EPIGRAPHE
Si vous connaissez fes fans de f~ennemi, agissez
en consequence, et fa victoire sera certaine.
MAHATMA GANDHI
B
IN MEMORIUM
En mémoire de nos iffustres disparus, Marfa II
EY"ELWA, Germaine Musay II EY"ELWA, i6i VASIKANIA II EYDELWA, Grand-pére
7(imathe, Nadine KATSINA 7I E9"ELWA, M AM I 7I E9"ELWA, KAP.ALATA TA
Eel; SAIDI K./49111)4/m II EY"ELWA LWANZO ACain,
Ncregte KI ENDAELWA Afice, 911aman MARIE 911WIWA Senge ANGALA
SMAI9VGI9VGI, Eilezer M4JLI 9VrDAITV9VrDA et AMZA omAX Que Ca terre de nos
ancitres Ceur soit douce et agére.
KATSUVA KIBENDELWA Paulin
C
DEDICACE
Nous d~dions ce travail- a notre Ti~~e Inesse
ICIBEN"ELWA et notre fi~s 911erphy
ICIBEN"ELWA.
Nos dedicaces s'adressent ega~ement a cef~e qui nous a
soutenue et qui continue a nous promettre son soutien aussi dans ~es meif~eurs
que dans ~es pires, ICALIBWE ESENGO Pasca(ine.
KATSUVA KIBENDELWA Paulin
REMERCIEMENTS
Notre travail- &int Ce concours et Ca mise en
commun d'idies, nous voudrions ici remercier tons ceux qui ont contriflui de
pres ou de Coin 4 Ca réussite du present ouvrage. C'est entre autres
9
Nos grand-pere et grand-meres Athanase KALIVOLIM II
EJDELWA, 911adeCeine VTAVVWA, gronorine KAPOTSV, Ida MOSA2'; PauCKANGWANA et
KATSIMITSIga.
Nos pere et mere arth&my II EJDELWA WDA9 I4 et Marie
KAPOTSV KIKONDO. Qu'irs. trouvent ici, nos gratitudes pour tows Ces
efforts fournis 4 notre education mari tows nos caprices.
Nos remerciements s'adressent igament 4 papa et maman Prof
Dr TSONGO II EJDELWA Kisokero et KAVIRg Vikasim6a4 Prospérine pour nous
avoir accompagner durant notre vie académique et socia(e.
A papa David II EJDELWA et A. KI ENDELWA pour tout
conseiC
qu'irs. nous ont prodigués.
Que papa Cyprien KI EJDELWA WDALVICENE et maman KATONG1)
KALIVANDA Véronique pour Ceur apport com6ien grandiose
qu'irs. nous ont fait pendant Ca période Ca pfus di de Ca vie
sco(aire.
Que pour Ceurs consei(s et Ceur soutien tant moral-que
materiel nos tantes georgette KASAT II EJDELWA et CharCotte II EJDELWA
recoivent nos sinceres remerciements.
Que tows Ces firs, toutes Ces fiCles, tows Ces petits firs
et petites fiCles de Ca grande famide f KI E DELWA » trouvent ici, chacun
par son nom, Ces gratitudes Ces pfus profonds de nousmimes.
Que ceux qui ont donne Ceur apport personnel-
pour que cc travail- soit une réussite recoivent nos
gratitudes, c'est entre autres notre directeur, Ce cProfesseur 911PONGO OKAKO
et notre encadreur, Assistant GOTON 9ILE9 A, nos amis 911am6o DAVID VIM,
cPasca(ine KALI WA, 7(avira 911ATOTALI wEE9yA, 9 OSA ICIYVTA911ATWE Jackson,
Jean-PauCKAVOSA.
Que tows ceux qui ont contriflui de pres ou de Coin et qui
nous ont dispense d'être cite ici recoivent tows nos sinceres
remerciements.
KATSUVA KIBENDELWA Paulin
E PRINCIPAUX SIGLES ET ABREVIATIONS
ADF : Allied Democratic Forces
AFDL : Alliance des Forces Démocratiques pour la
Libération du Congo-Zaire.
ALIR : Armée de Libération du Rwanda
CNDD : Conseil National pour le Défense de la
Démocratie
CRAP : Commando de Recherche et d'Action en Profondeur
(Unité spéciale des
FDLR)
CTC : Conflit and Transition Consultancies
FAR : Forces Armées Rwandaises
FARDC : Forces Armées de la République
Démocratique du Congo FAZ : Forces Armées Zaïroises
FDD : Force pou la Défense de la Démocratie.
FDLR : Force Démocratique pour la Libération du
Rwanda
FNL : Forces Nationales pour la Libération
FOCA : Forces Combattantes Abacunguzi
FPR : Force Patriotique Rwandaise
G.A : Groupes Armés
LNC : logistique Non Conventionnelle.
LRA : Lord's Resistance Army (Armée de Résistance
du Seigneur)
MLC : Mouvement pour la Libération du Congo
NALU : National Army for Liberation of Uganda (Armé
Nationale pour la Libération
de l'Ouganda)
ONG : Organisation Non Gouvernementale
RCD : Rassemblement Congolais pour la Démocratie
RCD-ML : Rassemblement Congolais pour la Démocratie/
Mouvement de Libération
RDC : République Démocratique du Congo
RDR : Retour Démocratique au Rwanda
TPIR : Tribunal Pénal International pour le Rwanda
UPC : Union des Patriotes Congolais
UNIVERSITE DE GOMA
UNIGOM
BP 204 COMA
FACULTE DE DROIT
DE LA RESPONSABILITE DE L'ETAT CONGOLAIS DANS LES
CRIMES COMMIS PAR LES GROUPES ARMES ETRANGERS :
CAS DES FDLR
Par KATSUVA KIBENDELWA Paulin
Mémoire présenté et défendu en vue
de l'obtention du diplôme de licence en droit.
Option : Droit Public Interne
et International
Directeur : MPONGO BOKAKO B.E.
Professeur Ordinaire
Encadreur : Goyon MILEMBA
Assistant
Coma, Aofit 2009
INTRODUCTION
0.1 Présentation du sujet
Depuis le début des années 90, la
République Démocratique du Congo (RDC dénommée
Zaïre jusqu'en 1997) a été secouée par des
évènements sanglants et caractérisés par des
violations des droits humains. Des conflits violents ont éclaté
en 1992 avec le déclenchement de violences ethniques opposant les
Katangais aux Kasaïens suivies peu après par la « guerre
inter- ethnique » dans le nord-Kivu et certaines parties du sud-Kivu. Le
pays fut ravagé par la suite par deux rebellions successives (La
première fut la rébellion menée en 1996/97 par l'Alliance
des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo/Zaïre
(AFDL) et la seconde fut dirigée par le RCD (Rassemblement Congolais
pour la Démocratie de 1998, le RCD a connu plusieurs fractures
(RCD-Goma, RCD-ML, RCD-National) et des nouveaux mouvements ont fait leur
apparition (MLC, UPC, etc.) entraînant une situation fragmentée et
confuse., impliquant toutes les deux, des armées
étrangères).1
Le défunt Président Mobutu Sese SeKo avait
souvent prédit les évènements survenus en RDC après
1996 en ces mots: « après moi, le déluge ». Le
départ de la scène du Président Mobutu, l'homme qui
inventa les systèmes du pays, viendra accentuer une situation
marquée par le déclin de l'État, le délabrement des
infrastructures, l'enracinement profond de la corruption, de même que
l'impact de la politique de « diviser pour régner »,
entraînant le troisième pays du continent en termes de superficie
vers de sérieuses difficultés et un avenir lourd des menaces. Les
évènements récents ont donné raison à
l'ancien Président Mobutu; après son règne, l'effondrement
de l'État s'est avéré inévitable. Dès 1996,
le Zaïre avait cessé d'exister en tant qu'Etat. Les populations
congolaises étaient de plus en plus divisées sur des bases
ethniques et régionales. Les systèmes et stratégies de
corruption, le népotisme, la mondialisation et la «
zaïrianisation » étaient à l'origine d'une profonde
crise économique et sociale.
Dans ces conditions, l'éclatement de la guerre ne
représenta pas une surprise, en raison notamment de l'instabilité
qui prévalait dans les pays voisins,
1 Hans ROMKEMA, Opportunités et contraintes
relatives au désarmement et rapatriement des groupes armés
étrangers en RDC : Cas des FDLR, FNL et ADF/NALU, Washington, DC
20433 USA, 2007, p. 24
en particulier au Rwanda et au Burundi, qui étaient
secoués par des guerres civiles de grande ampleur ayant
débordé jusqu'au Zaïre. Les déchirures profondes dans
ces deux pays ont aggravé la situation dans un Zaïre
déjà meurtri par les divisions ethniques existantes et
l'arrivée massive de centaines de milliers de réfugiés
burundais et rwandais dans la région du Kivu n'a fait qu'exacerber la
logique de la politique du « diviser pour régner» promue par
Mobutu et faire sombrer le pays dans un état de
déséquilibre fatal.
La présence de plus d'un million de
réfugiés rwandais et burundais, fortement politisés,
lourdement armés et bien organisés a transformé
fondamentalement le climat politico ethnique dans les provinces du Kivu
à l'Est du Zaïre. En outre, avec le changement de régime
intervenu en 1994 au Rwanda, le paysage politique de l'ensemble de la
région des Grands Lacs a été profondément
modifié. Mobutu et son entourage n'ont pas réussi à
anticiper ou gérer les conséquences de cette mutation. L'ancien
président a permis également à certains de ses
alliés comme le Président du Haut Conseil de la République
et Parlement de la Transition, Anzuluni Bembe, d'exploiter la situation pour en
tirer des bénéfices politiques à court terme. Anzuluni
Bembe et ses alliés politiques (dont plusieurs plateformes de la
société civile du sud Kivu) ont intensifié leurs efforts
pour exclure les congolais parlant le Kinyarwanda (Rwandophones et «
personnes parlant le Kinyarwanda » sont des termes interchangeables dans
le contexte de la RDC) de toute participation à la vie politique du
Zaïre. Ils sont allés jusqu'à dénier aux
dénommés Rwandophones la nationalité zaïroise.
Conjugués à la présence de ces réfugiés,
tous ces facteurs ont abouti à l'exclusion sociale et politique et
à des massacres ethniques (Des cas de massacres ethniques au Zaïre
furent enregistrés en 1995 à quatre endroits au moins dans la
zone de Fizi : Fizi-centre, Baraka, Malinde et Lweba, mais aussi à
Masisi, à Walikale et à Uvira).
Un autre facteur qui a énormément
contribué à l'escalade du conflit tient à la
création de nouvelles alliances politiques et militaires. Initialement,
la guerre interethnique au nord-Kivu avait réussi à mobiliser les
congolais d'origine Hutu et Tutsi au sein d'une dynamique pour s'opposer aux
autres communautés locales. Avec l'arrivée en 1994 des
réfugiés Hutu, porteurs d'une idéologie qui a conduit au
génocide au Rwanda, est née la coalition « Bantu » et
du coup, les Tutsi
et Hutu sont redevenus de farouches adversaires.
L'effondrement de l'État zaïrois, la guerre civile au Burundi et le
génocide au Rwanda (ou ses conséquences) ont constitué
autant d'ingrédients pour un embrasement de toute la région.
Au milieu de l'année 1996, l'Alliance des Forces
Démocratiques pour la Libération du Congo/Zaïre (AFDL), une
coalition de groupes d'opposition congolais appuyés par les
gouvernements du Rwanda, de l'Ouganda et du Burundi, lançait une
campagne militaire contre le gouvernement zaïrois encore dirigé par
Mobutu. Le Rwanda et les Tutsi congolais étaient les fers de lance de
cette coalition car étant immédiatement menacés dans leur
sécurité. Depuis la fin de l'année 1994, le Rwanda n'a
cessé de faire l'objet d'infiltrations et d'incursions militaires de la
part des éléments des ex-FAR et (d'anciens) lnterahamwe visant
à déstabiliser la région ouest du pays. Le régime
en place au Rwanda tentait d'empêcher les réfugiés et les
combattants de l'ancien régime de se reconstituer militairement et de
poser un danger sérieux au régime de Kigali. Les Tutsi congolais
en revanche étaient sensibles aux préoccupations des
autorités rwandaises et partageaient les opinions de leurs compatriotes
opposés au régime de Mobutu. Cependant, leur propre
sécurité et leurs droits à la nationalité
constituaient les motifs immédiats de leur adhésion à
l'AFDL). Des pays comme le Burundi, l'Ouganda et l'Angola appuyaient l'AFDL
pour des motifs similaires, à savoir que le régime de Mobutu
abritait des rebelles hostiles à leurs pays respectifs. S'il est vrai
que les membres et sympathisants zaïrois de la rébellion voulaient
mettre un terme à des décennies de mal gouvernance politique et
économique, certains d'entre eux n'étaient motivés que par
le désir d'accéder aux ressources naturelles lucratives en
participant à la gestion du pays. 2
La composition de la direction de l'AFDL et la
diversité des pays impliqués traduisent le large soutien dont a
bénéficié cette première guerre. La crainte du
régime du FPR a poussé bon nombre de réfugiés
rwandais d'origine Hutu à s'établir dans l'Est de la RDC,
à faire alliance avec le régime de Mobutu. Il est difficile
toutefois de parler d'une alliance véritable entre Mobutu et les
réfugiés rwandais. Ces derniers étaient en
réalité en première ligne durant les affrontements tandis
que les ex-FAZ (Forces Armées Zaïroises) perdirent bientôt
toute motivation à
2 M. KAMTO, Pouvoir et droit en Afrique
noire, LGDJ, Paris, 1985, p.450.
freiner la progression de la coalition de I'AFDL et se
livrèrent systématiquement aux viols et aux pillages durant leur
retraite rapide vers Kinshasa. En mai 1997, Mobutu fuyait le Zaïre et
Laurent Désiré Kabila prenait les rênes du pouvoir en
RDC.
Pour des diverses raisons, l'AFDL et la coalition
internationale qui la soutenaient se sont effondrées en 1998. La
méfiance a miné la collaboration entre les responsables de
l'AFDL, notamment ceux qui n'étaient pas originaires des provinces du
Kivu et le Rwanda, d'une part, et l'Ouganda et plusieurs autres responsables
des provinces du Kivu, d'autre part. Le président Laurent
Désiré Kabila et son entourage accusaient leurs voisins de l'Est
de violer les principes de souveraineté de la RDC, tandis que le Rwanda
et l'Ouganda accusaient Kabila de ne pas reconnaître leur rôle dans
le renversement de Mobutu. Ils arguaient également qu'il fournissait une
assistance à certains rescapés des ex-FAR/lnterahamwe ayant
survécu à l'offensive de 1996. Cette relation déjà
perturbée se détériora davantage après que le
gouvernement de la RDC eut ordonné aux Rwandais et aux Ougandais de
quitter le pays en juillet 1998. Moins d'une semaine après leur
départ, une seconde guerre éclata le 2 août 1998 dans les
provinces de l'Est de la RDC menée par des forces issues d'une coalition
constituée du Rwanda, de l'Ouganda, du Burundi et de plusieurs anciens
sympathisants de I'AFDL contestant le régime de Kabila.
Quelques jours après le déclenchement de cette
guerre, le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) s'est
présenté aux populations de I `Est pour expliquer, par le biais
de son président, « qu'ils ont été contraints de
reprendre les armes parce que le Président Kabila les avaient
trompés ». Les populations du Kivu dont une bonne partie avait
critiqué Kabila avant la seconde guerre, exprimèrent son
désaccord avec le RCD. Elles se disaient lassées et peu
disposées à faire face à une autre guerre. Au cours des
années qui suivirent, le RCD ne fut jamais en mesure de gagner la
confiance de la majorité de la population des provinces du
Kivu.3
Il convient de noter que si les milices congolaises Hutus (les
Mongols) ont souvent combattu aux côtés des forces
composées d'exilés rwandais
3 Anastase SHYKA et F. RUTEBESA, Afrique des
Grands Lacs. Sécurité et paix durable, BUTARE : UNR, 2004,
p.126.
en 1996, la plupart d'entre eux avaient intégré
pour la plupart les rangs du RCD en 1998. Cette seconde guerre (que le RCD
avait baptisée « guerre de rectification ») a duré
plusieurs années et s'est soldée par des millions de morts en
plus des souffrances atroces infligées aux populations. L'ONG
américaine International Rescue Committee a estimé le nombre de
décès à 4 millions de personnes. C'est un peu à
cause de ce lourd bilan que la communauté internationale a dû
exercer une forte pression sur les belligérants, ce qui a abouti
à la signature d'un accord de cessez-le-feu en 1999 à Lusaka, la
capitale Zambienne. L'impact de cet accord de cessez-le-feu fut limité
dans un premier temps. Pendant que s'estompaient les combats sur les lignes de
front, une guérilla se poursuivait derrière la ligne de front
jusqu'en 2002, affectant essentiellement les zones rurales de l'Est de la RDC
et se soldant par un bilan plus lourd encore en pertes humaines que celui
occasionné par les combats sur le front.
Ce n'est qu'en 2002 que la mise en application de l'accord de
Lusaka se traduisit en termes concrets à travers le dialogue inter
congolais à Sun City en Afrique du sud. Selon plusieurs observateurs, le
remplacement de Laurent Désiré Kabila par son fils Joseph Kabila
à la tête du pays avait beaucoup contribué à la
relance du processus de paix. Le Président Kabila avait
été assassiné dans son propre palais par l'un de ses
gardes du corps le 16 janvier 2001 et son fils fut alors désigné
pour lui succéder 10 jours après. Aussitôt après
l'intronisation de Joseph Kabila, plusieurs aspects fondamentaux de l'accord de
Lusaka qui avaient constitué des pierres d'achoppement finirent par se
débloquer. Ce qui permit d'emblée à la MONUC d'achever son
déploiement et Sir Ketumile Masire, l'ancien Président du
Botswana obtint finalement la coopération qu'il recherchait pour
préparer le dialogue intercongolais (DIC).4
A la fin 2002, le DIC déboucha sur « l'Accord
Global et Inclusif sur la Transition en République Démocratique
du Congo » et entra bientôt effectivement en vigueur. En juin 2003,
le processus de transition formelle fut entamé avec l'installation d'un
gouvernement d'union nationale jusqu'aux élections organisées en
octobre 2006. Ces élections ont eu finalement lieu et le pays amorce une
nouvelle phase avec un gouvernement nouvellement élu. Cependant, de
nombreux aspects
4 BRAECKMAN, L'enjeu congolais, l'Afrique centrale
après Mobutu, éd. Fayard, Paris, 1999, p. 415.
relatifs à la transition restent encore en suspens, en
raison sans doute des objectifs trop ambitieux fixés à
l'époque (à savoir: reconstruire le pays) ou parce que le
gouvernement de transition était trop divisé et confronté
à de nombreux « impératifs » liés aux questions
de réconciliation et d'intégration (totale) de toutes les forces
armées.
Situation actuelle en milieu rural au Kivu
Pour définir le rôle que pourrait jouer le
gouvernement de la RDC dans la résolution du problème des GA
étrangers sur son territoire, il est important d'analyser la
capacité organisationnelle et militaire de l'Etat. Tel qu'on l'a
relevé précédemment, le processus de
réconciliation, d'intégration et de pacification n'a pas
été parachevé. Des actions significatives ont
été entreprises au moment de l'absorption des factions rebelles
les plus importantes au sein du gouvernement de transition (GT), mais cette
démarche n'a pas permis pour autant de mettre un terme à toute
opposition armée contre le pouvoir central ni contribué à
réconcilier les différentes ethnies et régions du pays.
Les résultats des élections (octobre 2006)
autorisent à penser qu'il existe une scission entre l'Est et l'Ouest de
la RDC. Les combats au nord Kivu qui ont duré de fin 2006 jusqu'à
nos jours sont la preuve que certains groupes d'opposition sont soit incapables
ou peu disposés à se servir des institutions
démocratiquement élues pour faire entendre leurs griefs
réels ou perçus comme tels et les résoudre. Les
récents bras de fer à Kinshasa entre le président de la
République, Joseph Kabila, d'une part, et son plus grand ami Vital
KAMERHE, d'autre part, par rapport à l'entrée des troupes
rwandaises sur le sol congolais sont également source de
préoccupations. Il s'avère fondamental de rechercher les voies et
moyens de désamorcer les tensions entre ces acteurs politiques ainsi
qu'entre les ressortissants de l'Est et de l'Ouest du pays par la voie
pacifique.5
5 Barnabé MULYUMBA, La construction de la
paix au Nord-Kivu et au Sud-Kivu : Etat de recherche, BUKAVU, CERUKI,
2004, p.32.
02. PROBLEMATIQUE
La République Démocratique du Congo constitue
depuis plus d'une décennie un bastion incontestable des groupes
armés étrangers qui y commettent des pires exactions et des
crimes les plus graves que la RDC n'avait jamais connu jusque là depuis
son existence.
Cette situation a perduré et perdure encore de nos
jours non sans conséquences mais surtout avec des méfaits sans
précédent, allant jusqu'à même offrir
l'opportunité à certains pays limitrophes d'agresser la RDC sous
prétexte de la poursuite de leurs ennemis très actifs en RDC.
Parler de « la responsabilité de l'Etat congolais
dans les crimes commis par les groupes armés étrangers mettant en
exergue les FDLR » revient, à dire vrai, à établir la
compétence territoriale dont dispose l'Etat, c'est-à-dire la
responsabilité qu'exerce l'Etat de contrôler ou de surveiller tout
ce qui se passe sur son territoire .
Il appartient à l'Etat et au seul Etat de protéger
ses nationaux et les étrangers sur son territoire.
Ainsi, dans ce cas, le problème juridique qui se poserait
est de
savoir :
-Quel type des crimes commettraient-ils les FDLR en RDC ?
-Sur base de quels principes juridiques la responsabilité
de l'Etat congolais dans les crimes commis par les FDLR pourrait-elle
être engagée ?
-Quel serait le statut juridique des FDLR : seraient-ils des
réfugiés
ou des rebelles ?
3. HYPOTHESES
Les FDLR, sur le sol congolais, commettent des crimes que le
droit international humanitaire désigne sous le nom de « crimes de
guerre ».
