WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Vie pénitentiaire, liens sociaux et affectivité. Comment les personnes vivent- elles leur vie affective dans un milieu carcéral fermé

( Télécharger le fichier original )
par Rachel Roseline Boulé Schmid Briachetti
Haute école de travail social de Genève - Bachelor  2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

5.2. Solitude

Pour mieux saisir le terme de solitude, nous retenons l'explication d' Isabelle Delisle66 : << La solitude est un phénomène du vécu qui échappe à l'observation et au contrôle. Elle est de l'ordre du sensible. C'est un état d'âme ressenti sur un mode émotionnel. Ce sentiment peut être douloureux et angoissant pour la personne qui l'éprouve. >. C'est une épreuve en soi.

Cependant, la personne peut également choisir de vivre dans la solitude en n'ayant pas de sentiment douloureux.

La solitude se vit ainsi de facon unique pour chaque sujet. Effectivement, comme nous sommes des êtres distinctifs, nous sommes seuls à ressentir au fond de nous une souffrance , une joie. Personne d'autre ne peut ressentir un événement de la même manière, nous rejoignons ainsi l'espace thymique de Binswanger.

Lors de détention, du moins à l'arrivée en prison, éprouver un sentiment de solitude peut être vécu comme de l'exclusion. Nous retrouvons la dictature du <<on > de Heidegger. << On > se sent exclu, comme <<on > se sent exclu. Donc, certains prisonniers peuvent avoir ce sentiment comme ils ont ce sentiment.

Souvent à l'extérieur, << on > va tout faire pour éviter d'être mis à l'écart, pour être comme tout le monde.

Pour finir, la solitude n'est pas forcément un isolement. Plusieurs auteurs ont fait la différence entre un état d'isolement et le sentiment de solitude . L'état d'isolement correspond à la solitude qui se voit. La personne est seule, n'a pas de visite, d'amis, de proches.

Le sentiment de solitude est vécu et ne se voit pas, il appartient à l'espace intérieur donc personnel de chacun.

Un état d'isolement n'engendre pas nécessairement un sentiment de solitude. Celui- ci peut na»tre chez des personnes parfaitement bien entourées.

Ainsi, en prison, lorsque les détenus sont mis en cellule d'isolement, le but est en effet, qu'ils se retrouvent seuls de par leur acte quel qu'il soit. Certains cependant n'auront pas nécessairement un sentiment de solitude.

Maintenant que nous avons mieux défini le phénomène de la solitude, nous allons développer les notions de souffrance et de frustration qui sont décrites et vues par Gennart (2006) comme une douleur chronique.

66 Professeur en gérontologie et en thanatologie, Université du Québec à Hull. Récupéré le 24 mars 2012 de http://www.acsm-ca.qc.ca/virage/personne-agee/reflexions-solitude.html

5.3. Souffrance

La souffrance est une expérience sensorielle et émotionnelle encore plus importante que la manifestation d'un mal-être. La souffrance peut être vécue d'émotions qui peuvent varier d'un sujet à l'autre et qui peut créer des états anxieux, d'extrême tristesse. Et elle semble stopper le cours de l'existence.

Des sensations internes peuvent être éprouvées, ressenties comme une douleur, le cÏur qui fait Ç mal È ou avoir la sensation d'avoir une boule dans le ventre.

Comme le dit Longneaux Ç (...) On est tout entier ramassé sans la moindre possibilité d'une prise de recul: on est soi-même l'instant de souffrance et rien d'autre. Nos habitudes, nos rôles, nos projets, notre histoire, même notre souci pour les autres, tout cela qui remplissait une vie, tout cela qui était Ç nous È n'est plus rien. (...). Il n'y a plus que l'instant d'une éternité insupportable. È.67 .

C'est en fait un rapport primordial que le corps fait conjointement avec l'expérience du monde et de soi-même et le pouvoir de s'éprouver.

Cela peut être décrit comme une souffrance affective de la rencontre avec le Ç Réel È où il y a une rupture avec l'action. Ce mouvement nous enlève à notre Ç vi e-d a ns -le monde È, à nos buts et aux autres.

La souffrance relève ce que nous sommes réellement, Ç elle nous met à nu et montre ce qui demeure de nous quand nous sommes plus que nous È68. Souvent, nous nous astreignons à ne pas souffrir, cela Ç ne doit-pas-être È.

Pourtant, c'est aussi un point de départ qui permet un temps de redéploiement, d'extension malgr é que nous songeons que tout est cassé. Nous pensons que nous revenons à la vie alors que nous ne l'avons jamais abandonnée et que nous ne sommes jamais seuls car nous vivons avec les autres de telle manière qu'ils sont une part de nous-mêmes. L'expérience de la souffrance fait éclater

la toile des

relations que nous pouvons vivre avec les autres.

Ce qui nous amène à nous poser les questions suivantes: Les détenus qui ont une souffrance se dirigent-ils peut-être vers un professionnel? Là, en l'occurrence, vont- ils vers le psychologue ou l'assistant(e) social(e), ou même le directeur, les surveillants de la prison pour être éventuellement aidés, soignés, compris, apaisés ? Oü n'en parlent-ils qu'entre eux pour ne pas encore avoir affaire au personnel pénitencier? Oü gardent-ils tout pour eux?

Ainsi, du côté des professionnels, il appara»t comme essentiel qu'il y ait une implication. L'implication est vue comme un mouvement vers l'autre, un partage émotionnel qui favorise la rencontre avec l'autre et qui ouvre à la possibilité de le comprendre sans mettre en avant des diagnostics médicaux ou psychologiques que nous pouvons considérer dans ce travail de mémoire comme une sorte de Ç rationalisation È de l'être humain.69

Nous rejoignons de nouveau ici Maldiney (1973) qui dit que s'impliquer c'est être dans le pli, dans le rythme de l'autre.

67Longneaux. (2007) La souffrance comme exemple d'une phénoménologie de la subjectivité. Collection du Cirp. Récupéré le 13.01.2012 http://www.cirp.uqam.ca/documents%20pdf/Collection%20vol.%202/6%20Longneaux.pdf. Longneaux docteur en philosophie à Namur, Belgique.

68Ibid., Longneaux

69Pittet, M (en cours). Enquête sur le rythme et l'implication dans les pratiques d'accompagnement psychosociale - Implication rythmique dans le partage intersubjectif d'expériences affectives et émergence d'un savoir comme objet de formation en travail social, Genève : HES-SO, Haute école de travail social.

Dans tous les cas, lors de la sortie de prison des détenus, il appara»t qu' il est presque irréalisable de renouer avec sa vie d'avant. Est-ce la situation des personnes que nous avons rencontrées?

Nous allons aborder la frustration qui semble un phénomène moins important que la souffrance mais qui <<appara»t È également comme une douleur (Gennart, 2006) dans le récit des détenus.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus