B. Significativité non satisfaisante de «
ë » pour la BEAC
Après avoir obtenu les résultats des tests, il
est important d'en apporter quelques interprétations. Car se sont ces
dernières qui nous permettent de retenir le meilleur modèle ainsi
que ses implications. Ainsi, nous présentons dans un premier temps les
implications des différentes valeurs du coefficient estimé et
nous retenons le meilleur modèle. Dans un second temps nous tablons sur
les limites de cette règle dans l'explication du comportement de la BEAC
en termes de conduite de politique monétaire.
1. Implications des différentes valeurs de
« ë » pour la BEAC
Quelque soit la période d'estimation et selon que
l'estimation est faite avec M1 ou M2, tous les coefficients obtenus sont
significatifs. Tout de même, les valeurs des coefficients sont identiques
à chaque période d'estimations quelque soit la mesure de la masse
monétaire utilisée. Ainsi, pour la période 1993 :1 - 2008
:4 (ë = 0,12) et pour la demi période 1999 :1-
2008 :4 (ë =0,18). La suite de l'analyse des
résultats nous montre des critères d'Aikaike et de Schwartz
identiques à chaque période pour les estimations faites avec M1
ou M2. Cependant, les estimations faites à l'aide de la base
monétaire (M1), maximisent la valeur de R2 quelque soit la
période choisie. En conclusion, le meilleure modèle s'obtient
avec l'utilisation de la base monétaire (M1) comme instrument de la
politique monétaire. Ainsi, le coefficient de réaction de la BEAC
est de ë = 0,12 pour la période 1993 :1- 2008 :4
et de ë =0,18 pour la demi-période 1999 :1- 2008
:4.
Ces coefficients qui sont proches de celui trouvé par
McCallum en 1987 aux USA (ë =0,25) ne viennent que confirmer le fait que
la BEAC dans la conduite de sa politique monétaire poursuit un objectif
intermédiaire de contrôle de la masse monétaire. Aussi, le
fait qu'elle réagisse à l'écart de production est une
preuve que la BEAC accompagne les politiques économiques
générales élaborées dans l'union comme le disent
ses statuts.
En outre, la valeur du coefficient sur la demi-période
1999 :1 - 2008 :4 est plus forte que celle obtenue sur la période
entière. Ceci peut s'expliquer par la mise sur pied de l'euro et sa mise
en circulation en 1999. En fait, la BCE qui est l'institution d'émission
de cette monnaie est née d'un accord entre plusieurs pays d'Europe
d'harmoniser leurs politiques monétaires. Parmi ces pays nous avons la
France et l'Allemagne. La France par le passé gérait le FCFA
à travers le compte d'opérations ouvert au trésor
français. Ce qui a conduit à une parité fixe entre le FF
et le FCFA. Et donc à un ralliement du CFA au FF. Cependant, avec son
adhésion à la zone euro, la France doit abandonner sa monnaie qui
est le FF au profit de la monnaie commune ici l'Euro. Ce qui ne sera pas sans
effet sur le FCFA. D'autant plus que les accords (de garantie du trésor
français au CFA et de centralisation des réserves de change de la
BEAC dans le compte d'opérations ouvert auprès du Trésor
français) entre la France et la Sous région CEMAC sont
restés inchangés. C'est ainsi qu'à travers la
parité entre le FF et l'Euro, l'on aboutit à un arrimage du CFA
à l'Euro avec une parité fixe de 1 Euro = 955,657 FCFA. Ce qui
montre donc que la politique monétaire de la BEAC sera désormais
influencée par celle de la BCE. Entre autre, la politique
monétaire de la BCE est calquée sur celle de la Banque Centrale
du leader de l'union monétaire à savoir la Bundesbank, Huchet
(2003). Or nous avons montré précédemment que l'Allemagne
est l'un des rares pays de l'Europe qui a longtemps poursuivi un objectif
monétaire dans la conduite de sa politique monétaire. Ainsi, la
BCE tout comme la Banque Centrale de la République
Fédérale d'Allemagne, va accorder dans sa gestion
monétaire un poids important à l'objectif monétaire. Ce
qui va donc amené la BEAC, du fait de l'encrage du CFA à l'Euro,
à accroître le poids qu'elle accorde à l'objectif de
croissance de la masse monétaire.