L'Etat congolais, en vertu de la compétence
territoriale et du principe de la souveraineté absolue dont il dispose,
devrait exercer un contrôle permanent sur tout ce qui se trouve à
l'intérieur de ses frontières et ne pourrait recevoir des
injonctions d'aucun autre Etat : il réglemente les mouvements
migratoires a ses frontières, protège l'intégrité
de son territoire et assure la sécurité des biens et des
personnes, quelle que soit leur nationalité, au moyen de la coercition
dont il dispose : l'armée .
Le groupe FDLR ne jouit pas de statut de
réfugiés, même si à leur entrée au Congo
(1994), ils avaient ce statut juridique. Ils sont de plus en plus
considérés aujourd'hui comme un groupe armé
étranger à raison des armes qu'ils détiennent et des
exactions qu'ils commettent. On les appelle communément « force
négative ».
4. INTERET DU SUJET
Le présent travail intitulé « La
responsabilité de l'Etat congolais dans les crimes commis par les
groupes armés étrangers : cas des FDLR » est d'une
importance capitale dans la mesure où il touche à la
souveraineté même de la RDC d'une part, d'autres part, le souci
d'amener l'Etat congolais à préserver et à protéger
la vie de ses 60 000 000 d'habitants qui sont aujourd'hui à la merci des
Groupes Armés. Ceci passe par la reforme d'une armée capable de
protéger l'intégrité territoriale. Sinon, il se formerait
des milices et l'Etat se désagrégerait.
0.5. METHODES ET TECHNIQUES UTILISEES
Pour sa réalisation, ce travail a connu le recours
à la méthode exégétique et la technique
documentaire. La première nous a été utile pour
interpréter les différents textes juridiques et historiques alors
que la seconde nous a servi plus dans la collecte des données dans
divers documents ainsi qu'à l'Internet.
6. DELIMITATION DU SUJET
Quelle que soit la diversité des contextes auxquels
s'applique le concept « responsabilité », ce travail sera
accès sur la responsabilité qui est celle de l'Etat congolais
dans la protection de ses citoyens, ses frontières, sa faune, sa flore
et des étrangers se trouvant sur son territoire. (C'est la
délimitation dans l'espace).
Dans le temps, ce travail se situera dans l'intervalle des
périodes allant de 1994 à 2009, c'est-à-dire, de
l'entrée massive des réfugiés hutus au Congo
jusqu'à nos jours ainsi que les différentes étapes de leur
transformation en groupe armé FDLR.
7. SUBDIVISION DU TRAVAIL.
Notre travail est ainsi subdivisé : D'abord nous avons
prix soins d'y réfléchir en deux parties dont la première
est concentrée sur les concepts qui composent le sujet
(Généralités sur les concepts). Nous avons estimé
qu'on ne peut pas être capable de réfléchir sur un sujet
non maîtrisé ou encore moins compris. La deuxième partie
intitulée « La responsabilité de l'Etat congolais face
à la problématique des FDLR », cherche quant à elle
à établir la responsabilité de la RDC dans la commission
de ces crimes. Chaque partie a été à son tour
subdivisée en deux chapitres. La première est borné sur la
responsabilité et le crime (chapitre I) avec deux sections : l'une
d'elle étant concentrer seulement sur la responsabilité (Section
I) et l'autre sur le crime (Section II) et les groupes armés
étrangers (chapitre II) avec à son tour deux sections :
l'historique et les objectifs des Groupes Armés (Section I) et l'impact
de ces groupes sur les provinces du Nord et Sud Kivu (Section II).
La deuxième partie se concentre à son tour aux
réfugiés hutu rwandais jusqu'au phénomène FDLR
(chapitre I) dès leur entrée sur le sol congolais (section I)
jusqu'à ce qu'ils deviennent FDLR (section II). Le deuxième
chapitre portera sur l'attitude du gouvernement congolais face aux exactions
des FDLR depuis que ce gouvernement a tenté de chercher une solution
(section I) jusqu'à ce que nous établissions son degré de
participation au phénomène FDLR (section II). Et le tout est
précédé d`une introduction.
Ière PARTIE : GENERALITES SUR LES CONCEPTS.
Chapitre I : DE LA RESPONSABILITE ET DU CRIME
Section 1 : De la responsabilité
La responsabilité est par définition une
obligation de réparer un préjudice, c'est-à-dire un
dommage causé à autrui. Selon l'art. 258 du Code Civil Congolais
L III, Celui qui l'a causé, va devoir le réparer. On dit que sa
responsabilité est engagée. La réparation s'effectuera par
l'allocation de dommages et intérêts versée par l'auteur du
préjudice à la victime. La responsabilité existe dans la
plupart des branches du droit : droit civil, droit pénal ou encore droit
administratif alors que jusqu'au XVIIIe siècle elle semblait
essentiellement pénale.
Elle doit, pour être mise en oeuvre, répondre
à plusieurs conditions qui, d'une manière générale,
sont celles du droit civil. Il est nécessaire que la victime apporte la
preuve du dommage qu'elle a subi mais également, en dehors des cas de
responsabilité sans faute, que la personne, auteur de ce dommage, ait
commis une faute. Enfin, que le préjudice enduré par la victime
vienne de la faute commise par l'auteur du dommage. C'est ce que l'on appelle
le lien de causalité entre la faute commise et le
dommage subi.
En droit civil, la responsabilité peut prendre deux
formes.
L'obligation de réparer le préjudice
résultant de l'inexécution d'un contrat constitue la
responsabilité contractuelle. La responsabilité est
délictuelle lorsqu'elle s'appuie sur des faits qui ont causé un
dommage, en dehors de tout contrat. On dit que ces fautes constituent un
délit civil, en matière civile et un délit pénal,
en matière pénale. Cette responsabilité résulte de
la violation du devoir de ne causer aucun dommage à autrui.
En matière de responsabilité, la nature du lien
juridique obligeant les parties l'une envers l'autre a une influence importante
sur l'étendue de la réparation due.6
En matière de responsabilité contractuelle (ou
quasi
contractuelle), les parties ne sont tenues de réparer
que les conséquences dommageables prévisibles du non-respect de
leur obligation contractuelle (ou de leur mauvaise exécution).
En revanche, dans les deux hypothèses du délit
et du quasi-délit, l'auteur du dommage est obligé d'en
réparer intégralement les conséquences : c'est sa
responsabilité délictuelle (ou quasi délictuelle) qui est
engagée. Il devra donc assumer la réparation intégrale du
dommage.
§1. Responsabilité collective
Règles d'incrimination qui seraient applicables
à une personne en raison de son appartenance à un groupe pour les
agissements délictueux de ce groupe. Le principe de la
personnalité des peines exclut la responsabilité collective.
§2. Responsabilité contractuelle
Un contrat est conclu entre deux personnes. Si l'une d'elles
n'exécute pas les obligations qui résultent de ce contrat,
l'autre partie va essayer d'obtenir cette exécution en forçant
son cocontractant, sous la pression de la justice. On dit qu'elle demande
l'exécution forcée de la prestation attendue.
Parfois, pour diverses raisons, cette prestation ne peut se
réaliser matériellement (par exemple, elle devait s'effectuer
à une date précise et cette date est passée), alors elle
est remplacée par l'octroi d'une somme d'argent : les dommages et
intérêts.
6 KALOMBO BIKAYI, Le code Pénal
zaïrois, Conrad, Kinshasa, 1989. p.53
Pour mettre en oeuvre cette responsabilité, il est
nécessaire d'apporter la preuve de l'existence d'un contrat liant les
deux parties et qu'elles se sont engagées à effectuer des
prestations, l'une envers l'autre.7
§3. Responsabilité délictuelle
Un dommage a été causé, qui doit
être réparé. Celui-ci peut résulter directement
d'une autre personne, c'est le dommage causé par un fait personnel,
d'une personne dont une autre est responsable, c'est la responsabilité
du fait d'autrui ou d'une chose dont une personne a la garde, c'est la
responsabilité du fait des choses.
La responsabilité du fait personnel est le cas le plus
courant qu'on rencontre lorsqu'une personne cause un dommage à une autre
personne. La responsabilité du fait d'autrui se rencontre lorsqu'une
personne est rendue responsable du dommage causé par une autre personne.
Cela vise les personnes qui dépendent d'autres personnes, tels les
parents qui sont responsables des dommages causés par leurs enfants ou
les patrons, des actes préjudiciables de leurs employés. La
personne responsable devra réparation. La responsabilité du fait
des choses est qualifiée lorsque le propriétaire ou le gardien
d'une chose est responsable du dommage causé par cette chose.
Pendant longtemps, cette forme de responsabilité a
permis de répondre des dommages causés par des accidents de
véhicules car on ne pouvait pas toujours établir la faute du
conducteur. Mais une loi est venue réglementer spécifiquement ce
domaine.
Si la responsabilité est établie devant les
tribunaux, le juge va sanctionner le délit civil par des dommages et
intérêts versés à la victime. Le délit
pénal est sanctionné par une peine qui prend la forme d'une
amende ou qui prive son auteur de liberté. Cette réparation ne
s'effectue donc pas au profit de la victime. Cependant, la victime d'une
infraction pénale peut obtenir des dommages et intérêts
soit en s'adressant à la juridiction pénale (on dit alors qu'elle
se constitue partie civile), soit en s'adressant à un tribunal civil.
7 Remy CABRILIAC, Dictionnaire du vocabulaire
juridique, Paris, éd. Jurisclasseur, 2004, p.204.
§4. Responsabilité Pénale
C'est l'obligation de répondre de ses actes
délictueux en subissant une sanction pénale dans les conditions
et selon les formes prescrites par la loi. Plus spécialement, cette
expression est utilisée à propos de certaines personnes en raison
d'une qualité qui leur est propre. Exemple. Responsabilité
pénale de l'instigateur.8
a. Personnes physiques
La définition de l'infraction n'a d'autre but que de
sanctionner son auteur, reconnu comme pénalement responsable. C'est
là la finalité du droit pénal.
Est en premier lieu punissable celui qui, de son propre fait,
a commis les actes constitutifs de l'infraction ou celui qui a tenté de
les commettre. Le droit pénal reconnaît en effet que, pour
certaines infractions, la simple tentative suffit à engager la
responsabilité pénale. A l'exception de rares hypothèses
dérogatoires au droit commun, le droit pénal ne connaît pas
de cas de responsabilité pour autrui : on ne peut être
pénalement responsable que de manière personnelle. Cette
distinction a une grande portée pratique. Ainsi, par exemple, le
père d'un enfant mineur auteur de violences ne peut être
pénalement reconnu responsable de cette infraction (et donc ne peut
être incarcéré si les violences sont constitutives de
crime) alors qu'il est civilement responsable des dommages causés par
son enfant et qu'il pourra être contraint à indemniser les
victimes de violences en leur versant des dommagesintérêts.
Au-delà de l'auteur matériel des faits, le droit
répressif peut sanctionner d'autres personnes. C'est le cas de l'auteur,
dit intellectuel, qui préside à la réalisation de
certaines infractions. En matière d'enlèvement, sont punis des
mêmes peines celui qui a commandité l'enlèvement et celui
qui en a effectivement assuré l'exécution.
La loi pénale sanctionne le ou les coauteur(s) de
l'infraction lorsque celle-ci est le fait de plusieurs personnes qui, pour
chacune d'elles, commettent les actes constitutifs de l'infraction.
8 Raymond Guillien et Jean VINCENT, Lexique des
termes juridiques, 14ème éd., Dalloz, 2003, p.
509.
Enfin, la loi pénale prévoit également
des peines en cas de complicité. Est complice celui qui par son aide ou
son assistance a participé à l'exécution d'une infraction
par des actes préalables ou concomitants à la réalisation
de celle-ci. Tel est le cas de celui qui effectue le guet pour permettre au
voleur de commettre son forfait.
Cette responsabilité personnelle du ou des
délinquant(s), et ce quel que soit le degré de participation
à la réalisation de l'infraction, est en outre
appréciée au regard de l'intention. Il n'y a pas de crime ou de
délit sans intention de le commettre, sans la conscience que l'acte
commis viole la loi pénale.
b. Personnes morales
Le principe de responsabilité personnelle ne se pose
plus, depuis l'adoption du nouveau Code pénal entré en vigueur en
1994, à ce qu'un groupement puisse être sanctionné en tant
que personne morale. La responsabilité pénale des personnes
morales (entreprises, associations, syndicats), à l'exception de celle
de l'État lui-même, fait ainsi l'objet d'un traitement
particulier.
Le droit pénal punit ces personnes morales des
infractions qu'elles pourraient commettre. La loi dresse la liste de ces
infractions, allant des violences involontaires aux atteintes aux droits de la
personne résultant de l'utilisation des fichiers informatiques. Les
sanctions généralement prononcées à l'encontre de
ces personnes morales sont des amendes mais, si l'infraction revêt une
gravité extrême, le juge peut prononcer la dissolution du
groupement.
Section 2 : Du crime
Un crime est une catégorie d'infraction frappée
d'une peine de réclusion ou de détention criminelle.
Le droit pénal français classe les infractions
suivant leur gravité, en crimes, délits et contraventions. Dans
cette classification, le crime occupe une place particulière en raison
de la nature et de la gravité de la peine qui le sanctionne, soit la
réclusion criminelle pour les infractions de droit commun et la
détention criminelle pour les infractions politiques.
Le terme de crime ne se limite pas à la seule
hypothèse du meurtre avec lequel on l'assimile souvent. Ainsi, certaines
infractions sont qualifiées de crime bien qu'elles n'entraînent
pas nécessairement le décès de la personne qui en est
victime. Il en est ainsi du viol par exemple.
§1. De la contravention
La contravention est une infraction, qualifiée de
mineure, à un texte, à une règle, à un contrat,
à une obligation. Le mot accompagné de la préposition de
exprime la nature de l'infraction. Contravention d'alcoolisme, de
stationnement, de voies de fait. « Il est nécessaire en
matière de coups et blessures que les coups présentent une
certaine gravité : sinon il n'y aurait que contravention de voies de
fait. » Reconnaître une contravention dans quelque chose. « La
soumission, en un de ses sens juridiques, est l'action de reconnaître une
contravention dans le paiement de ses impôts. »
Le substantif contravention signifie trois choses, surtout
dans le domaine des infractions à la circulation et au code de la route
: soit un acte (par lequel un agent de police constate l'infraction : dresser
(une) contravention, prouver une contravention), soit une amende (due pour
cette infraction : infliger, payer une contravention), soit encore un document
(portant le procès-verbal de la contravention : formulaire de
contravention, trouver une contravention sur son pare-brise).
a. Les contraventions en droit pénal
Le Code pénal distingue trois catégories
d'infraction : les crimes, les délits et les contraventions. Seule la
loi peut prévoir et définir les comportements qui seront
qualifiés de crime ou de délit. En revanche, un simple texte
à valeur réglementaire, c'est-à-dire un acte
émanant du pouvoir exécutif, suffit pour définir les
contraventions. Le tribunal de police est la juridiction compétente pour
connaître les contraventions.
La contravention est l'infraction qui est la moins lourdement
sanctionnée par le droit pénal. Alors que l'auteur d'un crime
encourt une peine de réclusion ou de détention criminelle, que
l'auteur d'un délit peut être condamné à une
peine d'emprisonnement et/ou d'amende, seule une peine d'amende
peut être prononcée contre l'auteur d'une contravention.
L'amende contraventionnelle se distingue de l'amende
correctionnelle (qui s'applique à un délit) par
son montant, en France par exemple elle peut aller jusqu'à 1 500 euros
pour la première et ne peut être inférieur à 3 750
euros pour la deuxième. En outre, il existe cinq classes de
contraventions, auxquelles correspond un montant maximum d'amende. Les
infractions de première classe sont punissables d'une amende de 38 euros
au plus, montant maximum porté respectivement à 150 euros, 450
euros, 750 euros et 1 500 euros pour les infractions de seconde,
troisième, quatrième et de cinquième classe. Le montant de
ces amendes est multiplié par deux en cas de récidive.
b. Les contraventions en droit administratif
La contravention pénale ne doit pas être
confondue avec la contravention dite « de grande voirie » qui
réprime les atteintes portées au domaine public routier. Bien que
sanctionnées par une amende pénale, ces contraventions ne sont
pas des contraventions de police, compte tenu de leur objet et de leur
régime particulier. Elles sont en effet prononcées par un juge
administratif et non par le tribunal de police. Les amendes peuvent par
ailleurs être d'un montant différent, et notamment plus important,
que le taux maximum prévu pour les contraventions de police de
cinquième classe.
§2. Du délit
Il est à signaler que le concept délit est synonyme
d'infraction. Il varie selon qu'on est en droit civil ou pénal.
Cette catégorie d'infractions frappées d'une
peine
d'emprisonnement et/ou d'une amende déterminée
par la loi. Autrement dit, c'est un fait dommageable illicite, intentionnel ou
nom, qui engage la responsabilité de son auteur.9
9 Remy CABRILIAC, Op.cit., p.92.
a. Quasi-délit
En droit civil, le quasi-délit se rattache à la
notion de délit. C'est un fait illicite qui cause à autrui un
préjudice, un dommage, sans intention de nuire, mais, résultat
d'une négligence, d'une imprudence, d'une méprise, il oblige son
auteur à réparation. Au regard du délit, c'est un acte
dommageable non intentionnel.
Autrement dit, il y a délit quand l'auteur du dommage
a eu l'intention de nuire ou, du moins, l'a causé sciemment et
quasi-délit quand le fait est non intentionnel, involontaire, le dommage
ayant été causé sans le faire exprès, par
négligence ou imprudence.
Les hypothèses de la faute commise par imprudence ou
par négligence sont nombreuses. C'est ainsi que le fait de ne pas
prendre les précautions nécessaires pour ne pas exposer autrui
à un danger constitue une faute d'imprudence.
Commettent donc, par exemple, une faute d'imprudence
l'association communale qui effectue un lâcher de lièvres dans des
circonstances telles qu'il en résulte des dégâts pour les
récoltes voisines, les grands-parents qui laissent une arme de guerre
à portée de leur petit-fils. D'après le Code civil, le
quasidélit engage la responsabilité (on parle de
responsabilité quasi délictuelle) de son auteur, tenu de
réparer l'intégralité du dommage qu'il a causé (le
plus souvent en indemnisant la victime).
b. Délit non intentionnel
Consiste en une faute plus ou moins prononcée. Il
s'agit, soit d'une faute d'imprudence, de négligence ou de manquement
à une obligation de prudence ou de sécurité prévue
par la loi où le règlement, soit d'une faute
délibérée par la mise en danger de la personne d'autrui,
soit d'une faute caractérisée ayant exposée autrui
à un risque d'une particulière gravité qui ne pouvait
être ignorée.
c. Délit manqué
Infraction dont tous les actes matériels ont
été accomplis mais qui n'est pas consommée par suite d'une
cause indépendante de la volonté de sont auteur ; il se distingue
mal de la tentative punissable à laquelle il est assimilé par
l'article 2 du code pénal.10
§3. Du crime
Un crime est une catégorie d'infraction frappée
d'une peine de réclusion ou de détention criminelle.
Le droit pénal français classe les infractions
suivant leur gravité, en crimes, délits et contraventions. Dans
cette classification, le crime occupe une place particulière en raison
de la nature et de la gravité de la peine qui le sanctionne, soit la
réclusion criminelle pour les infractions de droit commun et la
détention criminelle pour les infractions politiques.
Le terme de crime ne se limite pas à la seule
hypothèse du meurtre avec lequel on l'assimile souvent. Ainsi, certaines
infractions sont qualifiées de crime bien qu'elles n'entraînent
pas nécessairement le décès de la personne qui en est
victime. Il en est ainsi du viol par exemple.
a. crimes de guerre
Un crime de guerre est une violation des coutumes et des lois
de la guerre, telles qu'elles sont établies par les conventions de La
Haye et divers traités qui ont participé à
l'élaboration du droit international.
La notion de crimes de guerre, apparue au lendemain de la
Première Guerre mondiale, n'a véritablement été
codifiée qu'en 1945 par l'Assemblée générale des
Nations unies, qui, sous l'appellation commune de crimes internationaux,
regroupe les crimes de guerre avec les crimes contre l'humanité
(violation des règles du droit international, consistant dans des
traitements inhumains ou dégradants visant à provoquer
l'extermination, tels que la déportation ou le
10 Gérard CORNU, Vocabulaire
juridique, Paris, PUF, 2005, p. 102
génocide, commise par les gouvernements ou les citoyens
d'un État) et les crimes contre la paix (violation des règles
établissant la paix par l'organisation, l'engagement et la direction des
opérations d'une guerre d'agression).
Ces notions constituent la base juridique des procès
intentés aux criminels de guerre à l'issue de la Seconde Guerre
mondiale. L'accord de Londres, signé le 8 août 1945 par le
Royaume-Uni, les États-Unis, la France et l'Union soviétique,
crée un tribunal militaire international, qui siège à
Nuremberg (Allemagne).
b. crimes contre l'humanité
Un crime contre l'humanité est une catégorie
d'infractions criminelles englobant l'assassinat, l'extermination, la
réduction en esclavage, la déportation et tout autre acte
inhumain commis contre toute population civile avant ou pendant la guerre,
ainsi que les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou
religieux que ces actes ou persécutions aient constitué ou non
une violation du droit interne du pays où ils ont été
perpétrés.11
Cette définition a été donnée par
l'article 6, alinéa c, du statut du tribunal de Nuremberg, le tribunal
militaire international chargé de juger les criminels de la Seconde
Guerre mondiale, en Europe (voir Crimes de guerre). En Asie, l'accord de
Londres du 8 août 1945 institua un tribunal à Tokyo, qui
était chargé de juger les criminels d'Extrême-Orient.
La définition a perduré malgré la
disparition des deux juridictions et a été reprise, avec quelques
modifications, dans plusieurs conventions internationales (conventions des
Nations unies du 9 décembre 1948 et du 26 décembre 1968) 12.
On distingue les crimes contre l'humanité des crimes de
guerre et des crimes contre la paix, également définis lors de
l'accord de Londres de 1945. Les crimes contre la paix sont constitués
par la direction, le déclenchement ou la
11 Pierre AKELE A., Angélique SITA, M.A.,
Les crimes contre l'humanité en droit congolais,
Kinshasa, CEPAS, 1999, p. 99.
12 Pietro VERRI, Dictionnaire du droit, GENEVE,
CICR, 1998. p. 20
poursuite d'une guerre d'agression, en violation des
traités ou des accords internationaux. Les crimes de guerre
correspondent à la violation des lois et des coutumes de la guerre.
