4.4. Discussions
Lors de l'enquête, plus de femmes que d'hommes ont
été rencontrés. Ceci s'explique par le fait que ce sont
elles qui sont chargées de prendre soin des enfants et de veiller
à ce qu'ils ne s'exposent au risque de noyade. En effet durant la
période de l'enquête (octobre-novembre) les eaux ne
s'étaient pas encore totalement retirées. Les femmes et les
enfants sont donc beaucoup plus vulnérables. Comme l'a montré
OZER (2002), les hommes sont moins vulnérables entre autres car ils sont
plus mobiles que les femmes responsables des enfants.
Il faut tout de même dire que le pourcentage d'hommes
interrogés (48%) est relativement important; ceci parce que beaucoup
d'entre eux s'étaient retouvés dans un chômage temporaire,
soit parce qu'ils ne pouvaient plus aller pêcher, soit que leur atelier
était sous l'emprise de l'eau ou que les clients ne venaient plus faute
de voies d'accès, etc. Certains aussi étaient à la maison
parce qu'ils tenaient à veiller sur leur famille notamment du fait des
risques de noyade mais aussi contre le vol.
La majorité des enquêtés sont des
commerçants (détaillants), des artisans, des pêcheurs, des
élèves ou des ouvriers. Ce sont des catégories de citoyens
qui ont en général des revenus assez bas. La faiblesse du revenu
moyen des populations vivant dans les quartiers périphériques de
Cotonou a aussi été remarquée par ACCROMBESSY (1988) et
CAPO (2008).
Les deux grandes causes d'inondation dans la ville de Cotonou
se révèlent être, d'après les enquêtés,
les crues du lac Nokoué et les fortes pluies dont les eaux créent
les inondations de façon directe ou à travers une remonté
de la nappe phréatique. Au regard des perceptions des populations les
crues touchent plus de monde que les inondations d'origine pluviale. Ceci
s'explique surtout par le fait que les crues étaient la situation
à laquelle les populations étaient confrontées au moment
de l'enquête et l'impact émotionnel de cette situation a dû
orienter de nombreux enquêtés dans ce sens. De plus les quartiers
parcourus lors de l'enquête sont ceux en bordure du lac et du chenal et
celles en zones de bas-fonds. La période des crues étant une
période où la nappe phréatique s'élèvent
également, les quartiers bas même relativement
éloignés du lac et de la lagune s'étaient retrouvés
inondés
par le phénomène de remontée de la nappe
ou par le débordement du réseau d'assainissement.
La plupart des enquêtés ne sont pas instruits et
ne peuvent donc pas faire d'analyses pertinentes du phénomène
d'amplification des inondations. Ceux qui évoquent les changements
climatiques sont pour la plupart instruits.
En ce qui concerne les maladies auxquelles les populations
victimes d'inondation sont exposées, les cas des dermatoses sont
importants car les populations sont en contact direct avec l'eau
souillée qui de surcroit est une source rapide et facile de
contamination.
Les moustiques, vecteurs du paludisme se développent
dans l'eau et la période d'inondation est une période propice
à leur prolifération. Vu qu'il n'y a aucune politique de
pulvérisation de masse pour réduire leur taux, les populations
sont livrées à la merci de ces insectes.
Les populations qui ont à longueur du temps les pieds
dans l'eau ne peuvent échapper aux différents champignons qui se
développent dans l'eau et la boue qu'elle charrie. Les infections
interdigitales sont alors très courantes comme l'a remarqué aussi
ACCROMBESSY (1988).
Certaines maladies comme la fièvre typhoïde et les
hépatites sont peu évoquées. Elles sont peut - être
présentes chez certaines personnes mais elles ne le savent pas car leur
diagnostic n'est pas souvent systématique.
Les inondations sont des évènements qui
surprennent et les sinistrés n'ont souvent pas le temps de mettre leurs
biens à l'abri, les pertes de biens sont alors très importantes.
C'est également ce qu'indiquent les résultats d'une étude
d'AGBO (1985).
L'évacuation des ordures se fait sur les
dépotoirs créés en pleines rues et sur les terrains
inhabités. Pendant l'inondation, la cour des habitations est confondue
à la surface des marécages permanents. Les eaux souillées
se déversent alors dans cette eau stagnante ainsi que les
déjections humaines ; le péril fécal s'installe ainsi
rapidement avec une recrudescence des cas de maladies diarrhéiques.
C'est un constat également fait par ACCROMBESSY (1988).
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