B- La revue de la littérature
« C'est au bout de l'ancienne corde qu'on tisse la
nouvelle » PLIYA (2002). C'est donc en droite ligne de cette assertion
qu'une revue de littérature s'impose. La revue de littérature est
le point de l'état des connaissances sur les problèmes en
résolution d'une part, et la situation de l'orientation de notre travail
par rapport à cette littérature d'autre part. Notons au
préalable que le point des connaissances relatives aux problèmes
spécifiques est sous le couvert de la théorie du problème
général.
· Insuffisance d'infrastructures et
d'équipements marchands
L'insuffisance d'infrastructures et équipements
marchands (boutiques, hangars, magasins) dans les marchés est une
situation préoccupante dans la plupart des communes. La Commune de
Lokossa n'est pas restée en marge de cette situation. C'est ce constat
qu'a fait ressortir FELIHO (2007), en mettant
Problématique de la gestion efficace des marchés
de la Commune de Lokossa.
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en exergue << l'aspect, l'état physique actuel
du marché qui n'est pas construit comme il se doit ; et dont la plupart
des boutiques et hangars sont en matériaux précaires >>.
SALIFOU (2010), abordant la question d'insuffisance
d'équipements dans les marchés gérés en
régie à Parakou, disait que seule la construction
d'équipements au niveau desdits marchés apparait comme la seule
façon de renforcer leurs potentiels et d'assurer un recouvrement
subséquent des recettes marchandes. Quant à GNANGUENON (2008), la
construction d'équipements marchands dans les marchés est
indispensable pour une augmentation du taux de recouvrement des recettes
marchandes. AMOUSSOU (1998) quant à lui, entretenir une infrastructure
comme marché est une nécessité dans une gestion
performante. Cet entretien qui consiste à doter les marchés en
équipements adéquats, permet d'amenuiser les coûts d'un
investissement Onéreux. Selon FATOGNON (2010), l'exiguïté de
ce marché et l'insuffisance numérique de places ont
entraîné l'occupation des artères et des abords de la voie.
Elle précise plus loin que l'occupation anarchique du domaine du
marché par la population est un problème qui empêche son
développement.
Mais face aux difficultés des collectivités
locales à réaliser des investissements de grandes envergures dues
au niveau relativement bas de leurs ressources, les sources de financement du
développement local doivent être diversifiées et ne doivent
plus se limiter aux finances publiques. A cet effet, TERNY et PRUD'HOMME,
(1986) affirment : << Si l'on s'en tient à une stricte logique du
financement, les collectivités locales se trouvent dans une logique
simple : le tarissement des modes traditionnels de financement
public>>.
Pour le professeur GUGLIELMI (1983) il n'est guère
envisageable, en effet qu'un accroissement durable de la fiscalité
permette dans les années à venir un financement massif du
développement local, le financement privé apparaît comme un
mode de financement privilégié du développement local.
Il
Problématique de la gestion efficace des marchés
de la Commune de Lokossa.
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s'en suit donc que le recours au financement privé reste
une des possibilités les plus pratiques du financement des
investissements publics locaux.
· Absence d'un mécanisme de gestion
efficace des marchés
Il s'agit ici d'aborder les connaissances antérieures
par rapport au mode de gestion des services publics adéquats aux
services marchands, l'inexistence de statistique du potentiel marchand et leur
planification dans le long terme et le défaut d'entretien dans les
marchés.
Au terme de l'article 108 de la loi n°97-029 du 15
janvier 1999 portant organisation des communes en République du
Bénin, la Commune peut, dans l'exercice de ses compétences et
sous sa maîtrise d'ouvrage, déléguer, se faire assister,
concéder, affermer, sous-traiter ou passer contrat. A cet effet, elle a
recours aux services de l'Etat, aux sociétés ou organismes
d'Etat, aux établissements publics, aux sociétés
d'économie mixte ou associations de droit béninois
habilitées, aux comités de gestion, aux partenaires au
développement, aux sociétés privées
conformément à la réglementation en vigueur. Ainsi, le
législateur a-t-il prévu des possibilités juridiques
allant de la gestion directe à celle déléguée.
La gestion directe est un mode d'organisation du service
public par lequel la collectivité locale gère le service
exclusivement dans le cadre de la réglementation publique,
c'est-à-dire qu'elle emploie son personnel et utilise ses propres biens.
Dès lors, il faut en déduire que les services en régie ne
constituent pas des personnes juridiques distinctes. On distingue : la
régie simple, la régie autonome, la régie
personnalisée. Chacune de ces formes de gestion ont leurs
particularités, leurs avantages et des inconvénients. Quant
à la gestion déléguée, elle est une forme de
gestion dans laquelle la gestion du service public est confiée par la
collectivité à une personne morale extérieure.