Ainsi, sont prohibés l'assassinat, les mauvais traitements et les
déportations pour des travaux forcés ou pour tout autre but des
populations civiles dans les territoires occupés, l'assassinat ou les
mauvais traitements des prisonniers de guerre, le pillage des biens publics et
privés. La prohibition des crimes contre la paix avait
déjà été énoncée dans le pacte de la
Société des Nations et dans le pacte Briand-Kellog du 27
août 1928. L'interdiction des crimes de guerre était quant
à elle contenue dans les conventions de La Haye de 1899 et de 1907.
Cependant, aucune sanction pénale n'était prévue en cas de
violation de ces interdictions internationales.
La répression des crimes contre l'humanité est
organisée de façon très différente selon qu'une
juridiction internationale ou une juridiction nationale en est chargée.
Les tribunaux de Nuremberg et de Tokyo ont été
créés spécialement pour juger et punir les criminels de la
Seconde Guerre mondiale et ont disparu en même temps que leur mission
s'achevait. Cependant, de nouveaux organismes ont été
institués depuis : la création du Tribunal pénal
international (TPI) de La Haye, décidée dans le cadre de l'ONU
(résolution 827 du Conseil de sécurité du 25 mai 1993),
répond à la même exigence de juger les criminels de guerre,
mais cette fois dans l'ex-Yougoslavie. Le statut de chacun de ces tribunaux ad
hoc (créés pour la circonstance seulement) prévoit les
crimes et les sanctions que le tribunal aura à juger et détermine
la procédure qui sera suivie devant la Cour. Les États doivent
alors accepter, non seulement la juridiction de la Cour, c'est-à-dire la
compétence et l'autorité de ses décisions, mais
également de coopérer avec le tribunal international afin de
livrer les accusés. Ceci pose de nombreux problèmes de
souveraineté nationale et de police internationale et suppose que chaque
État adopte une loi organisant le dessaisissement de son propre
système judiciaire pénal au profit de l'instance
internationale.
Il n'existe pas de juridiction pénale internationale
permanente qui aurait compétence pour juger les auteurs des crimes
contre l'humanité et autre crimes odieux pour la conscience humaine,
malgré les nombreux projets élaborés soit au niveau
international soit au niveau européen. En conséquence, il revient
aux
droits nationaux de prévoir les modalités de
répression de ces crimes. En France, le nouveau Code pénal
français organise désormais la répression de ces crimes,
complétant ainsi la jurisprudence de la Cour de cassation,
élaborée lors des affaires Barbie et Touvier. Le droit
français applique, en effet, la règle du principe de
l'imprescriptible des crimes contre l'humanité, ce qui signifie que le
présumé coupable peut être traduit en justice sans qu'aucun
délai ne puisse annuler le droit à l'action en justice,
même très longtemps après les faits incriminés.
L'imprescriptible est exceptionnelle en droit français et ne concerne,
d'ailleurs, que les crimes contre l'humanité. Toutes les infractions,
même criminelles, du droit pénal sont prescriptibles. C'est
pourquoi la distinction avec les crimes de guerre est essentielle, car les
crimes de guerre sont soumis à la prescription normale du droit
pénal. La gravité hors du commun du crime contre
l'humanité permet aussi la mise en oeuvre de procédés
dérogatoires par rapport au droit pénal général
français. Ainsi, la Cour de cassation a admis que l'arrestation de Klaus
Barbie était régulière, malgré les conditions
très particulières de son expulsion de Bolivie vers la France
(arrêt du 6 octobre 1983). De plus, l'accusé de crime contre
l'humanité ne peut se défendre d'avoir agi en conformité
avec la loi en vigueur dans le pays où les faits ont été
commis et au moment où ils ont été commis, car cela ne
permet pas l'exonération de la responsabilité pénale des
infractions commises par l'accusé, qu'il ait été un simple
exécutant ou un dirigeant. Ces dérogations se justifient par la
reconnaissance mondiale d'une sorte de justice pénale naturelle, commune
à l'humanité toute entière, ce qui autorise une
répression plus sévère.
c. crimes de génocide
Le génocide est défini, prévu et punit
par l'article 530 du code de justice militaire. Il est définit comme la
destruction d'un groupe ethnique, racial, religieux ou politique. Le
législateur congolais a ainsi intégré dans l'ordre
normatif national la convention du 9 décembre 1948 par la
prévention et la répression du génocide à laquelle
a adhéré le Congo-Belge le 13 mai 1952. Aux termes de cette
Convention, le génocide est un crime du droit des gens,
c'est-à-dire du Droit International Public. Il est s'en suit que
l'examen de ses éléments constitutifs matériel
et moral, doit se faire en référant le droit
interne au droit international public pour une meilleure interprétation
de cette infraction. 13
La monstruosité de cette incrimination a fait
véritablement un « crime insupportable », le « plus grand
crime que l'humanité ait jamais connu ».
Chapitre II : DES GROUPES ARMES ETRANGERS EN RDC
Un groupe armé (GA) est un acteur non étatique
qui poursuit généralement (ou prêtent poursuivre) des
objectifs politiques contre un gouvernement au pouvoir en recourant à la
violence. La plupart des GA combattent les pouvoirs en place, mais il arrive
aussi qu'ils se battent entre eux. Certains groupes armés sont
affiliés à des mouvements politiques tandis que d'autres
opèrent indépendamment des partis politiques.
Ceux-ci sont en distinguer d'avec les combattants qui sont des
individus portant les armes pour le compte d'un GA. Les combattants peuvent
soit adhérer aux idéaux des partis politiques ou servir au sein
des GA en tant que mercenaires.
Quant aux combattants étrangers, ce sont ceux
basés dans un pays d'origine (ou le pays dont ils portent la
nationalité). Les combattants en sol étranger poursuivent des
objectifs politiques et/ou des intérêts personnels dans le pays
d'origines et/ou dans le pays hôte. Ils peuvent cependant servir au sein
d'un GA originaire de leur propre pays mais dont les activités
militaires débordent les frontières voisines. Il peut agir aussi
des éléments ayant rallié un GA d'un pays
étranger.
Dans notre travail les Groupes Armés concernés sont
ceux présents sur le sol de la RDC.
Section 1 : Historique et objectifs des groupes
armés
§1. Les groupes cibles.
Les GA étrangers présents sur le sol Congolais
ont été répertoriés avec leur historique et leurs
objectifs. Dans le cadre de ce travail, les groupes ciblés sont
constitués des quatre GA étrangers opérant dans les
provinces du Sud et Nord-Kivu en RDC. Les GA étrangers sont
définis comme des groupes enracinés politiquement et
militairement dans des pays autres que la RDC et ayant une présence
d'éléments armés en RDC. La seconde définition peut
signifier également que le groupe en question occupe et contrôle
physiquement le territoire et/ou est en mesure de déployer
systématiquement des combattants armés dans des zones
ostensiblement occupées par les Forces Armées de la
République Démocratique du Congo (FARDC). Cette dernière
définition s'applique aux Forces Nationales pour la Libération
(FNL) qui déploient régulièrement des
éléments dans une partie des plaines de Ruzizi
théoriquement contrôlées par les FRDC. Dans la partie Est
des plaines de Ruzizi, les FNL se fondent dans les communautés locales
et opèrent surtout dans la clandestinité. Elles ont pu maintenir
une capacité militaire en RDC bien qu'étant incapables ou peu
désireux de contrôler ce territoire. Dans le contexte du
présent travail, les Groupes Armés ont été
évalués selon un ordre de priorité :
· Forces Démocratiques pour la Libération
du Rwanda (FDLR)/Forces combattantes Abacunguzi [(FOCA), le FOCA est la branche
armée des FDLR] ; Pays d'origine : Rwanda ;
· Allied Democratic Forces (ADF) National Liberation Army
of Uganda (NALU) ; pays d'origine : Ouganda ;
· Force Nationale pour la Libération (FNL) ; pays
d'origine : Burundi.
Etant données que l'ADF et la NALU opèrent
généralement ensemble, on s'y réfère dans notre
travail comme forces combinées ADF/NALU.
· Les FDLR sont de loin le GA le plus important et le plus
puissant à l'Est de la RDC ;
· Les FDLR contrôlent une portion plus grande du
territoire congolais que les autres GA ;
· La population civile congolaise affectée par la
présence des FDLR est plus importante que celle qui subit la
présence des autres mouvements et les FDLR ont un plus grand impact sur
les civiles dans la zones où elles opèrent ; et
· L'impact des FDLR sur la paix et la stabilité de
la région est fortement ressenti.
Compte tenu de la complexité de la situation à
l'Est de la RDC, il est possible qu'il en existe d'autres GA étrangers
qui ne sont pas connu ou qui les sont mais qui n'ont pas d'impact
considérable comme les GA précitées. C'est le cas par
exemple de l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA) qui
opère en RDC mais hors des provinces du Kivu.
§2. Historique et Objectifs.
A. Force Nationale pour la Libération (FNL) du
Burundi
Les FNL constituent le plus vieux mouvement rebelle en
existence au Burundi et par conséquent dans toute la région des
Grands Lacs. Ce mouvement fut crée en 1980 par des exilés Hutus
Rwandais vivant au Rwanda et en Tanzanie, inspirés par la situation au
Rwanda où l'administration était entièrement sous le
contrôle de l'ethnie majoritaire Hutu depuis 1959. Les objectifs
politiques des FNL n'ont pas changés tout au long de l'existence de ce
mouvement, à l'effet que le Burundi devrait être dirigé par
le groupe ethnique majoritaire Hutu et que les populations rurales devrait
bénéficier d'une part importante des ressources nationales. Selon
les FNL, la vaste majorité des Hutu du Burundi et des populations
rurales issues de la même ethnie, vivent dans la pauvreté absolue,
exploitées par la minorité Tutsi riche vivant en milieu
urbain.
La capacité militaire des FNL est demeurée
limité tout au long de leur existence. Peu après le début
du dernier cycle de violence en 1993, les FNL sont devenues le deuxième
mouvement important de rébellion.14
Le CNDD-FDD (Conseil National pour la Défense de la
Démocratie - Force de la Défense de la Démocratie) qui est
né à l'issue de massacres massifs résultant de
l'assassinat du Président élu Melchior Ndadaye d'ethnie Hutu en
octobre 1993, a réussi à mobiliser suffisamment de ressources et
de soutient populaire. Présentement, les FNL ont probablement un peu
plus de 1.000 combattants et certainement pas plus de 3.000. Sur ses effectifs,
on estime qu'environ 300 combattants sont présents dans les plaines de
Ruzizi dans la province du Sud-Kivu en RDC (Il s'agit d'une estimation à
la fin de 2006 en raison des progrès lents enregistrés dans le
cadre des négociations de paix aux termes de l'accord global
signé en Septembre 2006 à Dar es Salaam. Ces chiffres ont
dû changer).
A cause essentiellement de l'adhésion rigide des FNL
à leur idéologie, y compris la connotation d'exclusion ethnique,
leur rhétorique ainsi que de l'appellation politique de leur parti
(PALIPEHUTU), les FNL n'ont jamais fait partie du processus politique à
ce jour au Burundi. Jusqu'à la fin de 2005, les négociations
initiées entre les FNL et le gouvernement burundais n'ont
été que sporadiques et pas concluantes en termes d'accord de
paix. Toute fois, en septembre 2006, les FNL et le gouvernement burundais ont
finalement conclu un accord de cessez-le-feu à Dar es Salaam en
Tanzanie. Cet accord global reste en vigueur bien que sa mise en oeuvre ait
été lente en raison d'un certain nombre de questions politiques
et sécuritaires pendantes.
B. Les Forces Démocratiques Alliées (ADF)
et l'Armée Nationale de Libération de l'Ouganda (NALU)
Les ADF et les NALU sont deux forces distinctes mais deux
mouvements ougandais de rébellion étroitement liés et qui
opèrent à partir de la zone située au nord de la province
du Kivu et de celle limitrophe avec le district d'Ituri
14 Hans ROMKEMA, Op.cit, p.7.
en RDC. Ce sont essentiellement les ADF qui continuent de
lancer des offensives militaires contre le gouvernement de l'Ouganda même
si leurs opérations sur le territoire ougandais restent petites et
sporadiques. Les ADF ont été créées en 1996
grâce au recrutement des quelques rescapés d'autres groupes
rebelles liés aux extrémistes islamiques en
Ouganda.15
La NALU fut créée vers la fin des années
80 et s'est donnée comme objectif le renversement du gouvernement
actuel. Elle est originaire d'une région où les membres de la
tribu Bakongo ont longtemps combattu pour leur autonomie et leur
hégémonie politique et ce, pendant des décennies. Elle est
constituée d'un amalgame de plusieurs anciens groupes rebelles
locaux.
Les origines des ADF se trouvent dans la partie Sud-ouest de
l'Ouganda et bon nombre de leurs sympathisants vivent soit en exile en RDC,
soit au Kenya. Les ADF opèrent essentiellement dans la même
région que la NALU à savoir : la région du Ruwenzori
à la frontière avec la RDC. L'objectif principal des ADF semble
viser le renversement du régime actuellement au pouvoir mais elles
adhérent également à une idéologie relativement
islamiste. Celle-ci les a aidées à bénéficier du
soutien du gouvernement du Soudan aussi bien que de certains individus et
réseau d'obédience musulmane dans le Moyen Orient et au Pakistan.
Le mouvement a souvent été accusé d'entretenir les liens
avec Al Qaeda, mais cela n'a pas été prouvé.
C. Les Forces Démocratiques pour la
Libération du Rwanda (FDLR)
Les FDLR sont d'une création relativement
récente en 2003 dans la ville congolaise de Lubumbashi. Les FDLR sont
virtuellement un prolongement de leur prédécesseur,
l'Armée de Libération du Rwanda (ALIR I et II), et à
l'instar de l'ALIR, elles sont fortement enracinées dans les
différentes structures créées au sein et par les
réfugiées et combattants rwandais ayant fuit le pays après
le génocide de 1994. Le leadership des FDLR reste encore dominé
par les anciens chefs militaires de l'armée rwandaise (Forces
Armées Rwandaises ; FAR ou ex-Far). Ainsi que par des hommes politiques
du régime qui ont dirigé le Rwanda avant et durant le
génocide. Cependant, les FDLR ont réussi également
à intégrer plusieurs éléments
15 Prunier, G., « L'Ouganda et les guerres
Congolaises », in : Politique Africaine, N°75, 1999, pp.
43-59.
notamment des jeunes récrités au sein de la
communauté des réfugiés en RDC et qui n'ont jamais
été impliqués personnellement dans le génocide.
Il existe différentes versions des objectifs politiques
et militaires des FDLR. Selon leur Site Web (
www.fdlr.org) le mouvement entent
renverser le gouvernement rwandais et prétend promouvoir une plus grande
démocratie au Rwanda. Toutefois son discours interne s'appuie sur des
considérations extrémistes et ethniques. En outre, plusieurs
responsables des FDLR utilisent de facto le mouvement pour se protéger.
Ceci concerne spécialement ceux directement impliqués en tant que
commanditaires ou auteurs du génocide de 1994 et qui ne veulent pas
rentrer au Rwanda pour faire face à la justice. Certains sont
recherchés par le Tribunal Pénal International pour le Rwanda
(TPIR) (
www.ictr.org) ou se retrouve sur la
liste noire du gouvernement américain et n'ont pas d'autre refuge que
les forêts denses de la RDC. Ces hommes, de même que certains
autres responsables, se servent du mouvement pour se remplir les poches.
Les FDLR comptent actuellement environ 7.000 hommes en armes
qui sévissent dans les provinces du Nord et Sud-Kivu de la RDC.
Même si elles constituent encore une force importante active dans ces
deux provinces, leur capacité militaire a été affaiblie
par les opérations mixtes « Umoja Wetu ». La majorité
des combattants préfèrent rendre les armes et rentrer au Rwanda
indépendamment de la situation politique dans le pays. Les
possibilités des FDLR de mobiliser un allié solide et fiable ou
encore le soutien des bailleurs reste très mince dans le court et le
moyen terme. Par ailleurs, les opérations « Umoja Wetu » et
« Kimya II », risquent de faire que les FDLR perdent de plus en plus
le terrain au profit des FARDC et pourraient avec le temps perdre le
contrôle de l'exploitation commerciale des minerais et pierres
précieuses dans la zone qu'elles occupent. Sous réserve qu`ils
peuvent se reconstituer dans l`avenir et présenter à nouveau un
danger étant donner que les opérations «Umoja Wetu» les
a éloigné des frontières rwandaises que de les traquer et
les rapatrier de force.
Section II : L'impact des groupes armés
étrangers sur les provinces du Kivu (Nord et Sud-Kivu).
Les GA étrangers et les populations de
réfugiés associées opèrent et vivent dans un
environnement politique et sécuritaire qui leur est relativement
favorable. Après vingt à trente ans de mauvaise gouvernance et
une décennie de guerre civile, l'administration civile du gouvernement
de la RDC n'est pas très présente dans les deux provinces du Kivu
et la capacité d'intervention des FARDC demeure faible en dépits
des récents efforts déployés pour renforcer la
présence militaire grâce au brassage de certains
éléments et à la mise en oeuvre du programme DDR.
Les FDLR occupent entièrement 20 % du territoire des
deux provinces. Une portion plus grande de ce territoire, notamment en milieu
rural où la présence des FARDC et de l'administration civile est
à peine ressentie, est sous influence des FDLR. La base des FNL en RDC
couvre les plaines de Ruzizi dans la province du Sud-Kivu. Depuis le moment
où la MONUC a déployé une unité près du camp
fixe des FNL au début de 2006, ces dernières ont dispersé
leurs combattants au sein de la population locale. Les forces mixtes ADF/NALU
occupent le territoire situé sur les hauteurs du Ruwenzori en RDC et les
régions au sud du district de l'Ituri.
De tous les groupés, les FNL ont moins d'impact sur la
population civile de la province du Sud-Kivu. Les combattants de ce mouvement
sont généralement impliqués dans les activités
d'extraction minières et les affaires. Les FNL utilisent le territoire
de la RDC beaucoup plus comme base arrière et logistique en cas de
trêve et pour des replis tactiques lorsque leurs opérations au
Burundi sont sous la pression des Forces de Défense Nationale (FDN).
Seuls quelques cadres des FNL sont basés en permanence en RDC comme
officiers de liaison et de ravitaillement. On compte en moyenne, près de
200 ou 300 combattants des FNL en RDC jusqu'à fin 2006. Ils se
déplacent habituellement sans leurs familles et ne se livrent pas
systématiquement à des sévices sur les populations civiles
pour le moment, ce qui doit être perçu comme un changement positif
de comportement par rapport aux agissements antérieurs.
Quoique la situation ait été différente
par le passé, l'objectif primordial des forces mixtes ADF/NALU semble
viser l'exploitation des gisements miniers dans des régions à la
frontière entre la RDC et l'Ouganda. Les ADF/NALU s'adonnent à
ces activités à partenariat avec les hommes d'affaire locaux, des
politiciens et des membres des milices régulières de la
région de Beni/Butembo. La population locale fournie la couverture
militaire et politique aux ADF/NALU, en même temps que
l'équipement, les armes et les munitions. Les forces ADF/NALU organisent
l'exploitation des minerais dans des zones éloignées, notamment
dans des parcs nationaux et les réserves forestières qu'elles
vendent aux partenaires locaux. Les combattants non impliqués dans
l'exploitation de ces minerais vivent au sein des populations locales qu'ils
intègrent aisément du fait de leurs liens ethniques communs. En
dehors des zones d'exploitation minière, les ADF/NALU ne
harcèlent pas les populations locales souvent. Il faut cependant
souligner que ils sont entrain de s'affaiblir aussi depuis les
opérations mixtes congolo-ougandaises.
L'impact des FDLR est beaucoup plus marqué. Ces forces
contrôlent une grande partie des provinces du Kivu et disposent dans
à peu près 50% du territoire, de solides appuis et constituent la
principale force militaire et politique. Les FDLR prélèvent
systématiquement des taxes, exploitent les minerais, contrôlent le
commerce et dominent politiquement les populations locales. Elles ont commis et
continuent à commettre des abus en matière de droit des
populations civiles. Elles sapent l'autorité du gouvernement dans les
zones qu'elles contrôlent. 16
La population civile est aussi devenue la cible des
théâtres des FDLR depuis la fin des opérations
congolo-rwandaises « Umoja Wetu ». Et cette population se demande si
l`Etat congolais existe encore. Nous avons au cours de nos recherches pris un
extrait de l'appel au secours de la Société Civile du Nord-Kivu
:
« Mais à quel mode de vie sont donc soumis les
enfants qui grandissent sous la tutelle des ex-FAR et Interahamwe tout au fond
des forêts de l'Est congolais? Enrôlés dès leur plus
tendre enfance dans une organisation militaire qui fut le fer de lance du
génocide au Rwanda, élevés dans la mentalité
extrémiste et
16 André GUICHAOUA, Les crises politiques
au Burundi et au Rwanda, KARTHALA, 1995, p. 2003.
revancharde qui est la raison d'être de l'organisation
qui les encadre, les jeunes « cadets » de l'armée FDLR n'ont
rien appris d'autre que le crime comme moyen et raison de vivre, au
détriment des autochtones congolais qu'ils ont trouvés sur les
terres que leurs aînés contrôlent. Rien de surprenant
à cela. A quel autre traitement pouvaient au fait s'attendre ces
autochtones, de la part de jeunes gens éduqués sous la
férule de précepteurs génocidaires? A rien d'autre que le
sort qui fut le leur au cours de ces 15 années de souffrance
évidemment : meurtres, extorsions, vols, viols, travaux forcés,
humiliations, chantages en tous genres, dont l'interdiction de confier leur
peine aux visiteurs sous peine de mort.
Une journaliste belge de renom, Mme Colette Braeckmann, a pu
parler sans être démentie d'esclavage au sujet des populations
congolaises voisines des FDLR. Ceux qui blanchissent
inconsidérément les jeunes « cadets » de la milice
Interahamwe (rebaptisée FDLR du côté congolais de la
frontière), veulent-ils nous faire admettre que d'avoir raté le
génocide au Rwanda, leur accorderait-il une sorte de blanc-seing pour se
rattraper à coups de crimes contre l'humanité sur des citoyens
congolais?
