre 1995
des perspectives de l'économie mondiale, encadré 3, page
60.
* 21 Perspectives de
l'économie mondiale, questions de politiques budgétaires, FMI,
Washington DC mai 1995
* 22 Vito
tangi «government role and the efficiency of policy
instruments» document du travail du FMI 95/100 (octobre 1995).
* 23 HOWELL H. ZEE, les
reformes budgétaires dans les pays en développement,
Université nationale de Séoul, Séoul, Corée,
octobre 1994, p. 127.
* 24 Paul R.MASSON, Tamin
BAYOUMI et Hossein SAMIEI, Saving behavior in industrial and developing
countries, staff studies for the world economic outlook (FMI, septembre
1995), pp. 1-27.
* 25 Les dépenses
publiques improductives : analyse pragmatique de l'action des pouvoirs
publics, département des finances publiques, FMI, brochure 48
(1995).
* 26 BARRO Robert, Economic
growth in the cross-section of countries, quarterly Journal of Economics,
volume 106, (mai 1991), pp.407-443.
* 27 Le seigneuriage comprend
la taxe d'inflation - la réduction due à l'inflation, du pouvoir
d'achat conféré par les encaisses en monnaie centrale
détenue par le secteur privé - et les variations autonomes des
encaisses réelles en monnaie centrale.
* 28 Si la dette publique
augmente à un taux supérieur à la différence entre
le taux de croissance économique réel et le taux
d'intérêt réel, le déficit budgétaire n'est
plus viable. Il est difficile d'évaluer la viabilité du
déficit budgétaire dans nombre des pays en développement,
car, souvent le taux d'intérêt nominal est maintenu au-dessous du
taux du marché, de telle sorte que le taux d'intérêt
réel ne correspond pas au coût d'opportunité du financement
de la dette.
* 29 Miguel A., Kiguel et
Leonardo Leiderman, on the consequences of sterilized intervention in latin
America, the case of Colombia and Chile, Banque Mondiale, Washington, 1993.
p. 142.
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