L'autorité publique a le choix entre différentes formes de
gestion déléguée ou différentes personnes morales
susceptibles de rendre le service ; le mode choisi
Problématique de la gestion efficace des marchés
de la Commune de Lokossa.
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est formalisé par un contrat qui contient un cahier
des charges décrivant les droits et obligations de l'Administration
locale de même que ceux du cocontractant. On distingue : la concession,
l'affermage et la gérance. Chacune de ces formes de gestion comporte des
avantages et des inconvénients ; PRODECOM (2005).
En abordant la question de la gestion des marchés,
FELIHO, (2007) a relevé l'absence d'une stratégie efficace de
gestion du marché international de Malanville. Cet aspect a
été soulevé dans l'optique de proposer un mode de gestion
différent de la régie qui est faite de ce marché
international par la Commune de Malanville.
Selon BALT et HILTORST9, (2009), la pratique du
mode de gestion directe ne permet pas toujours aux communes de tirer le
meilleur profit des équipements marchands. A l'inverse de la
régie directe, la gestion déléguée est la formule
employée pour octroyer à un partenaire public ou privé
l'organisation et la gestion de l'équipement marchand. Cette
délégation de compétence de la collectivité
territoriale à une personne morale se déroule sur la base de la
signature d'un cahier des charges que les deux parties acceptent de
négocier et de faire respecter. Plus loin, ils précisent que pour
accroître ses ressources, il était indispensable pour la Commune I
(Bamako) de rompre avec le mode de gestion actuel (régie directe) sur
les marchés de la commune et d'initier la délégation
globale de gestion desdits marchés.
Ces mêmes auteurs ont fait mention de
l'expérience en gestion déléguée de la Commune de
Bamako I au Mali sur appui de la SNV. Le tableau n°8 fait une comparaison
entre les recettes mobilisées sur six (06) marchés en gestion
directe et cinq (05) en gestion déléguée.
9 Auteurs de la SNV, (2009 : «
Accroître les ressources financières des communes : Pratiques
émergentes en Afrique de l'ouest et du centre »p53
Problématique de la gestion efficace des marchés
de la Commune de Lokossa.
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Tableau n°8 Comparaison des marchés
en gestion déléguée et en régie sur six mois ;
Bamako (de juillet 2005 à janvier 2006)
Mode de gestion
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Prévisions
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Réalisations
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Charges récurrentes
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Soldes de performances
|
Taux de recouvrement
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Régie : 6 marchés
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11
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239
|
000
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4 462 392
|
2
|
940
|
000
|
- 6
|
776
|
608
|
40%
|
Gestion déléguée : 5
marchés
|
15
|
014
|
503
|
16 661 500
|
1
|
980
|
000
|
+ 1
|
646
|
997
|
111%
|
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Source : Accroître les ressources
financières des communes. (Marchés de Bamako)
Il faut noter qu'en dehors de l'expérience malienne de
gestion déléguée des marchés, celles des Communes
de Klouékanmè, de Bohicon et de Dogbo10 en
matière de stratégie de mobilisation des recettes des
marchés sont entre autres, des faits qui peuvent servir d'exemple pour
la Commune de Lokossa.
Pour MAMACISE (1999), la principale structure de gestion du
marché central de Parakou est la Société de Gestion des
marchés de Parakou (SGMPSEM) ; c'est donc une gestion
déléguée. Elle s'occupe de la gestion financière et
physique du marché.
Abordant la question de l'entretien des infrastructures et
équipement marchands, BALT et HILTORST remarquaient que le manque
d'entretien des équipements ne permet pas à ceux-ci de
générer les bénéfices attendus. Selon Ta Thu Tuy
(1998), dans sa synthèse, l'assainissement doit répondre à
trois conditions :
- l'amélioration des conditions sanitaires par
l'installation des outils de collecte à savoir bacs à ordures,
fosses sceptiques ;
- l'amélioration de la salubrité par
l'évacuation des déchets vers les sites de traitements ;
- la dégradation de l'environnement doit être
évitée par l'épuration totale ou élimination des
déchets.
10 ECHOC des Commune N°020-2010, Bulletin d'information et
de promotion de l'association des communes du Bénin, p 17
Problématique de la gestion efficace des marchés
de la Commune de Lokossa.
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Dans le souci de mettre l'accent sur la sensibilisation des
citoyens, ONIBOKOU et al, (1985), affirme : << pour que les
systèmes de collectes des déchets solides soient efficaces, les
citoyens doivent connaître leurs responsabilités quotidiennes, les
gestes à adopter, (...) et l'emplacement des sites adéquats
».