En vérité, que l'impunité soit à
ce point garantie par les autorités et la société civile
d'un pays dévasté, à des auteurs d'exactions sur des
populations auxquelles ces mêmes autorités ont un devoir de
protection, cela semble sans précédent dans les annales de
l'histoire, que celle-ci soit récente ou même lointaine.
Or, il se fait que les crimes commis par les FDLR contre les
populations de la RDC sont copieusement documentés. Il suffit même
d'actionner le moteur de recherche « google » sur Internet avec les
mots "exactions fdlr", pour consulter plus de 10 000 pages de détails
sur le sujet. N'importe qui peut faire le compte : aussi bien pour le nombre de
victimes congolaises tuées, que pour la durée (15 ans) des
souffrances imposées à ces victimes par les FDLR, les crimes
reprochés à Laurent Nkunda et Bosco Ntaganda réunis,
viennent bien loin derrière.
Qui pense à rendre justice aux victimes congolaises des
FDLR dont les corps décomposés jonchent les forêts de
Walungu et Walikale ? Si leur propre gouvernement rechigne à faire la
moindre allusion aux malheurs qui les hantent (comme pour faire oublier les
alliances honteuses qu'il aura trop longtemps
entretenues avec leurs tortionnaires), faut-il alors croire
que les crimes dans les territoires abandonnés à la
prédation des FDLR n'auront pas été commis contre
l'humanité ?
Parmi tous ces parangons de la vertu humanitaire comme Human
Rights Watch et tant d'autres, qui évoque le souvenir de ces pauvres
hères dont le sort semble totalement inaccessible à la
sollicitude des détenteurs autoproclamés de la morale en Occident
? L'humanité de ces victimes serait-elle discutable ?
Et dans la foule de ces « patriotes » à
Kinshasa, qui aimeraient tant s'offrir la danse du scalp autour du cadavre de
Nkunda, quelqu'un se souvient-il des compatriotes victimes des FDLR en terre
congolaise ? La réponse est négative. Faut-il dès lors en
déduire que pour tout ce beau monde, la gravité d'un crime se
mesure à l'identité ethnique de son auteur ? Bizarrement, la
réponse est cette fois positive ! D'ailleurs, comme on peut le voir en
parcourant la toile Internet, les adeptes des absurdités
idéologiques héritées du « hutu power » ont
essaimé sur des sites congolais, avec leurs histoires de « bantous
», de « non-bantous » ou d'empire himatutsi, le tout baignant
dans un discours fulminant de haine et de rejet. Une contamination qui, on
l'espère, pourra disparaître du Congo en même temps que ses
propagateurs FDLR, à la faveur de l'opération « Umoja Wetu
».( Umoja Wetu (notre unité) : nom de l'opération conjointe
des armées rwando-congolaises contre les FDLR.)
Dernier paradoxe enfin. Vital Kamerhe, président de
l'Assemblée nationale congolaise et membre éminent du parti
présidentiel, dribble et tire contre son camp en menant la danse chez
les opposants à cette opération qu'il qualifie d'affaire
«grave», sous prétexte que les décideurs qui comptent
chez lui ont omis de l'en avertir au préalable. Un comportement
politique qui justifie après coup le bienfondé de l'embargo dont
il se dit victime, puisque ce comportement dévoile le peu de confiance
qu'il mérite.
Rappelons que dans une interview au magazine Jeune Afrique
(Jeune Afrique n° 2500 du 7 décembre 2006), Kamerhe a reconnu sans
réserve le contrôle physique que les FDLR exercent sur les mines
du Kivu, province dont il est originaire. A l'entendre cependant, une crainte
le taraude. Et elle tiendrait dans la
perspective hypothétique de voir l'armée
régulière rwandaise «piller les ressources
minières» dont son pays «regorge», pour reprendre cette
expression popularisée par les journalistes de la presse internationale.
Une expression fleurant gourmandise et concupiscence, tout en suggérant
le clapotis de l'eau qui leur vient à la bouche. Ah! Ces richesses dont
le Congo «regorge» !
Mais pour finir, à laquelle des armées
rwandaises Monsieur Kamerhe fait-il allusion à propos de
«pillage» ? A celle qui contrôle physiquement les mines du Kivu
ou à celle qui vient mettre fin au dit contrôle? ».
34 IIème PARTIE : LA RESPONSABILITE DE L'ETAT
CONGOLAIS FACE A LA PROBLEMATIQUE DES FDLR.
La Responsabilité de l'Etat est une obligation de
l'Etat de réparer tout dommage causé par l'administration dans
l'exercice de ses prérogatives. Le terme « Etat » est ici pris
dans son sens le plus large et comprend aussi ses démembrements
(collectivités locales et établissements publics). La
responsabilité de l'État est couramment appelée
responsabilité administrative ou responsabilité de la puissance
publique.
La reconnaissance d'un régime de responsabilité
de l'État est relativement récente. Pendant une grande partie du
XIXe siècle, on a considéré que l'administration ne
pouvait pas être tenue pour responsable des dommages causés par
ses agents, ou survenus dans l'exercice de l'une quelconque de ses fonctions
(législative, administrative et juridictionnelle). Cette
considération était fondée sur l'idée que « le
propre de la souveraineté est de s'imposer à tous, sans qu'on
puisse réclamer d'elle aucune compensation » (Julien
Laferrière). Seules des lois spéciales pouvaient imposer à
l'État de réparer le dommage causé par ses agissements.
Certaines ont été adoptées dès le début du
XIXe siècle. Ce n'est qu'en 1873 qu'un principe général de
responsabilité de l'État a été consacré par
la jurisprudence. Depuis lors, le Conseil d'État s'est efforcé de
poser les règles applicables, en dehors de tout texte de portée
générale, à la responsabilité de l'État.
Celles-ci sont autonomes par rapport aux règles de la
responsabilité civile. Cette différence a été
affirmée par le tribunal des conflits dès 1873. Les termes de
l'arrêt sont dépourvus d'ambiguïté : « la
responsabilité qui peut incomber à l'État pour les
dommages causés aux particuliers par le fait des personnes qu'il emploie
dans le service public ne peut être régie par les principes qui
sont établis dans le Code civil, pour les rapports de particulier
à particulier [...] elle a ses règles spéciales qui
varient suivant les besoins du service et la nécessité de
concilier les droits de l'État avec les droits privés ». La
juridiction administrative est, en principe, seule compétente pour se
prononcer sur la responsabilité de la puissance publique.
Afin d'examiner les principes qui gouvernent ce régime
particulier de responsabilité, il faut, en premier lieu, s'attacher
à décrire le régime général de la
responsabilité administrative avant d'exposer les régimes
particuliers de responsabilités résultant de textes
législatifs.
Aujourd'hui, l'Etat peut être tenu directement
responsable des dommages causés par ses agents dans l'exercice de leurs
fonctions. Cela constitue une garantie pour les victimes qui, ainsi, peuvent
demander réparation directement auprès de l'État, par
nature solvable. Une situation de faveur a ainsi été
créée à l'égard des agents de l'Etat, qui sont
presque toujours couverts par la responsabilité de l'autorité
publique qui les emplois.
La responsabilité, pour pouvoir être
engagée, doit obéir à plusieurs conditions. Il faut que le
dommage soit causé par un fait imputable à l'administration. Ce
fait, appelé fait générateur de la responsabilité,
est susceptible de plusieurs degrés. Parfois, il suffit d'un fait
quelconque (responsabilité sans faute) : c'est le cas lorsque
l'activité de l'Etat fait courir des risques exceptionnels né
d'une activité dangereuse. Il a, par exemple, été
jugé que la seule explosion d'un stock de munitions ouvrait droit
à réparation, au profit du voisinage qui avait eu à
déplorer un préjudice, sans qu'il y ait nécessairement
faute de l'Etat.
Dans d'autres hypothèses, un comportement fautif doit
être établi afin de mettre en oeuvre la responsabilité de
l'État. La faute peut à son tour comporter plusieurs
degrés : tantôt elle est présumée, tantôt il
faut en prouver l'existence et la qualifier (faute simple ou lourde).
Divers éléments sont pris en compte afin de
qualifier la faute. Les circonstances de temps et de lieu jouent un rôle
important, notamment dans les cas d'accomplissement de missions difficiles
(comme, par exemple, une opération de police sur le terrain). Des
considérations tenant à la volonté de protéger les
administrés expliquent par ailleurs cette hiérarchie de fautes :
c'est le cas, par exemple, en matière de responsabilité
médicale où l'exigence d'une faute lourde a été
abandonnée pour n'exiger qu'une faute simple et pour se satisfaire
parfois d'un fait quelconque, et donc retenir des cas de responsabilité
sans faute.
Au côté de la gravité de la faute, la
nature de celle-ci est essentielle afin d'apprécier si la
responsabilité de l'État peut être mise en jeu. Pour que
l'État soit responsable du fait de l'un de ses agents, il est
nécessaire que la faute ait un lien avec l'exercice de l'activité
administrative. C'est la distinction classique existant entre la faute de
service et la faute personnelle. En cas de faute de service, l'État est
seul responsable ; la responsabilité de l'agent ne saurait être
recherchée. En cas de faute personnelle, la responsabilité de
l'agent peut être engagée, mais elle n'est pas exclusive de la
responsabilité de l'État, si bien que la victime peut choisir la
personne contre laquelle elle va engager des poursuites, hormis le cas
où la faute personnelle est dépourvue de tout lien avec le
service.
Toute la difficulté réside dans
l'appréciation des éléments qui permettent de distinguer
la faute personnelle de celle qui est imputable au service. La faute de service
est la faute qui ne peut pas être détachée de la fonction
accomplie par l'agent. C'est le manquement à une obligation du service,
comme le refus illégal d'un permis de construire, ou la
délivrance de renseignements erronés.
Au contraire, la faute personnelle est celle qui aurait pu
être commise même en dehors des fonctions : on dit, en ce cas,
qu'elle est « détachable ». C'est, par exemple, le cas d'un
chauffeur qui utilise le véhicule qui lui est confié par
l'administration pour rendre visite à des amis et qui provoque un
accident. Dans les cas où l'État est condamné à
indemniser le dommage causé par la faute personnelle de l'un de ses
agents, une action récursoire en remboursement contre ce dernier est
ouverte. En pratique, l'État n'y a que rarement recours.
Chapitre I : DES REFUGIES HUTU RWANDAIS JUSQU'AU
PHENOMENE FDLR.
Section I : De l'entrée des
réfugiés Hutu rwandais sur le territoire congolais
Les FDLR sont des nationaux rwandais. Le
Rwanda, en kinyarwanda « Rwanda », pays d'Afrique
centrale est situé au coeur de la région des Grands Lacs
africains. Sa capitale est Kigali.
Le Rwanda est bordé au nord par l'Ouganda, à
l'est par la Tanzanie, au sud par le Burundi et à l'ouest par la
République démocratique du Congo et le lac Kivu. Sa
densité de population est l'une des plus fortes du continent africain.
C'est l'une des causes du drame humain qu'a vécu le « pays aux
mille collines » depuis 1994, marqué par les massacres de plusieurs
centaines de milliers de Tutsi et de Hutu.
En 2006, la population du Rwanda était estimée
à 8,65 millions d'habitants contre près de 8 millions lors du
recensement de 1991. Entre 1993 et 1994, la guerre civile a fait environ huit
cent mille morts et jeté hors des frontières deux millions de
réfugiés (principalement au Congo et en Tanzanie). On
décompte également trois millions de personnes
déplacées à l'intérieur du pays.
La Constitution de 1978 prévoit un régime de
parti unique sous l'égide du Mouvement révolutionnaire national
pour le développement (MRND), à vocation multiethnique mais en
réalité dominé par les Hutu. Le pouvoir législatif
est exercé par une assemblée élue, le Conseil national du
développement (CND), et le pouvoir exécutif est confié
à un président assisté d'un Conseil des ministres. Le
président de la République rwandaise, le général
Juvénal Habyarimana, porté au pouvoir par un coup d'État
en 1973, est réélu en 1978, 1983 et 1988.
Tandis que le régime doit faire face à partir de
1990 à une rébellion menée par les troupes du Front
patriotique rwandais (FPR), dirigé par d'anciens exilés tutsi
depuis l'Ouganda et soutenu par l'opposition hutu modérée au
Rwanda, une nouvelle Constitution est mise en place en 1991. Elle instaure
une
démocratie pluraliste. Un poste de Premier ministre est
créé et le CND est remplacé par une Assemblée
nationale de transition.17
§1. Le génocide rwandais de 1994
Un accord sur le partage du pouvoir entre le MRND, le FPR et
les partis d'opposition est signé en août 1993 à Arusha
(Tanzanie). Mais le Premier ministre, Faustin Twagiramungu, un Hutu
modéré, président du principal parti d'opposition, le
Mouvement démocratique républicain (MDR), ne parvient pas
à former le gouvernement de coalition prévu par ces accords.
Le 6 avril 1994, l'avion transportant les deux
présidents (hutu) du Rwanda et du Burundi est abattu alors qu'il
s'apprête à atterrir à l'aéroport de Kigali. La mort
du président Habyarimana provoque une vague de violences effroyable :
des milices extrémistes hutu (l'Interahamwe), créées par
le régime, ainsi qu'une partie des troupes régulières (les
Forces armées rwandaises, FAR), sèment la terreur et la mort dans
le pays. Le massacre, qui n'épargne pas les Hutu modérés,
provoque la mort de 500 000 à un million de Tutsi. Ce génocide se
déroule sans qu'interviennent ou cherchent à s'interposer les
Nations unies ou les puissances occidentales présentes dans le pays
(Mission des Nations unies d'assistance au Rwanda [Minuar], France,
Belgique).
Le 23 juin, le gouvernement français lance l'«
Opération
Turquoise », une intervention militaro-humanitaire
mandatée par l'ONU. Une zone de sécurité est
instaurée dans le sud-ouest du pays. Alors que les tentatives de
médiation pour un cessez-le-feu échouent, les combats tournent
à l'avantage du FPR, soutenu par l'Ouganda. Après la prise de
Kigali par le FPR, le 4 juillet, l'armée rwandaise se replie dans la
zone de sécurité ; par crainte des représailles,
près de deux millions de Hutu fuient aussi le Rwanda et se
réfugient en Tanzanie et au Zaïre, où d'immenses camps de
réfugiés sont installés aux abords de la ville de Goma.
Une épidémie de choléra provoque au cours des
premières semaines jusqu'à 1 200 morts par jour.
17 Jean B. MURAIRI, Cent ans de guerre à
l'Est du Congo-Kishasa, PUF, Paris, 1998. p.78.
En 1999, l'ONU admettra sa responsabilité dans le
déclenchement du génocide, due à une « prudence
incompréhensible » découlant de l'absence de moyens mis
à sa disposition, en particulier américains, et d'une «
volonté politique ».
Un gouvernement s'inspirant des accords d'Arusha est mis en
place le 19 juillet à Kigali par le FPR ; du fait de sa
responsabilité dans le génocide, le MRND en est exclu. Le
régime présidentiel, dirigé par Pasteur Bizimungu, un Hutu
rallié au FPR en 1990, est caractérisé par une forte
composante militaire tutsi. Pour avoir critiqué la dérive du
régime, le ministre de l'Intérieur Seth Sendashonga est
démis de ses fonctions (il sera assassiné à Nairobi en
1998), en même temps que le Premier ministre hutu, Faustin Twagiramungu
(MDR), démissionne pour protester contre la volonté du FPR
d'exercer le pouvoir sans partage ; il est remplacé par
Pierre-Célestin Rwigyema. La Ligue rwandaise des droits de l'homme et
les organisations internationales dénoncent les arrestations arbitraires
et le climat de suspicion régnant dans le pays.
En novembre 1994, le Conseil de sécurité de
l'ONU crée à Arusha (Tanzanie) un Tribunal pénal
international pour le Rwanda (TPIR) afin de permettre le jugement des auteurs
du génocide (essentiellement ses organisateurs et planificateurs).
Après des débuts difficiles, le TPIR entend son premier
témoin le 10 janvier 1997. En août 1998, il prononce sa
première condamnation contre l'ancien Premier ministre Jean Kambanda.
Affaibli par des problèmes de lenteur et de moyens, le TPIR pâtit
en outre du manque de coopération avec les autorités rwandaises,
opposées en particulier aux poursuites menées contre des membres
du nouveau régime pour des actes commis après la prise du pouvoir
du FPR.
La justice est également rendue par les tribunaux
rwandais ordinaires, compétents pour juger les quelques 100 000
présumés génocidaires. Face à la
nécessité d'accélérer les procédures --
selon les chiffres de la Cour suprême rwandaise, seulement 5 000
jugements ont été prononcés entre 1994 et 2002, dont 660
condamnations à mort et 1795 peines de prisons à
perpétuité --, la justice ordinaire est complétée,
à partir de 2002, par des juridictions « gacaca »
(assemblées villageoises traditionnelles) ; cette justice
coutumière, qui repose sur le principe de l'aveu public de
culpabilité en échange d'une réduction de peine, doit
permettre de favoriser la réconciliation nationale.
En 2003, alors que les travaux du TPIR doivent s'achever en
2010, un certain nombre de mesures sont prises afin d'accélérer
les procédures, telles que la création d'un poste de procureur
spécifique pour le TPIR (à l'origine, le TPIR avait
été doté du même procureur que le Tribunal
pénal international pour l'exYougoslavie) et le transfert de certaines
affaires devant les juridictions rwandaises -- Kigali devient notamment
compétent pour les procès des membres de l'Armée
patriotique rwandaise (APR), issue de l'ex-rébellion tutsi.
§2. L'intervention rwandaise en RDC (1998)
En 1998, le Rwanda déploie des troupes dans l'Est de la
République Démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre) afin
d'assurer sa « sécurité » face aux extrémistes
hutu qui s'y réfugient. Aux côtés du Rwanda, l'Ouganda et
le Burundi soutiennent la rébellion du RCD/Goma (Rassemblement congolais
pour la démocratie) contre le régime de
Laurent-Désiré Kabila. Toutefois, l'Ouganda prend rapidement ses
distances vis-à-vis de son allié rwandais et des affrontements
sanglants opposent sporadiquement à Kisangani les corps
expéditionnaires des deux pays, entraînant même des tensions
sur leurs frontières communes (1999- 2000). Les autorités
ougandaises négocient directement avec le président congolais
Kabila un retrait qui se fait attendre, laissant le Rwanda, et en partie le
Burundi, supporter seuls l'impopularité de l'occupation de cette
région.
La mort de Laurent-Désiré Kabila en 2000, auquel
succède son fils, Joseph Kabila, ainsi que l'arrivée au pouvoir
de l'administration Bush aux ÉtatsUnis, plus critique que
l'équipe Clinton à l'égard de Kigali, entraînent une
évolution de la situation dans la région. Après la
signature d'un accord de paix avec l'Ouganda en novembre 2001, le Rwanda signe
un accord historique avec la RDC en juillet 2002 : les forces congolaises
s'engagent à procéder au regroupement et au désarmement
des miliciens extrémistes hutu, tandis que le Rwanda s'engage à
retirer ses troupes. Au mois d'octobre suivant, le Rwanda affirme avoir
rapatrié la totalité de son contingent.
§3. Statut des réfugiés
La Convention relative au statut des réfugiés a
été Adoptée le 28 juillet 1951 par une conférence
de plénipotentiaires sur le statut des réfugiés et des
apatrides convoquée par l'Organisation des Nations Unies en application
de la résolution 429 (V) de l'Assemblée générale en
date du 14 décembre 1950. Elle est Entrée en vigueur : le 22
avril 1954, conformément aux dispositions de l'article 43.
A. Aux fins de cette Convention, le terme
"réfugié" s'applique à toute personne :
Qui, par suite d'événements survenus avant le
premier janvier 1951 et craignant avec raison d'être
persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa
nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de
ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la
nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se
réclamer de la protection de ce pays; ou qui, si elle n'a pas de
nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa
résidence habituelle à la suite de tels événements,
ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retourner.
Dans le cas d'une personne qui a plus d'une
nationalité, l'expression "du pays dont elle a la nationalité"
vise chacun des pays dont cette personne a la nationalité. Ne sera pas
considérée comme privée de la protection du pays dont elle
a la nationalité toute personne qui, sans raison valable fondée
sur une crainte justifiée, ne s'est pas réclamée de la
protection de l'un des pays dont elle a la nationalité.
B. 1) Aux fins de la présente Convention, les
mots "événements survenus avant le premier janvier 1951" figurant
à l'article 1, section A, pourront être compris dans le sens de
soit a) "événements survenus avant le premier janvier
1951 en Europe", soit b) "événements survenus avant le
premier janvier 1951 en Europe ou ailleurs"; et chaque Etat contractant fera,
au moment de la signature, de la ratification ou de l'adhésion, une
déclaration précisant la portée qu'il entend donner
à cette expression au point de vue des obligations assumées par
lui en vertu de la présente Convention.
C. Cette Convention cessera, dans les cas ci-après,
d'être applicable à toute personne visée par les
dispositions de la section A ci-dessus :
Si elle est retournée volontairement s'établir
dans le pays qu'elle a quitté ou hors duquel elle est demeurée
de crainte d'être persécutée; ou
Si, les circonstances à la suite desquelles elle a
été reconnue comme réfugiée ayant cessé
d'exister, elle ne peut plus continuer à refuser de se réclamer
de la protection du pays dont elle a la nationalité ;
F. Les dispositions de cette Convention ne seront pas
applicables aux personnes dont on aura des raisons sérieuses de penser
:
a) Qu'elles ont commis un crime contre la paix, un crime de
guerre ou un rime contre l'humanité, au sens des instruments
internationaux élaborés pour prévoir des dispositions
relatives à ces crimes ;
b) Qu'elles ont commis un crime grave de droit commun en dehors
du pays d'accueil avant d'y être admises comme réfugiés
;
c) Qu'elles se sont rendues coupables d'agissements contraires
aux buts et aux principes des Nations Unies.
