2 Contexte et justification
Le facteur primordial de la production du riz est la
disponibilité en eau (Bouman et al., 2002). Mais cette
disponibilité de l'eau se fait rare par une prédominance de la
sécheresse et une réduction de la durée des saisons
agricoles, conséquences des aléas dus aux changements climatiques
(Afouda, 1990; Houndénou, 1999; Ogouwalé, 2004). Les bas-fonds
sont alors mis au profit pour la riziculture (Courtois, 1998 ; Raemakers,
2001).
Au Bénin, les terres irrigables sont estimées
à 322 000 ha dont 17 000 ha de vallées et
205 000 ha de bas-fonds et plaines inondables (FAO, 2005).Le
riz est cependant cultivé de plus sur les plateaux et les zones
inondables, surtout avec l'avènement des variétés NERICA.
Le riz est cultivé selon différents systèmes de culture
(MAEP, 2010):
1' En monoculture sur les grands périmètres
aménagés où la double culture annuelle est
régulièrement pratiquée (Malanville, Dévé,
Koussin-Lélé)
1' Sous les cultures pluriannuelles telles que le palmier
à huile ou le bananier et certaines cultures vivrières telles que
le manioc, le maïs et les légumineuses où le riz est
cultivé soit en association, en rotation ou en dérobée
(Sud et Centre);
1' Au pied des buttes d'igname ou après d'autres
cultures comme le niébé où le riz se trouve très
souvent suivi de cultures maraîchères telles que le piment, le
gombo, la tomate ou les légumes dans les bas-fonds (Atacora et
Collines).
Le riz est produit souvent en saison des pluies du fait que
les paysans ne disposent pas de techniques adéquates de gestion des
ressources en eau. Même dans les bas-fonds aménagés la
maîtrise de l'eau reste très partielle (APM, 2002); ce qui conduit
aux faibles rendements (2 à 3 T/Ha) (Agbossou et al 1995). La
gestion des ressources en eau des bas-fonds est donc étroitement
liée à celle des terres du bas-fond (Dacko, 2006). «Avec le
risque accru de sécheresse dans de nombreuses régions d'Afrique
dii au changement climatique, des bas-fonds bien gérés pourraient
significativement contribuer à la sécurité alimentaire par
une productivité améliorée des systèmes de
production du riz » a déclaré Dr Paul Kiepe en 2010 lors du
lancement du projet SMART-IV au Bénin (Sawah Market Access for Rice
Technology in Inland Valley ; AfricaRice, 2010). Ces systèmes de
production doivent permettre l'augmentation de la productivité de l'eau
(Bouman et al., 2005). Cependant, les techniques de gestion de l'eau
restent toujours traditionnelles au Bénin (champs mal endigués et
non nivelés caractérisés par une mauvaise
préparation du terrain et un mauvais entretien en termes de
désherbage et d'épandage d'engrais).
4
Le système Sawah «système asiatique de
production de paddy» (Borrell et al., 1997; Bouman et
al., 2001; Tabbal et al., 2002) est un système qui s'est
montré bien adapté pour la riziculture en Asie. Outre
l'utilisation de la petite machinerie pour la préparation du sol et de
bonnes pratiques de gestion des cultures, la gestion de l'eau (irrigation et
drainage) est un caractère très important pour le système
Sawah. « Le système Sawah a un potentiel rizicole énorme en
Afrique de l'Ouest » (Wakatsuki et Masunaga, 2005). La production
rizicole peut atteindre 10T/Ha avec le système Sawah (Hirose et
Wakatsuki, 2002). Toutefois, la performance de ce système serait sous
l'influence des conditions agro-climatiques. Il serait opportun
d'expérimenter cette technologie asiatique dans les conditions
agro-climatiques du Bénin afin d'identifier les conditions
idéales pour l'optimisation de la riziculture en vu de son
adoption. A cet effet, nous avons choisi d'expérimenter le
système Sawah à Bamè(Zagnanado) où
l'activité agricole dominante est la riziculture.
|