? Cadre organique inopérant
Le cadre organique est inopérant quand il manque
d'agents en nombre et en qualité pour faire fonctionner correctement les
marchés. Un autre élément est l'insuffisance de moyens et
d'outils de travail. Tout ceci a pour corolaire l'inexécution des
attributions confiées telles que l'élaboration d'un budget annuel
d'investissement, la maîtrise du potentiel marchand et la police des
marchés.
Le développement local envisagé est
confronté à l'épineux problème de l'insuffisance de
personnel qualifié dans les communes. Selon La territoriale,
2ème trimestre 2006, un examen de l'état du personnel dans
une dizaine de communes du Bénin permet de conclure qu'il y a un manque
cruel d'agents en quantité et en qualité. Il faut cependant noter
que de nombreux efforts sont entrepris dans ce sens par les communes. C'est ce
que confirme encore La territoriale 2ème trimestre 2006, en
affirmant que trois cent soixante (360) cadres sont recrutés dans tout
le Bénin depuis le démarrage des communes jusqu'à un
passé récent. Cette nécessité de renforcer les
organes qui s'occupent de la gestion des marchés a été
soulignée par le Guide pratique sur l'organisation et la gestion des
marchés, qui propose un recrutement dans trois (3) principales
catégories. On peut citer un personnel administratif et comptable, un
personnel de collecte, les contrôleurs et superviseurs.
Cependant en ce qui concerne la priorisation du recrutement,
les avis sont partagés. Le professeur PERETTI (2008)11,
affirme qu'avant de penser à un recrutement, la gestion des ressources
humaines préconise la formation de
11 Jean-Marie PERRETTI, Professeur au
département Management à l'ESSEC Business School :(2008),
<< Ressources humaines et gestion des personnes»7ème
édition. Paris (France) : Vuibert.
Problématique de la gestion efficace des marchés
de la Commune de Lokossa.
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l'existant. Dans ce sens, il affirme : « la
modernisation des outils et méthodes de travail, l'évolution de
la législation et de l'environnement sociopolitique sont autant de
raisons qui peuvent justifier l'utilité de la formation des agents
déjà en poste.»
Il ne suffit pas seulement pour une organisation de disposer
de personnel en qualité et en quantité, il lui faut aussi des
moyens et outils de travail. Abordant cette question, ADEGNIKA (2005), souligne
que d'autres communes n'ont même pas de matériels roulants
adéquats pour les déplacements de leurs responsables.
La plupart des mémoires relatifs à la gestion
des marchés que nous avons lus n'ont pas ressorti cet aspect primordial,
celui de la nécessité de renforcer le cadre organique, en termes
de moyens, qui a pour mission la gestion des marchés dans nos
communes.
AKPO (2008) écrit tout en identifiant la non
maîtrise du potentiel des marchés comme la raison de leur
sous-exploitation, qu'il revient à chaque commune de cerner son
potentiel en adoptant une stratégie appropriée de collecte, faute
de quoi ce potentiel resterait inexploité. Pour HONTON et TOSSOU (2004),
la plupart des communes regorgent des gisements fiscaux et non fiscaux non
négligeables. Dans la mobilisation des ressources, en l'occurrence
celles non fiscales, il convient pour les communes de faire un travail
d'identification des sources génératrices de recettes, surtout
celles marchandes et de définir le mode de collecte et de gestion des
taxes y afférentes. Ils précisent que ce travail doit être
l'oeuvre d'un comité équipé.
Au Sénégal, le constat général
dans la quasi-totalité des collectivités locales est le manque
d'organisation des marchés et les difficultés que rencontrent ces
dernières pour maîtriser et mobiliser de façon optimale les
recettes potentielles générées par les équipements
marchands. Ce constat a été largement confirmé par la
demande pressante provenant de plusieurs collectivités locales
partenaires du Programme d'appui à la Décentralisation et
à la Gouvernance Locale DGL Felo, (2004) pour un appui dans la
réorganisation
Problématique de la gestion efficace des marchés
de la Commune de Lokossa.
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de leurs marchés, l'amélioration des
systèmes de gestion mis en place et la mobilisation des ressources
financières12. Pour ce guide, le système de gestion
d'un marché doit reposer sur : un dispositif de collecte adapté
à la dimension et à la configuration du marché ; un
système de suivi et contrôle de la collecte et des collecteurs ;
une maîtrise des occupants à travers la mise en place de fichiers
régulièrement mis à jour ; une cartographie des
marchés et enfin l'implication et la responsabilité des acteurs
du marché dans la définition et la mise en oeuvre des politiques
de gestion.
En définitive, la Commune de Lokossa peut s'inspirer
de toutes ces expériences antérieures pour mettre en place une
politique de gestion rentable de ses marchés.
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