Article 2. -- Obligations
générales
Tout réfugié a, à l'égard du pays
où il se trouve, des devoirs qui comportent notamment l'obligation de se
conformer aux lois et règlements ainsi qu'aux mesures prises pour le
maintien de l'ordre public.18
Conformément aux dispositions de ces statuts, en
autorisant aux FDLR d'entrer librement dans La République
démocratique du Congo avec leurs
18 Convention relative au statut des
réfugiés, Adoptée le 28 juillet 1951 par une
conférence de plénipotentiaires sur le statut des
réfugiés et des apatrides convoquée par l'Organisation des
Nations Unies en application de la résolution 429 (V) de
l'Assemblée générale en date du 14 décembre 1950,
Articles 1 et 2.
armes, a été pour les autorités de ce
pays une faiblesse et un manquement grave au devoir lié à la
protection de leurs citoyens. Ce fait de pénétrer comme
réfugiés armés dans un pays voisin prédisposaient
déjà ces fils du Rwanda à commettre des crimes. Cela n'a
pas tardé, et conformément aux articles 1er et
2ème du statut ci haut cité, ils ont perdus de plein
droit la qualité des réfugiés.
Par conséquent, la RDC devrait les considérer
comme ennemis du pays et en tirés toutes les conséquences
possibles relatives à la protection des sa population, de son
territoires, de sa flore et faune ainsi que de ses frontières. Chose que
jusqu'aujourd'hui nous considérons à notre humble avis qu'elle
n'a jamais été faite.
Tel que nous venons de le constater, ceux qui étaient
auparavant des réfugiés sont devenus au contraire, des criminels
avérés contre les nationaux.
44 Section II : Les réfugiés devenus
FDLR
Au lendemain du génocide rwandais de 1994, plus de deux
millions de Hutu rwandais se réfugièrent dans les pays voisins,
la majorité d'entre eux en RDC (Zaïre). La plupart des
réfugiés étaient des civils ordinaires, menés par
leurs anciens dirigeants, des fonctionnaires, une grande partie des Forces
Armées Rwandaises (ex-Far) et un grand nombre des miliciens
Interahamwe.
Immédiatement après la fermeture de la zone
Turquoise en juin 2004, une initiative française avalisée par les
Nations Unies, les fugitifs du régime de Habyarimana et du groupement
politique qui a orchestré le génocide créèrent un
gouvernement rwandais en exil dans les camps de réfugiés de l'Est
de la RDC (Les dirigeants de ce gouvernement reconstitué étaient
les mêmes que ceux qui avaient dirigé le Rwanda pendant le
génocide (après que l'avion du président Habyarimana ait
été abattu) : l'ancien président Théodore
Sindikubwabo et l'ex-premier ministre Jean Kamanda. Le chef d'état-major
des FAR, le Général Augustin Bizimungu a également
gardé ses fonctions au sein des ex-FAR/Interahamwe reconstituées
et tous les autres dirigeants militaires de la nouvelle armée
reconstituée étaient aussi des officiers des anciens FAR). La
majorité des réfugiés fortunés, dont beaucoup
étaient personnellement accusés de génocide,
continuèrent leur fuite vers des destinations telles que la France, la
Belgique. Le Canada ou des pays africains francophones qui leur offraient la
sécurité et un exil confortable.
Ce départ signalé de plusieurs
génocidaires bien connus conduisit à un changement dans
l'organisation politique des réfugiés en RDC. En mars 1995, un
groupe de responsables militaires (et quelques dirigeants politiques dont un
certain Nzavahimana était apparemment le plus important) créa le
Rassemblement pour le Retour des Réfugiés Rwandais [RDR, Ce
rassemblement était aussi connu sous le sigle de RDR (Retour
Démocratique au Rwanda)]. L'objectif du RDR, outre le retour et la
restauration d'un gouvernement à majorité Hutu au Rwanda,
était de marquer une certaine distance entre les réfugiés
restés dans les camps de réfugiés de la RDC et les
organisateurs du génocide qui s'étaient enfui vers des pays
tiers. D'après plusieurs anciens officiers des FDLR, le RDR était
idéologiquement moins extrémiste que le gouvernement en exil.
Entre 1995 et 1996, le RDR lança des opérations
militaires au Rwanda et essayèrent d'augmenter ses capacités
militaires par des recrutements et des exercices d'entraînement dans les
camps des réfugiés en RDC. Le RDR se procurait des armes et
munitions auprès des soldats des Forces Armées Zaïroises
(FAZ) d'alors, l`armée du Zaïre du temps du président Mobutu
(Les ex-FAR avaient également traversé la frontière avec
la quasi-totalité de leur arsenal militaire pendant leur fuite du Rwanda
en 1994). Les opérations d'insurrection lancées contre le Rwanda
de 1994 à 1996 étaient concentrées dans les provinces de
Cyangugu, Kibuye, Ruhengeri et Gisenyi à l'Ouest du Rwanda. Au
début, le RDR évita toute confrontation directe avec l'APR et
privilégia des attaques qui perturbaient la vie quotidienne dans les
quatre provinces frontalières de l'Ouest. A titre d'exemple ils posaient
des mines sur des pistes rurales ou attaquaient des voyageurs sur la route
Kigali-Gisenyi. En outre, ils recrutaient au Rwanda, en partie de force, en
particulier dans les provinces de Ruhengeri et Gisenyi. L'on enregistrait aussi
des cas de tueries ciblées, les victimes étant principalement des
civils Tutsi.
La majorité des miliciens lnterahamwe et un grand
nombre de jeunes hommes venant des camps de réfugiés et du Rwanda
étaient recrutés et entraînés dans les camps de
réfugiés protégés par les FAZ et
gérés par le HCR et d'autres organismes humanitaires. La
direction de cette nouvelle armée était principalement
composée des officiers des ex-FAR, de la Gendarmerie et de la Garde
présidentielle. Certaines informations indiquent que durant cette
période les miliciens rwandais comptaient jusqu'à 70.000 hommes.
Malgré leurs origines diverses, les miliciens étaient
généralement appelés Interahamwe ou ex -FAR
lnterahamwe.19
Après que l'Armé Patriotique Rwandaise (APR),
avec l'appui de l'AFDL et d'autres alliés, ait attaqué et
démantelé les camps de réfugiés à la mi1996,
une partie de la milice contraignit des centaines de milliers de
réfugiés à les suivre encore plus à
l'intérieur du Zaïre. Certains de ces groupes composés de
miliciens et de réfugiés se cachèrent dans les
forêts des provinces du Kivu, tandis que d'autres continuèrent
à pied jusque dans la partie occidentale du Zaïre, parfois jusqu'en
Angola et en République du Congo. Pendant cette période, le
19 M. KALULAMBI, Transition et Conflits politiques
au Congo-Kinshasa, éd. KARTHALA, Paris, 2001, p. 310.
commandement central de la milice s'effondra et chaque
unité essaya de s'organiser individuellement. D'après certaines
estimations, un million de réfugiés rwandais sont rentrés
au Rwanda tandis qu'environ 200 000 ont fui vers l'intérieur du
Zaïre et jusqu'à 30 000 combattants miliciens et ex-FAR ont
été rapatriés au Rwanda.
Il apparaît que les plus modérés parmi les
anciens militaires et réfugiés qui n'avaient pas
été rapatriés sont restés à l'Est du
Zaïre tandis que les plus extrémistes se sont retirés vers
l'Ouest du Zaïre et au-delà. Un ancien combattant a expliqué
que la différence entre ceux qui ont fui à l'autre bout du
Zaïre et ceux qui sont restés dans les provinces du Kivu en 1996
était que les « fuyards » échappaient non seulement
à l`APR mais aussi à la justice, tandis que ceux qui restaient au
Kivu s'attelaient à réaliser leur objectif politique de renverser
le gouvernement du Rwanda. La plupart de ceux qui ont fui vers l'Ouest ont
rejoint des pays voisins du Zaïre, dont la République du Congo
où plusieurs camps de réfugiés furent créés
et un nombre considérable d'exilés rwandais ont combattu aux
côtés du Président Sassou Nguesso contre les forces de
Pascal Lissouba.
La coordination au sein des forces survivantes du RDR a
été graduellement rétablie en 1997 et a conduit à
la création, la même année, de l'Armée de
Libération du Rwanda (ALIR) ainsi que son aile politique, le PALIR. La
distance séparant les différentes unités a bientôt
conduit à la division de facto de l'ALIR. Les groupes qui
opéraient dans l'Est de la RDC sont devenus ALIR-I tandis que les forces
de l'ALIR-ll opéraient à l'Ouest de la RDC, en République
du Congo, en Angola et peut-être au Burundi et en Tanzanie.
Une antenne du groupe de l'Ouest créa les FDLR en mai
2000 dans la ville de Lubumbashi située au Sud de la RDC. Initialement,
ses membres se limitaient aux Rwandais qui avaient combattu aux
côtés du gouvernement de la RDC après 1998 lors de la
seconde guerre du Congo. A l'Est de la RDC, les rebelles rwandais
opposés au gouvernement du Rwanda ont continué sous la
bannière de l'ALIR (ALIR-l) jusqu'au début de 2002. Au
début, ils ne reconnaissaient pas le nouveau mouvement qui, de leur
point de vue, n `était pas réellement un groupe
d'intérêt rwandais, mais un mouvement suscité par le
président de la RDC d'alors, Laurent Désiré Kabila. Ils
ont changé de position quand le gouvernement des EtatsUnis ajouta l'ALIR
à la liste des organisations terroristes en décembre 2001. Les
branches militaires et civiles des FDLR furent (partiellement)
séparées en septembre 2003 au moment où fut
créée la branche armée: les Forces Combattantes Abacunguzi
(FOCA).
Les FDLR ont essayé de prendre leurs distances par
rapport au génocide de 1994. Le site web du mouvement, ses pamphlets
(Qu'on pouvait trouver à l'Est de la RDC dès 2002) et ses
dirigeants déclarent que les FDLR sont un mouvement de « Rwandais
opprimés et exclus » dont des (Tutsi) survivants du génocide
rwandais. En outre, ils ont proclamé à maintes occasions qu'ils
sont prêts à collaborer avec le TPIR. La tentative de créer
un nouveau mouvement sans rapport avec le génocide était
peut-être sincère pour certains de ses leaders et membres, mais
elle s'est avérée impossible. Tout comme PALIR, les FDLR
dépendent, jusqu'à ce jour, des individus personnellement
impliqués dans la planification et l'exécution du
génocide.
De plus, les suspects du génocide occupent de plus en
plus de postes clés au sein des FDLR. Ceci s'explique par deux facteurs.
En premier lieu, plusieurs membres modérés des FDLR sont
rentrés au Rwanda au cours des dernières années, tandis
que la plupart des déserteurs ont été remplacés par
des cadres plus extrémistes. Deuxièmement, le manque de
succès enregistré récemment tant sur le plan politique que
militaire a conduit à un scepticisme grandissant parmi les troupes et
les officiers des FDLR, ce qui a conduit à un retrait progressif des
éléments modérés de la direction du mouvement.
Paradoxalement, plus les FDLR sont affaiblis par la désertion des
modérés, plus son leadership devient extrémiste.
La déclaration par les FDLR de leur disposition
à collaborer avec la communauté internationale pour livrer les
suspects du génocide à la justice manque de
sincérité. Il n'existe pas d'exemples connus de collaboration
entre le TPIR et la direction des FDLR. De plus, au cours de cette
étude, nous avons reçu à plusieurs occasions des
informations sur au moins deux suspects du génocide connus qui sont sur
la liste des personnes « les plus recherchées » par le
gouvernement des États- Unis et des « suspects en fuite » du
TPIR et qui sont bien protégés par le mouvement à l'Est de
la RDC.
§1. Principales opérations et infiltrations
En 1997, l'ALIR-I ouvrit un front au Nord-Ouest du Rwanda.
Cette insurrection s'est poursuivie jusqu'en 2001 lorsque le dernier assaut
important contre le Rwanda, l'opération « Oracle du Seigneur»,
a échoué. Entre 1997 et 2001, l'ALIR-I a recouru à la
tactique de guérilla et à la terreur pour renforcer sa
présence au Rwanda. Même si ses forces ont réussi à
troubler l'ordre et la sécurité et à entraver les efforts
de reconstruction des provinces de Ruhengeri et de Gisenyi, l'ALIR-I n'a jamais
pu maintenir pendant longtemps ses positions au Rwanda. Par conséquent,
elle a essayé en 2001 une tactique plus classique lors de
l'opération « Oracle du Seigneur », à laquelle ont
participé entre 4 000 et 5 000 hommes qui avaient initialement
réussi à progresser à l'intérieur des
frontières du Rwanda (Même la ville centrale de Gitarama a
été occupée pendant une journée). Néanmoins,
l'attaque a été repoussée par l'APR qui aurait tué
près de 1 890 combattants. Plus de 1 300 autres ont été
capturés et le reste dispersés. 530 combattants de l'ALIR se sont
rendus ou ont été dénoncés par des parents
après l'échec de l'opération. Au même moment, l'APR
a à son tour lancé des attaques contre les positions de l'ALIR-I
dans la province du Nord-Kivu en RDC. Ce mouvement ne s'est jamais remis de ces
rêves militaires et il n'a pas été en mesure de lancer
d'autres attaques de grande envergure contre le Rwanda depuis 2001. Toutefois,
les FDLR continuent de planifier d'autres attaques, et essaient d'opérer
des infiltrations à l'intérieur du Rwanda pour identifier des
cibles, recruter et chercher du soutien.
L'opération des FDLR qui était prévue
pour 2006 avait été baptisée « Opération
Amizero ». Les principaux objectifs de l'Opération Amizero
étaient notamment, le recrutement (forcé) dans les écoles
primaires et secondaires au Rwanda; la propagande politique (inculquer une
idéologie politique aux femmes et aux jeunes pour « l'amour de leur
pays »); trouver des marchés où se procurer des armes;
l'entraînement des combattants; la reconnaissance des cibles des actes de
sabotage; et la distribution des armes. Cette opération n'a pas
été couronnée de succès, notamment parce que les
déserteurs des FDLR ont prévenu le gouvernement rwandais et
également en raison du manque des ressources suffisantes de la part des
FDLR pour son exécution. Après l'échec de
l'opération « Oracle du Seigneur» en 2001, le fait que les
FDLR aient affecté peu de ressources à
l'Opération Amizero et qu'elles semblent l'avoir
abandonnée soulève aujourd'hui des questions quant à sa
vraie nature et à son objectif.
En somme, les FDLR continuent de planifier des attaques contre
le Rwanda afin de renverser le gouvernement en place ou tout au moins le forcer
à accepter le dialogue ou un accord de partage du pouvoir.
Néanmoins, les consultants doutent de l'engagement des leaders des FDLR
et de leur capacité de lancer des attaques de grande envergure. Dans le
texte du plan de l'opération Amizero, les FDLR reconnaissent elles-
mêmes leurs propres difficultés, notamment la crise que
connaît les FDLR/FOCA; la pauvreté et la détresse
après la suspension des approvisionnements opérationnels et en
moyens logistiques non conventionnels; les désertions massives; et le
manque de terrain de recrutement. Ces observations sur les faiblesses internes
montrent la reconnaissance par les FDLR du fait qu'à moins de trouver de
nouvelles ressources et/ou nouvelle motivation, elles ne seront pas en mesure
de monter des attaques de grande envergure contre le Rwanda. Cela les
forcerait, en fin de compte, à revoir leur tactique et leurs objectifs.
Il ressort des entretiens avec les leaders importants des FDLR (et avec trois
commandants supérieurs récemment rapatriés) que le
commandement du mouvement connaît ces difficultés depuis un
certain temps. La motivation principale qui les pousse à continuer de
préparer des attaques contre le Rwanda est de donner aux troupes un
objectif et une motivation politiques. Faute de quoi, le moral des hommes de
troupe se détériorerait rapidement et provoquerait des
désertions massives. Un des officiers des FDLR a déclaré:
« nous devons donner aux hommes de troupe des objectifs et des
perspectives militaires et politiques, sans quoi ils retourneraient à la
vie civile en RDC ou au Rwanda ».
En dépit des capacités réduites des FDLR,
elles demeurent une force que l'on ne peut ignorer. Avec des effectifs de 7 000
hommes et des milliers de civils armés affiliés, le mouvement est
encore capable d'occuper et de déstabiliser d'importantes parties des
provinces du Kivu à l'Est de la RDC. Des données attestent
également que les FDLR poursuivent leurs infiltrations au Rwanda.
Certains de leurs éléments s'adonnent à l'espionnage ou
exécutent des opérations spécifiques à
l'intérieur du Rwanda. Le recrutement et la collecte de cotisations
financières au Rwanda se poursuivent. Les FDLR disposent d'un
réseau de renseignement au
Rwanda. Les commandants supérieurs interrogés en
RDC ont déclaré disposer de renseignements précis sur le
déploiement des troupes gouvernementales dans les régions
frontalières situées du côté rwandais informations
qui ne peuvent être recueillies que par des agents
entraînés. Cependant, il paraîtrait aussi que
l'efficacité de ce réseau a diminué. Même s'ils ne
peuvent pas arrêter toutes les infiltrations, les services de
renseignements rwandais sont généralement capables de
repérer les éléments FDLR avant que ceux-ci ne puissent
lancer des opérations de grande envergure. Néanmoins, cette
situation exige que le gouvernement dispose d'un important réseau de
renseignement. Les récentes arrestations d'un nombre important
d'éléments FDLR effectuées par le gouvernement burundais
dans la province de Ngozi au Burundi, et qui ont permis de faire échouer
l'opération Amizero, montrent que le contre-renseignement contre les
FDLR, également mené à travers la coopération
régionale, s'améliore et permet de contrecarrer les tentatives
des FDLR de lancer des opérations à l'intérieur du
Rwanda.
§2. Les objectifs politiques, idéologiques et
religieux.
Les objectifs des FDLR peuvent être classés en
trois catégories, à savoir : les objectifs officiels, les
objectifs semi-officiels et les objectifs cachés. Officiellement, le but
des FDLR est d'oeuvrer à la paix et la réconciliation au Rwanda
et dans la région des Grands Lacs en général. Il y a au
moins deux points controversés dans les objectifs officiels des FDLR.
Premièrement, elles insistent sur le fait qu'il importe d'établir
la vérité sur le «Drame rwandais ». Les FDLR affirment
implicitement qu'il y a eu deux génocides au Rwanda. L'un contre les
Tutsi et l'autre qui est un contre-génocide visant les Hutu et
perpétré par le FPR. En second lieu, elles appellent à un
dialogue inter-rwandais « hautement inclusif». Autrement dit, les
FDLR devraient être inclus dans ce dialogue et les génocidaires
devraient avoir le droit de participer au processus et prise de
décisions.
Dans leurs communications avec les combattants et les
réfugiés, les leaders FDLR déclarent que leur vrai
objectif est de renverser le gouvernement actuel, pardonner à ceux qui
ont joué un rôle dans le génocide, et créer un
gouvernement de la majorité Hutu. Ces objectifs ne sont pas
mentionnés dans les communiqués de presse des FDLR ni dans les
entretiens avec la presse, mais ils
sont connus de tous les Rwandais en RDC et ils ont
été cités dans plusieurs entretiens avec nos chercheurs.
La majorité des membres des FDLR de la RDC et les Congolais qui vivent
dans le même environnement avec eux ne connaissent que ces objectifs
semi-officiels. Seuls les commandants supérieurs et les responsables de
la propagande connaissent la ligne officielle.
CTC croit que les objectifs ci-dessus dissimulent un agenda
profondément caché des leaders FDLR. Les FDLR continuent
d'être influencées par des personnes telles que Sylvestre
Mudacumura et Ignace Murwanashyaka, qui ont été soit
incriminés dans le dossier du génocide rwandais ou/et qui
dirigent une organisation terroriste reconnue au plan international. Pour des
leaders tels que ceux-ci, il n'y aurait pas d'avenir si la lutte armée
devait prendre fin. Ils ne peuvent ni rentrer au Rwanda sans être
traduits en justice pour leurs actes, ni être facilement acceptés
par un pays tiers. La poursuite de la lutte armée est donc leur
meilleure chance de vivre relativement en liberté. Etant donné
l'équilibre actuel des forces militaires en présence, leur seule
option est de passer le reste de leurs vies dans le maquis pour accumuler assez
d'argent afin d'acquérir une nouvelle identité, s'enfuir vers un
pays tiers, et y commencer une nouvelle vie.
Ainsi, pour les leaders des FDLR, leur mouvement est à
la fois une structure qui les protège de la prison à vie et un
moyen qui leur permet d'amasser assez de richesses pour s'acheter une nouvelle
identité, une maison, et une pension de retraite. Pour eux, il est
capital que les hommes de troupe des FDLR ne découvrent pas cet objectif
caché.
De ce fait, les leaders des FDLR accordent beaucoup
d`importance à la propagande, et continuent de préparer des
opérations militaires pour renverser le gouvernement du Rwanda.
Toutefois, ces leaders savent bien que ces projets ont peu de chances d'aboutir
dans le contexte actuel et ils reconnaissent qu'il est peu probable que le
gouvernement actuel s'affaiblisse dans un proche avenir.
§3. Idéologie et religion
Les Rwandais sous le contrôle des FDLR en RDC ont
peut-être leur propre idée sur le génocide, son impact sur
leurs vies, la situation actuelle au Rwanda ou sur le Tutsi, mais ils ont
intérêt à la garder pour eux si leurs idées ne
coïncident pas avec les points de vue extrémistes et
idéologiques de leurs supérieurs. La direction des FDLR veut que
tous ses sujets croient que l'actuel gouvernement du Rwanda est
entièrement au service des Tutsi, que les Tutsi veulent toujours
dominer, et que les Hutu ne peuvent pas mener une vie normale au Rwanda
d'aujourd'hui. De plus, leur machine de propagande inculque aux gens
l'idée que tous les ex-combattants FDLR rapatriés sont soit en
prison, morts ou sous surveillance permanente.
Un ancien officier des FDLR nous a affirmé lors d'un
entretien que « les personnes âgées [parmi les
réfugiés] expliquent comment les ancêtres des [Hutu] ont
souffert sous le règne des Tutsi » et que « les Tutsi ne
partagent jamais le pouvoir ». Ainsi, lorsqu'au cours des émissions
de DDR de Radio Rwanda ou Okapi, d'anciens commandants rapatriés des
FDLR qui occupent actuellement de postes importants dans l'actuelle
administration rwandaise sont interviewés, la machine de propagande des
FDLR essaie de convaincre les réfugiés que ces interviews sont
fausses et que les anciens officiers de haut rang rapatriés tels que les
généraux Rwarakabije ou Mahoro ont été
interviewés en prison et sous la menace. En répandant de telles
histoires sur la situation actuelle ou passée. La direction des FDLR
entretient une atmosphère de peur, décourageant les
réfugiés et les combattants à se faire rapatrier.