Une simulation de la croissance réelle de la masse
monétaire (M1) à son estimation à travers la Règle
de McCallum nous donne les graphiques suivants selon les périodes
d'estimations.
0.2 0.1 0.0 -0.1 -0.2 -0.3
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94 96 98 00 02 04 06 08
LNM11 LNM11F
Figure n°4 : évolution de M1
observée et de M1 simulée par la règle de McCallum
sur la période 1993 :1 - 2008 :1
99 00 01 02 03 04 05 06 07 08
LNM11 LNM11F
Figure n°5 : évolution de M1
observée et de M1 simulée par la règle de McCallum
sur la période 1999 :1 - 2008 :1
LNM11 représente l'évolution de la masse
monétaire de la BEAC
LNM11F est l'évolution de la masse monétaire de la
BEAC estimée par la règle de
McCallum
Ces deux schémas nous montrent que la politique
monétaire de la BEAC en termes d'objectif de taux de croissance de la
masse monétaire s'ajuste très bien au taux de croissance de la
masse monétaire calculée à l'aide de la règle de
McCallum exception faite de la période allant du quatrième
trimestre 1998 à Décembre 2001 où ces deux taux s'ajustent
moins bien. Nous pouvons expliquer cet écart par les différents
évènements qui ont eu lieu dans la zone à cette
époque. En fait, au 31 Décembre 1998, la parité entre
l'Euro et le FCFA est connue suite au taux de conversion du FF à l'Euro
arrêté par les Ministres des Finances des quinze pays membres de
l'union européenne. En outre, le Conseil d'Administration de la BEAC
arrête les modalités pratiques de mise en oeuvre des
réserves obligatoires (rémunérées ou non).
Cependant, ce n'est qu'au 23 novembre 2000 que le Conseil d'Administration
arrêtera les différents coefficients des réserves
obligatoires applicables à l'ensemble des banques de la zone
d'émission BEAC. Ainsi, ce taux est fixé à 1% sur les
dépôts à vue et à 0,5% sur les
dépôts à terme avec un taux de
rémunération de ces réserves fixé à 1,20%.
Pour terminer, au 14 Décembre 1999, il est décidé du gel
des plafonds d'avances de la BEAC aux Trésors nationaux à leur
niveau constaté au 31 Décembre 2001. En plus du fait que ces
plafonds seront réduits par dixième chaque année à
partir du 1er Janvier 2002, la BEAC opte pour le remplacement,
à compter de cette dernière date, de ses avances directes aux
Etats par un mécanisme d'émission de titres publics (bons et
obligations du Trésor) à souscription libre et dont une fraction
sera garantie à titre transitoire par l'institut d'émission. Les
mesures sur les réserves obligatoires sont confirmées avec la
décision du 22 Août 2001 du Gouverneur de l'institution, de
soumettre les banques de la zone d'émission à la constitution des
réserves obligatoires à compter du 1er Janvier 2001.
Ainsi, la pertinence de tous ces évènements dans l'explication de
cet écart entre le taux observé et le taux de croissance de M1
estimé, se trouve dans le fait qu'il s'agit d'un ensemble
d'évènements qui ont une influence directe ou indirecte sur la
quantité de monnaie en circulation. Pour ne prendre que cet exemple, la
théorie économique à montré que les réserves
obligatoires17 sont un instrument de contrôle de la
quantité de monnaie en circulation. Donc leur instauration a du
probablement entrainer des perturbations dans le contrôle de la masse
monétaire. Surtout qu'il fallait s'adapter à la nouvelle
règlementation. Nous pouvons donc conclure en disant que cette
période peut être vue comme un temps d'adaptation aux changements
opérés dans la conduite de la politique monétaire de la
zone.
Malgré le fait que la règle de McCallum permet
de comprendre la politique monétaire de la BEAC sur un angle bien
précis, elle n'est pas suffisante pour apporter une explication tout
à fait conforme à la réalité monétaire dans
cette zone. Ceci en raison de quelques limites qu'elle présente et que
nous présentons dans les lignes qui suivent.
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