Ces derniers mois, les FDLR dans la province du Nord-Kivu ont
commencé à dire aux Rwandais sous leur contrôle qu'ils sont
toujours des « Interahamwe »; certains membres ont même
déclaré que «le travail [le génocide] reste à
achever ». Le retour à cette propagande ouverte de
l'idéologie génocide est relativement un fait récent,
puisque les FDLR ont évité ce genre de rhétorique ces
dernières années.
L'instigateur principal de ce discours est le
Général Mudacumura qui sait qu'il n'a aucun avenir hors des
forêts de la RDC. Mudacumura et un petit nombre d'autres dirigeants des
FDLR essaient de maintenir leur contrôle en propageant une
idéologie extrémiste. Cependant, cette vague d'extrémisme
pourrait provoquer une désintégration beaucoup plus rapide des
FDLR, d'autant plusieurs de leurs sujets se rendent compte qu'ils ont
énormément souffert des suites du génocide. Même de
nombreux commandants impliqués dans le génocide ne sont pas en
faveur de la relance de cette idéologie car ils prétendent avoir
maintenant pris conscience du fait que le génocide ne leur a
apporté que des misères. Ces commandants se considèrent
connue faisant partie d'une génération perdue, mais ne souhaitent
pas voir grandir leurs enfants avec le même sentiment de
culpabilité.
La religion est aussi un pilier important de
l'idéologie des FDLR. Les noms de quelques-unes des opérations
des FDLR, tel que l'opération « Oracle du Seigneur », en sont
l'illustration. En outre, les combattants des FDLR désignent entre eux
le FOCA comme étant le « Ingabo za Yesu» ou «
l`Armée de Jésus ». Pour certains d'entre eux, les FDLR ont
une mission divine. Ils croient que Dieu a donné le Rwanda aux Hutu et,
par conséquent, la récupération du pouvoir est une mission
de Dieu. Cette justification spirituelle de la lutte des FDLR fait partie
intégrante de la propagande des FDLR20.
§4. Effectif et structure
Sur la base de l'enquête menée dans le cadre de
cette étude, CTC croit que les FDLR comptent actuellement des effectifs
militaires (y compris la police militaire) d'environ 7300 combattants. Nous
disposons d'une évaluation relativement précise des effectifs de
deux des trois brigades. La brigade du Sud (que les FDLR appellent «
division »), présente dans la province du Sud-Kivu, comptait
approximativement 2 500 hommes en 2006 dont nous croyons qu'environ 2 000
seulement sont restés après les rapatriements, les
défections, les retraites, mais aussi les recrutements
enregistrés récemment. La brigade du Nord, située dans la
province du Nord-Kivu, est actuellement composée d'environ 2 100 hommes.
Donc, les FDLR possèdent en ce moment trois brigades d'environ 2 000
hommes chacune,
20 Hans ROMKEMA, Op. Cit., p. 41
approximativement 500 éléments de la police
militaire, au moins deux compagnies pour protéger le Haut Commandement
situé à Kalonge (Masisi), et une compagnie pour protéger
l'école de formation militaire de Mutembe (au Nord Kivu).
Chaque bataillon semble être composé d'une
unité de CRAP (Commando de Recherche et d'Action en Profondeur, les
commandos des FDLR). Ces unités de CRAP sont chargées des
opérations les plus dangereuses et sensibles, y compris les
infiltrations au Rwanda. Ces unités semblent aussi être
responsables de plusieurs opérations de pillage sur la route
Goma-Kanyabayonga et dernièrement, Kanyabayonga-Lubero. Les combattants
du CRAP sont généralement des jeunes hommes en excellente forme
physique et bien entraînés qui adhèrent à
l'idéologie extrémiste.
Le bataillon de la Police Militaire des FDLR est
concentré dans le Nord du Kivu et est chargé, entre autres
responsabilités, d'assurer la protection du quartier
général et de prévenir la désertion des troupes du
FOCA. La Police Militaire punit sévèrement les déserteurs
et semble être constituée des combattants les plus loyaux et
idéologiquement extrémistes.
Les FDLR étaient, il y a quelques années,
beaucoup plus forts, avec environ 15 000 à 20 000 combattants
armés, d'après les chiffres de 2003 (A titre d'exemple, l'ONG
Internationale Crisis Group estime que le nombre des combattants des FDLR est
de 15000 à 2000 hommes selon son rapport du 23 mai 2003 intitulé
« Rebelles rwandais Hutu au Congo : une nouvelle approche au
désarmement et à la réintégration ». L'ALIR
comptait encore plus d'hommes). La force du FOCA a décru suite à
l'échec des opérations militaires successives, de morts et
blessés, maladies, défections, rapatriements et des retraites
enregistrées parmi les troupes. Tous ces facteurs ont eu un impact sur
la structure de l'armée. Dans le passé, les FDLR étaient
organisées en divisions et en brigades, alors que maintenant elles ne
sont constituées que de brigades (appelées divisions par les
FDLR). De plus, jusqu'à une date récente, chaque brigade
comportait quatre bataillons, les bataillons comprenaient quatre compagnies,
etc. Aujourd'hui, la structure quadrique a été remplacée
par une composition triadique, illustrant la réduction de la taille du
mouvement.
Les civils congolais qui vivent avec les FDLR (et l'ANR) ont
de la peine à évaluer la force exacte des FDLR. Leurs estimations
sont généralement trop élevées à cause des
trois phénomènes suivants:
En appelant les brigades des « divisions », les
bataillons des « brigades », les compagnies des « bataillons
», ainsi de suite, les FDLR gonflent leurs effectifs.
Le FOCA a la réputation d'être une armée
forte, une image qui est entretenue en réprimant catégoriquement
les contestations locales. Cette réputation d'invincibilité
contribue à une surestimation de la force des FDLR (Cette image est
renforcée par les combattants des FARDC qui ne voulaient pas monter des
opérations contre les FDLR, soit par crainte ou parce qu'ils avaient
d'autres activités communes).
Les FDLR ont aussi armé un grand nombre de
réfugiés civils rwandais. Par conséquent, il est difficile
pour les Congolais ainsi que pour les étrangers de faire la
différence entre les civils armés rwandais et le FOCA.
Il est plus difficile d'évaluer le nombre de civils
associés aux FDLR. Le Général Séraphin Bizimungu
(aussi connu sous le nom de Général Mahoro, Amahoro ou Amani),
l'ancien commandant adjoint de la division du FOCA au Sud Kivu et qui a
été rapatrié au Rwanda en 2006, a estimé que le Sud
Kivu pouvait abriter à lui seul environ 20 000 à 25 000 civils
rwandais dont la majorité s'est installée sur le territoire
contrôlé par les FDLR. Il a par ailleurs indiqué qu'il y a
vraisemblablement plus de réfugiés dans le Nord Kivu que dans le
Sud Kivu. D'autres ont fourni des estimations plus élevées. Si
nous considérons que le Général Bizimungu est une source
fiable, alors le nombre total de réfugiés civils rwandais en RDC
peut être situé entre 45 000 et 60 000 hommes. Plus d'un tiers de
ces réfugiés sont dans le Sud Kivu, un groupe un peu plus
nombreux se situe dans le Nord Kivu et le reste ailleurs en RDC, en particulier
à Maniema, Katanga, Kinshasa et dans les Provinces Orientales.
Ce chiffre est légèrement plus
élevé que les chiffres du HCR concernant le nombre de
réfugiés rwandais en RDC, estimé à 50 000 au
début de 2006. Cependant, nous le considérons comme relativement
fiable. Les chiffres
élevés sont justifiés par le fait que
l'on retrouve difficilement un endroit du Kivu où il n'y a pas de
Rwandais. En parcourant les provinces du Kivu, l'on remarque facilement que le
nombre de Rwandais est normalement plus élevé que les estimations
citées ci-dessus.
CTC croit que la plupart des civils qui portent des armes
n'ont pas reçu une formation militaire approfondie. D'habitude, ils
obtiennent leurs armes dans le cadre d'arrangements locaux voire privés
entre les civils et les unités de commandement respectives du FOCA de la
région. Les civils portent des armes surtout pour se protéger
contre les milices congolaises ou les agressions des FARDC. Par
conséquent, ces civils armés ne renforcent pas vraiment la force
militaire des FDLR.
L'adhésion aux FDLR semble obligatoire pour tous les
civils rwandais qui vivent dans les zones contrôlées par le
mouvement (Cette conclusion découle du fait que tous les Rwandais
résidant dans des territoires contrôlés par les FDLR sont
considérés comme des membres du mouvement). Par ailleurs, nous
avons reçu peu de témoignages sur des recrutements forcés
parmi les réfugiés en RDC. Il semble que les
réfugiés du RDC se sont résignés du fait que, aussi
longtemps qu'ils sont des réfugiés, ils doivent montrer leur
attachement et leur force en soutenant le mouvement. Il est également
possible que les réfugiés civils se rendent comptent qu'ils n'ont
pas vraiment le choix, vu le traitement inhumain infligé aux
éléments déloyaux.
Pour terminer, disons quelques mots sur les relations entre la
structure politique européenne des FDLR (surtout basée en Europe
de l'Ouest) et les troupes du FOCA sur le terrain. Bien que nous n'ayons pas
mené de recherche sur les structures des FDLR situées hors de la
RDC, les propos recueillis auprès des personnes interrogées
offrent une image ambiguë de ces éléments. D'une part,
certains membres des FDLR et les commandants du FOCA en RDC reconnaissent le
président du mouvement comme leur seul leader. Toutefois, d'autres
reconnaissent le commandant Mudacumura comme le seul défenseur
légitime et crédible de leurs intérêts. Le denier
groupe critique souvent les dirigeants vivant à l'extérieur de
vivre confortablement en Europe, abandonnant leurs militants dans les
forêts congolaises sans leur envoyer les moyens nécessaires au
combat, il est difficile de dire quel
groupe entre les partisans de Mudacumura ou de Murwanashyaka)
est prédominant. Cependant un colonel des FDLR a expliqué que
lors du séjour de Murwanashyaka en RDC après la signature de la
déclaration de Rome, il rendait compte au Général
Mudacumura et n'était pas en position de décider quoi que ce soit
sans consulter le chef militaire.
D'autres structures remarquables des FDLR sont:
1. le Comité directeur (présidé par Dr
Ignace Murwanashyaka (Bonn; Allemagne) et les vice-présidents Musoni
Straton (Bruxelles; Belgique) et le général de brigade Gaston
lyamuremye, alias Byiriniro Victor Rumuli (Mbeshimbeshi; RDC);
2. le conseil de guerre (précédemment
présidé par le général de brigade aujourd'hui
décédé, Kanyandekwe alias Komeza; il était
également le commandant adjoint du FOCA avant son décès
dans des circonstances non élucidées en décembre 2006);
3. le tribunal militaire (présidé par le
Colonel Sebahinzi alias Double Z);
4. le Comité Régional Restreint (comité
politique des exilés);
5. le Comité Régional Élargi (idem);
6. la Commission Electorale Permanente et Indépendante
(pour les élections internes des FDLR);
7. les cellules et les satellites des FDLR dans plusieurs
pays: la République du Congo, la Tanzanie, (Dar es-Salam et Kigoma), le
Soudan, la Zambie, le Cameroun, l'Ouganda, le Zimbabwe, le Mozambique,
l'Afrique du Sud, l'Allemagne, la Belgique, la France, le Norvège, les
Pays-Bas, l'Autriche, la Suisse, le Danemark, le Canada et les
États-Unis.
a. Formation et recrutement
Les FDLR disposent de plusieurs centres de formation, dont
l'école militaire de Matembe (dans la région frontalière
de Masisi-Walikale) qui est leur principal centre de formation. L'école
militaire comprend les sections de formation des officiers et des
sous-officiers. La formation ne se limite pas à cette école. L'on
fait état de l'existence de structures de formation à Nindja et
Mwenga, localités situées au Sud Kivu. Les exemples de formations
suivies en 2006 sont:
· avril-juillet 2006: une formation commando de trois mois
a été organisée à Matembe. 78 commandos ont
été formés.
· juin 2006: un cours sur l'émission de messages a
été organisée à Matembe; chaque unité y a
envoyé 5 candidats.
· juin 2006: un cours de deux semaines sur le service de
renseignement a été dispensé au personnel du quartier
général des FDLR.
· juin 2006: un séminaire d'une semaine a
été organisé pour les cadres des FDLR à Matembe.
· juin 2006: une formation d'un mois pour les magistrats
à Matembe.
· début 2006: formation des commandos (CRAP)
à Butezi au Mwenga. Cette
formation aurait été suspendue pour
disponibilité insuffisante d'instructeurs.
En outre, les FDLR ont commencé à former dans le
Nord Kivu les civils aux techniques militaires de base telles que le camouflage
et le maniement des armes légères. L'objectif de cette formation
est de deux ordres. Premièrement, il s'agit probablement d'augmenter la
capacité militaire des FDLR. Deuxièmement, l'objectif semblerait
de nature idéologique. Plusieurs sources des FDLR indiquent que la
formation sert à endoctriner les femmes, les jeunes et même les
enfants pour en faire des « Interahamwe ».
Plusieurs sources en RDC et au Rwanda ont indiqué que
les FDLR peinent de plus en plus à recruter de nouveaux combattants. Les
recrutements récents n'ont pas permis de rattraper le rythme des
désertions, les victimes et des départs à la retraite, et
la force du FOCA a été réduite à la moitié
environ ou au tiers en 2000. Le recrutement se fait d'abord parmi les
populations de réfugiés et ensuite au Rwanda. Il semble de plus
en plus difficile de trouver parmi les réfugiés des jeunes gens
capables de raffiner les troupes du FOCA. La plupart des jeunes de la
communauté de réfugiés ont déjà rejoint le
FOCA, tandis qu'on signale aussi que les recrues potentielles fuient les zones
sous le contrôle des FDLR pour ne pas avoir à rejoindre le FOCA.
Certains de ces hommes se rendent au Rwanda, un nombre important essaie de
s'intégrer dans la société congolaise ou d'émigrer
vers des pays comme la Zambie et le Malawi.
plusieurs jeunes, en particulier ceux des provinces de
Ruhengeri et de Gisenyi. Aujourd'hui, cela est devenu très difficile.
Ceci s'explique en partie par les contrôles renforcés et de
l'amélioration de l'activité de renseignement de la part du
régime rwandais. Plus important est le fait que la majorité de la
population civile rwandaise a cessé de soutenir les FDLR. Avant
l'opération « Oracle du Seigneur », l'ALIR pouvait compter sur
un certain soutien venant de l'intérieur du Rwanda, mais l'échec
de cette offensive a changé la donne. Au cours de nos discussions avec
les jeunes de Ruhengeri, les jeunes interrogés ont souligné le
fait que, bien que n'étant pas favorable au gouvernement rwandais sur
tous les points, ils préféraient influencer la vie politique de
leur pays la voie démocratique. Ils pensaient que leur «
peuple» occupait tous les postes dans l'administration locale et que cela
suffisait pour le moment. De toute façon, ont-ils affirmé, ils ne
voulaient plus faire la guerre et préfèrent donc compter sur des
avancées dans le processus de démocratisation à
l'intérieur du Rwanda.
b. Localisation
Les cartes fournies ci-dessous montrent respectivement les
zones sous contrôle des FDLR aussi bien que les zones où les FDLR
influencent fortement le quotidien des habitants (zones d'influence). On estime
que les FDLR contrôlent pleinement près de 20 % du territoire du
Kivu et elles ont une forte influence sur 30 à 40 autres pourcent du
terrain. Les limites figurant sur la carte sont approximatives.21
En particulier au sud Kivu, les FDLR contrôlent une
grande partie de la province. Ceci ne veut pas nécessairement dire que
les FDLR au Sud Kivu sont plus puissantes qu'au Nord Kivu. Au moins un fait
explique le vaste territoire sous le contrôle (ou l'influence) des FDLR:
au Sud Kivu, les FDLR ont rarement été mises en difficulté
après le retrait de l'APR/FDR rwandaise en 2002. Par conséquent,
les FDLR ont pu contrôler un vaste territoire avec relativement moins de
troupes et de moyens qu'au Nord Kivu. La région militaire du Nord Kivu
désorganise régulièrement les FDLR depuis le début
de la transition et, même quand les troupes APR/FDR était encore
présentes en RDC, les FDLR (et leurs prédécesseurs,
l'ALIR) avaient plus de marge de manoeuvre au Sud Kivu qu'au Nord Kivu. Ceci
s'explique aussi par le fait
que les troupes de la RDC (ANC) opérant dans le Nord
Kivu ont souvent lancé des assauts contre les FDLR. Malgré la
petitesse du territoire contrôlé par les FDLR au Nord Kivu, le
centre de la force des FDLR se situe encore dans cette province et, en
particulier, dans la région frontalière de Walikale et de Masisi.
Il est également prouvé que le quartier général des
FDLR (le haut commandement militaire et les dirigeants politiques) est
situé dans cette zone.
Les zones sous contrôle ou influence limitée ne
sont pas toutes de la même nature. A l'intérieur, les FDLR
manquent de main d'oeuvre pour occuper totalement tout territoire disponible,
mais ils sont dans beaucoup de cas le seul groupe qui a établi une
quelconque autorité. C'est le cas en grande partie de Fizi, Mwenga et de
Shabunda au Sud Kivu et de Walikale au Nord Kivu. Dans ces zones, les FARDC et
l'administration congolaise n'ont pas déployé de troupes ou
d'administrateurs, laissant ainsi un vide. Les FDLR organisent des patrouilles
régulières dans ces zones, occupent les repaires les plus
lucratifs et les plus stratégiques et coexistent souvent avec les
éléments encore actifs des Mayi-Mayi.
La situation est différente dans les zones
frontalières du Rutshuru et des plaines du Ruzizi. Comme ces zones sont
également des points stratégiques pour les FARDC, les FDLR et les
FARDC se battent pour le contrôle. L'objectif minimal des FDLR dans ces
zones frontalières est d'empêcher les FARDC de les priver
d'accès au Rwanda et au Burundi. Au Nord Kivu, cela conduit à des
affrontements entre les FARDC et les FDLR, tandis qu'au Sud Kivu, les FARDC
semblent avoir adopté une stratégie de cohabitation. Dans les
plaines du Ruzizi Plains en particulier, les FARDC permettent aux FDLR de
circuler librement, tant qu'ils ne causent pas d'incidents sur le territoire
des FARDC. Les commandants des FARDC dans les plaines ont affirmé qu'ils
voudraient empêcher les FDLR de traverser la frontière vers le
Burundi, mais cette région militaire leur a donné l'ordre
d'éviter les « confrontations » inutiles avec les FDLR.
Juste au-delà du Sud Kivu, un nombre important
d'éléments des FDLR et de réfugiés civils se sont
installés sur le territoire de Kabambare (province de Maniema). La
région au Nord de Kabambare est contrôlée par le bataillon
des FDLR qui est basé au Kilembwe (sud Fizi).
Tableau 1 : Carte de localisation des FDLR au
Nord-Kivu.
Source : Rapport elabore a la demande du Secretariat du
Programme multi-pays de demobilisation (MDRP), p.5
Tableau 2. Carte de localisation des FDLR au
Sud-Kivu
Tableau 1 : Carte de localisation des FDLR au
Nord-Kivu.
Source : Rapport elabore à la demande du
Secretariat du Programme multi-pays de demobilisation (MDRP), p. 6
Commentaires : Ces donnees datent de fin 2008 et peuvent
avoir déjà change apres les operations mixtes g Umoja Wetu
N.
c. Logistique, service économique et
enrichissement.
Avant le retrait du Rwanda de la RDC en 2002, l'ALIR et les
FDLR présents dans l'Est de la RDC n'étaient pas vraiment
activement impliqués dans l'exploitation des minerais et des autres
ressources. Ils survivaient en grande partie grâce au pillage des civils
et des forces militaires rivales, et ils produisaient aussi une partie de leur
nourriture. Leur propre production vivrière était cependant
souvent perturbée par les attaques du RPA ou de l'ANC contre leurs
campements de fortune.
La hiérarchie de l'ALIR a empêché ses
membres de s'engager dans des affaires lucratives, de peur que, une fois
distraits par ce genre d'activités, la préparation militaire ne
s'effrite rapidement. La direction de l'ALIR voulait que ses soldats se
concentrent sur la mission qui consiste à faire tomber le gouvernement
du Rwanda. Un officier supérieur des FDLR a déclaré qu'ils
s'étaient instruits du cas des mouvements rebelles congolais et de
plusieurs armées étrangères impliquées dans les
guerres successives en RDC, qui ont toutes ayant fini par perdre de leur
efficacité parce qu'elles étaient distraites par l'exploitation
des minerais. Cet officier a par ailleurs indiqué que la
réduction de l'aptitude à combattre des FDLR, suite aux
changements d'attitude face à l'exploitation des minerais après
2003, a confirmé les préoccupations des responsables militaires
de l'ALIR.
La situation était différente en ce qui concerne
les Rwandais qui ont combattu dans les parties ouest de la RDC aux
côtés du gouvernement de la RDC. Cela s'explique en partie par les
faits ayant précédé l'appel à l'aide de feu le
Président Kabila. Avant qu'ils ne rejoignent Kabila, plusieurs de ces
Rwandais s'étaient installés dans différents pays
francophones d'Afrique de l'Ouest où ils ont créé des
entreprises. Aujourd'hui, il y a encore des centaines de Rwandais, même
parmi ceux qui ont été rapatriés, qui continuent de
gérer des entreprises commerciales (souvent des compagnies de taxi) dans
des pays comme le Cameroun et la République du Congo. De plus, il est
fort probable que Kabila ait offert à ces Rwandais le droit d'extraire
certaines des richesses de la RDC en échange d'un soutien militaire.
dans un rapport de situation de Life and Peace Institute du 25
avril 2003), transportant des liasses de dollars et des tas de diamants. Ce
convoi attira les marchands de diamant de zones aussi reculées que
Bukavu et Goma. Comme il y avait très peu de liquidité à
Bunyakiri, les commerçants locaux ne pouvaient pas toujours donner la
monnaie aux éléments des FDLR lorsque ces derniers achetaient du
manioc, des poulets ou de chèvres avec des billets de 100 dollars. La
population a signalé que ces unités des FDLR disaient aux
autochtones de garder la monnaie. Ce qui voudrait dire que les unités
des FDLR installés dans l'Ouest avaient accès à
d'importantes ressources et semblaient être impliquées dans le
commerce ou l'exploitation de ressources naturelles; ils n'étaient
certainement pas bien payés dans l'armée régulière
de la RDC.
A partir de 2002, le comportement des FDLR dans l'Est de la
RDC vis-à-vis du développement ou de la participation aux
entreprises économiques a changé considérablement pour les
raisons suivantes:
L'armée rwandaise s'est retirée de la RDC en
octobre 2002. En son absence, les FDLR sont devenues la force la plus puissante
dans l'Est de la RDC et pouvaient donc se permettre de mener d'autres
activités;
C'est autour de cette période que les appuis
extérieurs du mouvement ont tari ; les FDLR furent donc obligés
d'adopter de nouvelles stratégies de survie. La stratégie la plus
évidente dans ces circonstances étant de devenir autonomes; et
Vers la fin 2002 et au début de 2003, un groupe
important de combattants des FDLR est venu de l'Ouest de la RDC (ils ont
ensuite fui le site de rapatriement de la MONUC à Kamina). Les
commandants des FDLR venus de I`Ouest étaient habitués à
exploiter les mimerais et à créer des entreprises.
Dans le but d'assurer leur autonomie, les FDLR ont
développé un système de « logistique non
conventionnelle» (LNC). Chaque unité du FOCA affecte environ 20 %
de ses hommes à cette unité et l'obligation pour chaque
unité d'assurer sa propre défense est devenue une consigne
générale et permanente. La direction a également
émis des directives concernant la manière dont la production de
la LNC
doit être répartie: 20 % pour «
améliorer les conditions de vie » des membres de la compagnie, 50 %
pour les armes et munitions, 15 % au bataillon pour leur contribution, et 15 %
pour le fonctionnement du mouvement. Le caractère militaire de la LNC
permet à la logistique des FDLR de contrôler une grande partie du
commerce de minerais dans l'Est de la RDC, ainsi que tous les autres secteurs
économiques du territoire sous leur contrôle ou influence. Comme
expliqué plus haut, partout où les FDLR sont présentes,
elles cherchent à exercer une domination sur tous les aspects de la
vie.22
Un certain nombre de commandants des FDLR travaillent
aujourd'hui avant tout pour s'enrichir. Tout d'abord, ils créent leurs
propres entreprises, parfois grâce à des prêts des FDLR ou
à la trésorerie de leurs unités. Deuxièmement, ils
détournent souvent les fonds mis à la disposition de leurs
unités de LNC à des fins personnelles. En troisième lieu,
ils utilisent leurs pouvoirs exorbitants sur les réfugiés et les
communautés congolaises en levant un impôt sur toute
activité économique exercée sur le territoire qu'ils
contrôlent. Les commandants des régions riches en minerais sont
les plus chanceux, mais les dirigeants des FDLR sont en mesure de
générer des fonds où qu'ils se trouvent. Leurs
activités économiques sont:
Exploitation de minerais:
Dans la plupart des cas, les FDLR ne gèrent pas
directement les gisements miniers; ils en laissent le soin à des
privés. A Masisi, Wallensee et Zircon (Bunyakiri), quelques exceptions
ont été signalées, comme dans les zones où les FDLR
possèdent leurs propres équipes d'exploitation. D'ordinaire, les
FDLR gagnent de l'argent à partir de l'exploitation minière par
l'imposition de lourdes taxes aux propriétaires et aux gérants
des mines. Il est difficile d'évaluer quelle étape de
l'exploitation minière (et du commerce) est contrôlée par
les FDLR, puisqu'il n'y a aucune évaluation exacte de la production
actuelle en dehors des principaux centres miniers. Toutefois, elle semble
concerner au moins quelques centaines de kilogrammes d'or (En guise de
comparaison, le Sud Kivu exporte chaque moins environ 600
22 22 Hans ROMKEMA, Op.Cit, pp. 47-48
kg d'or (dont moins de 50 kg officiellement). Nous pensons que
les FDLR au Sud Kivu contrôlent environ le quart de la production d'or et
plus en ce qui concerne la production du coltan, de cassitérite et de
diamant. Dans le Nord Kivu, la situation est similaire), de tonnes de
cassitérite (minerai du fer-blanc) et du coltan (minerai du
colombo-tantalum), et des quantités indéterminées de
diamant, de mercure, de pierres semi-précieuses, etc. par mois.
Commerce des minéraux:
Les FDLR sont très impliquées dans le commerce
des minéraux dans les régions sous leur contrôle. Dans les
territoires tels que Fizi et Walikale, ils auraient monopolisé tout le
commerce en dehors des principaux centres de population (qui sont pour la
plupart contrôlés par le gouvernement de la RDC). Même en
présence de l'administration, les FDLR ne restent pas en marge de ce
commerce. Comme les FDLR contrôlent une grande partie de l'hinterland des
provinces de Kivu, ils peuvent transporter les minerais d'une zone à une
autre. Grâce à l'accès aux pays voisins tels que la
Tanzanie, la Zambie, l'Ouganda et le Burundi, ils font aussi souvent de la
contrebande de minéraux. Les FDLR contrôlent plus de 50 % du
commerce de minéraux au Kivu. Leur implication est cependant
limitée dans l'exportation de minéraux ainsi que dans le commerce
au niveau des principaux centres miniers et des villes d'où les
minéraux sont exportés.
Impôts:
Partout où les FDLR exercent leur contrôle, ils
prélèvent des taxes illégales sur les marchés, les
commerçants, les industries, les exploitants miniers, etc. Ils ne
partagent avec personne les revenus, sauf pour s'acheter occasionnellement la
complaisance de l'autorité locale de la RDC ou des chefs locaux.
Théoriquement, les taxes sont destinées aux mouvements. En
réalité, l'argent finit souvent dans les poches des commandants.
Les impôts sont prélevés sur les marchés,
individuellement sur les populations vivant dans les zones
contrôlées par les FDLR, et sur les voyageurs
(généralement au niveau des barrages routiers). Le système
et les niveaux d'imposition sont en rapport avec ceux appliqués
par les autorités de la RDC dans les autres zones, quoique
moins compliqué car les FDLR ont moins de services.
Elevage:
Dans les zones rurales relativement sécurisées,
les FDLR et les réfugiés élèvent du bétail,
des chèvres, des porcs et des poulets. De plus, partout où ils
sont présents, les FDLR contrôlent le commerce de bétail.
Il s'agit, par exemple, du Sud Kivu où ils contrôlent les
principales routes commerciales de bétail de Minembwe à Mwenga,
Fizi et Walungu, ainsi que de l'essentiel du commerce dans les Plaines du
Ruzizi et sur les hauts plateaux du Kalehe. Les réfugiés
contrôlent également les boucheries de la région de Nindja
(Walungu).
Agriculture:
En particulier dans les zones forestières, où
les congolais vivaient traditionnellement de chasse et de cueillette, les
Rwandais sont devenus les principaux producteurs de grandes
variétés de cultures (pomme de terre, patate douce, manioc,
haricot, légumes, etc.). Beaucoup de Congolais ont
bénéficié de cette production car elle a contribué
à la baisse des prix des aliments dans certaines zones.
Marijuana:
Au moins dans le territoire d'Uvira (dans le Moyen Plateau
entre les Plaines et le Haut Plateau dans les environs de Lemera et Mulenge),
les FDLR cultivent de la marijuana. Les quantités sont inconnues, mais
néanmoins importantes. En complicité avec les commerçants
locaux, la majorité de la marijuana est vendue en contrebande au
Burundi. La marijuana est une drogue extraite de la tige, des feuilles et des
sommités fleuries séchées du chanvre indien.
Commerce:
delà des zones de leur contrôle. Les
représentants des FDLR fréquentent presque tous les
marchés, y compris ceux de Goma, Bukavu, Butembo et Uvira, où ils
achètent et vendent tout ce qui rapporte de l'argent.
Contrôle de la traversée des cours
d'eau:
Les FDLR contrôlent plusieurs points de passage sur les
cours d'eau autorisant ses membres à exiger quelques centaines de francs
pour le passage sur les ponts (en lianes) ou pour la traversée des
rivières en pirogue.
Contrebande:
Les FDLR sont impliqués dans la contrebande d'une
quantité importante de minéraux et produits divers. Nous avons
trouvé plusieurs indices qui prouvent que les Rwandais font passer des
produits en contrebande au moins en Tanzanie, au Burundi et en Ouganda.
Vraisemblablement, ils voyagent avec des cartes d'identité congolaises
(faciles à obtenir et à falsifier) (Au Congo, la plupart des
commerçants sont des « marchands de produits divers ». «
Divers » dans ce cas signifie « toutes sortes d'articles »
(friperies, piles, sel, chaussures, cigarettes, savon, etc.), mais pas
d'articles spécifiques comme le bétail et les
minéraux).
Pillage:
En plus des activités citées ci-dessus, les FDLR
continuent le pillage. Dans plusieurs parties du Kivu, la population locale a
affirmé ceci: « nous (les Congolais) cultivons et les Rwandais
récoltent ». En dehors du pillage des récoltes et, parfois
des équipements ménagers des paysans, les FDLR continuent aussi
le braquage de véhicules et l'enlèvement des commerçants
sur les grandes routes. En particulier, la route allant de Goma à
Butembo via Kanyabyonga est toujours considérée comme
relativement dangereuse à cet égard. Les unités du CRAP se
chargent des activités de pillage les plus importantes et les plus
risquées.
Prises d'otages et rançons:
En particulier, le commandant de bataillon, Major Mitima (un
pseudonyme), qui contrôle les zones de Nindja, Kahuzi Biega et l'Est de
Shabunda, est connu pour ses prises d'otages régulières. Il les
relâche après que leurs familles aient versé une
rançon qui varie d'une à plusieurs vaches à la somme de 50
dollars EU à 100 dollars EU par tête, selon l'importance de
l'otage et la fortune familiale.
d. Structures des FDLR (Organigrammes
Tableau 3 : Organigrammes des FDLR
Source : Rapport elabore a la demande du Secretariat du
Programme multi-pays de demobilisation (MDRP).
CHAPITRE II : L'ATTITUDE DU GOUVERNEMENT CONGOLAIS FACE
AUX EXACTIONS DES FDLR
Section I : Tentatives d'eradication du phenomene
FDLR
§1. La déclaration de Rome
La déclaration de Rome de ce mouvement (mars 2005)
offre une opportunité de mise en oeuvre d'un Désarmement et
Rapatriement non-violent qui devrait être exploitée avant de
recourir à des mesures collectives même si les chances de
succès sont faibles. A Rome, le leadership des FDLR avait
déclaré sa volonté de participer dans un processus de
rapatriement organisé et inconditionnel de toutes les unités
militaires et de leurs familles respectives. A cause des dissensions internes
et de l'environnement politique (processus électoral et
instabilité en RDC) qui ont poussé quelques leaders des FDLR
à penser qu'ils pouvaient toujours réaliser leurs objectifs par
des moyens militaires, des dispositions de la Déclaration de Rome sont
restées lettre morte. Cependant, les divisions internes, l'isolement
accru, un recrudescence de l'hospitalité du peuple et de l'Etat
congolais ainsi qu'une transition relativement réussie marquée
par le passage d'un gouvernement de transition post-conflit à
l'installation d'un gouvernement élu en RDC, ont crée des
conditions permettant de consentir un dernier effort en vue de persuader le
leadership des FDLR de mettre en oeuvre volontairement la Déclaration de
Rome. A cet effet, le gouvernement de la RDC devrait tout faire pour rencontrer
rapidement les responsables des FDLR dans le but d'évaluer leur
volonté à participer dans un processus organisé,
volontairement et inconditionnellement au processus de DR des
FDLR.23
Une question importante à régler dans ce domaine
portera essentiellement sur le sort des 200-300 responsables qui ont fait
savoir (à travers leurs représentants en 2005 à Rome)
qu'ils étaient peu disposés à retourner au Rwanda parce
que dans la plupart des cas, ils ont été personnellement
impliqués dans le génocide de 1994 et que de ce fait, ils
auraient à faire face à la justice. Si la RDC, le Rwanda et les
acteurs internationaux peuvent trouver une solution politique
et juridique acceptable pour ce groupe, l'obstacle le plus
important au rapatriement du gros des combattants de FDLR serait
surmonté. Même si cela s'avère difficile, toutes les
options devront être explorées par les politiciens et les experts
juridiques en vue de la recherche de solutions acceptables par les
gouvernements respectifs. La résolution de cette question contribuerait
de façon significative à réduire les grands défis
que constitue le DR pour les autres combattants.
§2. Communiqué conjoint de Nairobi du 9
novembre 2006.
Le gouvernement congolais s'est mobilisé lundi 19 mai
2008 avec la réunion interministérielle en préparation de
la tenue dès la dernière semaine de ce mois de la
conférence sur le retour des FDLR (Forces démocratiques pour la
libération du Rwanda), conformément au Communiqué conjoint
de Nairobi, signé le 9 novembre 2007 entre la R.D Congo et le Rwanda. La
réunion a connu la participation de Jean-Claude Muyambo, ministre des
Affaires sociales, Action humanitaire et Solidarité, Ghislain Chikez
Diemu, ministre de la Défense et Anciens combattants, Antipas Mbusa
Nyamwisi, ministre des Affaires étrangères et de la
Coopération internationale et coordonnateur du Comité de Pilotage
sur l'éradication des groupes armés en RDC, Séraphin
Ngwej, ambassadeur itinérant auprès du chef de l'Etat et du
professeur Kaumba, Conseiller spécial du chef de l'Etat en
matière de Sécurité.
Selon Chikez Diemu, la réunion du comité
interministériel s'est penchée sur les préparatifs de la
conférence de Kisangani pour fixer la date de ces assises importantes et
impliquer la Mission des Nations Unies au Congo (Monuc), en tant que noyau
technique, pour la prise en compte du volet logistique pour le succès de
cette rencontre, laquelle prévoit le retour volontaire des FDLR et leurs
dépendants au Rwanda. Le ministre de la Défense et Anciens
combattants a également évoqué la participation des
experts congolais à Psie (près de Rome) en Italie à la
réunion d'un certain nombre des leaders FDLR vivant à
l`étranger pour la préparation de la conférence de
Kisangani, pour ce retour volontaire, selon le Communiqué de Nairobi. Il
a reconnu qu'il subsisterait encore quelques problèmes, mais beaucoup de
pistes de solutions son explorées pour arriver à un entendement
commun. Et d'indiquer : « Nous sommes très avancés pour
qu'on trouve la solution avant la fin du mois de mai et je vous donne
rendez-vous à Kisangani ».
La réunion de Kisangani aurait pu se tenir, il y a
quelques mois, n'eût été la publication à la
réunion de Bruxelles, entre la RDC et le Rwanda, de la liste de 6.997
génocidaires par le gouvernement rwandais, encore présents
à l'Est de la RDC. Le ministre Mbusa Nyamwisi avait
déploré cette publication, en précisant qu'elle venait
d'entraver et de compliquer le travail fait sur terrain à Nyabiondo,
Buavinio, Mbinga, et Kasuo dans le territoire de Lubero, dans la province du
Nord Kivu sur le processus de sensibilisation au retour des FDLR au Rwanda en
vue de participer à la consolidation de la démocratie dans leur
pays. Car leur place était au Rwanda et non au Congo, avait-il
souligné. Le gouvernement congolais s'est engagé à mettre
fin, grâce au Communiqué Conjoint de Nairobi, à la
présence des groupes armés étrangers, notamment les FDLR,
Rud Nana, lesquels constituent une source d'insécurité et des
souffrances pour les populations de l'Est de la RD Congo. Des initiatives
récentes ont été menées avec la descente sur
terrain du ministre des Affaires étrangères et de la
Coopération internationale dans la sensibilisation des groupes
armés étrangers dans la province du Nord Kivu le 24 janvier 2008.
Il était accompagné des délégués de la
Monuc, de la Banque Mondiale et du gouverneur du Nord Kivu. Il y a lieu de
signaler également la descente sur terrain d'une
délégation du gouvernorat du Nord Kivu, accompagné d'un
délégué de la communauté catholique Sant'Egidio et
de la descente du président de l'assemblée provinciale du Nord
Kivu, à Rutshuru, Kiseguru et Walikale, le 2 février 2008.
De sources proches du coordonnateur du Comité de
Pilotage, la conférence de Kisangani a pour objectif majeur de parvenir
à un résultat palpable en terme de rapatriement massif et visible
des éléments FDLR et leurs dépendants vers le Rwanda.
§3. Le Soutien du Rwanda à l'AFDL
En mai 1997, les troupes de l'AFDL entrent dans Kinshasa, et
Kabila s'autoproclame président de la nouvelle République
démocratique du Congo (RDC). Mobutu quitte le pays pour se
réfugier au Maroc, où il meurt à Rabat la même
année. Concentrant tous les pouvoirs, Laurent-Désiré
Kabila se heurte à une forte contestation de la part des anciens
opposants à Mobutu, écartés du pouvoir et dont il fait
arrêter certains (Tshisekedi est mis en résidence
surveillée), ainsi que des
anciens mobutistes eux-mêmes. Le régime s'appuie
sur les populations de l'est du pays, en particulier le Katanga, région
natale de Kabila. Il refuse, par ailleurs, toute enquête de la part de
l'ONU sur la disparition d'au moins 200 000 Hutu dans les forêts de l'est
du pays, vraisemblablement massacrés par ses alliés rwandais
d'alors. Un rapport de l'ONU, publié en 1998, accuse pourtant la RDC et
le Rwanda de « crimes contre l'humanité ».
Le comportement hégémonique des Rwandais qui ont
aidé Kabila ne tarde pas à faire resurgir les sentiments
nationalistes et anti-tutsis au sein de la population. En juillet 1998, Kabila
renvoie plusieurs ministres, dont ceux d'origine rwandaise, et demande aux
troupes étrangères ougandaises et rwandaises de quitter le
territoire. Peu après, les Tutsi Banyamulenge, qui l'ont aidé
à prendre le pouvoir, se soulèvent et menacent de s'emparer de la
capitale et du port de Matadi, tandis que le chef de guerre rwandais James
Kabarebe chasse les troupes gouvernementales du Kivu et poursuit ses
opérations contre les réfugiés hutu. Kabila demande l'aide
du Zimbabwe, du Tchad, de la Namibie, du Soudan, et surtout de l'Angola qui, en
sauvant Kinshasa, prend à revers ses propres rebelles de l'UNITA.
Suite à l'entrée de l'armée rwandaise au
Congo pendant cette période, les commentaires n'ont pas tardé
aussi bien au sein de la population que de la communauté internationale
et en voici l'illustration.
L'opinion se souvient de la Commission des droits de l'homme
des Nations Unies, qui par la résolution 1997/58 avait pour mission
d'enquêter sur ces allégations d'atteintes au droit à la
vie commises par l'Alliance des forces démocratiques pour la
libération du Congo-Zaïre (AFDL) et les Gouvernements de la RDC et
du Rwanda. L'opinion se souvient aussi des entraves que la RDC sous
contrôle du Rwanda avait posées à ladite Commission.
Nonobstant, l'Équipe d'enquête avait présenté son
rapport (S/1998/581, du 29 juin 1998), dans lequel elle exposait en
détail les obstacles que lui avaient opposés les autorités
congolaises et confirmait aussi les massacres des réfugiés Hutus,
la population congolaise et d'autres violations du droit international
humanitaire perpétrés par l'AFDL et son allié le Rwanda
dans les camps de réfugiés de Kibumba et à travers la
RDC.
§4. Les opérations conjointes « Umoja Wetu
» et « Kimya II ».
Les rebelles des Forces démocratiques de
libération du Rwanda (FDLR) continuent de massacrer les populations du
Nord-Kivu. Non seulement l'opération conjointe menée
jusqu'à fin février par les militaires rwandais et congolais n'a
pas réussi à les déloger, mais elle a aussi exposé
les civils aux exactions de ces armées régulières.
La coopération militaire entre le Congo et le Rwanda
n'est pas venu à bout des rebelles hutus des Forces démocratiques
de libération du Rwanda (FDLR) installés dans le Nord-Kivu, dans
l'est de la République Démocratique du Congo (RDC). Au contraire,
en guise de représailles, ils s'en prennent aux populations civiles. Le
Haut Commissariat des Nations Unies, ainsi que de nombreuses ONG comme Human
Rights Watch, signalent depuis plusieurs semaines les exactions commises par
les rebelles du FDLR. Le HCR indiquait, le 6 mars dernier, que près de
180 000 personnes avaient été déplacées depuis
janvier dans le Nord-Kivu. « Depuis la fin de l'opération militaire
conjointe menée par les forces armées congolaises et rwandaises
au Nord-Kivu contre la milice hutu (FDLR) à la mi-février, (cette
dernière) est repartie vers le nord et le centre de la province,
attaquant les civils et visant particulièrement les convois d'aide
humanitaire et les ONG », a déclaré Ron Redmond, le
porte-parole du HCR. Les Nations Unies auraient enregistré depuis la
mi-février « 17 incidents provoqués par les FDLR, dont des
meurtres, des pillages, des enlèvements et des viols de civils, ainsi
que des embuscades et des incendies de véhicules ».
Environ trente mille autres personnes ont été
déplacées dans le territoire de Lubero au Nord. « Ces
nouvelles familles déplacées dans la zone de Lubero font
état d'une augmentation des raids des FDLR au cours des 15 premiers
jours de mars, en plus de violations de plus en plus grandes des droits humains
», indiquait encore le 20 mars Ron Redmond. Certains rebelles hutu
rwandais ont même franchi une nouvelle étape dans leur vengeance
en publiant, selon la BBC, une liste de « collaborateurs » de
l'opération militaire commune du Rwanda et de la RDC lancée le 20
janvier dernier.
Rebelles et forces regulieres commettent les memes
exactions
Les autorités congolaises s'étaient pourtant
réjouies du succès de la mission conjointe fin février,
lors du départ des militaires rwandais. Lambert Mende, le porte-parole
du gouvernement congolais, affirmait alors : « Nous avons cassé
l'ossature du commandement des FDLR, brisé leurs quartiers
généraux, et déclenché le mouvement le plus
important de rapatriement volontaire vers le Rwanda depuis 15 ans, avec
près de 3 500 FDLR rapatriés ou en voie de l'être ».
Plus réalistes, des observateurs soulignaient que la rébellion
était peut-être diminuée, mais pas sa «
capacité de nuisance ». Nombre de rebelles sont aujourd'hui sortis
des montagnes et des forêts où ils s'étaient cachés
pendant les incursions rwandaises.
Les FDLR ne sont néanmoins pas les seuls à
terroriser les populations du Nord-Kivu. Elles sont également victimes
d'attaques d'autres groupes rebelles comme l'Armée de résistance
du Seigneur (LRA), la milice du PARECO, le Front populaire pour la justice au
Congo (FPJC) et le Front révolutionnaire pour la paix en Ituri (FRPI).
Mais aussi des forces armées régulières du Congo et du
Rwanda. Selon Human Rights Watch, dans un document publié le 8 avril,
« les forces rebelles rwandaises, les soldats de l'armée
gouvernementale et leurs alliés ont violé au moins 90 femmes et
filles depuis la fin du mois de janvier 2009, dans les provinces instables du
Nord-Kivu et du Sud-Kivu ». Les soldats rwandais seraient également
« impliqués dans les meurtres de la plupart des plus de 180 civils
tués durant cette période ». Afin de tenter d'assurer la
sécurité des civils, Alain Doss, le chef de la Mission de l'ONU
en RDC (Monuc), a demandé au Conseil de sécurité 18 autres
hélicoptères pour prévenir « les activités
prédatrices des groupes armés étrangers et
d'éléments indisciplinés des forces de
sécurité du pays ».
Le droit international humanitaire - ou lois de la guerre -
s'applique à la fois aux États et aux groupes armés non
étatiques. Les parties belligérantes doivent prendre toutes les
mesures possibles pour réduire au minimum le préjudice subi par
la population civile, notamment en permettant aux civils d'aller se
réfugier dans des zones plus sûres. Les lois de la guerre
interdisent le meurtre, le viol et les enlèvements. Ceux qui commettent
de tels actes sont responsables de crimes de guerre.
« La protection des civils doit être
considérée comme une priorité absolue lors des
opérations militaires, afin de contribuer à empêcher qu'une
fois encore, ce soient les civils congolais qui paient le prix fort », a
souligné Anneke Van Woudenberg.
Section II : La place de l'Etat congolais dans le
phénomene FDLR.
§1. Ses responsabilités
Depuis 1994, il est clair que le Congo-Zaïre a
été responsable des sévices que subit sa population suite
aux faits ci-après :
1. Les réfugiés hutus rwandais qui sont
entrés au Zaïre en 1994 devraient, selon le statut des
réfugiés, entrer sans armes. D'où le devoir de l'Etat de
les désarmer à la frontière. Chose qui n'avait pas
été faite ;
2. Etant donné que notre pays n'a pas pu
désarmer ces réfugiés, il devrait immédiatement
prendre des mesure de sécuriser sa population, ses frontières, sa
faune, sa flore..., remplir ses devoirs les plus sacrés et qui
constituent une obligation de chaque Etat qui se respecte ;
3. Les FDLR ont adopté depuis 15 ans un comportement
indigne en violation des articles 1 et 2 de la Convention relative au statut
des réfugiés. Et par conséquent, l'Etat congolais devrait
cesser de les considérer comme réfugiés, mais comme
ennemis d'Etat et déclencher par ces faits ses armés, sa force
publique, son arsenal contres ces gens qui sont à la base de la mort des
milliers des congolais ;
4. Les solutions jusqu'ici prises par l'Etats congolais se sont
avéré mauvaises et non réfléchis pour des raisons
suivantes :
· La déclaration de Rome de mars 2005 : A Rome,
le leadership des FDLR avait déclaré sa volonté de
participer dans un processus de rapatriement organisé et inconditionnel
de toutes les unités militaires et de leurs familles respectives. Ce
processus a échoué par ce que l'Etat congolais l'a entamé
avec les seuls FDLR sans associer l'Etat rwandais qui devait constituer le
territoire d'accueil. Cet Etat a publié la liste des génocidaires
qui trainent encore en RDC puisqu`il ne se sentait pas impliquer.
· Communiqué conjoint de Nairobi du 9 novembre
2006 : Ce communiqué donne le pouvoir aux FDLR de choisir le territoire
où ils vont être déployés au cas où ils ne
voudront plus rentrer au Rwanda. Ceci va à l'encontre des
plusieurs opinions qui motivent l'agression habituelle du
Rwanda au Congo par le fait que les FDLR y sont et constituent un danger
à sa sécurité interne.
· L'entrée de l'armé rwandaise au Congo
pour soutenir l'AFDL n'a d'abord pas été officielle, et ne
constitue non plus la responsabilité de l'Etat congolais. Cependant,
l'objectif du Rwanda était celui d'éradiquer le
phénomène FDLR. Il a d'ailleurs été signalé
des massacres des plusieurs réfugiés hutus rwandais par la
Communauté Internationale, même si l'enquête ne s'est jamais
faite jusqu'à nos jours.
· Les opérations mixtes rwando-congolaises
dénommées « Umoja Wetu » seraient une réussite
si et seulement si l'Etat congolais a tenu compte de certains
éléments importants. D'abords l'Etat congolais a
l'expérience du comportement des troupes rwandaises chaque fois qu'elles
ont intervenues sur son sol. Et suite à leur comportement, le peuple
congolais et surtout celui du Kivu est très antipathique à ces
troupes étrangères. En conséquence ce peuple devrait
d'abord être préparé pour qu'il collabore. Ensuite, L'Etat
congolais devrait d'abord faire l'état de lieu et prendre des
précautions nécessaires pour protéger sa population contre
les représailles de FDLR. Enfin, le résultat de ces
opérations montre très clairement que le problème des FDLR
est loin d'être résolu étant donné que les FDLR ne
sont pas rentré chez eux, une partie seulement a été
tuée, les autres se sont reconstitués et ont commis des
représailles incalculables sur la population et d'autres encore ont
été dispersés dans les forêts de la
République. Ces derniers à notre avis constituent une bombe
à retardement car ils constitueront encore un jour un nouveau motif
d'agression des uns et de protection des autres.
Bref, les solutions successives prises par la RDC ne
constituent pas une panacée à la maladie FDLR. Nous croyons que
la solution est ailleurs et voici les voies de sortie que nous pouvons
proposer24.
§2. Voies de sortie
Les FDLR sont un grand problème pour toutes les
communautés congolaises du fait :
· Des violences faites aux populations (tueries, vols,
violes, enlèvements, prise d'otages, incendies, pillages,
enrôlement d'enfants, etc.) ;
· Du pillage de leurs biens et des ressources naturelles et
minières, etc ;
· De l'occupation des terres par la force et
l'éloignement des populations propriétaire de ces terres ;
· De l'anéantissement de l'autorité locale et
de l'installation d'une administration illégale d'occupation, ainsi
qu'une administration judiciaire et fiscale illégales ;
- Les FDLR sont une de grandes causes des guerres dont les
populations sont victimes ;
- Les FDLR risquent de s'établir définitivement sur
les terres congolaises et de se prévaloir d'être de la population
congolaise ;
- Il y a eu confusion et il risque d'y en avoir toujours entre
les FDLR et les communautés congolaises, notamment les Hutus congolais
lors des traques militaires contre les FDLR ;
- Le gouvernement congolais donne l'impression de ne pas avoir
une position clairement exprimée vis-à-vis des
FDLR.25
Le 20 janvier 2009, le Président du Parti Politique
Banyarwanda à la personne de RUTAYISIRE Boniface et Président de
l'association des victimes hutu et tutsis du génocide « Tubeho
Twese » et Comité International pour les victimes de la Haine
ethnique massacres et génocide, a publié la position de son parti
politique à partir de Bruxelles et nous a convaincu par les propos
ci-après qui sont aussi notre conviction.
Suite au problème des FDLR et d'autres groupes
armés qui opèrent dans la région de l'Est du Congo, le
Parti Politique Banyarwanda informe les
25 Hon. Julien PALUKU K., Consultations du gouverneur
de province avec les représentants des communautés et des groupes
sociaux de base du Nord-Kivu sur les pistes de sortie de la guerre : Rapport
Général, Goma, 2008, inédit, p. 14.
Rwandais et la communauté internationale que la
solution basée à la force militaire ne convient pas. Les
problèmes de l'Est du Congo doivent être résolus
pacifiquement à travers le dialogue et la démocratisation
parfaite du Rwanda. La solution militaire cache une volonté de continuer
à exterminer la population de la région des grands lacs. La
solution militaire peut aggraver, déplacer ou créer d'autres
tensions ethniques qui seront considérées comme d'autres bombes
qui exploseront dans la région dans le futur. Le problème des
FDLR fait partie du « problème Hutu - Tutsi » au Rwanda et
dans la région. Le problème des FDLR a un caractère
ethnique qui ne peut pas être résolu par une seule partie des
Rwandais (c'est-à-dire le gouvernement de Kagame) et des
étrangers. Il faut que tous les Rwandais participent au processus pour
trouver une solution adéquate à travers le dialogue. Tous les
acteurs politiques et les membres de la société civile du Rwanda
et du Congo ne doivent pas être ignorés si les deux pays (le Congo
et le Rwanda) veulent une paix durable. La clé du problème des
FDLR se trouve aussi dans les relations entre les Rwandais et la façon
dont le Rwanda est dirigé. Rappelons qu'au Rwanda il n'y a pas de
démocratie, l'opposition politique est interdite, la liberté de
presse est bafouée, l'armée du FPR a commis des crimes de
génocide et les auteurs de ces crimes ne peuvent pas être
jugés.
Il faut que la communauté internationale puisse tenir
en compte des problèmes internes du Rwanda. Le gouvernement de Kigali
dit qu'il a besoin de résoudre les problèmes des FDLR mais ce
n'est pas vrai. Le problème des FDLR sert à cacher d'autres
problèmes internes du Rwanda tel que la répression faite contre
les Tutsis et les Hutus qui réclament la vraie démocratie. Ce
problème sert à couvrir les criminels du FPR et empêcher la
liberté de presse.
Le Parti Politique Banyarwanda informe la communauté
internationale que les responsables du Parti Politique Banyarwanda (en
collaboration avec d'autres Rwandais et les amis du Rwanda) vont s'impliquer
dans la résolution pacifique de ce problème. Chaque personne doit
comprendre que ce n'est pas normal si les Rwandais et les citoyens du monde
continuent à rester à l'écart alors que ce problème
est à la base de la misère et de l'extermination des peuples de
la région des grands lacs.
Toutes les parties en conflit doivent comprendre que ce
problème touche à toutes les couches de la population de la
région. Les négociations entre l'Etat Rwandais et l'Etat
Congolais ne peuvent rien apporter si on ignore le rôle des citoyens de
ces deux pays et leurs voisins. Les organisations internationales et les pays
occidentaux impliqués dans le processus de paix dans la région
des grands lacs d'Afrique doivent écouter les citoyens de ces pays.
Toutes les solutions proposées jusqu'à cette date ne
correspondent pas à la réalité du problème des FDLR
et nous croyons qu'elles peuvent causer d'autres problèmes au lieu de
trouver une solution. Le problème des FDLR doit être
réétudié en y impliquant tous les citoyens Congolais,
Rwandais et les membres des FDLR (ceux qui n'ont pas commis des crimes).
Le Parti Politique Banyarwanda informe l'Etat Rwandais, les
FDLR, l'Etat Congolais et la communauté internationale qu'ils sont
demandés d'accepter l'implication des citoyens dans le processus de paix
dans la région.
A l'issus de la procédure ainsi proposée, nous
pouvons maintenant attendre :
1. le rapatriement des FDLR dans leur pays ou les
éloigner dans un autre pays que la RDC et ce par le biais de la
communauté International ;
2. l'organisation du retour des FDLR par la Communauté
Internationale car la RDC est limitée dans sa capacité
matérielle à les rapatrier ;
3. l'imposition du dialogue inter rwandais au gouvernement
rwandais ;
4. que le gouvernement congolais donne clairement sa position
face aux FDLR en parole et en actes car sa position reste encore floue.
Il est demandé aux FDLR d'accepter de livrer à
la justice internationale les éléments qui auraient commis les
crimes de génocide. Les membres des FDLR qui n'ont pas commis des crimes
ont droit d'être actif en
politique et vivre pacifiquement avec d'autres Rwandais si le
Rwanda accepte la voie de véritable démocratie qui n'est pas
celle de mensonge du FPR d'aujourd'hui26.
26 Regards Croisés, République
Démocratique du Congo : demain la paix ?, Revue trimestrielle,
mars, 2003, p. 18.
85 CONCLUSION
Depuis une décennie et demie, la République
Démocratique du Congo est devenu une scène de
théâtres des groupes armés étrangers et internes.
Les forêts immenses à l'Est de ce pays constituent un terrain
propice pour que chacun puisse y faire sa cachette et préparer ce qu'il
veut. Par-dessus l'immensité de l'espace forestier, il faut
également reconnaître qu'il y a des espaces où
l'autorité de l'Etat n'existe pas ou se fait à peine sentir. Par
conséquent, il est facile de s'y établir et d'y faire sa propre
loi.
Par ailleurs, l'instabilité politique de la
région constitue également une des causes qui font que les uns et
les autres se sentent mieux dans un Etat étranger que dans son propre
Etat. Et cela est fréquent puisque chaque Etat interprète la
démocratie à sa manière en faisant parfois étouffer
même l'opposition et la liberté de presse et d'expression. Cela
fait que ceux qui se sentiraient mieux dans l'opposition quittent le pays ou
s'y font même expulsé par manque de tolérance.
Le peuple congolais est celui qui à nos jours est
entrain d'en payer le pot cassé. En fait certains citoyens des pays
voisins (Burundi, Rwanda et Uganda) ont trouvé bon d'élire
domicile illégalement sur le sol congolais et y ont formés ce
qu'avons appelé dans le présent travail, des Groupes Armés
étrangers. Ces groupes mal intentionnés sont à la base des
souffrances atroces que subit le peuple congolais. Ces groupes sont : Les
Forces Nationales pour la Libération du Burundi (FNL), les forces
Démocratiques Alliées (ADF), L'Armée Nationale de
Libération de l'Ouganda (NALU) et les Forces Démocratiques pour
la Libération du Rwanda (FDLR).
Toutes ces forces ont un impact considérable sur la vie
quotidienne des habitants du Nord et Sud-Kivu. Telles qu'ont engendrés
des milliers des déplacés, des femmes violées, des enfants
soldats, des traumatisés, des sans abris, des blessés, des
orphelins, des veuves, des veufs, des otages, d'esclaves sexuels, des
destructions de la faune et flore, des pertes des vies humaines et j'en pense.
L'ensemble de tous ceci constituent ce que nous avons juridiquement
appelé les « crimes commis par les Groupes Armés
étrangers ».
Cela étant, il est indispensable que nous en tant que
juristes et scientifiques, puissions établir la responsabilité
des uns et des autres dans la commission de ces crimes. Et dans le
présent travail, nous nous sommes concentrés plus sur les crimes
commis par les FDLR et la part de responsabilité de l'Etat congolais,
notre Etat, dans la commission de ces crimes.
Nous avons des raisons sérieuses de croire que notre
Etat est impliqué d'une façon ou d'une autre à la
souffrance que ses nationaux sont entrain de subir, soit en faisant ce qu'il ne
fallait pas faire (par action) soit en ne faisant pas ce qu'il fallait faire
(par omission). Ces raisons sont d'après nous, les suivantes :
D'abord, en 1994, la République Démocratique du
Congo (Zaïre) ne pouvait en aucune condition accepter que les
réfugiés armés traversent sa frontière. Il serait
couvert pour ce fait par le principe de l'inviolabilité de la
souveraineté. S'il a été débordé par
l'immensité des réfugiés ou menacé par la
Communauté internationale nous ne lui en voulons pas. Mais qu'elle a
été ensuite son attitude quant il a su que des
réfugiés armés étaient déjà sur son
sol ? La réponse est qu'il a attendu que ces éléments
commencent leur salle besogne pour qu'il commence maintenant à
rechercher des solutions.
En parlant de ces dernières, nous ne passerons pas sans
remercier l'Etat congolais qui fourni aujourd'hui des efforts plus que jamais
auparavant pour chercher une voie de sortie. Cependant de notre avis ses
démarches resteront veines dans le cas où il n'aura pas encore
inclus quelques éléments indispensables à une
résolution durable. Tout en lui rappelant que la protection de sa
population est son devoir le plus sacré et sa responsabilité
juridique sera établie chaque fois qu'il manquera à ce devoir.
Et voici justement où il a failli :
Il n'a jamais donné sa position d'une façon
claire face au phénomène FDLR ;
Il a tenté plusieurs solutions sans inclure tous les
concernés de loin ou de près par cette question. Nous allons
citer ici la déclaration de Rome où il a réunit les FDLR
sans les dirigeants de leur pays d'origine. En faisant intervenir
l'armé
rwandaise dans la libération du Zaïre, celle-ci
est venu seulement manifesté sa vengeance sans résoudre vraiment
le problème. Nous faisons remarquer que dans ce cas l'armée
rwandaise n'était pas venue officiellement mais elle soutenait une
guerre de libération. Même chose qu'en 1998 avec le RCD. Par
ailleurs le Communiqué de Nairobi, ne pouvait pas lui non plus apporter
une solution étant donné qu'il a réuni deux Etats sans les
FDLR qui sont directement concernés. Ici aussi une autre faille est
qu'il a été résolut que ceux qui ne se sentiront pas
prêts à retourner au Rwanda devront être
déployé où ils veulent en RDC pourvu qu'ils ne soient pas
à coté de la frontière rwandaise. Alors que nous savons
tous que les FDLR sont à la base de plusieurs agressions rwandaises au
Congo cette solution éloignerait plus le problème dans l'avenir
que de le résoudre.
Parlant enfin des opérations récentes «
Umoja Wetu », « Kimya II », nous pensons encore que c'est une
solution qui, si elle n'est pas mauvaise, elle est alors intermédiaire
mais surtout dangereuse pour la population du Nord et SudKivu. Voici pourquoi
nous le pensons ainsi : Il est claire que la population congolaise et surtout
des deux Kivu, est très antipathique à l'armée rwandaise
suite à l'expérience vécue avec cette armée pendant
l'AFDL et le RCD. La population congolaise n'étant pas bien
préparée, elle ne pouvait pas collaborer suffisamment dans cette
opération. L'Etat congolais n'a pas non plus pris des précautions
quant à la protection de sa population face aux représailles et
vengeances des FDLR. Ce qu'est à la base des plusieurs
conséquences que nul n'ignore et dont nous avons cidessus
énuméré quelques uns.
Voilà à quel point nous considérons que la
responsabilité de l'Etat congolais est établie. Et à quel
niveau il a failli à ses missions.
Nous avons en définitives proposé quelques pistes
de solution pour sortir de cette situation et mettre fin une fois pour toutes
au phénomène FDLR :
Si la RDC manifeste en parole et en acte sa position, il
pourra
savoir que :
dialoguer. Ce que l'Etat rwandais peut accepter difficilement
étant donnés ce qui s'est passé en 1994 où la
responsabilité dans l'origine des faits doit être partager. C'est
pourquoi la Communauté internationale est indispensable pour intervenir
à ce niveau.
Ensuite, toutes les parties en conflit doivent comprendre que
ce problème touche à toutes les couches de la population de la
région. Les négociations entre l'Etat Rwandais et l'Etat
Congolais ne peuvent rien apporter si on ignore le rôle des citoyens de
ces deux pays et leurs voisins.
Enfin, l'organisation du retour des FDLR par la
Communauté Internationale car la RDC est limitée dans sa
capacité matérielle à les rapatrier. Il ne faut jamais
prendre l'option de les disperser sur le territoire congolais.
BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE
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Adoptée le 28 juillet 1951 par une conférence de
plénipotentiaires sur le statut des réfugiés et des
apatrides convoquée par l'Organisation des Nations Unies en application
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A. Ouvrages
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D. WEBOGRAPHIE
22. www.fdlr.org
23. www.mdrp.org
24. www.ictr.org
25. www.google.com
Sommaire
EPIGRAPHE A
IN MEMORIUM B
DEDICACE C
REMERCIEMENTS D
PRINCIPAUX SIGLES ET ABREVIATIONS E
goma, 4ozlt 2009 INTRODUCTION 0
INTRODUCTION 1
0.1 Présentation du sujet 1
2. PROBLEMATIQUE 7
3. HYPOTHESES 8
4. INTERET DU SUJET 8
0.5. METHODES ET TECHNIQUES UTILISEES 8
06. DELIMITATION DU SUJET 9
Ière PARTIE : GENERALITES SUR LES CONCEPTS. 10
Chapitre I : DE LA RESPONSABILITE ET DU CRIME 10
§1. Responsabilité collective 11
§2. Responsabilité contractuelle 11
§3. Responsabilité délictuelle 12
§4. Responsabilité Pénale 13
§1. De la contravention 15
§2. Du délit 16
§3. Du crime 18
Chapitre II : DES GROUPES ARMES ETRANGERS EN RDC 23
§1. Les groupes cibles 24
§2. Historique et Objectifs 25 IIème PARTIE : LA
RESPONSABILITE DE L'ETAT CONGOLAIS FACE A LA
PROBLEMATIQUE DES FDLR. 34
Chapitre I : DES REFUGIES HUTU RWANDAIS JUSQU'AU PHENOMENE FDLR.
37
§1. Le génocide rwandais de 1994 38
§2. L'intervention rwandaise en RDC (1998) 40
§3. Statut des réfugiés 41
§1. Principales opérations et infiltrations 48
§2. Les objectifs politiques, idéologiques et
religieux 50
§3. Idéologie et religion 52
§4. Effectif et structure 53 CHAPITRE II : L'ATTITUDE DU
GOUVERNEMENT CONGOLAIS FACE AUX
EXACTIONS DES FDLR 72
§1. La déclaration de Rome 72
§2. Communiqué conjoint de Nairobi du 9 novembre
2006 73
§3. Le Soutien du Rwanda à l'AFDL 74
§4. Les opérations conjointes « Umoja Wetu
» et « Kimya II ». 76
§1. Ses responsabilités 79
§2. Voies de sortie 81
CONCLUSION 85
BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE 89
TABLE DES MATIERES Erreur ! Signet non
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